mercredi 30 octobre 2019

Chère Fubuki Katana - Annelise Heurtier



Infos sur le livre

éditions : Casterman
date de publication : 28-08-2019
pages : 305
prix : 14,90€


Résumé éditeur

Au lycée ou même chez soi, quand on vit au Japon, on n'étale pas ses problèmes. Pourtant, Emi aurait beaucoup à dire : le harcèlement qu'elle subit, l'attitude de ses parents... et surtout cette culpabilité qu'elle essaie d'enfouir depuis plusieurs mois. Emi ne se confie jamais. Elle se réfugie dans ses mangas et fait semblant que tout va bien. Jusqu'à ce qu'une rencontre lui donne envie de s'ouvrir enfin. Mais à qui peut-on se fier dans une société où les apparences peuvent l'emporter sur la vérité ?

Pourquoi ce livre ?

Depuis quelques années maintenant, Annelise Heurtier fait partie des autrices jeunesse incontournables pour moi. Ce nouveau roman m'intriguait tout particulièrement.

De quoi est-il question ?

Emi est une adolescente japonnaise ayant été élevée selon les bonnes moeurs de son pays : garder pour soi ses problèmes, le groupe prévalant sur l'individu, l'unité familiale comptant avant le reste. Mais au milieu de tout ça, comment supporter le harcèlement au lycée si ce n'est en se réfugiant dans un monde imaginaire peuplé de mangas et de rêves ?

L'adolescente survit comme elle le peut dans sa souffrance quotidienne et tente de passer un peu de temps dans un café proche de chez elle jusqu'au jour où elle rencontre Hana, une adolescente à peine plus âgée qu'elle a qui elle se surprend, très vite, à vouloir se confier. Une adolescente qui sera son inspiration pour un projet scolaire et son soutien pour résister à ses harceleuses.

Mais la vérité, c'est aussi qu'Emi cache un lourd passé, un passé dont elle a honte et qui est aux origines de tout, un passé ayant un lien étroit avec les stéréotypes et racismes ordinaires japonais qui peuvent porter une personne aux nues ou, au contraire, la rabaisser aux plus bas rangs de la société. Si elle veut se libérer de ses peurs, Emi devra d'abord se libérer de ce passé.

Du côté de la forme...

Les romans d'Annelise Heurtier sont toujours des romans intelligents et forts ayant pour ambition d'amener les jeunes vers des réflexions et des questionnements à la fois proches d'eux et à la fois les ouvrant sur le monde. Un pari gagné une fois encore.

Cette fois, c'est au Japon que l'autrice nous entraîner avec cette volonté de nous parler à la fois d'un pays dont nous ne savons pas grand-chose quand on ne s'y intéresse pas, le Japon, et à la fois de problématiques très actuelles et rassemblant tous les adolescents du monde : le harcèlement et la souffrance de ceux qui en sont victimes.

Emi est une jeune fille qui m'a beaucoup touchée en ce qu'elle est victime non seulement de la peur qui la ronge mais également de son éducation qui la pousse au silence. Sans compter sur ce secret qui la ronge plus encore et qui la laisse penser qu'elle est responsable de ce qu'elle vit. Un ensemble de sentiments bien difficiles à gérer pour une adolescente qu'on a juste envie de prendre dans nos bras.

Ce roman est celui de l'individualité au sein du groupe, celui de la souffrance qu'il faut cacher mais aussi celui de l'amitié en réponse à de bien nombreux doutes. Une amitié qui fait du bien au coeur des souffrances et qui donne à voir un horizon différent tout en parlant aux jeunes d'une couche bien laissée à part de la société japonnaise, de quoi en apprendre plus sur ces moeurs.

Et puis, au milieu de tout ça, il y a ces lettres, ces lettres que le lecteur ne comprend pas vraiment, ces lettres qui semblent ne rien à avoir à voir avec le reste de l'histoire mais qui vont finalement trouver leur sens, un sens que, je dois bien l'avouer, je n'avais absolument pas vu venir et qui a su me surprendre et me faire poser pas mal de questions.

C'est avec un bonheur incroyable que je me suis replonger dans la plume si délicate de l'autrice qui sait poser les bonnes questions et nous entraîner dans une intrigue à la fois forte et touchante avec un côté très addictif qui est toujours appréciable. Une écriture qui sait aussi nous plonger dans le coeur des tourments des personnages.

En conclusion... 

Voici un roman que j'étais plus que curieuse de découvrir et que j'ai dévoré une nouvelle fois entre émotion, addiction et volonté d'en apprendre plus sur une culture qui, je l'avoue, m'échappe un peu. Voici un roman qui sait donner envie d'en apprendre plus sur les sujets traités par l'autrice tout en nous offrant des personnages forts qu'on aimerait à rencontrer.
Un roman à mettre entre toutes les mains et qui sort des sentiers battus. 

Les vents de la colère - Michel Verrier



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 16-05-2019
pages : 392
prix : 20,50€

Résumé éditeur

 Gilbert Champaillet et son fils François ont toujours vécu dans leur ferme. Alors qu'un projet de parc éolien est en passe de se concrétiser sur leur terres, l'un et l'autre se demandent s'il doivent l'accueillir comme une chance ou comme un sujet de discorde qui pourrait désunir leur famille. En effet, Agnès et Julie, les filles de Gilbert, semblent bien déterminées à s'opposer à la construction de ces éoliennes qu'elles considèrent comme néfastes. La négociation avec Joachim Mayer, l'ingénieur allemand chargé de leur présenter le contrat, s'annonce tendue. Mais les uns et les autres sont loin de se douter de la découverte surprenante qu'ils vont faire à l'occasion de ce rendez-vous. Une simple photographie posée sur un rebord de cheminée, un visage qui n'est pas inconnu à l'ingénieur : une simple coïncidence ? Joachim Mayer voudrait en avoir le coeur net. Et il va devoir se plonger dans le passé de la personne qui lui est la plus chère, sa grand-mère Irma. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis depuis quelques années maintenant avec le plus vif intérêt.

De quoi est-il question ?

Au début des années 2000, Gilbert et François Champaillet vivent encore dans la ferme appartenant à la famille depuis des générations. Si Agnès et Julie, les deux filles, sont parties faire des études pour devenir médecin et avocate, le fils, lui a fait le choix de rester auprès de son père et de reprendre l'affaire familiale malgré les épreuves dues depuis toujours à cette vie.

La famille a toujours été unie mais, depuis quelques temps, une discorde les divise : un grand entrepreneur souhaiterait en effet implanter dans la vallée un parc éolien au nom des nouvelles énergies renouvelables. Et si le père voit d'un bon oeil cette source promise d'écologie et de revenu, les filles, de leur côté, sont loin d'adhérer à ces pratiques qu'elles envisagent comme destructrices.

L'allemand Joachim Mayer est dépêché pour les négociations mais, alors qu'il se rend chez Gilbert, son regard est attiré par une photo de Julie qui ne le laisse pas insensible. Cette jeune femme n'est en effet pas sans lui rappeler trait pour trait cette grand-mère allemande qu'il adore et qui compte tant pour lui. De quoi dévoiler un profond secret de famille...

Du côté de la forme...

Vous le savez, je suis une amoureuse des romans régionaux. Mais il est vrai que les histoires de guerres mondiales, on commence à s'en lasser. Alors un roman évoquant des problématiques beaucoup plus actuelles pour le monde paysan, le sujet était prometteur.

Dans notre époque où il est essentiel de revenir aux sources, où on se pose la question de la production local, des énergies renouvelables et de la condition des paysans, il est intéressant de se poser ce genre de questions dans la fiction et, ici, c'est la question des parcs éoliens qui est posée entre bénéfices pour la région et ravages pour les paysages et les animaux.

