jeudi 31 janvier 2019

La belle absente - Philippe Lemaire



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 08-04-2016
pages : 393
prix : 7,20€

Résumé éditeur

A la disparition de son père et de sa mère morts pendant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Ludovic de Winkler devient l'héritier d'une célèbre maison de champagne que ses grands-parents dirigent et doivent préserver farouchement. En attendant d'accomplir ce destin tout tracé, il partage sa vie entre le pensionnat et le domaine familial. Enfant rêveur, il s'invente une mère à qui il écrit des lettres et tombe amoureux de Clémence, une fille délurée plus âgée que lui. Quel insoutenable secret de famille cache la disparition des parents de Ludovic ?

Pourquoi ce livre ?

Merci à Néobook grâce à qui j'ai pu découvrir ce roman que j'attendais de lire depuis quelques temps, d'un auteur que je suis depuis pas mal de titres maintenant.

De quoi est-il question ?

A la suite de la seconde guerre mondiale, le jeune Ludovic se retrouve orphelin et seul. Seul mais à la tête d'un domaine non négligeable hérité de ses grands-parents et au sein duquel l'adolescent va peu à peu réapprendre à vivre entre Clémence, une jeune fille qui ne le laisse pas insensible, et les ombres de son passé qu'il aimerait combler.

Car Ludovic est hanté par l'absence de sa mère dont il ne sait que si peu de choses et à qui il pense si souvent, qu'il s'imagine si facilement sans être capable de savoir qui elle était vraiment. Un fantasme qui n'est pas sans lui attiser les moqueries des uns et les interrogations des autres. Un fantasme qu'il doit mener de front avec une nouvelle vie au pensionnat auquel il a bien du mal à se faire.

Enfant avide de liberté et bien peu enclin à entrer dans un carcan de bienséance, Ludovic va alors se mettre à rêver à s'imaginer une vie tout en acceptant peu à peu de s'ouvrir au monde et aux autres. Et par l'image de cette mère à qui il écrit pour tenter de mettre des mots sur son histoire, Ludovic va bientôt se rapprocher des mystères de son passé.

Du côté de la forme...

Philippe Lemaire fait partie de ces auteurs que je suis depuis quelques années maintenant et dont j'ai toujours plaisir de découvrir un nouveau titre, sachant que je pourrai passer un bon moment pour un auteur qui y sait faire pour parler de ses romans.

Pour être honnête, j'ai mis beaucoup de temps pour lire ce roman sans trop savoir si cela aura été dû à ma lecture même, au fait d'avoir lu en numérique ou au fait d'avoir été trop prise dans trop de choses. Alors, forcément, mon regard sur ce roman sera un peu différent que d'habitude car plus étalé dans le temps, un regard plus posé peut-être de fait.

Dès le début de ce roman, j'ai été très touchée par Ludo qui se présente comme un enfant à la fois plein de nostalgie d'un passé qui lui échappe et à la fois dans un goût de vivre assez étonnant qui donne envie au lecteur de le suivre et de se laisser attendrir par ses aventures qui ne sont pas sans rappeler les textes de Jules Vallès et de ces auteurs ayant compté leurs années de pensionnat.

Alors, certes, nous sommes ici dans une époque d'après-guerre où le monde doit se reconstruire mais dans une volonté de positivité, l'auteur ne parle que très peu du cadre historique, portant son attention sur l'innocence de l'enfance et le goût de vivre ce qui fait toujours du bien, proposant une lecture dans une bonne humeur et un hymne à l'enfance.

Nous sommes donc ici dans une intrigue où la part d'onirisme est très présente avec une forte mise en valeur d'un quotidien et d'une émancipation au fil des pages d'un enfant qui va apprendre à se construire sans passé puis avec un lourd secret, comme on peut les aimer dans ce type de romans. Pour autant, l'intrigue elle-même a sans doute manqué un peu pour moi de rebondissements.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé ici la plume d'un auteur dont j'apprécie beaucoup l'univers et la manière si bienveillante qu'il a de nous offrir des personnages et des relations humaines qui portent, mêlées à un peu de romance. Il sait aussi nous offrir un cadre dans lequel on se plonge sans mal et des secrets que le lecteur a goût de découvrir d'autant qu'ils touchent un enfant.

En conclusion... 

Voici un roman qui attendait depuis un petit moment dans ma pal et dont je suis très contente d'avoir enfin pu prendre le temps de vous parler. Et si l'intrigue elle-même de ce roman aurait peut-être pu connaître plus d'action, les personnages nous offre un tableau attachant et les secrets dévoilés rendent compte d'une histoire qu'il ne faut pas oublier.
Un auteur à découvrir si vous en avez l'occasion. 

De retour - Daniel Taboury



Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 18-01-2019
pages : 152
prix : 14€

Résumé éditeur

Après une trentaine d'années à l'étranger, Paul devance sa retraite, quitte l'Uruguay et revient dans sa région natale vers un héritage des plus inattendus. Il avance à pas comptés sur les terres de son enfance. S'est produite ici la rencontre décisive d'une femme, qui a ébranlé à jamais l'adolescent qu'il était. Mais, près d'un demi-siècle plus tard, que sont devenus les êtres et les lieux qui ont peuplé sa mémoire ? Le désir de s'en rapprocher à nouveau est aussi nécessaire que redoutable. Peu à peu, le passé se révèle et bouleverse images et souvenirs que l'éloignement avait entretenus. Des rencontres, des espoirs, des trahisons, des soupçons, des idylles surgissent à l'improviste. Et des baisers se posent là où on ne les attend pas. Avec une précision horlogère, l'auteur tente de remonter l'implacable mécanique du temps. Un parcours au fil duquel on peut tout autant se perdre que se retrouver. Mais est-il possible de rebrousser chemin sans s'égarer ? 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Souny grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman pour une nouvelle collection de la maison d'édition : #roman.

De quoi est-il question ?

Il y a des années, Paul vivait dans un petit village sans histoire. Et puis, avec la fougue de la jeunesse, il est parti faire sa vie ailleurs, jusqu'en Uruguay. Mais aujourd'hui, Paul ressent ce besoin de retrouver son passé et quite de nouveau la vie qu'il s'est forgé ailleurs pour retourner au village qui l'a vu grandir.

Il faut dire que Paul vient d'avoir la surprise d'hériter d'une maison d'un cousin de sa mère aujourd'hui décédé. L'occasion pour l'homme de redécouvrir le village, de redécouvrir des gens et de voir combien le temps a fait son oeuvre pour moderniser un endroit qui le rend si nostalgique. Car entre ceux qui ont vieilli et ceux qui sont partis, rien n'est simple.

Mais à l'heure des retrouvailles, Paul voit revenir dans sa vie Claire, une femme qui ne le laisse pas insensible mais a depuis le temps fait sa vie, bon gré mal gré, au village. En se rapprochant d'elle, Paul aura l'occasion d'en apprendre plus sur les tranches de vies qui ont évolué sans lui tout en mettant le doigt sur des secrets jalousement gardés.

Du côté de la forme...

Cela m'arrive rarement mais si cette lecture m'a attirée, c'est davantage par envie de découvrir cette nouvelle collection de la maison d'édition que pour le roman lui-même. C'est donc sans a priori que je me suis lancée et cette lecture fut finalement une très belle découverte.

Une fois n'est pas coutume, j'ai envie ici de vous parler en premier lieu du style de l'auteur qui donne à l'intrigue cet accent de nouveauté que j'espérais pouvoir découvrir avec cette lecture. Car par une écriture au présent, le lecteur se sent concerné par l'histoire de Paul. Par une alternance entre première et troisième personne, il s'agit de s'attacher à Paul tout en lui portant un regard extérieur.

Car toute l'intrigue est ici portée par ce personnage auquel il aisé de s'identifié dans son envie de retour aux sources. Qui, étant parti de chez lui pour travailler, n'a jamais rêvé de retourner voir le pays de son enfance, de voir comment il a évolué et ce que sont devenus les gens ? Un rêve que bien peu assouvissent mais qui, dans ce roman, donne une idée du ressenti que chacun pourrait avoir.

Ce roman est donc un roman sur le souvenir mais un souvenir nourri par la modernité. Si la rétrospection va apparaître ici et là, il va surtout s'agir pour l'auteur de confronter son personnage aux changements et à l'évolution de ceux qu'il a connu. De quoi parler des villages dans notre époque mais aussi de garder une mémoire du passé.

Il va s'agir alors de mettre l'accent sur la force des relations humaines avec une romance sous-jacente et des secrets de famille à révéler. Une manière de reprendre les codes de ce genre de romans mais d'en faire quelque chose de neuf donnant un rythme même si j'aurais peut-être souhaité que l'auteur aille plus loin dans son projet.

Car ce serait peut-être là la réserve que j'émettrai au sujet de ce roman : tout semble aller trop vite sans que le lecteur n'ait vraiment le temps de s'immerger dans l'intrigue. Peut-être aurais-je apprécié que l'auteur prenne parfois un peu plus son temps tout en entendant que c'est là aussi toute la force du roman.

