jeudi 5 novembre 2015

L'enfant rebelle - Christian Laborie



Infos sur le livre

éditions : Presses de la cité
date de publication : 02-09-2015
pages : 505
prix : 22€

Résumé éditeur


Janvier 1898. Parce que son petit Raphaël a été conçu dans des circonstances tragiques, Adèle décide de le confier à l'orphelinat des sœurs de la Charité de Nîmes. La jeune paysanne de dix-sept ans espère qu'il aura ainsi une vie meilleure que la sienne. Le lendemain, un autre nourrisson, qui sera appelé Vincent, y est abandonné. Ce dernier sera recueilli par une famille aimante, à l'inverse de Raphaël, adopté par des paysans qui l'exploitent comme main-d'œuvre corvéable à merci. A sept ans, Raphaël devient un petit berger endurci aimant la solitude des montagnes cévenoles. Mais les routes des deux orphelins n'ont pas fini de se croiser, d'autant qu'un lourd secret pèse sur eux et sur le cœur de sœur Angèle...

Pourquoi ce livre ?


Merci aux Presses de la cité pour l'envoi de ce roman en vu de la fête du livre de Saint-Etienne, un roman qui me tentait beaucoup de par son sujet et de par le fait que son auteur est auteur que je suis avec intérêt depuis que j'ai découvert la littérature régionale.

De quoi est-il question ?


Nous voici à la fin du XIXème siècle. Adèle, jeune orpheline, est élevée au sein d'une famille de fermiers et y est traitée plus comme une servante que comme un membre de la dite famille. Grandissant, Adèle devient une belle jeune femme et commence à sentir le regard des hommes ce qui n'est pas pour lui déplaire. Elle tombe d'ailleurs sous le charme de Raphaël, le pasteur du village, avec lequel elle envisage déjà de fonder une famille. Mais c'est sans compter sur son frère qui a décidé qu'Adèle était à lui.

Enceinte et désespérée, Adèle s'enfuie. Lorsque son enfant vient au monde, elle décide alors de l'abandon et de le confier à des religieuses en espérant pour son enfant qui n'a rien demandé la meilleure des vies possibles. Mais quelques jours plus tard, les religieuses procèdent à l'adoption et le jeune Raphaël est confié à une famille où il ne sera en rien l'enfant aimé qu'il aurait dû être.

Les années passants, Raphaël a de plus en plus de mal à accepter ses conditions de vie et les brimades de sa famille d'adoption. Il décide donc de partir en quête de son passé et de rebeller, au risque de s'attirer la colère de son père. Raphaël découvrira alors tout un pan de son passé, un passé lourdement caché par les religieuses du couvent. Mais la guerre est là et il n'est plus temps de parler du passé...

Du côté de la forme...


Vous le savez, la littérature régionale est une littérature que j'affectionne tout particulièrement et il en va de même pour les histoires de secrets et les romans se déroulant au coeur de la guerre et des difficultés d'une autre époque. Autant dire que ce roman semblait fait pour moi et je n'ai pas regretté ma lecture.

Voici un roman en trois parties, trois parties bien distinctes qui chacune peut se présenter comme un mini-roman. Dans un premier temps nous allons découvrir l'histoire d'Adèle puis celle de Raphaël. Enfin, nous allons nous retrouver des années plus tard pour démêler les secrets du passé. Je dois avouer que cette troisième partie m'a un peu moins convaincue car m'a semblé trop détachée du reste du roman.

Dans cette histoire, j'ai beaucoup aimé la misère telle que la présente l'auteur : la condition d'une femme non mariée avec enfant, la condition d'un enfant adopté pour ses mains aptes à travailler, la violence dans des domaines diverses et variés pour quiconque à l'époque ne répond pas aux règles de la société idéale. Je n'ai d'ailleurs pas manqué de verser quelques larmes au court de ma lecture face aux épreuves des personnages.

Mais ce qui m'a surtout touchée dans ce roman, c'est la description du bagne pour enfants, un bagne tel qu'on le voit dans Les Misérables et bien pire que la prison pour adulte telle qu'elle est aujourd'hui. Le thème du malheur intergénérationnel n'a d'ailleurs pas été sans me faire penser aux romans de Zola et autres romans naturalistes où le malheur se transmet génétiquement.

Pour parler en deux mots du style de l'auteur, il s'agit d'une écriture très agréable, très fluide et à la fois très forte qui nous font éprouver mille émotions et qui ne sont pas sans nous rappeler sans cesse des modèles littéraires, notamment ceux du XIX° justement, et pas des moindres. De fait, au sein d'une intrigue très prenante, c'est bien tout un document sur une époque qui nous est offert là.

En conclusion...


Voici un roman comme je les aime avec de l'émotion, une intrigue forte, des personnages attachants, d'autres agaçants. Voici un roman où il est question de la terre mais aussi de cette vie et d'épreuves qui semblent aussi loin que possible de nos vies actuelles. Si vous aimez les romans régionaux, les histoires familiales, les histoires de secrets et la thématique de l'enfance ou de la guerre, ce roman ne pourra que vous plaire.
Pour ma part, je ne manquerai pas de lire le plus rapidement possible Les Rochefort pour découvrir l'autre facette de cette grande saga familiale.

1 commentaire:

  1. Je suis une inconditionnelle de Christian Laborie. Il a un véritable don pour rendre les Cévennes encore plus belles et ses habitants encore plus attachants. Lisez "Les Rochefort" et "L'enfant rebelle" puis, plongez-vous dans le reste de son oeuvre. Cela en vaut vraiment la peine.
    Marie-Ange Jacobs (Belgique)

    RépondreSupprimer