dimanche 18 octobre 2020

Hippolyte, un enfant terriblement difficile - Mickael Sussman et Julia Sarda

  

Infos sur le livre

éditions : Little Urban

date de publication : 21-08-2020

pages : 32

prix : 13,50

 

Résumé éditeur

Hippolyte est enfermé dans le corps d'un serpent. Il a beau prévenir ses parents. Ces derniers restent le nez dans leur manuel d'éducation sans croire un traître mot du pauvre Hippolyte.

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Little Urban grâce auxquelles j'ai pu découvrir cet album au titre plutôt attractif et à la couverture étonnante.

 

Mon avis...

Hippolyte est un enfant dit, difficile : il bouge, il remue, il ne tient pas en place. Ses parents sont désespérés et n'écoutent même plus lorsque leur fils tente d'attirer leur attention. Alors, le jour où Hippolyte se retrouve coincé dans un immense corps de serpent, personne ne l'écoute et ses parents ne font pas attention, bien décidés à suivre les principes d'éducation qui leur ont été conseillés.

Un album pour enfant pour que l'enfant se sente compris et pour mettre en portafaux les parents, voilà qui est toujours intéressant. Quand ce même album est porteur d'une morale autant pour les petits que pour les grands, c'est juste parfait.

Nous découvrons donc ici Hippolyte qui est, comme on dit, un enfant difficile. Du point de vue de ses parents du moins car, pour lui, il ne voit pas où est le problème. Une belle manière de montrer une double niveau de lecture et permettre à chacun de se sentir compris. Car les deux points de vue sont mis en avant : celui de l'enfant et celui de l'adulte.

Peu à peu, il va donc s'agir pour les deux mondes de se rapprocher. Pour l'adulte lecteur de comprendre un peu mieux l'enfant remuant et pour l'enfant de se sentir moins stigmatiser parce qu'il est plus remuant qu'un autre. De quoi permettre à l'adulte d'ouvrir son esprit et à l'enfant de comprendre que la confiance est quelque chose qui se gagne.

Dans un aspect un peu imaginaire qui n'est pas sans faire penser au début du Petit Prince avec l'enfant qui se fait dévorer par un serpent, l'auteure porte une réflexion sur les pensées d'un enfant se sentant incompris et remet en cause les principes d'éducation avec oeillères. Sans dénigrer l'éducation classique, l'auteur invite les parents à voir autrement et à adapter leurs principes à leur enfant.

Cet album présente aussi le décalage entre l'enfant et l'adulte, l'enfant nourrit d'imaginaire et l'adulte qui ne sait plus rêver. Une belle occasion d'inviter le parent lecteur à renouer avec son âme d'enfant, une âme où tout est possible et où on peut croire à l'improbable. Cet album est aussi une critique à l'égard des adultes devenus tristes et sombres, l'occasion ici de se réveiller.

Côté style, j'ai plutôt bien aimé le texte et la réflexion portée par cet album. Pour autant, je reste assez dubitative sur le travail d'illustration. Car même si les dessins ont un certain charme, le trait simple a presque un côté effrayant. Idéal pour flirter avec le côté imaginaire mais particulier avec un dessin qui n'est ni tout à fait réaliste ni tout à fait surréaliste. Etrange...

 

En conclusion... 

Voici un album que j'ai plutôt bien aimé et qui apporte une réflexion autant pour les parents que pour les enfants. Voici un album qui remet en cause les principes d'éducation et invite deux mondes à se réunir pour retrouver l'innocence et la confiance. Voici un album dont le trait ne m'a pas totalement convaincue mais qui porte un texte idéal pour faire réflechir et faire rêver.

Un album à découvrir pour petits et grands. Parfait pour réunir parents et enfants.

La plus belle crotte du monde - Marie Pavlenko et Camille Garoche

  

Infos sur le livre

éditions : Little Urban

date de publication : 18-09-2020

pages : 32

prix : 15,90€

 

Résumé éditeur

Dans la clairière du Bois des Fées se réunit une curieuse assemblée. Qui, de la belette ou du renard, du blaireau ou du putois, fait les plus belles crottes du monde ? Les animaux veulent tous participer. Mais ce faisant, ils oublient de rester sur leurs gardes. Or la forêt est un endroit bien dangereux quand les hommes s'en approchent...

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Little Urban pour la découverte de cet album à la couverture magnifique et au titre plutôt intriguant et humoristique.

 

Mon avis...

Grand débat chez les animaux de la forêt pour savoir lequel a la plus belle crotte ! Entre le loup et le renard, le lapin et la belette... chacun a ses arguments. Chacun y va donc de son commentaire et de son argument, dénigrant le précédent. Mais à trop passer du temps à discutailler, les animaux pourraient bien finir par se mettre en danger...

Marie Pavlenko étant une autrice que j'apprécie beaucoup pour son travail en romans, j'étais plutôt curieuse de voir ce qu'elle pouvait proposer en album. Et, en grande enfant que je suis, une histoire de crotte ne pouvait que m'attirer.

Cela vaut ce que ça vaut mais force est de constater que la scatologie, ça marche. L'humour "pipi-caca" c'est efficace et, en l'occurance, le décalage entre le côté "crotte" et la question de savoir qui a la plus belle en ajoutait à cet humour. De quoi attirer l'attention mais, surtout, de quoi faire sourire tout en apportant une connaissance animale.

Car derrière une petite histoire pleine d'humour, cet album se présente un peu comme un documentaire pour apprendre à l'enfant à identifier les crottes des différents animaux. Un aspect pédagogique pour inviter les plus jeunes à comprendre un peu mieux la nature et à identifier les différences qui ornent notre monde. L'occasion aussi pour lui de s'identifier dans une certaine mesure.

Cet album se présente alors comme un plaidoyer pour la différence et pour la cause animale. L'arrivée de l'homme met un terme aux querelles car malgré le débat le véritable danger est le chasseur. Toutes les crottes sont différentes mais toutes seront utiles pour se débarasser du danger. Tous les animaux sont donc égaux, tous sont utiles. Une jolie morale derrière un aspect humoristique.

A moindre mesure, et tant pis pour le spoil, cet album nous offre aussi un véritable engagement contre la chasse et pour l'écosystème. L'homme met fin à la rencontre entre tous les animaux mais les animaux savent se défendre. L'enfant apprendra alors à protéger et à respecter la nature et verra peut-être d'un oeil différent les animaux qui croiseront sa route.

