lundi 25 novembre 2019

Napoléon en Amérique - Sébastien Capelle

Napoléon en Amérique par [Capelle, Sébastien]




















Infos sur le livre

éditions : La fabrique de l'Imagin'Ère
date de publication : 19-10-2015
pages : 179
prix : 13€

Résumé éditeur

Et si l’Histoire s’était déroulée autrement ? 1795, Napoléon a 25 ans quand il débarque au Nouveau Monde et rencontre Émilie. Leur amour fou marque le début d’une aventure incroyable à la conquête d’un continent. Alors qu’Émilie embrasse la lutte contre l’esclavage et pour les droits des femmes, Napoléon poursuit sa quête de gloire sans fin. Leur passion saura-t-elle résister ? Un roman uchronique immersif, basé sur des échanges épistolaires, le tout servi par une plume vive et légère. Il propose une autre épopée napoléonienne, où l’éducation se montre au moins aussi efficace que les armes.

Pourquoi ce livre ?

C'est lors des Aventuriales de 2018 que je me suis laissée séduire par ce roman, intriguée que j'ai été par l'auteur qui me l'a présenté comme un "ovni de la littérature".

De quoi est-il question ?

Et si la Révolution Française n'avait pas eu lieu ? Et si Napélon n'avait jamais été exilé et était parti de lui-même en Amérique pour conquérir cette terre encore en construction ? Et si là-bas il était tombé amoureux d'une jeune fille douce et sans histoire, Emilie ? Tout cela alors qu'il tente de gagner le pouvoir sur un pays où l'esclavage est la norme...

Voilà où nous en sommes en cette année 1795 où le monde a évolué de manière bien différente que celui que nous connaissons aujourd'hui. Napoléon a 25 ans et entretient des correspondances pour montrer l'évolution d'un pays neuf qu'il voudrait bien avoir sous sa coupe tendis que la jeune Emilie évoque avec sa soeur ce sentiment d'amour infini qu'elle éprouve pour l'homme.

Mais alors que la vie suit son court et que les amours tentent de se solidifier de nouvelles rébellions semblent voir le jour dans les esprits d'hommes et de femmes qui espèrent une liberté, et alors qu'en métropole les esprits s'échauffent aussi au risque de mettre à mal les vies douces que chacun espérait et souhaitait.

Du côté de la forme...

Si l'uchronie n'est pas le genre littéraire que je préfère, j'aime en lire de temps en temps surtout lorsque le sujet me semble particulièrement prometteur. En l'occurence, la Révolution Française qui n'aurait pas eu lieu, voilà qui donne à réfléchir.

Je l'avoue, 1789, ce n'est pas là la période que je maîtrise le mieux au niveau historique et sans doute la vie de Napoléon encore moins. En me lançant dans cette lecture j'étais donc plutôt dubitative, non pas sur le roman mais sur ma propre capacité à me plonger dans cette histoire. J'ai finalement bien fait de ne pas m'arrêter à ça car j'ai vécu un moment de lecture d'une rare originalité bien maîtrisée.

Dans ce roman, nous découvrons une Amérique bien différente de celle que nous connaissons avec un Napélon qui souhaite prendre le pouvoir sur cette nation jeune. Une situation qui aurait bien pu être si l'Histoire n'en avait décidé autrement. Et surtout, au-delà de l'histoire modifiée, c'est un côté plus personnel de Napoléon que nous découvrons ainsi qu'une touchante histoire de femme, Emilie.

Au niveau émotionnel, ce roman apporte donc beaucoup avec, pour le lecteur, le sentiment d'être au plus proche des personnages. Une belle manière en outre d'envisager autrement des personnages historiques tout en ayant le sentiment, justement, de les voir comme plus réels même si l'ellipse temporelle est au coeur de cette histoire dont j'ai parfois eu le sentiment d'avoir des manques.

Ce qui m'a provoqué ce sentiment ? C'est aussi ce qui fait tout le génie de ce roman, le choix de l'auteur d'en faire un roman épistolaire. Un moyen d'être au plus proche des personnages, certes, mais un moyen aussi de croire complètement à l'univers imaginé par l'auteur. De quoi presque en oublier que nous sommes en effet dans une uchronie.

Ce roman était aussi pour moi une découverte de style, un style que j'ai plutôt bien apprécié d'autant qu'il s'agit d'un style réfléchi, travaillé et transpirant d'une culture autant littéraire qu'historique tout à fait impressionnante. De plus, l'épistolaire est un style tout à fait particulier à maîtriser et l'auteur a su donner une vraie plume aux différents personnages ce qui est également très fort.

En conclusion...

Voici un roman entrant typiquement dans la catégorie des livres que j'aurai découvert grâce à ma seule rencontre avec l'auteur. Et quelle découverte ! Entre profondeur d'écriture et maîtrise de l'épistolaire, entre analyse historique et maîtrise de l'uchronie, ce roman est un petit bijou unique en son genre qu'il convient de connaître et de faire connaître.
Ce sera sans hésiter que je lirai à l'occasion un autre roman de l'auteur.                             

L'enfant d'Oradour - Régis Delpeuch



Infos sur le livre

éditions : Scrineo
date de publication : 16-05-2019
pages : 144
prix : 9,90€

Résumé éditeur


"Mais je ne suis pas un héros. Je n'ai pas choisi d'être le gosse orphelin de Charly ni le petit rouquin rescapé d'Oradour-sur-Glane, comme on m'appelait là-bas ! Je préférerais que personne ne me connaisse ni à Limoges ni ici mais que mes parents, mes soeurs et mon petit frère soient encore vivants. Depuis un an, je pense à eux tous les jours, tout le temps. Et tu sais pourquoi ? Parce que je ne veux pas oublier tous les bons moments avant ce maudit samedi."

Pourquoi ce livre ?

Entre une maison d'édition que j'adore, un auteur que je suis et un sujet qui me touche tout particulièrement, je ne pouvais passer à côté de ce roman si important.

De quoi est-il question ?

