dimanche 30 août 2020

Flux - Célia Barreyre

  

Infos sur le livre

éditions : Marathon éditions

date de publication : 03-05-2019

pages : 394

prix : 18,90€

 

Résumé éditeur

Depuis quelques années, le syndrome de Joans a exterminé une grande partie de la population. Personne ne sait comment le virus est né et personne ne sait comment le guérir. Tous les adultes contaminés sont morts. Confinée depuis sa dernière crise sur un campus médicalisé, Lili, dix-sept ans, passe le plus clair de son temps avec ses amis. En attendant celle qui lui sera fatale, elle profite du temps qui lui reste pour vivre une vie de jeune fille comme les autres. Son quotidien est bouleversé lorsqu'elle fait la connaissance des jumeaux. Pourquoi sont-ils venus dans le centre de leur plein gré ? Ils ont la vingtaine passée et n'ont toujours pas succombé à une crise. Détiennent-ils un secret ?

 

Pourquoi ce livre ?

C'est lors d'une rencontre avec l'auteure lors du salon du livre de Cournon que je me suis laissée tenter par ce roman au résumé très tentant.


De quoi est-il question ?

Imaginez un monde où une maladie aurait décimer la population mondiale. Quelques crises durant l'enfance puis jusqu'à la crise fatale, jamais au-delà de l'adolescence. Si la maladie vous touche, vous êtes condamné. Alors tous les adultes craignent de se voir annoncer que leurs enfants sont touchés. Lorsqu'ils le sont, ils sont accueillis dans une école spéciale où on les étudie, où on tente de les sauver.

Lili est de ces ados qui voient leur fin approcher, une fin inéluctable contre laquelle personne ne peut rien. Se sachant condamnée, elle ne voit pas d'intérêt aux études et ne supporte pas l'autorité tout comme elle ne supporte plus d'être un animal de laboratoire sur lequel des chercheurs de renom tentent de trouver des réponses.

Lili n'a donc aucun espoir sur son avenir jusqu'au jour où elle rencontre un frère et une soeur, jumeaux, qui bien qu'atteint du virus ont déjà allègrement passé la vingtaine. Rien ne laisse présager qu'une crise pourrait les tuer et eux-mêmes semblent avoir connaissance d'un secret, un secret qui pourrait tout changer, un secret qui pourrait, enfin, apporter un peu d'espoir...

 

Du côté de la forme...

Tout semble tellement avoir été fait en littérature de l'imaginaire, qu'il semble difficile d'apporter un peu de nouveauté dans ce thème. Pourtant, avec ce roman, j'espérais à la fois quelque chose de neuf et à la fois un sujet tellement en lien avec l'actualité qu'il en devenait un peu effrayant.

Dès les premières pages de ce roman, j'ai eu beaucoup d'affection pour Lili qui se retrouve coincée dans sa propre vie entre son désir d'indépendance lié à l'adolescence et la maladie qui la condamne. Et malgré son côté un brin rebelle, elle nous apparaît surtout comme une jeune fille qui a soif de vie dans un monde où la vie est devenue plus que jamais une richesse.

Nous nous retrouvons donc dans une sorte de huis-clos par le biais de l'internat où se retrouvent les jeunes condamnés. Les jeunes servant de cobbayes et la maladie gagnant du terrain nous plonge dans une ambiance vibrante d'actualité et plutôt perturbante. Les codes du genre sont donc repris mais avec une intrigue tout à fait originale.

Lili, l'héroïne, va engager un combat personnel pour espérer un avenir plus radieux. Pour cela, elle va être aidée par sa meilleure amie et par un garçon qui ne la laisse pas insensible. Et tendis que le gouvernement tente tout pour empêcher les secrets d'être dévoilés, c'est aussi des vies classiques de jeunes que Lili et ses amis doivent mener.

Il va donc s'agir pour Lili de maîtriser ce que les jumeaux nomment le "flux", une technique de dégagement de soi pour éloigner les crises. En maîtrisant le "flux", Lili espère pouvoir reculer l'échéance de la mort. Mais dans un monde où tout paraît sans espoir, dans un monde où les jeunes sont laissés sous l'emprise des autorités, toute source de bonheur peut paraître inatteignable.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert le style d'une auteure qui sait nous offrir un imaginaire complet. Car si on se retrouve ici dans un roman d'anticipation, on découvre aussi une plume d'une grande qualité littéraire où les rebondissements multiples sont remplacés par une forte conscience des personnages face à l'avenir et cela est magnifiquement amené. Bravo.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui m'intriguait pas mal et qui m'a permis de me replonger dans un roman du genre reprenant les codes que l'on attend mais allant aussi plus loin avec une vraie pensée sur le verbe et un vrai travail sur les émotions liées à l'adolescence. Et si le "flux" est symbôle d'espoir, il est aussi dans ce roman une manière de faire de cette histoire une intrigue aux accents de développement personnel.

Un très bon roman à découvrir et pour lequel je serai très curieuse de lire la suite.

Julie bon pain - Albert Ducloz

  

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 15-02-2018

pages : 525

prix : 8,90€

 

Résumé éditeur

Belle et volontaire, Julie porte sur ses épaules l'avenir de la ferme tout en élevant ses trois enfants depuis que son mari Rémi est resté paralysé suite à un accident. Au village, elle rencontre Florent, tout juste de retour de la guerre et en quête de travail, et l'emploie rapidement à l'année. Les tâches quotidiennes les rapprochent et Julie lui confie son rêve de toujours que Rémi a refusé de réaliser : réparer le four de son père et cuire le pain comme il le faisait...

 

Pourquoi ce livre ?

Bien que suivant l'auteur depuis des années, je n'avais jamais pris le temps de lire cet opus. Mais parce qu'il m'a été conseillé avec enthousiasme, je me suis finalement laissée tenter.

 

De quoi est-il question ?

Au début des années 1960, Julie doit mener de front la vie de la ferme, l'éducation de ses enfants et son mari resté handicapé à la suite d'un accident de travail. La vie est rude d'autant que les querelles de village vont bon train et qu'une femme tenant les rennes, c'est plutôt mal vu. Jusqu'au jour où, au café, Julie rencontre Florent, un alsacien venu se ressourcer en Haute-Loire.

Dès lors, une relation très forte commence à les unir  et Florent parvient même à apprivoiser les enfants tendis que l'époux de Julie commence à nourrir une profonde jalousie à l'égard de ce rivale qu'il soupçonne de vouloir prendre sa place. Une jalousie que nourrit également la voisine de Julie, une femme pleine de rancoeur qui ne supporte pas le bonheur de celle-ci.

Mais, pour Julie, l'arrivée de Florent sonne le début d'une nouvelle et le début d'un soutient sans faille pour réaliser le projet qu'elle a depuis des années : celui d'ouvrir une boulangerie dans lequel elle pourrait vendre un pain traditionnel, faisant ainsi un pied de nez à la modernité et aux conservateurs chimiques. Le projet d'une vie qui aura bien du mal à aboutir...

 

Du côté de la forme...

Le problème quand on suit les nouveautés avec soin, c'est qu'il est bien souvent difficile de revenir en arrière et de lire un titre plus ancien. Mais faisant confiance à la personne qui m'a conseillé ce titre, je m'y suis finalement plongée et je ne le regrette pas.

Ce roman nous plonge en Haute-Loire dans les années 1960. Nous y découvrons une femme courage qui, dans une époque qui reconnaît peu le rôle des épouses, mène tout de front et est admirable s'occupant à la fois de ses terres, de ses enfants et de son mari. Julie nous apparaît donc avec beaucoup de sympathie mais aussi comme une femme en avance sur son temps car menant sa vie d'elle-même.

Plusieurs intrigues vont s'entremêler ici sur fond de la vie d'un petit village de la Haute-Loire. Il va y avoir la vie déjà complexe de Julie mais aussi sa relation naissante avec Florent. D'un côté, on va suivre le projet de boulangerie de Julie mais dans le même temps le lecteur va s'immiscer dans la vie d'une voisine rongée par la colère, moyen pour l'auteur de dénoncer les tourments liés encore à la guerre.

Avec beaucoup de finesse, l'auteur nous dresse alors un tableau étendu des souffrances pouvant ravager l'âme humaine et nous montre combien la guerre ne s'arrête jamais avec la fin des combats. En l'occurence, il montre même combien la souffrance peut amener aux portes de la folie. Et c'est avec brio d'ailleurs qu'il nous invite au-delà de la raison, une invitation qui ne laisse pas indemne.

Mais surtout, l'auteur nous offre ici l'histoire d'un projet, d'un projet riche en opposition avec une modernité trop influente. Et si le projet de la boulangerie est sous-jacent, l'auteur nous en décrit avec merveille le milieu. On tourne les pages avec cette délicate odeur de pain traditionnel qui vient nous envahir tout en suivant une vie d'épreuves.

C'est avec le même plaisir que j'ai encore une fois retrouvé la plume d'un auteur qui sait parler de sa région et qui mettre en avant des morceaux de vie. Ici, il nous fait aimer Julie en éprouvant lui-même une tendresse pour son personnage qu'il sait bien nous transmettre. Il sait nous offrir un vrai moment d'émotions liées entre tendresse, douleur et espoir.

 

En conclusion... 

Voici un roman dont je ne savais pas trop quoi attendre et grâce auquel j'ai passé un très agréable moment. Voici un roman qui m'a permis de découvrir un très beau personnage et qui m'a permis de ressentir des émotions très fortes. Voici un roman qui nous montre autant de tourments que de bonté ce qui ne laisse pas le lecteur indemne.

Une belle lecture en attendant le prochain roman de l'auteur.

samedi 29 août 2020

Les pèlerins du diable - Frédéric Pons

  

Infos sur le livre

éditions : Calmann-Lévy

date de publication : 11-09-2019

pages : 396

prix : 20,50€

 

Résumé éditeur


Lourdes, début juillet. La saison des pèlerinages bat son plein. Venus du monde entier, les pèlerins affluent devant la grotte des Apparitions. Les autorités sont en alerte. La vague des attentats djihadistes de 2015 a permis de renforcer la sécurité mais certains policiers s’inquiètent. Alertés par une série de "signaux faibles", ils devinent que le pire reste possible. La suite des évènements va leur donner raison. Trop tard. Rien ne pourra arrêter le cycle infernal qui mettra face à leur destin Fanny, l’ambitieuse lieutenant de police, le placide abbé Maurice, le commandant Cabana ou la jeune hospitalière Manon. Dans l'ombre, un djihadiste revenu de Syrie a réactivé un réseau de jeunesse. Croyants exaltés ou petits délinquants, ces fanatiques veulent venger la défaite du califat islamiste. Leur projet effrayant n'a qu'un but : ouvrir l'enfer sous les pas des «  mécréants  ».

