dimanche 23 mai 2021

Les chasseurs de trésor - Carina Rozenfeld

  

Infos sur le livre

éditions : Gulf Stream

date de publication : 12-09-2019

pages : 224

prix : 13,90€

 

Résumé éditeur

Au village du Mont-Streuh, on raconte que d'étranges créatures habitent le lac et l'ancien hôtel du mont. Certains prétendent aussi qu'un trésor serait dissimulé dans le Mont-Streuh hôtel... Les parents d'Olivia, dix ans, ignoraient tout des légendes du village lorsqu'ils ont choisi d'acheter le vieux manoir, un ancien hôtel, pour le rénover. Dépitée d'emménager dans cet endroit perdu et en ruine, Olivia va rapidement découvrir qu'elle a un pouvoir spécial : elle seule peut voir les familles de monstres qui vivent dans les chambres de l'hôtel ! Tandis qu'un incroyable univers s'ouvre à elle, une équipe d'ouvriers peu sympathiques commence les travaux. Olivia le comprend vite, ils veulent tout détruire pour mettre la main sur le fabuleux trésor de la légende ! Elle va s'employer à les chasser... Et pour cela, quoi de mieux qu'une bande de monstres ?

 

Pourquoi ce livre ?

Voilà une série qui me tentait beaucoup depuis sa parution. La sortie du tome 1 chez France Loisirs m'a donnée l'occasion de me lancer.

 

De quoi est-il question ?

Quitter Paris pour aller se perdre au fond d'un petit village pour rénover un vieux manoir abandonné, voilà qui a de quoi mettre la jeune Olivia de mauvaise humeur. Agée de 10 ans, elle aurait préféré rester à Paris avec ses amis que de suivre ses parents au milieu de nulle part. Et ce n'est pas l'idée de transformer le manoir en hôtel qui est pour la rassurer.

Pourtant, très vite, alors qu'elle part à la découverte des lieux, Olivia découvre qu'en parallèle de sa famille vivent dans le manoir de drôles de monstres. La première surprise passée, c'est tout naturellement qu'elle s'en fait des amis. C'est tout un autre monde qui l'accueille et lui permet peu à peu d'accepter sa nouvelle vie et même de l'apprécier.

Bientôt, les travaux commencent pour faire de la partie publique du manoir l'hôtel souhaité par les parents d'Olivia. Mais très vite, Olivia s'interroge sur ces soit-disant professionnels qui semblent détruire plus qu'ils n'améliorent les lieux. Il faut dire qu'une légende court au village selon laquelle la nouvelle demeure d'Elisa renfermerait un trésor...

 

Du côté de la forme...

Carina Rozenfeld fait partie de ces auteures qui ne m'ont jamais déçue et qui savent toujours imaginer des univers qui m'embarquent. J'avais donc hâte de découvrir cette nouvelle série jeunesse qui a su me convaincre en un rien de temps.

Nous sommes ici dans un univers jeunesse et c'est donc dans un objectif très décontracté que je me suis lancée dans cette lecture. En effet, si en tant qu'adulte j'ai trouvé tout d'abord Olivia boudeuse et un brin agaçante, je me suis très vite mise à la place d'un jeune qui éprouvera pour elle empathie et sympathie. Car Olivia est le genre de personnages auquel on s'attache très vite.

L'auteure renoue ici avec le fantastique au sens stricte : un univers sans magie au départ dans lequel l'imaginaire va peu à peu s'intégrer. A la différence près qu'ici nous allons passer très vite d'un moment ordinaire à un monde avec des monstres et un univers complètement décalé et à la fois très attachant qui fait du bien et invite à l'évasion.

Dès lors, ce roman va naviguer entre fantastique, aventure et enquête. Car il va s'agir de savoir pourquoi les ouvriers détruisent tout, comment les monstres vivent dans cette maison, quels secrets pourraient être dévoilés. Et le lecteur se laisse prendre à tous ces mystères qui, bien que très jeunesse, nous embarquent, nous frémir et nous font poser question.