Il est vrai que, sur ces questions, tout est dit ainsi que son contraire et il n'est pas si évident de se faire une opinion objective. Car, à la lecture de ce roman, on s'aperçoit que tous les points de vue se défendent et il est appréciable de voir que l'auteur ne juge aucun des partis pris. Son but n'est autre qu'établir des faits et d'inviter le lecteur à comprendre les uns et les autres.

Ainsi, nous sommes plongés dans une histoire moderne mais qui joue sans mal avec les codes du roman de terroir tel qu'on l'aime et c'est ce jeu entre les deux qui fait toute la force de ce roman qui va aussi inviter le lecteur au sein d'un secret de famille qu'il va, à l'image des personnages, découvrir peu à peu et où le manichéisme habituel n'est plus.

La ressemblance entre les deux femmes est en effet troublante et le lecteur est pris dans cette histoire pour en comprendre le sens tout à s'attachant à l'émotion qui va peu à peu prendre une place toute particulière. C'est ainsi entre la campagne française et l'allemagne que va se dérouler ce roman, entre le monde paysan et le monde industriel.

Quel plaisir que d'avoir retrouvé dans ce roman l'écriture toute particulière de Michel Verrier qui sait poser de vraies questions à travers une écriture particulièrement forte et efficace. Quel plaisir que de se plonger dans cette histoire de famille sans jugement où seuls les sentiments humains comptent et où nul ne recherche à nuire à l'autre.

En conclusion... 

Voici un roman que j'avais hâte de découvrir pour ses questionnements très actuel et qui a su remplir sa mission à la perfection tout en m'offrant une intrigue et des secrets de famille comme je peux les aimer sans omettre un brin de romance qui va peu à peu naître. Voici un roman qui fait du bien et que chacun devrait lire pour un peu mieux comprendre les vraies questions que posent la modernité.
D'autres romans de l'auteur m'attendent, je ne manquerai pas de les découvrir dès que possible. 

jeudi 17 octobre 2019

Du sang sur la neige - Serge Camaille



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 10-10-2019
pages : 267
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Hiver 1980. Cela fait maintenant quelques jours que Claire, jeune citadine à la vie trépidante, s’est installée dans une maison coupée du monde, non loin du village de Courgoul, dans les monts d’Auvergne. à vrai dire, elle n’a pas eu le temps ni le choix pour s’adapter à cette nouvelle vie. Un jour, le téléphone qui sonne. La gendarmerie. Luc, son mari, a eu un accident. Il est dans le coma. Plusieurs semaines déjà qu’il s’était isolé dans cette maison pour écrire son premier roman. Pourquoi son mari a-t-il tout quitté soudainement ? Et comment a-t-il pu avoir un accident de voiture, lui d’habitude si prudent ? Et si finalement elle ne connaissait pas si bien que cela l’homme qu’elle a épousé ? Lorsqu’une inconnue frappe à sa porte en pleine nuit, Claire ne se doute pas qu’elle vient de faire entrer le malheur dans son foyer...

Pourquoi ce livre ?

Depuis que l'auteur m'avait parlé de sa nouveauté à paraître, j'avais hâte de la découvrir. Le salon de Royat a été pour moi l'occasion d'acquérir ce roman que je n'ai pas laissé traîné longtemps.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1980. Claire aurait tout eu pour être heureuse avec un mari à la grande renommé, le fils de celui-ci et sa belle-mère avec laquelle elle s'entend plutôt bien. Mais quelques jours plus tôt, Luc a été victime d'un accident de voiture et est dans le coma. Rongée par l'angoisse, Claire vit désormais avec le restant de la famille dans cette ferme isolée au coeur de l'Auvergne.

Une nuit, alors que tout le monde dort, une inconnue frappe à la porte de la maison. Elle dit s'appeler Anne et être tombée en panne un peu plus bas avec son ami. N'écoutant que son coeur, Claire décide de venir en aide à cette femme mais, dès le lendemain, la jeune femme a le sentiment d'être suivie et que le danger rôde.

Cette femme qui surgit a plusieurs reprises au cours de sa journée, une étrangère qui se fait pour elle à l'hôpital ou encore sa voiture qui est endommagée. Très vite, Claire comprend qu'on lui en veut et que tous ces événements pourraient bien avoir un lien avec le passé de son mari, un mari qu'elle ne connaît finalement pas. Un passé dont elle connaîtra les prémices dans le roman qu'il écrivait...

Du côté de la forme...

Lire les romans des copains, c'est pour moi essentiel. D'autant plus quand les romans en questions m'attirent et par leur sujet et par leur couverture (en l'occurence une couverture magnifique ici). C'est donc avec la certitude d'aimer ce roman que je l'ai commencé... J'ai eu raison.

Le roman de terroir, ça me connaît. Pour autant, il est plutôt appréciable ici de plonger dans une époque plus moderne, une époque au tournant des idéaux, une époque où commence à paraître la modernité tout en conservant quelques traces de traditions. Bref, les années 80, c'est une période qui gagne a inspirer les écrivains et autant dire qu'elle a très bien su inspirer l'auteur.

Dans le cas présent, nous sommes en hiver. C'est avec brio que l'auteur nous plonge dans une ambiance enneigée ou les gens étaient encore coupés du monde aux débuts du téléphone qui n'était pas de partout. Une ambiance maîtrisée et très bien menée pour faire monter l'angoisse, la pression, et donner ce sentiment d'oppression qui va si bien à ce type de romans.

Claire est un personnage qui m'a très vite beaucoup touchée. Prête à tout quitter pour aller se perdre dans la campagne auvergnate, elle va être confrontée à devoir gérer sa nouvelle vie, à percer les secrets de son mari jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle pourrait être elle-même en danger. Et parce qu'il découvre les secrets en même temps qu'elle, le lecteur est pris d'empathie pour elle.

Du côté de l'intrigue elle-même, l'auteur joue avec les codes du genre mais dans une volonté de revenir aux sources du genre ce que j'ai trouvé plutôt touchant et plutôt apaisant quand, comme moi, on lit des choses parfois très dures. Ici, à l'image des romans d'Agatha Christie, un long temps est donné à l'explication sans véritable volonté d'embobiner le lecteur averti.

Question style, nous ne sommes ni tout à fait dans un thriller ni tout à fait dans un roman de terroir, nous sommes dans un entre-deux qui fonctionne et qui nous plonge dans l'Auvergne hivernale tout en nous offrant une intrigue plutôt bien ficelée. Journaliste de carrière, c'est ce style qui ressort une nouvelle fois du roman de l'auteur, un style qui change et qui appuie l'addiction à la lecture.

En conclusion...

Voici un roman que j'attendais de pouvoir découvrir avec la plus vive impatience et que je ne peux que conseiller avec force. Voici un roman qui ramène aux sources du polar tout en offrant une belle onde régionaliste. Voici un roman qui m'a fait frémir et qui a su me toucher avec une fin que, malgré tout, je n'avais pas vu venir !
Un roman idéal pour les soirées d'hiver à venir.

dimanche 13 octobre 2019

La rivière à l'envers, Hannah - Jean-Claude Mourlevat



Infos sur le livre

éditions : PKJ
date de publication : 07-12-2009
pages : 160
prix : 5,50€

Résumé éditeur

La suite de La rivière à l'envers ! Hannah raconte les aventures qui l'ont conduite jusqu'au village de Tomek, au bout du désert, à la recherche de l'eau qui rend immortel. Dans La rivière à l'envers, Tomek nous entraînait dans son incroyable quête : trouver la rivière Qjar et son eau qui empêche de mourir. Nous marchions avec lui sur les pas de Hannah. Cette fois-ci, c'est Hannah elle-même qui raconte son voyage sur la vertigineuse Route du Ciel, puis à travers le désert. Son récit nous fait découvrir des contrées nouvelles, mais on y retrouve aussi des paysages connus : la Forêt de l'Oubli, la prairie, l'océan...