Côté style, l'autrice sait conter une jolie histoire et l'illustratrice nous propose un travail remarquable de représentation. L'humour entre le texte et l'image se répondent ce qui est parfait dans l'élaboration d'un album et permet à l'enfant de se laisser prendre à l'histoire. La scatologie est là, certes, mais à bon escient, ce qui fait du bien.

 

En conclusion... 

Voici un très bel album qui, derrière une apparente légèreté liée aux crottes, propose une véritable reflexion sur le monde animal, sur l'écologie et sur la différence. Voici un album qui parle aussi de débat tout en ayant un fond de documentaire et une bonne dose d'humour pour faire rire petits et grands contre le chasseur destructeur.

Un bel album à découvrir et à faire découvrir.

A la recherche du petit chaperon rouge - Nadine Brun-Cosme et Maurèen Poignonec

  

Infos sur le livre

éditions : Little Urban

date de publication : 24-09-2020

pages : 30

prix : 19,50€

 

Résumé éditeur

Le Petit Chaperon rouge (et le loup !) traversent villages, forêts et montagnes enneigées d'un royaume enchanté. En chemin, ils croiseront Pinocchio, Hansel et Gretel, Boucle d'or, les trois petits cochons, les musiciens de Brême, la Petite Sirène, Alice, Peter Pan... et bien d'autres !

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Little Urban grâce auxquelles j'ai pu découvrir cet album reprenant un conte traditionnel que j'aime beaucoup...

 

Mon avis...

Imaginons un instant que le petit chaperon rouge ne vive pas à l'orée de la forêt, un peu isolée, mais dans un charmant village. Imaginons aussi que le loup, bien décidé à dévorer le petit chaperon rouge se mette à la chercher non seulement dans son village mais aussi dans tous les villages que la fillette traversera jusqu'à la maison de sa grand-mère...

Le principe des réécritures de contes est quelque chose que j'apprécie toujours beaucoup même si je deviens de plus en plus exigeante sur la question. Cet album m'avait donc beaucoup attirée mais je ne m'attendais pas vraiment à ça.

Tout d'abord, je dois avouer que lorsque j'ai eu le livre entre les mains, j'ai été impressionnée par son format vraiment immense (et bien difficile à caser dans une bibliothèque !). Et si ce format saura sans doute séduire les enfants (qui pourront bien avoir la même taille que le livre), je dois avouer que je reste assez dubitative. Mais cela n'engage que moi...

Cet album est une réécriture du petit chaperon rouge avec la balade jusqu'à la "mère-grand" et le loup qui poursuit la petite fille. Une histoire toujours efficace mais qui, ici, prend des accents de légèreté avec une histoire beaucoup plus joviale que l'histoire d'origine. Mais cet album est aussi l'occasion pour les enfants de découvrir beaucoup d'autres contes.

J'aime assez lorsque différents contes sont mélangés et, ici, c'est le cas. Le petit chaperon rouge vont alors, planche par planche, découvrir les univers de tous les autres personnages de contes et si le tout paraît être un peu artificiel, les enfants sauront se prendre au jeu. De quoi nourrir la culture des plus jeunes et les amener vers des histoires qu'ils connaissent moins aujourd'hui.

Mais surtout, cet album se présente comme un immense "cherche et trouve". Idéal pour occuper un enfant, et même un adulte, pendant des heures. Car si sur chaque page il s'agira de retrouver le petit chaperon rouge et le loup, une fois arriver à la fin il est possible de revenir au début pour trouver les autres personnages. Intéractif et pédagogique, le mélange parfait.

Malheureusement, au niveau du style de l'album, le jeu m'a semblé prendre le dessus sur la réécriture du conte et je trouve cela dommage. En effet, tout est lié pour offrir au lecteur un moment de jeu très efficace mais au détriment d'une histoire bien menée. Je pense donc que ce type de livres n'est plus tout à fait pour moi.

 

En conclusion... 

Voici un album qui m'intirguait beaucoup et que je suis plutôt contente d'avoir pu découvrir, un album qui devrait plaire aux enfants et permettre un travail pédagogique autour des contes. Le jeu est intéressant pour le développement de l'enfant mais manque des points sur le principe de réécriture de contes et c'est dommage.

Un beau cadeau toutefois à faire à un enfant à mener doucement vers la lecture.

samedi 17 octobre 2020

Le drakkar éternel - Estelle Faye

  

Infos sur le livre

éditions : Scrineo

date de publication : 01-10-2020

pages : 226

prix : 14,90€

 

Résumé éditeur

Maël et Astrid, deux collégiens en vacances, sont projetés à bord d'un drakkar, un navire viking. Ils voguent à présent sur une mer mythique, celle qui entoure les Neufs Royaumes présents dans l'arbre de la mythologie nordique : Yggdrasil. Pour rentrer chez eux, les deux adolescents doivent retrouver la clef qui libère le drakkar de sa malédiction : l'errance éternelle. Dans leur périple, ils rencontreront quelques figures emblématiques de la mythologie scandinave comme les dieux Odin et Loki, les Ases Lumineux et Obscurs, les nains, une Valkyrie. Y arriveront-ils ?

 

Pourquoi ce livre ?

En grande fan de l'autrice et parce que les vikings est une thématique peu abordée en littérature de l'imaginaire, c'est dès sa sortie que je me suis jetée sur ce roman.

 

De quoi est-il question ?

Maël et Astrid sont au collège. Si elle est une jeune fille pleine de ressource et qui ne se laisse pas impressionnée, lui est victime de harcèlement par les petites brutes de l'établissement. Malgré leurs différences notables, Maël et Astrid sont pourtant amis et inséparables bien que les adultes ne voient pas d'un très bon oeil cette entente.

Un dimanche, après une altercation plutôt violente, les deux adolescents se retrouvent au bord de l'eau pour profiter de quelques instants de navigation hors du temps. Hors du temps, ils vont alors s'y retrouver quand ils voient un immense navire leur faire face, un drakkar viking sur lequel ils embarquent pour retrouver une clé mystérieurement égarée.

