dimanche 29 décembre 2019

Je t'aime du bout du monde - Servane Havette



Infos sur le livre

éditions : éditions du Jasmin
date de publication : 30-09-2008
pages : 52
prix : 18€

Résumé éditeur

Cet abécédaire sur les pays du monde est une découverte de l'altérité, une sensibilisation à la richesse de l'écriture, mais aussi, et avant tout, un livre d'amour. " Je t'aime " : un message universel qu'il nous faut, à nous tous autour de cette terre, savoir et pouvoir dire, savoir et pouvoir entendre, quelle que soit notre langue, notre race, notre culture ou nos origines. 

Pourquoi ce livre ?

Lors d'une rencontre avec l'auteure à la Librairie des Volcans de Clermont-Ferrand, je me suis laissée tenter par cet album qui tient plus du livre d'art que de l'album à proprement parler.

Mon avis...

A comme amour. Un mot qui fait du bien du bien et qui se décline à l'infini comme dans la formule "je t'aime" traduisible dans toutes les langues du monde. Un monde présenté comme un abécédaire où chaque lettre est un pays, des pays où parfois se dire "je t'aime" n'est pas si simple et où il n'est pas si facile de se retrouver.

Cela faisait un moment que je rêvais de posséder cet album dans ma bibliothèque. Alors, quand l'occasion s'est présentée, je n'ai pas hésité très longtemps.

Je vous l'ai dit, j'aime les abécédaire lorsqu'ils sont intelligents et apportent quelque chose de fort et de vrai. Quel meilleur ouvrage qu'un album tel que celui pour ce faire ? Un album pour dire "je t'aime", un album beau mais aussi, et surtout, un album composé avec une rare intelligence de la part d'une auteure que j'ai plus envie d'appeler "artiste".

Il est plusieurs niveaux de lecture dans cet album et c'est selon ce principe que j'ai envie de vous proposer ma chronique. Le premier niveau étant le niveau "album" avec le principe de l'abécédaire pour permettre aux jeunes de découvrir un pays par lettre et la manière de dire "je t'aime" dans la langue de ce pays. Un niveau pédagogique qui fonctionne pour les jeunes.

Deuxième niveau, le livre à offrir comme un bel objet. Un objet grand où l'illustration prime sur le texte, un objet à offrir pour dire "je t'aime" à celui qui recevra l'ouvrage, un objet pour caractériser le côté universel d'une phrase qui unit les être, unit les pays et va au-delà des guerres et conflits qui ravagent le monde.

Enfin, cet album est purement un livre d'art où les techniques utilisées par l'artiste rendent compte d'une réflexion forte. Imaginez... Des pages de journaux de chacun des pays cités pour peindre les portraits d'enfants et d'adultes où chaque détail compte, où chaque détail est pensé, où chaque regard signifique quelque chose.

Le trait de l'artiste est puissant et plein d'émotion, nous laissant entrevoir la dualité entre les épreuves que vivent ces êtres et la force du mot "je t'aime". Un trait qui nous invite à voir le monde autrement et à s'ouvrir à l'autre. Un trait qui sert aussi l'écriture car comment voir ces visages sans imaginer leurs histoires cachées.

En conclusion... 

Voici un album que je rêvais d'avoir depuis longtemps et que j'ai eu grand plaisir à découvrir dans le détail. Voici un album qui fait du bien et permet de redécouvrir le monde ainsi que la parole profonde de la phrase "je t'aime". Voici un album qui change de tous les autres et qui offre une vision tout à fait novatrice de l'abécédaire. Un livre d'art sans aucun doute.
Voici un album que chacun devrait posséder et qui est pour moi un coup de coeur. 

Eloge des bâtards - Olivia Rosenthal

 

Infos sur le livre

 éditions : Verticales
date de publication : 22-08-2019
pages : 336
prix : 20€

Résumé éditeur

«Un ange aurait pu passer s'il y avait encore eu des anges.» Dans Éloge des bâtards, nous suivons neuf personnages entrés en désobéissance. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens. Avec ce roman conçu comme une chambre d'échos, Olivia Rosenthal réhabilite la puissance empathique et subversive de la parole. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Verticales grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure trop méconnue du grand public.

De quoi est-il question ?

Ils sont neuf. "Neuf bâtards", rebus de la société qui n'attendent plus rien de la vie et savent que, tôt ou tard, la dure loi de l'obéissance les rattrapera. Ils le savent et, pourtant, n'aspirent à rien d'autre qu'à gagner du temps. Gagner du temps pour avoir encore le sentiment pendant quelques jours, quelques heures, d'être libres.

Macha, Fox, Clarisse, Filasse Gell, Oscar, Sturm, Full... Des êtres solitaires qui se sont forgé une carapace pour survivre mais qui, en attendant la fin, vont prendre le parti de se confier, de se confier aux autres du groupe. Ces autres qui semblent pouvoir être les seuls à les comprendre. Ces autres qui sont les seuls à rester quand le monde entier a fui.

Cinq nuits durant, ces êtres vont alors se confier. Il y aura celui qui n'a pas connu son père et celui qui l'aura trop bien connu. Il y aura celui qui doit faire avec le passé de sa famille et celui qui doit faire sans avoir une famille. Et puis, à chaque fois, il y aura les autres pour écouter les confidences, les peurs et les regrets.

Du côté de la forme...

Je le dis souvent, "Pampoune" a changé ma vie. Pourtant, il y a quelques auteurs que j'ai découverte en n'étant personne d'autre que "Ségolène" ce qui me fait, sans doute, avoir une lecture différente de leurs ouvrages et ce que je le veuille ou non.

Il est vrai qu'Olivia Rosenthal ne fait pas partie des auteures dont l'amour de son travail m'est venu d'emblée. Et pourtant, avec quelques années de recul, je dois bien avouer que nous sommes là face à une force d'oeuvre qui mérite qu'on s'y attarde mais aussi qu'on en ait une lecture différente que les chroniques habituelles.

Comment ne pas penser, avec ce roman, aux oeuvres mythiques que sont le Décaméron ou l'Heptaméron : ces personnages qui se trouvent "coincés" ensemble par la force des choses et qui vont se raconter des histoires pour passer le temps et observer le monde autrement. A la différence prêt qu'ici ce sont leurs propres histoires qu'ils vont raconter.

Bien souvent, et ce malgré nous, nous avons tendance à juger tous ceux qui sont en marge de la société et vivent dans l'illégalité. Ici, l'auteure offre la chance à ces êtres de raconter leurs histoires, des histoires qui sonnent vraies, trop vraies, et qui remettent en perspective nos jugements. Car devenir un bâtard n'est souvent rien d'autre, dans ce récit, qu'un mécanisme de survit.

Comment ne pas frémir à la lecture des confidences de ces différents personnages qui m'ont parfois émue aux larmes. Comment ne pas se laisser toucher par ces jeunes qui ont vécu l'enfer et l'ont gardé pour eux. Comment ne pas penser à tous ces jeunes de la vraie vie qui n'ont eu d'autre choix que de sombrer du "mauvais côté" pour éviter de se perdre eux-mêmes ?

L'écriture d'Olivia Rosenthal est une écriture littéraire, profondément littéraire. D'ailleurs, le décalage entre la réalité de ce que sont les personnages et leur manière de parler peut surprendre et même donner le sentiment d'un "trop bien dit". Pourtant c'est aussi par cette écriture profonde et travaillée que l'auteure nous invite à refaire notre pensée de manière surprenante et originale.

En conclusion... 

Je ne pensais pas relire un jour un roman de l'auteure et pourtant je me suis laissée tentée. Je ne pensais pas changer à ce point d'avis sur le travail de la dame et pourtant j'ai été troublée par ce roman. Il est donc des romans surprenants qui ne font pas grand bruit ni dans la presse ni sur le net et qui pourtant mériteraient tellement plus.
Un roman qui sort des sentiers battus et qui mérite d'être lu du plus grand nombre. 

Ma vie en noir et blanc - Delphine Bertholon



Infos sur le livre

éditions : Rageot
date de publication : 11-05-2016
pages : 128
prix : 6,10€

Résumé éditeur

 Ana, 14 ans, écrit son futur roman pendant les cours et adore les films des années cinquante. Normal, ils sont en noir et blanc ! Achromate de naissance, elle ne distingue pas les couleurs et rêve donc sa vie en gris, en noir et en blanc. En quête de son père, inconnu, elle file à Paris avec Kylian, son ami black, afin de rencontrer un célèbre photographe fasciné par le N&B. Qui sait, peut-être pourra-t-elle comprendre pourquoi la vie l’a affublée de cet étrange gène ?

Pourquoi ce livre ?

C'est lors d'une Fête du Livre de Saint-Etienne que j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer Delphine Bertholon et me laisser tenter par ce court roman au sujet original.

De quoi est-il question ?

Ana est une adolescente comme les autres : allant au collège, elle n'en pas insensible aux garçons qui l'entourent et tentent de trouver sa place entre sa mère, son beau-père et sa demi-soeur. Mais Ana est aussi atteinte d'un mal rare : l'achromatopsie. En clair, une forme rare de dystopie qui ne lui laisse entrevoir le monde qu'en noir et blanc.

Et si, depuis le temps, l'adolescente s'est faite à cette différence, elle a aujourd'hui de plus en plus de mal a accepté le fait d'ignorer qui est son père, atteint d'après sa mère de la même maladie qu'elle. Une raison pour la jeune fille d'être sans cesse en colère jusqu'au jour où Kylian lui parle d'une expo à Paris, celle d'un homme qui photographie en noir et blanc parce qu'il souffre d'achromatopsie.