En conclusion... 

C'est par goût de l'inédit que je me suis plongée dans cette intrigue et je dois dire que je ne la regrette pas, ce roman m'ayant permis de découvrir quelque chose d'un peu différent avec un personnage fort et un style qui change. Et si j'ai le sentiment de rester un peu sur ma faim au terme de cette lecture, j'y ai énormément apprécié le lien entre passé et présent mis en valeur.
Ce roman était le premier que je lisais de l'auteur et je serai curieuse d'en découvrir d'autres à l'occasion.

mercredi 30 janvier 2019

Kraï Goulag - Patrick Miramand



Infos sur le livre

éditions : Bookelis
date de publication : 03-07-2018
pages : 111
prix : 19€

Résumé éditeur

1952 - Petrov, prisonnier au titre de l'article 58 dans un camp du goulag soviétique, profite d'une opportunité pour s'évader de cet enfer. Il tente de traverser seul la Sibérie, en suivant la rivière Tungusska, afin d'atteindre le lac Baïkal, où il s'est donné une mission à accomplir. Il rencontre dans son périple des personnages solitaires, retranchés ou errants dans la taïga, et affronte une nature aussi belle qu'hostile. Arrivera-t-il au bout du chemin ? 

Pourquoi ce livre ?

Merci à l'auteur grâce à qui j'ai pu découvrir cette bande-dessinée à côté de laquelle je serais très certainement passée sans sa confiance à m'en proposer la lecture.

De quoi est-il question ?

Nous sommes en 1952, en plein coeur de la Sibérie centrale. Petrov est zek, un prisonnier du goulag, camp 502. Ses journées sont rythmées par le travail harassant imposé par les autorités, les repas infâmes, les cris, le froid... Tout ça mais aussi l'amitié qui a émergé entre les prisonniers et qui leur permet de garder la tête haute.

Mais régulièrement, des hommes meurent. Terrassés par la faim, le froid ou assassinés pour ne pas avoir su obéir aux règles. Dimitri était de ceux-là, ne laissant derrière lui qu'une vieille photo d'une très belle jeune femme et quelques effets personnels. Touché par la photo, Petrov va se donner la mission de retrouver la jeune et de lui raconter le destin tragique de Dimitri.

Alors profitant d'un travail à l'extérieur et d'une mission un peu particulière, Petrov saisit sa chance et s'évade. Commence pour lui un long voyage au coeur de la taïga où il devra confronter tout son être à un monde reculé de toute civilisation, dans une température glaciale, se confrontant à des animaux sauvages mais aussi à la beauté de la liberté jusqu'à ce que des rencontres rythment sa route.

Du côté de la forme...

Pour parler du genre de la bande-dessinée, parler plus précisément de roman graphique est un phénomène de plus en plus courant. Et s'il est parfois difficile de distinguer de manière claire l'un de l'autre, avec ce titre-ci, ce terme prend tout son sens.

Même si nous en avons forcément entendu parler à un moment ou à un autre, force est de constater que l'univers du goulag soviétique et des grandes étendues sibériennes nous restent souvent très abstraits. C'est donc avec véritable travail de documentation que l'auteur nous en propose ici un paysage qui fait froid dans le dos, au propre comme au figuré.

Au sein de ce cadre exceptionnel tant au niveau historique qu'au niveau graphique, le lecteur se laisse très vite prendre. L'univers représenté l'englobe dans une sorte de tourbillon qui lui donne le sentiment d'évoluer avec Petrov. Petrov, un personnage bien mystérieux au début de l'ouvrage mais qui peu à peu va se révéler et devenir à la fois attachant et porteur d'une force morale incroyable.

Certes, il serait aisé de penser que suivre un évadé dans des paysages enneigés durant des pages aurait un côté lassant avec des longueurs amenant à une lassitude tant de l'intrigue que du personnage mais il n'en est rien. Il n'en est rien car les longueurs servent l'état d'esprit de Petrov et l'auteur sait user de rebondissements pour alimenter l'intrigue. Bref, tout est réfléchi et ça marche.

De même, le lecteur va suivre un personnage dans une profonde solitude mais, de temps à autres, Petrov va faire des rencontres, des rencontres qui redonnent foi en l'humanité. Une humanité tellement en décalage avec la politique de l'époque... Car cette fiction si réaliste dresse en toile de fond, sans verser dans le pathos ni le plaidoyer politique, un historique des plus effrayants.

 Mais ce qui donne à voir cet ouvrage comme un fort roman graphique, c'est aussi une coalition entre une écriture et un trait graphique. Côté écriture, il s'agit pour l'auteur de mettre son lecteur dans l'esprit de Petrov, le laissant s'imprégner de ses peurs et de ses espoirs. Pour ce qui est du trait, les décors majestueux s'opposent à l'expression de lassitude que l'auteur sait faire monter chez Petrov.

En conclusion... 

Il est très facile, à l'heure actuelle, de passer à côté d'un très bel ouvrage, plus encore lorsque celui-ci est auto-édité. Et pourtant, ce roman graphique fait partie de ces titres qui mériteraient d'être connus par le plus grand nombre tant pour son cadre historique fort que pour son graphisme envoûtant dans un ensemble aussi majestueux que terrible.
Sans dévoiler la fin, celle-ci pourrait être un terme à cette histoire mais, dans le même temps, le lecteur n'est pas sans espérer une suite...

Les rois de la mode - Camille Monge et Stella Lory



Infos sur le livre

éditions : Vraoum
date de publication : 23-01-2019
pages : 112
prix : 18€


Résumé éditeur

C'est l'histoire d'une belle endormie... Une grande maison de mode parisienne qui ne demande qu'un peu de sang neuf pour renaitre et flamboyer ! 

Pourquoi ce livre ?

Lorsque cette parution a été annoncée, parce qu'il s'agit d'une maison d'édition dont j'apprécie beaucoup le travail et parce que ce titre me semblait prometteur, je n'ai pas hésité très longtemps.

De quoi est-il question ?

Il fut un temps où la maison Fafa était une grande référence de la mode. Et puis, les années passant, son style s'est essoufflé, les amateurs sont partis ailleurs... Et au sein d'un monde où il faut sans cesse rivaliser de nouvelles idées, Fafa s'est peu à peu endormie pour ne devenir que l'ombre d'elle-même jusqu'à ce qu'un promoteur décide de lui rendre ses lettres de noblesse.

C'est ainsi qu'arrive au sein du groupe Berlingo, un petit homme hargneux sûr de ses idées, colérique et refusant toute discussion, voulant se présenter comme un grand homme mais restant accro à son morse en peluche. De quoi offrir un souffle nouveau à la création mais à quel prix ? La jeune Simone qui croyait devenir l'assistante de Fafa va l'apprendre à ses dépends.

Le maître-mot de cette nouvelle organisation, le défilé en privision qui doit ramener à Fafa les journalistes, les meilleurs critiques mode et les plus grandes collaborations. Mais un pas de travers et l'effet peut être totalement l'inverse. De quoi remettre une nouvelle fois la maison Fafa face à sa désuétude.

Du côté de la forme...

L'univers de la mode, ce n'est pas forcément mon "truc". Pas du tout en fait. Et c'est bien parce que cette BD est signée Vraoum que je me suis laissée tenter en sachant que j'avais toutes les chances d'adorer ma lecture. Et ça n'a pas loupé !

Alors, bien sûr, comme il se doit, il va être question ici de mode et d'organisation au sein des grandes maisons. Tendances, nouvelles idées, défilés... Tout un univers que le lecteur ne connaît pas forcément et qu'il va prendre plaisir à découvrir, se rendant un peu plus familier de questionnements dont il peut entendre parler dans les médias sans se sentir touché.

Montrer la part belle d'un univers qui fait rêver mais aussi en montrer ses limites et ses zones d'ombres : le caractère éphémère d'un succès, des réunions où personne n'est d'accord, des finances pas au beau fixe, les rapports avec une hiérarchie aussi puissante qu'incompétente. Mais aussi le rapport à la presse et à ses grands noms qui peuvent sauver ou démolir un projet.

Cet ouvrage se fait aussi témoin d'un turn-over au sein de cet univers, un turn-over facilitant le piston ce qui n'est pas sans faire réfléchir sur de nombreux sujets et sur les réalités d'un fonctionnement qui peut nous échapper. Bref, une analyse précise et critique des coulisses d'un milieu qui peut faire rêver mais peut aussi devenir un enfer.

Mais l'énorme force de cette BD, c'est avant tout et surtout l'humour qu'elle porte par des personnages caricaturés, des situations rocambolesques et des échanges complètement étranges. Car avec cet ouvrage, on rit, on rit beaucoup et on se fait du bien. Le graphisme d'ailleurs rend compte de cet humour décalé si représentatif de la maison d'édition.

D'un point de vue globale, tout ce qui fait le caractère unique de cet ouvrage se situe dans sa double-lecture due au style. Car si les auteures rient et le lecteur avec elles, les personnages sont eux très sérieux dans leurs propos ce qui alimente ce décalage tellement hilarant tout au long de la lecture non sans développer une sympathie certaine pour les personnages de la part du lecteur.