Pourquoi ce livre ?

Après avoir savouré toute la poésie du premier tome de cette histoire, c'est avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans le point de vue d'Hannah.

De quoi est-il question ?

Petite fille, Hannah était heureuse avec ses parents, surtout son père avec lequel elle vivait une relation profondément fusionnelle. Chaque année, pour son anniversaire, il lui offrait un oiseau jusqu'à ce jour terrible où elle demanda un oiseau qui coûtait une fortune et que le père mis en faillite toute la maisonnée pour le lui offrir.

Aujourd'hui, Hannah a grandi, ses parents sont morts. Elle a vécu heureuse chez des gens qui l'ont aimée mais pour l'adolescente seul son oieau compte encore et toujours. Alors, le jour où l'oiseau tombe malade, Hannah n'a de cesse de trouver une rivière, la rivière Qjar, celle dont une seule goutte peut donner l'immortalité.

C'est ainsi qu'Hannah va partir pour un long voyage empli de dangers et de rebondissements. Durant son périple, elle traversera le désert et rencontrera des personnages hauts en couleurs jusqu'au jour où elle traversera un petit village au sein duquel elle rencontera un garçon étrange et fier d'avoir dans ses tiroirs tout ce dont on peut avoir besoin...

Du côté de la forme...

C'est avec un plaisir évident que je me suis plongée il y a peu dans le premier tome si poétique de ce dyptique sans trop savoir dans quoi j'allais me plonger mais avec la seule envie de découvrir ce qui est devenu un classique de la littérature jeunesse. Une fois fini, j'ai eu envie d'enchaîner.

Ce deuxième tome se présente comme une lettre, comme une confidence, à destination de Tomek. Le prologue le dit : pas de question et un seul destinataire pour ce récit. Le lecteur est donc mis à la place de Tomek et s'apprête à recevoir le récit d'Hannah comme s'il était le personnage du premier tome. Une dualité étonnante mais qui rend compte d'une grande littérarité.

Hannah est, dans le premier volet, un personnage qui reste très mystérieux et sur laquelle le lecteur est amené à se poser pas mal de questions. Une bonne raison pour l'auteur de nous offrir ce second roman afin de nous en apprendre un peu plus sur elle. Une manière de casser ce côté mystérieux mais de replonger dans un univers digne des romans initiatiques du XVIIIème.

De prime abord, nous pourrions avoir le sentiment de vivre la même histoire en parallèle mais il n'en est rien. Car si les rencontres communes sont bien présentes, ce sont aussi les aventures propres d'Hannah que nous allons découvrir avec beaucoup de force. Et ici, les aventures seront nombreuses pour une adolescente qui va grandir au fil des pages.

Pour autant, j'ai aussi eu le sentiment à travers ce roman qu'il s'agissait plus d'un parallèle avec l'histoire de Tomek qu'une histoire à part entière. Une histoire créée pour les fans qui voulaient en savoir plus sur Hannah et non pas un roman à part entière. Dommage. Dommage car j'ai eu en même temps que cette poésie ce sentiment de rester extérieure à l'histoire.

L'auteur a su, avec talent, retrouver toute la grâce du premier tome et tout le caractère initiatique d'un univers à la fois fort bien écrit et à la fois difficile à situer. Car avec cette écriture, j'ai aussi eu le plaisir de retrouver l'ambiance des contes et une part philosophique assez prenante. Et parfois, la présence de Tomek revient comme pour bien rappeler que ce tome est une longue lettre.

En conclusion... 

Je n'aurais sans doute pas lu ce tome si je n'avais pas été séduite par l'histoire de Tomek et je suis ravie d'avoir pu le découvrir comme un complément, comme un plus pour en savoir un peu plus sur ce personnage mystérieux sur lequel on ne peut pas ne pas s'interroger. Avec ce roman, j'ai passé un moment étonnant comme hors du temps et j'ai trouvé cela plutôt appréciable.
Pour tous les amoureux de beaux textes un peu hors de tout ce qui existe, ce roman est à découvrir. 

Celle qui marche la nuit - Delphine Bertholon



Infos sur le livre

éditions : Albin Michel
date de publication : 30-01-2019
pages : 240
prix : 12,90€

Résumé éditeur

« Nous sommes donc arrivés à destination sous une pluie battante. Il était seize heures, mais on aurait dit qu'il faisait nuit. Une pancarte en bois piqué annonçait : « La Maison des Pins ». Elle se balançait, lugubre, grinçait dans le vent ; on se serait cru dans un bouquin de Stephen King. » Malo, 15 ans, déménage, et doit quitter à regret son quotidien parisien. Aussitôt installé dans le sud de la France, il est gagné par l'angoisse. La Maison des Pins, isolée au milieu des bois, semble tout métamorphoser. Les parents de Malo sont absorbés par les travaux de rénovation, Jeanne, sa petite soeur, se réveille en hurlant, parle aux murs et s'est liée d'amitié avec une jeune fille... qu'elle est la seule à voir. Lorsque Malo découvre une vieille cassette audio, vestige d'un passé qui exige de refaire surface, l'adolescent décide de percer, coûte que coûte, le terrible secret qui hante la demeure.

Pourquoi ce livre ?

Après avoir repéré ce roman lors du dernier salon de Limoges, c'est avec joie que je m'y suis plongée lorsque j'en ai eu l'occasion.

De quoi est-il question ?

Depuis toujours, Malo est parisien. A 15 ans, l'adolescent est habitué à sortir dans la capitale avec ses amis, à prendre le métro et à aller au lycée juste à côté. Alors quand son père, pour son travail, décide de déménager dans le sud de la France dans une vieille demeure éloignée du monde, Malo est loin d'être emballé.

D'autant que "La maison des Pins" est loin d'être une maison très rassurante. Au contraire, elle ferait plus penser à un vieux manoir des films d'horreur. Pire encore, il n'y a rien à faire alentour pour un adolescent en mal d'activités. Alors, très vite, Malo se prend une âme d'explorateur et décide de partir en quête des environs.

Très vite, Malo commence alors à douter de cette maison au sein de laquelle il semblerait qu'il se passe des événements étranges. En priorité, Jeanne, sa petite soeur, a un comportement de plus en plus perturbant et tout le monde en ville semble en savoir plus sur cette maison qui pourrait cacher un lourd secret...

Du côté de la forme...

Delphine Bertholon fait partie de ces auteurs que j'aime suivre en littérature "adulte" et j'étais très curieuse de redécouvrir dans ce titre jeunesse. Alors avec une telle couverture, ce roman ne pouvait que m'attirer.

Il n'est pas si évident, pour un provincial, d'imaginer ce que peut ressentir un ado parisien à qui on impose d'aller vivre au milieu de nulle part. Mais il est plus aisé de comprendre que tout changement radical pour un adolescent est toujours chose pénible à vivre et c'est ce thème que l'auteure met en avant dans ce roman au-delà de l'intrigue elle-même.

Avec le cadre du manoir éloigné de tout et un brin effrayant, l'autrice nous plonge dans un roman d'ambiance comme on peut les aimer et si ce genre de cadre n'est pas rare le fait est qu'il fonctionne toujours. Et il est vrai que si le côté vieux manoir est toujours pour me séduire, ce roman est idéal pour initier les jeunes à ce type d'univers.