 

Pourquoi ce livre ?

Parce que, pour cause de Covid, je n'ai pu me rendre à Lourdes cette année, l'occasion était idéale de découvrir ce roman inattendu traitant d'un des lieux où j'ai le plus de souvenirs.

 

De quoi est-il question ?

Nous voici à Lourdes, au début de l'été. Alors que les pèlerinages s'enchaînent dans la cité mariale, le commissariat est en ébullition entre traffics de drogues classiques, petites arnaques et vols aux croyants trop naïfs. Bref, la vie commune d'un commissariat de quartier dans lequel s'enchaînent les interrogatoires de petits délinquants ordinaires.

Un de ces anciens délinquants, Karim, s'est rangé et est aujourd'hui un aide-soignant sans histoire à l'hôpital de la ville. Jusqu'au jour où il retrouve un ancien camarade de mauvais coups qui, pour sa part, revient de Syrie. Dès lors, l'idée naît dans sa tête de faire payer à tous ces mauvais croyants qui adulent une idôle à l'encontre de la "vraie foi".

Côté autorités, la police sent que quelque chose se prépare, notamment Fanny qui voit dans un massacre de chiens une affaire plus lourde qu'il n'y paraît. Mais en tant que femme, elle n'a que peu d'autorité face à tous ces hommes. Dans le même temps, Manon, jeune hospitalière bénévole profite de chaque instant des richesse que lui apportent son rôle et  ses rencontres sans se douter que tout pourrait changer...

 

Du côté de la forme...

Lourdes est sans doute l'une des villes que j'affectionne le plus et dans lequel j'ai toujours plaisir à aller pendant l'été. En littérature, si Lourdes est souvent citée, c'est dans son optique religieuse. Ce roman promettait autre chose et le résultat est incroyable.

Avant d'être le premier lieu de pèlerinage de France, Lourdes est avant tout une ville comme les autres avec son hôpital, ses commerces courrants, sa Poste et son commissariat. Trop souvent, cette facette a tendance à être oubliée et c'est bien dommage. L'auteur ici, nous montre donc une ville comme les autres mais aussi une ville cible idéale pour un attentat...

L'auteur joue donc sur les deux tableaux avec d'une part les pélerinages et le côté religion et de l'autre l'enquête des inspecteurs. En prime, nous allons suivre l'évolution du plan des terroristes ce qui va plonger le lecteur dans ces mentalités perturbées et convaincues de détenir la vérité vraie. Une manière d'aller de l'autre côté de la frontière et de comprendre comment ces hommes peuvent penser.

Par cela, l'auteur n'épargne pas le lecteur. Que ce soit au niveau du rythme ou au niveau émotionnel, tout est intense et efficace pour nous offrir un roman complet et un polar digne de ce nom nous plongeant au coeur du monde des fanatiques religieux. Ce roman est aussi un moyen de mettre en évidence, d'une manière très moderne, les guerres de religion.

 Nous allons suivre en parallèle trois intrigues se recoupant : l'enquête, l'établissement du plan de l'attentat et le déroulement d'un pèlerinage. Ce dernier point reste le moins essentiel du roman mais implique l'histoire à Lourdes et il était essentiel de montrer cet aspect-là malgré tout. Un mélange complet et bien pensé qui offrant un tout suptile et original.

Côté style, on sent la volonté de l'auteur de nous faire voir Lourdes autrement mais, dans le même, on ressent cette profonde affection qu'il semble avoir pour la ville. La force qu'il met à nous décrire tant la vie d'un commissariat que des conversation qui nous semblent, à nous, terrifiantes, est magistrale et vaut le déplacement car nous impose un autre regard sur le monde. Bravo !

 

En conclusion... 

Voici un roman qui m'intriguait beaucoup et que je suis ravie d'avoir découvert. L'occasion pour moi d'être allée à Lourdes malgré tout par la fiction. Lourdes nous apparaît enfin comme une ville avant d'être un lieu de pèlerinage et cela fait beaucoup de bien. Ce roman est enfin un polar digne de ce nom qui mérite le déplacment et qui maintient le rythme jusqu'à un final retentissant.

Un roman qui donne envie d'en lire d'autres de l'auteur !

Stups - Eric Oliva et Denis Richard

 

 

Infos sur le livre 

éditions : Lucien Souny

date de publication : 15-05-2020

pages : 304

prix : 7,90€

 

Résumé éditeur

Valérie, une toxicomane repentie, veut se libérer de l’emprise d’un compagnon qui s’enfonce dans une violence incontrôlable. Il y a urgence, sa vie ne tient plus qu’à un fil. Une seule solution s’offre à elle : dénoncer le trafic de drogue que Marco gère depuis l’Espagne vers la France. Elle va alors reprendre contact avec un ancien amant, Pierre. Le chef de brigade à l’antenne PJ de Nice deviendra sa porte de sortie et se retrouvera au cœur d’un trafic international de stupéfiants, où la survie de son indic doit passer avant le reste. Éric Oliva et Denis Richard, deux flics, se sont associés pour nous dévoiler les coulisses de la brigade des Stups.

 

Pourquoi ce livre ?

En vue de la rencontre FB du mercredi 02-09, j'ai décidé de me plonger dans ce roman qui me faisait déjà de l'oeil et qui me promettait un grand moment de lecture.

 

De quoi est-il question ?

Entre le Maroc, la France et l'Espagne, les trafics de drogue vont bon train pour des sommes colossales sans que la police ne puisse vraiment y faire grand chose. Pierre, enquêteur à la brigade des stups de Nice est de ceux-là et même ses journées comme il le peut dans une certaine routine. Dans le même temps, au Maroc, les enquêteurs flirtent entre conscience professionnelle et corruption.

Valérie aurait pu décrocher de la drogue il y a bien longtemps, lorsque son chemin avait croisé celui de Pierre. Mais c'est un autre chemin qu'elle a choisi à l'époque : le chemin du déjà et de la drogue. C'est ainsi qu'elle a suivi Marco, tournant le dos à ses amis et à ses parents pour entrer dans le monde de la cocaïne et de l'argent facile.

Une vie qui aurait pu lui convenir si Marco n'avait pas la mauvaise habitude de la frapper lorsque le stress monte. Alors lorsque le coup de trop est donné, lorsque Valérie commence à craindre pour sa vie, elle décide de reprendre contact avec Pierre et de lui faire part de ce qu'elle sait sans se douter qu'elle va devenir témoin dans la plus grosse affaire de traffics du moment.

 

Du côté de la forme...

Difficile aujourd'hui d'innover en matière de polar et d'offrir aux lecteurs exigents un roman qui le tienne en haleine sans rouler sur les sentiers battus. Avec deux flics aux manoeuvres, pourtant, c'est un polar hors du commun qui nous est offert ici.

Il est rare que je commence en parlant du style mais c'est ici essentiel. Car le style des auteurs est ici intimement lié à l'originalité du roman. Parce qu'ils sont flics, ils savent de quoi ils parlent et l'hypotypose est parfaite avec une plongée dans le monde de la drogue, un monde que l'on sait existant mais si loin de nous à la fois.

Dans le même temps, nous allons découvrir Valérie, une femme courageuse et un peu perdue qui va dénoncer les traffics dont elle a vent. Une manière détournée pour les auteurs de parler, en sous-marin, de la cause des femmes et des femmes battues. Un sujet vibrant d'actualité et puissant invitant les femmes victimes à reprendre leur vie en main.

Ce que nous retiendrons de ce roman, c'est son rythme incroyable. Pas une seconde de répit n'est laissé au lecteur tant au niveau physique qu'au niveau émotionnel. Traversant les frontières, les personnages évoluent à un rythme effréné mais, dans le même temps, le lecteur n'est pas ménagé suivant tour à tour les craintes des autorités et les angoisses de Valérie.

Grâce à ce roman, nous en apprenons beaucoup sur la brigade des stups mais aussi sur les mentalités qui animent ceux qui en sont maîtres. Nous infiltrons les lieux tenus secrets et sommes propulsés au plus proche de la réalité. Ce polar ne joue pas forcément sur une intrigue à rebondissements et de mystères mais chaque moment compte comme un écho du réel ne laissant pas le lecteur indemne.

Et puis, comme il faut bien un peu de sentiment derrière l'horreur, on va suivre la relation étonnante et touchante à la fois entre Pierre et Valérie, une relation ancienne et encore très présente pour eux. De quoi ramener un peu d'humanité dans un monde de brutes. Et si cette relation n'est pas une romance à proprement parler, elle fait beaucoup de bien.

 

En conclusion... 

Voici un roman dont je ne savais pas trop quoi attendre et qui fut pour moi une excellente surprise tant au niveau du fond que de la forme. Cette plongée dans le monde des stups est une réussite très efficace et l'écriture à quatre mains coule avec facilité sans que le lecteur ne puisse distinguer l'une de l'autre pour un roman qui ne laisse pas indemne.

Un roman qui me donne envie de lire les autres romans de Eric Oliva.

samedi 15 août 2020

Le chien noir - Lucie Baratte

  

Infos sur le livre

éditions : édition du typhon

date de publication  : 11-03-2020

pages : 188

prix : 17€

 

Résumé éditeur

"Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres, qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre. Dans un pays lointain, la jeune Eugénie est mariée de force au mystérieux Roi Barbiche par son père. Commence alors pour elle un voyage aux confins du monde qui l'entrainera dans un château rempli de noirceur. Pensé à la fois comme une relecture de Barbe-bleue, une réponse littéraire aux contes précieux du XVIIIe siècle et aux romans magiques d'Angela Carter, ""Le chien noir"" s'inscrit dans une histoire féminine de la littérature. Celle d'Anaïs Nin, de Mary Webb, en passant par les soeurs Brontë?"

 

Pourquoi ce livre ?

Au sortir du confinement, je souhaitais donner leur chance à de petites maisons d'édition et ce livre m'est tombé sous la main en librairie. Je me suis donc laissée tenter.

 

De quoi est-il question ?

