vendredi 10 février 2017

L'affaire Léon Sadorski - Romain Slocombe



Infos sur le livre

éditions : Robert Laffont, La bête noire
date de publication : 25-08-2016
pages : 512
prix : 21€

Résumé éditeur


Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs. Avril 1942. Au sortir d'un hiver rigoureux, Paris prend des airs de fête malgré les tracas de l'Occupation. Pétainiste et antisémite, l'inspecteur Léon Sadorski est un flic modèle doublé d'un mari attentionné. Il fait très correctement son travail à la 3e section des Renseignements généraux, contrôle et arrête les Juifs pour les expédier à Drancy. De temps en temps, il lui arrive de donner un coup de main aux Brigades spéciales, d'intervenir contre les " terroristes ". Mais Sadorski est brusquement arrêté par la Gestapo et transféré à Berlin, où on le jette en prison. Le but des Allemands est d'en faire leur informateur au sein de la préfecture de police... De retour à Paris, il reçoit l'ordre de retrouver son ancienne maîtresse, Thérèse Gerst, mystérieuse agent double que la Gestapo soupçonne d'appartenir à un réseau antinazi.

Pourquoi ce livre ?


Merci aux éditions Robert Laffont grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman dont le résumé m'avait beaucoup tentée et dont j'avais très envie de découvrir l'auteur.

De quoi est-il question ?


Nous voici en mars 1942. Paris est sous l'occupation nazie et les rafles à l'encontre des juifs se multiplient sous l'oeil aguerri des collaborateurs. L'inspecteur Léon Sadorski est de ceux-là, accomplissant avec brio la mission qu'il s'est confié d'expédier un maximum de juifs dans le camp de Drancy. Malgré son propre statut de juif, il ne rechigne pas à la tâche et trouve encore le temps de s'occuper avec tendresse de son épouse.

Sadorski est ce que l'on peut appeler un employé modèle du troisième Reich et enchaîne les interrogatoires pour débarrasser Paris de la "vermine". D'autant que l'homme n'hésite pas, de temps à autre, à s'attaquer également aux communistes prêts à tout pour mettre un terme à un système que lui-même soutient. Aussi, Sadorski se sent comme protégé et intouchable dans ce monde nouveau.

Jusqu'au jour où il est arrêté et transféré à Berlin. Dans la capitale, au fond d'un cachot, Sadorki va découvrir l'enfer des prisons, des tortures et des interrogatoires. Il va découvrir la réalité du système qu'il défend sans jamais fléchir quant à ses convictions. Il fera d'étonnantes rencontres avant d'être confronté à la mission la plus dangereuse de toutes...

Du côté de la forme...


C'est l'an, dernier, aux quais du polar, que l'auteur avait commencé de parler de ce roman lors d'une conférence. A partir de là, je n'ai eu qu'une envie : découvrir ce roman présentant un regard nouveau sur la seconde guerre.

Parler de la seconde guerre en littérature rime souvent avec parler de l'horreur de cette époque et, surtout, se placer du côté des victimes pour faire entendre la voix de tous ceux assassinés injustement au nom d'un idéal régit par un malade. Bien rare les romans qui évoquent l'autre point de vue, celui des bourreau, celui des condamnables. Ce roman est original en cela.

L'auteur le précise bien en tout début de roman : ni lui ni son éditeur ne cautionne les propos du personnage du roman. Et heureusement ! Car Léon Sadorski est ce que l'on peut appeler sans honte un bel enfoiré, un beau salaud, un gros connard. Un homme qui défend le système le plus odieux de l'Histoire, un flic participant à corps perdu dans l'arrestation de masse.

Sadorski est finalement la voix d'une époque et, à travers ce roman richement documenté, l'auteur nous montre la mentalité des acteurs de la dernière guerre, nous montre qu'une telle horreur pourrait revenir demain. Ce roman est donc un roman qui fait réfléchir sur la posture de chacun et sur l'impacte de l'Histoire et d'une politique sur chacun d'entre nous.

Mais ce roman est surtout un roman d'ambiance où il va s'agir pour le lecteur de découvrir à la fois l'ambiance parisienne au coeur des rafles des juifs, l'ambiance des prisons allemandes pour les témoins et les traîtres, l'ambiance au coeur du monde communiste émergeant. Trois ambiances bien distinctes dont Sadorki est le fil conducteur. Trois ambiances terribles comme on ne les a jamais lues.

Car le gros point fort de ce roman est le style de l'auteur qui sait parler d'un sujet dur avec des propos encore plus dur mais surtout avec un style qui mêle avec brio le côté document et la fiction. L'intrigue elle-même se laisse suivre aisément mais c'est surtout l'univers d'une mentalité qui est proposé là avec des termes qui marquent, par un style littéraire et travaillé.

En conclusion...


Voici un roman que j'étais très curieuse de pouvoir lire et pour lequel il m'a fallu un peu de temps à avancer à la fois pour la dureté des propos et à la fois pour l'intensité du roman lui-même. Voici un roman avec un personnage détestable mais avec une ambiance unique qui change vraiment de tous les romans sur le sujet que j'ai pu lire jusque là. Un roman à lire en ayant le coeur bien accroché.
Un premier roman de l'auteur pour moi mais sans doute pas le dernier !

1 commentaire:

  1. Eh bien, ce roman a l'air effectivement très intense, c'est très tentant en tout cas !

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