Le jeune Roger n'est qu'un petit garçon lorsqu'en 1941 il doit quitter sa Lorraine natale pour aller se réfugier en zone libre avec sa famille. C'est ainsi qu'il se retrouve dans un petit village de la Haute-Vienne, Oradour-sur-Glane. Un de ces villages où rien ne peut arriver et où il suffit d'être travailleur pour se faire accepter.

Mais quelques années plus tard, alors que les américains débarquent au Nord, voilà que les nazis envahissent le village, un matin de juin 1944. Les hommes sont rassemblés sur la place du village, les femmes et les enfants dans l'église. Seul Roger, fuyant la surveillance de son instituteur, décide de partir se cacher dans les fourrés.

Ce sera son salut. Car alors qu'il tente de se cacher et d'échapper aux allemands, le jeune garçon est loin de se douter qu'au même instant, dans son village, s'est enclenché un terrible massacre dont les survivants ne seront que fort peu nombreux. Cette histoire est celle de l'unique enfant ayant survécu au massacre d'Oradour.

Du côté de la forme...

S'il est un lieu de mémoire qui m'a profondément marquée, c'est celui du village d'Oradour-sur-Glane, pour plein de raisons. Alors bien sûr, les lectures sur le sujet sont nombreuses et l'histoire est toujours la même, tragique, mais chaque auteur sait y mettre sa patte, ici avec brio.

Si l'on connaît l'histoire du village d'Oradour, on ne se souvient souvent que du massacre, parfois des noms des survivants, parfois aussi du déroulé de cette tragique journée. Mais bien souvent, on oublie qu'avant d'être ce lieu d'horreur le village fut un village parmi tant d'autres avec des histoires de familles et des moments quotidiens.

Connaissant le sujet, je ne pensais pas faire beaucoup de découvertes dans cette histoire. Et pourtant, j'ai beaucoup appris, notamment la fuite de la famille de Lorraine pour rejoindre la zone libre, une fuite pour se sauver et espérer vivre. Triste ironie de l'histoire qui m'a profondément émue dès les premières quand on sait comment cette dernière va tourner.

L'émotion... Voilà la part la plus belle de ce roman grâce à un auteur qui sait nous plonger dans les tourments de l'enfant que nous allons suivre au fil des pages. Comment ne pas être touché face au courage de cet enfant, face à ses doutes et ses peurs, face aux épreuves qu'il va devoir vivre ? D'autant que le côté omniscient du lecteur qui sait ce que Roger ne sait pas en rajoute.

Au niveau historique, la chronologie est respectée ce qui donne au lecteur le sentiment de tout suivre en temps réel. Les bruits, les odeurs, les sensations... le lecteur est présent dans chaque instant ce qui le fait frémir. Le lecteur connaissant les lieux n'aura aucun mal à tout se représenter ce qui ajoute encore aux sentiments ressentis.

Niveau style, ce fut bien sûr pour moi un délice que de retrouver l'écriture d'un auteur qui sait raconter les histoires, qui sait impliquer son lecteur. Il sait mêler récit et réalité historique jusqu'au dossier final, idéal pour les enseignants. Bonne idée également d'avoir glissé dans le dossier des photographies qui ne peuvent que faire frémir.

En conclusion...

Voici un petit roman dont j'avais beaucoup entendu parler et que je me devais de lire. Si sur le fond je n'ai eu que peu de surprises, même si j'ai aussi pu apprendre des choses, la forme m'a troublée et tout particulièrement la manière dont l'auteur a su imposer des émotions fortes à vous tirer des larmes. Voici un roman à connaître et à faire connaître pour ne jamais oublier.
Un coup de coeur pour moi.

samedi 23 novembre 2019

Zeus, les J.O. et le tricheur - Viviane Koenig

 

Infos sur le livre

éditions : Le Rocher
date de publication : 11-09-2019
pages : 128
prix : 8,50€

Résumé éditeur

À neuf ans, Théo et Mélia ont une chance incroyable, ils assistent aux Jeux Olympiques ! L'oeil  toujours bien ouvert, ils surprennent un concurrent qui organise une grave tricherie, la pire trahison du serment fait à Zeus. Face à ce redoutable athlète, nos deux jeunes amis sauront-ils mener l'enquête et démasquer à temps le coupable ? Plongez dans les premiers Jeux Olympiques de l'Histoire en suivant nos héros dans cette incroyable aventure...

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions du Rocher grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce petit roman d'une auteure que je n'avais jamais lu en vue du salon de Montreuil.

De quoi est-il question ?

Dans la Grèce antique, Théo et Mélia sont deux enfants évoluant au rythme de leurs traditions et des règles de leur pays. Et aujourd'hui, c'est aux Jeux Olympiques qu'ils ont la chance d'assister, une occasion rare pour des enfants et plus encore pour une fille. Les enfants se réjouissent mais voilà qu'ils sont bientôt témoins d'une volonté de tricherie de la part d'un concurrent.

Dès lors, les enfants n'ont de cesse de prévenir, prévenir leur oncle, prévenir les juges, que quelque chose de terrible se prépare. Car si la tricherie elle-même est une faute, mentir et tromper Zeus à qui sont destinés les jeux est une trahison. D'autant que, les enfants le sentent, les autres concurrents pourraient bien aussi être en danger.

Et alors que les Jeux se préparent, alors que les athlètes s'entrainent et alors que la tricherie de l'ampleur, les enfants font le choix de mener leur enquête. Tout cela sans se faire prendre car les enfants doivent rester à leur place dans une époque où il n'est pas si simple pour les plus jeunes de se faire entendre.

Du côté de la forme...

En débutant cette lecture, je ne savais pas trop à quoi m'attendre et c'est sans envie particulièrement que je me suis lancée, si ce n'est l'envie de découvrir une nouvelle auteure et de replonger dans un univers qui a marqué mon enfance.