En conclusion... 

S'il fallait résumer cet ouvrage en deux mots, je dirais "révélateur" et "barré". Révélateur d'un univers dont nous ne connaissons que la surface et les paillettes. Barré parce que souvent totalement improbable avec des personnages qui font rire. Le trait pourrait surprendre mais m'a, pour ma part, permis d'apprécier plus encore l'humour général de l'ouvrage. 
Bien sûr je serai curieuse de découvrir un autre ouvrage de ce duo mais, surtout, c'est de l'univers de toute la maison d'édition que je vous invite à découvrir.

mardi 29 janvier 2019

Miss Crampon - Claire Castillon



Infos sur le livre

éditions : Flammarion Jeunesse
date de publication : 09-01-2019
pages : 202
prix : 12€

Résumé éditeur

Souvent, Suzine se chut. Les cheveux plaqués sur les oreilles, elle se coupe du monde pour ne pas affronter les autres et pour cacher sa différence. Un jour, ses meilleures amies se disputent et lui demandent de choisir un camp. Suzine se chut, ses amies l abandonnent. Elle va alors devoir faire preuve de courage pour retrouver confiance en elle. Pendant ce temps, le concours de Miss France du club de foot se prépare... 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Flammarion grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce petit roman d'une auteure que je ne connaissais pas.

De quoi est-il question ?

Suzine, jeune adolescente, se chut. Son maître-mot ? Ne pas faire de vagues, ne jamais avoir à prendre de décision ou de trancher, toujours être d'accord avec tout le monde pour éviter les problèmes et ne jamais dire ce qu'elle pense pour ne pas prendre de risques dans ses relations aux autres. Bref, tout faire pour ne jamais avoir à entrer en conflit.

Jusqu'au jour où, pour une bête histoire de pull, ses meilleures copines veulent l'obliger à trancher entre elles. Suzine s'y refuse et fuit. Il n'en faut pas plus à ses copines pour décider d'un commun accord de ne plus lui adresser la parole. A cela va s'ensuivre des vacances au ski où Suzine se rapproche du garçon que convoitent les deux filles.

Pour Suzine, l'heure des choix a sonné. Car si elle mentira sans hésiter pour retrouver l'amitié de ses copines, elle sera bientôt confrontée au concours de Miss Crampon qui pourrait bien la mettre contre toute attente sur le devant de la scène tendis que, du côté familial, elle va aussi bientôt devoir s'affirmer...

Du côté de la forme...

En débutant ma lecture, j'étais plutôt confiante.Une histoire d'adolescente mal dans sa peau et réservée qui va devoir s'affirmer, voilà qui me parlait. Pourtant, au terme de ma lecture, je reste malheureusement mitigée.

Suzine est, dès le départ, un personnage qui m'a beaucoup touchée et dans lequel je me suis retrouvée avec cette volonté de ne pas faire de vagues. Se taire et encaisser pour éviter soigneusement les problèmes, ça me connaît ! Et de fait, je peux dire aisément que la psychologie du personnage est rondement menée et nous la rend attachante.

Ce personnage va alors évoluer entre ses copines, sa famille et, au fil du roman, le garçon dont elle est en train de tomber amoureuse. Et alors là, très vite, j'ai eu un peu plus de mal avec une lecture qui ne m'a pas "parlé". Car même si je tente toujours d'ouvrir un roman dans l'état d'esprit du lecteur-cible, ici ça n'a pas fonctionné.

L'immaturité est en effet au coeur de toute cette histoire que ce soit de la part de Suzine qui n'assume jamais ses choix, de la part des copines qui, adolescentes, sont dans cet esprit de : "si tu sors avec le garçon que j'aime t'es plus ma copine". Et même les adultes du roman se trouvent redevenir très "gamins" quand tout ne pas comme ils veulent.

Alors certes nous sommes ici dans une romance qui fonctionne et dans un récit d'adolescente qui donne à voir une héroïne un peu différente, à tous points de vue, Certes les jeunes lectrices sauront s'y laisser prendre et finalement, moi aussi, j'ai eu envie de savoir comment Suzine allait s'en sortir. Mais les réflexions et problématiques de cette histoire sont restées trop détâchées de moi.

Côté style nous sommes ici dans un roman pour jeunes adolescentes et pourtant l'auteure parvient tout de même à proposer une écriture qui tient la route. La psychologie est bien menée avec une évolution dans l'intrigue qui sort parfois un peu des sentiers battus. D'ailleurs, l'auteure sait aussi ménager un certain suspens quant au "petit problème" de Suzine qui explique beaucoup de choses.

En conclusion... 

J'étais plutôt curieuse de découvrir ce petit roman et suis contente d'avoir pu vous en parler mais je crois pouvoir dire que mon âge ou ma personnalité, ou les deux, ont fait que je n'ai pas vraiment réussi à entrer dans l'histoire et dans les problématiques portées ici. Dommage car je crois qu'il est vraiment possible de voir de beaux messages dans ce texte mais je suis passée à côté.
Sans doute lirai-je d'autres livres de l'auteur pour ne pas rester sur un échec et vous conseille vivement de vous faire votre propre avis. 

lundi 28 janvier 2019

La nuit de la chouette - Danielle Boissé

 

Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 11-03-2017
pages : 224
prix : 17,50€

Résumé éditeur

 Si, jusqu'à présent rien n'avait alimenté les rêves de la jeune Marie, tout devient différent le jour où André l'entraîne dans le tourbillon d'un bal d'été. - En 1960, Marie est en âge de rire, de sortir et d'aimer. Mais à part la ferme, elle ne connaît rien de ce monde qui bouge, de ces femmes qui se maquillent, qui vont au cinéma, qui portent des talons hauts et des bas. D'ailleurs elle est certaine qu'elle finira vieille fille. Un jour, de passage dans le village, elle tombe sous le charme d'un nouveau venu - un commis agricole - à l'allure flamboyante et à l'esprit badin.  Si, jusqu'à présent rien n'avait alimenté ses rêves, tout devient différent le jour où André l'entraîne dans le tourbillon d'un bal d'été. Elle découvre les premiers frémissements de son corps et est assaillie de pensées qui l'emportent loin de l'univers clos et figé de ses parents. Mais elle est brutalement rattrapée par la cruelle réalité de la vie : le beau garçon file à Paris le lendemain avec un copain pour y faire fortune et elle se découvre enceinte. Dévastée, elle craint les foudres de Dieu, la colère de son père, et les calomnies de son entourage. Mais elle apprendra que l'effort, le travail et la solidarité humaine permettent de survivre aux épreuves et de garder sa dignité. Fausses pistes, coups de théâtre, révélations… un roman habilement construit, qui fait s'entremêler mystère, amour et tragédie. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Souny de m'avoir permis de découvrir ce roman en vue de ma première rencontre avec l'auteure au salon de Brive-la-Gaillarde.

De quoi est-il question ?

Nous voici au début des années 1960, au coeurs de l'Aubrac, quelque part au sud de l'Auvergne. La jeune Annie, malgré des rêves d'émancipation et de liberté, est confrontée aux moeurs anciennes de ses parents et notamment de la mère qui ne voit pas d'un très bon oeil cette nouvelle génération qui n'a plus le respect des traditions.

Lors d'une fête de village, la jeune fille se fait charmer par André, un beau jeune homme qui la séduit et lui offre une nuit d'amour qui laisse déjà entrevoir à Annie un bel avenir et un beau mariage. Mais le lendemain, André rentre en Paris sans même un au-revoir. Devastée, Annie s'aperçoit quelques temps plus tard qu'elle est enceinte.

Et tendis qu'André retrouve sa petite vie tranquille au coeur de la capitale, une vie bien peu honnête à vrai dire, Annie doit faire avec son secret. Jusqu'au jour où Pierre, un garçon du village, lui propose de l'épouser pour garder secrète cette histoire. De quoi attiser les colères des familles et espérer un futur meilleur jusqu'à ce que le passé les rattrape.

Du côté de la forme...

Une histoire d'adolescente, dans un temps pas si éloigné du nôtre, rêvant d'amour et se retrouvant confrontée aux difficultés et obstacles de son temps, voilà qui ne pouvait que m'intriguer. C'est donc avec la quasi certitude d'apprécier ma lecture et je me suis lancée et en effet...

L'époque à laquelle est placée ce roman est déjà intéressante en soi puisqu'elle coïncide avec une période de profonde mutation tant au niveau historique qu'au niveau des mentalités. C'est en effet cette génération qui a accompli la transition vers une modernité certaine et Annie en est toute la représentation.

De fait, le lecteur retrouvera sans mal les codes du roman de terroir tel qu'il les connaît mais avec ce regard critique porté par des personnages qui nous ressemblent. De quoi, également, présenter des conflits de générations qui ont toujours existé même si, ici, ces conflits se trouvent finalement être assez vite résolus pour se concentrer sur une intrigue un peu différente.