Mais surtout ce roman est une très belle histoire d'amitié et une très belle leçon sur la différence, apportée avec beaucoup de finesse. De quoi mettre la jeunesse en valeur contre le monde adulte mais aussi les relations naissantes. L'idée selon laquelle il ne faut pas se fier aux apparences. Et cette histoire d'amitié, le lecteur a le sentiment d'y prendre part pour son plus grand plaisir.

Côté style, on retrouve l'écriture très délicate d'une auteure qui sait parler aux jeunes mais qui sait aussi imaginer des univers totalement décalés et qui fonctionnent. Elle sait ici reprendre les codes des manoirs hantés et des romans fantastiques pour apporter quelque chose de neuf et de frais adapté aux lecteurs d'aujourd'hui.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait beaucoup et que j'étais très curieuse de découvrir. Bien que n'ayant pas l'âge visé, j'ai toutefois passé un très agréable moment. Ce premier tome met en place un univers prometteur et des personnages attachants que l'on a envie de garder près de soi. Un début de série comme je les aime qui promet du très bon pour la suite.

Un court roman que je vous conseille vivement en attendant de pouvoir lire la suite de mon côté.

Carnets de notes - Daniel Brugès

  

 

Infos sur la papeterie

éditions : De Borée

date de publication : 13-05-2021

pages : 100

prix : 9,95€

 

Résumé éditeur

Assez grand pour pouvoir prendre des notes, pas trop grand pour tenir dans un sac et être emporté partout ! Les pages destinées à la rédaction sont accompagnées de pages de texte illustrées d'aquarelles d'exception présentant de magnifiques oiseaux ou la beauté de l'Auvergne. On découvre ainsi le visuel et les caractéristiques de l'animal. Mésange, guêpier, pic-vert, huppe, martin-pêcheur... Une ode à la nature, à sa beauté et à sa diversité.

 

Pourquoi ces ouvrages ?

Grand merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ces magnifiques carnets de notes illustrées des magnifiques aquarelles de Daniel Brugès.

 

Mon avis... 

Parler papeterie n'est pas aisé. Je ne suis ni spécialiste de fabrication ni critique d'art. Ce que je vais vous dire ici de ces carnets sera donc totalement subjectif et sans doute pas des plus développés. Pour autant, je tiens à le faire. 

Entre une couverture semi-rigide, un format idéal pour glisser dans un sac et un élastique pour le refermer gracieusement, ce carnet est juste parfait pour traîner partout avec soi, pour noter des impressions ou des idées, pour se laisser aller à toutes formes de poésie. Car ces carnets invitent à l'inspiration, de quoi faire du bien en cette période. 

Tout dans la conception du carnet nous embarque jusqu'à l'intérieur de couverture qui nous invite au voyage et la possibilité de le personnaliser à l'image d'un carnet intime. De quoi mettre en valeur l'imaginaire de chacun et inviter à l'épanchement de soi sans crainte du jugement. Le papier donnant un aspect ancien fait aussi réfléchir à deux fois avant d'utiliser ce carnet.

Quant aux aquarelles elles-mêmes, je suis toujours autant fan du coup de pinceau de Daniel Brugès qui sait nous inviter à la découverte du monde et de la nature. Le réalisme est frappant et les explications englobant chaque aquarelle nous amène un peu de poésie du monde et un peu de savoir sur ce qui nous entoure.

 

En conclusion...

Magnifiques objets que ces carnets qui nous envoûtent et nous font du bien tout en nous invitant au voyage et à la découverte de soi. Le type de carnet qui donne envie de se libérer et de laisser aller le flux de nos pensées. Un vrai doux moment poétique qui passionnera tous les amateurs d'écriture et de beaux-objets. 

Le bal des fes folles - Victoria Mas

  

Infos sur le livre

éditions : Livre de poche (Albin Michel)

date de publication : 31-03-2021

pages : 236

prix : 7,40€

 

Résumé éditeur

1885 : comme chaque année, à la Salpêtrière, se tient le très mondain « bal des folles ». Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous. Dans ce livre terrible et puissant, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au célèbre neurologue ; Louise, abusée par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de pousser son souteneur dans la Seine ; Eugénie enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu’il faut bien appeler une prison.