C'est peu à peu et sans que l'on ne s'en rende vraiment compte que l'ambiance devient de plus en plus prégnante et que les secrets de la maison semblent de plus en plus forts. Ainsi, si au début tout semble dû au déménagement même, il s'agit vite de comprendre qu'un caractère fantastique règne et qu'un secret rode sans que les parents ne s'en rendent vraiment compte.

Ce roman est donc empli d'une aura de mystère de laquelle va surgir un secret mais ce roman est aussi une belle histoire d'amitié entre Malo et la jeune postière, une belle histoire de famille où il est plaisant de voir que l'autrice ne joue pas des clichés sur les adolescents et sur les familles recomposées. De quoi laisser toute la place à l'intrigue elle-même.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai pu retrouver ici l'écriture d'une autrice qui sait aussi bien écrire pour les jeunes que pour les adultes, en littérature générale qu'en littérature avec un brin de fantastique. Et ici, l'autrice sait apporter cette touche d'imaginaire peu à peu même si, je dois l'avouer, j'aurai aimé que le mystère soit encore plus conséquent.

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait depuis quelques mois et dont je suis ravie d'avoir pu vous parler même si j'aurais souhaité une lecture plus longue et avec peut-être plus de mystère encore. Voici un roman qui a su me toucher et dont j'ai beaucoup aimé le côté bienveillant. Voici un roman dont les personnages m'ont touchée et dont le côté addict a complètement fonctionné avec moi.
Si vous aimez les histoires de vieilles maisons, de mystères et de fantômes, ce roman mérite toute votre attention. 

Le roi de la boude - Servane Havette et Sophie Ruffieux



Infos sur le livre

éditions : Grenouille
date de publication  : 01-10-2019
pages : 24
prix : 9,90€

Résumé éditeur

Du haut de ses quatre ans, Louis a déjà une personnalité bien à lui ! "Non. Non et Non ! ". Du réveil au coucher, toutes les occasions sont bonnes pour protester ! Louis serait-il le roi de la boude ? Après tout, lui aussi sait ce qu'il veut et il compte bien le faire savoir.

Pourquoi ce livre ?

Quand tu travailles pour une maison d'édition et que cette maison d'édition publie un album qui mérite que l'on s'y attarde, alors il va de soi d'en parler et de le faire connaître.

Mon avis...

Louis est un petit garçon de 5 ans très boudeur : non pour se lever le matin, non pour prendre son petit-déjeuner, non pour se laver et trois fois non pour se rendre à l'école. Car Louis est un petit garçon qui sait bien ce qu'il veut au risque de rendre un peu fou les adultes autour de lui, et en tête de liste sa maman... Car si Louis aime jouer à être le roi, il est surtout le roi de la boude !

Depuis le temps que je savais que ce livre devait sortir, l'avoir enfin entre le mains fait un petit quelque chose et je ne pouvais ne pas en parler d'autant que je suis au plus proche pour la mise en avant de cet ouvrage.

Toutes les thématiques semblent avoir été abordées en littérature de jeunesse. Pourtant, à plusieurs reprises j'ai eu l'occasion d'entendre en librairies des parents en recherche d'albums sur des enfants qui boudent. Pourquoi ? Parce que bouder est le propre de grand nombre d'enfants et nombreux seront les enfants à se reconnaître dans cet albums.

Les enfants, certes, mais pas seulement. Car à travers le personnage de Maman, ce seront tous les parents qui auront la possibilité de se reconnaître et, peut-être, de se sentir moins seuls face à leurs enfants boudeurs. D'autant que l'humour est maître mot ici avec une volonté de ne juger ni les enfants ni les parents.

Cet album n'a pas particulièrement de vocation didactique ou moralisatrice. Son but est essentiellement de se faire témoin du quotidien avec toute la tendresse que l'on peut imaginer et tous ces petits moments sans lesquels la vie avec les enfants ne serait pas la même. Et c'est aussi grâce à cela que l'identification fonctionne si bien.

Le texte est idéal à la fois pour une histoire du soir et à la fois pour un enfant apprenant à lire tendis que l'illustration est impressionant parce que dans un juste milieu entre réalisme et illustration de bande-dessinée. Un duo qui fonctionne  avec beaucoup de justesse pour être au plus proche du lectorat, enfants et parents.

En conclusion... 

Voici un album dont j'avais très envie de vous parler et que je conseille vivement à tous les parents et enfants parce qu'il s'y reconnaîtront sans mal. Voici un album avec un texte par lequel l'identification sera aisée et par une ambiance générale qui n'est pas sans révéler tout l'humour du quotidien avec des enfants. Voici un album qui parle d'un sujet  à la fois omniprésent et parfois tabou : la bouderie.
Un album à faire découvrir à tous les enfants et que je conseille à tous les parents au bord de la saturation. 

Le temps des vieux moulins - Isabelle Artiges



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 13-06-2019
pages : 304
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Périgord, 1939. Très attachée à son grand-père, Madeleine aime par-dessus tout passer du temps avec lui à la Haute Métairie. Dans cette ferme qui semble protégée du monde, le vieil homme, pondéré dans ses propos, n'en est pas moins volontaire pour prêter main-forte aux maquisards quand les Allemands débarquent en Dordogne. C'est dans ces temps troublés que la jeune femme va être happée parce conflit qui détruit tant d'existences. Les camps sont-ils aussi bien définis et marqués que ses parents, fervents communistes, veulent bien le croire ? De ses amours de jeunesse à son amitié indéfectible pour Yvonne, de ces hasards qui n'en sont pas Ci ces réalités douloureuses, Madeleine va sacrifier sa jeunesse sans perdre son âme.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que j'apprécie beaucoup et dont je suis toujours curieuse de lire un nouvel ouvrage.

De quoi est-il question ?

Au fin fond du Périgord, Madeleine est une jeune fille à la vie simple mais heureuse au sein d'une famille peu aisée mais soudée. Elle est surtout attachée à son grand-père avec lequel elle passe de longues heures délicieuses à écouter ses histoires d'un autre siècle. D'autant qu'entre le père et le grand-père, les idées politiques sont aux antipodes l'une de l'autre.

Mais bientôt, la jeune fille fait la rencontre d'Yvonne avec laquelle va naître une belle et profonde amitié. Jusqu'à ce que la guerre vienne troubler cette vie en apparence sans faille. Yvonne tombera alors amoureuse d'un allemand, avec les risques qu'une telle relation apporteront. Quant à Madeleine, elle n'hésitera pas à se plonger en Résistance.

Les deux amies devront alors se battre pour leur pays, agir pour leurs familles et résister contre les épreuves pour préserver leur amitié, l'amour et retrouver la paix. Mais dans un pays où tout semble avoir perdu sa place, rien ne sera simple pour les deux jeunes femmes. D'autant que les épreuves les mèneront au plus proche des conflits et de la politique du moment.

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman du genre et encore plus longtemps que je n'avais pas découvert de roman de l'auteur. Revoir l'auteure à Royat a été l'occasion pour moi de me décider enfin.

Certes, nous sommes là face à un roman du genre en bonne et due forme avec la découverte d'un autre temps et d'une vie bien différente d'aujourd'hui. Nous sommes aussi face à des personnages féminins qui vont grandir et être partie prenante du changement du monde. Car l'originalité de ce roman est là : Madeleine et Yvonne sont dans l'action, non dans l'observation de la guerre.

N'oublions pas que nous sommes là dans une époque où les femmes n'avaient guère droit au chapitre et il est très fort de voir dans ce roman la place dans le monde que vont prendre les deux amies à l'encontre de la société qui n'est pas du même avis. C'est d'ailleurs avec force que l'auteure met cette autonimie en parallèle avec le sort des femmes tombées amoureuses d'allemands par exemple.

