vendredi 17 janvier 2020

Le maître des livres, 1 - Umiharu Shinohara



Infos sur le livre

éditions : Kommiku
date de publication : 28-08-2014
pages : 192
prix : 8,50€

Résumé éditeur

Suivez le quotidien d'un excellent bibliothécaire qui parvient à changer la vie de ceux qu'il conseille dans leur lecture. Les aventures incroyables et merveilleurses d'un sommelier des livres. Une vraie leçon de dégustation des grands classiques de la littérature. À la bibliothèque pour enfants "La rose trémière' vous êtes accueillis et conseillés par Mikoshiba, un bibliothécaire binoclard célèbre pour son caractère bien trempé. Mais contrairement à ce qu'il peut laisser paraître, c'est un professionnel de premier ordre. Aujourd'hui encore, adultes comme enfants perdus dans leur vie viennent à lui en espérant qu'il leur trouvera le livre salvateur.

Pourquoi ce livre ?

Merci à ma super coupine Sylvie qui m'a fait découvrir ce manga sur lequel je ne me serais sans doute pas retournée outre mesure.

De quoi est-il question ?

Au Japon, il est une bibliothèque différente de toutes les autres, une bibliothèque dont le propriétaire est un homme sévère et grognon mais également passionné. Cette bibliothèque c'est celle de Mikoshiba qui a décidé de consacrer sa vie aux livres et plus particulièrement aux livres pour enfants afin d'amener les plus jeunes au plaisir simple de lire.

Alors, lorsque rentrent dans sa librairie des adultes condescendants ou des âmes en peine, le sang du bibliothécaire ne fait qu'un tour. Et s'il peut parfois se montrer dur en remettant ceux qui ne lui reviennent pas à leur place, il sait aussi faire montre de patience tout en choisissant toujours le titre idéal qui donnera au lecteur une autre vision du monde.

Du côté de la forme...

Le manga n'est pas le genre que je lis le plus mais, de temps en temps, j'aime faire une petite découverte. Ce titre-ci était donc l'occasion ne serait-ce que pour me faire une idée mais c'est malheureusement mitigée que je ressors de ma lecture.

Une histoire se déroulant au coeur d'une bibliothèque et dans l'amour des livres, voilà qui avait de quoi me tenter, et pas qu'un peu. Et en effet, j'ai plutôt bien aimé l'atmosphère qui transpire de cette histoire et qui ne saura que toucher au coeur tous les amoureux des livres. Et si le bibliothécaire est un peu impressionnant, il reflète l'image que nous avons de ce métier quand on est enfant.

Dans un seul tout, plusieurs petites histoires vont se succéder avec, pour fil conducteur, la découverte d'un livre, ce livre qui est capable de changer votre vie et votre façon d'être. La vision la plus que l'on puisse avoir du livre même si l'idée même est un peu clichée. Et le fait que ça marche car nous avons tous ce livre qui nous correspond et nous fait du bien quoi qu'il advienne.

Le livre change la vie des gens et c'est ce qui est personnifié ici non sans rappeler des grands classiques de la littérature où le jeune héros lecteur, dans une parfaite mise en abime, s'évade dans un autre monde : L'enfant de Jules Vallès, Madame Bovary et j'en passe. Le livre fait grandir et permet de devenir autre et le bibliothécaire de cette histoire représente à merveille cet état d'esprit.

Malheureusement, je suis un peu restée sur ma faim malgré tout avec cette lecture car chacun des petites histoires contées m'a semblé être comme dans un état d'urgence qui aurait mérité d'être davantage développé. Et même le fil conducteur de l'adulte qui évolue au fil des pages m'a semblé un peu artificiel. Bref, malgré toute sa poésie, ce manga je n'y ai pas cru.

Côté style nous sommes dans le style pur et simple du manga tant au niveau de l'écriture qu'au niveau des illustrations. La lecture est aisée et regorge de références mais j'ai eu le sentiment que tout ceci manquait d'authenticité. Dommage. Et si le dessin ne suit plutôt bien, je n'y pas trouvé cette patte "artistique" que j'aime tant dans ce genre-là.

En conclusion...

J'étais plutôt intriguée par ce titre et je suis assez contente d'avoir eu la chance de le découvrir même si c'est mitigée que j'en ressors. Car si j'ai aimé l'univers, le parti pris et le message transmis, je n'ai pas réussi à me laisser porter par l'ensemble et à entrer pleinement dans la vie de ce bibliothécaire hors norme. De fait, j'ignore si je lirai la suite de la série.
Un petit livre à découvrir malgré tout pour se plonger dans l'amour des livres, une opinion à vous faire.

Complot - Nicolas Beuglet



Infos sur le livre

éditions : XO
date de publication : 16-05-2018
pages
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Un archipel isolé au nord de la Norvège, battu par les vents. Et, au bord de la falaise, le corps nu et martyrisé d'une femme. Les blessures qui déchirent sa chair semblent être autant de symboles mystérieux. Quand l'inspectrice Sarah Geringën, escortée par les forces spéciales, apprend l'identité de la victime, c'est le choc. Le cadavre est celui de la Première ministre. Qui en voulait à la chef de gouvernement ? Que cachait-elle sur cette île, dans un sanctuaire en béton enfoui au pied du phare ? Sarah, très vite, le pressent : la scène du crime signe le début d'une terrifiante série meurtrière. Dans son enquête, curieusement, quelqu'un semble toujours la devancer. Comme si cette ombre pouvait lire dans ses pensées... De la Norvège à la vieille cité de Byblos, et jusqu'au cœur même du Vatican, c'est l'odeur d'un complot implacable qui accompagne chacun de ses pas. Et dans cette lutte à mort, Sarah va devoir faire face à ses peurs les plus profondes. à ses vérités les plus enfouies...

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions XO grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce deuxième roman de Nicolas Beuglet, repéré avec son premier roman et avec qui il va falloir désormais compter.

De quoi est-il question ?

À peine remise de sa précédente enquête qui l'a conduite aux confins du monde, Sarah Geringën doit se rendre au Nord de la Norvège. Au bord d'une falaise secouée avec les vents, une femme vient d'être retrouvée morte. Son corps est maculé et martyrisé. Mais le pire reste à venir car le femme en question n'est autre que la Première Ministre du pays.

Dès lors, l'affaire n'est plus seulement sordide, elle devient politique. Et pour Sarah, il s'agit de la jouer très fine car, dans l'ombre, quelqu'un semble bien être décidé à lui nuire. Force est de constater que, sans doute, la première ministre cachait des secrets bien enfouis et que quelqu'un aura voulu la faire taire.

Mais bientôt, pour Sarah, l'évidence se fait : la question de l'assassinat de la dame dépasse les frontières de la Norvège et elle devra aller chercher très loin des réponses au risque de se mettre en danger et de dévoiler des secrets insoupçonnés alors qu'elle doit faire elle-même avec ses propres secrets et ses propres risques pris...

Du côté de la forme...

Nicolas Beuglet m'avait on ne peut plus convaincue avec son premier roman. Alors, bien sûr, lorsque j'ai vu qu'un nouvel opus sortait, je n'ai pas hésité très longtemps. Je l'ai lu mais malheureusement il m'a fallu du temps pour trouver les mots afin de parler de ce deuxième roman.

Au début de ma lecture, j'étais emballée. Une nouvelle enquête, entre questionnements personnels et questionnements politiques, un coin reculé de la Norvège. Il y avait là tout pour que je passe un bon moment mais, si j'ai été frappée par l'intrigue, force est de constater que je me suis laissée dévorer par l'incompréhension. Sans doute le moment n'était-il pas le bon pour moi pour ce roman.

J'ai pourtant aimé retrouver Sarah et en apprendre un peu plus sur sa vie personnelle, une vie qui nous la rend touchante et qui explique pas mal de choses sur son caractère de chien. Et parce que les polars politiques sont parfois assez denses, cette part de vie personnelle apporte une touche différente à l'intrigue qui accentue le côté thriller. Toujours bon à prendre.

Et puis, contre toute attente, ce roman va nous entraîner à travers le monde et dans des pays auxquels on ne s'attend pas ce qui une riche idée même si, là encore, j'ai eu le sentiment de me perdre un peu sans trop savoir où l'auteur voulait me mener. Peut-être l'action était-elle trop rapide, peut-être les connecteurs logiques pas assez présents, peut-être les rebondissements trop nombreux.

Avec ce roman, je peux cependant dire que j'en ai appris un peu plus sur la Norvège, sur ses décors et sur son système politique. Un beau moyen pour l'auteur de nous faire découvrir ce pays à la fois tellement pris comme exemple et à la fois comme hors du temps, hors de notre champ de vision. L'auteur aime en parler et ça se sent.

Côté écriture, Nicolas Beuglet confirme sa capacité à l'intrigue et au polar, nous fait vivre chaque instant et approfondi un personne auquel on croit de plus en plus. Et si je me suis parfois sentie un peu perdue, si la fin est horrible pour le lecteur, force est de constater que ça marche et qu'une fois le roman commencé, il est impossible de le lâcher.

En conclusion...

Voici un roman que j'étais curieuse de découvrir et avec lequel j'ai passé un bon moment mais dont j'attendais sans doute trop suite à ma superbe découverte du premier opus. J'ai aimé en apprendre plus sur Sarah et sur la Norvège tout en ayant envie, dès le roman achevé, de me plonger dans la suite pour avoir des réponses à mes questions restées en suspens.
Voici un roman qui confirme un nouveau grand nom du polar français.

Chaussure à son pied - Marianne Lévy



Infos sur le livre

éditions : Pygmalion
date de publication : 30-01-2019
pages : 384
prix : 17,90€

Résumé éditeur

Ressembler à Hugh Grant ? Sur le papier, c'est un peu le fantasme de tous les célibataires... dans la réalité, c'est, disons, compliqué à assumer. Surtout quand on s'appelle Samuel, qu'on vit à Londres, que sa colocataire a décidé que l'une de ses missions sur Terre était de vous caser pour démontrer que Cendrillon est plus qu'un conte de fées. Et qu'on désire devenir le nouveau Shakespeare. Il ne pouvait pas prévoir que pour réaliser son rêve, il serait obligé de jouer les princes charmants. Soit son pire cauchemar...