Car s'il va bien être question d'une adolescente mise enceinte à une époque où les filles-mères sont très mal vues, même si nous retrouvons dans ce roman la saga familiale comme on l'imagine, ce roman est aussi plus que cela avec un développement du personnage d'André qui va faire basculer l'intrigue vers des sujets qu'il est bien habtile de garder secrets...

Et il est vrai qu'avec cette alternance entre l'histoire d'Annie et celle d'André, entre l'air de bonheur de cette famille et le vent de malheur apporté par cet homme, le roman gagne en profondeur jusqu'à une révélation finale que le lecteur n'aura sans doute pas vu venir et qui offre une humanité au récit qui frappe et donne à réfléchir.

Côté écriture, si nous sommes dans un style assez classique, j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteure nous fait vivre ses personnages et la manière dont elle nourri son texte de beaucoup de bienveillance. Et si les ellipses temporelles peuvent surprendre, elles donnent aussi quelque chose de plus au roman en le faisant sortir de ses codes.

En conclusion... 

Cela faisait longtemps, trop longtemps, que je savais que je devais lire ce roman. M'y plongeant enfin, je l'ai littéralement dévoré en un rien de temps et ai pris beaucoup de plaisir à suivre Annie dans une intrigue ancrée dans le terroir mais propulsant également le lecteur vers une modernité tant dans l'intrigue que dans l'histoire et un final frappant.
Peut-être lirai-je à l'occasion d'autres romans de l'auteure. 

dimanche 27 janvier 2019

Les Dragouilles, 2 - Maxiù Cyr et Karine Gottot



Infos sur le livre

éditions : Kennes
date de publication : 06-04-2016
pages : 80
prix : 9,95€

Résumé éditeur

 Les Dragouilles T02, les bleues de Montréal : Rebelles, artistes, branchées, ultra-tendances, les dragouilles sont des êtres espiègles qui font le tour du monde. Elles entraînent les enfants dans un univers humoristique peuplé de bandes dessinées, de chroniques captivantes, de défis étonnants et de trucs incroyables. Bleues en Amérique, jaunes en Europe, orangées en Afrique, rouges en Asie et vertes en Océanie, elles visitent les grandes villes du monde avec humour et fantaisie. BD, jeux et chroniques sont au rendez-vous dans cette série déjantée qui s'adresse aux jeunes lecteurs dès 7 ans. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Kennes grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce petit livre à la couverture très attractive dont j'avais beaucoup aimé le premier volet.

Mon avis...

Les dragouilles bleues sont celles qui vivent à Montréal, au Québec. Une aubaine pour découvrir les secrets cachés de cette ville souterraine ou la culture rencontre les geeks et où les amateurs de bons mots se joignent aux amoureux de cuisine. Car les dragouilles, elles savent nous raconter ce que nous ne voyons pas !

Cela faisait longtemps que j'avais envie de vous parler de ce petit livre mais il est fait de telle façon que ce n'est pas si simple et qu'il vaut mieux, de toutes façons le découvrir par soi-même. Pour autant, je vais tout de même essayer.

Montréal est une ville que nous connaissons tous mais, pour autant, dont nous ne savons rien. Et dans cet ouvrage adapté pour les enfants c'est de cela dont il est question : découvrir la ville mais de manière bien plus drôle et original qu'un simple guide touristique. Car il s'agit de parler de culture, de cuisine et même d'activités urbaines.

Entre un mélange de petits textes explicatifs et de bande-dessinées humoristiques le lecteur est donc invité à aller à la découverte de la ville au rythme des saisons. De même, le voyage se fait par le texte même qui joue des expressions locales qui donnent au lecteur le sentiment de faire partie prenante de cette délocalisation.

Pour autant, il est regrettable que trop souvent l'humour dépasse la volonté même de nous faire découvrir une ville et, par son côté universel, fait un peu perdre le fil au lecteur. Et quand les pages sont directement en relation avec l'histoire de Montréal, le lecteur aurait envie que les auteurs aillent plus loin sans que cela n'arrive.

Le point positif est que ce petit livre est agrémenté de jeux pour attrayer l'attention du jeune lecteur qui apprendra de manière ludique. Le lecteur adulte même aura plaisir à s'y laisser prendre même si, une fois encore, ces jeux semblent prendre plus un caractère marketting compensé par un travail d'illustration qui fonctionne parce qu'il sait faire rire.

En conclusion... 

Voici un petit livre dont j'avais très envie de vous parler mais dont je ressors relativement déçue même si les illustrations m'ont convaincue et même si j'ai pu apprendre des choses sur Montréal. L'humour sert l'ouvrage mais, au final, je n'ai pas réussi à me laisseer convaincre par ce petit livre qui ne paraît pas aller assez loin dans son propos. 

samedi 26 janvier 2019

Jof Brigandet à Rive-de-Gier (25-01-2019)

Salut à tous,

Ce vendredi 25 janvier, je me suis rendue à Rive-de-Gier, à la librairie La Passerelle, afin de participer à une rencontre privilégiée avec Jof Brigandet, auteur aux éditions du Caïman.


https://scontent-frt3-2.xx.fbcdn.net/v/t1.0-9/50679514_525203354666070_6379048486452592640_n.jpg?_nc_cat=109&_nc_ht=scontent-frt3-2.xx&oh=1fee262981f52c91c92271239f574f7b&oe=5CB5E3F5


C'est en effet au début du mois que j'ai reçu cette invitation de la part de l'éditeur et s'il m'a fallu une certaine organisation pour pouvoir m'y rendre, c'est avec un immense plaisir que ce vendredi, malgré quelques galères de déplacement, j'ai franchi les portes de la bouquinerie de Val.




Après être tous passés sous l'oeil du direct Facebook (à mon plus grand désespoir), Jof s'est prêté avec plaisir au jeu des dédicaces avec notamment Isabelle venue de Firminy pour l'occasion.



    

Avec Val, l'accueil était aux petits oignons au sein de sa bouquinerie si belle dans laquelle on se sentirait prêt à rester des heures...


 

 A ma plus grande surprise, j'ai retrouvé Sandrine, lectrice de polar lyonnaise qu'on ne présente plus (et qui adore tellement les photos !)


Grégory Chevignon était également présent

Et puis, pour un accueil digne de ce nom, il faut aussi un superbe buffet et pour cela aussi, Val a su y faire pour nous offrir un grand moment de convivialité autour d'un verre.

 

Au sein de la librairie, les éditions du Caïman étaient très agréablement mises à l'honneur  sur un présentoire donnant très envie de repartir avec tous les romans !

Et tout en haut de ce présentoire, la boîte pour participer au jeu concours et gagner un ouvrage de l'auteur. Une riche idée qui fait toujours plaisir même si le nombre de participants n'était malheureusemnt que peu élevé.

J'ai d'ailleurs eu l'honneur d'être celle qui a tiré au sort le gagnant et Jof Brigandet a dédicacé l'ouvrage pour le gagnant qui ne pouvait pas se déplacer pour l'occasion.

C'est aussi avec plaisir que ce moment a été partagé avec l'éditeur Jean-Louis Nogaro qui a su fonder une très belle maison devenant de plus en plus essentielle au sein du paysage éditorial.

En bref, c'est un superbe moment que j'ai passé, un moment comme je les aime avec des rencontres riches, de vrais moments de rigolade et des échanges sur tous les sujets ce qui fait toujours du bien.

vendredi 25 janvier 2019

Les étés à la Chevinière - Roland Decriaud



Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 18-08-2017
pages : 176
prix : 15€

Résumé éditeur

René revient sur les lieux enchanteurs de son enfance qu'il a quittés depuis qu'il travaille comme professeur à l'étranger. Malheureusement, il ne retrouve rien de ce qu'il avait laissé : ses grands-parents reposent dans le petit cimetière, et La Chevinière, la maison où il a connu tant de journées de bonheur, a été défigurée par son nouveau propriétaire. Quant au village, il est envahi par la puanteur d'une usine d'engrais chimiques. Faute d'indices matériels, René se réfugie dans le souvenir de ses grandes vacances, lorsqu'il régnait sur un territoire peuplé d'animaux sauvages et domestiques, d'arbres, de plantes. Il avait réussi à tisser avec la nature une relation affective étroite et sensuelle. D'autre part, il lui suffisait d'observer ses grands-parents pour apprendre les vertus d'un labeur assidu et pour découvrir la vie, les relations, amicales ou hostiles, entre les adultes, les mesquineries et les brouilles, mais aussi les joies et les rires. Récit de vacances, éloge de la nature, Les Etés à La Chevinière sont aussi un roman initiatique. Ces trois mois d'été, immuables au fil des années, offriront au jeune garçon bien plus qu'une formation. Ils forgeront définitivement sa personnalité. 

Pourquoi ce livre ?

 Merci aux éditions Souny grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman à la couverture plutôt attrayante et un auteur que je ne connaissais pas.

De quoi est-il question ?

Devenu adulte, René, un homme qui a fait toute sa carrière comme professeur à l'étranger, retourne dans le village de son enfance. Mais s'il croit y retrouver la nostalgie de son enfance, la réalité va très vite le rattraper, le village ayant été dévoré par la modernité, ceux qu'il a connu étant partis, la maison même de ses grands-parents ayant tellement changé.