Nous sommes ici dans un roman pour la jeunesse et autant dire que toute la lecture s'en ressent : l'âge des héros, l'univers décrit, la manière dont est amenée l'intrigue et même le côté très pédagogique de l'ensemble. Pour autant, il s'agit d'un petit roman qui se lit bien et qui peut apporter beaucoup au jeune lecteur si tant est qu'il lise avec attention.

Le fond de cette histoire est une enquête au coeur de la Grèce antique pendant les Jeux Olympiques, une occasion en or pour l'auteur d'offrir quelque chose de très didactique aux jeunes sur l'époque, sur les croyances antiques et sur les Jeux en général. De quoi apprendre aux enfants la place des dieux dans ces anciennes croyances et de se faire une culture sur un sujet qui passionne souvent.

De même, à travers l'intrigue et l'enquête menées par les enfants, il s'agit pour l'auteur de parler de la place des jeunes et, surtout, de la place des femmes dans une société bien différente de la notre. De quoi en apprendre beaucoup aussi sur les obligations données aux garçons et aux lois qui régissent cette époque au nom de la société et des dieux.

L'intrigue se laisse pourtant bien lire. Sans réelle surprise, certes, mais qui fonctionne et s'inscrit dans la lignée des jeunes héros courageux qui règlent les problèmes des adultes qui ne veulent pas voir. Ceci grâce à des petits héros courageux que j'ai eu plaisir à suivre. La résolution a même su m'embarquer pour un final assez fort et marquant.

Le style est à la fois fluide et didactique ce qui est plutôt intéressant et sert la relation que l'auteure souhaite mettre en place avec le lecteur, une relation qui se conclue par les quelques jeux proposés en fin de roman pour s'assurer que l'enfant ait bien compris. Un beau moyen d'offrir à l'enfant une autonomie de lecture et parfait pour les enseignants.

En conclusion... 

Voici un roman que je souhaitais découvrir par pure curiosité et c'est ainsi que j'en ressors avec le sentiment d'avoir fait une agréable lecture, d'avoir pris connaissance d'un petit roman susceptible de plaire aux jeunes et de servir aux enseignants. Pour autant, ce roman reste dans une veine de petits romans pour la jeunesse qui aurait mérité plus de profondeur.
Un roman qui m'a permis de découvrir une petite série dont je serai curieuse de lire d'autres titres.

La nuit des ponotes hématophages - Jean-Luc Marcastel



Infos sur le livre

éditions : Links
date de publication : 03-05-2018
pages : 239
prix : 11,50€

Résumé éditeur

 Une créature meurtrière hante les égouts de Pulpillac ! Qu'elle vampirise tous les rats de la ville, c'est plutôt une bonne nouvelle. Mais quand c'est au tour des animaux domestiques, les choses deviennent plus inquiétantes... Un serpent monstrueux ? Une pieuvre mutante ? Quelle ombre terrible se cache sous notre petite ville ? C'est ce que vont devoir découvrir nos héros avant qu'il ne soit trop tard... Salut , moi c'est Aurélien. Je suis en sixième au collège de Pulpillac, une petite ville tranquille... Enfin, en apparence. J'adore raconter des histoires. J'écris et je dessine sur des carnets. Je les appelle : Les Chroniques de Pulpillac. Que tous les rats disparaissent des égouts de Pulpillac, ça dérangeait personne. Quand on a retrouvé des chats et chiens secs et raides comme des bouts de bois, c'était plus embêtant. Quelque chose rôde sous Pulpillac, quelque chose qui aime le sang et qui ne s'arrêtera pas là... On doit mener l'enquête...

Pourquoi ce livre ?

C'est lors des dernières Aventuriales de Ménétrol que je me suis laissée tentée par ce roman, séduite par la manière dont l'auteur a eu de m'en a parlé.

De quoi est-il question ?

Nous voici à Pulpillac, petite bourgade auvergnate. Alors qu'il cherche a échappé à la brute du collège, le jeune Aurélien se retrouve dans les égoûts de la ville et y fait une macabre découverte : des rats ont été tués et vidés de leur sang, ne laissant que des carcasses sèches. Et ce n'est là que le début des disparitions étranges

De quoi déjà alimenter l'imagination du jeune garçon dont l'une des passions est de pouvoir raconter des histoires à ses amis. Mais cette fois la réalité semble dépasser son imagination et c'est bien de l'aide de ses amis dont Aurélien aura besoin pour découvrir le secret qui semble se cacher dans les égoûts de la ville.

Une nouvelle enquête est en marche pour les cinq amis d'autant que, cette fois, les événements touchent de très près Aurore, une des filles de leur bande. Car après s'être attaqué aux rats, aux chiens et chats de la ville, il est urgent de s'inquiéter sur la prochaine cible que sera celle de l'espèce qui pullule en souterrain.

Du côté de la forme...

S'il y a un auteur que je suis depuis quelques années et qui a su inventer tout un univers autour des romans qu'il propose, c'est bien Jean-Luc Marcastel. Alors autant dire que, lorsqu'il m'a parlé de ses "lentilles carnivores du Puy" je n'ai pas hésité bien longtemps.

Ce roman est un tome 2 et je dois bien avouer que je craignais un peu de me sentir perdue sans avoir lu le premier tome des aventures de Pulpillac. Si, en effet, je n'ai pas pu avoir connaissance de la rencontre entre les amis, ce livre est malgré tout totalement indépendant et l'auteur sait mettre en lumière les éléments importants pour faire le lien avec l'histoire globale du groupe d'amis.

Il faut bien reconnaître que tout commence très fort avec un prologue qui met tout de suite dans le bain : intrigue, univers, ambiance. Dès les premières pages, je me suis retrouvée embarquée dans cette histoire qui remet à jour avec brio les collections du "Club des 5" et autres séries du genre. De quoi revenir aux sources également, aux sources de la littérature jeunesse et de l'amitié.

Mais avec cette intrigue, adieu les petites enquêtes "faciles", "infantiles" et désuètes. Ici, l'auteur prend le parti de mêler un peu de fantastique et même d'horreur avec des plantes carnivores qui sèment la terreur. La terreur oui, mais l'humour aussi. Parce que de lentilles carnivores, avec le côté terroir du Puy qui va bien, il fallait y penser.

