dimanche 29 mars 2020

L'Indomptée - Donna Cross



Infos sur le livre

éditions : Presse de la cité
date de publication : 13-02-2020
pages : 564
prix : 20€

Résumé éditeur

Comment une femme est-elle devenue pape sans que personne soupçonne son véritable sexe ? Née en France en 814, élevée sous la férule d'un père sévère et rigide, Jeanne se révolte très vite contre les préjugés et interdits qui pèsent sur la gent féminine. Elle apprend à lire et à écrire en cachette, et parvient à se faire admettre à l'école de la cathédrale de Dorstadt, en Basse-Saxe. Ne pouvant loger sur place avec les autres élèves masculins, la jeune fille habite chez son tuteur, Gerold, et son épouse, dame Richild. Mais Gerold et Jeanne finissent par tomber amoureux l'un de l'autre... Ainsi commence l'étonnante histoire de celle qui parviendra à s'introduire au Vatican pour soigner le pape malade, et finira par se faire élire sur le trône de saint Pierre sans que personne la perce à jour. Jusqu'à ce qu'un évènement inattendu vienne tout bouleverser... Après plus de quatre cents ans pendant lesquels on a nié son existence, la papesse Jeanne figure aujourd'hui dans les registres du Vatican. C'est le surprenant parcours, ponctué d'aventures, d'amours, d'intrigues et de rebondissements, de cette héroïne indépendante et résolument moderne que retrace ce palpitant roman. Ou quand la réalité n'a rien à envier à la fiction !

Pourquoi ce livre ?

Un grand merci aux Presses de la cité grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman hors du commun sur lequel je ne me serais peut-être même pas retournée en librairies.

De quoi est-il question ?

Nous sommes au début du VIIème siècle, dans un coin reculé de la France. C'est dans des conditions terribles que vient au monde Jeanne, au grand mépris de son père qui ne jure que par les garçons. Pire, dès l'enfance, Jeanne fait preuve d'un fort caractère et d'une volonté sans faille à avoir la même éducation que ses frères. Mais en secret bien sûr.

C'est parce qu'un professeur grec croira en elle que Jeanne pourra espérer parfaire sa culture et nourrir sa soif de savoir. Avec force et courage, elle parviendra même à entrer dans une prestigieuse école : Dorstadt. Mais là encore, elle doit faire avec la rogne des hommes à l'encontre des femmes et surtout de ceux qui n'admettent pas que leurs certitudes soient remises en cause.

Durant son apprentissage, Jeanne est hébergée par Gerold, un homme qui voit plutôt d'un bon oeil le caractère de la jeune élève. Et bientôt, ils tombent amoureux. Jeanne découvrira alors que les femmes aussi peuvent la haïr, par jalousie. Dès lors, la jeune femme prend la fuite pour Rome où son savoir médicinal la conduira à être au plus proche de la cité pontificale.

Du côté de la forme...

Si j'aime les romans historiques et tout ce qui a trait au médiéval, je dois bien avouer qu'il est plutôt rare que je me plonge dans ce genre de lecture soit par manque de temps soit parce que j'ai toujours d'autres types de romans sous la main. C'était là l'occasion et quelle occasion !

S'il est une chose que l'on repère vite avec ce roman c'est le mélange entre fiction et réalité puisque, si nous sommes bien là dans un roman avec une héroïne que nous allons prendre plaisir à suivre, le cadre, l'ambiance et les références font preuves d'une redoutable érudition de la part de l'auteure. Car si tout se lit comme une fiction, la recherche historique est là à chaque page. 

Jeanne est un personnage qui nous apparaît très vite comme très attachant car très en avance sur son temps, volontaire et forte mais en même temps fragile parfois face aux rancoeurs, face à l'inflexibilité et face aux certitudes bien ancrées. Bref, Jeanne est une jeune femme que l'on aimerait prendre dans nos bras tout en souhaitant la soulever de terre pour saluer son courage et sa détermination.

