Infos sur le livre
éditions : Elytel
date de publication : 21-04-2014
pages : 128
prix : 12€
Résumé éditeur
Robert Hébras, survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane, se livre à son ami Laurent Borderie, journaliste au Populaire. Confidences d'un homme unique qui se veulent être un témoignage universel pour les générations futures.
Pourquoi ce livre ?
Lors de la dernière édition de Lire à Limoges, je me suis laissée tenter par ce témoignage essentiel que l'éditeur m'avait, en prime, proposé de faire dédicacer...
De quoi est-il question ?
Le 10 juin 1944, un petit village du limousin, Oradour-sur-Glane, est pris pour cible par les soldats allemands. Hommes et femmes sont séparés. Les hommes sont fusillés, les femmes et leurs enfants enfermés dans l'église à laquelle sera mis le feu. A peine quelques survivants réchapperont de l'horreur, Robert Hébras, 19 ans à l'époque, sera de ceux-là.
En 1944, c'est de très loin que les habitants d'Oradour vivent la guerre. S'ils sont victimes de quelques restrictions et si le village a dû accueillir quelques alsaciens pendant un temps, la vie n'a pas tellement changé alors le jour du massacre c'est en toute quiétude que les habitants obéissent aux ordres jusqu'à ce que l'enfer s'ouvre devant eux tous.
Parce qu'il trouvera le courage et l'instinct de survie, restant immobile sous ses amis morts et parvenant à courir jusqu'au village voisin, Robert survivra à cette journée, se propulsant témoin d'un massacre qui lui fit perdre sa famille. Aujourd'hui, il se fait la voix d'un jeune homme qui perdit en quelques heures son enfance et son innocence...
Du côté de la forme...
Oradour-sur-Glane, j'y suis allée une fois, alors que j'avais une douzaine d'années. Cette "visite" m'avait profondément marquée et troublée. Et s'il existe plusieurs textes sur le sujet, la voix d'un survivant était tout à fait autre chose.
C'est sur trois tableaux que Robert Hébras nous propose son texte. Entremêlés, il nous propose donc un point de vue très historique et objectif, son histoire personnelle liée à cette journée mais aussi la vie du village et le souvenir de celui qu'il était avant le 10 juin 1944. De quoi montrer un tableau complet d'Oradour et de son histoire, de quoi entretenir la mémoire du temps de l'innocence.
On imagine assez aisément le texte être écrit à la manière dont l'auteur conte, encore aujourd'hui, son histoire à des jeunes venant au village : avec le coeur, sans préparer son discours. On sent son envis non pas de se faire témoin de ce jour-là mais son besoin d'être une mémoire d'une horreur qui ne doit pas se reproduire.
Si l'auteur parle de cette époque, de la guerre en général et de la vie du village, l'essentiel reste bien sûr cette nécessité à parler du 10 juin et de présenter le décalage entre la pensée de l'époque et ce que l'on en sait aujourd'hui. D'ailleurs, si l'on a le sentiment par les mots de voir cette journée, il nous est impossible de la ressentir. Pourtant, ce témoignage ne doit pas tomber dans l'oubli.
C'est aussi avec force que l'auteur nous présente un regard posé sur son histoire, un regard sans rancoeur puisqu'il a à coeur de parler autant aux jeunes qu'aux adultes, autant aux français qu'aux allemands avec la même émotion. Il rend également hommage aux autres survivants. Mais survivre n'aura pas été héroïque, juste le retour de l'instinct de survie.
Bien difficile de parler de l'écriture de l'auteur si ce n'est pour dire que ce texte donne le sentiment d'avoir été écrit comme l'auteur parle. Chaque mot résonne dans l'esprit du lecteur pour s'imprégner d'une journée pas toujours connue de tous. Chaque page se tourne pour imprégner l'histoire et pour que la page symbolique de l'histoire reste marquée à jamais.
En conclusion...
Voici un témoignage poignant et essentiel qui ne peut laisser insensible et qui retrace un moment de l'histoire qui ne doit pas être oublié. Comment lire ce témoignage sans ressentir le besoin d'aller à Oradour et de s'imprégner de l'horreur pour avoir, ne serait-ce qu'un peu, le sentiment de comprendre ? Et parce que l'auteur écrit comme il parle, le lecteur se sent pris à parti comme confident d'un souvenir.
Un témoignage à mettre entre toutes les mains pour que la voix de l'auteur reste gravée dans le marbre.
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