Pour autant, l'auteur sait aussi poser en filigrane d'autres questions beaucoup plus profondes, d'actualité et qu'il convient de faire entendre aux jeunes. Ici, l'auteur parle de harcèlement scolaire, de différence et même d'erreurs à réparer. L'auteur parle d'amitié et de tendresse, de pardon et de repentir. Un ensemble qui offre un plus non négligeable.

S'il est un style qui sait se détâcher de tout ce que l'on voit aujourd'hui c'est bien le style à la fois travaillé et dégenté de Jean-Luc Marcastel. Et dans ce roman, c'est bien encore cette dualité que l'on retrouve entre un vocabulaire très développé pour les plus jeunes et un travail de description de l'action qui nous permet d'y croire sans hésiter.

En conclusion... 

Voici un roman que j'ai eu envie de lire pour son côté barré et parce que l'auteur est quelqu'un que je suis de roman en roman. Pour autant, je ne savais pas trop qu'attendre de cette lecture. Ce qui est certain, c'est que je ne m'attendais pas à me laisser embarquer à ce point (au point de louper mon arrêt de bus) et à me laisser toucher par des scènes qui savent émouvoir.
Il ne fait aucun doute que je lirai les autres tomes parus ou à paraître de cette série car ce titre-ci n'est rien d'autre qu'un coup de coeur. 

Ma gorille et moi - Myriam Gallot



Infos sur le livre

éditions : Syros
date de publication : 24-05-2018
pages : 160
prix : 6,95€

Résumé éditeur

Un roman qui nous fait ressentir ce que c'est que de vivre au contact des animaux, de les aimer pour ce qu'ils sont, sur un pied d'égalité avec nous. La maison de Jeanne se trouve au coeur d'un zoo. Le zoo de ses parents ! Quand Jeanne était bébé, ils ont accueilli chez eux une petite gorille, Mona, que sa mère avait rejetée à la naissance. Mona et Jeanne ont grandi ensemble. Mais Mona, qui est maintenant adulte, doit être transférée au zoo de Milan. Alors qu'un groupe de jeunes militants s'insurge et manifeste devant le zoo, Jeanne découvre le discours des défenseurs de la liberté animale. Peut-elle aimer Mona et vouloir la garder auprès d'elle ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Syros grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce petit roman d'une auteure que je n'avais encore jamais eu l'occasion de lire.

De quoi est-il question ?

Jeanne est une pré-adolescente à la vie bien différente de celle des autres jeunes filles de son âge. Son enfance, elle l'a passé dans le zoo de ses parents qui ont tout donné à leur passion. Bébé, elle a même été élevée aux côtés d'une femelle gorille abandonnée par sa mère à la naissance. Mais depuis, Mona a grandi et la cohabitation dans la maison est devenue impossible.

Chaque jour, Jeanne va voir Mona dans l'enclos qui a été bâti tout spécialement pour elle, elle s'assied contre son ventre et lui parle. Mais aujourd'hui, tout est différent. Car Mona a été repérée par le zoo de Milan afin de perpétuer l'espèce, au grand damne de sa "famille" et surtout de Jeanne qui a bien du mal à envisager la vie sans sa "soeur".

Tout était prévu. Pourtant, le jour où doit s'effectuer le transfère, des manisfestants de Free Animals déclanchent un scandale, au nom de la liberté animale. L'occasion pour Jeanne de gagner un peu de temps auprès de Mona. Mais pour les parents de Jeanne, le zoo assiégé est signe de grand désarrois pour eux-mêmes mais aussi pour les animaux dont ils ont la charge.

Du côté de la forme...

Celà faisait un petit moment que je voulais, et devais, lire ce roman. La prévision de ma rencontre avec l'auteure à Montreuil m'a décidée à le faire. Finalement, j'ai dévoré ce petit roman qui m'a offert une histoire qui ne pouvait que me marquer.

Pour la majorité des lecteurs, la mise en place de cette histoire sonnera comme très originale : un maison autour de laquelle a été construite un zoo, une femelle gorille élevée comme un bébé et un homme tellement passionné par les animaux que rien d'autre compte... Mais la réalité dépesse parfois l'imaginaire et comment ne pas songer au zoo de Saint-Matin-la-Plaine et à son histoire.

A ce sujet, il convient de dire que ce petit roman est certes une jolie histoire posant de vraies questions sur la cause animale dont nous reparlerons mais aussi un vrai hommage rendu à M. Pierre Thivillon, directeur du fameux zoo, et à son histoire unique en son genre. Une belle manière aussi de faire connaître cette histoire au plus grand nombre.

La cause animale est un sujet d'actualité, un sujet qui pose de plus en plus de questions et qui crée de plus en plus la polémique. Aussi, poser dans un roman une confrontation entre un zoo et des manifestants de la cause animale était une riche idée, une idée n'ayant d'autre but que de présenter de manière tout à fait objective les points de vue de chacun.

Car ce que j'ai trouvé très appréciable ici, c'est le fait que l'auteure ne juge pas et, surtout, ne prend pas parti. Dans son roman, elle a à coeur de montrer le positif et le négatif de chaque "camp" tout en permettant au jeune lecteur, par le biais de Jeanne, de se poser de vraies questions et de comprendre que rien n'est jamais si simple.

Côté style, j'ai apprécié le fait que nous restons dans un livre pour la jeunesse donc avec les dialogues et les actions qui conviennent. Pour autant, les questions posées et les thématiques traîtées sont fortes et voire parfois amenées avec violence. De quoi ne pas prendre les jeunes pour des idiots ce qui est toujours appréciable.

En conclusion... 