Pourquoi ce livre ?

Quand tu découvres une autrice en auto-édition et que tu la retrouves quelques années plus tard chez l'un des meilleurs éditeurs de romances, tu n'hésite pas longtemps et te laisse tenter.

De quoi est-il question ?

Bien qu'ayant une ressemblance sans vergogne avec Hugh Grant, Samuel est loin d'être le prince charmant idéal de ces dames. Trop introverti, trop solitaire et plus passionné par l'écriture que par la gente féminine, il fait plutôt comme il peut entre une colocataire qui souhaite à tout prix le caser et sa vie d'artiste en suspens.

Afin de sortir de sa routine, Samuel va poser sa candidature pour un concours d'écriture intitulé "The Pen". L'occasion pour lui de sortir de l'anonymat et de voir si ce qu'il écrit peut, potentiellement, valoir quelque chose. Et bien sûr, ses amis sont aux premières loges pour être critiques de cette romance grandement inspirée de la vie de l'auteur.

Car pour entrer dans le monde des auteurs reconnus, Samuel va devoir entreprendre un jeu avec une jeune femme, un jeu pour prouver et se prouver que le mythe de Cendrillon est encore bien réel et qu'il convient toujours de croire en la magie de l'amour. Même si dernier n'apparaît pas toujours comme on pouvait l'imaginer.

Du côté de la forme...

Une autrice qui a su toucher mon petit coeur, une référence à Cendrillon et une romance légère sans le monde de l'édition, il ne m'en fallait pas plus pour avoir avoir envie de me plonger dans ce roman, roman d'une autrice qui a dû faire ses preuves par la petite porte de l'auto-édition.

Une femme qui écrit du point de vue d'un homme, c'est assez rare pour être remarqué. Et il est vrai que Marianne Lévy s'y emploie très bien en nous plongeant à travers le regard de Samuel. De quoi remettre les pendules à l'heure car si Samuel a un physique ravageur, sa confiance en lui frôle les pâquerettes. Comme quoi, le physique ne fait pas tout.

Samuel est un passionné d'écriture et pourtant, l'esprit conte de fée, ce n'est pas pour lui. L'autrice joue alors sur la dualité entre réalité et fiction. Comment inventer une histoire de toutes pièces en se servant de soi-même ? Comment rester fidèle à un célibat endurci quand on a envie de parler d'histoires d'amour.

Ce roman est donc un roman qui parle de précédés d'écriture et de maison d'édition ce qui est plutôt pas mal. La mise en abime est également très intéressante avec le roman retranscrit et les retours de lectures qui entrent eux-mêmes dans le roman de la première autrice. Malheureusement, ce joyeux mélange a aussi de quoi perturber ce qui pourra décourager certains lecteurs.

Si tout est fait pour nous offrir une romance en bonne et due forme, force est de constater que nous sommes bien au-delà de cela avec des jeux de références qui ne manquent pas de piquant. Des références citées, certes, mais aussi des références intrinsèques. Car comment être face à des jeux littéraire sans penser à l'Oulipo, aux correspondances classiques ou même aux Liaisons dangereuses ?

Le style de Marianne Lévy n'est pas forcément un style facile. C'est un style qui laisse la part belle à l'imaginaire du lecteur. C'est un style de tous les possibles laissant une part de vie intime aux personnages tout en nous en offrant d'autres complètement déjantés, le genre d'amis dont on rêve tous et qui apportent une touche de folie à l'ensemble.

En conclusion...


Si ce roman a été, sur le fond comme sur la forme, une réelle surprise, j'ai passé un agréable moment avec Samuel. Plus jamais je ne verrai Cendrillon de la même manière car qui a dit que le prince du conte était fier et sûr de lui ? De plus, pour une autrice qui a su faire sa marque chez un bel éditeur en étant passée par la case "auto-édition", la manière dont elle en parle est touchante.
Un roman à découvrir pour se plonger dans autre chose et se laisser porter hors des sentiers battus.

Signe particulier : transparente - Nathalie Stragier



Infos sur le livre

éditions : Syros
date de publication : 06-09-2018
pages : 320
prix : 16,95€

Résumé éditeur

Être transparente au lycée, rarement invitée en soirée et ignorée dans sa propre famille, c'est une blessure, ça fait mal. Mais être invisible pour de vrai, se rendre en salle des profs incognito et disparaître dans les moments embarrassants... ça commence à devenir beaucoup plus intéressant ! À quinze ans, Esther cesse d'être une fille ordinaire et voit un nouveau monde s'ouvrir à elle. Pour l'adolescente trop discrète, la vie devient soudain passionnante. Et de plus en plus dangereuse.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman de Nathalie Stragier, one shot après une série qui a eu son petit succès...

De quoi est-il question ?

L'adolescence n'est jamais une période facile. C'est une période où chacun se cherche et tente de rentrer dans le moule tout en faisant entendre sa voix. Cette situation est d'autant plus difficile pour Esther qui, depuis toujours, a le sentiment de ne pas compter et d'être invisible aux yeux des professeurs, aux yeux de ses camarades, aux yeux mêmes de sa famille.

Mais depuis le temps, Esther est habituée, elle en a même pris son parti... Jusqu'au jour où l'impensable se produit : elle devient littéralement transparente et disparaît du champ de vision de ceux qui l'entourent. Pire, personne ne semble s'en apercevoir. Pour Esther, l'expérience est grisante car tout lui désormais possible : aller en salle des profs, voler dans un magasin, se venger...

Dès lors, Esther commence à gagner cette confiance en elle qui lui manquait si cruellement. Mais à se prendre trop au jeu, Esther pourrait bien se mettre en danger. D'autant que de "l'autre côté", celui des transparents, tout le monde ne semble pas ravi de la voir investir ce terrain. Mais comment apparaître aux yeux des autres quand on refuse de se voir soi-même ?

Du côté de la forme...

Ayant beaucoup apprécié "La fille du futur", j'avais très envie de lire cet autre roman de l'autrice sans trop savoir dans quoi j'allais m'engager. Et une fois encore, ce roman est une incroyable découverte qui sort des sentiers battus.

Oh combien je me suis reconnue dans le personnage d'Esther ! Ce sentiment d'être invisible et d'avoir un avis qui ne compte pas, cette impression constante de solitude même entourée, cette bataille de tous les instants pour dire "je suis là"... Tout ça je ne connais que trop bien et Esther m'a tellement touchée que j'ai souvent voulu la prendre dans mes bras et lui dire : moi je te vois.

Et puis, va avoir lieu l'improbable. Le moment où le discourt imagé devient réel, où le figuré devient propre : Esther va littéralement disparaître. Une belle manière pour l'auttrice de réinventer la question de l'homme invisible et du rêve que peut avoir chacun à espionner sans être vu. Deux questions traitées cependant avec la violence de l'inattendu.

Étrangement, c'est dès lors qu'Esther va avoir ce sentiment d'être enfin là et de pouvoir agir à sa guise sans peur d'être jugée. Et si j'ai compris l'adolescente dans sa façon d'agir, j'ai été peu gênée par le côté immoral voire illégal qui la gagne. Et pourtant, en même temps, je l'ai aussi comprise. D'ailleurs, l'autrice ne juge pas son personnage et la fait évoluer avec brio.

Il faut bien l'avoue, ce qui se veut être une surprise et un retournement de situation, je l'avais vu venir de loin. Mais comme la venue vers ce retournement est bien faite, on pardonne aisément à l'autrice d'autant que je suis quand même parvenue à me laisser surprendre sur d'autres points. Quant à la part fantastique justement dosée, elle apporte cet imaginaire qui fait du bien en lecture.

Côté écriture, l'autrice a une nouvelle fois su me séduire et m'offrir un personnage auquel j'ai cru et une histoire originale qui a su me toucher. L'identification est facile et si Esther peut parfois un peu agacer elle est représentative de tous ces ados un peu isolés et incompris trop souvent laissés pour compte à côté des ados exubérants et pleins de vie.

En conclusion...

Voici un roman qui me tentait beaucoup et qui m'a énormément séduite tant au niveau de l'intrigue qu'au niveau du personnage. Voici un roman qui m'a troublée et qui joue avec les codes du fantastique pour offrir quelque chose de neuf. Voici un roman surprenant qui n'est pas sans faire réfléchir sur nos propres agissements à l'égard de ceux qui nous entourent.
Un roman à découvrir sans attendre et pour tous les publics.

mercredi 15 janvier 2020

Ceux des limbes - Camille Brissot



Infos sur le livre

éditions : Syros
date de publication : 05-04-2018
pages : 480
prix : 17,95€

Résumé éditeur

La forêt est devenue le territoire des limbes. Le risque de contamination se cache dans chaque zone d'ombre. Préparez-vous à vivre une expédition sous haute tension. Du haut du Mont-Survie, Oto admire chaque jour la forêt qui l'encercle à perte de vue. Elle est si belle qu'il en oublierait presque ce qui se tapit sous les arbres. Mais lorsque la montagne s'endort, que les lumières s'éteignent et que les voix s'effacent, le vent résonne d'un chant inhumain, effroyable : le gémissement des limbes, les victimes de l'épidémie. Bientôt, Naha devra passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans la forêt. Oto refuse de rester cloîtré en espérant le retour de celle qu'il aime plus que tout. Quitte à être une proie de plus, il va sortir lui aussi.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman d'une autrice dont j'avais plutôt apprécié le premier opus.

De quoi est-il question ?

Dans une société isolée, des hommes et des femmes vivent heureux. Depuis toujours, Oto vit dans cette société et apprécie chaque jour auprès de son amie Naha. Mais la ville est entourée d'une forêt sombre et impressionnante nourrissant des légendes qui n'en sont peut-être pas et des mystères qui donnent bien peu envie de s'en approcher.