Autre point positif de ce roman, c'est lors de la Libération que le lecteur est invité à suivre ces jeunes femmes, une période peut-être traitée un peu moins souvent et qui mérite de retenir toute l'attention. D'autant qu'ici la part politique est très présente notamment sur la question du communisme ainsi que sur la question de De Gaulle.

Mais, en filigrane, c'est surtout un roman sur l'amitié que l'auteure nous offre là. Car l'amitié entre Madeleine et Yvonnes, chacun pourrait en rêver même si cette amitié va connaître ses épreuves, même si les dettes entre amies vont également être parfois très présente. Et puis, ce roman est aussi un roman sur l'amour qui dépasse les guerres et la politique ce qui fait du bien.

J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver la plume très délicate d'une auteure qui l'est tout autant et me plonger dans cette histoire qui sait mêler Histoire et émotion. Le Périgord est également très présent et moi qui ne connaît que très partiellement cette région, j'ai eu très envie j'ai eu très envie de partir à sa découverte.

En conclusion... 

Voici un roman que j'étais très curieuse de découvrir et avec lequel j'ai passé un très joli moment, un moment qui m'a fait du bien parce qu'il m'a permis de retrouver un genre littéraire que j'apprécie. Voici un roman qui redonne foi en l'amitié et en l'amour, qui redonne confiance dans les relations humaines malgré les épreuves de la vie et du monde.
Un roman à découvrir pour les amateurs du genre. 

La petite stéphanoise - Thierry Poyet

 

Infos sur le livre

éditions : Ramsay
date de publication : 19-09-2019
pages : 250
prix : 19€

Résumé éditeur

Saint-Etienne, 26 mai 1944. Plus de mille bombes s'écrasent sur la ville, les morts se comptent par centaines. Parmi eux, deux frères de huit et quinze ans. Comment surmonter l'horreur ? Brigitte, leur jeune soeur, va grandir dans le souvenir, le chagrin et l'espoir. Sortir de l'enfance, découvrir le monde, connaître ses premières amours : la fin des années 40, les années 50 se donnent à elle comme une seconde chance. Mais y a-t-elle droit ? Et que lui faut-il faire de sa vie dans cette ville ouvrière où les portes semblent toutes fermées à qui n'est pas né du bon côté ? Un mariage, un enfant... mais le bonheur ne niche pas toujours où on va le chercher et il faudrait déjà recommencer sa vie.

Pourquoi ce livre ?

Un titre qui ne pouvait que retenir mon attention, un auteur portant un nom qui ne pouvait que me marquer et une discussion lors du salon de Royat... L'idéal pour que ce roman m'attire.

De quoi est-il question ?

A la fin de la guerre, à Saint-Etienne, la jeune Brigitte est adolescente et vit avec ses parents et ses deux soeurs. La guerre a laissé des ravages et la mère de Brigitte est bien décidée à mettre la benjamine au travail, si ce n'est pas l'usine ce sera comme domestique, l'important étant qu'elle contribue à rapporter de l'argent au foyer.

Mais dès la fin de la première journée, Brigitte s'enfuie et, traversant Saint-Etienne de nuit, l'adolescente se souvient. Son enfance dans une famille miséreuse, l'indifférence de la mère, la vie dans la ville noire... Alors quoiqu'il en coûte, c'est à l'usine que Brigitte travaillera et où, pour la première fois, elle s'émancipera.

Car au sein de sa famille, si la misère est omniprésente, c'est aussi une ambiance sombre qui règne, une ambiance due à la tragédie du 26 mai 1944, le jour où Saint-Etienne fut bombardée, une journée où tout changea pour des milliers de stéphanois et notamment pour la famille de Brigitte. Une épreuve ayant des conséquences sur le présent...

Du côté de la forme...

En tant qu'ex stéphanoise, ce roman ne pouvait pas passer inaperçu pour moi d'autant que les romans régionaux s'y ancrant sont en vérité relativement rares. Alors un roman traitant en plus de la Saint-Etienne historique... je ne pouvais que craquer.

Dès les premières lignes de ce roman, j'ai eu le sentiment de faire à la fois un bond dans le temps et à la fois un bond dans ma ville d'origine. Et Saint-Etienne a cette particularité qui donne envie de la fuir quand on y est mais dont on reste émotionnellement proche quand on s'en éloigne. Et ce sont toutes ces émotions qui ressortent du roman mais que ressent aussi, avec délicatesse, le personnage.

Au fil des pages, nous sommes donc dans les quartiers de Saint-Etienne que j'ai pris plaisir à visualiser et à reconnaître. Mais chacun pourra apprécier ce roman sans forcément connaître ce qui est aussi appréciable. Pour autant, le clin d'oeil au parler local m'a à la fois touchée, amusée et plongée un peu plus dans tout ce que j'ai toujours connu. Un parler local qui peut surprendre les non initiés mais que la stéphanoise que je suis a vécu comme la norme.

Historiquement, j'ai bien sûr été troublée par tout le passage concernant le bombardement. Une part de la guerre dont tout le monde n'a pas forcément entendu parler mais qui, pour ma part, m'a replongée dans les récits que j'ai pu entendre étant enfant et dans l'Ecole de la Mémoire que j'ai eu la chance de faire trois ans de suite.

Tardy, Saint-François, Le Soleil... autant de quartiers qui ont vécu l'horreur et pour lesquels j'ai frémi lors de ma lecture. Et si le bombardement lui-même n'est qu'un chapitre du roman, la thématique reste en filigrane du roman et va régenter la vie de tous les personnages et toute l'évolution de Brigitte qui va vivre dans la lourdeur de ce massacre.

Mais ce roman est aussi, et surtout, une histoire de femme, Brigitte, que l'on va voir évoluer de petite fille à femme. On va la suivre dans son histoire de famille, dans son émancipation et dans ses épreuves de vie. Et Brigitte devient alors une jeune femme qui ne peut laisser insensible et pour laquelle on aimerait plonger dans le roman pour la prendre dans nos bras.

Et si l'aspect "Saint-Etienne" m'a touchée, j'ai surtout été prise dans l'écriture si maîtrisée de l'auteur, une écriture de laquelle surgit la passion pour la littérature du XIXème qui anime l'auteur avec de belle descriptions, des personnages forts et des citations qui apportent un caractère plus didactique à l'ensemble. La scène du bombardement restera gravée dans ma mémoire de lectrice.

En conclusion... 

Il est des romans qui vous attirent et dans lesquels vous vous plongez avec la certitude de passer un beau moment mais qui parviennent encore à vous surprendre par un style, par des personnages, par un cadre et par des petits détails qui apportent ce petit truc en plus qui fait du bien et qui vous immerge dans le roman. Ici, c'est tout ça que j'ai eu et plus encore. 
Pour les amoureux de Saint-Etienne, pour les passionnés d'histoire et pour les amateurs de belles histoires de femmes, ce roman est un incontournable à mettre entre toutes les mains. Un coup de coeur pour moi.

mardi 8 octobre 2019

Moana, la saveur des figues - Silène Edgar



Infos sur le livre

éditions : Castelmore
date de publication : 14-03-2018
pages : 280
prix : 6,90€

Résumé éditeur

Moana refuse de mener la vie que voudrait lui imposer son peuple. Dans un futur post-apocalyptique, le monde est en proie à un grand refroidissement et l’humanité est menacée de disparaître. La Polynésie où vit Moana n’échappe pas à cette règle  : elle est recouverte de neige. Selon les règles édictées par son peuple, la jeune fille doit se marier et avoir des enfants au plus vite. Mais il est hors de question pour Moana de suivre ces règles qui ne lui conviennent pas. Une seule solution  : fuir, pour vivre sa vie selon ses propres choix.

Pourquoi ce livre ?