Il était une fois une jeune fille au caractère fort qui vivait dans un royaume où son père, le roi, gouvernait de façon cruelle. Nul n'osait le contrarier si ce n'est sa fille qui, avide de liberté, n'hésitait pas à braver l'autorité. Cette force de rébellion, son père la tolérait jusqu'au jour où la princesse dépassa les bornes. Son père l'enferma alors dans une tour.

Eugénie ne sera autorisée à sortir que si un homme plus riche et plus puissant que son père demande sa main. Les jours et les semaines de solitude commencent donc, interminables, pour la princesse qui rêve de liberté et d'une autre vie. Jusqu'au jour où un roi tombe sous le charme d'Eugénie et décide de la ramener dans son royaume pour l'épouser.

Sur le chemin, Eugénie tombe sous le charme d'un vieux chien laissé pour mort. Dans son nouveau chateau, Eugénie est comme une reine mais une ambiance étrange l'enveloppe. D'autant que son nouveau mari semble cacher plus d'un secret et notamment des horreurs dans différentes  pièces de la demeure. Lorsqu'il la laisse seule avec le serviteur et un jeu de clés, la tentation devient grande...

 

Du côté de la forme...

Vous le savez, je suis une grande amatrice de réécritures de contes. Je suis aussi issue d'études de littérature. Un roman s'annonçant comme un habile mélange des deux et, en plus, chez un petit éditeur ayant besoin de soutien, je ne pouvais passer à côté.

"Il était une fois". Cette phrase culte des débuts de contes et reconnaissables entre toutes fait aussi l'objet du début de ce roman. Du début du roman, oui, mais aussi de chaque début de chapitre ce qui provoque un martèlement de l'esprit du conte. Un jeu de style assez perturbant et qui rend compte du faux esprit féérique auquel on aura pu croire dans les premières pages.

Très vite, le lecteur se rend en effet compte que ce qu'il croyait être une réécriture de conte va en effet aller beaucoup plus loin. L'ambiance, déjà sombre au départ, va encore peu à peu s'assombrir et offrir au lecteur une vision inversée du conte de fée. Chaque chapitre sera pire que le précédant sans que le lecteur ne sache vraiment s'il est dans un monde de cauchmar ou dans une symbolique forte de l'enfer.

Avec ce roman, l'autrice joue sur les codes de différents contes mais met surtout l'accent sur Barbe-Bleue en rendant plus terrible encore cette histoire déjà violente. On retrouve la thématique de la princesse enfermée dans sa tour et de l'animal magique qui va aider à sa manière. On retrouve enfin le côté magique des créatures imaginaires sans que l'on ne sache vraiment de quoi il s'agit.

Si nous sommes dans un huis-clos et si le lecteur sera surtout confronté au personnage d'Eugénie, l'ambiance semble se présenter comme un personnage à part entière quand les autres "vrais" personnages du roman apparaissent comme des fantômes. La violence est maîtresse dans ce roman et le lecteur retrouve les hypotextes avec un souffle de modernité.

Mais surtout, ce que je retiendrai de ce roman, c'est sa haute qualité littéraire. Le style est manié avec soin, les codes également. Si l'auteur maîtrise le genre du conte, sait créer une ambiance, sait imposer un personnage et sait aller au plus loin de l'imaginaire, elle sait aussi manier les mots avec soin et chaque phrase pourrait être étudiée dans son style et ses différents niveaux de lectures. Du grand style !

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'ai découvert par hasard et qui m'a permis de passer un très agréable moment tant au niveau de l'intrigue qu'au niveau de l'écriture. Voici un roman qui fait du bien tout en imposant l'angoisse. Voici un roman qui change de ce dont on a l'habitude tout en s'imprégnant des réécritures de contes. Une des meilleures que j'ai lu.

Un magnifique roman à faire connaître à tous les amateurs de belle langue.

L'été est à nous - Caro M. Leen

  

Infos sur le livre

éditions : Harper Collins

date de publication : 03-06-2020

pages : 264

prix : 6,90€

 

Résumé éditeur

« Je serre ma petite liste pour me persuader qu’elle est bien réelle et que je n’ai pas rêvé cet été. Au fond de moi, je sais, j’ai compris qu’il ne viendra pas, mais je ne suis pas encore prête à l’accepter. Il avait promis. Je ne dois pas pleurer, je ne veux pas pleurer. Je reste interdite jusqu’à ce que la nuit tombe et me fasse admettre l’évidence : il m’a oubliée. » Cassandre et Maxime sont tombés fous amoureux l’été de leurs 18 ans, se faisant la promesse de se retrouver tous les premiers samedis de juin dans une ville étrangère durant les sept prochaines années. Une promesse brisée dès l’année suivante par un profond malentendu. Cinq ans plus tard, chacun a tenté de refaire sa vie, persuadé que l’autre l’avait abandonné. Mais, lorsque le destin les réunit à nouveau, tous deux comprennent que, si leur situation a changé, leur amour, lui, est toujours aussi fort.  

 

Pourquoi ce livre ?

Après une première lecture coup de coeur de l'autrice, c'est sans hésité que je me suis précipitée sur ce nouvel opus qui sentait bon l'été.

 

De quoi est-il question ?

Ils se sont rencontrés à Biarritz à l'été 20009 et ont eu le coup de foudre l'un pour l'autre. Pour que cette roman de soleil perdure, ils se sont fait la promesse de se rejoindre chaque année durant sept ans dans une ville européenne. Mais ce même été, Cassandre perd sa mère, restant silencieuse aux appels de Maxime qui, de son côté, rompra leur promesse et ne se rendra pas au rendez-vous l'année suivante.

Cinq ans ont passé et chacun a tenté de reprendre sa vie en main que ce soit sur la plan professionnel comme sur le plan amoureux. Mais aucun des deux n'a su oublier l'autre et n'a su trouver dans sa nouvelle relation qu'un peu de stabilité avec une personne qui leur fait croire en l'avenir sans laisser de place à la passion pure.

Quand le hasard les réuni à Londres par le biais de Neil, compagnon de l'une et nouveau patron de l'autre, Cassandre et Maxime sont divisés entre leur besoin de s'aimer et le respect qu'ils ont pour leurs conjoints respectifs, entre leur passion et leur rage pour les années perdues. Il faudra alors prendre une décision, une décision qui pourrait raviver la flamme ou l'éteindre à jamais.

 

Du côté de la forme...

Si j'aime lire une romance de temps en temps, ce n'est pas là le genre que je lis le plus. Pourtant, quand je choisi une lecture du genre je la choisie avec soin et, en général, je ne tombe pas à côté. Ayant passé un délicieux moment, à Noël, avec l'autrice, je savais qu'une lecture d'été serait aussi délicieuse.

Dans ce roman, nous allons découvrir en parallèle Maxime et Cassandre, deux jeunes adultes au début d'une vie stable : posés fiancièrement, avec un travail stable et une relation de couple sur laquelle rien est à redire. Des vies somme toute parfaite si l'on omet le souvenir de leur amour commun de jeunesse qui les ronge chacun de leur côté. Une belle manière de mettre en valeur les romances de l'été.

Il faut dire qu'entre la promesse non tenue, leur nouvelle vie stable mais sans passion et les bouleversements professionnels, tout est fait pour montrer l'histoire de Maxime et Cassandre comme une histoire inachevée qui n'a pu ni s'assouvir ni se tarir. D'autant qu'un des deux n'a voulu la fin de cette histoire, elle est juste restée en suspens suite à une incompréhension de l'un et de l'autre.

Alors bien sûr, comme dans toute romance qui se respecte, le lecteur attend que ces deux-là se retrouvent, renouent et ravivent leur flamme. Pourtant, je dois dire que j'ai apprécié le fait que chacun se comporte avec humanité à l'égard de ceux qui les entourent. Un moyen de faire moins "conte de fées" et d'apporte une touche plus réelle mais tout aussi envoûtante et touchante.

Il est vrai que les malentendus sont au coeur de cette histoire avec de nombreux rebondissements qui repoussent toujours à plus tard. Je dois d'ailleurs ouvers que j'ai été agacée, notamment par Cassandre car l'alternance des points de vue accentue le nombrilisme de l'un et de l'autre. Et s'ils m'ont touchée ils m'ont aussi donné le sentiment d'une complésance dans leur souffrance. Agaçant mais bien mené.

Côté style, j'ai adoré retrouver le style de l'autrice qui sait proposer une nouvelle fois une romance dans les règles de l'art avec tous ses codes mais avec ce petit quelque chose en plus qui rend cette lecture addictive et fine psychologue. Car si la romance est là, l'accent est aussi mis sur les modes de vie, sur le voyage aux quatre coins de l'Europe et sur le poids du passé. Bravo !

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'étais curieuse de découvrir et qui fut une lecture parfaite pour l'été, sans prise de tête, invitant au voyage et sentant bon les romances d'été. D'ailleurs, l'autrice avec son côté fleur bleue nous offre ici un espoir sur ces amourettes pour les rendre plus profondes qu'elles ne le sont bien souvent. L'occasion de donner un vrai sens à des relations en apparence superficielles.

Un magnifique roman léger et profond à la fois qui fait du bien et qui ne sera pas passé loin pour moi du coup de coeur.

Quand Joseph Meister fut sauvé par Pasteur - Lorris Murail

  

Infos sur le livre

éditions : Scrineo

date de publication : 08-09-2016

pages : 160

prix : 9,90€

 

Résumé éditeur

Joseph Meister, jeune Alsacien de dix ans à peine, est attaqué par un chien. Nous sommes en 1885. En cette fin de 19e siècle, la rage fait peur. Les cas ne sont pas très nombreux, mais une fois déclarée, la maladie est sans remède. Affolée, la mère du garçon décide de l'emmener à Paris, ayant entendu parler d'un certain chimiste qui fait des expériences sur les animaux malades de la rage. Elle parvient à dénicher ce Louis Pasteur là où il poursuit ses recherches, à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. Le savant se montre hésitant, réticent. Il a certes obtenu des résultats sur les lapins et les chiens mais répugne à franchir le pas. Il s'agit d'injecter une solution à base de matière cérébrale prélevée sur un animal enragé, après avoir laissé celle-ci se dessécher afin d'en atténuer la virulence. puis de répéter l'opération, jour après jour, grâce à des " moelles " de plus en plus fraîches, donc de plus en plus actives. Ainsi naît le principe de la vaccination. Mais, chaque jour, Pasteur sent croître son angoisse. Sauvera-t-il le petit Joseph Meister ? C'est ce que le lecteur découvrira au bout d'un insoutenable suspense ! 

 

Pourquoi ce livre ?