 

Pourquoi ce livre ?

Depuis sa sortie, ce roman me faisait très envie à tous les niveaux. La parution au format poche était donc enfin l'occasion de le découvrir.

 

De quoi est-il question ?

Elles sont filles de joie, meurtrières, filles déchues ou simplement femmes avides de liberté... dans une époque qui ne tolère aucune place aux femmes dans la société si ce n'est celle d'être mères et épouses. Nous sommes en 1885, à Paris, et ces filles sont faites prisonnières dans un asile où elles sont déclarées folles, sans nul espoir d'en réchapper.

C'est l'époque où toute femme libre est décriée comme hystérique, où un psychiatre de renom, un dénommé Charcot, estime que le sexe de la femme est source de tensions, de malêtre et de désoeuvrement de la pensée mentale. Alors ces filles décrites comme telles sont faites prisonnières et sont amenées à subir les plus violentes expériences au nom de la science.*

Dans ce monde effroyable, Eugénie est une adolescente de bonne famille, un peu trop libre aux yeux de son père. Mais, surtout, capable de converser avec les morts comme elle le fait avec son grand-père parti trop tôt. Le dévoiler la catégorise d'emblée comme folle tendis qu'à la Salpétrière se prépare l'événement de l'année : le bal où les folles rencontres les hommes du monde.

 

Du côté de la forme...

La question de l'hystérie au 19ème siècle, je dois dire que j'en ai eu plus que mon compte lors de recherches universitaires. Pour autant, j'étais très curieuse de découvrir ce "bal" et la vie de ces femmes. Quelle claque !

Dans une époque qui considère que la femme ne doit être que soumise et sans pensée, toute exception se définie par la folie. Et l'auteure nous dévoile entre élégance et force les caractères de ces différentes femmes, toutes reléguées à la même enseigne. Eloignées du monde, elles nous touchent car ne sont finalement toutes que victimes de la violence de leur monde. Terrifiant.

Qu'elles soient les plus terribles meurtrières, de pauvres filles violées ou simplement de libres penseuses, elles doivent affronter les épreuves des expériences. Des expériences étudiées avec soin par l'auteure qui nous dévoile l'horreur et, tragiquement,  les progrès de la médecine. De quoi porter un regard différent sur une époque marquante et passionnante.

Eugénie est un peu à part les autres par sa capacité de parler aux morts et est sans doute le personnage qui m'a le plus touchée. Car une femme née à la mauvaise époque. Etonnant le paralèle fait entre l'intelligence de ces femmes, l'horreur de l'asile et le caractère attractif, intrigué et voyeur que le lecteur peut repprocher au peuple tout en l'ayant lui-même.

Car si le bal lui-même n'aura lieu qu'à la fin du roman, tout le roman nous y prépare entre les préparatifs, les craintes et tout ce qu'il engage. Et il est vrai que le bal sonne comme hors du temps, comme décalé par rapport à l'horreur. Il sonne comme un moment d'évasion et de rêverie pour amuser un peuple et faire oublier leur réalité à ces femmes. Un moment beau et tragique à la fois.

Côté style, nous sommes là face à une écriture profondément littéraire, réfléchie, intelligente. Nous sommes face à des mots qui vous frappent, à des situations qui vous émeuvent et à une recherche historique en droit de nous impressionner véritablement. Nous sommes là face à un roman qui dénonce une époque tout en nous offrant une image forte et marquante de la femme. Incroyable.

 

En conclusion... 

Voici un roman qui m'inspirait grandement et que je ne regrette pas du tout d'avoir ouvert. Les pages se tournent toutes seules et la dualité entre beauté et horreur est présente à chaque page. Le contexte historique est simplement parfait et la portée de réflexion pour le lecteur sans fin. Impossible de ressortir totalement indemne de ce roman.

Un coup de coeur qui change de tout ce que l'on connait en littérature.