Voici un court roman qui m'intriguait pas mal et par lequel j'ai été touchée, notamment pour cet hommage rendu à l'un des plus grands hommes que j'ai été amenée à rencontrer. Voici un court roman qui pose de vraies questions non sans amener le lecteur dans des rebondissements inattendus qui remettent à chaque fois tout en perspective.
Un court roman à découvrir sans la moindre hésitation pour les jeunes et les moins jeunes. 

vendredi 15 novembre 2019

Les larmes du Marchidial - Alain Léonard



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 10-10-2019
pages : 259
prix : 18,90€

Résumé éditeur

Le temps s'écoule paisiblement dans le petit bourg auvergnat de Champeix. Mais la vie de Victor s'écroule quand, un jour de janvier 1917, il reçoit son ordre de mobilisation pour le front. Il dort quitter son père veuf, sa ferme, son village, et la jeune fille qu'il aime depuis son enfance. L'amour sera-t-il plus fort que son sens du devoir ? Victor devra faire des choix difficiles qui ne seront pas sans conséquences sur son avenir.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée et à l'auteur pour leur confiance, merci de m'avoir permis de découvrir ce nouveau roman prometteur.

De quoi est-il question ?

Nous voici à Champeix à l'aube de la première guerre mondiale. Victor est secrètement amoureux depuis toujours de la jeune Lisette qui n'est également pas insensible au charme du jeune homme mais un matin voilà qu'il est appelé à rejoindre le Front. Un choc pour lui et son père, convaincus qu'il était bien trop jeune pour être embarqué dans cette guerre.

À la veille de partir au Front, c'est sans regret qu'il dévoile sa flamme à Lisette et que les jeunes gens s'unissent comme une promesse à l'avenir, une promesse qu'ils se retrouveront bientôt, une promesse à la vie. Une promesse qui promettra aussi de coûter cher à Lisette dans une époque où toute relation hors mariage est plus que mal vue.

Mais pour Victor, l'heure est au conflit. Lui qui n'avait toujours vécu que comme un paysan sans histoire, le voilà contraint à prendre les armes, à intégrer un régiment, à découvrir les horreurs que la politique du pays cache. C'est par soif de vivre que Victor devra faire des choix, au risque de le payer cher...

Du côté de la forme...

Alain Léonard fait partie des auteurs que je suis depuis le tout premier roman. Avec ce troisième titre, j'étais donc à peu près sûre de passer un bon moment et en effet. Pourtant, la thématique choisie ici, bien plus commune en littérature était une entreprise risquée.

Un nouveau roman évoquant la première guerre mondiale, voilà qui sonnait la redite. Pourtant, en prenant un parti peut-être plus historique, l'auteur parvient encore à nous embarquer dans ce genre d'histoire et ça marche. Cela marche parce qu'il est plaisant de se retrouver en Auvergne, cela marche parce que la tendresse entre les jeunes gens est prenante.

Joli boulot au niveau de la recherche historique ! Que ce soit au niveau de la vie à l'arrière, au niveau des hôpitaux militaires ou au niveau des sentiments des soldats, tout est passé au crible. Même la mort, souvent tragique, des jeunes soldats n'est pas passée sous silence et c'est avec Victor que l'on pleure l'horreur mais aussi la perte de l'innocence.

Le roman est composé en alternance ce qui permet au lecteur de suivre à la fois la vie de Victor sur le Front et à la fois les tourments de Lisette au village. De quoi donner une vision d'ensemble de cette terrible époque mais aussi une manière de faire souffler le lecteur suite à des scènes où l'auteur ne ménage pas ses mots et nous impose des visions clairement violentes.

Ce que j'ai trouvé beau dans ce roman, c'est l'implication que met l'auteur à ne pas juger ses personnages, tout en invitant le lecteur à faire de même. Certes cela serait aisé mais l'empathie est au coeur de cette histoire et face à la violence cela fait du bien. De quoi remettre en perspective ce que l'on croit savoir de l'Histoire.

Quel bonheur que de retrouver l'écriture d'Alain Léonard qui sait toujours nous offrir de belles histoires tout en travaillant avec minutie l'Histoire au sens large. Moi qui pensait assez bien maîtriser la thématique de ce roman, j'ai encore beaucoup appris. Humainement, ce roman est riche d'émotion et riche tout court pour redonner foi en l'âme humaine.

En conclusion...

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire avec la plus vive impatience et que j'ai littéralement dévoré dès que j'ai eu l'occasion de m'y pencher sérieusement. Voici un roman qui pourrait avoir des accents de redite mais qui sait nous emporter. Voici un roman qui m'a fait pleurer et dont les personnages m'ont énormément touchée.
Un roman à découvrir sans attendre pour tous les amateurs du genre.

jeudi 14 novembre 2019

L'atelier des sorcières - Kamome Shirahama



Infos sur le livre

éditions : Pika
date de publication : 07-03-2018
pages : 208
prix : 7,50€

Résumé éditeur


Coco a toujours été fascinée par la magie. Hélas, seuls les sorciers peuvent pratiquer cet art et les élus sont choisis dès la naissance. Un jour, Kieffrey, un sorcier, arrive dans le village de la jeune fille. En l’espionnant, Coco comprend alors la véritable nature de la magie et se rappelle d’un livre de magie et d’un encrier qu’elle a achetés à un mystérieux inconnu quand elle était enfant. Elle s’exerce alors en cachette. Mais, dans son ignorance, Coco commet un acte tragique ! Dès lors, elle devient la disciple de Kieffrey et va découvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence !

Pourquoi ce livre ?


Merci à ma coupine Sylvie, fan de sorcière, pour le prêt de ce petit livre que je n'aurais sans doute pas découvert de moi-même, ça aurait été dommage.

De quoi est-il question ?


Dans un monde où les humains et les sorcières vivent en parfaite harmonie, Coco est une fillette passionnée depuis toujours par le monde de la magie. Son plus grand rêve depuis toujours, devenir une sorcière. Et ce depuis le jour où un homme étrange lui a fait don d'un bel ouvrage et d'une plume étonnante.