Très intéressée par cette petite collection, je me suis laissée tenter par ce dernier tome lors du dernier salon du livre de Montreuil.

 

De quoi est-il question ?

Nous sommes à la fin du 19ème siècle, en Alsace. La vie est paisible dans les campagne et le jeune Joseph partage son temps entre l'école et le travail de la ferme. Mais un matin, le jeune garçon n'arrive pas à l'école. En chemin, il s'est fait mordre par un chien, un chien qui a la rage. Dès lors, l'angoisse monte pour la mère de l'enfant car, à cette époque, la rage est mortelle.

Bien décidée à sauver son fils, elle décide de faire confiance aux bruits qui courrent et d'emmener Joseph à Paris pour lui faire rencontrer le Docteur Pasteur. Ce chercheur commence en effet à faire du bruit dans le milieu pour des expériences poussées sur la rage. Si jusqu'alors il n'avait fait ses expériences que sur des animaux, le jeune Joseph, condamné, sera sa chance pour vérifier ses théories.

Dès lors, l'enfant recevra chaque jour piqûres et soins dans l'espoir de faire reculer la maladie. Pasteur deviendra son confident, son ami, et une véritable relation naître entre l'adulte et l'enfant. Mais si le médecin montre au monde une véritable confiance en son travail, la réalité est toute autre et le doute finit par le submerger car comment être sûr que cet enfant vivra ?

 

Du côté de la forme...

Grande amatrice de l'histoire du 19ème siècle, je dois avouer que concernant l'histoire de Paster je n'en connaissais que les grandes lignes. Ce court roman était donc l'occasion idéale d'en apprendre un peu plus et je ressors ravie des découvertes que j'ai pu faire.

Chacun connaît le nom de Paster. On se souvient moins souvent du prénom de l'enfant et encore moins de son nom de famille. Ainsi, pour ma part, j'ignorais qu'avant d'être sauvé à Paris, l'enfant vivait dans la campagne alsacienne. Apprenant cela, on imagine mieux le courage d'une mère pour sauver son enfant et le périple pour rejoindre Pasteur.

Si ce n'est pas là le sujet principal du roman, l'auteur en profite malgré tout pour évoquer les voyages en train et la vie à la campagne à l'époque. Un beau moyen de faire un voyage dans un autre siècle et d'en apprendre un peu plus, surtout pour les jeunes, sur d'autres modes de vie pas si éloignés que cela dans le temps. Une plongée historique finement décrite.

Puis, à Paris, nous allons suivre le périple du jeune Joseph dans les coulisses de la recherche médical à une époque où ces recherches n'en sont qu'à leurs débuts. Le lecteur va donc en apprendre un peu plus sur le travail des médecins et des biologistes tout en découvrant comment se fait un vaccin. Un beau moyen de réfléchir sur ce qui, aujourd'hui, nous paraît commun et normal.

Mais ce roman va aussi se présenter comme la belle histoire d'une rencontre et d'une amitié improbable entre un médecin de renom et un jeune garçon de la campagne. Une rencontre qui va changer la vie du jeune Joseph mais surtout une rencontre touchante qui donne parfois le sentiment au lecteur de se faire voyeur dans une relation privilégiée et étonnante.

Côté style, je regrette que l'auteur ait pris le parti d'aller davantage vers le document que vers le côté romancé. En effet, on suit cette histoire comme un moment de l'histoire justement mais sans avoir le sentiment de dévorer les pages à l'image d'un roman. Pour autant, on s'attache à l'enfant et on en découvre un peu plus sur lui ce qui n'est pas inintéressant.

 

En conclusion... 

Voici un livre qui me tentait depuis sa sortie et que je n'avais jamais pris le temps de lire. Voici un roman qui a su me plonger dans une époque qui me passionne et a su m'en apprendre sur un moment de l'histoire dont je ne connaissais que les grandes lignes. Voici un roman qui m'a offert un beau moment de partage entre deux êtres que rien ne rapprochait. Un joli moment.

Un roman à conseiller à tous les amateurs d'histoires vraies, de lectures rapides et de textes qui permettent d'en apprendre un peu plus sur notre histoire.

Le baiser de la déesse - Aprilynne Pike



Infos sur le livre

éditions : Pocket Jeunesse
date de publication : 16-02-2017
pages : 336
prix : 17,90€

Résumé éditeur

Quand pour sauver l'humanité, la seule chose à faire est de trahir la personne qu'on a de plus chère... Tavia Michaels a miraculeusement survécu à un terrible crash qui a emporté ses parents. Mais peu de temps après l'accident, d'étranges événements se produisent... Qui est ce jeune homme d'un autre temps qui lui apparaît en rêve ? Et pourquoi peut-elle tout à coup faire surgir des objet comme par magie ? L'accident l'a-t-il transformée plus qu'elle ne l'aurait imaginé ? En cherchant des réponses à ces questions, Tavia va découvrir que son passé cachait des mystères aussi incroyables qu'inquiétants...

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions PKJ pour la découverte de ce roman à la couverture très attractive et au résumé plutôt tentant m'ayant permis de me replonger dans un univers young adult.

De quoi est-il question ?

Il y a quelques mois, la jeune Tavia qui, jusque là menait une vie sans histoire, a été victime d'un accident d'avion avec ses parents et des dizaines d'autres passagers. Elle seule a survécu au crash. Alors bien sûr, depuis, elle a dû déménager et doit suivre quotidiennement des séances avec sa psy, Elizabeth. Elle a aussi interdiction de parler de l'accident avec qui que ce soit.

Le seul en qui elle a confiance, c'est Benson, un garçon rencontré à la bibliothèque et qui ne la laisse pas insensible, qui en tout cas ne la regarde pas comme une bête curieuse. Avec ce garçon, Tavia se sent bien et commence à renouer avec la vie. Mais voilà que bientôt, la jeune fille commence à se sentir observée et découvre qu'elle peut, le temps de quelques secondes, faire apparaître des objets.

Devient-elle folle ? Tout est-il lié à l'accident d'avion ? Tavia va alors se lancer dans une véritable quête de la vérité d'autant que Jay et Reese, ses tuteurs, ont un comportement de plus en plus étrange vis-à-vis d'elle et commencent à avoir des conversations très énigmatiques avec Elisabeth. Plus l'enquête de Tavia avance et plus des énigmes se posent à elle pour découvrir qui elle est vraiment...

Du côté de la forme...

Il y a des couvertures comme ça qui vous attirent le regard dès que vous les voyez. Vous savez alors qu'il vous faudra tôt ou tard savoir de quoi il retourne. Alors quand le titre réfère à des sujets que vous affectionnez, vous n'hésitez plus.

Tout commence par un accident d'avion auquel nous allons assister en direct. Pas à lire avant d'entreprendre un voyage à l'autre bout du monde... Car l'auteur parvient parfaitement à nous faire ressentir dans son prologue toute l'horreur d'un tel accident. Plus efficace que si nous avions découvert Tavia directement des mois plus tard. Ici, nous savons.

Tout était prometteur dans ce roman : une jeune fille se découvrant des pouvoir magiques, des secrets bien cachés sur son histoire, des événements étranges se produisant. Et en effet, toute la première partie de ce roman est plutôt efficace avec un attachement que le lecteur éprouve pour le personnage et pas mal de questions auxquelles, à l'instar de l'héroïne, il va chercher des réponses.

De même, la relation entre Tavia et Benson m'a beaucoup touchée en ce que, bien qu'archétypale, elle apporte un peu de douceur et de stabilité dans le foisonnement d'informations. Et puis, même si cela répond à certains codes également, les questionnements que l'on peut avoir sur les autres personnages du roman fonctionnent aussi assez bien.

Le problème, c'est que ce roman était certes plein de bonnes idées, certes très intrigant au début et certes assez addictif mais l'auteure semble ne pas avoir su exploiter au mieux les idées qu'elle avait. Du coup, tout au long de ce roman, nous restons très en surface du sujet et même les personnages apparaissent finalement comme assez artificiels. C'est donc sans vraiment avoir l'impression de découvrir une histoire que nous lisons.

Question style, si l'auteur a su rendre attachante son héroïne, c'est surtout avec un sentiment de déjà vu que nous sortons de cette lecture. L'inspiration des autres est maîtresse quelque soit l'auteur mais ceci se sent-il peut-être un peu trop ici. Du coup, le roman se laisse bien lire mais sans plus, le style ne nous offre pas plus que ce que l'on peut déjà connaître.

En conclusion...

Pour un roman plutôt tentant, l'intrigue de celui-ci est assez bien menée et les idées étaient bonnes mais l'ensemble semble ne pas avoir été assez fouillée ce qui laisse un arrière-goût d'inachevé au roman et c'est dommage. Si les plus jeunes sauront apprécier la portée mythologique et l'héroïne, force est de constater que pour le lecteur averti, cela ne suffira sans doute pas.
Une suite à ce roman est sortie. Nous pourrons donc mettre les problèmes de ce roman sur le compte d'un premier tome. A voir donc...

Le ventre vide - Patrice Mestre-Faula

 

 Infos sur le livre

éditions : Edilivre

date de publication : 07-05-2018

pages : 162

prix : 14,50€


Résumé éditeur

Un rien suffit parfois pour déstabiliser un être et faire basculer sa vie. C'est ce qui va arriver à Virginia Beckett. Cette femme mariée de 37 ans, d'apparence équilibrée et bien sous tous rapports, va voir son univers s'écrouler dans le cabinet de son médecin. Elle sortira, de ce rendez-vous, fêlée, imprévisible et capable du pire. Dans ce présent dénaturé par ses peurs, ses désillusions et ses rêves, Virginia va vivre les heures qui suivent comme une succession d'opportunités inespérées, de remises en questions et de flash-back de son enfance déchirée. Dans cette descente aux enfers, saura-t-elle enfin se trouver ? Chaque être a sa zone d'ombre et chacun de nous peut, pour une quelconque raison, perdre la maîtrise et révéler une personnalité insoupçonnée…


Pourquoi ce livre ?

Merci à l'autrice d'avoir eu la gentillesse de me prêter un exemplaire de son roman afin que je puisse le découvrir. Si j'ai mis trop longtemps à m'y plonger, je l'ai finalement dévoré.


De quoi est-il question ?

Virginia a tout pour être heureuse : un mari prêt à tout pour elle et une vie posée. Chaque jour elle donne le change et sourit des petits tracas du quotidien avec bonne humeur et philosophie. Mais en vérité, au fond d'elle, Virginia est malheureuse car toutes ses tentatives, depuis des années, pour avoir un enfant, se sont soldées par un échec.