Il est vrai que ce roman se fait portrait d'une société qu'il nous est bien difficile d'imaginer, faire de batailles et de loi patriarcale. La loi salique est omniprésente et certaines réactions font grincer des dents. Pourtant, il est terrible de penser combien certaines pensées sont encore trop d'actualité dans le monde et même plus proche qu'on ne le croit.

Nous sommes ici dans un roman mettant en avant les questions de religion, de papauté, d'éducation dans les clergés et d'enseignements des prêtres. Alors autant dire que les occurences bibliques sont nombreuses, parfois remises en question, mais bien souvent établies comme telles. De quoi perturber certains lecteurs mais il convient de les découvrir dans un cadre historique.

Côté style, nous sommes ici face à quelque chose de dense et parfois un peu laborieux. Je n'ai pu dévorer ce roman comme je le fais avec tant d'autres et les occurences latines, même traduites, m'ont parfois gênée (le latin et moi nous ne sommes pas bien copains). Et si on sent que l'auteure maîtrise son sujet, le lecteur non averti peu parfois avoir le sentiment d'un trop plein.

En conclusion... 

Voici un roman qui change totalement de ce que j'ai l'habitude de lire et que je suis absolument ravie d'avoir pu découvrir. Car ce roman met en avant une femme courage dans une époque qui m'intéresse beaucoup, une femme en avance sur son temps dont la vie sera un flot de prouesses et d'épreuves pour faire évoluer le monde.
Un roman à découvrir pour changer de ce dont on à l'habitude mais qui n'est pas à proprement parler un "roman détente".

jeudi 26 mars 2020

Eve aux sables dormant - Cécile Ama Courtois



Infos sur le livre

éditions : L'ivre book
date de publication : 09-03-2019
page : 195
prix : 10€

Résumé éditeur

Étudiant en égyptologie, Guillaume participe à la plus incroyable fouille archéologique jamais réalisée. Un chantier où chaque strate mise au jour dévoile des vestiges toujours plus anciens. Plus vieux que les premiers hommes. Antérieurs aux tous premiers dinosaures. Remontant jusqu'aux origines de la vie connue. Puis plus loin encore... jusqu'à des créatures qui peuplaient la Terre avant cela. Des êtres disparus depuis des millions d'années. Quand Guillaume découvre un squelette incroyable, d'étranges rêves commencent à peupler son sommeil. Ces rêves vont, non seulement bouleverser son cœur et sa vie, mais ils vont aussi changer le cours de l'Histoire. 

Pourquoi ce livre ?

Après une rencontre avec l'autrice lors d'une édition des Aventuriales, je me suis laissée tenter par cet ebook afin de découvrir son univers.

De quoi est-il question ?

Quelque part en Egypte, Guillaume est heureux et fier de réaliser son rêve dans le cadre de ses études : participer à des fouilles archéologiques. D'autant que ces fouilles sont inespérées, permettant de retrouver, par couches, des traces de plus en plus anciennes de la vie sur Terre, et dans l'ordre ! De quoi remonter aux sources de l'humanité.

Mais bientôt, Guillaume déterre un fémur remontant bien plus loin dans le temps, ce qu'il sait être impossible. Dans la foulée, une voix lui apparaît en rêve, une voix lui disant de réunir l'ensemble de son squelette pour qu'elle puisse revenir à la vie. Et malgré le caractère improbable de ce rêve, Guillaume décide d'obéir, au risque de découvrir une vérité changeant le sens de l'humanité.

Car celle qu'il a surnommé Eve n'est autre qu'une elfe, issue d'une civilisation terrestre bien antérieure à tout ce que l'humanité croyant, ayant pour mission de faire revenir son peuple. Une mission périlleuse qui pourrait bien mettre en danger la vie des archéologues ainsi que tout le visage du monde. Car la reine du peuple elfique compte bien revenir de l'oubli.

Du côté de la forme...

Celà faisait un moment que je m'étais promis de découvrir les romans de l'autrice, une autrice que j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois en salons. Je suis donc ravie d'avoir enfin pu prendre ce temps même sur un texte plutôt court.