Car cette forêt, c'est le territoire des limbes, un territoire où les jeunes doivent tôt ou tard faire leurs preuves. Une épreuve à laquelle Naha devra bientôt se confronter alors même qu'Oto devra l'attendre au village, ce qui n'est pas du tout de son goût. Car le jeune garçon ne souhaite pas laisser son amie seule ou plutôt lui ne se sent pas de rester sans elle.

Bientôt, les jeunes devront partir pour les limbes où le danger les guette. Car les limbes abritent des être qui ne sont plus tout à fait des hommes mais ne sont pas encore tout à fait des bêtes. Des êtres tels des zombies qu'il conviendra de combattre pour survivre tout en comprenant ce qu'il est advenu, révélant des secrets jalousement gardés.

Du côté de la forme...

Une maison d'édition que j'aime beaucoup, un résumé plutôt tentant et une couverture magnifique... Il ne m'en fallait pas plus pour me laisser tenter par cette lecture même si mon petit doigt me disait de prendre garde. Résultat ? Un avis plutôt dérangeant.

Dès le début du roman, nous tombons dans une ambiance telles qu'elles fonctionnent toujours dans ce type de romans : une petite ville éloignée du monde qui vit heureuse à condition de ne pas en franchir les frontière au-delà desquelles le danger guette. Des codes respectés pour un début qui donne envie d'en savoir plus avec des personnages plutôt attachants.

Oto et Naha sont deux adolescents très proches ce qui apporte au roman cette part de sensibilité, d'amitié et peut-être d'amour que l'on attend. Mais une relation tout en finesse qui fait du bien et qui change du côté "bourrin" que l'on peut avoir parfois. Une relation en contraste avec la violence des zombies et de la peur ce qui est assez efficace.

Très étrangement, avec ce roman, j'ai un parallèle totalement inattendu : Le désert des Tartares de Dino Buzzati. Au début du moins avec ce sentiment de danger qui menace sans que l'on ne sache vraiment s'il faut y croire et ce temps pris pour mettre en place le cadre et l'intrigue. En seconde partie du roman, le rythme s'accélère et les codes de l'aventure reprennent leurs droits.

Il est vrai que j'ai beaucoup aimé l'ambiance globale de ce roman qui permet pour les adolescents une belle initiations aux histoires de zombies mais aussi aux romans d'initiation qui ne sont pas sans rappeler ceux du 18ème. La montée en puissance de l'atmosphère et de l'action est habilement menée pour une fin en apothéose telle qu'on les aime.

Côté style, nous sommes là face à une plume toute douce qui tranche avec le caractère parfois violent des situations. Une dualité surprenante et dérangeante qui donne toute son originalité au roman alors même que le lecteur pourrait parfois souhaiter que l'autrice aille plus loin dans ses descriptions et dans les dangers qu'elle impose à ses personnages.

En conclusion...

Si j'ai beaucoup apprécié ma lecture qui a été pour moi source de références et d'émotion, je ressors de ce roman avec un goût d'inachevé difficile à expliquer alors même que tout est là pour nous offrir un ensemble qui fonctionne. Ce roman est une belle initiation aux histoires de zombies et une belle histoire humaine mais qui aurait mérité encore plus.
Un roman à découvrir malgré tout pour découvrir une plume qui change et sort des sentiers battus.

mardi 14 janvier 2020

Entrez dans la danse - Jean Teulé



Infos sur le livre

éditions
date de publication : 01-02-2018
pages : 160
prix : 18,50€

Résumé éditeur

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement ; Et s'est répandue dans Strasbourg ; De telle sorte que, dans leur folie, ; Beaucoup se mirent à danser ; Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois ; Sans interruption, ; Jusqu'à tomber inconscients. ; Beaucoup sont morts. ; Chronique alsacienne, 1519

Pourquoi ce livre ?

Assez friande de la thématique de la Danse Macabre et très intéressée par le travail de Jean Teulé, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers ce roman lorsque j'ai pu rencontrer l'auteur.

De quoi est-il question ?

Nous voici en 1519, Renaissance, à Strasbourg. Alors que des hommes et des femmes tentent de survivre comme ils le peuvent à la misère omniprésente et tendis que les nobles se repaissent de bonnes chair, un mal plus grand, plus violent, envahit peu à peu les rues de la ville. Ce mal, c'est la peste qui décimera la population.

La folie ronge peu à peu les survivants qui se savent en sursit. Et ces survivants, envers et contre tout, ont décidé de profiter de la vie comme ils ne l'ont jamais fait pour espérer et espérer encore. Alors ils se mettent à danser, à danser sans s'arrêter, à danser pour tromper la mort, à danser comme seule chance de salut jusqu'à ce que l'épuisement les rattrape.

Et si les autorités veulent y mettre un terme, ils sont bien en mal de faire valoir leurs règles. Car le peuple a faim, le peuple est malade. Et alors que certains se battent avec le peu d'armes qui leur reste, d'autres tentent d'éradiquer le mal qui dévore la ville au risque de se mettre eux-mêmes en danger, avec toute la force et le courage que l'avenir retiendra... ou oubliera.

Du côté de la forme...

Ayant déjà lu un ou deux romans de l'auteur, j'ai bien sûr très vite été tentée par ce nouveau roman entrant dans la part "historique" de l'oeuvre de Jean Teulé. Et une part historique particulièrement forte même si ce n'est pas le siècle que je maîtrise le mieux.

Un titre, une couverture, un résumé... Et comment ne pas songer dans la seconde à l'un des arts les plus représentatifs de cette époque : la danse macabre. Particulièrement sensible à la fresque qui orne la Chaise Dieu dans la Haute-Loire et amatrice de l'oeuvre musicale de Camille Saint-Saëns, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman qui traite ce sujet avec brio.

La danse macabre, c'est le symbole de notre finitude à tous. Mais c'est le symbole aussi du combat face à la mort pour vivre au maximum jusqu'au dernier instant. Le fait est que l'auteur prend ici cette thématique au pied de la lettre en lui rendant toute sa violence et en nous offrant des scènes terribles d'hommes et de femmes dansant jusqu'à la mort. Plutôt glauque mais brillant.

Nous sommes donc à Strasbourg au XVIème siècle et le fait est que l'auteur décrit la ville de l'époque avec beaucoup de précision. Une précision qui nous fait ressentir la misère et la crasse, une précision qui nous laisse entrevoir la vie de l'époque et surtout nous offre un cadre historique tel qu'il est plaisant d'en avoir en littérature.

Il est vrai, et ce serait là mon bémol, l'histoire et le cadre sont plus personnages que les personnages eux-mêmes. D'ailleurs, au terme de ma lecture, je me souviens d'un sentiment global et d'une ville ravagée par la maladie mais sans me souvenir réellement des individus. Triste mais aussi très représentatif du souvenir que l'on a de l'Histoire dans sa globalité : les faits plus que les gens.

Le style de Jean Teulé est un style dur, parfois violent, très documenté et mêlant habilement une réalité historique peu connue à une fiction qui fonctionne. L'auteur sait aussi prendre une thématique et la nourrir à sa sauce tout en nous en apprenant un peu plus sur celle-ci. En l'occurence, le sujet de la danse macabre est particulièrement bien traité et donne envie d'en savoir plus.

En conclusion...

Voici un roman court par son nombre de page mais très fort et assez inoubliable de par sa thématique et de par sa force d'écriture. Voici un roman qui change de ce dont on peut avoir l'habitude et qui joue avec les nerfs du lecteur pour le plonger dans une ambiance à la fois sombre et dérangeante tout en lui laissant entendre la chance d'être juste là. Une belle leçon de vie.
J'espère avoir bientôt l'occasion de lire un autre roman de l'auteur qui sait frapper fort.

Histoire éternelle - Liz Braswell

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Infos sur le livre

éditions : Hachette
date de publication : 15-05-2019
pages : 422
prix : 16,90€

Résumé éditeur

Belle est une jeune femme vive : intelligente, ingénieuse, impatiente. Curieuse, elle n'aspire qu'à échapper définitivement à son petit village. Elle veut explorer le monde, malgré les réticences de son père à quitter leur chaumière, au cas où la mère de Belle reviendrait - une mère dont elle se souvient à peine.

Pourquoi ce livre ?

Très intéressée par les réécritures de contes et particulièrement fan de Disney, fan de La Belle et la Bête, ce roman était fait pour moi et j'avais plus que hâte de le découvrir.

De quoi est-il question ?

Dans un petit village, la jeune Belle vit avec son père dans une charmante maison. En avance sur leur temps, ils sont plutôt mal vus des habitants du village d'autant que Belle refuse catégoriquement d'épouser Gaston, l'homme le plus convoité de la région. Mais la jeune femme ne rêve que d'aventure et de vivre la vie des romans qu'elle dévore avec avidité.

Des années plus tôt, Maurice, un homme sans histoire est tombé amoureux d'une belle et étrange enchanteresse. Une des rares représentantes de la magie dans ce monde ravagé par la modernité. Et à l'heure ou sévissent peste et peur de l'autre, Rosalind maudira tout un royaume et surtout un prince au nom de la protection des siens.

Lorsque Belle arrive dans le château de la Bête, elle renforce la malédiction qui touche le prince en faisant poussière de la rose enchantée. Dès lors, la jeune femme comprend qu'elle va devoir agir pour briser le charme. Se rapprochant peu à peu de la Bête, elle découvrira le prince sous le monstre mais s'apprêtera aussi à soulever un passé bien plus terrifiant que ce qu'elle imaginait.

Du côté de la forme...

Mes deux lectures précédentes de la collection m'avaient plu, certes, mais sans plus. C'est donc plus par envie de poursuivre cette dite collection que j'ai lu ce roman et, cette fois, je dois dire que j'ai été très agréablement surprise.

Cette fois, le lecteur est invité à vivre en alternance l'histoire de Belle tel qu'il la connaît par coeur et une autre histoire, toute aussi belle, dans le passé, entre les parents de la jeune fille. Une histoire d'amour très touchante d'un amour interdit dans un monde ravagé par la maladie du siècle (la peste) et une volonté d'éradiquer la magie en ce siècle des Lumières.