Et alors qu'elle s'apprête à faire face à un nouveau rendez-vous médical, elle réalise que son mari s'éloigne d'elle. Peut-être même qu'il la trompe... Mais cette douleur n'est rien à côté de celle de ne pouvoir être maman. Alors, lorsqu'il s'avère, une nouvelle fois, qu'elle n'est pas enceinte et qu'il est certain, cette fois, qu'elle ne pourra jamais l'être, Virginia perd pied.

Dès lors, son envie d'enfant devient un besoin, un besoin viscéral. Car après une enfance troublée et une vie de jeune femme sur des oeufs, elle sait qu'elle pourrait donner du bonheur à un enfant, plus que ces femmes qui peuvent sentir la vie grandir en elles mais ne le veulent pas. Le hasard d'une rencontre fera alors commettre à Virginia l'irréparable...


Du côté de la forme...

Ayant toujours autre chose à lire, je dois avouer que j'ai mis beaucoup de temps avant de me décider à me plonger dans ce roman dont je ne savais pas trop quoi attendre. Pourtant, dès les premières lignes je me suis laissée prendre pour une histoire incroyable.

Dès les premières lignes, comment ne pas se laisser porter par l'histoire de Virginia, par cette femme à la vie posée mais qui cache un lourd secret... Car Virginia est ce genre de personnages desquels on se sent proche car elle porte le caractère que nous sommes nombreux à avoir : cacher coûte que coûte nos profonds malêtres pour donner le change dans la société.

Si je ne suis pas familière des tourments de Virginia quant à son désir d'enfants, l'autrice a su grâce à son roman me faire ressentir les émotions que peuvent éprouver les femmes en manque d'enfant, une émotion forte qui peut mener aux portes de la folie. Car si le lecteur voit de l'extérieur Virginia sombrer, il se surprend dans le même temps à comprendre ses réactions.

Grâce au point de vue interne proposé par l'autrice, le lecteur est au plus proche de l'histoire de Virginia et se laisse troubler par son histoire. Une belle manière de montrer que nos histoires d'enfants influent sur notre vie d'adulte. C'est donc avec beaucoup de talent que l'autrice nous propose un superbe travail de psychologie qui ne laisse pas indemne.

Par ailleurs, c'est aussi avec une extrème bienveillance que l'autrice nous offre son personnage. Virginia a beau frôler la folie et se rendre malade pour un manque que seules les femmes ayant vécu cette épreuve peuvent comprendre, l'autrice ne la juge pas et lui laisse, jusqu'à la fin, le bénéfice du doute et la possibilité de revenir du monde où elle s'est perdue. Une réussite.

Côté style, même chose, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. C'est avec plaisir que j'ai ressenti dans les mots la douceur de l'autrice. Le regard qu'elle porte sur le monde, son envie de dénoncer les injustices et son désir d'une plus grande empathie entre les êtres, tout transpire de ce roman avec beaucoup de finesse et de talent.


En conclusion...

Voici un roman qui m'attendait depuis lontgtemps et que je suis ravie d'avoir enfin pu découvrir. Si ce roman est très fort en émotions, il se dévore avec ce besoin de savoir jusqu'où ira Virginia. Mais parce que l'autrice parle si bien des femmes en mal d'enfant, ces mêmes femmes pourront autant sortir plus troublées encore de cette lecture qu'apaisées de s'être senties comprises. 

Ce roman est percutant, marquant et ne laisse pas indemne. Vivement le prochain roman de l'autrice !

vendredi 14 août 2020

Si l'on me tend l'oreille - Hélène Vignal

  

Infos sur le livre

éditions : Rouergue

date de publication : 04-09-2019

pages : 284

prix : 14,50€

 

Résumé éditeur

Au Pays des Trois Provinces, les habitants sont partagés entre sédentaires et ambulants. On se méfie toujours un peu de ceux-là qui, allant de foire en foire, connaissent trop de secrets. Mais l'arrivée au pouvoir de Baryte Myrtale, un jeune roi épris de modernité, va tout bousculer : désormais, les ambulants seront assignés à un territoire. Certains d'entre eux vont refuser de perdre leur liberté. Parmi eux, Grouzna, une étrange jeune fille qui sait deviner le destin de chacun. Une fable fascinante  et poétique sur le pouvoir des histoires et la révolte collective.

 

Pourquoi ce livre ?

Depuis sa sortie, ce roman me tentait beaucoup. Je me suis finalement laissée tenter au sortir du confinement et ce fut une belle découverte.

 

De quoi est-il question ?

Afin de mettre un terme aux échanges parfois un peu trop profonds entre classes au Pays des Trois Provinces, les autorités décident de déterminer par secteurs les différentes professions permettant la bonne marche de la société. Ainsi, les manuels ne pourront plus croiser les bureaucrates. Seuls les forains et autres artistes vont au-delà des lois et traversent les secteurs.

Parce qu'ils sont un peu trop libres, ils attisent la méfiance. Alors quand les libertés sont encore un peu plus réduites, il est demandés aux ambulants de rester dans un secteur. Parce que ce n'est pas leur vie, quelques têtes brûlées vont tenter de résister au risque d'être arrêtées à tout moment. Grouzna, une jeune voyante, est de ceux-là, bien décidée à rester telle qu'elle est.

Chez les ambulants, les traditions sont nombreuses et les histoires également. Alors, chaque soir, les souvenirs fusent et redonnent un peu d'espoir pour un avenir différent où chacun retrouverait sa liberté. Au coeur de cette vie hors du temps, Grouzna lit au-delà du sensible mais n'est pas sans souhaiter, pour elle-même, un avenir meilleur.

 

Du côté de la forme...

Il y a roman jeunesse et roman jeunesse. Avec les éditions du Rouergue, j'ai toujours la certitude de plonger dans un roman sortant des clous mais également marquan et porteur d'une force restant en mémoire. Ce fut une nouvelle fois le cas ici.

Dès les premières pages, l'autrice nous plonge dans un monde qu'il est bien difficile de définir. Si on a le sentiment d'être dans une ambiance médiéval, l'ensemble donne l'impression d'un conte alors que les personnages sont porteur d'une certaine modernité faisant plus penser à notre époque moderne. Ce roman, entre réel et imaginaire, nous embarque donc dans un cadre onirique et réel à la fois.

Avec les habitants inscrits dans des secteurs, on retrouve une ambiance à la Hunger Games mais pas tout à fait. Avec Grouzna et ses compagnons, on a le sentiment d'en apprendre un peu plus sur la vie des forains mais des forains de l'ancien temps avec cette once de magie qui change tout. Avec le pouvoir en place, on s'imagine dans une modernité où l'intolérance n'a guère changé.

Pourtant, si j'ai eu un vrai coup de coeur pour l'univers décrit, pour l'onirisme en place et pour le côté "conte" de l'histoire, je dois avouer avoir eu un peu de mal à entrer dans l'histoire elle-même. Comme si le tout, présenter comme un univers à part, ne voulait pas vraiment se laisser approcher. Alors que, dans le même temps, Grouzna est un personnage qui m'a touchée par sa force de caractère et son don.

Enfin, ce roman navigue entre présent et passé avec le personnage de l'Ancienne qui va, soir après soir, conter aux autres sa propre histoire, une histoire douloureuse et assez troublante qui amène une profonde réflexion sur la vie, sur l'amour et sur le souvenir. Un lien pour amener le lecteur à mieux écouter, à son tour, les récits autour de lui.

Côté style, je suis ravie d'avoir découvert l'écriture d'une autrice qui sait parler avec une douce intelligence aux jeunes pour leur proposer un univers à part, des personnages forts et un imaginaire qui donne le sentiment d'être comme allongé sur un lit de mousse. Malgré tout, cela n'empêche pas la violence qui est présenté avec toute la force historique d'un autre temps.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait énormément et avec lequel j'ai passé un très agréable moment même si je ne m'attendais pas tout à fait à ce genre d'histoire. Voici un roman dont le cadre m'a charmée au détriment peut-être de l'histoire elle-même qui m'a donné comme le sentiment d'un rêve d'où je me suis reveillée avec plus de sensations que de souvenirs.

Un roman qui vaut le déplacement pour les amateurs de bonne littérature ado.

Avant que ma voix ne s'éteigne - Robert Hébras

 

Infos sur le livre

éditions : Elytel

date de publication : 21-04-2014

pages : 128

prix : 12€

 

Résumé éditeur

Robert Hébras, survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane, se livre à son ami Laurent Borderie, journaliste au Populaire. Confidences d'un homme unique qui se veulent être un témoignage universel pour les générations futures.

 

Pourquoi ce livre ?

Lors de la dernière édition de Lire à Limoges, je me suis laissée tenter par ce témoignage essentiel que l'éditeur m'avait, en prime, proposé de faire dédicacer...

 

De quoi est-il question ?

Le 10 juin 1944, un petit village du limousin, Oradour-sur-Glane, est pris pour cible par les soldats allemands. Hommes et femmes sont séparés. Les hommes sont fusillés, les femmes et leurs enfants enfermés dans l'église à laquelle sera mis le feu. A peine quelques survivants réchapperont de l'horreur, Robert Hébras, 19 ans à l'époque, sera de ceux-là.

En 1944, c'est de très loin que les habitants d'Oradour vivent la guerre. S'ils sont victimes de quelques restrictions et si le village a dû accueillir quelques alsaciens pendant un temps, la vie n'a pas tellement changé alors le jour du massacre c'est en toute quiétude que les habitants obéissent aux ordres jusqu'à ce que l'enfer s'ouvre devant eux tous.

Parce qu'il trouvera le courage et l'instinct de survie, restant immobile sous ses amis morts et parvenant à courir jusqu'au village voisin, Robert survivra à cette journée, se propulsant témoin d'un massacre qui lui fit perdre sa famille. Aujourd'hui, il se fait la voix d'un jeune homme qui perdit en quelques heures son enfance et son innocence...

 

Du côté de la forme...

Oradour-sur-Glane, j'y suis allée une fois, alors que j'avais une douzaine d'années. Cette "visite" m'avait profondément marquée et troublée. Et s'il existe plusieurs textes sur le sujet, la voix d'un survivant était tout à fait autre chose.