Les pierres maudites - Michel Lacombe

  

Infos sur le livre

éditions : Mot Passant

date de publication : 18-08-2020

pages :

prix : 12€

 

Résumé éditeur

 

La belle Françoise décide de faire le point sur les mystères qui subsistent autour des dolmens et menhirs de Bretagne. Elle s'adjoint pour ce reportage Pierre Laubernier, qu´elle remplace depuis le départ à la retraite de ce dernier. Si elle espère rédiger tranquillement ses articles sur les prestigieux sites du Morbihan, autant dire tout de suite qu´elle se trompe ! Alors qu´elle sillonne la région de Carnac, réputée dans le monde entier pour ses alignements de milliers de pierres dressées, les morts se succèdent au coeur d´une mission scientifique chargée de recherches nouvelles sur le phénomène de ce mégalithisme unique au monde. Une fois de plus, elle se retrouve engluée entre sa conscience professionnelle de journaliste et sa tendance à s´investir dans des investigations qui ne sont nullement de son ressort. Comment résister à l´envie d´essayer de dépatouiller ces meurtres que n´arrivent pas à élucider les services officiels affectés à l´enquête ? Comme l´avoue notre Françoise : « c´est plus fort que moi ! »

 

Pourquoi ce livre ?

Troisième volet d'une collection qui a su m'envoûter, j'avais hâte de me plonger dans une des régions que j'aime le plus : la Bretagne.

 

De quoi est-il question ?

Malgré le côté rabattu du sujet que peuvent être les dolmens et autres menhirs bretons, malgré la notoriété existante des alignements de Carnac, Françoise Duteiller décide de partir en Bretagne en quête d'un nouvel angle de vue, plus scientifique, pour parler de ce sujet passionne et rameute les touristes depuis des années.

Elle convaint son prédécesseur de L'Archéophile de l'accompagner et de visiter avec elle la Bretagne profonde, en quête de lieux tout aussi pationnant mais boudés du grand public. Mais, sitôt arrivée, elle apprend qu'un des scientifiques qu'elle devait rencontrer est mort mystérieusement. Son côté enquêtrice ne faisant qu'un tour, elle ne peut bientôt plus s'empêcher de ne penser qu'à ça.

Il faut dire que, très vite, les morts se succèdent. Des morts différentes, certes, dont une seule n'est qu'un véritable crime, mais qui vont éloigner Françoise de ses préoccupations premières. Faisant fi des injonctions de la police locale, elle va se mettre en quête de réponses, avec le caractère et la liberté qui la caractérisent. D'autant que les zones d'ombre sont nombreuses.

 

Du côté de la forme...

Des enquêtes dans des lieux historiques forts, c'est ainsi que cette série a su me toucher. Mais un tome se déroulant en Bretagne au coeur des alignements de Carnac, je ne pouvais clairement pas passer à côté. Et j'ai eu raison.

Faisant partie de ces personnages modernes qui n'ont rien d'enquêteurs mais trouvent les réponses, Françoise est aussi étonnante qu'agaçante. Il faut donc accepter cette règle avant de se plonger dans ce roman. Car il faut bien avouer que ses attitudes peuvent taper sur les nerfs. Et malgré tout, ça marche et les réponses, elle les trouve, au-delà de tout esprit critique du lecteur. Donc, ça marche.

Dans ce roman donc, l'enquête autour des accidents va frôler l'enquête historique. Et je dois dire que j'ai beaucoup aimé le lien beaucoup plus clair entre les deux ici. Les morts touchant directement le sujet d'article de Françoise, le lien est plus clair, plus fort, plus intriguant et sans doute plus efficace aussi car directement rattaché à l'ensemble.

Ce tome est peut-être plus scientifique mais est toujours aussi instructif sur le sujet qu'il porte. L'auteur joue de l'intrigue pour nous apporter un savoir sur un sujet qui ne peut que nous porter et sait nous donner envie d'aller, ou de retourner, en Bretagne, pour découvrir ces endroits décrits avec tant de passion. Car l'auteur aime ce qu'il raconte et ça se sent.