Ils découvrent alors un navire maudit, errant depuis des siècles sur les mers. Afin de libérer l'équipage, ils devront visiter différentes îles à  la recherche d'une clé intimement liée à la mythologie nordique. Ce qu'ils ignorent, c'est que ces lieux pourraient les mettre en danger et qu'un secret plus grand encore les menace... L'aventure sera longue et riche en enseignement.

 

Du côté de la forme...

Estelle Faye fait partie des autrices que j'aime suivre et avec laquelle je ne suis jamais déçue. Ce nouveau roman, en plus dans une maison d'édition que j'aime beaucoup, portant un sujet original, était donc fait pour me plaire.

Dès les premières lignes, le lecteur est mis au parfum : ce roman sera une rétrospective contée par Maël qui, il le dit, revient d'une incroyable aventure où il a perdu son amie. Dès lors, le lecteur est coincé entre l'envie de s'attacher à Astrid et la crainte de la perte à venir. Pourtant, au fil des pages, bien que cette donnée reste en tête, le lecteur a quelque peu tendance  à l'oublier au cours de l'aventure.

Avant que ne commence l'aventure elle-même, l'autrice nous propose l'histoire de deux adolescents aux vies bien difficiles entre l'un qui se fait harcelé au collège et l'autre qui mène sa vie comme elle le peut au gré de ses familles d'accueil. De quoi présenter un tableau riche de la vie des jeunes aujourd'hui et de sujets particulièrement difficiles.

Pour ce qui est de l'aventure même, l'autrice nous entraîne dans le monde des vikings et de la mythologie nordique. Deux thématiques fortes et plutôt originales qui apportent une culture intéressante au roman. D'ailleurs, l'autrice ne manque pas d'aller contre les idées reçues de l'un et de l'autre tout en jouant avec,  comme le bâteau viking par exemple ne fut jamais appelé par les intéressée un drakkar.

Nous retrouvons avec ce roman le principe du roman d'émancipation et celui du roman d'apprentissage avec une vraie évolution des personnages au fil des chapitres. Sur chaque île, l'évolution est un peu plus grande avec des rencontres avec des dieux et des déesses ainsi qu'une plongée dans la vie viking. Une belle manière de mêler l'histoire à l'imaginaire, la tradition littéraire à une belle originalité.

Retrouver le style de l'autrice a bien sûr été pour moi un immense plaisir. Je savais que je ne serais pas déçue et une nouvelle fois j'ai aimé découvrir ses personnages, avoir un apprentissage à ses côtés de sujets que je maîtrise mal. Elle s'adresse à la jeunesse avec beaucoup de finesse mais en leur apportant beaucoup. Elle sait enfin glisser des sujets importants derrière la légèreté de l'intrigue formelle.

 

En conclusion... 

Voici un roman sur le quel je me suis jetée dès sa sortie. J'avais hâte de pouvoir le découvrir et j'ai passé un sublime moment sur ce bâteau viking à m'imprégner de légendes dans une ambiance qui n'a pas été sans me faire penser à l'Odyssée. Voici un roman qui m'a permis d'aimer des personnages et que j'aurais presque souhaité plus long et plus développé bien qu'il soit déjà dense et très complet.

Voici un roman qui a su m'embarquer et que je vous engage vivement à découvrir.

Amulettes - Véronique Ajarrag

  

Infos sur le livre

éditions : Le chat noir

date de publication : 02-05-2013

pages : 362

prix : 19,90€

 

Résumé éditeur

Lorsque le docteur Ian, psychiatre, reçoit pour la première fois sa mystérieuse patiente Agrippine et qu'il cède à sa requête de ne se consacrer qu'à son cas personnel pendant toute une semaine, il est loin d'imaginer qu'il ne sera pas simplement le témoin du récit fantastique de la jeune femme mais également l'un de ses principaux acteurs. Car, tel qu'elle le déclare, Agrippine est l'objet de réincarnations successives qui remontent jusqu'à la Mésopotamie ancienne, où son bien-aimé et elle, citoyens du royaume d Uruk, furent condamnés pour l'éternité. Devant les arguments et la précision de son histoire, le docteur commence peu à peu à douter et ses certitudes vacillent. Et si depuis l'Antiquité, tous les amants maudits n'avaient été qu'un seul et même couple?

 

Pourquoi ce livre ?

Cela faisait très longtemps que ce roman attendait dans ma pal, après que je l'ai acheté en réduction sur le stand de l'éditeur. Le mois de l'imaginaire était l'occasion de me lancer.

 

De quoi est-il question ?

Le docteur Ian est un psychiatre sans histoire, passionné par son travail. Jusqu'à un matin étrange où arrive dans son cabinet une jeune femme d'une grande beauté et un brin étrange qui le sollicite pour l'avoir rien que pour elle durant toute une semaine. Elle lui affirme qu'elle pourra le payer sans mal mais qu'il devra lui laisser le temps de tout lui raconter avant.

Aussi intrigué que perturbé, le psy se prend pourtant très vite de passion pour le récit d'Agrippine, un récit auquel elle croit dur comme fer, le récit d'une femme qui serait la réincarnation d'une d'une citoyenne de la Perse antique séparée de son amant et victime d'une malédiction. Une malédiction qui les auraient conduit à travers les siècles, les condamnant à toujours finir séparés.

Agrippine dit-elle la vérité ou son esprit est-il perturbé ? Pour le docteur Ian, la question reste entière d'autant que, d'après la jeune femme, celle qui était sa belle-mère dans l'antiquité serait une cruelle déesse bien décidée à maintenir la malédiction. Alors, lorsqu'Agrippine disparaît, le psychiatre n'a d'autre choix que de partir à sa recherche et dans un univers défiant tout pragmatisme...

 

Du côté de la forme...

Les histoires de réincarnation, voilà qui n'est pas rare en littérature. Pourtant, je n'ai jamais pris le temps de lire beaucoup de romans avec cette thématiques. Ce roman était donc l'occasion idéale de m'immerger dans ce genre d'univers.

Lorsque ce roman commence, l'histoire, en tant que telle, est déjà terminée. Par conséquent, le roman sera sous la forme d'une rétrospective ce qui est plutôt intéressant pour mettre l'accent sur la véracité du récit tout en accordant un brin de doute. Ce doute dans l'esprit des auditeurs qui est aussi celui des lecteurs. Ce même doute qui aura rongé le psychiatre également un peu plus tôt.