Si nous sommes toujours dans un sentiment comme hors du temps, l'autrice s'applique cette fois à offrir un cadre historique à son récit qui n'existe pas vraiment dans la version Disney. Ainsi, nous sommes plongé au coeur d'un siècle aux idées bien ancrées et le roman prend alors presque une dimension sociale contre la royauté avec beaucoup de finesse pour entrevoir la réalité de l'époque.

Si le côté "conte de fées" est bien présent ici, le lecteur est replongé dans la thématique de la chasse aux sorcières et de manière plutôt bien faite je dois dire. Car au-delà de l'aspect conte, l'autrice pose de vraies questions sur la société et l'indulgence. Et parce qu'elle joue avec les codes du film que l'on connaît, cette version paraît des plus probables et on y croit.

Et puis, ce qui est appréciable dans cette version, c'est le fait que l'autrice sort du schéma trop manichéen de l'histoire originelle. Nul n'est intégralement bon ou intégralement mauvais. Tous les personnages ont leurs bons côtés et leurs défauts pour, au final être tout simplement humains et rendre compte de ce que peut être chacun.

Côté style, j'ai retrouvé le genre du conte et l'écriture passionnée de l'autrice même si j'ai été un peu dérangée par l'aspect un peu trop familier de certaines expressions qui sont non seulement déplacées mais aussi trop actuelles, notamment dans la bouche de Zip. Dommage car ces anachronismes cassent le texte et abaissent la profondeur voulue du récit.

En conclusion...

Ce roman de Liz Braswell, j'étais plutôt impatiente de le lire. Et il est vrai que cette fois j'ai beaucoup apprécié ma lecture qui sait mêler justement l'histoire que l'on connaît et un point de vue neuf qui apporte plus qu'une simple réécriture. Si le style a quelques faiblesses, le cadre historique est rondement décrit et pose de vraies question sur le monde et sur l'humain.
Une très belle découverte que je vous conseille vivement en attendant un prochain titre de la collection.

lundi 13 janvier 2020

Le Front dans l'azur - Hélène Legrais



Infos sur le livre

éditions : Calmann-Lévy
date de publication : 23-10-2019
pages : 380
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Été 36. Madeleine, élève-infirmière et athlète prometteuse, monte dans le train à destination de Barcelone pour participer avec la délégation française aux Olympiades populaires antifascistes, organisées en réaction aux Jeux olympiques de l’Allemagne nazie à Berlin. Des compétiteurs venus de tous les pays se retrouvent en Catalogne pour une grande fête du sport et de la fraternité. À l’hôtel, au stade de Montjuïc où ils s’entraînent, au gré des promenades dans une ville riche de découvertes, les amitiés se nouent dans la joie et l’enthousiasme. Mais, la veille de la cérémonie d’ouverture, le coup d’État militaire de Franco plonge Barcelone dans le chaos et signe le déclenchement de la guerre. Courtisée par Marcel, brigadiste libertaire parisien, et Aleix, militant catalan indépendantiste, Madeleine est emportée dans la tourmente qui s’empare de l’Espagne…

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Calmann-Lévy et à Hélène Legrais de m'avoir permis cette nouvelle lecture d'une auteure que j'aime suivre de roman en roman.

De quoi est-il question ?

En 1936, la jeune Madeleine obtient avec brio son certificat d'infirmière. Et malgré les réticences de ses parents, elle s'apprête à embrasser la carrière dont elle rêve. Dans le même temps, elle est devenue une athlète de haut vol destinée à faire un bout de chemin dans le sport de haut, une prouesse en tant que sportive mais aussi en tant que femme.

Et si la période semble de plus en plus troublée, si tout le monde garde en mémoire les derniers jeux olympiques de Berlin. Ces jeux en Catalogne sont l'occasion de redonner foi en l'être humain et en l'amitié entre tous. L'occasion pour la jeune femme de nouer des amitiés avec des jeunes femmes, comme elle, qui rêvent d'un avenir meilleur.

Mais 1936, c'est aussi le coup d'Etat de Franco qui, en un rien de temps, bloque toutes les frontières ce qui déclenche une guerre civile sans précédent en Espagne. Dès lors, Madeleine doit apprendre à prendre des décisions et à jouer son rôle d'infirmière à la perfection. Même si pour cela il lui faudra se mettre elle-même en danger et perdre son innocence si précieuse...

Du côté de la forme...

Hélène Legrais fait partie de ces auteurs qui parlent d'Histoire et d'histoires comme beaucoup d'auteurs dits "régionaux" mais avec ce petit truc en plus, cette capacité à prendre en compte des sujets moins souvent traités et d'autres questionnements.

Ici, c'est donc une nouvelle fois une histoire de femme qui nous est offerte mais une histoire de femme particulièrement moderne puisque dans ce tournent des années 1930 Madeleine est déjà une jeune fille fière de qui elle est, un métier et une passion en poche. Deux domaines dans lesquels elle excelle et la rendent particulièrement indépendante.

Avec ce nouveau roman, l'auteure évoque donc trois sujets capitaux : qu'est-ce qu'être infirmière dans les années 30, la place des femmes et de l'amitié dans les jeux olympiques, la guerre civile en Espagne qui cause dans de peines et tant de pertes. Tout cela gravitant autour de Madeleine qui m'a beaucoup touchée parce qu'elle vivra et survivra au meilleur comme au pire dans cette fresque.

Au niveau historique, le cadre est très bien posé et le lecteur ressent assez bien l'effroi qui coule sur cette période. Une période qui n'est pas la seconde guerre mais qui connaît aussi ses crimes, ses viols et ses violences de toutes sortes. Une période qui connaît pourtant aussi ces espoirs ce qui fait le plus grand bien et permet aux personnages de rester à flot.

Ce roman s'écoule en réalité sur plusieurs années mais je n'ai pas eu ce sentiment durant ma lecture, comme si tout coulait. Et je n'arrive pas à déterminer si j'ai apprécié ou non cette sensation dans le sens où cette absence de temporalité agrémente à la fois un sentiment d'urgence et finit par inclure le lecteur dans un grand tourbillon qu'il ne maîtrise plus.

J'ai aimé retrouver dans cette lecture la "patte" d'Hélène Legrais qui offre toujours ses romans avec le coeur et nous fait aimer ses personnages parce que elle-même les aime.  J'ai aimé sa manière de nous parler d'Histoire et d'une période moins souvent traitée. J'ai aimé la force féministe qu'elle offre à Madeleine en en faisant une jeune femme courageuse et bien en avance sur son temps.

En conclusion...

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en me plongeant dans ce roman et si la guerre civile espagnole n'est pas la période de l'Histoire que je maîtrise le mieux, j'ai aimé m'y infiltré un peu plus grâce au personnage d'une jeune femme droite dans ses bottes qui n'est rien d'autre qu'un modèle. Voici un roman qui donne toute sa place à la femme pour un tout à la fois troublant et plein d'espoir.
Un roman à découvrir pour tous les amateurs de belles histoires. Vivement ma prochaine lecture de l'auteure !

Le clan des serpents - Cassandra O'Donnell



Infos sur le livre

éditions : Flammarion jeunesse
date de publication : 20-11-2019
pages : 432
prix : 15€

Résumé éditeur

Pour la première fois, les quatre clans autrefois ennemis décident de se regrouper en une immense armée pour lutter contre les humains. Mais face à la férocité de Wan, décidé à mener une lutte sans merci, Maya s'indigne du sort réservé aux innocents. Parviendra-t-elle à faire plier l'inflexible prince des Serpaïs ? Sans compter que la menace pourrait aussi venir de leur propre camp...

Pourquoi ce livre ?

Vive les avants-premières ! Car c'est grâce à l'une d'elles que j'ai pu me procurer ce roman en novembre dernier à la Foire du livre de Brive.

De quoi est-il question ?

Le conflit entre les clans et les humains est plus grand que jamais, la guerre est proche. Les Yokaïs se préparent et les différents chefs ont enfin décidé de mettre leurs rancoeurs de côté, au moins un temps, pour combattre l'ennemi commun : les hommes. Wan, le chef des serpaïs est bien décidé à les éradiquer jusqu'au dernier.

Mais chez la nouvelle génération, des liens ont commencé à se créer. Et entre Wan et Maya, du clan des loups, un rapprochement est sur le point de se faire. L'occasion pour la jeune louve de faire valoir le droit à la tolérance, notamment pour les enfants. Une chance infime de sauver quelques innocents, au risque de réveiller le danger.

Wan n'est pas insensible au charme de Maya, loin de là. Et en tant que chef des serpaïs c'est à lui que va revenir toutes les décisions concernant les guerres à venir. La chance pour lui de se faire valoir en tant que chef mais une chance aussi de changer et de montrer à tous que les serpaïs ne sont pas seulement des monstres. D'autant qu'un danger plus grand menace...

Du côté de la forme...

Il est rare que j'attende avec autant d'impatience une suite mais je dois dire que celle-ci j'en rêvais. Alors bien sûr je n'ai pas laissé ce roman traîner longtemps dans ma pal et dois avouer que j'ai dévoré ce roman avec l'avidité que j'espérais.

Cette fois, ce sont donc les serpaïs que l'autrice nous invite à découvrir, le clan des serpents quoi. Et je dois avouer que ce clan je l'attendais autant que je le redoutais car force est de constater que les serpents et moi nous ne sommes pas bien copains. Et l'autrice mêlant à son roman un vrai travail de documentation sur la vie des serpents... Brrrrr... Pourtant, ça a été et je suis ravie.

Avec les serpaïs, l'autrice met l'accent sur Wan, un personnage assez impressionnant et au fort caractère qui, d'emblée, peut nous apparaître comme peu sympathique pour peu à peu parvenir à toucher notre coeur, ainsi qu'il le fera pour Maya. Et si nous sommes en plein cliché du garçon un peu retors qui va changer par amour, ça marche et c'est tout ce qu'on demande.