Au niveau de l'intrigue, tout se passe très vite, beaucoup de cadavres et de rebondissements, mais, en même temps, l'auteur prend le temps de l'enquête. Une enquête au sens traditionnel du terme avec de vraies questions et un enchaînement de réflexions qui change de l'action ou du thriller tel que je peux aussi l'aimer. De quoi renouer avec le polar traditionnel une nouvelle fois.

Côté style, l'auteur sait mêler une nouvelle fois les deux aspects de son texte et ça marche. Il sait nous offrir un vrai bon moment d'intrigue tout en nous offrant un voyage comme nous en rêvons depuis plus d'un an. Il sait nous faire voir la France, ici la Bretagne, et nous la faire aimer. Il sait nous offrir un personnage féminin qui sort des sentiers battus et revendique la liberté de la femme.

 

En conclusion... 

Nouveau roman d'une série que j'aime beaucoup et nouveau roman très efficace que j'ai dévoré, d'autant plus sur un sujet qui ne pouvait me laisser insensible. L'intrigue a su me surprendre malgré une fin qui se laisse entrevoir peu à peu et des révélations fracassantes. Françoise a su une fois encore m'agacer, me toucher et me surprendre.

Cette série change du polar tel qu'on l'entend aujourd'hui et fait du bien pour découvrir des coins charmeurs de nos belles régions.

A vif - René Manzor

  

Infos sur le livre

éditions : Calmann-Lévy

date de publication : 17-03-2021

pages : 412

prix : 20,50€

 

Résumé éditeur


Dans la forêt qui borde le village de Gévaugnac, on découvre une toute jeune fille brûlée sur un bûcher. La capitaine Julie Fraysse, du SRPJ de Toulouse, est priée de différer ses vacances et de consulter Novak Marrec, le policier qui a mené l’enquête sur des meurtres très similaires, attribués à un mystérieux « Immoleur » jamais arrêté. Le problème c’est que Novak est interné en hôpital psychiatrique. Depuis son échec dans l’affaire de l’Immoleur, ce flic intelligent, cultivé et peu loquace est atteint de troubles obsessionnels délirants : par moments son cerveau lui crée de fausses certitudes, qu’il n’arrive pas à distinguer de la réalité. Convaincu que l’Immoleur est de retour, Novak se lance à corps perdu dans l’enquête avec Julie. Mais comment découvrir la vérité quand votre propre esprit joue contre vous ? Parviendront-ils à mettre au jour les secrets de la petite communauté de Gévaugnac ?

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Calmann-Lévy grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis depuis ses débuts et qui sait toujours me surprendre.

 

De quoi est-il question ?

Une nuit, une adolescente avide de liberté et de notoriété sort de chez elle et part rejoindre un homme lui ayant promis la célébrité. Le lendemain, la jeune fille est retrouvée morte, calcinée sur un bûcher et ayant, de toute évidence, subit l'enfer. Julie Fraysse, capitaine de police et mère de deux enfants, est mise sur l'affaire, bon gré mal gré.

Il faut dire que l'affaire ressemble en tous points à une série de meurtres ayant eu lieu des années plus tôt et n'ayant jamais été élucidés. Julie doit donc s'entretenir avec l'enquêteur de l'époque et lui faire dévoiler tout ce qu'il sait, voire le convaincre de l'aider à résoudre ce nouveau crime. Mais face à son échec de l'époque, Novak a été victime d'une dépression et est aujourd'hui interné. Pas simple.

Tout d'abord réticent, Novak accepte finalement d'être consultant et de venir en aide à celle qui l'a remplacé. Un moyen pour lui de tirer enfin un trait sur le passé, d'arrêter le coupable et de, peut-être, voir enfin l'avenir. Mais alors que les indices redoublent et que l'horreur s'accentue, comment démêler le vrai du faux ?

 

Du côté de la forme...

René Manzor est de ces auteurs que j'ai découvert avec leur premier roman et que je suis désormais de livre en livre avec toujours cette envie de me laisser embarquer et surprendre. Une fois encore, c'est plus que réussi.