C'est sur trois tableaux que Robert Hébras nous propose son texte. Entremêlés, il nous propose donc un point de vue très historique et objectif, son histoire personnelle liée à cette journée mais aussi la vie du village et le souvenir de celui qu'il était avant le 10 juin 1944. De quoi montrer un tableau complet d'Oradour et de son histoire, de quoi entretenir la mémoire du temps de l'innocence.

 On imagine assez aisément le texte être écrit à la manière dont l'auteur conte, encore aujourd'hui, son histoire à des jeunes venant au village : avec le coeur, sans préparer son discours. On sent son envis non pas de se faire témoin de ce jour-là mais son besoin d'être une mémoire d'une horreur qui ne doit pas se reproduire.

Si l'auteur parle de cette époque, de la guerre en général et de la vie du village, l'essentiel reste bien sûr cette nécessité à parler du 10 juin et de présenter le décalage entre la pensée de l'époque et ce que l'on en sait aujourd'hui. D'ailleurs, si l'on a le sentiment par les mots de voir cette journée, il nous est impossible de la ressentir. Pourtant, ce témoignage ne doit pas tomber dans l'oubli.

C'est aussi avec force que l'auteur nous présente un regard posé sur son histoire, un regard sans rancoeur puisqu'il a à coeur de parler autant aux jeunes qu'aux adultes, autant aux français qu'aux allemands avec la même émotion. Il rend également hommage aux autres survivants. Mais survivre n'aura pas été héroïque, juste le retour de l'instinct de survie.

Bien difficile de parler de l'écriture de l'auteur si ce n'est pour dire que ce texte donne le sentiment d'avoir été écrit comme l'auteur parle. Chaque mot résonne dans l'esprit du lecteur pour s'imprégner d'une journée pas toujours connue de tous. Chaque page se tourne pour imprégner l'histoire et pour que la page symbolique de l'histoire reste marquée à jamais.

 

En conclusion... 

Voici un témoignage poignant et essentiel qui ne peut laisser insensible et qui retrace un moment de l'histoire qui ne doit pas être oublié. Comment lire ce témoignage sans ressentir le besoin d'aller à Oradour et de s'imprégner de l'horreur pour avoir, ne serait-ce qu'un peu, le sentiment de comprendre ? Et parce que l'auteur écrit comme il parle, le lecteur se sent pris à parti comme confident d'un souvenir.

Un témoignage à mettre entre toutes les mains pour que la voix de l'auteur reste gravée dans le marbre.

Fulgurante enfance - Anne Mesdon

 

 Infos sur le livre

éditions : Souny

date de publication : 06-06-2020

pages : 150

prix : 5,50€


Résumé éditeur

Hélène déteste les filles de sa classe et se bat comme un garçon. Elle fera sa communion juste pour ne pas contrarier sa mère ! À douze ans, elle pose déjà un regard exigeant sur le monde des adultes duquel elle préfère se détourner en vagabondant sur les coteaux qui entourent le village ou en retrouvant son seul ami, Charles, les jeudis. Cette vie étriquée bascule le jour où un couple d’Espagnols, fuyant le régime de Franco, débarque avec leur fille Mona du même âge qu’elle. « Des étrangers qui ne parlent même pas le français… ils viennent nous voler notre travail. » Les esprits s’échauffent dans le vignoble. L’existence y est rude. Tout peut chavirer brutalement. Hélène, l’insolente, décide de prendre Mona, la silencieuse, sous son aile. Son amitié, ses attentions, sa générosité suffiront-elles pour sortir Mona de cet univers impitoyable qu’elle découvre ?


Pourquoi ce livre ?

Grande amatrice de la maison d'édition, je me suis laissée tenter par ce roman qui sentait bon l'été et l'innocence de l'enfance.


De quoi est-il question ?

A l'heure où la modernité commence à envahir les petits villages encore très traditionnels, la jeune Hélène s'ennuie. Douée à l'école, elle porte sur le monde qui l'entoure un regard triste car elle ne s'y sent pas à sa place. Alors, pour tromper l'ennui, elle profite d'instants de quiétude dans la nature pure qui entoure le village.

Ayant fuit l'Espagne avec ses parents, la jeune Mona a bien du mal à accepter sa nouvelle venue en France d'autant que, sans parler la langue, elle sent bien cette retenue qu'ont les autres enfants et cette haine qui transpire des adultes qu'elle croise. Et alors que son père se noie dans la boisson, elle voit impuissante sa mère tenter de maintenir la famille à flot.

Le hasard mènera Hélène et Mona à se rencontrer. Sans se parler, sans comprendre la langue de l'autre, les fillettes finiront par se comprendre grâce au pouvoir du coeur et deviendront amies. Cette amitié, bien que mal vue autour d'elles, elles y tiennent et peut importe ce que les habitants pensent. Hélène fera alors tout ce qui sera en son pouvoir d'enfant pour redonner à Mona le goût de la vie et l'espoir...


Du côté de la forme...

Si j'aime les romans dits régionaux et historiques, c'est surtout pour la promesse d'une belle histoire d'amitié que je me suis plongée dans cette lecture. Et si ce roman est dur sur beaucoup de points, il est aussi la promesse de l'innocence.

Bien que n'étant pas inscrit dans une des périodes les plus dures de l'histoire, ce roman a toutefois la vocation à parler de l'immigration et de ces familles qui, pour échapper à la misère, fuient tout ce qu'ils connaissent pour espérer une vie meilleure, ailleurs. Un sujet encore trop tristement d'actualité et dont ce roman parle sans tabou.

Nous allons donc suivre l'histoire de Mona et de sa famille. Le lecteur rêverait, les voyant, plonger dans le roman pour pouvoir les aider d'autant que, dans la douleur de la perte du fils, le père va mettre sa famille plus à mal encore. L'auteure évoque alors l'effroi de l'alcoolisme sans aller trop loin mais juste assez pour montrer les autres malheurs liés à l'imigration.

Pourtant, dans tout ce malheur, Hélène va être comme un symbole d'espoir pour la jeune Mona. L'espoir d'une amitié, l'espoir d'un avenir, l'espoir d'une acceptation. De quoi montrer que l'enfance est pure quan l'âge adulte est nourri de préjugés et de haine envers ceux que l'ont ne veut ni connaître ni comprendre. De quoi faire réfléchir le lecteur sur ses propres raisonnements parfois.

Nous allons donc suivre l'histoire d'amitié entre les deux fillettes, une amitié qui tranche avec le malheur qui les accable chacune de leur côté. Cette histoire va donc faire du bien et ramener un peu d'innocence dans l'esprit du lecteur qui pourra, à travers les deux petites, retrouver un peu de son âme d'enfant dans l'odeur des foins.

C'est avec beaucoup de poésie que l'auteure nous offre un texte qui navigue entre dureté d'un quotidien et plaisirs simples. Et si le texte est au final très court, il est d'une puissance qui permet de le garder à l'esprit jusqu'à un final inattendu qui coupera tout lien avec l'enfance. L'auteure a su retrouver ses jeux d'enfant dans le texte et c'est un beau moment d'évasion qu'elle nous offre.


En conclusion...

Voici un roman qui me tentait beaucoup et qui ne pouvait se lire que pendant l'été quand le rêve et les amitiés d'un jour sont au plus haut. Voici un roman qui reprend les codes du roman régional mais joue aussi sur la psychologie de personnages victimes d'une vie qu'ils n'ont pas choisi. Voici un roman très vite lu mais qui reste en mémoire.

Une très belle lecture à conseiller à tous les amoureux de belles histoires touchantes.

Je ne suis plus toi - Elyane Rochefort

 

Infos sur le livre

éditions : Ecritorium

date de publication : 01-11-2011

pages : 364

prix : 20€

 

Résumé éditeur

"Je ne suis plus toi ! Je ne suis plus toi !". Ces mots qui dansent une sarabande macabre dans sa tête en ont fait un assassin. Un assassin glacial, implacable, qui ne trouve d'apaisement que dans la mort qu'il donne avec un sang froid reptilien, en tuant et mutilant atrocement des femmes, à la clinique des Acacias. Sa signature : une rose blanche tachée de sang sur le corps, un cheveu roux sur l'oreiller. Le commissaire Grégoire Tavernier et les experts de la scientifique parviendront-ils à mettre fin cette horreur en série ? Un thriller cruel, sanglant, où le lecteur partage l'intimité des victimes mais également celle de l'assassin, sa psychologie meurtrière, son intelligence machiavélique, sa perversité, mais aussi sa souffrance et ses désirs les plus secrets.

 

Pourquoi ce livre ?

Lors du salon de Bellerive-sur-Allier, je me suis laissée tenter par ce roman d'une auteure que je n'avais encore jamais eu l'occasion de lire. La couverture n'y est pas pour rien...

 

De quoi est-il question ?

La clinique des Acacias est une clinique réputée, notamment dans le secteur de la chirurgie esthétique où des femmes viennent dans l'espoir d'une nouvelle vie. Jusqu'à cette nuit où une jeune femme venue pour faire modifier ce nez qu'elle ne supporte plus est sauvagement assassinée, la veille de son opération.

Le commissaire Grégoire Tavernier est mis sur l'affaire mais aucune piste fiable ne semble pouvoir être retenue et l'enquête piétine. Le personnel de la clinique est mis hors de cause et la victime n'avait pas d'ennemis. Mais, surtout, le crime est trop parfait pour que le meurtrier en soit à son coup d'essais et le commissaire de prochaines victimes.

Dès lors, la clinique est mise sous surveillance mais rien n'y fait, de nouvelles femmes meurent bientôt dans les mêmes conditions sordides. Et alors que les médias commencent à s'en mêler, le meurtrier se délecte de son pouvoir sur la police mais aussi sur ses victimes. Car il n'y a désormais plus que dans ce pouvoir que le meurtrier trouve la paix dans son océan de souffrances...

 

Du côté de la forme...

En tant que grosse consommatrice de polars,il m'est désormais difficile de me laisser prendre. J'avais pourtant envie de donner sa chance à ce roman qui m'avait attirée et je suis finalement ravie de ma découverte, un peu hors du commun mais épatante.

Tout commence par un crime odieux commis dans une clinique esthétique. Autant dire que l'amateur du genre n'aura aucun mal à comprendre que les crimes ont rapport avec une haine du meurtrier à l'égard de ces femmes voulant changer de corps. Mais le pourquoi du comment reste un mystère entier et le lecteur est, dès les premières pages, pris dans un tourbillon qui ne le lâche plus.