Pour Ana qui rêve depuis toujours d'être écrivain et a à coeur de raconter la d'anA, celle que rien n'effraie, l'occasion est trop belle. Car sa maladie est tellement rare (1 personne sur 33 000) que cette expo ne peut être qu'un signe du destin, un signe que cet homme pourrait bien être son père et la réponse à toutes ses questions.

Du côté de la forme...

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas laissée tenter par une lecture rapide pour la jeunesse mais cette fin d'année était l'occasion. D'autant que cela faisait un petit moment que je repensais à ce roman avec la profonde envie de le découvrir.

L'achromatopsie, un nom barbare pour désigner une maladie rare que, bien souvent, nous ne connaissons pas. Un nom barbare pour désigner un handicap invisible et difficile à vivre. Et pour cela, Ana m'a touchée car sa maladie elle la vit sans trop de mal. Certes elle y est habituée depuis sa naissance mais tout de même. De quoi remettre les pendules à l'heure !

En réalité, ce dont Ana souffre véritablement, c'est du secret qui entoure sa naissance. Car grandissant sans père, ce père qui aurait la même maladie qu'elle, Ana se sent seule et refuse d'entendre que sa mère est incapable de répondre à ses questions. Alors Ana est en colère et c'est avec beaucoup de réalisme que l'auteure nous invite dans l'esprit d'une ado qui ne sait mettre des mots sur ses pensées.

Ce roman est alors un roman sur la différence, la différence a accepter et à faire accepter, la différence à faire connaître. Et en cela l'auteure sait mettre en avant un mal que bien souvent nous ne connaissons pas. Un roman autant pour celui qui souffre de la maladie que pour celui qui doit entendre qu'elle existe.

Et puis, en filigrane, ce roman est un roman qui parle d'art et d'expression. Ana est une adolescente qui rêve de devenir écrivain, ce rêve qu'on ne plus en plus de gens. Mais avec l'exposition parisienne l'auteure parle d'une forme d'art pictural, la photographie, qui dit souvent bien plus que ce qu'il paraît. Un art que je ne connais pas mais qui m'a donné envie ici de mieux l'appréhender.

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé l'écriture de l'auteure qui semble savoir s'imprégner de tous les sujets et de tous les genres. Ici nous sommes dans du réalisme et dans un roman pour adolescents comme on les aime. Un roman qui nous invite malgré tout à l'aventure et à l'apprentissage pour inviter, dans le même temps, le personnage à grandir.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire depuis lontemps et j'ai finalement dévoré, comme je dévore les courts romans pour la jeunesse. Si l'histoire ressemble somme toute aux différents romans pour ado que l'on peut lire ici et là, l'auteure sait ici reprendre ces codes pour parler de sujets plus importants comme la différence, la maladie et la recherche de ses origines.
Une auteure qui fait désormais partie de mes "incontournables" et dont j'ai hâte de relire un roman. 

Embaruquement immédiat pour relation agitée - Déborah Guérand



Infos sur le livre

éditions : Harlequin
date de publication : 16-10-2019
pages : 297
prix : 6,90€

Réusmé éditeur

Lucile est une incorrigible romantique, et une fan inconditionnelle de Noël  ! Cette année, elle l’aurait volontiers passé en pyjama avec une tasse de chocolat chaud et son sapin croulant sous les guirlandes lumineuses. Sauf que sa boss tyrannique a encore frappé  : résultat, la voilà obligée de rejoindre en catastrophe la croisière «  Miracle Love Boat  », le tout dernier concept de leur agence pour sauver les couples à la dérive. Si, d’habitude, c’est elle qui aide les autres à trouver l’amour, peut-être que cette fois-ci l’amour la trouvera  !

Pourquoi ce livre ?

Prise d'une envie de romances de Noël, c'est assez naturellement que je me suis tournée vers ce roman qui me paraissait parfait pour la saison.

De quoi est-il question ?

Lucile et Teddy sont deux amoureuses de Noël et s'apprêtent à embarquer pour une croisière pour les fêtes de fin d'année avec l'entreprise "Miracle Love Boat". La première y a été dépéchée de force par sa patronne pour tout y organiser. La seconde y a entraîné son meilleur ami pour profiter d'un prix défiant toute concurrence.

Xavier et Damien sont deux hommes à l'esprit très terre à terre. Et tendis que le second est entraîné bien malgré lui dans un jeu de couple pour profiter d'une croisière à bas prix, le premier se retrouver sans trop savoir pourquoi à la place de sa soeur bloggeuse pour réaliser un article sur la croisière, lui qui est plutôt un pro du football.

Et c'est sans compter sur le fait que tout ce petit monde doit aussi faire face à ses propres problèmes personnels. Comme Lucile qui ne trouve pas l'amour et Teddy qui se sent prise au piège dans une vie qu'elle ne maîtrise plus. D'autant que, sous le soleil de la croisière, d'autres complications pourraient bien pointer leur nez...

Du côté de la forme...

La romance est typiquement le genre de lecture dont j'ai besoin lorsque je ne veux pas me prendre la tête et la période de Noël est souvent idéale pour ça avec ses romances thématiques qui vous plongent dans l'lesprit des fêtes.

Lucile et Teddy sont deux amoureuses de Noël et vont se retrouver sur une croisière, pile à cette période. Cela aurait pu être un point de départ prometteur mais, malheureusement, et ce sera là mon seul point noir avec cette lecture, le sujet n'a pas été poussé assez loin à mon sens. Comme si cette thématique avait été rajouté sur le tard pour "coller" à la date de parution du livre. Dommage.

Ce point passé, c'est sans mal que l'on se plonge dans ce roman empli d'humour, de personnages qui vont vivre ensemble une croisière à la fois féérique et mouvementée et de situations rocambolesques qui ne manquent pas de piquant. Et tout ça en vivant ensemble, en se rapprochant et en essayant de ne pas s'écharper.

L'auteure sait habilement jouer avec les codes de deux types de relations : l'amour et l'amitié. Côté amour, Lucile et Xavier vont se rencontrer, apprendre à se connaître et à s'aimer pour une romance comme on les aime. Côté amitié, Teddy et Damien sont proches, très proches et ont vécu des choses lourdes ensemble, se comportant comme un vieux couple mais dans une relation qui fait rêver.

Et malgré une ambiance qui fait chaud au coeur et qui invite à l'évasion, l'auteure sait aussi parler de faits de société très actuels : l'ambiance au travail, l'homosexualité ou encore le baby blues. Et c'est parce que l'auteure sait parler de ces thèmes difficiles au milieu de beaucoup de légèreté qu'elle invite la lectrice, ou même le lecteur, à parler de ses sentiments avant d'exploser.

Ne connaissant pas du tout le style de l'auteure, c'est avant tout pour l'histoire elle-même que j'ai eu envie de me plonher dans cette lecture mais c'est au final une écriture très fluide et très profonde à la fois que j'ai eu la chance de découvrir. Et si les codes sont respectés avec tous les schémas attendus, ce sont aussi de jolis moments de surprises qui nous sont réservés et ça fait du bien.

En conclusion... 

Voici un roman que j'ai eu plaisir à découvrir pour me plonger dans une histoire douce et délicieuse comme cela peut faire du bien de temps en temps. Et si l'ambiance est plus à la croisière qu'à Noël à proprepement parler, l'auteure sait nous fait passer un bon moment avec des personnages touchants et de belles petites surprises.
Un roman à découvrir pour tous les amateurs du genre. 

Un charment petit village - Serge Camaille



Infos sur le livre

éditions : Marivole
date de publication : 29-05-2019
pages : 140
prix : 19€

Résumé éditeur

Au milieu des années 60, le charmant petit village niché a coeur de la forêt de Tronçais vivait des heures paisibles. Jusqu'à l'arrivée de Gaspard... Gaspard le charmeur, Gaspard l'opportuniste, Gaspard aux dents longues ! Aussi, tous les malheurs s'abattant sur le village depuis son avènement lui étaient attribués par la rumeur. Jusqu'à ce beau matin où un ultime drame survint sans que les gendarmes n'y voient goutte. Excédé, le maire réunit alors un conseil municipal extraordinaire et élargi qu'il nomma "Comité", en vue de se débarrasser enfin de Gaspard... Oui mais de quelle manière ? Ce fut Gilles, l'ébéniste du village qui crut résoudre le problème : il allait faire appel à Laurent, son vieux copain de régiment... Etait-ce bien raisonnable ? Une fable bucolique dans le somptueux décorde l'ancestrale forêt de Tronçais. 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Marivole grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman de Serge Camaille, un auteur qui fait partie de mes "incontournables".

De quoi est-il question ?

Gilles et Laurent se sont connus à l'armée, au sein d'un régiment où les occasions de rire et de passer du bon temps sont rares. Un lieu où parler de sa vie privée n'est jamais bon. C'est pourquoi Laurent, lorsque Gilles lui demande ce qu'il fera "après", décide de s'amuser un peu et de lui faire croire qu'il deviendra bandit, tueur à gage, braqueur. Et Gilles court !

Après les années de mobilisation, les deux hommes restés amis restent plus ou moins en contact et Laurent joue à raconter à son ami ses méfaits. Jusqu'au jour où il reçoit une drôle de lettre de Gilles lui demandant un service, un gros service. Ce service, c'est de tuer un homme, un homme que les gens d'un petit village croient coupable d'un meurtre.

Car dans les années 60, c'est la loi du talion qui prime, surtout à l'égard des étrangers. Et parce qu'il va décider de voir où tout cela va le mener, Laurent va découvrir une entreprise bien ficellée où les hommes du village ont tout organiser pour que Gaspard soit abattu. Car Gaspart aurait tué une jeune femme du village et déplait aux habitants...