Si, par la force des choses, on est tout d'abord agacé par le comportement d'une énième adolescente qui s'évade de chez elle et va avoir des problèmes, comment ne pas compatir à la détresse des parents face à l'horreur ? Une détresse très justement décrite par l'auteur qui nous plonge dans cet effroi et cette époque, tout en ne nous épargnant aucune horreur au sein de l'intrigue même.

Julie est de ce genre d'enquêteurs modernes que l'on suit tant dans son métier que dans sa vie privée et ça marche. Car bien que brillante dans ses enquêtes, on la sent fébrile dans sa vie privée. De quoi nous la rendre attachante et complexe. En parallèle, l'auteur pousse à son paroxysme l'image de l'enquêteur bousillé par la vie avec le personnage de Novak.

La collaboration entre les deux va s'annoncer houleuse, pour notre plus grand plaisir. Houleuse mais aussi diablement efficace pour mettre en lumière l'horreur et la vérité. Car la relation entre le passé et le présent, bien qu'assez évidente, ne se dévoile pas aussi facilement et l'auteur sait jouer avec nos nerfs pour nous lancer sur de fausses pistes et d'incroyables révélations.

La maladie mentale de Novak va être amenée avec beaucoup de finesse, sans stéréptype et beaucoup d'élégance, bien qu'omniprésente au fil du roman. L'univers de l'hôpital psychiatrique est finement amené mais, peu à peu, le lecteur comprendre que la folie est autant à l'intérieur qu'à l'extérieur avec des êtres sans scrupule et l'enfer derrière chaque porte.

Encore une fois, l'auteur fait preuve ici d'un style diablement efficace qui nous empêche de refermer le roman avant d'en connaître le fin-mot. Et malgré mon envie de comprendre, malgré quelques éléments qui me sont apparus assez tôt dans la lecture, je dois bien avouer que la fin m'a laissée sans voix, sans que je ne comprenne comment j'avais pu autant me faire avoir.

 

En conclusion... 

Quel plaisir que de me plonger de nouveau dans un polar comme je les aime, addictif à souhait, plein de doutes et de rebondissements, troublant et nous faisant frissoner à chaque page ! Quel plaisir que de découvrir des personnages hors du commun qui portent l'intrigue avec brio et une ambiance générale qui nous embarque et nous effraie un peu aussi parfois. Une réussite !

Si je regrette d'avoir anticipé une partie de la fin dès le milieu du roman, je dois bien avouer que l'auteur a su totalement me retourner le cerveaux et me surprendre donc, coup de coeur ! N'hésitez pas !

Rien ne t'efface - Michel Bussi

  

Infos sur le livre

éditions : Presses de la cité

date de publication : 04-02-2021

pages : 456

prix : 21,90€

 

Résumé éditeur

2010. Maddi est médecin généraliste à Saint-Jean-de-Luz, une vie comblée avec Esteban, son fils de 10 ans. Ce jour d'été là, elle le laisse quelques minutes seul sur la plage. Quand elle revient, Esteban a disparu. 2020. Maddi a refait sa vie, et revient sur cette plage en pèlerinage. Au bord de l'eau, un enfant est là. Même maillot de bain, même taille, même corpulence, même coupe de cheveux. Elle s'approche. Le temps se fige. C'est Esteban, ou son jumeau parfait Maddi n'a plus qu'une obsession, savoir qui est cet enfant. Il s'appelle Tom, il vit à Murol en Auvergne. Elle prend la décision de s'y installer. Plus Maddi espionne Tom, et plus les ressemblances avec Esteban paraissent inexplicables : mêmes passions, mêmes peurs... même tache de naissance. Jusqu'où sera-t-elle prête à aller pour découvrir la vérité, et sauver son enfant ? Ou ce garçon qui lui ressemble tant. Ce qu'elle ressent profondément, c'est que Tom est en danger. Et qu'elle seule peut le protéger. 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux Presses de la cité grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur qui fait partie de mes "incontournables".

 

De quoi est-il question ?