Agrippine est un personnage que j'ai beaucoup aimé. Bien que secrète et essentiellement présente par le récit de son passé, plus que par sa prestance dans le temps présent, elle reste très touchante et, à l'image du médecin, elle nous hypnotise avec son récit auquel on croit sans mal bien que ce fameux récit soit parfois un peu délicat à suivre. Seul point regrettable de l'histoire.

L'auteure nous plonge ici dans la mythologie de l'empire perse, une mythologie que nous ne connaissons pas vraiment, ce qui fait du  bien et change un peu de ce dont on peut avoir l'habitude. Car le récit mêle le réel de la politique de l'époque à des histoires de dieux et déesses ce qui est un mélange assez subtile qui fonctionne très bien.

Pas de réel surprise au fil du roman qui avance à son rythme. Certes, Agrippine sera enlevée. Il est vrai que l'on voit venir sans mal pas mal de révélations mais l'auteure parvient tout de même à nous surprendre ce qui est toujours une bonne chose. Et puis, elle sait apporter le fantastique dans un esprit carthésien avec toujours cette dualité entre les deux, un très bon point.

L'auteure maîtrise son sujet et son écriture. Elle sait nous embarquer. Pour autant, il m'a manqué un petit quelque chose que je ne saurais définir et qui ne m'a pas permis d'entrer pleinement dans cette histoire, c'est dommage. L'auteure sait malgré tout maîtriser cette thématique complexe tout en nous insufflant une connaissance sur une mythologie qui donne envie d'être découverte.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui attendait dans ma pal depuis bien trop longtemps et que je suis ravie d'avoir enfin pu découvrir même si je n'en ressors pas totalement convaincue. Si j'ai aimé les personnages, le sujet et l'ambiance tout en apprenant des éléments d'une mythologie méconnue, il m'a manqué quelque chose dans ce roman pour que je sois totalement transportée.

Je vous invite donc à vous faire votre propre opinion sur cette histoire dont un pan m'a sûrement échappé.

Gingo - Sarah Cohen-Scali

  

Infos sur le livre

éditions : Gulf Stream

date de publication : 01-02-2018

pages : 360

prix : 17,50€

 

Résumé éditeur

Le mur. Il sépare la Cité Bleue de la Cité Blanche, Smartcity à la pointe de la technologie. Jade vit du côté bleu, là où le travail manque, où la vie est rude. Là où ses ancêtres ont un jour décidé de se déconnecter pour échapper à l'œil inquisiteur du Net. Elle doit ainsi se soumettre aux lois imposées par la Cité Blanche. Lui accordera-t-on ce qu'elle désire par dessus tout ? Le droit d'avoir un enfant ? Accord refusé. Jade doit adopter. Or les Adoptés ne sont pas des enfants comme les autres. Ils sont difficiles à élever, à aimer. Ils servent avant tout d'objets d'étude pour les scientifiques de la Cité Blanche. Mais Jade parviendra à aimer Gingo comme son propre fils et de ce fait, elle conduira la Cité Bleue à la rébellion. À travers le combat d'une mère pour son fils, se dessine le portrait angoissant d'une société hyper connectée, assujettie à la suprématie des algorithmes et de l'Intelligence artificielle. Celle de demain ?

 

Pourquoi ce livre ?

C'est grâce à un concours organisé par l'auteure sur son Instagram que j'ai eu l'immense chance de gagner ce roman que j'avais très envie de découvrir. Je n'ai pas mis longtemps à l'entamer.

 

De quoi est-il question ?

Dans un monde futuriste, un mur sépare deux mondes : le monde ultraconnecté des blancs et le monde sans technologie des bleus. Les uns programment chaque aspect de leur vie jusqu'à l'avenir de leurs enfants pas encore créés, les autres doivent se battre pour avoir le droit de devenir parent dans un monde où être contre le système en marche vaut à être rebus de la société.

Pour avoir le droit de devenir mère, Jade accepte de devenir gouvernante dans une maison blanche. Mais en ne respectant pas les règles, elle se trouve contrainte à accepter la solution de replis : celle d'adopter. Car les bleus ne pouvant avoir d'enfant doivent se tourner vers l'adoption, des adoptions difficiles car avec des enfants différents, compliqués à aimer.

Jade, pourtant, apprendra à aimer Gingo, à le porter bien au-delà de ses handicaps pour lui offrir la plus belle des vies. Refusant même que l'objet d'étude qu'est son enfant passe au-delà de son seul statut d'enfant. Mais une nouvelle fois, Jade sera confrontée à un monde qui, ne vivant qu'à travers les ordinateurs, ne voit plus le simple fait de l'amour.

 

Du côté de la forme...

Appréciant beaucoup le travail de l'auteure et sa façon de dénoncer le monde,  ce roman était dans ma wish-list depuis bien longtemps même si, par son résumé, je n'avais pas trop d'idée sur ce quoi allait vraiment porter cette histoire.

Ce roman est une plongée dans ce que pourrait être le monde de demain. Un monde ultra-connecté où rien ne se décide sans les intelligences artificielles et où quiconque n'accroche pas à cette société se retrouve du côté pauvre où vous n'avez aucune liberté. Un imaginaire futuriste pensé par l'auteure mais qui n'est pas si loin de notre monde actuel, de quoi faire peur.

Dans ce monde à la 1984, les blancs décident des moindres détails de la vie future de leurs enfants alors qu'il est quasiment impossible pour les bleus d'en avoir. Une gestion de la société comme une dictature dont bien peu se rendent compte. Une belle manière pour l'auteure de critiquer notre monde actuel tout en mettant en avant les principales victimes d'un tel système : les enfants.

Jade, au milieu de tout cela, est une femme révoltée contre ce monde qui lui est imposée. Elle va flirter avec les règles, au point s'attirer des ennuis. Mais surtout, elle va aimer Gingo, ce fils différent, comme son propre fils. Ce roman devient alors un véritable hymne à l'amour, l'amour au-delà de toutes règles, au-delà de la différence, au-delà des liens du sang.

Ce roman est aussi un roman qui parle d'éducation en montrant combien la patience peut bien souvent offrir plus que la punition. Il parle d'esprits étriqués et s'engage même à entrer dans les pensées et les émotions d'un enfant différent pour amener le lecteur à, peut-être, un peu mieux comprendre ces enfants qui ne demandent rien de plus qu'être aimés.