Lors de la dernière OP Bragelonne, je me suis laissée séduire par cette trilogie d'une auteure que j'aime lire de temps en temps. La couverture a bien aidé, je l'avoue.

De quoi est-il question ?

À la suite de la seconde guerre mondiale, le monde a basculé et est devenu bien différent du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. La nature s'est rebellée et fait endurer aux hommes un refroidissement climatique duquel nul ne semble pouvoir ressortir vivant. La Polynésie, ancien lieu de chaleur, en est et doit faire avec de longues étendues de neige.

Dans ce monde où la place de la femme est redevenu précaire Moana ne se retrouve pas. Se marier à 11 ans et avoir des enfants à 12, le plus d'enfants possibles pour que l'état donne de la nourriture en conséquence au village, très peu pour elle. Ce dont rêve Moana, c'est de cette île lointaine, la Corse, dont son arrière-grand-mère lui parle si souvent.

Ce dont rêve Moana, c'est de liberté. D'autant que la jeune adolescente le sait, si sa mère et sa grand-mère redoutent tant cette soif d'ailleurs, c'est parce que leur histoire de femmes cache aussi un secret de famille qui pourrait laisser entendre une autre vie possible, possible dans les rêves car, dans la réalité, il faut bien obéir.

Du côté de la forme...

Comment croiser ce roman sans songer au film de Walt Disney ? Car entre le nom de l'héroïne et les thématiques abordées, la confusion est facile. Moi-même, je dois bien avouer que je me suis plongée dans cette lecture avec la certitude de juger de la relation entre les deux. Et pourtant...

Il est vrai qu'au début, le parallèle est trop fort pour ne pas s'y arrêter mais, très vite, seul le texte compte et la Moana du roman devient la seule figure que l'on a devant les yeux. Plus jeune, plus rebelle, cette dernière souhaite découvrir le passé de sa famille pour gagner un avenir meilleur que celui qui lui est réservé, de quoi toucher l'âme de toutes les féministes.

Ici, le monde a bien changé. Mais il a changé autour d'un temps pas si éloigné du nôtre puisque l'arrière-grand-mère de Moana a connu la Seconde guerre mondial. De fait, le lecteur se sent plus proche de cette femme qui parle d'un passé que Moana n'imagine pas mais qui fait partir, pour nous tous, de notre histoire. De quoi casser les codes de l'identification entre lecteur et personnage.

Le monde a bien régressé aussi puisque les filles doivent de nouveau se marier dès sorties de l'enfance et, pour survivre, les villages doivent donner la preuve de la naissance de plus d'enfants possibles. Une politique très troublante qui n'est pas sans poser la question de la place de la femme de manière plus globale.

Ce qui est le plus touchant dans ce roman, c'est sans doute les relations qui unissent toutes les femmes de cette famille. Car il est question de querelles de générations, de querelles de points de vue mais aussi d'amour, de beaucoup d'amour qui fait du bien et qui donne confiance dans les épreuves. Un amour pour pallier l'autoritarisme de cette nouvelle société.

J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver l'écriture de Silène Edgar qui sait raconter des histoires et qui sait surtout aller à l'essentiel pour transmettre à son lectorat toute la force des sujets qu'elle souhaite transmettre. Une écriture qui sait aussi nous plonger dans une intrigue devenant de plus en plus addictive au fil des pages.

En conclusion...

Cela faisait un petit moment que ce roman attendait dans ma liseuse et c'est avec beaucoup de plaisir que je m'y suis enfin plongée, découvrant un univers à la fois issu de la littérature de l'imaginaire et à la fois tellement proche de ce que le monde pourrait effectivement devenir. Moana est un personnage qui m'a touchée par sa force et sa maturité, me donnant envie de poursuivre son histoire au plus vite.
Un premier tome haut en couleurs qui permet de se plonger dans d'autres décors et de poser de vraies questions sur la place de la femme dans l'Histoire.

Désaccordée - Joanne Richoux



Infos sur le livre

éditions : Gulf Stream
date de publication : 05-09-2019
pages : 288
prix : 16€

Résumé éditeur

Violette, 17 ans, part en virée avec Maëva, Lucas et Alexis. Direction le château d'eau désaffecté de Saint-Crépin-l'Hermite, un endroit à la mauvaise réputation. Quelques heures plus tard, elle ouvre les yeux. Elle est couchée face contre terre, au milieu d'une forêt sauvage.  Ceux qu'elle rencontre portent des noms bizarres : Dièse, Trille, Sonate...  Telle Alice tombée de l'autre côté du miroir, la jeune fille aurait-elle atterri dans un univers à part ? Pourquoi tout le monde la confond avec une certaine Princesse Croche, disparue trois ans plus tôt ? Et qui est Arpège, ce garçon casse-coeur qui la dévisage ? Violette le sent, l'envers de ce décor féérique, c'est un danger de mort. Mais comment retrouver le chemin de la maison ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux beau concours organisé par les éditions Gulf Stream par lequel j'ai remporté ce roman qui me tentait tant.

De quoi est-il question ?

Afin de passer une soirée entre copains, Violette, 17 ans, se rend un soir au château abandonné de Saint-Crépin, petite ville d'Auvergne où elle habite avec ses parents. L'occasion de se faire peur et l'occasion, aussi, de se rapprocher d'Alexis qui ne la laisse pas indifférente. Jusqu'à ce que ce dernier tente d'abuser d'elle.

Dévastée, l'adolescente rentre chez elle avec le seul désir d'oublier. C'est alors qu'elle ouvre une vieille boîte à musique, restée dans le grenier depuis des décennies. La douce musique l'envahit mais lorsqu'elle ouvre de nouveau les yeux, Violette est au coeur de la forêt sans nul point de repère et sans nul souvenir de comment elle est arrivée là.

Arpège, un jeune homme étrange, la conforte dans l'idée qu'elle vient d'atterrir dans un autre monde, loin de Saint-Crépin. Pour survivre dans cet univers, elle va devoir se faire passer pour la princesse Croche, à qui elle ressemble étrangement, au risque de découvrir que ce monde tout en musique n'est pas voluptueux qu'il y paraît...

Du côté de la forme...

Avec sa couverture grandiose, sa thématique musicale et son côté "réécriture" d'Alice au pays des merveilles, tout était là pour me séduire et me donner envie de découvrir ce roman. Apprendre à connaître une nouvelle auteure était d'ailleurs un plus non négligeable.

Nous sommes dans un roman young adult, cela ne fait aucun doute. Les codes sont là, l'imaginaire aussi. Mais il faut bien avouer qu'un univers fantastique tout orné de musique, c'est de l'inédit et l'auteure maîtrise le sujet : Trille, Croche, Arpège... Autant de noms de personnages qui parleront aux amateurs. Les clans de l'histoires se retrouvant par l'acte musical auquel se raccroche chaque nom.

Rassurez-vous, ne pas être musicologue ne vous empêchera pas de vous plonger dans cette histoire pleine de charme. Mais connaître le jargon technique vous permettra de voir quelques subtilités qui apportent de vraies subtilités et une entente forte avec l'auteure. D'ailleurs, les termes techniques se mêlent à la variété pour qu'il y en ait pour tous les goûts.

Au niveau de l'histoire, certes, nous retrouvons les codes de mise avec un univers à découvrir pour une adolescente sans histoire (quoique) et le fait est que cela fonctionne toujours. D'autant que derrière la thématique légère de la musique, des sujets plus importants sont traités avec beaucoup d'élégance et de subtilité.

En effet, que ce soit la perte d'un enfant (le frère de Violette a disparu depuis de longues années), le traitement des personnes âgées (avec le grand-père de Violette) ou encore les agissements parfois plus que limite des garçons qui se croient en droit de tout face à une fille (comme Alexis au début du roman), des sujets lourds sont traités pour amener le lecteur à de fortes réflexions.