Du côté de la forme...

Une valeur sûre, c'est toujours bon à prendre, surtout en période de fêtes où on a besoin de lectures pour se détendre. Un roman de l'auteur, même sous sa patte "polar" était donc on ne peut plus le bienvenu et une fois encore la sauce a pris.
Au début de ma lecture, je me suis demandée dans quelle direction l'auteur allait cette fois m'emmener. Car au-delà d'apparences de romans "classiques" Serge Camaille sait toujours entraîner son lecteur dans des intrigues inattendues, parfois un peu barrées. Et là, nous sommes dans du haut niveau du barré ! Mais ça marche, et pas qu'un peu.

C'est sûr la naïveté d'un homme que tout se joue, de quoi démontrer qu'il est souvent de possible de faire avaler n'importe quoi à n'importe qui ce qui n'est pas sans offrir une bonne dose d'humour au roman pour un lecteur omniscient qui ne peut qu'avoir envie de se moquer gentiement de Gilles avec Laurent face à la farce inventée de toutes pièces.

Pourtant, lorsque Laurent se retrouve embarqué dans cette histoire de vengeance et de loi du talion, le lecteur n'a soudain plus envie de rire et se retrouve plongé dans cette époque et les mentalités des petits villages. De quoi présenter avec brio et humour cette époque située dans un entre-deux où la modernité tentait de percer son trou.

Nous sommes ici dans un roman noir à l'ancienne et l'auteur sait jouer avec les codes du genre ce qui donne le sentiment d'être comme dans un autre temps. Au fil des pages le lecteur se demande comment Laurent va s'en sortir et le fait est que, bien qu'étant une habituée des polars, je me suis laissée surprendre par la fin que je n'avais pas vu venir.

Retrouver le style de l'auteur est toujours pour moi un plaisir. J'aime ce style journalistique qui le caractérise et sa capacité à nous raconter des histoires en mêlant les genres. Et si une fois encore j'aurais aimé que le roman soit plus long, force est de constater que tout est là. Car les longueurs du début s'opposent à une fin toute en action pour un plaisir de lecture évident.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'a touchée et m'a fait rire, un roman qui m'a permis de me plonger dans la vie d'un petit village dans une époque pas si éloignée de la nôtre, un roman noir qui sait surprendre. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec cette lecture mais je me suis laissée porter et je dois avouer que j'en aimerais bien une potentielle suite...
Un roman que je conseille à tous les amateurs de lectures rapides et marquantes. 

Là où tombent les anges - Charlotte Bousquet



Infos sur le livre

éditions : Gulf Stream
date de publication : 03-09-2015
pages : 400
prix : 17€

Résumé éditeur 

Solange, dix-sept ans, court les bals parisiens en compagnie de Clémence et Lili. Naïve, la tête pleine de rêve, elle se laisse séduire par Robert Maximilien et accepte de l'épouser. Mais son prince est un tyran jaloux, qui ne la sort que pour l'exhiber lors de dîners mondains. Coincée entre Robert et Emma, sa vieille tante aigrie, Solange étouffe à petit feu. Heureusement Lili la délurée et la douce Clémence sont là pour la soutenir. Quand la première guerre mondiale éclate, Robert est envoyé sur le front. C'est l'occasion pour Solange de s'affranchir de la domination de son mari et de commencer enfin à vivre, dans une ville où les femmes s'organisent peu à peu sans les hommes. 

Pourquoi ce livre ?

Acheté à Montreuil il y a quelques années, j'ai enfin pris le temps de sortir de ce roman de ma pal pour, enfin, savoir de quoi il retournait.

De quoi est-il question ?

Solange, Clémence et Lili, trois jeunes filles, presque femmes, qui profitent dela vie parisienne dans l'alégresse de l'avant-guerre. Solange s'est enfuie de chez elle pour échapper à un père violent et commence à voir la vie plus joyeuse avec ses deux amies jusqu'à sa rencontre avec Robert, un homme violent qui ne tarde pas à le tenir sous sa coupe.

Dès lors, Solange ne devient rien d'autre qu'un objet à exhiber et qu'une garde-malade pour la vieille tante de Robert, une femme de plus en plus dépendante. Mais Solange ne veut pas voir l'enfer dans lequel elle a mis les pieds, jusqu'à ce que la guerre éclate et que la vie commence à s'organiser autrement, à l'heure où tant d'hommes meurent sur le front.

Restées seules, les femmes tentent de survivre aux privations et à la douleurs. Certaines commencent à travailler, d'autres tentent de maintenir leur famille à flot, certaines enfin s'engagent pour venir au secours des soldats. Pour Solange, c'est enfin l'occasion de vivre un peu pour elle malgré la tante au caractère parfois difficile. L'occasion de rêver d'une vie meilleure aussi...

Du côté de la forme...

Il n'est pas rare que je lise des romans ayant pour sujet les guerres mondiales ne serait-ce que parce que ce son là les thématiques récurentes des romans régionaux que j'affectionne tant. Mais ce roman était l'occasion de me plonger dans cette thématique autrement et le résultat a été là.

Solange est un personnage qui ne peut que nous toucher et ce dès les premières pages du roman. Car Solange est une jeune femme contrainte de subir chaque jour les coups de son père dans une époque où les femmes n'avaient guère d'autre choix que celui de se taire et de subir. Et parce qu'on attire toujours le même type de personnages, on sait que la vie de Solange ne sera faite que d'épreuves.

Entre vie parisienne frivole et souffrances dues à la première guerre mondiale, l'autrice nous fait ici le tableau d'une époque. Un tableau qui fonctionne et auquel on croit sans difficulté. Un tableau qui nous donne à voir d'autres modes de vies et d'autres passions culturelles : la littérature dite aujourd'hui classique, l'opéra, la musique...

Une douceur qui s'oppose au comportement de Robert mais aussi à la vie éprouvante que la guerre impose. De même la force des hommes et la situation des femmes s'oppose à l'amour et à l'amitié qui, parfois, parviennent à faire leur trou dans un monde en perdition. Et ainsi, les relations humaines sont au centre de tout avec, le plus souvent, l'espoir qui n'est jamais loin.

Et parce que ce roman est un roman où chacun est finalement seul, l'autrice nous offre des chapitres de relations épistolaires qu'elle maîtrise avec brio. Des chapitres qui permettent de ressentir les émotions des autres personnages et de survoler l'angoisse et la terreur des hommes sur le front tout en dévoilant en filigrane un aspect historique qu'il ne faudra jamais oublier.

Côté style, Charlotte Bousquet est une artiste qui tisse les mots avec finesse pour nous offrir un ensemble complet et une réflexion sur une époque qui n'est pas sans se répercuter sur des questionnements d'aujourd'hui tels que celui des femmes battues. De quoi présenter, par le biais de la fiction, une pensée sur un monde qui a encore beaucoup à apprendre.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire depuis de longues années et que je suis ravie d'avoir enfin pu découvrir. Voici un roman qui m'a replongée dans des thématiques qui fonctionnent toujours avec moi mais avec une part féministe qui fait du bien et qui invite les jeunes à se poser des questions sur l'histoire et sur notre monde actuel.
Un roman pour tous les âges qui rend compte de tout le talent de l'autrice. 

mercredi 25 décembre 2019

Pour un tweet avec toi - Teresa Medeiros



Infos sur le livre

éditions : Milady
date de publication : 23-11-2012
pages : 288
prix : 2,99€

Résumé éditeur

Teresa Medeiros revisite le genre du roman épistolaire en 140 caractères maxi ! Auteure d'un presque Pulitzer, Abigail Donovan se débat contre l'angoisse de la page blanche. Aussi, lorsque son agent lui ouvre un compte Tweeter, elle se laisse happer par les tweets, retweets, hashtags, etc. Guidée par l'un de ses followers, MarkBaynard, un professeur d'université en congé sabbatique et twitteur hilarant, Abigail retrouve l'inspiration et le goût de vivre. Mais pourquoi rester devant son écran alors que Mark parcourt le monde ? 

Pourquoi ce livre ?

Il y a quelques années, je m'étais laissée tentée par l'offre Milady proposant certains de ses titres à 2,99€ mais sans jamais prendre le temps de les lire. J'ai décidé de m'y mettre.

De quoi est-il question ?

En apparence, Abby mène la vie rêvée en étant écrivain et résidant dans un bel appartement à New-York. Mais ses séances de dédicaces restent désespéremment vides et son second roman peine à voir le jour. Pire, la voilà contrainte dans une librairie de se glisser dans un ridicule costume de lapin pour satisfaire des gamins survoltés.

C'est alors que l'éditrice d'Abby décide de lui ouvrir un compte tweeter afin de lui permettre de créer un lien avec ses lecteurs, passage obligé pour tout auteur d'aujourd'hui. Bientôt, c'est alors une relation par réseaux interposés que la jeune femme va s'offrir avec un certain Mark, professeur d'université en congé sabatique qui voyage dans le monde.

Pour Abby qui ne croyait plus en l'amour, voici enfin l'occasion pour elle d'entrer dans un jeu de rôle et d'humour où elle peut être qui elle veut sans avoir peur des conséquences. A elle la relation privilégiée et parfois osée, tout ça par écrans interposés. Mais le jeu pourrait bien aussi aller plus loin et révéler deux être l'un à l'autre au-delà des préjugés.

Du côté de la forme...

La romance n'est pas un genre qui m'attire souvent mais, quand ça me prend, j'y vais jusqu'à l'overdose. Cherchons pas à comprendre... Ayant besoin d'une lecture légère et rapide, je me suis donc laissée tenter par ce titre qui a su me séduire.