C'est alors l'occasion pour l'homme de se replonger dans ce passé heureux, ce passé de ses jeunes années passées auprès de grands-parents aimant et au coeur d'un village nourri des petites histoires et de fortes relations humaines. L'occasion aussi de retrouver l'innocence d'une vie sans histoire au sein d'une ferme qui n'avait plus de secrets pour lui.

Pour René, ce retour aux sources sera aussi l'occasion de se remémorer une histoire familiale, des amitiés, des apprentissages et une volonté sans faille à devenir quelqu'un. L'occasion de ne plus jamais oublier mais aussi l'occasion de redonner son authencité à un petit village de campagne avec ses joies et ses peines.

Du côté de la forme...

Les histoires de rétrospections sont toujours des histoires très touchantes. Alors lorsque cette rétrospection touche le souvenir universel d'un temps perdu, il s'agit de quelque chose d'encore plus fort qui gagne à être relevé.

En débutant cette lecture, on pourrait imaginer une écriture en alternance entre passé et présent comme nous pouvons en avoir l'habitude mais, ici, l'auteur a à coeur de bouleverser les codes en n'inscrivant le présent de l'écriture uniquement au début et à la fin de l'ouvrage. De quoi donner toute sa force au souvenir ce qui est très touchant.

Très touchant aussi le fait de découvrir une enfance à travers le regard d'un adulte sur son propre souvenir. Une manière de mettre chaque lecture face à la mémoire de son passé en lui donnant envie de réaliser cette même rétrospection pour se souvenir d'un temps heureux qu'en grandissant il est si aisé d'oublier.

Car si ce roman n'est pas composé d'une réelle intrigue à proprement parler, il est surtout un hymne, un hymne à la famille et notamment aux grands-parents tels qu'ils l'étaient dans un autre temps : pas forcément instruits mais forts dans les sujets qu'ils connaissaient, fort de leur maîtrise des champs et de la ferme. Un savoir qui s'est perdu et qui est d'une profonde nostalgie ici.

Et puis, ce roman est aussi celui de quotidiens simples, sans technologie aucune. Des quotidiens allant à l'essentiel qui ne sont pas sans être très révélateurs de la nostalgie propre à l'auteur qu'il tente de nous faire partage, y parvenant très bien. Un moyen aussi de se faire témoin d'une autre époque, une époque séparant hommes et femmes retrancrite dans le roman.

Et si nous sommes dans un style agréable, l'intérêt de cet ouvrage est surtout un intérêt où la fiction rend compte de douces ou terribles réalités. Le grand-père et la grand-mère étant mis en valeur de manière bien distinctes. Il serait d'ailleurs aisé à travers cette lecture d'y imaginer un témoignage plus qu'un roman ce qui lui fait gagner en émotion.

En conclusion... 

Cela faisait un moment que j'avais envie de me plonger dans cette lecture et je suis ravie d'avoir enfin pris le temps de le faire. Moi qui aime tant les souvenirs du temps passé, l'auteur m'en a ici offert sur un plateau avec une nostalgie prenante et une émotion sur le passé qui m'a profondément touchée même si l'auteur aurait parfois pu aller encore plus loin dans le décalage entre passé et présent.
Je serai curieuse à l'occasion de découvrir d'autres ouvrages de l'auteur. 

Sale temps pour les allemands - Christine Schneider



Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 18-01-2019
pages : 214
prix : 18,50€

Résumé éditeur

C'est d'une histoire peu glorieuse, longtemps passée sous silence des deux côtés du Rhin, que témoigne ici Werner Schneider, sous la plume de sa fille, Christine. " [...] ce livre donne également une consistance personnelle à une lacune historiographique qui est celle du sort des prisonniers de guerre allemands (PGA) en France ", précise Beate Klarsfeld dans sa préface. Werner Schneider fait partie de ces 750 000 PGA envoyés en France, dès avril 1944, pour reconstruire le pays que leur armée avait détruit. Détenus dans les terribles camps de la plaine du Rhin, dans des conditions inhumaines, affamés, affectés au déminage des régions côtières, aux travaux industriels ou agricoles, ils ne furent pas traités comme l'exigeaient les conventions de Genève. Si tous feront l'amère expérience de la défaite et connaîtront le processus de dénazification, tous ne sont pas des criminels de guerre. Le voile sur cette sombre page se lève petit à petit. " Nous n'avons jamais cessé de lutter contre l'impunité des criminels nazis, mais nous n'avons jamais demandé ou accepté que l'on persécutât des Allemands parce qu'ils étaient allemands ", a déclaré Serge Klarsfeld le 25 mai 2018 lors de l'inauguration d'une stèle au camp de Rivesaltes où furent détenus des PGA. Un récit remarquable, ponctué de références historiques, écrit en toute humanité. Un témoignage de première main pour que " chacun puisse se forger une opinion personnelle de ce qui s'est alors passé, car l'Histoire n'est pas seulement celle des vainqueurs ", comme l'écrit Werner Schneider. 

Pourquoi ce livre ?

C'est en entendant l'éditrice parler de cet ouvrage que j'ai eu envie de me précipiter à la librairie la plus proche et de me lancer immédiatement dans cette lecture.

De quoi est-il question ?

Werner Schneider n'est qu'un tout jeune homme lorsque, après avoir été membre des jeunesses hitleriennes, il est envoyé dans le nord de la France pour poursuivre un cursus militaire qu'il n'a pas demandé. Commence alors pour lui de longs mois loin de sa famille, des mois durant lesquels il doit se préparer au pilotage d'avions, à des batailles en prévision.

Mais 1945 sonne la fin des conflits. A l'heure où les camps sont libérés et où la France tente de se relever,  Warner est, comme la majorité de ses compagnons, fait prisonnier de guerre dans des conditions terribles : sans eau ni nourriture, dans un froid glaciale et dans des conditions d'hygiène déplorables, ces hommes deviennent esclaves pour rebâtir la France.

Durant deux ans, l'homme sera traité pire qu'un animal et devra se battre pour survivre dans un pays bien décidé à faire payer l'ancien ennemi, oubliant que tous les allemands ne furent pas SS. Pour la première fois, c'est à travers la plume de sa fille que Werner Schneider fait entendre sa voix sur un pan honteux et oublié de notre histoire.

Du côté de la forme...

Il y a les livres que vous lisez pour vous faire plaisir et il y a ceux que vous vous sentez le devoir de lire parce qu'il s'agit de titres importants nécessitant une mise en évidence notable. Avant même de débuter ce roman, on comprends de quelle catégorie il fait partie et combien il est essentiel.

Il n'est pas si simple de classer cet ouvrage dans une catégorie particulière. Car s'il s'agit d'un document, il s'agit aussi d'une histoire vraie, d'un témoignage proposé par une voix interposée. Ainsi, le caractère universel et objectif du récit se mêle à l'émotion d'une fille pour son père ce qui apporte une touche très forte à cet ouvrage terrible.

Terrible car il remet en cause beaucoup de choses et notamment le rapport aux prisonniers de guerre, le rapport au comportement des vainqueurs vis-à-vis des vaincus. Car dans cette histoire, les Alliés n'ont pas le beau rôle, loin de là. Au nom d'un amalgame entre soldats allemands et nazis, l'horreur absolue leur a été faite endurer, de quoi remettre les choses à plat sur notre histoire.

Prendre conscience que notre histoire a ses zones d'ombres n'est pas facile. Pas facile mais essentiel pour comprendre et, surtout, pour ne jamais oublier. Et à travers l'histoire de Werner, c'est une histoire qui fait mal que nous découvrons parce que l'histoire d'un jeune homme qui n'avait rien demandé et qui pourtant va vivre l'enfer.

En outre, le caractère témoignage se mêle à la documentation avec le récit vrai d'un homme que l'on va suivre et, en fin d'ouvrage, des notes relatives à des articles de lois et des données plus historiques à mettre en parallèle (au choix) avec le récit en cours. Un document où se mêle de fait une émotion certaine et forte qui n'est pas sans faire réfléchir.

Car ce qui frappe tout au long de ce récit, c'est l'incompréhension sur ce qui arrive, les regrets et surtout les souvenirs qui permettent de survivre. Et l'incompréhension de Werner se mêle à celle de sa fille qui raconte, se propageant ainsi jusqu'au lecteur qui peut se trouver déranger et peut avoir envie d'occulter cette vérité qu'il n'oubliera pourtant plus.

En conclusion... 