Je ne connaissais pas l'écriture de l'auteure et je ne la définirais que par un seul mot : délicatesse. Tout passe par la douceur avec malgré tout de vrais moments de tensions au fil du roman. Violette est un personnage touchant que l'on suit sans se poser de question. Quant à l'univers imaginé par l'auteur, je l'ai découvert comme je découvre un tableau.

En conclusion...

Quelle joie d'avoir pu me plonger dans ce roman à la fois proche de ce que l'on connaît et à la fois dans un univers totalement inédit jouant de références et de subtilités. Quel plaisir que d'avoir pu savourer cette histoire et cet univers à travers une poésie de description qui fait du bien et du traitement de thématiques plus lourdes qu'il convient de mettre en avant.
Un roman que je conseille vivement et qui n'a pas été loin du coup de coeur.

lundi 7 octobre 2019

Salon de Royat 2019

Mes lapinoux,

Hier, j'étais au salon du livre de Royat, premier salon généraliste de la saison et, surtout l'occasion d'y retrouver tous les copains auteurs !

C'est donc à 10h que j'arrive, la tête dans le seau, au casino de Royat. Couchée à 5h30, levée à 7h15, ça pique et la caféine est mon amie. Mais je suis là et je suis ravie.


L'intérieur est toujours aussi impressionnant mais maintenant, au moins, je le sais et j'y suis préparée. Et puis ce n'est pas là le principal sujet.


Comme à mon habitude, je commence par flâner dans le salon en me promettant de ne pas (trop) craquer lorsque je commencerai à acheter les livres. Bah oui, quand même.

Question photo, il est bien évident qu'il est l'heure pour moi de me replonger dans les univers des auteurs qui m'ont accompagnée depuis des années et grâce auxquels je suis là où je suis aujourd'hui :

Thierry Berlanda

Christian Laborie, Florence Roche et Isabelle Artiges

Corine Valade

Gérard Georges

Antonin Malroux et Sylvie Baron

Gérard Glatt et Mireille Pluchard

Daniel et Christiane Brugès

Serge Camaille

Véronique Chauvy, Albert Ducloz et Alain Léonard


Loin de l'univers "terroir", j'ai également été enchantée de revoir Clélie Avit qui gagne peu à peu ses galons et qui est promise à une longue carrière.

Les salons, c'est aussi l'occasion pour moi de faire de nouvelles connaissances alors, forcément, l'occasion d'acquérir de nouveaux livres et de faire de belles rencontres.


Thierry Poyet a su raviver en moi ma flamme stéphanoise pas tout à fait éteinte (et celle de l'ex accompagnatrice des écoles de la Mémoire également)


Je me suis laissée tentée par le nouveau roman de Frédéric Couderc. Vu le sujet et le cadre, je ne pouvais pas repartir sans ce roman.


Christine Féret-Fleury avait devant elle l'ultime format poche de La fille qui lisait dans le métro.

J'ai aussi pu retrouver Dany Rousson, Martine Pilate, Elsa Flageul... et rencontrer Laurent Bénégui dont son Mari de la harpiste m'avait bouleversée.


Enfin, cela vaut quand même le coup d'être dit, ce salon était pour moi le premier où l'une des auteurs dont je m'occupe à titre professionnel était présente : Servane Havette pour son album Le roi de la boude. Une grande fierté !


Et hop, un salon de plus à ajouter à mon palmarès ! Des moments comme je les aime et qui font beaucoup de bien...

Aventuriales 2019

Mes lapinoux,

La semaine dernière, j'étais au fabuleux salon des Aventuriales qui se déroule chaque année à Ménétrol, non loin de Clermont-Ferrand.

Et quoi de mieux qu'un salon de l'imaginaire pour se replonger avec passion dans cet univers des rencontres même si je dois avouer avoir un peu perdu l'euphorie des dernières années.


Il est à peine 9h30 lorsque j'arrive, le temps de faire quelques photos des lieux que je suis absolument ravie de retrouver. Assise sur un banc, je vois arriver les gens petit à petit et je pressens une très bonne journée à venir...

À l'intérieur, les illustrateurs et les bouquinistes sont en place de même que les premiers auteurs, de quoi déjà se faire plaisir et ce pour toutes les bourses.


Et puis, le grand moment arrive enfin, celui de pénétrer dans la salle principale et de faire la découverte de tous les ouvrages que les auteurs sont venus présenter. Autant dire que je me sens de nouveau comme dans la caverne d'Ali Baba et que je prévois déjà de mettre à mal ma carte bleue...



Après avoir parlé (et bien rigolé) avec nombre de copains, il est l'heure de passer aux dédicaces et autant dire que j'en ai du beau monde à voir...


Retrouver ma chère Ruberto Sanquer est déjà un immense moment. Car retrouver des auteurs, c'est bien, retrouver des amies, c'est mieux !


De belles retrouvailles avec Cécile Ama Courtois que j'avais rencontré l'an dernier et que je suis si heureuse d'avoir revue.
Avec




Cela faisait un moment que le roman de Cécila Flaux me tentait. Sa présence sur le salon a été l'occasion idéale pour me le procurer.


Ce fut pour moi une très belle surprise que de pouvoir rencontrer pour la première fois Alexiane de Lys que je suis depuis ses débuts et que je n'avais jamais eu la chance de voir.


De jolies retrouvailles avec Silène Edgar et Paul Béorn, le duo de choc de la littérature de l'imaginaire...


D'ailleurs, au cours de notre conversation, voilà le duo qui me parle d'une conférence à laquelle ils vont participer juste après sur les jeux de rôle et place de l'écriture dans ces jeux. Un sujet plutôt intéressant et surtout l'occasion de se poser cinq minutes.


Les copines Valérie Simon et Nadia Coste avec qui il est toujours si plaisant de rire et de discuter de tout et de rien...


Jean-Luc Marcastel à qui l'on achète les romans pour le simple plaisir de le voir vous le dédicacer avec colle, cendre et sèche-cheveux...


Cécile Guillot et Aurélie Mendonça, devenant de plus en plus populaires dans le monde de l'imaginaire font aussi partie de ces gens que l'on aime à retrouver.


Une chouette rencontre avec Mélanie de Coster qui a su me séduire par ses couvertures magnifiques et ses thématiques. Découvrir de nouveaux auteurs fait partie de mes fortes préoccupations des salons.



Enfin, et ce juste avant de partir, petite photo de la fine équipe des éditions After Real. Des auteurs et une éditrice qui ont su me charmer par leur bonne humeur et leur passion des univers qu'ils (et elles) défendent.

samedi 5 octobre 2019

Je suis Camille - Jean-Loup Felicioli



Infos sur le livre

éditions : Syros
date de publication : 10-10-2019
pages : 80
prix : 19,90€

Résumé éditeur

L'histoire d'une petite fille née avec un corps de garçon. Un album émouvant et nécessaire. Cette rentrée est très importante pour Camille. Rejetée par ses anciens camarades d'école qui n'acceptaient pas sa différence, elle espère se faire de nouveaux amis. Heureusement, elle devient rapidement copine avec Zoé, une fille débordant d'énergie. Mais Camille hésite à lui confier son secret...

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce très bel album dont le sujet m'intéressait tout particulièrement.

De quoi est-il question ?

Camille n'est pas une petite fille comme les autres. Car si son rêve le plus précieux serait de pouvoir passer son temps en jupe et passer du temps avec ses copines, la vie de Camille n'est pas si simple. Car Camille est une petite fille née dans un corps de garçon et, chaque jour, elle doit faire avec cette différence qui lui pèse.