Une auteure qui n'arrive plus à écrire, qui n'attire personne dans ses dédicaces et qui est plus ou moins au bord du gouffre, voilà qui ne pouvait que me toucher. D'autant que l'auteure, celle du roman, prend le temps de nous dévoiler un peu du système de l'édition à l'américaine, bien bien différent du nôtre. Une plongée dans un  monde que j'affectionne.

Certes, ce roman paraît un peu obsolète puisque c'est par le biais de Twitter que la romance va se mettre en place. Et Tweeter est loin d'être le réseau le plus à la mode. Du coup, on sent ce décalage entre le temps de l'écriture et une lecture plus tardive ce qui est dommage. Pour autant, le réseau est transposable et on oublie bien vite ce petit désagrément.

Depuis que j'ai lu Les liaisons dangereuses, je suis absolument fan du genre épistolaire. Le fait d'établir des relations par courriers interposés, je trouve cela très poétique et l'usage des réseaux sociaux n'est que la modernité de ces lettres manuscrites. Et c'est avec un certain talent que l'auteure parvient ici à nous faire croire à ces échanges.

Pour autant, peut-être aurais-je aimé dans ma lecture un peu plus de force, de rebondissements et un peu plus de surprises. Ici, certes, l'auteure fait basculer ce roman et la relation de ses personnages vers les trois-quarts du roman pour donner un peu plus de profondeur à cette histoire mais cette bascule aurait mérité plus de force et un peu plus de développement. Dommage.

Côté style, force est de constater que l'auteure maîtrise l'écriture synthétique liée à Twitter et parvient à nous proposer une histoire bien menée par ce biais. Et si, de temps à autres, le lecteur est replongé dans une écriture romanesque classique, ces moments semblent servir uniquement pour souffler un peu. Des moments pour faire le plein d'émotion également.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'intriguait et qui méritait que je prenne enfin le temps de le découvrir. Voici un roman qui fait du bien quand on a envie de romance rapide et qui permet de réabiliter les rencontres sur les réseaux sociaux non sans envoyer des piques à la société. Voici un roman qui m'a touchée mais pour lequel j'aurais aimé plus de développements.
Une belle histoire à découvrir pour les amateurs du genre. 

mardi 24 décembre 2019

Saraya, tome 1 - Marylise

 

Infos sur le livre

éditions : Alter Real
date de publication : 05-04-2019
pages : 404
prix : 20€

Résumé éditeur

 Saraya adore sa vie. Son boulot de profileuse au sein de la police la passionne et elle a les meilleurs amis du monde. Sa boss, Angie, se félicite d'ailleurs tous les jours de l'avoir recrutée : Saraya n'a pas son pareil pour dresser le profil psychologique des criminels. Elle est douée. Peut-être un peu trop même... Mais tous ignorent que ce n'est pas une femme ordinaire : c'est une Empathe. Les Empathes, ces êtres aux pouvoirs particuliers, vivent parmi les Humains en toute discrétion. L'harmonie règne, les humains ne se doutent de rien, jusqu'au jour où tout bascule. Le monde des Empathes est en effervescence : de nombreuses jeunes femmes empathes meurent dans des circonstances étranges. Saraya se voit confier la mission de débusquer et d'arrêter le mystérieux assassin. Mais comment faire sans révéler ses pouvoirs ? Pourra-t-elle compter sur ses amis humains ? D'autant que Saraya a un rôle plus grand à jouer que celui de profileuse et qu'elle est en grand danger. Sans qu'elle ait son mot à dire, son peuple lui assigne un guerrier pour la protéger. Beau, brun, ténébreux, un chouïa mégalo, macho et autoritaire, un cocktail détonant qui risque de provoquer des étincelles avec l'impétueuse Saraya. Commence alors une chasse à l'homme endiablée. De leur réussite dépendra l'avenir de tout un peuple. 

Pourquoi ce livre ?

Après ma rencontre avec l'autrice lors des dernières Aventuriales, j'ai, comme promis, fait l'acquisition de ce roman au format numérique, roman qui me tentait beaucoup.

De quoi est-il question ?

Il y a fort lontemps, deux espèces vivaient sur Terre : celle des humain et celle des empathes. Mais des conflits se sont mis en place et la punition suprême a été appliquée : les empathes ont dû aller vivre sur une autre planète. Des années plus tard, les empathes purent revenir parmis les humains mais en toute discrétion jusqu'au jour où la loi suprême décide de revenir sur cette règle...

Angie est une empathe, un état qui lui rend bien service dans la profession qu'elle a choisi : profileuse. Et c'est sans trop de mal que la jeune femme parvient à ménager sa profession et la discrétion de qui elle est vraiment. Jusqu'au jour où des jeunes femmes sont assassinées. Des empathes en vérité. De quoi mettre les deux mondes en effervescence.

Pour résoudre cette terrible affaire, Saraya aura bien besoin de l'aide du guerrier que son peuple lui présente et ce même si la relation entre ces deux-là pourrait bien faire quelques étincelles. Et puisque les humains sont également touchés, le temps est venu, à petite dose, de révéler la vérité sur les empathes car tout pourrait bien être lié.

Du côté de la forme...

Discutant avec l'autrice et l'éditrice, je n'ai pas mis longtemps à me laisser séduire par le résumé de ce roman en marge des lectures que l'on peut voir habituellement. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je dois dire que la surprise de ma découverte à été totale.

Le premier point positif de ce roman est la mise en place de l'univers. Un temps conséquent est consacré à cette mise en place qui fonctionne et qui n'est pas sans impliquer le lecteur. Si nous ne connaissons pas l'existence d'autres êtres, pourquoi tout cela ne pourrait-il pas être vrai ? Et il est vrai que c'est parce que l'autrice croit en son univers que le lecteur y croit aussi.

Difficile de catégoriser ce roman dans un genre car l'autrice sait jouer avec brio sur les différents genres, les différentes thématiques et les différents codes. Ainsi, tour à tour, le lecteur a affaire à un roman fantastique, à un thriller, à un polar ou encore à une romance érotique. On pourrait croire que cela ferait "fourre-tout" mais le fait est que ça marche !

Saraya est un personnage qui m'a tout particulièrement plu. Intelligente, un caractère bien trempé, douée dans sa profession et empathe reconnue, elle est un symbôle de la force de la femme et de ces héroïnes d'aujourd'hui prouvent qu'elles font aussi bien, voire mieux, que leurs homologues masculins. Bravo.

Au niveau de l'intrigue elle-même, c'est sans mal que je me suis laissée prendre avec l'envie de savoir tant le nom du coupable que la manière dont allait évoluer l'histoire romantique. Et si la seconde reste classique, la première a su me surprendre et surtout me prendre à la manière des plus grands thrillers. Avec ce roman, j'ai frémi et ai eu beaucoup d'émotions distinctes.

Côté style, l'autrice maîtrise son écriture, sait créer des personnages qui fonctionnent, sait mettre en place une intrigue prenante et sait nous offrir un univers. Tout ça grâce à une capacité de description et une capacité au dialogue qui n'est pas donnée à tout le monde. D'autant qu'elle sait aussi jouer avec les codes, bien différents d'un chapitre à l'autre.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'intriguait pas mal même si je ne savais pas trop à quoi m'attendre et il vrai que la surprise fut totale. Voici un roman qui a su m'embarquer et qui su m'entraîner dans une histoire bien différentes de toutes celles dont on peut avoir l'habitude. Souvent, on veut mettre les romans dans des cases, l'autrice nous prouve ici qu'on peut faire autrement.
C'est avec grand plaisir que je me plongerai dans le tome 2 dès que je le pourrai. 

lundi 23 décembre 2019

Je te ferai aimer Noël - Caro M. Leene



Infos sur le livre

éditions : Harlequin
date de publication : 16-10-2019
pages : 221
prix : 6,90€

Résumé éditeur

Ma mission  : vous réconcilier avec les sapins verts et les bonnets de Père Noël. Noël. Pour certains, c’est l’enfer des dîners de famille, pour d’autres le casse-tête des idées de cadeaux… mais, pour moi, c’est tout simplement la meilleure période de l’année et ma fête préférée. Et, quand le patriarche de la famille Sullivan a proposé de m’embaucher pour recréer l’esprit de Noël dans son foyer et l’initier à toutes les traditions incontournables, je n’ai pas hésité une seconde. Sauf qu’il n’a pas précisé que Josh, son fils trentenaire et râleur hors pair, faisait une crise d’urticaire à la vue de la moindre guirlande et qu’il n’était en aucun cas disposé à me faciliter la tâche. La mission s’annonce donc un peu plus compliquée que prévu. Mais à Noël tous les miracles sont possibles, non  ?

Pourquoi ce livre ?

Tu fais tes courses de Noël, tu passes au rayon librairie et, d'un coup d'un seul, tu es prise d'une envie de romances de Noël. Tu farfouilles et là tu tombes sur cette magnifique couverture et ce résumé prometteur. Alors tu craques...

De quoi est-il question ?

Depuis toujours, Andie est une passionnée des fêtes de Noël : calendriers de l'avent, recherche de cadeaux, décoration du sapin et flânage dans les boutiques, ça la connaît ! Et même si sa famille ressemble plus à un champ de ruine qu'à autre chose, la jeune femme ne boude pas son plaisir en cette période qui est bien sa préférée de l'année.

Andie est "personnal shoppeuse". Autrement dit, elle est payée par de riches clients pour faire les boutiques et trouver le cadeaux idéal pour un proche. Et même si ce n'est pas tous les jours faciles, Andie n'aspire qu'à ce faire un nom dans ce domaine encore méconnu. Jusqu'au jour où est elle recrutée par Mark Sullivan, homme puissant, pour organiser la fête de Noël idéale pour sa famille.