Côté écriture, c'est avec un bonheur sans faille que j'ai retrouvé le style si fort et si puissant d'une auteure qui sait faire passer des sujets forts avec autant de violence que de finesse. A travers une histoire finement menée, l'auteure nous offre une vraie critique de la société et une fin magistrale dont on ne ressort pas indemne.

 

En conclusion... 

Voici un roman magistral dont j'attendais beaucoup mais duquel je ressors encore plus troublée que tout ce que j'aurais pu attendre. Voici un roman futuriste qui ne l'est pas tant que ça, un roman qui nous parle de l'amour au-delà des règles, un roman qui nous engage à mieux comprendre l'autre et à nous détourner des absurdités de nos sociétés !

Un énorme coup de coeur pour ce roman qui m'a énormément touchée et troublée.

Nocturne de sang - Michel Pelini

  

Infos sur le livre

éditions : Crin de chimère

date de publication : 20-08-2020

pages : 288

prix : 15,90€

 

Résumé éditeur

Enfant, Jessica Janin a connu l'horreur. Enlevée et séquestrée par Léon Schwartz, un pédophile de la pire espèce, elle a sauvé sa vie de justesse. Lorsque vingt-quatre ans plus tard, elle apprend la mort du criminel en prison, la jeune femme pense qu'elle pourra enfin tourner la page du traumatisme qui la hante toujours. Mais Schwartz, qui a passé un pacte avec le Diable, revient d'entre les morts sous la forme d'un vampire, bien décidé à se venger de celle qui lui a échappé. Jessica a déjà vaincu le criminel une fois, en sera-t-elle capable à nouveau ? Pour l'affronter, elle pourra compter sur l'aide de deux chasseurs de vampires, Mathieu Leroux et son frère, Maxime, autiste doué de pouvoirs médiumniques. Schwartz, quant à lui, a plusieurs alliés parmi les démons, notamment l'un des plus puissants vampires du monde, qui a un vieux compte à régler avec Maxime.

 

Pourquoi ce livre ?

C'est aux dernières Aventuriales que je me suis laissée séduire par ce roman, hors de la présence de l'auteur, d'une originalité très attirante.

 

De quoi est-il question ?

Jessica Janin n'était qu'une petite fille lorsqu'elle a été enlevée par un pédophile notoire. Durant deux ans, elle a vécu dans une cave, subissant au quotidien la peur et les agressions. C'est dans la musique classique qu'elle sera parvenu à conserver un peu d'espoir jusqu'au jour où elle parvient à s'enfuir. Elle devient alors une pianiste virtuose au fort caractère.

Alors que son bourreau est en prison, Jessica se désole d'être sans cesse la proie des médias. Et lorsque l'homme meurt en prison, la jeune femme se trouve harcelée. Ce qu'elle ignore c'est que son monstre, grâce à la noirceur de son âme, a pu juste avant de mourir passer un pacte avec le diable et devenir un vampire, un vampire bien décidée à se venger.

Pour l'aider, Jessica ne pourra compter que sur Mathieu, un policier au lourd passé, et sur son frère Maxime, un garçon autiste d'une vingtaine d'année. Car ce dernier est doté d'un don, un don pour combattre les vampires.  Face au combat qui s'annonce, Jessica n'aura alors d'autre choix que de baisser sa garde et de se permettre, enfin, d'accorder sa confiance.

 

Du côté de la forme...

Découvrir un nouvel auteur, une nouvelle maison d'édition et ce par un sujet plutôt original, voilà qui ne pouvait que me tenter. Dans le cadre du mois de l'imaginaire, un roman traitant de monstres et de vampires était donc juste parfait.

Le sujet même de ce roman méritait que je m'y attarde. Le coup du pédophile qui, pour se venger, devient un vampire et revient hanter sa victime devenue adulte... cela ne manquait pas d'originalité et l'auteur a, de plus, su traiter son thème avec brio. Car, au fil des pages, il sait autant maîtriser l'imaginaire que l'horreur de la pédophilie.

Jessica est une jeune femme qui m'a beaucoup touchée même si j'ai parfois eu un peu de mal avec son caractère introverti. Car Jessica est butée et refuse d'accorder sa confiance tout en repprochant au monde de ne pas la comprendre. Pour autant, elle est un personnage très fort, une femme au destin brisé, et parfaitement bien menée.

Avec le récit du passé de Jessica, l'auteur dénonce la pédophilie et joue avec les codes du thriller en mettant en avant l'horreur absolue. Avec le fantastique lié au présent, il nous plonge dans un univers de monstres avec des passages plutôt difficiles à avaler au niveau émotionnel. Avec les aller et venues dans le temps, l'auteur nous offre un paysage complet des histoires de ses personnages, et avec force.

Mais au-delà de l'intrigue qui vous porte et vous entraîne sans vous laisser de répit, ce roman est aussi un magnifique hymne à la différence et à l'amour. En mêlant un jeune garçon autiste à l'histoire, une jeune femme au lourd passé et des relations familiales fortes, l'auteur nous offre un un voyage dans l'âme humaine et dans les relations qui unissent les êtres au-delà  des épreuves.

Côté style, l'auteur sait rendre son histoire totalement addictive. Il sait nous faire haïr les monstres et être attendris par les "bons" mais aucun manichéisme dans ce roman grâce à des personnages aux caractères qui nous ouvrent à l'empathie. Il sait aussi mêler la grande histoire à la petite grâce à des références qui ajoutent à la qualité du texte.

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'aurai typiquement découvert grâce à un salon et que je suis absolument ravie d'avoir pu découvrir. Voici un roman qui mêle l'horreur qui a lieu tous les jours dans le monde et l'horreur au sens fantastique du terme. Un jeu entre le propre et le figuré qui apporte une belle réflexion sur le monde.