Jusqu'au jour où Kieffrey, un étrange sorcier, se présente au village. Prise de curiosité, Coco décide de l'espionner. C'est alors qu'elle se rend compte du plus grand secret de son monde : tout le monde peut pratiquer la magie. Car en s'entraînant, Coco commet l'irréparable, elle transforme sa maman en pierre sans trop comprendre ce qu'elle fait.

Pris d'affection pour elle, Kieffrey décide de prendre Coco sous son aile et d'en faire une de ses élèves. Pour la fillette, c'est enfin l'occasion de faire la rencontre de vraies sorcières et de s'initier à cet art qu'elle affectionne tant. Ce qu'ignore encore Coco, c'est que sa toute nouvelle situation ne doit rien au hasard.

Du côté de la forme...


Si je ne suis pas une fan absolue de manga, ni même de sorcières, j'aime en lire de temps en temps et j'étais plutôt curieuse de découvrir cette petite série. Je n'en attendais rien et c'est finalement un joli petit moment que j'ai pu passer.

Dès le début du manga, c'est un côté très jeunesse qui nous frappe d'emblée : l'âge de l'héroïne, la thématique abordée, le niveau de langue. C'est dommage car si l'histoire elle-même peut attirer, on se retrouve face à quelque chose de mignon mais qui n'est pas assez poussé. De fait, on en vient à attendre une force d'intrigue qui ne vient que tardivement.

Bien sûr, nous sommes dans un monde de magie, un monde qui intrigue, un monde qui fonctionne toujours et dans lequel on se laisse bercer. Un monde qui saura éveiller l'envie d'évasion des jeunes lectrices tout en posant de vraies questions sur l'adolescence, sur les rêves, sur le besoin de grandir et sur les relations avec l'autre.

La magie elle-même telle qu'elle est pratiquée dans cette histoire ne m'a que moyennement convaincue. Certes, j'ai apprécié l'idée de tradition qui ressort ainsi que le côté offrant un retour à des formes moins époustouflantes de magie. Malgré tout, j'ai malheureusement eu le sentiment de "me faire avoir" avec un ensemble qui n'était pas à la hauteur.

Peu à peu pourtant, on se laisse porter et on se prend de passion pour Coco qui va aller de découverte en découverte. D'ailleurs, l'ambiance au départ plutôt joviale va peu à peu s'assombrir ce que j'ai trouvé assez intéressant. De plus le livre pose de vraies questions sur le fait de grandir et d'accomplir des prouesses. Tout paraît parfois facile mais les questions sont là.

J'aurais souhaité avec cette lecture un style d'écriture un peu plus profond, un peu plus développé. Là, si j'ai trouvé les illustrations très mignonnes, il m'a manqué quelque chose dans les propos tenus par les personnages. À l'image de Coco ? Peut-être... Mais tout m'a paru trop facile et avec un manque d'originalité et de force. Dommage...

En conclusion...

Si j'ai passé un joli moment avec cette lecture toute mignonne, force est de constater que je n'ai pas réussi à accrocher pleinement à cette histoire que j'ai trouvé trop enfantine et trop "facile". Je me suis certes laissée prendre par l'histoire de Coco mais avec le sentiment de me faire avoir par quelque chose de trop enfantin et qui ne fonctionnait finalement pas.
Je lirai malgré tout la suite de cette série car la fin du tome reste un fin qui donne envie de savoir. À voir...

mercredi 13 novembre 2019

La perle de l'est - Gérard Georges



Infos sur le livre

éditions : Ramsay
date de publication : 19-09-2019
pages : 250
prix : 19€

Résumé éditeur

Hiver 1996 en Auvergne. Hiver particulièrement rude, avec un enneigement considérable. Marcellin Latour, la soixantaine, veuf et ancien professeur de Lettres, homme bourru, un peu réac, vit dans une maison à l'orée d'un bois, dans la montagne. En ce matin de novembre, le téléphone sonne : c'est la gendarmerie de Saint-Pierre-sur-Dorette. Une jeune femme, originaire d'Europe de l'Est, est recherchée. Elle aurait été aperçue aux abords de la maison de Marcellin. Celui-ci apprend qu'elle est polonaise et la découvre réfugiée dans sa grange. Quel choc ! Comme cette jeune femme prénommée Maryla, ressemble à son épouse Mariette, décédée il y a une vingtaine d'années, un dilemme se pose alors à Marcellin : quelle décision doit-il prendre, sachant qu'elle est activement recherchée parla gendarmerie ? Et, d'ailleurs, pourquoi est-elle recherchée ? Qu'a-t-elle commis de tellement répréhensible ? La clé de ces interrogations se trouve peut-être en Pologne dans un passé un peu trouble de Maryla et de ceux qui gravitaient autour d'elle au cours de ces derniers mois. Mais cette histoire va aussi montrer la passion inavouée (et peut-être inavouable) d'un homme qui entre dans la vieillesse pour une jeune femme étrangère que tout le monde semble rejeter.
Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Ramsey, à l'auteur et à l'éditeur pour leur confiance à mon égard pour découvrir ce roman qui me faisait très envie.

De quoi est-il question ?

Nous voici au coeur de l'hiver 1996, en Auvergne. Marcellin est un veuf au caractère bien trempé et reconnu au village pour être grognon et pas très sociable. Alors quand la gendarmerie le prévient qu'une jeune femme de l'est est en cavale et qu'il doit signaler tout élément permettant de la retrouver, l'homme s'en moque pas mal.

Pourtant, lorsque Marcellin découvre dans sa grange cette jeune femme blonde, polonaise et un peu perdue, son sang ne fait qu'un tour et c'est sans réfléchir aux conséquences qu'il décide de l'accueillir chez lui. D'autant que cette jeune femme n'est pas sans lui rappeler sa tendre épouse partie trop tôt. De quoi éveiller en lui une tendresse nouvelle.

Tout d'abord un peu perdue, la jeune Maryla va peu à peu trouver le courage de se confier, de se confier sur son enfance et sur sa vie en Pologne, sur toutes les épreuves que la vie lui a imposé pour qu'elle se retrouve là. Un récit qui ne sera pas sans rappeler à Marcellin ses propres épreuves de vie et ses propre souffrances.