Avec ce tome, nous montons encore en puissance avec une guerre que l'on sent proche et inéluctable,  de quoi faire frémir. Mais déjà, on sent une évolution chez les Yokaïs avec la volonté pour certains de sauver les enfants, au nom des petits de leurs propres clans. De quoi toucher le lecteur et de lui offrir cette position d'entre deux, entre le clan auquel il appartient et celui des Yokaïs qu'il vit ici.

Mais le danger menace, un danger qui se fait de plus en plus présent et qui semble sans rapport direct avec la guerre : un danger où les yokaïs redeviendraient de "vrais" animaux. Un vrai décalage avec les relations naissantes et les sentiments de plus en plus fort pour impliquer le lecteur dans un roman à double tranchant particulièrement efficace en envoûtant.

Comme à chaque fois, c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé la manière si agréable que l'autrice a de raconter les histoires et de nous plonger dans son univers. Son univers, elle y croit et c'est pour cela que ça fonctionne. Ses personnages elle les fait vivre et, avec Wan tout particulièrement, sait nous faire voir autant l'humain que le serpent.

En conclusion...

Si j'apprécie cette série du clan des 4, ce tome était à la fois celui que je craignais le plus et celui pour lequel, je le savais, je serais la plus critique. Mais comme de bien entendu, l'autrice a su m'embarquer et me faire apprécier son personnage tout en m'apporter, à juste dose, cette part de crainte des serpents qui touche la plupart d'entre nous.
Il va de soi que le tome 4, celui que j'attends le plus, m'intrigue plus encore avec la fin de dingue de ce tome-ci. Je serai sans hésiter au rendez-vous !

L'année du gel - Agathe Portail



Infos sur le livre

éditions : Calmann-Lévy
date de publication : 08-01-2020
pages : 416
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Été 2017. Après un épisode de gel qui a dévasté ses vignes, Bernard Mazet se range à l’idée de sa femme d’ouvrir des chambres d’hôtes pour sauver la propriété familiale de Haut Méac. Le château affiche complet avec la venue d’un groupe de trentenaires pour une semaine. La fantasque Olivia, Vincent, le célibataire volage, Clara, si discrète, et leurs deux couples d’amis semblent heureux de se retrouver. Mais dans la chaleur écrasante, les esprits s’échauffent et les drames personnels refont surface. À l’aube du quatrième jour, un cadavre est découvert dans la chambre froide du château. Le major Dambérailh, chef de la brigade locale, est chargé de l’affaire. Tandis que les conflits d’intérêt émergent au sein de son équipe, sa tante Daphné, vieille fille loufoque, s’invite dans l’enquête. Il faudra exhumer bien des secrets honteux ou douloureux pour que la lumière se fasse.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Calmann-Lévy grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau titre d'une collection que j'aime beaucoup et, par la même occasion d'une toute nouvelle auteure.

De quoi est-il question ?

Nous voici à l'été 2017 dans un petit village sans histoire. Dans le Haut-Méac, les distractions sont rares et le lieu est idéal pour quiconque cherche un peu de repos et de sérénité. Pour sauver sa propriété de la ruine due à un gel terrible l'hiver précédent, Bernard Mazet accepte d'ouvrir des chambres d'hôte dans sa maison, non loin de la vieille Daphné, femme au fort caractère.

Au coeur de l'été, une bande de trentenaires débarque dans la propriété, bien décidés à profiter pleinement d'une vie loin de la grande ville. De quoi rompre aussi la petite vie paisible de Bernard et de son épouse car ces caractères forts semblent avoir apporté avec eux de lourds secrets et de profondes rancoeurs.

Et un beau matin, c'est le corps de l'un d'eux qui est retrouvé dans la chambre froide. Accident, suicide ou meurtre ? Tout est désormais possible et ce sera au major Dambérailh, neveu de Daphné, que reviendra la charge de l'enquête alors même que sa tante semble bien décidée à s'en mêler. L'enquêteur devra alors déterrer le passé pour comprendre et révéler de bien profonds secrets...

Du côté de la forme...

Avec un roman régionaliste, des secrets de famille et une enquête au coeur d'un paysage tranquille, il y avait peu de risques pour que je n'apprécie pas ma lecture. Et force est de constater que ce fut le cas même si je dois avouer avoir été un peu déstabilisée.

Dès le début de ce roman, je me suis interrogée sur la portée que l'auteure voulait donner à son roman entre des personnages forts en gueule, d'autres discrets, entre une atmosphère paisible et des événements qui vont tout bouleverser. Un système qui fonctionne toujours et qui se révèle une nouvelle fois efficace pour le lecteur.

Je dois avouer avoir eu un peu de mal au début avec le florilège de personnages que l'auteure nous présente, ayant parfois besoin de concentration pour retrouver qui était qui et me refaire le film de qui est chacun. Puis chacun devient partie prenante de l'histoire et le lecteur voit évoluer tout de ce petit monde entre effroi et tendresse.

Ce roman mêle histoire régionaliste, secrets de famille (ou entre amis) et polar. Et il est vrai que le tout se mêle plutôt habilement sans que le lecteur ne parvienne à mettre le doigt sur les réponses, réponses qui se révèleront étonnantes et remettant tout en question. Bien sûr nous ne sommes pas là dans un polar pur mais les codes y sont et on y prend plaisir.

Qui sont nos amis ? Qui sont nos voisins ? Telles sont les questions posées par cette intrigue qui va permettre à chacun de se dévoiler aux autres, montrant qui il est vraiment. De quoi s'interroger sur nos propres jardins secrets et sur nos propres capacités à accepter l'autre. Et ainsi, ce roman est autant un roman sur l'Autre qu'un polar.

J'ai découvert le style d'une nouvelle auteure avec ce roman et pour un premier roman je dis que c'est pas mal du tout. Les codes y sont et et l'implication de l'auteure y est. Les personnages sont présentés avec beaucoup de tendresse et l'enquête nous mène vers l'inattendu. Manquerai peut-être juste un brin de précision en plus pour éviter la confusion entre tous les personnages.

En conclusion...

Lu dans le cadre de mes lectures hivernales, j'ai été plutôt satisfaite de découvrir une nouvelle auteure capable de réinventer le roman régionale en mêlant secrets entre amis et intrigue policière. Une histoire habilement menée qui sait jouer avec les codes et qui sait perdre le lecteur pour l'amener dans une direction étonnante et qui sait le surprendre.
Un joli roman à découvrir pour les amateurs du genre.

Les trois petits cochons - Christian Boivin



Infos sur le livre

éditions : ADA
date de publication : 10-01-2018
pages : 232
prix : 10€

Résumé éditeur

Trois individus qui trempent dans le voyeurisme, la pornographie, le cannibalisme et la nécrophilie. Une étudiante universitaire menant une vie bien rangée qui se retrouve à la morgue après avoir consommé du Flakka. Un tueur à gages qui revient dans sa ville natale afin de mettre sa sur en terre et qui découvre de troublantes vérités à son sujet. Une rousse excentrique à la libido débridée et dénuée de tout sens moral, capable de pervertir les âmes les plus pures. Une version contemporaine et vulgaire du conte classique présentant 3 petits cochons n'ayant rien à voir avec ceux des films d'animation. Une chose est certaine : vous devrez retenir votre souffle.

Pourquoi ce livre ?

Passionnée par cette collection des Contes interdits, j'ai eu envie de découvrir un nouvel auteur en prenant en compte mon avis de lectures de réécritures.

De quoi est-il question ?

Dealer et tueur, Peter est loin d'être le gendre idéal. Depuis des années, il a même tiré un trait sur sa famille. Mais lorsqu'il découvre que sa jeune soeur se serait suicidée dans d'étranges circonstances, l'homme flaire le coup tordu et décide de mener sa petite enquête. Car pour lui, c'est une certitude, sa soeur n'a pu être qu'assassinée.

Alicia était une étudiante modèle, discrète et pleine de vie. Mais à la mort de sa mère, il lui est de plus en plus difficile de joindre les deux bouts et de poursuivre ses études. Quand l'occasion se présente pour elle de déménager dans un appartement moins cher et de gagner un peu d'argent dans un job facile le weekend, elle n'hésite donc pas.

Peter va alors découvrir ce qu'était devenue la vie de sa soeur, une vie bien différente que celle qu'il imaginait pour elle. Car c'est au coeur d'un réseau très douteux qu'Alicia avait, sans le vouloir, mis les pieds. Un réseau de prostitution, un réseau où tuer est une formalité, un réseau d'horreurs et de dégoût duquel on ne ressort pas indemne.

Du côté de la forme...

Les trois petits cochons est loin, très loin même, d'être mon conte traditionnel favori. En débutant cette lecture j'étais donc plutôt suspicieuse et intriguée à la fois. Mais une fois encore, c'est une inspiration très libre du conte qui nous est offerte et, pour le coup, ce n'est pas plus mal.

L'idée de faire mener l'enquête par un anti-héros pas excellence était brillante. Car Peter a tout du personnage que l'on voudrait détester : arrogant, violent, criminel. Et pourtant, on le trouve malgré tout touchant dans sa manière de vouloir venger sa soeur et comprendre ce qu'il lui est arrivé. Et si ce roman semble être un thriller traditionnel. Le caractère de Peter impose quelque chose en plus.

Dans une alternance entre passé et présent, l'auteur nous guide entre la vie devenue hasardeuse d'Alicia et l'enquête de Peter. Et si la violence est partie prenante dès les premières pages, la volonté de mettre mal à l'aise le lecteur n'ira qu'en s'accentuant pour aller jusqu'à une apothéose explosive. Une violence verbale, une violence physique, une violence morale, une violence sexuelle.

Bien difficile d'imaginer que l'horreur présentée par l'auteur soit réelle et pourtant on y croit sans mal. On y croit parce que les situations et les scènes sont décrites avec une précision hors du commun où il convient d'avoir le coeur bien accroché. Et ce tout en tout en imposant un tableau de ce que l'âme humaine peut contenir de pire.