Un roman qui aura été pour moi un gros coup de coeur.

samedi 3 octobre 2020

Hôtel Ispahan - Christophe Masson

  

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 01-07-2020

pages : 268

prix : 17€

 

Résumé éditeur

Samuel réside depuis vingt ans à l'Hôtel Ispahan tenu par son beau-père dans le quartier chrétien arménien de Djolfa. Français, veuf, il élève sa fille adolescente, Yasmina, qui ne rêve que de quitter l'Iran pour aller étudier à Toulouse. Pour cela, il faut de l'argent, beaucoup plus que ce que gagne Samuel en guidant des groupes de touristes parmi les merveilles de la ville surnommée "la moitié de l'univers". Un jour, Samuel est contacté par les services de renseignements iraniens pour devenir, contre rémunération, leurs yeux et leurs oreilles à l'Hôtel Ispahan. Demande bientôt suivie d'une offre similaire, au bénéfice cette fois-ci du Consulat de France ... Cette comédie amorale sur le mensonge et la dissimulation nous entraîne dans une société exsangue après des années d'embargo, minée par hypocrisie et la corruption, dans des décors magnifiés par les mosquées, le bazar et les ponts d'Ispahan. Mais à raconte tout et son contraire, attention à ne pas finir par se prendre les pieds dans un tapis persan ...

 

Pourquoi ce livre ?

La sortie de ce nouveau roman de l'auteur était pour moi une très bonne nouvelle et je n'ai pas mis longtemps à le faire attérir dans ma pal et à le dévorer.

 

De quoi est-il question ?

En Iran, Samuel vit avec son beau-père et sa fille adolescente. Ayant accompagné son épouse dans son pays d'origine des années plus tôt, il n'en est plus parti et, depuis le décès de celle-ci, tente tant bien que mal de mener de front son travail à l'hôtel géré par le beau-père, le caractère de sa fille et les problèmes financiers récurrents.

Samuel pourrait s'en contenter s'il ne craignait pour l'avenir de sa fille, indépendante à souhait et bien décidée à ne pas se laisser dévorer par la politique religieuse ambiante. En tant que fervante catholique, elle se refuse à porter le voile, compte bien faire des études et choisir elle-même son futur mari. Alors, le père décide de tout tenter pour envoyer sa fille auprès de sa soeur, à Toulouse.

Afin de gagner plus d'argent, Sam accepte alors de s'associer à la police locale et de "dénoncer" des touristes étrangers pour de menus forfaits et pour être "bien" avec la politique locale. Un double-jeu pour lequel Sam, au coeur de l'hôtel, a la place idéale. Jusqu'au jour où le hasard impose à l'homme d'avoir une troisième casquette : un rôle similaire pour le consulat français.

 

Du côté de la forme...

Les livres de Christophe Masson sont toujours une invitation au voyage et cette fois c'est en Iran qu'il nous propose de partir. J'avais donc hâte d'effectuer ce nouveau voyage d'autant que l'intrigue promettait un grand moment. Et en effet...

Sam est un personnage qui m'a d'emblée beaucoup touchée. Veuf, il tente comme il le peut de garder la tête hors de l'eau sans se laisser submerger par sa propre peine et ses propres doutes. Il m'a aussi beaucoup touchée dans sa volonté de tout tenter, même le plus improbable, pour libérer sa fille et lui offrir mieux, au risque de la perdre. Un amour paternel qui fait chaud au coeur.

Nous allons donc plonger dans une ambiance aux portes du polar, du roman noir et du roman d'espionnage mais sur un ton qui touche à l'humour ce qui fait beaucoup de bien. En effet, Sam va être amené à dénoncer et mettre à mal des touristes mais toujours avec bienveillance. Du coup, ce qui aurait pu donner le sentiment d'aller très loin est porté sur le ton de l'empathie et ça nous émeut.

Une fois encore, l'auteur parvient avec brio à nous plonger dans un pays pour lequel nous sommes bourrés de préjugés mais que nous connaissons finalement très mal. Il nous indique des codes de vie, des codes de familles et même des mentalités qui pour nous paraissent étonnantes mais sont tout à fait logique de l'autre côté de la mer.

Ce roman nous plonge au coeur de la politique locale et dans une réalité que nous ne connaissons pas vraiment. Mais nous restons malgré dans le côté "haut" de la société, le côté dont les touristes prennent part. Ce qui n'empêche l'auteur de parler des situations dans les prisons, de la corruption et de la situation religieuse pour les non-musulmans. 

Côté style, il faut bien avouer que l'auteur joue avec des thématiques glissantes. Il use donc de beaucoup d'humour dans son texte pour parler de sujets forts et ça marche ! Avec beaucoup de finesse, il glisse aussi de profondes réflexions sur notre société et nous décrit l'univers de l'hôtellerie. Enfin, il sait mener les rebondissement pour un côté presque caricatural et décalé étonnant.

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'avais très envie de découvrir et que je suis ravie d'avoir pu dévorer en un rien de temps ! Voici un roman qui, en ce moment surtout, nous permet de voyager loin sans bouger de chez soi et nous entraîne dans une histoire de famille différente mais particulièrement émouvante. Voici un roman qui, à tous points de vue, fait tout simplement du bien.

Un roman à découvrir et que je conseille à tous les amateurs de belles histoires.

Amours fauves - Mélodie Smacs

 

Infos sur le livre

éditions : Alter Real

date de publication : 03-05-2020

pages : 248

prix : 17,90€

 

Résumé éditeur

Les officiers Megane Difen et Tom Senia sont équipiers depuis plusieurs mois. La première, froide et solitaire, se fascine pour celui que les tabloïdes appellent le « Tueur du Bal ». Le second, charmeur et taquin, l'épaule de son mieux, se montrant même protecteur envers elle. Lorsqu'un étrange meurtre survient, ils font équipe pour l'élucider. Toutefois, l'un des deux en sait bien plus qu'il ne veut l'avouer. Entre enquête surnaturelle, disputes et passion, et si chacun menait en fait un double jeu ?

 

Pourquoi ce livre ?

C'est aux Aventuriales que je me suis laissée séduire par ce roman, sous les bons conseils de l'éditrice, un roman qui ne m'aurait pas forcément attirée autrement et que je n'ai pas voulu faire traîner.

 

De quoi est-il question ?

 Mégane Difen est un petit bout de femme de 1,55 mètre au fort caractère. Solitaire, ayant bien du mal à faire confiance et n'ayant pas sa langue dans sa poche, elle a pourtant réussi à devenir une policière hors paire. Mais lorsqu'un meurtre particulièrement odieux est commis lors d'un bal costumé, Mégane voit là une affaire qui pourrait bien parfaire sa réputation et sa carrière.