D'autant que, bientôt, de nouveaux crimes ont lieux et le lecteur assiste à l'impuissance de la police dont le meurtrier se moque ouvertement. De fait, le lecteur a aussi le sentiment d'être mené en bâteau avec ce sentiment que quelque chose lui échappe sans parvenir à déterminer quoi. Les scènes d'horreur s'enchaînent donc entre psychologie acerbe et hémoglobine, un régal !

Et puis, bientôt, un puzzle commence à se mettre en place et l'auteure nous entraîne dans l'histoire du meurtrier, une histoire longue et douloureuse pour expliquer comment on devient un monstre. Le lecteur se sent alors pris de compassion pour le monstre tout en ayant bien du mal à comprendre comment on peut en arriver là. Une réussite !

Nous sommes là dans l'univers de la chirurgie esthétique et des femmes qui veulent changer de peau et qui, par une sombre ironie, vont payer de leur vie le fait d'avoir souhaiter améliorer ne serait-ce qu'un peu leur quotidien. Un beau moyen pour réfléchir sur notre propre vie et sur la richesse de notre quotidien, un beau moyen aussi pour montrer que la bascule vers la folie peut tous nous toucher.

Côté écriture, j'ai beaucoup apprécié le fait de suivre à la fois l'enquête comme dans un polar classique et de passer un long moment dans l'esprit du meurtrier pour découvrir tout le processus de l'horreur. Le travail de psychologie des personnages est étonnant et le caractère addictif du roman ne fait pas le moindre doute.

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'étais curieuse de découvrir sans trop savoir quoi en attendre et avec lequel j'ai passé un incroyable moment. Avec ce roman j'ai frémi, j'ai pleuré et je dois avouer que j'ai même parfois eu la nausée. Voici un polar d'une grande qualité qui mérite d'être lu du plus grand nombre et qui change de ce dont on a l'habitude.

Ce roman est pour moi un coup de coeur et je ne manquerai pas d'en lire d'autres de l'auteure très prochainement.

jeudi 13 août 2020

Liam Petitdrac - Pierre Joly

 

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 01-07-2020

pages : 229

prix : 15€

 

Résumé éditeur

La nuit est tombée, le bal des Dracs peut commencer. D'un simple "Pouf !", ils apparaissent dans les maisons des Humains du monde entier, prêts à compter le moindre des objets. Parfois, ils dénichent des trésors depuis longtemps oubliés, qu'ils dérobent sans même que vous en vous en aperceviez...


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Revoir pour ce roman qui me tentait beaucoup et que j'étais très curieuse de pouvoir découvrir. Merci à l'auteur pour sa dédicace au top.

 

De quoi est-il question ?

Lorsque Liam Petitdrac apparaît dans son trou à Dracs, il fait la connaissance de ceux qui seront ses compagnons. Comme tout Drac, il connait tout sur les Dracs. Alors dès son apparition dans son monde, il rêve de prendre son livre de comptes et d'aller compter, compter dans une maison d'humains pour pister les objets oubliés et se créer son trésor.

C'est une très belle maison du village qui retient l'attention de Liam Petitdrac. Mais dès la première nuit, son livre de comptes se conduit de manière étrange et lui permet de pulvériser tous les records d'objets perdus. Dès lors, Liam Petitdrac sait avoir trouvé son don de Drac, ce don à trouver et unique à chaque Drac. Un don qui fait d'un Drac un être essentiel.

Mais la vie d'un Drac a une faille, jamais il ne devra croiser le regard d'un humain au risque de disparaître à jamais. Pourtant, les premières craintes passées, Liam Petitdrac se prend de passion pour ces êtres qui vivent bien autrement dans cette maison qu'il compte chaque nuit. C'est alors la rencontre unique avec une petite fille qui bouleversera la vie de Liam Petitdrac.

 

Du côté de la forme...

En tant que grande amatrice de romans jeunesse et en tant qu'amoureuse de la couleur bleue (superficialité mon amie), je ne pouvais passer à côté de ce roman qui n'étais pas, dès le départ, sans me faire penser au roman de Timothée de Fombelle, Tobie Lolness.

Qu'il s'agisse de fées, d'elfes ou de toute autre créature des contes, chaque enfant y croit jusqu'au jour où il devient grand, jusqu'au jour où l'adulte en lui prend le dessus et le fait cesser de croire en l'improbable (mais pas en l'impossible). Les Dracs sont de ces êtres. Par leur disparition, le message aux enfants est clair : ne grandissez pas trop vite. Pour les adultes, l'auteur invite à un retour aux rêves d'enfants.

Dans cette histoire, nous allons donc suivre Liam Petitdrac de son apparition, non sa naissance, et dans son apprentissage de sa vie de Drac. Ainsi, nous allons être avec lui lors de la découverte de son don, lors de ses différents apprentissages. lors de ses erreurs aussi. D'autant que Liam n'est pas un Drac comme les autres, logique pour un héros, et va bouleverser tout l'univers des Dracs.

Nous retrouvons donc là les codes du roman jeunesse mais dans un imaginaire tout à fait original qui fait du bien, un imaginaire qui fera rêver les enfants et oublier aux adultes leurs problèmes du quotidien. Car comment ne pas imaginer, le soir, un Drac venir compter dans les recoins de nos maisons une fois ce roman terminé.

Par ailleurs, ce roman s'annonce comme un véritable roman d'aventure à mi-chemin entre Tobie Lolness, Robinson Crusoé et un roman de Roald Dahl. En un rien de temps, l'auteur parvient à fonder un univers clair et efficace plein de personnages aussi attachants qu'étonnants et un petit héros au caractère bien trempé qui change de ce dont on a l'habitude.

Côté style, l'auteur joue autant sur les codes du conte que sur les codes du roman d'aventure avec une petite touche de fantastique au sens premier du terme, le sens où la distinction entre réel et imaginaire est tellement floue qu'elle devient inexsitante. D'ailleurs enfants et adultes sauront chacun trouver leur compte dans ce roman qui sait raviver les rêves et l'esprit innocent.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait beaucoup et avec lequel je pensais passer un bon moment. Finalement, ma lecture a non seulement été addictive mais aussi magique et encore au-delà de ce que je pouvais en attendre avec un univers qui fait du bien et qui donne juste envie de s'y replonger au plus vite avec une nouvelle aventure de Liam ou celle d'un autre Drac.

Un magistral coup de coeur à conseiller à tous les amateurs de littérature jeunesse.

La disparue du calvaire - Jacqueline Lefort

Infos sur le livre

éditions : Mot passant

date de publication : 14-03-2019

pages : 370

prix : 19€

 

Résumé éditeur

1921. Dans un village de Haute-Loire : Léonie et Marceau ont quinze ans et s’aiment d’un tel amour que même la rivalité latente qui oppose leur famille respective n'est pas de nature à compromettre leur projet d'union future. Jusqu'au jour où Léonie disparaît mystérieusement, soi-disant victime d'un vieil ermite vivant à la périphérie du village et qui, se sentant démasqué, se serait suicidé. Mais Marceau rejette cette version qui cache en vérité un complot ourdi par certains notables à des fins mercantiles. Seul contre tous il ne peut que s'incliner devant une parodie de justice qui non seulement a sali l'honneur d'un homme mais n'a pas permis de retrouver sa petite fiancée. Il lui faudra attendre dix-sept ans avant qu'un événement analogue permette au policier qu'il est devenu de reprendre l'enquête. La disparition d'une autre jeune fille dans des circonstances à peu près semblables va le ramener sur sa terre natale, sur les traces de celle qu’il n'a jamais pu oublier...

 

Pourquoi ce livre ?

 Après plusieurs rencontres avec l'autrice, je me suis enfin décidée à acquérir ce roman lors du dernier salon de Cournon. Enfin, j'ai pu le lire.


De quoi est-il question ?

 Nous sommes en Haute-Loire, au début des années 1920. Malgré la désapprobation de leurs familles respectives Léonie et Marceau s'aiment depuis l'enfance et ont bien décidé de se marier. Alors que Marceau est parti pour la ville afin d'y devenir ingénieur, il profite de l'été pour retrouver sa douce amie dans les champs qui ont vu naître leur idylle.

Le père de Marceau, maire du village, ne voit pas d'un bon oeil que son fils aime une pauvrette et use de toute son influence pour dicter sa loi, un caractère qui lui a déjà fait perdre son fils aîné. Léonie vit dans une famille de paysans meurtrie par la deuil depuis le décès de son frère au front. Une famille au sein de laquelle la tante a pris le pouvoir alors que la mère s'occupe du père, victime d'un AVC.

Mais alors que rien ne semblait pouvoir contrer le bonheur du jeune couple, Léonie est victime d'un agression par l'homme à tout faire engagé par sa tante. Peu de temps après, elle disparaît. Marceau ne se remet pas de la perte de celle qu'il aime et décide de devenir policier. Le hasard, des années plus tard, le ramènera sur les terres de son enfance pour, peut-être, enfin, trouver les réponses à ce qui le ronge.

 

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de pure roman de terroir et ce roman attendant dans ma pal était l'occasion. J'étais donc curieuse de voir ce que cette lecture allait donner et je dois dire que je ne m'attendais pas à un tel moment de lecture !

Tout commence, comme on peut s'y attendre, par une histoire d'amour contrariée due à des divergeances entre familles d'un même petit village. Une thématique certes qui commune mais qui a l'intérêt de toujours être efficace. D'ailleurs, l'histoire entre Marceau et Léonie est belle, digne des romances comme on les aime et pleine d'espoir.

Mais ce roman nous propulse au sortir de la première guerre mondiale d'où des esrpits déroutés, perdus et des familles détruites. C'est notamment le cas de celle de Léonie avec le décès du frère et la maladie du père. De quoi montrer que, partout en France, la guerre ne s'arrêta pas avec la fin des combats. Une époque en proie également à la modernité et au besoin de faire évoluer ces villages.

Nous sommes donc dans du terroir pur et très efficace avec, comme il se doit, les mentalités patriarcales et la culpabilisation des femmes qui n'ont d'autre choix que de taire les agressions qu'elles subissent. Ce roman est donc aussi un roman sur la place de la femme et une réflexion sur les traditions et les pensées qui ont pu détruire des centaines de femmes.

Et puis, quand Léonie disparaît, le roman bascule dans un genre plus polar avec la volonté de Marceau de retrouver celle qu'il aime. Cette disparition fera évoluer les esprits et mener vers l'avenir. Le lecteur est donc amener à réfléchir sur les raisons de cette disparition et se retrouvera, des années plus tard, au l'aube de la seconde guerre avec un meurtre et des thématiques historiques moins connues.