Un emploi idéal pour lequel, pendant un mois, elle sera nourrie, logée, blanchie, aux frais de la princesse. D'autant que très vite toute la famille semble vouloir l'accueillir avec bienveillance et amitié. Toute la famille sauf Josh, bien trop occupé par son travail pour penser aux fêtes et bien décidé à ne pas faciliter la vie d'Andie dans sa mission. A moins que...

Du côté de la forme...

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu de romances et encore moins des romances de Noël surfaites. Pourtant, cette année, j'ai eu envie et me suis laissée tentée par ce titre et surtout cette couverture originale qui ne peut qu'attirer l'oeil.

Je l'avoue, je ne suis pas moi-même une amoureuse transie de Noël. Alors ce titre avait de quoi m'intriguer. Pourtant, dès les premières pages, c'est une passionnée sans nom de cette période que l'auteure nous invite à découvrir. Et si je ne me suis pas du tout retrouvée en Andie je dois dire que j'ai été émue par cette jeune femme et ai su m'immiscer dans son euphorie de Noël.

Alors, bien sûr, nous sommes dans une romance avec ses codes, ses principes et son schéma traditionnel : la jeune femme un peu perdue qui voit sa vie changer du jour au lendemain, sa rencontre avec un homme distant et perdu pour finalement aller vers un rapprochement attendu et des rebondissements remettant tout en cause... Couru d'avance, oui, mais ça marche et c'est ce qu'on veut.

Ce roman est un roman sur les traditions de Noël entre vraies traditions et modernité qui sonne presque comme un guide pour quiconque voudrait également préparer un Noël idéal. Une belle manière de redonner goût à la famille malgré les blessures enfouies permettant, même une seconde, de faire le parallèle avec ses proches tout en faisant la part belle à la part commerciale de l'affaire.

La relation entre Josh et Andie est une relation qui se met en place peu à peu, qui commence doucement pour aller de plus en plus vite et finalement donner le sourire, juste faire du bien dans une période où on en a souvent bien besoin. Et même si parfois Andie est à claquer, son coeur ne peut que nous faire fondre, surtout dans son envie d'apporter le plus de bonheur possible autour d'elle.

Difficile pour les auteurs de se démarquer niveau style dans un roman du genre et pourtant l'auteure parvient ici à glisser sa patte avec beaucoup de finesse et de tendresse pour nous offrir des personnages blessés qui nous émeuvent. Une patte par laquelle également l'auteure glisse son propre amour de Noël et nous en apprend un peu plus sur les traditions anglaises très oniriques.

En conclusion... 

Il y a des livres comme ça qui vous attirent et pour lesquels vous savez d'avance que vous allez les apprécier. Ce fut le cas avec ce roman-ci que j'ai tout simplement dévoré et qui m'a fait un bien fou alors même que ce n'est pas forcément mon genre de prédilection de lecture; Car ce roman est un roman sur les valeurs de Noël et sur la tradition sans omettre la part commerciale qu'on ne peut nier. 
Un roman idéal pour cette période de fête, un coup de coeur à lire sous un plaid avec un chocolat chaud.

dimanche 22 décembre 2019

Le secret de Lomé - Alexiane de Lys



Infos sur le livre

éditions : Michel Lafon
date de publication : 24-05-2018
pages : 380
prix : 15,95€

Résumé éditeur

Un destin à accomplir. Un peuple à libérer. Lomé mène une vie parfaite, jusqu'au jour où, lors d'une excursion, elle tombe au fond d'une grotte et resurgit dans une contrée inhospitalière et terriblement dangereuse : Bâl'Shanta. Dans ce monde peuplé de créatures extraordinaires, la jeune fille, qui a toujours obtenu ce qu'elle voulait, découvre une civilisation organisée en castes et se retrouve assimilée à celle des esclaves. Pour survivre et espérer rentrer chez elle, Lomé devra faire preuve d'une grande force de caractère et se battre. Heureusement elle pourra compter sur le soutien d'alliés inattendus...

Pourquoi ce livre ?

Depuis le temps que ce roman me faisait envie... Ma rencontre avec l'autrice lors des dernières Aventuriales m'a permis de franchir le pas.

De quoi est-il question ?

Lomé est une adolescente au caractère bien trempé qui vit avec son père, sa belle-mère et sa demi-soeur. Une famille de laquelle elle se sent souvent exclue. Sa mère décédée à sa naissance lui manque souvent et, pour combler ce manque, la belle jeune fille sait être la reine du lycée, avec auprès d'elle son amie dont elle n'hésite pas à se servir.

Mais voilà que, lors d'une excursion scolaire dans les grottes toutes proches, Lomé disparaît dans l'une d'elles et perd connaissance. Lorsqu'elle recouvre ses esprits, elle s'aperçoit que le monde autour d'elle a changé. Elle est dans une forêt mais une forêt étrange où rien de répond aux codes qu'elle connaît. Et même ses premières rencontres la laissent dubitative.

Et pour Lomé qui a toujours eu tout ce qu'elle voulait et qui menait son petit monde à la baguette, la douche est bientôt très froide. Car dans le monde qu'elle découvre elle ne fait pas partie des puissants, bien au contraire, elle fait partie de l'autre camps, celui des esclaves qui doivent se plier aux ordres. C'est sans compte sur le caractère de Lomé, bien décidée à ne pas se laisser faire.

Du côté de la forme...

Il y a quelques années, j'avais commencé la première série de l'autrice, Les ailes d'émeraude, et j'avais plutôt bien aimé. Alors, bien sûr, cette nouvelle série ne pouvait que m'attirer d'autant plus avec cette couverture magnifique.

Je l'avoue, au début de ma lecture, je me suis demandée si je parviendrais à m'attacher au personnage de Lomé : une jeune fille estimant que tout lui est dû et régentant le monde qui l'entoure, une jeune fille orgueilleuse et égocentrique qui ne sert que ses preuves intérêt, une jeune fille enfin au caractère de cochon qui n'en fait bien souvent qu'à sa tête.

Pourtant, très vite, on se prend d'affection pour cette adolescente qui, mine de rien, est mal dans sa peau et va découvrir tout un monde auquel elle va devoir s'adapter, un monde qui reprend les codes du genre mais un monde que l'autrice a réellement su faire vivre et naître sous nos yeux, nous le faisant apprendre au même rythme que Lomé.

Ce monde est finalement très simple par rapport à des Hunger Games : deux catégories de personnages, les puissants et les esclaves. Une belle occasion pour parler de ce sujet historique et encore trop moderne parfois en évoquant les moyens de torture, le traitement des esclaves et même l'esclavage à la mode de la Rome antique, très pédagogique pour les jeunes.

Car les références sont nombreuses dans ce roman mais des références intelligentes où il n'est pas de voyant lumineux au-dessus pour te dire que c'est une référence. Et si le lecteur n'a pas toutes les références, ce n'est pas grave. Côté histoire, une romance pointera le bout de son nez et l'amitié sera au centre de tout avec un vrai apprentissage sur la vie et sur les autres.

Côté écriture, l'autrice sait nous entraîner dans son histoire et nous plonger dans un autre monde tout en nous happant dans l'action avec l'envie de comprendre ce monde et de suivre Lomé dans son aventure. Car peu à peu une intrigue plus profonde va se mettre en place alors même que le lecteur se pose de plus en plus de questions que l'autrice sait laisser en suspens.

En conclusion... 

Voici un roman qui me tentait depuis pas mal de temps et que je suis absolument ravie d'avoir enfin pu lire. Voici un roman dense qui fait du bien tant au niveau humain qu'au niveau historique grâce à une intrigue dans laquelle on se laisse totalement prendre. La fin du roman est une invitation au tome 2 comme je n'en ai pas eu souvent.
Une lecture très efficace qui est pour moi un coup de coeur. 

vendredi 20 décembre 2019

Gromislav - Carole Trébor et Tristan Gion



Infos sur le livre

éditions : Aleph
date de publication : 23-08-2019
pages : 48
prix : 16,90€

Résumé éditeur


Un géant dort sous nos pieds et il ne faudrait pas le réveiller ! Cette fable écologique inspirée de la mythologie slave est un appel à la protection de la planète, mais aussi à la création et à l'imaginaire. Gromislav fait figure de héros atypique, loin des stéréotypes de la toute-puissance. À la fois puissant et fragile, lent et fort, brave mais toujours prompt à faire la sieste, il nous amène à contempler la création du monde et la naissance de la vie sur Terre.

Pourquoi ce livre ?


Merci aux éditions Aleph grâee auxquelles j'ai pu découvrir cet album à la couverture magnifique d'une auteure que j'apprécie beaucoup.

De quoi est-il question ?


Il y a fort longtemps, sur une planète, vivait Gromislav, un géant bien plus grand que tous les autres géants et qui protégeait la planète. Quand cette dernière était sûre, il s'endormait, parfois pour des siècles. Sur cette planète, vivaient aussi des géants, des Assilkis. La vie aurait pu être paisible mais ces derniers ne parvenaient pas à s'entendre et, surtout créaient le chaos.

Alors une autre planète a été créée, pour eux, rien que que pour eux. Mais avec des être envieux et bagarreurs, la paix n'est jamais que de courte durée. Alors, quand la planète bleue est en danger, le géant Gromislav se réveille et fait table rase des conflits. La Terre se déchaîne et pour retrouver sa sérénité le géant détruit tout sur son passage...

Du côté de la forme...