Du côté de la forme...

Gérard Georges fait partie de ces auteurs que je suis depuis quelques années maintenant et dont je découvre chaque nouveau roman avec un réel plaisir. Un roman se partageant entre l'Auvergne et la Pologne ne pouvait donc que me séduire et en effet...

Marcellin est typiquement le genre de personnages que j'affectionne et qui me touchent : un peu "ours", avec un vrai caractère de la campagne, sensible mais sans trop le montrer, dévoré par les tourments du passé... Tout ça au coeur d'une Auvergne enneigée ce qui nous plonge dans un roman régional comme on les aime.

Avec ce roman, l'auteur nous offre une vraie ambiance. Et il assez perturbant pour le lecteur de ne rien savoir sur Maryla. Est-elle une victime ou une coupable ? Tout est possible et l'auteur sait ménager son suspens tout en nous offrant le récit de vie de cette jeune femme peu à peu, une jeune femme à laquelle on n'a aucun mal à s'attacher.

Ce roman est celui d'une rencontre, dans tous les sens du terme. Une rencontre entre un homme et une femme, une rencontre avec des personnages, une rencontre avec une région. Et au coeur de tout ça, ce roman nous redonne foi en l'âme humaine et en cette force que certains ont encore de prendre des risques pour l'autre au seul nom de la tendresse et de l'empathie.

Peut-être aurais-je aimé dans ce roman un peu plus de rebondissements et un final un peu plus explosif. Mais c'est surtout le message de l'auteur qui compte ici. Un message sur l'immigration et sur la place des femmes dans le monde. Un roman encore trop actuel qui nous rappelle combien il est facile de juger, moins facile d'aider.

Question style, j'ai eu un grand plaisir à retrouver la plume d'un auteur que j'aime suivre et qui sait toujours me toucher par ses histoires, ses personnages vrais et son amour de l'Auvergne. J'ai eu plaisir à retrouver une écriture poétique et prenante qui fonctionne toujours aussi bien et qui sait poser les bonnes questions à travers le filtre de la fiction.

En conclusion...

Ce nouveau roman de l'auteur a une nouvelle fois su me séduire avec des personnages forts et un cadre qui ne pouvait que me toucher. Posant des problématiques essentielles et une tendresse infinie, l'auteur sait dans ce nouveau roman apporter quelque chose nouveau au roman de terroir avec une plongée dans un autre pays et une modernité relative qui fait du bien.
Voici un roman que je conseille sans hésiter à tous les amoureux du genre.

lundi 11 novembre 2019

Rue de la Côte Chaude - Philippe Lemaire



Infos sur le livre

éditions : Calmann-Lévy
date de publication : 11-05-2011
pages : 288
prix : 19,20€

Résumé éditeur

Quand la rue de la Côte-Chaude résonne du fracas de « la guimbarde » et du rire des gamins qui la précipitent dans la pente, une vie insouciante et heureuse semble s’y être installée pour toujours. C’est oublier la crise ! En ce début des années trente, elle frappe le bassin minier de la Loire. Pourtant Waldeck, un jeune polonais déraciné et solitaire, débarqué d’un train de nuit, réussit à se faire embaucher comme boutefeu, un des métiers les plus dangereux de la mine. Commence alors pour lui, entre la solidarité du fond et la chaleur du petit monde haut en couleur de la rue de la Côte-Chaude, un lent réapprentissage du bonheur. Qui de Lucile, troublante intellectuelle, ou de Virginie, la mère de Clément, jeune veuve douce et sensuelle, pourra lui faire oublier un passé tragique ?

Pourquoi ce livre ?

Native de Saint-Etienne, cela faisait un moment que j'avais envie de découvrir ce roman d'un auteur que je suis depuis quelques années maintenant.

De quoi est-il question ?

Nous voici au début du siècle dernier. Waldeck, un polonais ayant fuit son pays, débarque un soir à Saint-Etienne sans trop  savoir ce qui l'y attend. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il veut retrouver une vie digne : un toit, un métier, des relations humaines. C'est alors qu'il rencontre Clément, un jeune homme qui va l'accueillir comme un ami de toujours.

Dès lors, la vie pourra être un brin plus douce pour Waldeck d'autant que l'amour est sur le point de frapper à sa porte. Car sur les routes de Saint-Etienne, c'est la jeune Lucile qu'il aura la chance de rencontrer, avec qui il pourra échanger pendant de délicieuses heures sur les grands noms de la littérature française.

D'au autre côté, il y a Virginie, la mère de Clément, est une femme de son temps, obéissant aux lois patriarcales mais ayant été contraintes de s'adapter depuis qu'elle est devenue prématurément veuve, de quoi séduire le coeur de Weldeck. Mais dans cette période troublée, la venue d'un étranger à Saint-Etienne n'est pas vu d'un très bon oeil...

Du côté de la forme...

Philippe Lemaire fait partie des auteurs que je suis mais dont j'ai encore quelques romans en retard. De temps à autres, j'aime donc en lire un ancien pour me mettre à jour et un roman sur Saint-Etienne ne pouvait pas me laisser indifférente.

Nous sommes en effet ici à Saint-Etienne et mon petit coeur de stéphanoise a été touchée de retrouver les coins qu'elle connaît : la gare, les quartiens, un peu les mentalités aussi. Et dans une époque différente, j'ai aimé redécouvrir "ma" ville avec tout son charme mais aussi son côté populaire et les difficultés que l'Histoire lui fit connaître.

Waldeck est un personnage qui m'a beaucoup touchée et avec lequel j'ai passé un très agréable moment. C'est à travers son regard qu'on (re)découvre Saint-Etienne mais aussi que l'auteur met le doigt sur le fait que les questions d'immigration ont toujours attisé les colères et les incompréhensions. Une manière détournée de penser aux situations d'aujourd'hui...

