Infos sur le livre
éditions : Fayard
date de publication : 26/01/2022
pages : 400
prix : 22,90€
Résumé éditeur
Pourquoi ce livre ?
Il est rare que j'acquière un roman faisant la une au moment même de sa sortie mais, sur ce coup-là, je n'ai pas hésité tant pour le geste symbolique de l'acheter que pour la nécessité d'en découvrir et d'en comprendre le contenu.
De quoi est-il question ?
Comment sont traités nos aînés dans les Ehpad ? Ces gens que nous aimons, nos parents, nos grands-parents qui, au terme de leur vie, ne méritent qu'attention et amour. Ces gens que nous plaçons parce que nous n'avons plus le choix mais pour qui nous souhaitons le meilleur jusqu'à ce que l'inéluctable se produise...
On souhaiterait que, dans ces structures adaptées, des hommes et des femmes s'en occupent comme s'ils étaient leurs propres enfants. Que tout soit mis en place pour leur offrir les meilleurs soins et les meilleurs attentions... Il n'en est rien ! Soignants trop peu nombreux, nourriture et matériel rationné, solitude et parfois maltraitance morale voire physique... Telle est la triste réalité.
Pourquoi ? Parce que les Ehpad sont régis par le monde du capitalisme, par l'appât du gain et par le besoin viscéral de "faire de l'argent". Le profit, le pouvoir des grands dirigeants et des actionnaires les plus importants... Tels sont ceux pour qui la machine tourne au détriment de ceux qui n'ont d'autre choix que de subir, soumis à l'esprit d'économies au détriment de l'humain.
Du côté de la forme...
Voici un ouvrage qui a fait grand bruit, à juste titre, et que je me devais de lire, que chacun devrait lire, afin de mettre un terme à toute l'horreur qui y est décrite. Un essai essentiel, même si j'en lis peu, résultat d'un travail colossale qui mérite d'être souligné.
Tout aura commencé par une petite enquête journalistique de routine pour l'auteur qui pas après pas, marche après marche, a mis les pieds dans un système effroyable régit par l'argent et par le profit. Un système qui se sert des plus vulnérables, les personnes âgées, pour engranger des sommes astronomiques qui donnent le vertige.
Le début de l'enquête donne la nausée au sens propre du terme, l'auteur mettant en lumière le manque de soins, de protections et la présentations des repas parfois sommaires. Comment accepter et supporter les odeurs d'urines et de plaies infectées masquées sous des odeurs agréables de parfum à destination des familles et des résidents ayant encore leurs capacités ?
Rien est épargné au lecteur qui comprend vite que les soignants n'ont pas le choix et doivent se plier au système si eux-même ne veulent pas en pâtir. Commence alors une investigation, palier après palier, pour dénoncer l'ensemble du système et comprendre à qui revient la faute de telles abominations et là, chapeau au journaliste qui a su remonter au plus haut.
Nous vivons dans un monde capitaliste. Nous le savons, nous devons l'accepter. Mais comment imaginer que ce monde peut en arriver si loin ? Car si l'appel de l'argent est ententable, il est poussé ici à l'extrême par une gestion faite de lignes comptables et de logiciels informatisés. L'humain est oublié et là, c'est une nausée morale qui nous englobe. Des chiffres, un système, parfois complexe mais révélateur.
Nous sommes là dans un essai, l'aboutissement d'une enquête. Malgré quelques passages un peu alambiqués, l'auteur sait se mettre à la portée de son lecteur, adaptant ce sujet qu'il maîtrise à la perfection pour que nous le comprenions. Et malgré son dégoût, sa colère et son dépit bien légitimes, il convient de noter son objectivité et sa rage à toujours éviter ce qui lui sera pourtant reproché : une enquête à charge.
En conclusion...
Quelques lignes ne peuvent suffire pour parler de cet ouvrage et je doute même qu'une chronique soit nécessaire. Cet ouvrage il faut le lire, le relire, en comprendre toute la portée et l'horreur. Cet ouvrage il faut le faire tourner pour que tout le monde prenne conscience et que l'enfer s'arrête. Le capitalisme, oui, mais pas à n'importe quel prix. Pas aux prix de gens qui ont un vécu, une histoire et méritent une fin digne.
Un ouvrage qui bouleverse et qui choque mais face auquel nous ne devons pas faire l'autruche.