J'aime les beaux albums jeunesse, j'aime les contes et légendes, j'apprécie le travail de Carole Trébor. Alors, forcément, je ne pouvais que craquer sur cet album dont la couverture attire tout particulièrement le regard.

Savoir comment le monde a été créé... Entre les légendes grecques, romaines, égyptiennes ou nordique, on a de quoi faire. Et je ne parle pas des versions religieuses. Mais la version slave avec Gromislav, je l'avoue, je ne la connaissais pas et ai fait une très belle découverte d'autant que cette fable n'est pas sans poser des questions très actuelles.

La Terre est créée dans cette légende par un géant qui ne voulait rien d'autre que la paix sur sa planète à l'encontre des géants ne vivant que dans la guerre. Une thématique intemporelle qui n'est pas sans remettre sur le devant de la scène ce que l'homme peut porter de pire. Une belle manière de réfléchir sur les relation entre les être et sur ce que nous pouvons tous faire pour la paix.

Mais cet album pose aussi une question encore plus actuelle : la maltraitance de notre planète et sa dégradation vis-à-vis des forêts et des océans, des animaux aussi. Nul besoin de dire que c'est brio que cet album parle alors d'écologie sans tout à fait en avoir l'air et avec beaucoup de finesse. La leçon ? Si on maltraite notre planète, Gromislav se réveillera...

Ne serait-il d'ailleurs pas en train de se réveiller ? Car entre le début du texte et la fin des milliers d'années semblent s'être passés pour que le message soit de plus en plus clair alors même que le lecteur est pris dans un tourbillon de poésie qui lui fait parfois poser question. Je l'avoue, me suis parfois sentie un peu perdue dans la masse d'informations mais pour un ensemble qui fonctionne.

Ce qui est à retenir de cet album c'est bien en effet le style si bien travailler de Carole Trébor qui sait nous plonger dans cette histoire mais surtout la patte de Tristan Gion qui nous offre des illustrations hautes en couleurs et fortes en détails pour un format qui invite au rêve et à l'art. Car les planches sont belles et font du bien quand on veut lire de l'image.

En conclusion...


Voici un album qui me tentait beaucoup et qui m'a beaucoup touchée. J'aime les légendes et en découvrir de nouvelles est toujours quelque chose qui m'intéresse. Alors quand il s'agit d'une légende moins connue qui sait mêler imaginaire et problématiques actuelles dans une histoire bien menée et à même de faire réfléchir les enfants, tout est là.
Un bel album à découvrir et à faire découvrir.

jeudi 19 décembre 2019

Dis ours, tu sors - Benji Davies



Infos sur le livre

éditions : Little Urban
date de publication : 11-01-2019
pages : 32
prix : 13,50€

Résumé éditeur

Canard est très excité par la neige. Il aimerait tellement en profiter pour jouer avec Ours. Ours est bien au chaud dans son bain. Il aimerait tellement s'y prélasser des heures et des heures. Ours et Canard réussiront-ils à passer une merveilleuse journée d'hiver ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Little Urban grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouvel album d'une petite série que j'apprécie beaucoup.

Mon avis...

L'hiver est là et Canard est en joie. Enfin la neige ! L'occasion de faire des balades et des bonhommes, l'occasion de bien rire. Mais seul ce n'est pas drôle alors Canard s'empresse d'aller chercher son voisin Ours. Mais Ours, lui, n'aime pas l'hiver, n'aime pas la neige et n'aspire qu'à rester chez lui, bien au chaud. C'est sans compte sans son pot-de-colle de voisin...

Ours et Canard, un duo qui fait la paire et qui fonctionne ! Un qui est peu renfermé, l'autre très exubérant. L'un qui aspire à rester tranquille, l'autre qui ne l'entend pas de cette oreille. Deux voisins diamétralement opposés que l'on aime retrouver.

Cette fois, avec les deux personnages, le lecteur est entraîné au coeur de l'hiver. Toujours efficace quand il s'agit de parler de cette saison aux enfants. D'autant que, cette fois encore, il va s'agir pour les jeunes de se confronter aux deux caractères opposés de Ours et Canard et, peut-être, de se reconnaître chez l'un ou chez l'autre.

Car les deux voisins sont, chacun dans leurs extrêmes, des personnages qui touchent ou exaspèrent. Pourquoi Canard est-il si insistant ? Pourquoi Ours refuse-t-il toujours tout ce que lui propose Canard ? De quoi inviter l'enfant à réfléchir sur lui-même et dans sa relation aux autres tout en lui permettant de passer un joli moment drôle auquel on peut aussi ne rien demander de plus.

Le texte est aisé ce qui facilité l'apprentissage d'une lecture seul ce qui est toujours une bonne chose également. Un bon test aussi : si l'enfant ri c'est qu'il a compris ce qu'il a lu et les sous-entendus voulus par l'auteur. D'autant que la lecture de l'image fait intégralement partie ici de la lecture de l'album dans les mimiques des personnages.

Avec une série de ce genre, on pourrait craindre un abus de répétitions. Je dirais oui et non. Il est vrai que les thématiques, bien que différentes, se rapprochent, que les codes entres les personnages sont toujours les mêmes et que le schéma se répercute. Pourtant, ça marche. Et à chaque fois, ici encore, on se laisse prendre et c'est là tout ce qui compte.

Ce qui fait tout le charme de cet album ? Sans doute les illustrations dont personnellement je suis fan et dont je ne me lasse pas. L'illustrateur a un vrai talent pour nous offrir une histoire avec laquelle le texte serait presque de trop, une histoire entre deux voisins dans laquelle certains adultes pourraient bien se reconnaître...

En conclusion...

Voici un nouvel album d'une petite série que j'aime beaucoup et qui sait toujours me convaincre même si je dois reconnaître trouver Canard très pénible. Un joli moment à passer qui apporte un peu d'humour face à une saison parfois un peu triste. Voici un album qui fait du bien tout en faisant réfléchir les jeunes. Une belle découverte.
J'espère avoir l'occasion de découvrir bientôt une nouvelle aventure de Ours et Canard.

Mon école de aïe à zut - Elisabeth Brami et Popy Matigot



Infos sur le livre

éditions : Saltimbanque
date de publication : 06-06-2019
pages : 72
prix : 14,50€

Résumé éditeur

Un abécédaire ludique et humoristique qui donne enfin la parole aux maîtresses (et aux maîtres) ! " Bande de babouins ! Braille la maîtresse qui bondit sur son bureau comme pour nous boxer. Bon, sur le banc et ne bougez plus les bavards et les bécasses. Sinon ça va barder ! "

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Saltimbanque grâce auxquelles j'ai pu découvrir cet album haut en couleurs sur un sujet qui a du mordant...

Mon avis...

À l'école, il y a les sages et les agités, la classe et la récréation, les enfants et la maîtresse. Et tout ça tout en même temps avec des rires et des pleurs, des moments de joie et des moments de peine, des amitiés et des disputes. Bref, l'école c'est un lieu de vie où tout est possible et où chacun fait comme il peut pour grandir... ou survivre...

Les abécédaires sont des ouvrages que j'apprécie quand ils sont bien faits et sortent des sentiers battus du simple "Une lettre, un objet". Quand, au début de la lecture, on voit plus dans l'ouvrage que ce genre-là. Et cet album en fait grandement partie !

Parler de l'école aux enfants est monnaie courante. C'est un sujet qu'ils connaissent, qu'ils apprécient ou non. C'est un sujet qui les porte, les fait réfléchir, les aide parfois à accepter cette obligation d'enfant. Mais il est rare que le dit sujet soit traité autrement que du point de vue de l'enfant qui a peur d'aller à l'école, la découvre et finit par aimer.

Ici, la problématique est toute autre avec l'ambition pour les auteures de montrer la "vraie" vie d'une école avec ses hauts et ses bas mais, surtout, d'un point de vue que les plus jeunes ont parfois du mal à entrevoir : celui de la maîtresse. La cacophonie, le brouhaha et la difficulté qu'est celle de s'occuper de 30 enfants en même temps.

Nous sommes là face à un abécédaire et le fait est que toutes les lettres sont habilement représentées mais pas par un mot seul. Plutôt par un texte, plus ou moins long, où l'enfant apprend certes la lettre mais plus essentiellement le son de la lettre grâce à un étonnant travail d'allitérations et d'assonnances à la manière d'une poésie à laquelle ils seront sensibles.

Je l'avoue, au départ, je n'ai pas été très fan des dessins que je jugeais trop simples et un peu trop grossiers. Pourtant, au fil des pages, je me suis laissée séduire et ai fini par apprécier cet univers riche et étonnant qui représente avec brio la joyeuse pagaille qui peut régner dans une classe de maternelle (ainsi que le ras-le-bol parfois des maîtresses).

Ce qui est intelligent dans l'écriture de cet album, c'est l'apprentissage par l'humour. Les mots employés sauront faire rire les enfants, les invitant parfois à imiter des animaux et autres sonorités. Les situations sauront les amuser tout en les laissant réfléchir sur leurs propres comportements en classe. Bravo !

En conclusion...