D'ailleurs, c'est à l'égal des personnages que le lecteur va peu à peu découvrir l'horreur sans pour autant parvenir à mettre le doigt sur la résolution de l'affaire. Ce n'est que dans un final complètement fou que tout prendra sens, que le titre se révélera et que le message sociétal s'éclairera. Car ce roman est aussi un roman sur notre monde et ses secrets, sur les sectes sources de dangers.

Si certains auteurs aiment ménager leur lecteur et les guider peu à peu vers l'horreur, ce n'est pas le cas de Christian Boivin qui dès les premières lignes nous met au parfum : son roman n'est pas pour les âmes trop sensibles. Et il gère de manière étonnante un style d'une violence extrême et une intrigue prenante tout en sachant réserver des surprises inattendues.

En conclusion...

Voici un roman qui m'intriguait sans que je ne sache trop à quoi m'attendre et qui a su me faire frémir autant que je pouvais le souhaiter. Voici un roman qui parle de déviances morales et sexuelles sans tabou. Voici un roman qui comprend malgré tout une intrigue  originale qui mérite d'être connue et des personnages qui ne sont pas ce que l'on croit...
Un roman à découvrir pour tous les amateurs d'horreurs et de franc parler.

Sueurs froides - Nadia Coste



Infos sur le livre

éditions : Gulfstream
date de publication : 19-03-2020
pages : 304
prix : 16€

Résumé éditeur

Des ricanements dans les conduits d'aération, des empreintes de mains ensanglantées, des objets qui changent de place... Les jeunes hockeyeurs en son persuadés : la patinoire de Greilles est hantée par le fantôme de Thomas Grimbert, mort sur la glace 30 ans plus tôt. Moins superstitieux, plus concentrés, les patineurs artistiques décrochent la place très convoitée de l'ouverture au gala du club. La rivalité coutumière entre les athlètes s'accentue : coups bas, insultes, intimidations... Et lorsqu'un lycéen est retrouvé pendu dans les vestiaires, les accusations se multiplient. Suicide ? Règlement de compte ? Et si Thomas était de retour pour se venger ?

Pourquoi ce livre ?

Appréciant beaucoup le travail de l'autrice, c'est sans hésiter bien longtemps que je me suis laissée tenter par cette avant-première lors du dernier salon de Montreuil.

De quoi est-il question ?

À la patinoire de Greilles, la rivalité entre les patineurs et les hockeyeurs fait rage et peut parfois aller très loin. Les uns ne supportent pas l'arrogance des autres, les autres ne voient pas l'intérêt porté aux uns. Alors, lorsqu'il est annoncé pour le prochain gala que les patineurs seront le clou du spectacle et que l'équipe de hockey ne sera qu'en première partie, la bande de machos a du mal à l'encaisser.

Alors pour remettre les patineurs à leur place, il convient d'agir. Et pour les effrayer, quoi de mieux que de s'inspirer du fantôme de Thomas Grimbert, un ado mort dans des circonstances tragiques dans les années 1990 et qui, aujourd'hui, hanterait la patinoire. Une belle manière de remettre chacun à sa place avec des idées bien ancrées chez certains.

Mais le lendemain d'une altercation plutôt violente, le corps de l'un des jeunes hockeyeurs est retrouvé pendu dans les vestiaires des garçons. La peine et la terreur sont immenses mais il faut continuer. Le gala doit bientôt avoir lieu et en mémoire de ce camarade parti trop tôt le spectacle doit être beau. À moins que le fantôme n'ait pas encore assouvi sa vengeance...

Du côté de la forme...

Nadia Coste fait partie de ces autrices que j'ai découvert il y a quelques romans déjà et pour laquelle lire un roman en avant-première était une chance immense. Quand, en plus, il s'agit d'un roman particulièrement tentant chez un éditeur où tout vous tente, l'affaire est pliée.

En cette période hivernale, une lecture mettant en avant les sports de patins à glace, voilà qui était une bonne idée pour se familiariser avec le froid. D'autant que s'il y a bien des sports auxquels je ne connais rien, ce sont bien ceux-là. Et c'est avec beaucoup de finesse que l'autrice parvient à nous y initier et même à nous les faire apprécier.

Difficile de définir au début de cette lecture de quel genre il s'agit et c'est très bien ainsi. Polar ? Roman adolescent ? Roman fantastique ? Que croire et que penser ? Et c'est avec brio que l'autrice en joue pour embrouiller son lecteur, l'inviter à ne plus savoir que penser et l'induire en erreur avant de lui imposer mille retournements de situations qui savent toujours le surprendre.

Une fois le roman commencé, impossible de le lâcher. L'intrigue est palpitante et addictive, les personnages incroyables. Mieux encore, l'autrice fait de ses êtres de papier des adolescents auxquels on croit, qui ne sont pas parfaits mais qui tous nous touchent d'une certaine manière. Et le rythme s'accélérant, le roman devient un véritable thriller digne des plus grands maîtres.

Mais ce roman est aussi un roman sur l'âme humaine, sur nos peurs enfouies (rationnelles ou non), sur nos caractères et sur la manière de chacun de gérer quand un drame ou une épreuve se produisent. De quoi nous permettre de porter un regard sur nous-même. De quoi nous faire réfléchir aussi sur nos propres préjugés et sur ce que nos comportements peuvent engendrer.

Côté style, c'est avec bonheur que j'ai retrouvé celui d'une autrice qui sait nous embarquer, nous faire réfléchir et nous offrir un grand moment de lecture. L'émotion est au rendez-vous et le frémissement aussi. Et le turn over final est d'une force qui fait du bien et qui donne à ce roman un goût d'inoubliable. Un immense bravo à l'autrice !

En conclusion...

Vous proposer cette chronique sans vous spoiler mais en vous en disant assez pour vous tenter était un vrai défi. Je me devais de vous garder la surprise mais c'est dans le spoil que ce roman est incroyable. Car c'est dans les secrets enfouis que l'intrigue se joue, une intrigue qui fait frémir et qui joue avec brio sur des problématiques très actuelles.
Un roman sur lequel vous devrez vous jeter lors de sa sortie et qui est pour moi un énorme coup de coeur.

vendredi 3 janvier 2020

Le secret de Lomé - Alexiane de Lys



Infos sur le livre

éditions : Michel Lafon
date de publication : 24-05-2018
pages : 381
prix : 15,95€

Résumé éditeur

Un destin à accomplir. Un peuple à libérer. Lomé mène une vie parfaite, jusqu'au jour où, lors d'une excursion, elle tombe au fond d'une grotte et resurgit dans une contrée inhospitalière et terriblement dangereuse : Bâl'Shanta. Dans ce monde peuplé de créatures extraordinaires, la jeune fille, qui a toujours obtenu ce qu'elle voulait, découvre une civilisation organisée en castes et se retrouve assimilée à celle des esclaves. Pour survivre et espérer rentrer chez elle, Lomé devra faire preuve d'une grande force de caractère et se battre. Heureusement elle pourra compter sur le soutien d'alliés inattendus... 

Pourquoi ce livre ?

Lors de ma première rencontre avec l'autrice, aux dernières aventuriales, je me suis laissée tentée par ce roman qui m'intriguait depuis sa sortie.

De quoi est-il question ?

Lomé est une adolescente au caractère de chien. Habituée à obtenir tout de ce qu'elle veut dès qu'elle le demande, elle vit avec son père, sa belle-mère et sa demi-soeur mais avec la certitude d'être de trop dans cette famille trop parfaite. Et ni ses prétendues amies ni son petit ami ne parviennent à avoir gain de cause en son coeur pour la convaincre du contraire.

Mais lors d'une sortie scolaire dans des grottes, Lomé tombe dans un trou. Lorsqu'elle s'éveille, elle est perdue au milieu d'une contrée qui ne ressemble en rien à tout ce qu'elle peut connaître. La voilà à Bâl'Shanta, un monde divisé en deux clans : celui des maîtres qui ont tout pouvoir et celui des esclaves qui doivent se taire et obéir.

Lomé, qui a toujours vécu du côté de ceux que l'on remarque se retrouve alors dans la catégorie des esclaves. Pire, dans la catégorie des étrangers, ceux qui ne devraient pas être là. Seule solution pour elle pour survivre, faire profil bas. Mais quand on a un caractère fort, qu'on est un brin prétencieux et qu'on aime se faire obéir, ce n'est pas si évident.

Du côté de la forme...

Une autrice dont j'apprécie beaucoup le travail et un roman au résumé aussi prometteur que sa couverture, il ne m'en fallait pas plus pour avoir envie de me plonger dans ce roman qui a fait pas mal de bruit et qui a eu de très bons retours.

Je l'avoue, Lomé est un personnage qui ne m'a pas convaincue tout de suite et même que j'ai mis pas mal de temps à apprécier. Si j'ai apprécié son caractère fort et sa volonté féministe, j'ai eu plus de mal avec le fait qu'aucun ordre n'ait d'impact sur elle et qu'elle n'en fasse toujours qu'à sa tête. Pourtant, peu à peu, je me suis attachée à elle pour finalement découvrir un personnage touchant.

La fantasy est un genre dans lequel je ne me plonge que très ponctuellement. Pourtant, lorsque je choisis de lire un de ces romans, je me trompe rarement. Et une fois encore j'ai fais bonne pêche car j'ai très vite su me sentir chez moi dans l'univers imaginée par l'autrice. Un univers à la fois dans la veine du genre, original et aux références plus qu'intéressantes.

Car si nous sommes bien dans un univers totalement imaginaire, cet univers nous semble étrangement familier. Familier car nous le connaissons des livres d'histoire. En effet, l'univers imaginé par l'autrice n'est pas sans rappeler ce que nous savons de la Rome Antique entre traitement des esclaves, galères (au sens propre) et pouvoir des maîtres. Mais mêlé à d'étranges créatures. Bravo !