Pour cette enquête, Mégane devra faire équipe avec Tom, son partenaire depuis quelques mois, un garçon gentil mais un peu lourd avec lequel elle joue d'un jeu de fausse séduction. Un peu machiste, Tom aime à séduire et à titiller Mégane qui, de son côté n'est pas prête à se laisser faire. Pourtant ce jeu l'amuse et occupe ses journées.

Quand les premières infos sur le meurtre commis tombent, l'horreur gagne du terrain. Car le meurtrier est un monstre au sens le plus stricte du terme. C'est un homme, une créature, qui attire les femmes à l'écart avant de les dévorer au sens propre. Pour Mégane, c'est là l'oeuvre d'un probable tueur en série tendis que Tom compte bien se servir de ce qu'il sait pour gravir quelques échelons...

 

Du côté de la forme...

Pour le mois de l'imaginaire, je comptais bien me délecter de lectures novatrices et fortes avec, en partie, des découvertes d'auteurs. Tout était donc là pour que ce roman entre dans ce challenge d'autant que l'éditrice a su me convaincre et me vendre ce roman dans tous les sens du terme.

Nous sommes ici dans un polar fantastique, un genre un peu particulier il faut l'avouer mais qui ne manque pas d'un certain charme. Et si j'avais quelques doutes sur la question, force est de constater que l'auteure joue à merveille sur les deux tableaux, maîtrisant aussi bien les codes des deux genres et avec même, par la suite, le petit bonus des codes érotiques. Le cocktail parfait !

Mais bien difficile d'en dire plus quand les surprises réservées par l'auteur surviennent dès le deuxième chapitre avec un retournement de situation tout aussi inattendu qu'incroyable. Car l'auteure n'émet que peu de suspens sur l'identité du coupable. L'intérêt n'est pas de chercher qui a tué mais de le prouver, mode Colombo, les tenants et aboutissants de ce crime.

Mégane et Tom sont deux personnages au caractères bien trempés et réservés à la fois. Il faut dire que tous deux souffrent d'un lourd passé et tentent au quotidien de cacher de profonds secrets sur eux-mêmes. Typique ? Pas tant que ça quand on sait que le fond de tout réside dans la part fantastique du roman qui, au fil des pages, remet tout en cause.

Concernant cette part fantastique, justement, elle ouvre les portes d'un univers qui commence à faire son chemin dans le genre et qui prend le parti de la part animale en chacun de nous. Le propre et le figuré se mêlent alors dans la force de l'instinct jusqu'à la part de romance qui ajoute un plus non négligeable à l'ensemble.

Côté style, je me suis laissée embarquée dès les premières lignes dans l'univers complètement déjanté imaginé par l'auteure. C'est avec brio qu'elle maîtrise tous les styles et tous les genres qu'elle mêle entre côté addictif, humour, amour, tendresse, empathie... Et même, j'ai fini par me laisser surprendre par le déroulé de l'intrigue pour un final hors norme.

 

En conclusion... 

Voici un roman dont je ne savais trop quoi attendre mais avec lequel j'avais tous les espoirs de passer un moment incroyable. Dès les premières je me suis laissée embarquer et surtout je me suis laissée surprendre autant par les personnages que par l'ambiance en passant par l'intrigue elle-même qui a su me porter jusqu'au grand final.

Un roman coup de coeur qui me donne juste envie de découvrir d'autres livres de l'auteure et qui convient d'être découvert par soi-même pour en savourer toutes les surprises.

Le porteur de joie - Maurice Chalayer

 

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 13-08-2020

pages : 330

prix : 19,90€

 

Résumé éditeur

Joseph passe une enfance heureuse entouré d'une famille aimante. Pourtant, dans la famille Guillotot, personne n'est d'accord : tandis que Marius, son père, soutient activement les idées de Jaurès, sa grand-mère Rosine, très pieuse, ne supporte pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat soutenue par son gendre ! Joseph, lui, n'a qu'une passion : courir. Qu'un rêve : devenir champion olympique. Avec ses deux amis, Rachel, la fille du maire, et Adrien, le fils du boucher, il passe des heures à s'entraîner. Mais la guerre est déclarée, et pourrait bien bousculer le destin de ces trois amis...

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur dont j'apprécie beaucoup le travail.

 

De quoi est-il question ?

Au début du XXème siècle, Joseph grandi dans une pure famille paysannne entre un père très sévère et une grand-mère qui entrevoit tout ce qu'elle fait à travers la religion catholique. La mère, de son côté, tente d'appaiser les tensions entre sa mère et son époux. Jusqu'au jour où le petit Joseph, trois ans, refusant de marcher, est laissé sur le chemin de la maison, en rase campagne, par son père.

Dès lors, l'enfant change du tout au tout et devient un passionné de course à pied. Pas un jour sans qu'il ne souhaite s'entraîner et aller de partout en courant, soutenu par son instituteur. Mais alors que l'enfant grandit, les tensions s'accumulent tant de le village que dans la famille. La séparation entre l'Eglise et l'Etat n'est pas pour plaire.

Et dans ce début de siècle en proie aux épreuves, la première guerre mondiale se profile, mettant à mal les rêves et les espoirs des jeunes gens tels que Joseph. Heureusement, le garçon peut compter sur ses amis, notamment Rachel, une jeune fille qui ne le laisse pas insensible, et Adrien, passionné d'armes. Une amitié que l'avenir mettra à mal.

 

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman de l'auteur et je dois avouer que cela me manquait d'autant que le sujet n'était pas pour me déplaire. Je suis donc ravie d'avoir pu me replonger dans ce genre qui compte beaucoup pour moi.

Comme dans tout roman du genre qui se respecte, nous voici au coeur de la campagne, dans une période propice au genre et dans une famille traditionnelle. Bref, un cadre idéal pour un roman tel que celui-ci et toujours efficace. D'autant qu'ici nous sommes dans une famille où l'intérêt va être de voir grandir et évoluer un enfant ce qui change tout de même un peu.

Le cadre et l'époque sont donc efficaces d'autant que l'auteur prend le parti ici de travailler un moment fard de l'histoire du début du XXème : la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Une période essentielle pour l'Histoire mais également pour nombre de familles de l'époque comme cela va être le cas ici, une source de tension et de nécessité à "choisir son camp".