Voici un album que j'étais plutôt curieuse de découvrir et qui m'a permis de me plonger dans un abécédaire qui change de ce dont on a l'habitude ce qui fait du bien. Si les enfants sauront en rire et s'y reconnaître lors d'une lecture en classe, bel outil pour les enseignants, je conseille surtout ce livre à tous les parents d'élèves qui n'entendent pas la réalité du métier de "maîtresse de maternelle".
Un bel objet qui remet les idées en place avec humour et bienveillance.

lundi 16 décembre 2019

La belle cévenole - Marie-Claude Gay



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 12-09-2019
pages : 227
prix : 19,90€

Résumé éditeur


La révolte gronde dans les Cévennes, région huguenote qui refuse d'abjurer sa religion. Le 24 juillet 1702, le Gévaudan explose et la terrible lutte des camisards contre les impitoyables dragons du roi Louis XIV débute. La famille Tassin, protestante, fuit vers l'un des pays d'accueil. Hélas ! La jeune Clémence perd la trace des siens et se retrouve isolée. Après un long périple où le danger est omniprésent, elle embarque sur un bateau qui se fracasse sur les rochers de l'île d'Ouessant. Sous le choc, la jeune huguenote perd la mémoire. Retrouvera-t-elle un jour sa famille ? "Les Cévennes, c'est leur désert à eux, celui de l'espoir, celui de Moise à la recherche de la Terre promise". Clémence a ralenti sa marche et s'arrête. Soudain, elle se sent tellement lasse qu'elle a envie de mettre un terme à cette fuite effrénée. Charles se retourne et, apercevant le visage résigné de la jeune fille, il comprend qu'elle en a assez. Il revient sur ses pas, saisit son menton et le relève vers lui. - Petiote, tu ne vas pas baisser les bras maintenant que la liberté est presque à nous. Clémence, te vois-tu enfermée, sans doute à vie, à la Tour de Constance ? Tu deviendrais folle. Allez reprends-toi !

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que je suis avec beaucoup d'intérêt.

De quoi est-il question ?

Clémence aurait pu mener une vie sans histoire au sein d'une famille simple mais aimante entre bonheurs simples et joies quotidiennes. Mais Clémence est née au sein d'une famille protestante dans une période régie par la Révocation de l'Édit de Nantes, orchestré par la royauté et qui condamne les protestants à ne plus exercer librement leur culte.

Et si la famille tente, tant bien que mal, d'éviter les ennuis, tout particulièrement en répondant aux doctrines catholiques, Clémence peine à entendre ces interdictions. Jusqu'au jour où la menace, devenue trop grande, les contraint à fuir les Cévennes. Une épreuve pour cette famille qui n'a jamais rien connu d'autre.

La fuite aurait dû très bien s'organiser mais c'était sans compter sur le destin qui séparera Clémence du reste de sa famille. Dès lors, c'est sur l'île d'Ouessant, au large de la Bretagne, que la jeune femme va tenter de reconstruire sa vie. D'autant que la jeune femme est désormais amnésique, une page blanche par laquelle tout est possible.

Du côté de la forme...

Si j'aime les romans régionaux, force est de constater que, bien souvent, ce sont toujours les mêmes périodes qui sont traitées : XIX°, guerres mondiales, depuis peu les années 1960 à 1980. Allant plus loin dans le passé, on tombe dans les romans dits "historiques".

Et pourtant, avec ce roman, l'auteure dans un roman de terroir se déroulant en plein coeur du XVII° siècle. Les thématiques régionalistes sont là mais, dans le même temps, c'est un sujet bien terrible de notre histoire qui est mise en avant : la traque des Protestants. Une part d'ombre de l'histoire française que nous connaissons tous mais que nous avons parfois tendance à oublier.

Clémence est un personnage qui m'a beaucoup touchée tant par ses relations qui la lient à sa famille que par son fort caractère. Un caractère qui est loin de plaire à tout le monde dans une époque où les femmes n'ont que le droit de subir. Une belle manière aussi de parler de la condition de la femme et de cette émancipation au fil des siècles.

Le lecteur est plongé au coeur de cette période trouble et suit une famille dans l'épreuve qu'est celle de cacher sa religion et de devoir fuir. Une manière de voir l'histoire autrement et de ressentir toute la peur, toute la souffrance et tous les tourments engendrés par cette vie. Tout cela à travers le destin d'une famille et tout particulièrement de Clémence.

Mais surtout, ce roman est une invitation au voyage. Au voyage entre deux régions belles et riches : les Cévennes et Ouessant. L'auteure sait nous rendre au plus proches des paysages enchanteurs et poétiques au-delà des épreuves et des drames et ça fait du bien. De quoi donner envie de s'évader dans ces régions à la fois si proches et si éloignées des grandes villes.

Quel plaisir que de retrouver l'écriture de Marie-Claude Gay qui aime les histoires de femmes et nous apprend à les aimer. Clémence est un personnage vrai, un personnage qui apporte beaucoup et qui fait réfléchir tendis que la plongée dans des régions en apparence hostiles se fait de la manière la plus aisée qui soit. 

En conclusion...

Voici un roman qui m'a beaucoup touchée et qui m'a permis de me replonger dans une période de l'histoire à laquelle je ne m'étais pas intéressée depuis longtemps. Voici un roman qui a su me faire voyager et m'offrir des personnages comme je les aime : forts, touchants et animés d'une profondeur où l'histoire de la femme est au centre.
Voici un roman qui fait du bien et qui est à découvrir pour les amateurs du genre.

dimanche 15 décembre 2019

Ce qui coule dans nos veine - Sophie Adriansen

 

Infos sur le livre

éditions : Gulf Stream
date de publication : 22-08-2019
pages : 272
prix : 17€

Résumé éditeur

Adam est tombé malade. Gravement. Tout avait pourtant si bien commencé. Leur rencontre, avait-il dit en début d'année à Garance, c'était le destin. Leur avenir, ils l'écrivaient déjà : prépa, grandes écoles, carrière internationale, et bien sûr mariage. Mais cette foutue maladie est venue tout bouleverser. Alors, quand Adam lui annonce que sa foi lui interdit de suivre le seul traitement efficace contre le mal qui le ronge, Garance ne comprend pas. Est-il vraiment prêt à risquer sa vie pour être en accord avec ses convictions ? L'amour qu'ils se portent mutuellement convaincra-t-il Adam de faire le bon choix ?

Pourquoi ce livre ?

Ayant déjà eu l'occasion de lire des romans plus jeunesse de l'auteure, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans ce roman à la thématique très forte.

De quoi est-il question ?

Depuis toujours, Garance aime les études et aime apprendre. Alors, le bac en poche, c'est tout naturellement qu'elle se dirige vers une classe préparatoire en vue de devenue ingénieure. C'est alors qu'elle rencontre Jules, un jeune homme qui ne la laisse pas insensible mais qui va s'effacer pour que son ami de toujours, Adam, puisse sortir avec la jeune femme.

Et si l'amour est une vraie respiration pour les deux jeunes gens, les études sont primordiales entre contrôles permanents, fortes solicitations intellectuelles et apprentissages continuels. Jusqu'au jour où Adam apprend qu'il est atteint d'une leucémie aïgue. Seule solution pour lui, entreprendre une chimiothérapie qui doit s'engager par une transfusion sanguine.

En théorie, tout devrait bien se passer. Mais bientôt, Garance apprend que l'homme qu'elle aime est animé par des croyances très contreversées, il est Témoin de Jéhovah. Pour lui, toute transfusion est donc proscrite et ce même si c'est là le seul moyen de lui sauver la vie. Dès lors, Garance décide de mener le combat pour faire changer Adam d'avis.

Du côté de la forme...

Gulfstream commence à faire définitivement partie de mes maisons d'édition chouchoutes. Alors entre une auteure que j'apprécie tout particulièrement et une thématique bien peu souvent évoquée en littérature, le doute n'était pas permis.

Dès les premières pages de ce roman, Garance est un personnage qui m'a beaucoup touchée et qui n'est pas sans mettre innover dans le monde de la littérature jeunesse. Ici, il est question d'une jeune femme surdouée, inscrite en prépa et très touchante. Un personnage idéal pour permettre aux jeunes d'en apprendre un peu plus sur cet univers parfois comme dans un monde parallèle.

Bien sûr, il va être question ici d'une histoire d'amour comme souvent dans ce type de romans, une thématique qui fonctionne toujours. Pour autant, si l'amour est beau et poétique au début, ce n'est pas là l'essentiel du roman. Et si la maladie va être très présente au fil des pages face à un amour fidèle, ce n'est pas là le plus important non plus.

Ici, le sujet que souhaite traiter l'auteure est le sujet des croyances religieuses et tout particulièrement celles des Témoins de Jéhovah. Un moyen pour elle de dénoncer certains aspects de ces croyances à travers le regard de Garance mais aussi d'expliquer un peu plus dans le détail les principes de cette religion contreversés dont ne savons souvent finalement pas grand chose dans le détail.

Ce roman va être celui d'un combat, d'un combat pour l'amour, d'un combat par le biais des médias et de l'opinion publique non sans prendre en compte les lois. Ce roman va alors poser nombre de questions et surtout des questions sur la liberté de chacun, sur les libertés de cultes et surtout la suivante : "jusqu'où peut-on aller pour sauver quelqu'un ou le convaincre de se rallier à nous ?".

Question style, je ne connaissais l'auteure que pour ses romans très jeunesse et c'est donc le sentiment de découvrir une nouvelle écriture que j'ai eu ici. Et quelle écriture ! Question philo et psycho, l'auteure se défend tout en nous plongeant entièrement dans l'histoire et en nous invitant à avoir notre propre réflexion sur le sujet traité. Bravo !

En conclusion... 