Et puis bien sûr, parce ce genre de thématique est incontournable dans ce genre de romans, une romance et des amitiés vont se mettre en place. Assez finement d'ailleurs car même si on le voit venir le fait est que ça fonctionne et que ces relations ne sonnent pas du tout comme artificielles. La romance fait rêver mais l'amitié, surtout, rend compte de ce qu'est réellement ce sentiment.

Côté style, l'autrice a su me convaincre et me toucher. Elle sait offrir à son lecteur des références de notre histoire et de l'antiquité mais sans pédagogie extrême. Elle a su créer un personnage fort et qui sort des sentiers battus. Elle a su enfin créer un univers étonnant et magistral, addictif aussi, qui sait jouer avec les codes du genre avec brio.

En conclusion... 

Voici un premier tome qui me tentait beaucoup et qui a su très vite me convaincre. Voici un roman intelligemment pensé qui joue avec les codes d'un genre. Voici un roman qui sait jouer avec des références fortes qui savent passionner telles que la Rome Antique. Voici un premier tome qui met en place une intrigue que l'on croit voir venir mais qui donne envie de savoir le suite.
Le tome 2 m'attend dans ma pal et je ne devrais pas trop tarder à le sortir. 

La reine des neiges - Simon Rousseau



Infos sur le livre

éditions : ADA
date de publication : 11-02-2019
pages : 184
prix : 10€

Résumé éditeur

Fuyez. Elle arrive, elle est tout près. Elle népargnera personne. Les arbres tombent, la terre gèle, lair est infect. Courez si vous ne voulez pas finir six pieds sous la neige. Une adaptation déroutante du fameux conte dAndersen. Le meurtre immonde dun prêtre dans un pensionnat autochtone, au début des années 1970. Linconcevable suicide du grand-père dune journaliste prête à tout pour faire éclater la vérité. Un chamane amérindien banni de sa communauté, reclus au coeur dune forêt mystique. Une entité ancienne née du froid et de la famine, prête à rétablir son pouvoir sur son royaume de glace. Une effroyable légende, oubliée de tous 

Pourquoi ce livre ?

Etant particulièrement fan de cette collection des Contes interdits, je n'ai pas hésité très longtemps lorsque je l'ai vu en librairie et me suis lancée dans mon challenge perso des réécritures de contes.

De quoi est-il question ?

1970, quelque part dans l'arrière pays, un arbre est coupé alors que, dans le même temps, des religieux catholiques reccueillent dans un pensionnat des enfants autochtones dans le but d'en faire de parfaits petits "blancs", très éloignés de leurs croyances traditionnelles. 2018, Anna, étudiante en journalisme, tente de résoudre la mort mystérieuse de son grand-père.

Au Québec, alors que le froid fait rage, Anna aimerait comprendre pourquoi son grand-père, un homme sans histoire, se serait suicidé. Jusqu'à ce qu'un ami de la famille lui dévoile que ce fameux suicide pourrait bien être plus que ça, pourquoi pas un meurtre. D'autant que d'autres personnes semblent en savoir un peu plus.

Mais pourquoi la peur semble-t-elle être la seule réponse de tous ceux que le grand-père aurait pu connaître au temps du pensionnat ? Anna peut-elle faire confiance à une vieille religieuse ayant perdu l'esprit ? Et pendant ce temps, une entité étrange semble gagner du terrain, une entité faite de glace, une ancienne malédiction trop réelle.

Du côté de la forme...

Trop peu connue en France mais faisant pas mal de bruit au Québec, cette collection pour public averti est la plus incroyable que je connaisse. Alors en cette période fard consacrée à La reine des neiges 2, cette lecture était pour moi évident.

La première chose à mettre en avant pour parler de ce roman est que, si vous vous attendez à une réécriture plus sombre de la version Disney, passez votre chemin. Car à part les prénoms de certains personnages, ce roman est une réécriture du conte traditionnel d'Andersen qui, rappelons-le, est déjà très sombre de base.

Il est vrai que pendant une grande partie du roman je me suis demanée où était le lien avec le conte car l'auteur prend des libertés étonnantes qui donnent le sentiment qu'il n'y a aucun rapport. Jusqu'au dernier tiers du roman où les références se mettent en place avec beaucoup de puissance pour une réécriture au final magistrale et totalement envoûtante.

Le roman avance entre deux époques : les années 1970 et le temps actuel. Bien sûr, on se doute bien que les deux époques vont finir par se relier pour une révélation commune mais je dois bien avouer que je ne me suis jamais doutée ne serais-ce que d'un début de réponse. Mais les deux ambiances nous plongent dans le Québec et son histoire, de quoi en apprendre un peu plus de par chez nous.

L'horreur ayant lieu dans le pensionnat de cette histoire en 1970 n'est pas sans rappeler la colonisation européenne. Quant à l'intrigue elle-même on se laisse prendre avec une montée en puissance de l'horreur et une volonté de la part de l'auteur de nous faire frémir. D'ailleurs, la folie est aussi magistralement mise en avant dans un réalisme des plus complets.

Question style, l'auteur maîtrise avec brio les codes du polar et du thriller pour nous embarquer avec lui dans cette intrigue à rebondissements qui mêle histoire de famille, ambiance glauque, histoire du Québec et violences physiques et psychologiques. Alors, quand le fantastique s'en mêle, l'ensemble devient addictif et inoubliable.

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait depuis pas mal de temps et que j'attendais simplement de pouvoir acquérir. Voici un roman qui reprend avec plus d'horreur encore un conte que l'entreprise Disney a trop largement allégé. Voici un roman qui mêle horreur, thriller, fantastique et histoire de famille dans un ensemble complet et marquant.
Un roman à découvrir sans attendre pour se faire peur et vivre mille émotions. 

Lame de fond - Cécilia Dutter



Infos sur le livre

éditions : Milady
date de publication : 10-07-2015
pages : 288
prix : 6,90€

Résumé éditeur

Entre un mari qu'elle n'aime plus et une fille qu'elle peine à comprendre, Romane se sent perdue. Lors d'un déplacement professionnel en Thaïlande, elle réchappe miraculeusement au tsunami. La possibilité d'être une autre se présente alors brutalement à elle. Au fil d'un périple riche de rencontres, elle tentera de se réinventer. Mais quel est le sens d'une existence bâtie sur un leurre ? Avec ce roman sur la quête de soi, Cécilia Dutter nous invite à une bouleversante traversée du miroir. 

Pourquoi ce livre ?

Lors de la sortie de ce roman, je m'étais laissée tentée sans jamais prendre le temps de le lire. Mes congés m'ont enfin permis de le sortir de ma pal et j'en suis ravie.

De quoi est-il question ?

Depuis longtemps, Romane se sent comme une étrangère au sein de sa propre famille entre un mari qui l'ignore et une fille pour qui elle ne compte pas. Alors quand elle doit se rendre en Thaïland pour Noël 2004, elle n'hésite guère. Mais au lendemain de Noël, un Tsunami sans précédent ravage cette région du monde. Les victimes se content pas dizaines.

Tentant de trouver un lieu sûr, Romane tombe sur le corps d'une femme tuée par la catastrophe. Non loin d'elle, ses papiers d'identité. Et lorsque, plus tard, les autorités du pays demandent à Romane son nom, c'est sur un coup de tête qu'elle choisit d'endosser le nom de cette femme, comme une chance de tout recommencer à zéro.

Dès lors, celle qui se fait désormais appeler Estelle entreprend une nouvelle vie dans ce pays en reconstruction jusqu'à ce qu'un cargot lui apparaisse comme une possibilité de réaliser son rêve de toujours : partir pour l'Australie. Mais entre une fausse identité et des rencontres pas toujours de confiance, la nouvelle vie de Romane ne manquera pas de piquant...

Du côté de la forme...

Ce roman me tentait depuis longtemps et, débutant au lendemain de Noël, il m'a semblé évident de m'y plonger en cette période de l'année même si je me doutais que ce roman ne serait pas du tout axé fêtes de fin d'année.

Nous sommes en effet le 26 décembre 2004, en Thaïland. Ce jour-là, un terrible Tsunami ravage cette région du monde laissant derrière lui des dizaines de victimes et des familles dévastées. Laissant également le monde entier en parfaite terreur face à des images qui tournent en boucle à la télévision. Nous nous en souvenons plus.

L'autrice a donc pris le parti de jouer entre réalisme et fiction pour présenter Romane, un personnage créé de toutes pièces, au sein d'une catastrophe historique que l'on revoit défiler devant nos yeux par la capacité de description. Un personnage troublé qui ne peut que nous toucher. Car Romane est une femme qui se sent comme regardant sa vie se faire malgré elle et cela est émouvant.

Alors Romane va faire le choix de changer de vie et si cette de l'usurpation d'identité n'est pas neuve, force est de constater qu'ici l'originalité est au rendez-vous et, étrangement, parfaitement plausible même si les rebondissements qui suivront peuvent sembler un peu too much. Mais le fait est que ça fonctionne et qu'on se laisse prendre par l'histoire de Romane avec passion.

Le point fort de l'autrice est d'offrir le choix à son lecteur de comprendre ou non le personnage alors même que nous sommes en point de vue interne qui, normalement, force l'empathie. Ici, j'ai tour à tour eu envie de secouer Romane pour qu'elle comprenne son égoïsme et eu envie de lui crier de poursuivre sa quête pour se retrouver elle-même.

Je ne connaissais pas le style de l'autrice et c'est un style plutôt agréable que j'ai eu l'occasion de découvrir. Un style qui va à l'essentiel et dans lequel on souhaiterait plus de longueurs alors même qu'il sait nous toucher. On croit au personnage de Romane et, surtout, la capacité de description historique est aussi tragique et violente que la réalité des images vues et revues.

En conclusion... 