Même s'il est toujours agréable de parler d'ouvrages qui font du bien, il est aussi important parfois de parler de ceux qui vous perturbent, vous font réfléchir et remettent en cause vos perspectives sur ce que vous croyez savoir. C'est le cas de l'histoire de Werner Schneider qui nous laisse entrevoir un pan terrible de notre histoire dont il faut avoir conscience et ne jamais oublier.
Ce texte est dérangeant pour la bonne cause, saura attiser les mémoires et les critiques tout en offrant un récit de vie qui ne peut laisser insensible. 

jeudi 24 janvier 2019

L'absolue verticalité de l'horizon - Jof Brigandet



Infos sur le livre

éditions : Le Caïman
date de publication : 19-01-2019
pages : 180
prix : 11€

Résumé éditeur

Jof Brigandet explore encore une fois les obsessions masculines. Plus provocateur que jamais, il démontre à travers les histoires de deux couples, à quel point il est illusoire de prétendre comprendre les femmes et quel danger cela représente de vouloir s'y essayer. L'auteur nous livre deux textes où les quotidiens de Case, l'écrivain et de Jean, le professeur de dessin à la retraite, effrayants tant ils nous sont proches, deviennent des théâtres burlesques aux acteurs éperdus. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions du Caïman grâce auxquelles j'ai pu découvrir cet ouvrage en vue d'une rencontre avec l'auteur.

De quoi est-il question ?

Case est écrivain. Sa vie est rythmée par les écrits qu'il rédige jour après jour et par ses relations aux autres, loin d'être au beau fixe. Car Case n'est pas des plus sociables et, bientôt, son destin va se retrouver entre les mains de cette jeune femme, bien plus jeune que lui, pour qui il va tenter de changer sans jamais vraiment y parvenir.

Jean est professeur de dessin, était du moins. Maintenant il est à la retraite et tente d'alimenter sa vie et sa solitude comme il le peut jusqu'au jour où il rencontre celle qui pourrait bien tout remettre en question en le faisant voyager autant autour du monde qu'à l'intérieur de lui-même, lui annonçant cet enfant qu'il n'est pas près à avoir.

Du côté de la forme...

La nouvelle et le texte court, ce n'est pas forcément là ce que je préfère lire et pourtant, de temps en temps, ce n'est pas désagréable de se plonger dans un genre que l'on maîtrise moins. Surtout lorsque c'est pour évoquer un auteur qui gagne à être connu.

Avec ces nouvelles et aux vues de la maison d'édition, je pensais avoir à faire à du polar mais il n'en est rien. Ici, nous sommes plutôt dans du roman noir avec des récits de vies tels qu'il pourrait nous les arriver à tous avec du noir qui va peu à peu prendre de l'ampleur et nous plonger dans les tréfonds de l'âme humaine.

Car c'est là tout le talent de l'auteur : nous parler sans fioriture et sans prétention des relations entre les êtres et notamment des relations entre les hommes et les femmes que nous voudrions idylliques mais qui, en réalité, sont toujours le théâtre d'épreuves et d'incompréhensions pouvant mener à des doutes et des erreurs tragiques.

Au sein de ces deux textes, nous retrouvons le même type de thématiques. Pour une lectrice, l'intérêt étant d'être plongée à travers un point de vue purement masculin. Pour le lecteur, la force étant d'être mis face au paroxisme de comportements dont il n'est pas toujours aisé d'avoir conscience. Un moyen étonnant aussi de comprendre l'autre.

D'autant que l'auteur est roi pour plonger son lecteur dans un univers des plus dérangeants, des psychologies qu'il ne comprend pas toujours et une évolution d'intrigue qui le laisse parfois dans un drôle d'état d'angoisse. Car finalement, s'identifier au personnage est chose complexe ici comme pour laisser ces derniers dans leur terrible solitude.

Côté style, nous sommes ici face à un style fort, tranchant, qui ne mâche pas ces mots et ne cherche à épargner personne. C'est un style qui peut paraître dérangeant au départ mais qui est en parfaite adéquation avec le contenu. Un style étonnant qui change de ce dont on a l'habitude mais qui a ce mérite de faire voir autre chose et de sortir le lecteur des sentiers battus.

En conclusion... 

En vue de ma rencontre avec l'auteur j'avais très envie de découvrir cet ouvrage en amont et je dois dire que je suis ravie d'avoir pu me plonger dans quelque chose d'un peu différent de ce dont j'ai l'habitude tant sur le fond que sur la forme. Ces deux textes sont alors surprenants, forts en gueule et d'une rare psychologie.

Un ange égaré sur la terre - Suzanne de Arriba



Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 02-02-2018
pages : 192
prix : 16,50€

Résumé éditeur
 
C est un bel enfant, ce Janet ! On le dit un peu attardé, parce qu il est plus lent, plus calme que les gamins de son âge. Mais il a tellement d amour à donner : à son père indifférent, à sa mère bien-aimée, à sa chère tante Justine, à la vieille Laurentine, et même à Jules, le régisseur de l oliveraie familiale. Et surtout à Arthur, son demi-frère, qui a tout, alors que lui n a rien. Cet ange égaré sur la terre réussira-t-il à surmonter toutes les épreuves qui se dresseront devant lui, pour réunir ceux qu il aime ? Arthur, lui, regrette sa terre natale ; le murmure des oliviers lui manque. Sa trépidante vie parisienne dans les médias, pas plus que ses amours compliquées, ne le satisfont. Il se demande s il ne pourrait pas tout recommencer dans les collines. Mais le plus urgent est d apprivoiser de nouveau Janet, et de lui donner une part de ce qui aurait dû lui revenir de droit. Les personnages de cette histoire ont en commun de devoir faire face aux humiliations, mais tous trouvent la force de continuer à avancer envers et contre tout. Un roman plein d amour, de tension dramatique et de tendresse. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Souny grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman d'une auteure incontournable de la maison d'édition.

De quoi est-il question ?

Janet est un enfant un peu simple, sa mère refuse de dire "attardé". Mais derrière son insouciance Janet comprend aussi beaucoup de choses : son père qui a abandonné sa mère, ce frère aîné dont il n'a plus de nouvelles, cette tante qui s'occupe de lui sans trop savoir comment faire ou encore la vieille Laurentine qui semble porter tout ce petit monde.

Arthur est un jeune garçon dans la fleur de l'âge. Depuis que son père est parti avec sa maîtresse, il tente de survivre comme il le peut à la grande ville, rêvant de devenir un écrivain de renom, n'étant parvenu à n'être que journaliste. Et malgré l'amour de sa compagne Adeline, le jeune homme ne parvient pas à se défaire d'un curieux sentiment de culpabilité vis-à-vis de Janet.

C'est à la mort d'Elise, suivie bientôt de la mort de ce père qui a refusé de le reconnaître. Une épreuve pour le jeune garçon qui ne demande qu'à aimer, qu'à grandir sans avoir à affronter le malheur et les déceptions. Pour Arthur, l'heure du choix a sonné : agira-t-il comme son père ou prendra-t-il en compte dans sa vie ce jeune frère un peu différent ?

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je savais devoir vous parler d'une auteure beaucoup appréciée au sein de la littérature régionale. J'ai donc décidé de sortir cet ouvrage de ma pal avec cette envie de découvrir cet enfant présenté.
Difficile d'être affirmatif quant au moment où se déroule ce roman mais il y a fort à parier que nous sommes ici dans quelque chose de très contemporain qui permettra au lecteur de se reconnaître. D'autant que le florilège de personnages, ne pouvant laisser insensible, permettra à chacun de trouver cela à qui il semble pouvoir s'identifier.

Dans ce roman, tout va tourner autour d'un enfant : Janet. Ceux qui l'entourent vont nourrir leurs choix par rapport à lui, l'intrigue va évoluer avec lui, la symbolique des relations vont s'axer sur la capacité de Janet à aimer. Car Janet c'est ça : une capacité sans faille à aimer, à pardonner et à être proche des gens qui en prennent le temps.

Alors bien sûr, cette intrigue va être portée par les épreuves, par la mort et par les querelles en tous genres avec des secrets surgissant du passé. Ce roman nous montre alors le meilleur et le pire de l'être humain qui peut soit se montrer d'un égoïsme sans nom soit faire le choix de l'autre, le choix d'aimer, le choix d'une vie sans histoire et sans ambitions.

Et puis, il y a Arthur. Arthur est le jeune qui va devoir faire un choix, celui sur qui va reposer les erreurs du passé et la responsabilité à réparer. Une lourde charge qui n'est pas sans apporter beaucoup d'émotion dans un roman régit essentiellement par des femmes, des femmes courageuses donnant un agréable côté féministe sans vague à l'ensemble.

Le style de l'auteur est un style prenant qui semble comme vous prendre dans ses bras et vous bercer pour vous raconter une histoire. Et si au début le lecteur peut avoir le sentiment de se sentir un peu perdu dans le florilège de personnages, il se laisse aisément prendre par la main dans une bienveillance constante qui fait simplement du bien.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'attendait depuis trop longtemps et dans lequel je suis ravie d'avoir enfin pu me plonger, passant un moment plein de douceur qui redonne foi en l'humanité tout en nous offrant une belle saga familiale comme on peut les aimer. Symboliquement, ce roman est celui de l'amour et des choix parfois difficiles ce qui n'est pas sans éveiller le lecteur sur lui-même.
Je lirai sans hésiter un autre roman de l'auteur lorsque j'en aurai l'occasion. 

mercredi 23 janvier 2019

L'invasion des imbéciles - Tiphaine Rivière



Infos sur le livre

éditions : Seuil
date de publication : 03-01-2019
pages : 128
prix : 16,90€

Résumé éditeur

Qu'est-ce que la bêtise ? Nos plus grands chercheurs en sciences molles sont morts d'épuisement sans avoir réussi à cerner les mécanismes de ce redoutable virus. Yvonne Letigre, 107 ans, relève le défi malgré elle et se retrouve entraînée dans un road trip insolite, avec pour coéquipière une extraterrestre terrifiée à l'idée de voir son propre espace-temps contaminé. Leur enquête auprès des habitants d'un village paisible, véritable foyer d'épidémie, pourrait bien faire basculer le destin de l'humanité tout entière...