Cette année, pour repartir de zéro, Camille, ses parents et son frère ont déménager. Les voilà de retour en France après des années passées aux Etats-Unis. L'occasion pour Camille de s'offrir une nouvelle vie, loin de toutes les épreuves que le passé a pu lui infliger. Et cela fonctionne puisque, dès le premier jour, c'est sans mal que Camille se fait une nouvelle amie.

Mais dès lors la question se pose : Camille doit-elle révéler son secret à sa nouvelle amie, au risque de la perdre ? Comment être sûre que cette amitié ne sera pas brisée par ce secret ? Et surtout, comment faire quand les relations avec les garçons commencent à s'en mêler ? Pour Camille, l'acceptation de qui elle est est venue...

Du côté de la forme...

L'album pour la jeunesse est un genre que j'aime beaucoup. Mais, en l'occurence, un album pour les adolescents m'intriguait plus encore en ce sens qu'il allait briser les codes des formats proposés d'autant que le sujet est aussi un sujet brisant les codes.

Nous avons la chance de vivre dans une époque où les mentalités changent peu à peu, où les sujets encore tabou il y a quelques années transparaissent. Celui des filles (ou des garçons) nés dans le mauvais corps est en et en parler en littérature jeunesse est, il me semble, un défi important et essentiel pour amener les jeunes, entre autres, à plus de tolérance. 

Camille est un prénom dit "épicène", de quoi dire que, peut-être l'auteur a un peu trop forcé la thématique des sexes en un même être. Mais, après tout, pourquoi pas. L'idée peut amener les plus jeunes à mieux comprendre et l'essentiel de cet album est sa thématique, pas tant les points de détail et de réflexions stylistiques.

Et la thématique est plutôt bien traitée sous le modèle de l'album qui permet peut-être un peu plus de légèreté qu'un roman. D'autant que ce format n'enlève en rien la tendresse que le lecteur peut éprouver pour Camille, ainsi que sa volonté de comprendre cette petite fille alors qu'il semble bien impossible de pouvoir le faire si on ne le vit pas soi-même.

De fait, cet album s'adresse à ceux et celles qui le vivent, ceux et celles qui n'osent peut-être pas parler et pourront, par l'histoire, se reconnaître et trouver le courage de se confier. Au-delà de l'histoire qu'il convient de faire connaître cet album se présente comme un ouvrage salvateur pour ceux qui le liront. De quoi améliorer peut-être un peu notre société.

Ici deux questions se posent, celle du texte et celle de l'illustration. Par rapport au texte, nous sommes face à une écriture qui se tient et une volonté de créer un personnage complet en un minimum de temps et ça marche. Au niveau de l'illustration, j'ai beaucoup aimé le trait proposé, un trait non genré qui s'allie parfaitement à l'histoire.

En conclusion... 

Voici un album important dont il convient de parler et qu'il convient de proposer au plus grand nombre pour poser des questions essentielles et venir en aide avec force à tous ces adolescents qui se sentent seuls. Ados, parents, enseignants... chacun devrait se poser les bonnes questions. Lire cet album est une première action.
Un bel objet à mettre entre toutes les mains. 

Comment je suis devenue un robot - Nadia Coste



Infos sur le livre

édition : Syros
date de publication : 07-03-2019
pages : 128
prix : 6,95€

Résumé éditeur

Pourquoi ne pourrait-on pas s'aimer, quel que soit son corps ? Défi relevé avec franc-parler et bonne humeur par Nadia Coste ! Quand on grandit, notre corps change, parfois plus vite qu'on ne le voudrait... Pour Margot, c'est encore plus compliqué. Victime d'un accident alors qu'elle traversait la rue, elle se retrouve avec une main et un pied artificiels qu'elle a du mal à accepter. Mais sa meilleure amie Ambre, toujours impertinente et combative, refuse de la laisser s'apitoyer sur son sort. Personne n'a un corps parfait, chacun a le droit de s'aimer comme il est !

Pourquoi ce livre ?

Merci aux édition Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une autrice jeunesse dont je suis le travail avec le plus vif intérêt.

De quoi est-il question ?

Le jour où Margot, adolescente sans histoire, se fait renverser par une voiture devant le portail de son collège, sa vie bascule. C'est à l'hôpital qu'elle reprend connaissance, amputée d'une main et d'une jambe. Dès lors, la vie n'a plus de sens pour cette amoureuse de la vie justement. Car comment accepter de ne plus jamais être la même ?

Plus ou moins consciemment, Margot commence à se refermer sur elle-même, devenir un robot telle est la solution pour oublier et ne plus voir le regard de pitié de ses parents, le regard de dégoût de ses amies... Des membres artificiels ? Voilà l'excuse idéale pour devenir un vrai robot et faire table rase du passé.

Heureusement, il y a Ambre, une adolescente au fort caractère déterminée à défendre la cause des femmes, la cause des animaux, la cause de la planête tout en allant contre les expressions toutes faites et un brin raciste. Ambre qui souffre d'une énorme poitrine mais qui fera abstraction de ses propres doutes pour aider son amie à résoudre les siens.

Du côté de la forme...

Depuis quelques temps, la littérature de jeunesse s'engage pour ouvrir de nouveaux horizons aux adolescents et toucher des thématiques fortes. Nadia Coste fait partie de ces auteurs qui, justement, travail à ces projets et dont chaque nouveau roman est une petite claque.

Accepter son corps à l'adolescence n'est jamais évident. On se trouve trop grand ou trop petit, trop maigre ou trop gros... L'adolescence, c'est le moment où le corps change, où la poitrine des fille pousse et où les garçons muent... Alors quand, en prime, le destin s'en mêle, tout devient encore plus compliqué comme pour Margot qui va devoir accepter un corps hors de toutes les normes.

L'amputation d'un membre n'est jamais chose évidente à accepter alors deux et, en plus, chez une ado, voilà de quoi vous retourner et c'est ainsi que, impuissant, le lecteur va, à l'instar des amis de Margot, voir cette dernière s'enfoncer dans une volonté de disparaître. Pas au sens propre mais plutôt dans le sens :  "oubliez-moi". Quand on n'éprouve rien, on ne souffre plus.

Le roman se compose entre alternance entre le point de vue de Margot et le point de vue d'Ambre. D'un côté le lecteur s'enfonce avec l'adolescente mal dans sa peau, de l'autre il voit le désespoir dans le regard de l'amie tout en ayant un oeil sur les propres défis de vie d'Ambre. De quoi souffler entre des problèmatiques très fortes et d'autres plus proches de ce que vivent toute les jeunes filles.

Enfin, ce roman pose également la question en filigrane de l'imprudence des jeunes dans la rue, de l'inconscience des adultes au volent et de la culpabalité de tous une fois qu'il est déjà trop tard et que tout retour est impossible. De quoi inviter chacun à réfléchir sur ses propres comportements ce qui n'est pas chose négligeable à notre époque.

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé dans ce court roman l'écriture si délicate de Nadia Coste et que je me suis laissée portée par l'histoire de Margot. C'est avec tendresse que l'auteure nous invite dans la vie de ce personnage que l'on voudrait prendre par la main et guider dans la vie. Une écriture d'où ressort la maman qu'est aussi l'auteure...

En conclusion... 

Voici un court roman qui m'attendait depuis pas mal de temps et que je suis ravie d'avoir enfin pu découvrir. Voici un roman prenant et assez terrible finalement qui impose une thématique assez terrible et dont il convient de parler avec les jeunes. Un roman qui sert aussi de leçon pour apprécier la vie et devenir plus souciant de ce qui nous entoure.
Voici un court que je conseille très vivement à toutes les jeunes adolescentes mal dans leur peau qui cherchent des réponses.