En 2010, à Saint-Jean-de-Luz, Maddi est comblée auprès de son fils à qui elle se dévoue corps et âme, avec lequelle elle entretient une relation fusionnelle. Mais alors qu'un jour l'enfant part chercher une malheureuse baguette de pain à la boulangerie, il ne revient pas est porté disparu, faisant sombrer Maddi dans une profonde dépression.

Dix ans plus tard, elle revient sur les lieux du drame, incapable de se détacher de son passé. C'est alors que, sur cette même plage, elle repère Tom, un petit garçon de l'âge de son fils à l'époque. La ressemblance est si troublante, d'autant qu'il porte les mêmes vêtements, que Maddi se conforte dans l'idée qu'elle a retrouvé son fils jusqu'à suivre la mère et son enfant jusqu'à Murol, en Auvergne.

Médecin reconnu, elle n'a aucun mal à se faire engager dans la petite commune du centre France, bien décidée à tisser un lien avec cet enfant qu'elle est sûre d'avoir retrouvé. Mais comment croire à un tel miracle ? Maddi se sent sombrer dans la folie mais qu'importe, récupérer son fils, même tant d'années après, même s'il n'y a aucune logique, va devenir sa raison de vivre, de se battre et d'espérer.

 

Du côté de la forme...

Chaque année, le nouveau roman de Michel Bussi est un événement même si, depuis quelques années, j'avais ce sentiment qu'il avait un peu "baissé". Mais un résumé tel que celui-ci et une plongée en Auvergne ont eu raison de mes doutes et j'ai bien fait.

Tout commence dans le sud de la France avec des thématiques qui fonctionnent toujours : le soleil, la chaleur, le bien-être d'une région reconnue, la tendresse entre une mère et son enfant. Et puis, vient le moment de la disparition, moment toujours très fort et très efficace dans un roman du genre suivi d'une élipse et d'un doute entre véracité et univers imaginaire. Bref, le cocktail idéal.

Comment ne pas être immédiatement touché par Maddi, cette femme forte et intelligente qui va sombrer dans l'horreur de la perte d'un enfant et dans l'espoir de l'avoir retrouvé ? Et si le flirt avec la folie est présent à chaque page, le lecteur plonge lui aussi dans cette folie, pour son plus grand plaisir. Et l'auteur décrit avec brio la dépression, ses conséquences et l'aveuglement de la personne concernée.

Toute l'intrigue va tourner autour de cet enfant que Maddi croit être le sien mais qui ne peut l'être. Et si le lecteur se torture l'esprit pour comprendre ce qu'il en est, rien ne peut lui laisser présager les suprises réservées par l'auteur. Car même en tant que grande habituée de polars et de coups tordus, ces rebondissements-là, je ne les avais pas vus venir. Chapeau !

Et puis, il y a cette plongée au coeur de l'Auvergne, à Murol, où je suis allée quelques fois. L'auteur nous offre avec beaucoup de talent cette région, caresse le côté chauvin des locaux et donne envie aux autres d'aller y faire un tour. Les paysages enneigés de l'hiver, d'ailleurs, jouent de l'intrigue et du caractère envoûtant de l'ensemble.

Côté style, l'auteur sait jouer avec nos nerfs et nous embarquer avec lui sans qu'il ne soit possible de reposer le roman. On le dévore d'une traite, sans pouvoir s'arrêter. L'auteur sait nous offrir la psychologie d'une mère mais aussi la force d'un petit village. Il sait nous offrir une intrigue qui ne peut laisser insensible et qui, en même temps, nous effraie.

 

En conclusion... 

Est-ce un effet du confinement ? D'un renouveau dans l'écriture ? Quoiqu'il en soit, avec ce titre, l'auteur renoue avec les codes qui ont fait son succès et nous ramener dans un type d'intrigue palpitant et addictif. Le côté Auvergne a finit de me convaincre mais, surtout, ce roman fait partie de ceux qu'il faudrait lire une deuxième fois pour dénicher les indices laissés au fil des pages.

On ne ressort pas indemne de ce roman qui aura été pour moi un énorme coup de coeur que je ne peux que vous conseiller.