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions du Seuil grâce auxquelles j'ai pu découvrir cette BD hors norme dont le titre m'avait beaucoup attirée.

De quoi est-il question ?

Yvonne est centenaire. Elle le sait, elle va bientôt mourir et l'absence de sa famille lui pèse d'autant qu'aujourd'hui, alors qu'elle est seule, un mariage se prépare. Et tendis qu'elle parle de ses craintes aux infirmiers de la maison de retraite où elle survit, le répondant n'est pas au rendez-vous et l'indifférence est maîtressse.

Alors Yvonne trompe son ennui avec des émissions télévisées toutes plus idiotes les unes que les autres, des jeux et des séries dans lequelles la vieille femme de se retrouve pas. Et puis, le son se fait de plus en plus lointain et Yvonne se laisse embarquer vers l'inconnu, vers cet ailleurs après la mort si mystérieux.

Mais dans cet "autre côté" rien ne ressemble à ce que la vieille dame avait imaginé. Saint-Pierre est bien loin ou plutôt ne ressemble pas à ce qu'on lui avait raconté. Car ceux qui l'attendent sont des extra-terrestres. Des êtres qui vous envoient dans le néant à moins que vous ne soyez détenteurs d'une information crutiale pour le fonctionnement du monde...

Du côté de la forme...

Le titre de cette BD était tellement fun, tellement hors du commun et tellement décalé que je n'ai pas su résister à la tentation de découvrir cet ouvrage. Car si l'imbécilité était une maladie contagieuse, comment s'en débarasser.
Yvonne, la vieille dame de ce roman, m'a énormément plu. Non seulement elle est décalée et pleine d'humour, sûre de ce qu'elle veut et prête à tout pour réaliser ce qu'elle veut mais imaginer que l'imbécilité et une maladie et qu'elle doit rester avec les extras-terrestre pour les détecter ne manque pas d'originalité et ça j'ai adoré.

Avec cet ouvrage, l'auteure joue sur les codes et sait mêler un peu tout dans une fluidité magique : un personnage âgé dans un monde science-fiction, l'humour et des réflexions très concrètes, le fantastique et la sociologie. Et ça marche !  car cet album nous apprend beaucoup tout en nous faisant rire et tout en nous offrant un univers décalé qui charme.

Il est vrai que quand nous parlons science-fiction, nous ne pensons pas forcément à des personnages âgés et pourtant ici l'auteure met en place ce côté intergénérationnel qui permettra aux adolescents lecteurs de voir leurs grands-parents autrement. Et d'ailleurs, il est plaisant de voir combien Yvonne s'adapte bien aux extra-terrestres oubliant sans mal tous les codes de la chrétienté pourtant présents.

En outre, derrière une apparente légèreté, l'auteure sait avec brio nous parler de sujets de sociologie et de philosophie qui donneraient bien mal à la tête dans leur théorie pure. De quoi découvrir d'autres choses avec humour. Et moi qui ne suis pas forcément adepte de science-fiction, j'ai pris plaisir à en suivre les codes ici grâce à une Yvonne qui découvre en même temps que le non initié.

Cette BD porte à la fois un style d'écriture très intéressant et un style graphique que j'ai beaucoup apprécié. Les planches très réalistes se mêlent à des planches où tout explose rendent compte d'un univers très imaginaire. Mais surtout, l'auteure porte des réflexions fortes sur nos comportement et sur le fait que nous soyons tous peu ou prou des imbéciles.

En conclusion... 

Voici une BD qui m'intriguait beaucoup et que je suis absolument ravie d'avoir pu lire, moi qui aime vous présenter des choses un peu différentes. Et ici, j'ai été plus que servie grâce à une auteure qui sait mêler les codes pour nous offrir une vraie réflexion dans une belle intelligence et avec beaucoup d'humour grâce à un personnage fort et attachant comme on en voit peu.
L'auteure a aussi proposé il y a quelques années un autre ouvrage et je serai curieuse de le découvrir.

Le miracle de Vierves - Inne Haine



Infos sur le livre

éditions : Vraoum
date de publication : 05-04-2017
pages : 138
prix : 20€

Résumé éditeur

Une fois par an, le village de Vierves sort de sa torpeur pour la Fête des Ramures. A cette occasion, villageois et touristes se mettent à la recherche des bois bombés de la tête de Gérard, le cerf devenu une légende locale suite à un miracle des plus immaculés. Le destin du village va basculer le jour où un commerçant du cru est, bien malgré lui, à l'origine d'un accident qui coûtera la vie au cervidé. A trop vouloir dissimuler la mort de Gérard, de biens troublantes vérités vont voir le jour. 

Pourquoi ce livre ?

Lorsque je me suis intéressée de très près au travail de la maison d'édition Vraoum, c'est sans hésiter que je me suis laissée tenter par cette BD à la couverture magnifique et au résumé très tentant.

De quoi est-il question ?

A Vierves, il est une tradition : chaque année, lorsque le cerf Gérard perd ses bois, une fête est organisée et celui qui trouvera les bois touchera une coquette somme. Car au village, Gérard est sacré et à l'origine d'une forte croyance. Un miracle aurait eu lieu et ce miracle, les villageois y croient : une femme serait tombée enceinte en remerciement de s'être occupée de Gérard bébé. 

Mais voilà que deux jeunes du village, pour se montrer plus malins, décident de capturer l'animal à la corde. Pris de panique, l'animal se précipite sur la rue où roule François. L'accident a lieu, Gérard meurt. La fête est alors bien compromise. La fête mais aussi tout l'avenir du village car si la célébrité locale n'est plus, le village pourrait mourir.

Pour François, la culpabilité est atroce. Et tendis que l'homme tente de sauver sa peau comme il le peut, tendis que le jeunes tentent d'oublier et tendis que le village ne se doutant de rien continue à préparer les festivités, un jeune couple tente de percer les secrets du village, du mystère et de la légende. De quoi redonner une vie à tout un village.

Du côté de la forme...

En tant que grande fan d'histoires de villages, de légendes, de secrets, je ne pouvais pas ne pas me plonger dans cette histoire semblant être à même de réunir tout ce que je peux aimer au cours d'une lecture avec un petit brin mystique en plus qui n'est pas pour me déplaire.
Dans cette BD, nous découvrons donc un ville dont la force sont sa tradition et une légende locale qui lui permettent de vivre. De quoi me faire vivre une ambiance que j'affectionne beaucoup mais dans un genre dans lequel on la voit moins. Et il est vrai que le temps de cette BD, j'ai vraiment eu le sentiment de plonger dans ce village.

Comme souvent, tout commence par une énorme bourde. De quoi faire sourire mais aussi de quoi beaucoup émouvoire et de quoi rappeler que, trop souvent, la vie d'un petit village ne tient pas à grand-chose. De quoi permettre au lecteur de voir le monde autrement et d'entendre d'autres priorités que celles qui peuvent être les siennes.

Cet album mélange légende locale et un côté très mystique ce qui peut surprendre mais qui au final fonctionne très bien pour nous montrer que, bien souvent, tout est lié. D'autant qu'à cela s'ajoute un questionnement sur les comportements humains, touchants mais également assez dérangeants parfois mais tellement réels.

Et puis, il va y avoir toute l'intrigue tournant autour de la mort de Gérard et je dois dire que cette intrigue, c'est très facilement qu'on s'y laisse prendre. Car très vite, le lecteur a envie de savoir comment les personnages et le village vont s'en sortir, comment toute cette histoire va évoluer. En cela, le terme de "roman graphique" prend tout son sens.

Côté style, j'ai beaucoup aimé la manière dont nous est vraiment contée une histoire avec des dialogues, des allées et venues de points de vue ce qui est toujours plaisant. Ici, on sent un vrai travail littéraire ajouté à un graphisme auquel on s'attache très vite avec un vrai travail du détail, de l'expression et du décors.

En conclusion... 

