samedi 15 août 2020

Le chien noir - Lucie Baratte

  

Infos sur le livre

éditions : édition du typhon

date de publication  : 11-03-2020

pages : 188

prix : 17€

 

Résumé éditeur

"Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres, qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre. Dans un pays lointain, la jeune Eugénie est mariée de force au mystérieux Roi Barbiche par son père. Commence alors pour elle un voyage aux confins du monde qui l'entrainera dans un château rempli de noirceur. Pensé à la fois comme une relecture de Barbe-bleue, une réponse littéraire aux contes précieux du XVIIIe siècle et aux romans magiques d'Angela Carter, ""Le chien noir"" s'inscrit dans une histoire féminine de la littérature. Celle d'Anaïs Nin, de Mary Webb, en passant par les soeurs Brontë?"

 

Pourquoi ce livre ?

Au sortir du confinement, je souhaitais donner leur chance à de petites maisons d'édition et ce livre m'est tombé sous la main en librairie. Je me suis donc laissée tenter.

 

De quoi est-il question ?

Il était une fois une jeune fille au caractère fort qui vivait dans un royaume où son père, le roi, gouvernait de façon cruelle. Nul n'osait le contrarier si ce n'est sa fille qui, avide de liberté, n'hésitait pas à braver l'autorité. Cette force de rébellion, son père la tolérait jusqu'au jour où la princesse dépassa les bornes. Son père l'enferma alors dans une tour.

Eugénie ne sera autorisée à sortir que si un homme plus riche et plus puissant que son père demande sa main. Les jours et les semaines de solitude commencent donc, interminables, pour la princesse qui rêve de liberté et d'une autre vie. Jusqu'au jour où un roi tombe sous le charme d'Eugénie et décide de la ramener dans son royaume pour l'épouser.

Sur le chemin, Eugénie tombe sous le charme d'un vieux chien laissé pour mort. Dans son nouveau chateau, Eugénie est comme une reine mais une ambiance étrange l'enveloppe. D'autant que son nouveau mari semble cacher plus d'un secret et notamment des horreurs dans différentes  pièces de la demeure. Lorsqu'il la laisse seule avec le serviteur et un jeu de clés, la tentation devient grande...

 

Du côté de la forme...

Vous le savez, je suis une grande amatrice de réécritures de contes. Je suis aussi issue d'études de littérature. Un roman s'annonçant comme un habile mélange des deux et, en plus, chez un petit éditeur ayant besoin de soutien, je ne pouvais passer à côté.

"Il était une fois". Cette phrase culte des débuts de contes et reconnaissables entre toutes fait aussi l'objet du début de ce roman. Du début du roman, oui, mais aussi de chaque début de chapitre ce qui provoque un martèlement de l'esprit du conte. Un jeu de style assez perturbant et qui rend compte du faux esprit féérique auquel on aura pu croire dans les premières pages.

Très vite, le lecteur se rend en effet compte que ce qu'il croyait être une réécriture de conte va en effet aller beaucoup plus loin. L'ambiance, déjà sombre au départ, va encore peu à peu s'assombrir et offrir au lecteur une vision inversée du conte de fée. Chaque chapitre sera pire que le précédant sans que le lecteur ne sache vraiment s'il est dans un monde de cauchmar ou dans une symbolique forte de l'enfer.

Avec ce roman, l'autrice joue sur les codes de différents contes mais met surtout l'accent sur Barbe-Bleue en rendant plus terrible encore cette histoire déjà violente. On retrouve la thématique de la princesse enfermée dans sa tour et de l'animal magique qui va aider à sa manière. On retrouve enfin le côté magique des créatures imaginaires sans que l'on ne sache vraiment de quoi il s'agit.

Si nous sommes dans un huis-clos et si le lecteur sera surtout confronté au personnage d'Eugénie, l'ambiance semble se présenter comme un personnage à part entière quand les autres "vrais" personnages du roman apparaissent comme des fantômes. La violence est maîtresse dans ce roman et le lecteur retrouve les hypotextes avec un souffle de modernité.

Mais surtout, ce que je retiendrai de ce roman, c'est sa haute qualité littéraire. Le style est manié avec soin, les codes également. Si l'auteur maîtrise le genre du conte, sait créer une ambiance, sait imposer un personnage et sait aller au plus loin de l'imaginaire, elle sait aussi manier les mots avec soin et chaque phrase pourrait être étudiée dans son style et ses différents niveaux de lectures. Du grand style !

 

En conclusion... 

Voici un roman que j'ai découvert par hasard et qui m'a permis de passer un très agréable moment tant au niveau de l'intrigue qu'au niveau de l'écriture. Voici un roman qui fait du bien tout en imposant l'angoisse. Voici un roman qui change de ce dont on a l'habitude tout en s'imprégnant des réécritures de contes. Une des meilleures que j'ai lu.

Un magnifique roman à faire connaître à tous les amateurs de belle langue.

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