Côté style, je le résumerais en un mot : "addictif". Une fois le roman commencé, impossible de le lâcher avant d'en avoir eu le fin mot avec des rebondissements inattendues, une ambiance terroir comme je les aime mais surtout une réflexion sur une époque et sur ce qu'un rien peut provoquer dans une vie. Un style qui sait mener le suspens tout en jouant sur l'histoire. Une réussite !

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire depuis longtemps mais avec lequel je ne m'attendais pas à passer un si bon moment. Voici un roman qui a su me propulser dans un autre temps et dans des familles troublantes et troublées. Voici un roman qui fait du bien et dont on ne voit pas venir la fin pour le plus grand plaisir du lecteur. Un gros coup de coeur pour moi.

Un livre à conseiller à tous les amateurs du genre. 

dimanche 2 août 2020

Yardam - Aurélie Wellenstein



Infos sur le livre

éditions : Scrineo
date de publication : 19-03-2020
pages : 480
prix : 20€

Résumé éditeur

À Yardam, la folie est sexuellement transmissible. La population est piégée par la quarantaine dans l'espoir d'endiguer l'épidémie. Porteur du virus, Kazan se débat avec ses démons au point qu'il ne sait plus s'il les aime ou s'il les hait. Le salut viendra-t-il de ce couple de médecins étrangers venus s'enfermer volontairement dans la cité pour trouver un remède au terrible mal qui s'étend entre ses murs ?

Pourquoi ce livre ?

Attendant ce roman depuis son annonce, c'est sans hésité que je me suis précipitée chez mon libraire dès la sortie du confinement pour me l'offrir et m'y plonger.

De quoi est-il question ?

Nous voici à Yardam, une petite ville où la criminalité et la folie sont maîtresses. Nombreux sont ceux atteints de folie meurtrière car chacun est rongé par des démons et des âmes qu'il dévore sitôt une relation sexuelle est en jeu. Les malades aspirent les âmes et doivent, par la suite, vivre avec à l'image de Kazan, jeune homme voleur et tueur.

Afin de mettre un terme à tous ces crimes et à cette propagation, des médecins décident de mettre la ville en quarentaine. Mais Kazan, avide de liberté, décide de fuir quite à mettre à danger les êtres au-delà de la frontière de la ville. Quand un couple de médecins franchit les frontières pour s'intégrer à la ville et trouver un vaccin de l'intérieur, Kazan y voit sa chance.

Mais parce qu'il ne peut contenir sa propre folie, Kazan n'hésitera pas à dévorer la femme médecin et à retenir son âme en lui-même. Dès lors, pour la sauver et pour éviter une propagation sans précédent de l'épidémie, Kazan n'aura d'autre choix que de s'unir à l'époux, en rage contre, même si pour cela il découvrira des secrets jalousement gardés.

Du côté de la forme...

Passionnée par les romans de l'autrice, j'attendais avec la plus vive impatience de pouvoir me plonger dans ce roman et le fait est que dès que je l'ai pu j'ai voulu m'y plonger. Le sujet me paraissait prometteur, un peu d'actualité et surtout très original. Mais je reste dubitative au sortir de ma lecture.

Tout me paraissait très prometteur avec ce roman. Malheureusement, une fois les premières pages passées, je me suis rendue compte que j'avais un peu de mal à rentrer dedans, à éprouver de l'empathie pour le personnage et, surtout, à ma représenter la ville et l'univers que l'autrice voulait me proposer. Bref, je me sentais comme restant extérieure à l'intrigue.

Peu à peu, j'ai malgré tout réussi à m'attacher à Kazan et à sa personnalité bien qu'il s'agisse typiquement d'un anti-héros, loin d'être parfait et même plutôt du mauvais côté de la barrière. Peu à peu, j'ai eu envie de le suivre dans son histoire et me suis retrouvée embarquée dans ses propres doutes. Alors quand ses agissements ne sont pas louables, on se surprend à le comprendre.

Côté émotions et empathie, les nerfs du lecteur sont mis à rude épreuve sans qu'il ne sache vraiment ce qu'il convient d'éprouver et pour qui. Et le fait est que ça marche. Alors, quand la colaboration entre Kazan et Féliks, le médecin, s'impose, le lecteur ne sait une nouvelle fois plus trop que penser si ce n'est qu'il a envie de savoir et qu'il suivra ce drôle de duo jusqu'au bout.

Si ce roman a tout du roman d'anticipation et de la dystopie, il porte également une part qui n'est pas sans faire penser à une ambiance thriller avec des événements durs, des descriptions terribles et des montées de l'angoisse bien menées. Certaines scènes sont dérangeantes à souhait et même parfois à donner la nausée, comme sait si bien le faire l'autrice.

C'est donc le style si fort et si intense de l'autrice que l'on retrouve ici avec sa capacité à nous faire réfléchir sur des sujets étonnants et pourtant terribles. Les descriptions sont magistrales et les personnages épatants même si l'ensemble, trop bien approfondi, nous plonge dans un univers dans lequel je n'ai jamais vraiment réussi à me sentir partie prenante.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais avec la plus vive impatience mais dont je ressors malheureureusement mitigée. Si je reconnais le talent de l'autrice à nous offrir un univers original, des personnages différents et une intrigue forte, je n'ai pas réussi à totalement entrer dans cette histoire et à me laisser porter. Peut-être faudra-t-il que je le relise à l'occasion.
Un très bon roman de l'autrice à découvrir par soi-même et qui mérite que l'on s'y attarde. 

Un jour ma princesse viendra - Jen Calonita


Infos sur le livre

éditions : Hachette
date de publication : 10-06-2020
pages : 320
prix : 16,90€

Résumé éditeur

Le royaume est tombé entre les mains de la belle-mère de Blanche-Neige. Blanche fait profil bas au château, espérant tirer le meilleur parti de sa situation. Mais quand de mystérieuses informations à propos de ses parents refont surface et qu’un nouveau complot visant à la tuer tourne mal, Blanche décide d’agir. Accompagnée d’une bande de nains farouches, d’un prince qu’elle pensait ne jamais revoir, et d’un inconnu énigmatique tout droit surgi de son passé, Blanche part en croisade contre la Méchante Reine pour récupérer son royaume. Aura-t-elle le pouvoir vaincre un ennemi qui connaît le moindre de ses faits et gestes  ? Un ennemi qui ne renoncera pas – sous aucun prétexte – à conserver son trône  ? Car la Méchante Reine ne reculera devant rien, quitte à abattre tous les êtres chers à Blanche…

Pourquoi ce livre ?

Parce que je suis fan de la collection Twisted Tale, c'est sans hésité que je me suis offert, dès sa sortie, ce nouveau volet bien que Blanche-Neige ne soit pas mon conte favori.

De quoi est-il question ?

Après une enfance terrible auprès d'un père qui les maltraitait sa soeur et elle, la reine Katherine et sa soeur Ingrid ont trouvé refuge chez un paysan de la région. Mais la douleur a fait des deux soeurs deux jeunes filles aux caractères bien distincts. Alors que Katherine ne souhaite qu'apporter du bonheur autour d'elle, Ingrid ne comprend pas pourquoi elle donnerait à d'autres ce qu'elle n'a pas eu. 

Des années plus tard, devenue reine du royaume suite à la mort de sa soeur et à la disparition du roi, Ingrid est devenue follement jalouse de la beauté de sa nièce Blanche. Guidée par un miroir magique, elle ne souhaite qu'être la plus puissante, la plus belle du royaume. Incapable de dompter sa rage, elle décidera de faire tuer Blanche.

Parce que le chasseur permettra à la princesse de s'évader, Blanche trouvera refuge dans la demeure des nains alors qu'elle découvre que le royaume de son père est en danger. Elle décidera donc d'aller au combat pour retrouver sa plac et sauver son peuple. Mais le prince reste le dernier obstacle au pouvoir de la reine qui décidera de l'empoisonner pour que la princesse le croit mort...

Du côté de la forme...

Blanche-Neige est un conte au fort potentiel dont le dessin-animé reste relativement éliptique ce qui ouvrait de nombreuses possibilités. Malheureusement, trop de possibilités tue la possibilité et ce twisted tale ne m'a pas autant convaincue que je le souhaitais.
Pour avoir lu récemment la version Villains de l'histoire de Blanche-Neige, je dois avouer que ce roman m'a semblé se rapprocher un peu plus de cette collection-là que de la collection Twisted tale. En effet, ce roman s'attache une nouvelle fois beaucoup au passé de la méchante reine, son enfance et les raisons qui l'ont rendue cruelle.

Une nouvelle fois, le miroir est présenté comme un personnage à part entière et la jalousie est au coeur de tout. Mais si l'idée était une nouvelle fois bonne, le lecteur s'aperçoit que l'histoire n'est finalement guère différente de celle qu'il connaît. Du coup, le principe de la collection est dévié et c'est dommage car même le prince ensorcelé ne survient qu'à la fois.

Je dirais donc que ce roman approndit le film que l'on connaît en y apportant de la profondeur : la jeunesse de la reine, l'enfance de Blanche, la disparition du père ou encore l'état du royaume dont nous ne savons finalement rien dans la version d'origine. Blanche prend alors une autre dimmension lorsqu'elle décide d'agir pour son peuple et cela était appréciable.

Cependant, le roman m'a donné le sentiment de sonner faux avec des personnages qui ne fonctionnaient pas aussi bien que je l'aurais voulu. Les nains ne sont pas assez présents, Blanche se bat sans trop savoir comment et le prince est plus ou moins insignifiant. Seul le passé de la reine apporte un vrai plus à l'ensemble.

Côté style, je dois avouer que je suis également un peu déçue dans le sent où je n'ai pas eu le sentiment que l'autrice parvenait vraiment à jouer avec les codes de l'histoire. Les caractères des personnages sont inventés de toutes pièces et l'ensemble de fonctionne finalement pas si bien. Par ailleurs, le changement majeur arrivant trop tard, il apparaît comme artificiel, dommage.

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait beaucoup mais dont je ressors finalement déçue. Prometteur, certes, ce roman ne parvient pas à jouer avec les codes de Blanche-Neige. Les personnages restent superficiels et le twisted tale ne sert que de prétexte à conter le passé de la méchante reine qui reste le seul point vraiment fort de l'ensemble.
Ce roman est à avoir dans sa collection pour le fait de la collection mais pas forcément le premier à lire de la série.