Cette bande-dessinée m'attirait beaucoup et je dois bien dire que j'ai passé un superbe moment avec cette lecture regroupant tout ce que je peux aimer dans une lecture : une belle intrigue, des personnages forts, un décors qui inspire et une subtilité de messages tant le plan humain que sur le plan des légendes. Un tout complet qui permet de tourner les pages sans avoir envie de finir.
Je ne savais trop à quoi m'attendre avec cette lecture et, finalement, c'est là un nouveau coup de coeur 

mardi 22 janvier 2019

Mes jours étranges, 1 - Audren



Infos sur le livre

éditions : Dreamland
date de publication :21-11-2018
pages : 250
prix : 11,90€

Résumé éditeur

 On dit que les ados se cherchent... Olsen, 14 ans, lui, s'est déjà trouvé. Mais un matin, ce sont ses parents qu'il ne retrouve plus. Ils ont tout simplement disparu de la maison ! Après trois jours d'absence, ils finissent par revenir amnésiques, incontrôlables et imprévisibles. Très vite, tout bascule et se bouscule : son père se balade nu comme un ver et s'empiffre de crème glacée, sa mère prend des cours de roller et se fiche des devoirs comme de l'heure du coucher. Un comportement loin de parents modèles... Olsen a-t-il été projeté dans un monde parallèle, une autre dimension ? Pour y répondre, il se fait apprenti détective. Et alors que ses parents semblent retourner en enfance, il est temps pour notre jeune héros de grandir... 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Dreamland grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que j'apprécie énormément.

De quoi est-il question ?

Olsen a 14 ans. Il vit tranquillement entre ses parents et sa petite soeur. Les uns trop sévères à son goût, l'autre un peu trop collante et enfant pour ses 12 ans. Mais cette vie, c'est la sienne et même s'il y voudrait plus de souplesse, elle est somme toute la vie normale d'un ado de son âge. Jusqu'au jour où ses parents disparaissent mystérieusement.
Faut-il prévenir les grands-parents ? La police ? Pour Olsen, si ses parents ont disparu, c'est parce que comme dans les films il s'est passé quelque chose de grave. Et même si chacun lui dit que son imagination lui joue des tours, l'avenir lui donnera raison. Car lorsqu'ils reviennent enfin, ses parents ne sont plus les mêmes.

Son père se promène nu, sa mère se moque de l'heure du coucher. Les devoirs, oubliés. Les règles de la maison, sans importance. De quoi inquiéter l'adolescent et sa petite soeur qui voudraient bien retrouver un peu de stabilité. Ils se lanceront alors dans une quête pour comprendre le fin mot de cette histoire et ils ne sont pas au boût de leurs surprises.

Du côté de la forme...

C'est à Montreuil il y a quelques années que j'ai eu la chance de découvrir Audren et, depuis, je suis toujours contente de découvrir un de ses romans. Le résumé de celui-ci étant particulièrement tentant, j'ai été ravie de m'y plonger.

Les histoires de mystères, voilà qui titille toujours l'attention d'un lecteur. Alors, forcément, la disparition de parents, voilà une chose dont tout adolescent rêve. De quoi offrir un très beau début de roman comme on peut les aimer, un début de roman comme le lecteur peut avoir envie de le dévorer sans attendre.

Mais l'autre chose dont rêve tout adolescent tout en le craignant, c'est de voir ses parents changer du tout au tout. Et ici, l'auteure réalise cette forme de fantasme en donnant aux parents d'Olsen un changement qui va à la fois offrir à l'ado plus de liberté tout en lui imposant des doutes et des craintes. De quoi faire rêver tout en développant l'inquiétude.

Alors tout dans ce début de roman était pour me plaire mais, malheureusement, je dois avouer que la manière dont a évolué le roman ne m'a pas totalement convaincue. D'autant que j'aurais sans doute apprécié que l'intrigue soit plus fouillée bien que nous soyons ici dans du roman jeunesse. Pour autant, l'auteure maîtrise son intrigue et nous embarque malgré tout.

Olsen est un personnage que j'ai beaucoup apprécié même si son imagination fulgurante m'a parfois un peu dérangée et même si j'ai eu un peu de mal à m'y attacher. Par ailleurs, j'aurais aimé que l'auteure aille plus loin mais étant dans un tome 1 nous pourrons dire qu'il s'agit d'une belle mise en place d'une série prometteuse.

Côté style, c'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé celui d'une auteure qui sait raconter des histoires et nous plonger dans des univers très distincts. Ici, nous partons plutôt dans du fantastique futuriste, un genre que je maîtrise mal mais que je suis toute prête à découvrir. Le cadre est posé, les tomes suivants nous en dirons plus.

En conclusion... 

Appréciant beaucoup l'auteure, j'avais très envie de découvrir ce roman et ai pris pas mal de plaisir à cette lecture même si j'aurais voulu que l'auteure aille plus loin. Je tiens à mettre ce sentiment sur le compte d'un tome 1 et vais attendre la suite avec la plus vive impatience pour en apprendre plus sur cet univers très fort et prometteur. 
Vous l'aurez compris, je vais suivre cette nouvelle série avec attention. 

Tranquille comme Baptiste - Yaël Hassan



Infos sur le livre

éditions : Syros
date de publication : 06-09-2018
pages : 192
prix : 6,95€

Résumé éditeur

Le nouveau roman de Yaël Hassan, dans la veine de Momo, dont les lecteurs et les enseignants vont s'emparer avec bonheur ! Baptiste est un garçon rêveur, un peu trop tranquille. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est rendre visite à Barnabé, son vieux voisin bricoleur qui partage avec lui une passion insolite : collectionner les mots rares. Mais un soir débarque chez Barnabé une tornade prénommée Clara, qui prétend être sa petite-fille. Du haut de ses douze ans, Clara a une vie très mouvementée, elle parle et jure comme un charretier ! Baptiste et Clara, si différents l'un de l'autre, ont-ils une chance de s'entendre ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que j'apprécie tout particulièrement.

De quoi est-il question ?

Baptiste est adolescent pas tout à fait comme les autres. Vivant avec sa mère et sa grands-parents qu'il met un point d'honneur à appeler par leurs prénoms, il est plus attiré par la lecture que par le sport et préfère passer ses journées avec Barnabé, le vieux monsieur d'à côté, qu'avec les autres adolescents qui, pour leur part, lui mènent la vie dure.

Une petite vie bien rangée toutefois dans laquelle va bientôt s'immiscer Clara, une adolescente de son âge qui débarque un jour chez Barnabé racontant qu'elle est sa petite fille. En réalité, Clara est la fille d'une adolescente que l'homme avait aidé à une époque. L'adolescente devenue femme a pourtant vu sa vie partir sur la mauvaise pente entre alcool et drogues.

Clara, c'est un caractère. Une adolescente qui s'est faite toute seule et a appris à survivre. Mais une fois chez Barnabé, elle va découvrir la douceur d'un foyer et une certaine stabilité. Son arrivée ne va pourtant pas manquer de tout bousculer dans la vie de chacun au point de soulever des secrets du passé...

Du côté de la forme...

Yaël Hassan est une auteure dont j'apprécie beaucoup le travail et c'est donc sans hésitation que je me suis plongée dans ce nouveau roman au résumé plutôt tentant et semblant correspondre à des thématiques fortes. J'ai eu raison.

Tout commence par la présentation de Baptiste, un adolescent pas comme les autres. Un beau moyen pour permettre à des jeunes se sentant un peu en marge de se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls et qu'être un peu en marge n'empêche pas de vivre. Bien au contraire. Et avec l'arrivée de Clara, c'est la possibilité de s'entendre malgré les différences de caractère qui s'exprime.

Clara est une jeune fille très touchante par laquelle l'auteure parle de sujets très forts, souvent tabous et peut-être pas assez traités en littérature de jeunesse : la descolarisation due à des comportements limites des parents. Un rappel de certains témoignages d'enfances brisées mais avec toute la délicatesse, la diplomatie et le talent d'une auteure qui sait y faire.

Car derrière ce roman, ce sont de vrais sujets de société, souvent graves, dont il est question ici avec, en parallèle, un hymne à la langue et à l'intergénérationnel. Clara va tenter de se reconstruire, Baptiste s'entend à merveille avec un homme qui pourrait être son grand-père. Et puis, ce roman c'est aussi un hymne à l'amitié ce qui est toujours un bon point.

Enfin, il va être question dans cet ouvrage de secrets qui alimentent l'intrigues. Des secrets dans la vie Clara, certes, mais aussi des secrets dans le passé de Barnabé ce qui n'est pas sans rappeler aux jeunes que leurs grands-parents aussi ont vécu des histoires, des histoires fortes qui leur appartiennent ou qu'ils pourront choisir de conter.

Le style de Yaël Hassan, c'est un style fort qui fonctionne. Allant à l'essentiel elle sait permettre au lecteur de se poser les bonnes questions, elle sait parler de sujets terribles mais avec beaucoup de douceur n'alimentant pas le pathos. Elle sait aussi nous offrir des personnages vrais qui sauront élargir les horizons des jeunes tout en développant une intrigue qui marche.

En conclusion... 

Voici un petit roman que j'avais très envie de découvrir et avec lequel j'ai passé un agréable moment grâce à une histoire prenante mais grâce surtout à de vrais sujets développés avec brio en un minimum de pages. Voici un roman qui ne manquera pas d'éveiller certaines consciences tout en donnant confiance aux jeunes se sentant en marge.
Les romans de Yaël Hassan offrent toujours de belles découvertes et j'espère pouvoir lire le prochain très bientôt.