Mais l'auteur nous plonge aussi ici dans un univers que je ne connaissais pas : le monde de la course et plus particulièrement des jeux olympiques. Ce roman devient alors l'histoire d'une passion en opposition aux tourments de l'histoire ce qui fait toujours du bien. Pour moi qui ne suis pas sportive du tout, j'ai un peu mieux compris cette passion qui peut guider des enfants puis des adultes.

Joseph est un enfant que nous allons voir grandir et qui, bien qu'évoluant à chaque page, nous apparait toujours comme très touchant. En tant qu'enfant on souhaiterait le prendre dans nos bras, en tant qu'ado puis adulte on voudrait le prendre par la main pour le guider dans l'horreur ou plonger dans le roman pour le connaître encore un peu plus car il est ce genre de personnages qui vous réapprend à vivre.

Côté style, nous sommes dans l'écriture que nous aimons retrouver avec ce genre là agrémenté de la petite touche personnelle de l'auteur qui sait nous offrir un cadre concret. Il nous offre une vision du passé pour nous rappeler que ce que nous croyons acquis aujourd'hui ne l'a pas toujours été et qu'un enfant, même en d'autres temps, sera toujours un enfant.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui reprend les codes du roman de terroir tel qu'on peut l'aimer avec une phase historico-politique importante et essentielle à mettre en avant, surtout à notre époque. Voici un roman qui nous offre des personnages vrais et des histoires de famille montrant combien l'amour permet toujours d'aller au-delà de tout.

Encore un très bon roman de l'auteur qui mérite d'être largement lu.

Notre-Père qui êtes odieux - Violaine Bérot

  

Infos sur le livre

éditions : Cairn

date de publication : 30-09-2014

pages : 242

prix : 13€

 

Résumé éditeur

Quelque part au fond des Pyrénées, il existe un endroit extraordinairement beau : Gavarnie, huitième merveille du monde. C'est là que Lise, 18 ans est retrouvée morte. À Cheryl, la copine du Poulpe, cette mort ne plaît pas beaucoup. Alors elle n'hésite pas : elle décide d'aller voir. Mais c'est où Gavarnie ? N'y aurait-il pas Lourdes dans les parages ? Lourdes et sa Bernadette qui voit la Vierge partout. Lourdes et ses commerces qui débordent d'eau bénite. On ne se rend pas compte, vu de la capitale, comme c'est moche, Lourdes.

 

Pourquoi ce livre ?

L'an dernier, lorsque je suis allée dans les Pyrénées, j'ai voulu me laisser tenter par un roman local, d'une auteure locale et d'un éditeur local. Enfin, j'ai pu le sortir de ma pal.

 

De quoi est-il question ?

En période estivale, le cirque de Gavarnie est un véritable aimant à touristes. Nombreuses sont les familles qui viennent voir ce lieu mythique sans le voir vraiment et qui profitent de randonnées à dos d'âne ou de cheval sans vraiment apprécier la grâce de l'instant. Lise, 18 ans, guide ces touristes bon gré mal fré et se désole de leurs caractères égoïstes.

Mais un soir, Lise est retrouvée morte sur le chemin qui mène du Cirque au village. Cheryl, compagne d'un enquêteur reconnu, se passionne pour cette affaire qui, elle le sent, est bien plus profonde qu'un simple accident de montagne. Direction donc les Pyrénées avec une arrivée par la gare de Lourdes avant de rejoinre le coeur de la montagne.

Or, quand on est coiffeuse, s'improviser enquêtrice n'est pas si simple. Cheryl accumule alors les maladresses, les fausses pistes et les erreurs pour confondre le coupable. Mais son grand coeur ira au-delà de ces lacunes et conduira Cheryl de Gavarnie à Lourdes. Elle mettra alors le doigt sur de bien étranges mystères et sur des secrets jalousement gardés.

 

Du côté de la forme...

Les Pyrénées, un des lieux que je préfère... Lourdes, une ville particulièrement chère à mon coeur. Le polar régional, un genre que j'aime beaucoup. Tout était donc là pour que j'apprécie ma lecture mais je dois avouer que je ne m'attendais pas à ça.

L'auteure nous plonge donc dans sa région, une région particulièrement belle que les locaux ont bien du mal à voir être envahie par les touristes. Et si ces derniers sont essentiels, ils ne savent pas voir le beauté de ce qu'ils découvrent, un beau gâchi. A travers Lise et les divers personnages de ce roman, c'est bien le ressenti de l'auteure qui transpire.

Dans ce roman, nous allons donc naviguer entre Gavarnie et Lourdes, pas si éloignés que ça géographiquement parlant mais à l'opposé l'un de l'autre dans les mentalités et intérêts des personnes qui s'y rendent. Un roman se déroulant entre les deux était donc une bonne idée d'autant que les mentalités religieuses et mentalités folkloriques ne sont pas si éloignées non plus.

Nous sommes ici dans un polar et les codes sont là entre rebondissements, mystères, fausses pistes et suspects. Mais dans un polar original aussi car l'enquête est mené par une jeune femme qui n'a rien d'une enquêtrice et qui va cumuler les boulettes, boulettes auxquelles le lecteur ne pense pas forcément sur le coup. De quoi ajouter une bonne dose d'humour au texte.

Pourtant, on se laisse facilement prendre dans l'enquête et on se prend de passion pour savoir ce qui est arrivé à Lise sans jamais se douter d'un final qui n'est pas sans faire peur de réalisme. Le décalage entre humour et horreur est efficace et l'auteure joue parfaitement du caractère "bimbo" du personnage pour offrir un brin de féminisme au tout.

Le style de l'auteure est donc assez puissant avec une vraie originalité qui n'empêche pas le côté complètement addictif de cette lecture. La critique de la religion est bien présente et Lourdes nourrit autant l'ironie que la banalité avec son côté "ville moche". Bref, l'auteure sait jouer avec les différents genres et nous offre une écriture qui change de ce dont on a l'habitude.

 

En conclusion... 

Voici un roman dont je n'attendais rien de particulier et qui m'a au final offert non seulement un très beau voyage dans un région que j'aime mais aussi un très bon moment de lecture avec un polar qui a su m'intriguer autant que m'amuser. La critique de l'auteur pour la religion, la cause des femmes et les touristes est forte et efficace.

Un roman qui me donne franchement envie d'en découvrir d'autres de l'auteure !