Difficile de parler de ce roman et d'en dire ce qu'il y aurait à en dire car ce roman est un roman complet où l'émotion rejoint la réflexion, où les personnages sont forts et poignants, où de vraies questions sont posées avec un parti pris, certes, mais pas que. Car la question du choix reste essentielle ici et invite le lecteur à comprendre une pensée qui lui est bien étrangère.
Un grand bravo à l'auteure pour ce roman magistrale qui est pour moi un énorme coup de coeur à découvrir sans hésiter. 

jeudi 12 décembre 2019

Le hameau des sortilèges - Georges-Pierre Guigon



Infos sur le livre

éditions : Marivole
date de publication : 11-09-2019
pages : 170
prix : 18€

Résumé éditeur


Hameau de Belvézet, dans les années 1960. Quatre ans qu'Antoine Forestier et son épouse Gisèle s'adressent à peine la parole. Et pour cause ! C'est au café de Coucouron, dans le village tout proche, qu'Antoine a vent de la terrible rumeur. Sa légitime entretient avec son voisin, Marius Lacombe, une relation intime. Les après-midis, tous ou presque, elle court le retrouver dans la "grange bergerie" qu'il a construite à l'écart du village. Le jour où il apprend l'existence de cette relation coupable, il gifle Gisèle, ce qui clôt leurs étreintes conjugales déjà rares. Depuis longtemps, il n'a plus la permission de l'honorer et cette situation le rend agressif. Tout cela nourrit dans le coeur d'Antoine Forestier et de son amie d'infortune, Bernadette Lacombe, une haine farouche et des envies de vengeance. Un jour, c'est certain, il faudra que cet affront, cette trahison, ce déballage public se payent. Bernadette pense avoir trouvé la solution. Elle est persuadée que les spectres qui hantent une montagne voisine peuvent résoudre son problème. Sa grand-mère, qui passait pour une sorcière, lui a légué ses secrets. Alors, les nuits de nouvelle lune et quelle que soit la saison, elle se rend devant le dolmen pour proférer ses incantations. Et ce n'est rien d'autre que la mort des deux amants qu'elle implore aux farfadets. Une intrigue bien menée avec des rebondissements intéressants. Et cette chute !

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Marivole grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman dont j'avais eu la chance de découvrir le tout premier roman dans les débuts du blog.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1960, dans un petit village au coeur de l'Auvergne. La vie est rythmée par les travaux de la ferme et les cancans du village. C'est ainsi qu'Antoine et Bernadette apprennent bien malgré eux que leurs conjoints respectifs les trompent avec le conjoint de l'autre. Dès lors, leur monde s'écroule et l'envie d'une douce vengeance naît en eux.

Depuis que la vérité a émergé, les deux couples légitimes cohabitent d'ailleurs plus qu'ils ne vivent de véritables vies de couples. D'autant que Bernadette Lacombe a depuis quelques temps décidé de pactiser avec les esprits afin que son mari paye. Jusqu'au jour où l'homme est retrouvé assassiné sans que l'on ne sache retrouver le coupable.

La police est mise sur l'affaire. Tout porte à croire que le règlement de comptes est personnel mais comment retrouver celui qui aurait tiré de sang-froid sur l'homme, d'autant plus quand tout le village pourrait bien être coupable et que les secrets de villages sont sans conteste les mieux gardés. Et d'autant que la vérité n'est jamais là où on le croit.

Du côté de la forme...

Quand un des auteurs que tu as découvert à ses débuts publie son nouveau roman chez l'un des éditeurs que tu suis avec assiduité, il n'est plus de questions à se poser. Et quand en plus le dit roman présente une couverture magnifique et un résumé plus que tentant, c'est juste parfait.

Au début de ma lecture, je l'avoue, je me suis demandée dans quel genre de roman l'auteur allait vouloir m'entraîner. Un roman sur un homme et une femme qui trompent leurs conjoints, certes, une histoire de vengeance, sûrement, une histoire de village, sans aucun doute. Oui mais quoi d'autre ? Aurais-je droit à une part de fantastique ou juste à des croyances de village ?

Tout était permis avec un tel roman et c'est sans trop de mal que je me suis laissée portée même si, de base, les histoires d'amants ce n'est pas forcément mon truc. Car si de fantastique il n'y a point dans cette histoire, les croyances sont belles et bien là. Ce que j'ai trouvé plutôt intéressant dans le sens où les événements vont donner raison à la croyance pour presque semer le doute chez le lecteur.

Et puis, soudainement, le roman va passer d'une histoire de village parmi tant d'autres à un polar prenant et addictif par lequel il s'agira de savoir qui a assassiné Marius. Et si nous ne sommes pas dans un polar à rebondissements multiples comme on les aime aujourd'hui, le lecteur a le sentiment d'être un peu plus proche de ce que pouvait vraiment être une enquête dans les années 1960.

Question personnages, les fils ne mêlent et s'entremêlent. Et ça fonctionne avec la mise en place de caractères forts par lesquels on se laisse toucher et par lesquels on retrouve un aperçu assez prenant de ce que pouvait en effet être une vie de village à cette époque. Un beau moyen de voir aussi combien les années 1960 étaient encore très superstitieuses.

Côté écriture, j'ai bien aimé retrouver le style d'un auteur que j'avais déjà eu le plaisir de lire et qui sait raconter des histoires. Et contre toute-attente, bien qu'étant une grande habituée de polars, je me suis laissée surprendre par la fin ce qui n'a pas été une mauvaise chose. D'autant que la fin laisse un suspens plutôt appréciable et au plus proche du réel.

En conclusion...

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire avec impatience et que j'ai finalement dévoré en un rien de temps dès que je m'y suis plongée sérieusement. Voici un roman qui m'a plongée dans une autre époque pas si éloignée de la nôtre et qui m'a laissée apprécier un polar un peu différent qui fait du bien et offre un beau témoignage de la vie des villages.
Un roman à découvrir pour une lecture rapide et forte en émotions.

mardi 10 décembre 2019

Dimanche - Fleur Oury


Infos sur le livre

éditions : Les fourmis rouges
date de publication : 18-04-2019
pages : 40
prix : 15,50€

Résumé éditeur

Aujourd'hui c'est dimanche. Clémentine passe la journée chez Mamie avec ses parents. Elle s'ennuie un peu. Jusqu'au moment où, dans le jardin, elle découvre un trou dans la haie et passe de l'autre côté. Elle partagera alors avec sa grand-mère un secret extraordinaire…

Pourquoi ce livre ?

Souvent on suit des auteurs, parfois on suit des maisons d'édition. Les fourmis rouges en fait partie et j'ai à coeur d'acheter de temps en temps un de leurs ouvrages. Souvent, Montreuil est l'occasion.

De quoi est-il question ?

Aujourd'hui, c'est Dimanche. Les parents de Clémentine ont décidé d'aller passer la journée chez Mamie, à la campagne. Et les parents de Clémentine tiennent à ce que leur fille se tienne bien : tenir sa langue, ne pas poser les coudes sur la table, bien embrasser mamie en arrivant et même si mamie est souvent pleine de brindilles.

Car dans cette famille de renards, l'éducation est de mise. Mais une fois le dîner passé, l'occasion est trop belle pour la jeune renarde d'échapper à la surveillance de ses parents et de partir jouer dans les bois. Jusqu'à ce qu'un trou dans un haie l'emmène de l'autre côté de la barrière. L'occasion pour la renarde de faire une étrange découverte et de mettre le doigt sur un étrange secret...

Du côté de la forme...

Mes études en littérature de jeunesse m'auront au moins appris cela : savoir mieux apprécier les beaux albums jeunesse qui font sens. Et si maintenant j'attends souvent le coup de coeur pour en acheter, j'ai toujours plaisir à vous en faire découvrir des beaux.

Comme souvent dans les albums destinés à la jeunesse, la personnification de l'animal est de mise en l'occurence celle des renards qui agissent tels des humains en allant rendre visite à la grand-mère le dimanche. Une jolie manière qui fonctionne toujours pour séduire les plus jeunes et pour donner un peu de poésie à un album. Oui, mais pas seulement.

Car si l'idée de parler du "dimanche chez mamie" est bien présente dans cet album, avec l'invitation pour les jeunes d'apprécier un peu plus ce moment pouvant être vu comme une corvée, cette histoire est aussi bien davantage avec un vrai questionnement sur la rencontre, sur l'amitié et sur la différence tout en restant d'une belle subtilité.

En effet, c'est un enfant humain que Clémentine va être amenée à rencontre ce qui déplace le phénomène de l'étrangeté et de l'étranger : l'humain devient l'inconnu, l'être sans poil sur lequel l'héroïne s'interroge. De quoi inviter le lecteur à déplacer sa pensée et son raisonnement, de quitter un temps son côté éthnocentré pour voir le monde autrement.

Mais ce qui est particulièrement touchant dans cet album, c'est la place laissée à l'imaginaire du lecteur, et surtout de l'enfant. Le dialogue possible entre la renarde et l'enfant est presque entièrement laissé à l'intuition puisqu'il n'existe pas dans le texte quant au final, au secret partagé avec la grand-mère, tout est possible et envisageable ce qui rendra cet album unique pour chaque lecteur.

Le coup de crayon de l'illustratrice est juste sublime, poétique et onirique. Quant à l'objet-livre, c'est une merveille. Difficile pour les imprimeurs de faire ressortir des couleurs au plus proche de celles choisies à l'origine. C'est chose réussie ici pourtant. L'illustratrice sait avec son album nous faire plonger dans un autre monde, idéal pour initier les plus jeunes à ce qu'est une belle histoire.

En conclusion...

Voici un album qui m'a attirée lorsque j'étais à Montreuil et que j'ai eu le plus grand plaisir à découvrir. Voici un album qui m'a permis de me replonger dans ce genre que j'aime beaucoup et qui m'a permis une nouvelle fois de découvrir une pépite. Voici un album intelligent qui sait raconter une belle histoire tout en laissant sa part de rêve et d'imaginaire au lecteur. Une réussite !
Un album coup de coeur idéal pour petits et grands, pour une lecture seul ou en famille.