Voici un roman que j'avais très envie de lire mais pour lequel j'ai attendu le bon moment. Voici un roman qui reprend les thématiques des histoires de femmes telles qu'on les aime non sans se faire témoins d'une catastrophe naturelle historique. Voici un roman fort et troublant qui reprend avec brio la thématique du changement de vie.
Un roman à lire pour passer un beau moment de suspens et de terreur. 

mercredi 1 janvier 2020

Les aventures improbables de Julie Dumont - Cassandra O'Donnell



Infos sur le livre

éditions : Pygmalion
date de publication : 23-03-2016
pages : 384
prix : 16€

Résumé éditeur

 « Il y a des filles qui n ont pas de bol. Celles qui ont tiré les mauvaises cartes dès le début. Celles-là, on n a ni envie de les engueuler ni de leur tirer dessus. Puis il y a celles qui prennent les mauvaises décisions quoi qu il arrive. Bref, les filles à emmerdes. J appartiens clairement à la deuxième catégorie.Oh, je ne m en glorifie pas. C est un état de fait. J attire les catastrophes. Quoique je dise ou quoique je fasse, il y a toujours un couac. Celui du jour est sans nul doute de m être portée au secours d un type qu on venait de balancer nonchalamment dans un fossé. Parce qu une chose est sûre, si j avais su dans quoi je mettais les pieds en ramassant ce porte-poisse, j aurais tourné les talons et poursuivi ma route sans me retourner.Mais, la curiosité est un vilain défaut et, dans le petit bourg de province normand où j ai grandi, les secrets et les drames prolifèrent aussi vite que la gastro et les cancans rattrapent toujours les coupables... » 

Pourquoi ce livre ?

Cassandra O'Donnell fait partie de ces autrices que je suis de roman en roman depuis pas mal de temps mais dont, parfois, je mets un peu de temps à lire les romans. Durant mes congés, j'ai eu envie de sortir celui-ci. 

De quoi est-il question ?

Julie est ce que l'on peut communément appeler une "porte-poisse". Toutes les situations improbables et sources d'ennuis, c'est pour elle. Comme ce matin lorsqu'elle s'éveille, dans son lit, aux côtés d'un homme totalement nu dont elle n'a aucun souvenir. Comme avec ses parents qui veulent à tout prix la caser. Comme cet homme qu'elle va vouloir aider en l'emmenant à l'hôpital...

Car alors qu'elle doit se rendre à l'anniversaire de mariage de ses parents, auquel elle ne doit pas être en retard au risque de transformer sa mère en furie, Julie "tombe" sur un homme qui, de toute évidence, vient de se faire tabasser. N'écoutant que son coeur elle l'emmène aux urgences mais c'est là le début des ennuis car à l'hôpital chacun croit que c'est son ami et l'homme va en jouer.

C'est comme ça que, bien malgré elle, Julie va se retrouver dans une enquête sur la mort d'une jeune femme. D'autant que, quelques heures plus tard, chez ses parents, c'est une amie de cette femme qui fait une crise cardiaque. En quête d'action et de vérité, Julie va devenir journaliste d'investigation pour découvrir la vérité, au risque de s'attirer bien des ennuis...

Du côté de la forme...

Cassandra O'Donnell est sans doute l'une des autrices les plus charmantes et les plus barrées à la fois qu'il m'ait été donné de rencontrer. Et si elle excèle dans ses romans pour la jeunesse et ses romans fantastiques, ce roman-ci est sans doute celui qui dévoile le plus sa personnalité dégentée.

En commençant ma lecture, et au vu du résumé de l'éditeur, je m'attendais à un roman feel good et chick lit. Bref, un roman tout en légèreté et sans prise de tête. Et si c'est là ce que j'ai eu, je dois bien avouer que je ne m'attendais pas du tout à être plongée dans une ambiance presque polar mais polar hors du commun.

Julie est clairement le genre de filles qui n'a pas de bol et qui, pourtant, dans son genre, cherche aussi les ennuis. Tout ça parce qu'elle n'écoute que son instinct. De quoi la rendre attachante d'autant que, bien souvent, je me suis demandée comment elle faisait pour ne pas envoyer paître sa famille de dingues, et surtout sa mère. Pour ma part, j'aurais craqué depuis longtemps...

Bien malgré elle, Julie va donc se retrouver au sein d'une enquête qui, au départ, peut sembler un peu folle et qui pourtant, page après page, va commencer à prendre son sens. Le lecteur va donc peu à peu se laisser prendre par l'envie de découvrir la vérité. Le point fort de l'autrice est que, ne présentant pas son roman comme un polar, elle parvient à nous surpendre et à jouer avec les codes.

Car ce roman est bien, dans le même temps, une romance chick lit avec une romance naissante et des relations entre les personnages dignes des meilleurs romans du genre. Et si le lectuer a parfois le sentiment d'un côté "too much", c'est ça qui marche et fait tout le charme de ce roman. D'autant que la surprise sait être au rendez-vous.

Une nouvelle fois, l'autrice a su me charmer par son style et par sa capacité à me plonger dans l'univers qu'elle propose comme on plonge dans un canapé moelleux. Une nouvelle fois elle a su me faire adorer son personnage un peu en marge et a su m'offrir des émotions mêlées qui font du bien car justement dosées.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'attendait depuis plusieurs années et que je suis absolument ravie d'avoir enfin pu dévorer. J'attendais le bon moment et j'ai bien fait car c'est comme ça, je pense, que j'ai su le plus apprécier cette lecture. Voici un roman qui a su me séduir par ses personnages un peu barrés et par une intrigue qui a su m'embarquer. L'autrice a encore une fois su frapper fort.
J'espère que Julie Dumont sera bientôt l'objet d'une nouvelle aventure car elle le mérite. 

L'île du diable - Nicolas Beuglet



Infos sur le livre

éditions : XO
date de publication : 19-09-2019
pages : 320
prix : 19,90€

Résumé éditeur

La vengeance est affaire de mémoire. Le corps recouvert d'une étrange poudre blanche... Des extrémités gangrenées... Un visage figé dans un rictus de douleur... En observant le cadavre de son père, Sarah Geringën est saisie d'épouvante. Et quand le médecin légiste lui tend la clé retrouvée au fond de son estomac, l'effroi la paralyse. Et si son père n'était pas l'homme qu'il prétendait être ? Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l'ex-inspectrice des forces spéciales   s'apprête à affronter un secret de famille terrifiant. Que découvrira-t-elle dans ce vieux manoir perdu dans les bois ? Osera-t-elle se rendre jusqu'à l'île du Diable ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions XO grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis depuis ses débuts et dont chaque nouveauté est une grande découverte.

De quoi est-il question ?

Sarah Geringën est en phase de sortir de prison, prison où elle croupit depuis un an, depuis sa précédante affaire. Mais la veille de sa libération, elle apprend avec effroi que son père vient d'être assassiné. Et non content d'avoir commis un crime attroce, l'assassin a mis en scène son crime de manière plus terrible encore.

Si, officiellement, Sarah ne doit en aucun cas enquêter sur cette affaire qui la touche de beaucoup trop près, la jeune femme est bien décidée à faire la lumière sur cette affaire. Car elle a bien du mal à imaginer que quiconque ait pu en vouloir à son père, ce père si secret. Et pourtant, cette affaire pourrait bien être l'occasion pour l'enquêtrice d'en apprendre plus sur ce père.

Accompagnée d'Adrian, un tout jeune inspecteur, Sarah va partir en quête du passé car plus les informations lui parviennent et plus Sarah se découvre le sentiment de ne rien savoir de son père. Son enquête la conduira jusqu'aux coins les plus reculés de la Norvège et de la Sibérie pour découvrir un secret qui changera sa vie à jamais...

Du côté de la forme...

En un rien de temps, Nicolas Beuglet est parvenu à se faire son trou dans le monde du polar français, un monde pourtant ô combien bouché de par un trop plein d'auteurs du genre. Mais certaines plumes parviennet encore à se démarquer et ici, l'auteur a su se classer dans les incontournables du genre.

La grande force de l'auteur est de parvenir à nous proposer des enquêtes différentes de tomes en tomes mais avec le fil conducteur qu'est l'inspectrice Sarah Geringën, une jeune femme un peu troublée mais ô combien douée dans son domaine. Et il est vrai que la fin de Complot ne pouvait que donner envie de se précipiter sur le titre suivant.

Nous retrouvons donc ici Sarah un an plus tard, une Sarah qui est à la fois la même et qui à la fois a bien changé. Et ce parce que si elle est ravie d'être libérée et de retourner à sa vie, elle est amaigrie et affaiblie avec le traumatisme des accusations qui la poursuivent encore. De quoi se laisser toucher par ce personnage au caractère fort.

Cette fois, c'est dans le passé de son propre père, que Sarah va devoir enquêter. Une thématique qui fonctionne toujours dans le genre. Mais si, au début de ce roman, on peut s'attendre à un polar somme toute classique, l'auteur sait nous embarquer avec lui et nous retourner le cerveau pour, à partir de la moitié du roman, nous embarquer dans une direction totalement inattendue. 

Difficile de vous parler de toute la force de ce roman sans vous spoiler (ce qui serait purement sacrilège) mais ce que je peux vous dire c'est qu'au delà de l'histoire de famille qui, déjà en elle-même est incroyable, l'auteur nous offre une part de l'histoire de la Russie que l'on n'imagine pas et qui vous retourne les sangs. De quoi faire de beaux cauchemars si lecture avant d'aller dormir...

Et c'est avec un style à la fois addictif et travaillé que l'auteur nous entraîne dans cette histoire avec cette capacité incroyable à nous surprendre, à nous faire bondir et à nous dégoûter. Cette capacité aussi à jouer avec les codes pour nous faire regretter de ne pas avoir "deviné" tout en nous plongeant dans des révélations proprement inimaginables. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman de dingue comme je les aime. Le genre de roman que je ne peux plus lâcher à la seconde même où je les commence. Le genre de roman où, passé un chapitre clé, on tourne les pages avec avidité, dégoût et avec le coeur qui bat fort. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti cela lors d'une lecture et je suis ravie que Nicolas Beuglet ait su le faire.
Il va de soi que j'ai plus que hâte d'avoir son prochain roman en main, surtout avec cette nouvelle fin !