La ville minière, les épreuves de cette vie sont passés au crible par l'auteur qui donne à son roman un petit goût de Germinal, l'espoir et la vie en plus. Car à l'inverse de ce dernier roman, c'est aussi la force de vivre qui respire ici avec l'amitié, l'amour et la bonne humeur qui peut surgir n'importe où et redonner espoir sans cesse.

La romance est aussi pas mal présente ici mais justement dosée pour ne pas imposer quelque chose de trop mièvre. Les références littéraires et culturelles servent de vraies conversations entre les personnages et les relations humaines sont au centre avec un profond pouvoir d'écoute qui redonne foi en l'être humain.

Niveau style, j'ai retrouvé avec grand plaisir le style d'écriture très reconnaissable d'un auteur qui sait raconter des histoires avec une écriture qui lui est propre. C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Saint-Etienne et que celui qui ne connaît pas pourra la découvrir. C'est avec joie que j'ai rencontré des personnages humains et vrais.

En conclusion... 

Voici un roman que j'ai beaucoup aimé et avec lequel j'ai passé un agréable moment. Certes le cadre a su toucher mon coeur de stéphanoise et les personnages ont su me redonner foi en l'âme humaine mais, surtout, j'ai été touchée par la poésie qui ressort de l'ensemble et ai su apprécié des relations humaines qui respirent la bienveillance et l'optimisme.
Un roman à découvrir pour tous les amateurs de romans régionaux. 

Thorngrove - Cécile Guillot

 

Infos sur le livre

éditions : Lynks
date de publication : 10-10-2019
pages : 269
prix : 14,90€

Résumé éditeur

Thorngrove. Sa forêt d'épines. Son manoir abandonné. Sa légende noire. On raconte que jadis, des jumelles y ont vécu. Que l'une d'elles est devenue la proie du Malin et a tué sa propre sœur... Qu'elles hantent toujours les lieux. De nos jours, Madeline débarque à Oakgrove suite à la séparation de ses parents. Quand on lui demande de faire un dossier sur la ville, la jeune fille, curieuse d'en apprendre plus, pense tout de suite à la légende urbaine de Thorngrove. Mais son enquête pourrait bien avoir des conséquences insoupçonnées,menaçant la santé mentale déjà fragile de sa cadette, Meadow. Lorsque celle-ci se met à agir de manière de plus en plus inquiétante, Madeline se demande quelles forces obscures elle a bien pu réveiller... et si les fantômes ne seraient pas réels

Pourquoi ce livre ?

C'est parce qu'une amie m'a demandé de lui prendre ce roman aux Aventuriales que j'ai eu l'occasion de le lire avant de le lui donner et je dois dire que ce fut un beau hasard.

De quoi est-il question ?

Lorsque Madeline emménage avec sa mère et sa petite soeur à Oakgrove, elle est d'emblée attirée par une maison étrange, Thorngrove. Une manière pour elle d'assouvir sa soif de légendes urbaines mais aussi d'oublier que son père les a abandonnées toutes trois pour partir avec une autre femme. Une manière aussi de s'émanciper de sa petite soeur un brin différente.

Sitôt arrivée dans son nouveau lycée, la jeune fille est amenée à réaliser un dossier avec un garçon laissé un peu pour compte. Ensemble, c'est sur le manoir de Thorngrove qu'ils vont décider de réaliser ce projet, cherchant à comprendre ce qui en a fait un lieu redouté, cherchant à savoir ce qu'il s'est réellement passé avec les jumelles ayant vécu là.

Mais alors que son projet avance, Madeline se rend compte que le comportement de Meadow est en train de changer, que quelque chose cloche. D'autant que personne à part elle ne semble le voir et alors alors que ce qu'elle s'apprête à découvrir pourrait bien tout changer pour elle et sur sa manière de voir le monde...

Du côté de la forme...

Une couverture magnifique, un résumé plutôt tentant, une auteure qui a déjà fait ses preuves... Tout était là pour me promettre une belle lecture et si je ne savais pas trop à quoi m'attendre, ce n'était sans doute pas à un moment si prenant.

Tout commence avec des thématiques qui fonctionnent toujours : un changement de vie pour une adolescente, un manoir étrange et un peu effrayant, une rencontre avec un garçon pour Madeline et quelques rivalités avec sa propre famille... Mais la sauce prend et le lecteur se laisse embarquer comme si c'était la première fois qu'il avait à faire à ce genre d'univers.

Nous sommes dans un roman fantastique, certes, mais un roman fantastique dans la pure tradition du genre avec du surnaturel qui arrive peu à peu, sans que l'on ne s'en rende vraiment compte jusqu'à l'apothéose qui vous fait remettre en question toute votre lecture, jusqu'aux révélations qui savent surprendre et donner un souffle de nouveauté au genre.

Mais ce roman est aussi, en filigrane, un roman social avec les épreuves que peuvent vivre des jeunes aujourd'hui : un déménagement, le manque d'un père, la colère envers un autre père et, aussi, un roman sur la différence avec Meadow qui bien qu'adolescente et suivant une scolarité ordinaire peut avoir des accents de petite fille.

Ici, les légendes urbaines sont à l'honneur et ça marche. Dans notre société régie par le numérique et l'information, il m'a été plaisant de voir des jeunes faire des recherches de manière traditionnelle pour trouver des réponses d'Histoire où la modernité n'a plus sa place. De quoi apprécier d'autres questionnements ce qui est plutôt agréable.

Question style, l'auteure sait nous entraîner avec elle avec des personnages attachants mais surtout une ambiance qui d'une part vous empêche de reposer le roman et d'autre part parvient à vous angoisser tout en vous forçant à vous poser pas mal de questions sur vous-même et sur l'adolescence parfois retorse.

En conclusion... 

Voici un roman que rien ne me prédestinait à lire et que je suis absolument ravie d'avoir pu découvrir dans un moment où j'avais besoin d'une lecture totalement addictive. Voici un roman qui a su me séduire et m'angoisser. Voici un roman qui a su donner vie à une légende urbaine avec un fantastique justement dosé comme je l'aime. 
 Un roman complet que je conseille dans la moindre hésitation.