Au début de ce roman, le lecteur est plongé au coeur de fouilles archéologiques pour le moins étranges ce qui, d'une part, le fait entrer dans l'univers du roman et, d'autre part, l'invite à découvrir un métier certes difficile mais qui n'est pas sans porter lui-même à la fois histoire et onirisme, porteur de secrets de la Terre.

Dans cet univers fort au coeur de l'Egypte, Guillaume est un personnage auquel on s'attache très vite et que l'on suit sans mal dans ses découvertes même si le début du roman, avec la découverte par couches des différentes étapes de l'humanité a été, pour moi, trop rapide. Ce seul début aurait mérité un développement plus conséquent mais au profit de l'action qui nous permet d'entrer dans le texte.

C'est dans cette ambiance déjà étrange que la découverte d'un squelette plus étrange encore va faire totalement entrer le lecteur dans le fantastique avec la découverte d'un être dont nul ne soupsonnait l'existance. Car il va alors s'agir de comprendre de quoi il s'agit alors même que Guillaume est pris dans des rêves à la fois envoûtants et terrifiants.

Peu à peu, le lecteur apprend donc aussi à s'attacher à celle qui sera surnommée Eve avec cette attente pour savoir de quoi il retourne exactement. Et ce jusqu'à la révélation qui permet de basculer dans la seconde partie, une partie en plein dans l'imaginaire où l'action et les sentiments se mêlent pour un monde de respect, d'amitié et de force de vivre.

Je n'avais jamais eu l'occasion de découvrir le style de l'autrice et ai été très heureuse de découvrir une nouvelle plume en pleine maîtrise du genre dans lequel elle nous invite. Et si le format court du roman empêche certains développements ce que j'ai pu être amenée à regretter d'une part, il invite aussi à une cadence plus soutenu ce qui est plutôt appréciable.

En conclusion... 

Ce roman attendait dans ma liseuse depuis pas mal de temps et j'ai enfin pu prendre le temps de m'y plonger pour une lecture qui fut à la fois rapide et intense. Ce roman a su me plonger dans un univers qui a su me faire rêver dans tous les sens du terme en exploitant un thème fort : l'archéologie. Ce roman a su m'apporter une lecture différente pour mon plus grand plaisir.
Un roman à découvrir pour les amateurs et une autrice que j'espère bientôt pouvoir relire. 

Rouge - Pascaline Nolot



Infos sur le livre

éditions : Gulfstream
date de publication : 16-04-2020
pages : 312
prix : 17€

Résumé éditeur

• Un récit où le merveilleux se mêle à l'horreur et où l'innocence se dilue implacablement dans le sang. • Un conte sensible, sombre et envoûtant qui ne cherche à épargner personne, et surtout pas son lecteur.• Évolution de la ligne graphique de la collection " Électrogène " Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C'est là que survit Rouge, rejetée à cause d'une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu'il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal. Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d'autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s'engager dans les bois afin d'y rejoindre l'inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou bien un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s'en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n'est jamais re venue...

Pourquoi ce livre ?

C'est lors du dernier salon de Montreuil que j'ai été attirée par ce roman à la couverture splandide et au résumé plus que tentant, l'occasion aussi de découvrir une nouvelle autrice.

De quoi est-il question ?

Rejetée dès sa naissance par son père et par les habitants du hameau de Malombre qui croient dur comme fer aux malédictions, la vie de Rouge est une épreuve quotidienne. Née avec la moitié du visage couleur de sang, chacun craint de la toucher et le fait même de lui parler dégoûte la plupart des villageois, si ce n'est Liénor, le seul ami de la jeune fille.

Alors, lorsque les premiers sangs de Rouge survienne, c'est avec joie que les habitants la chassent chez la Grand-Mère, une sorcière avec laquelle un pacte aurait été conclu bien des années plus tôt, un pacte imposant à chaque famille de faire don de sa première fille à l'heure des premiers sangs. Rejetée une fois de plus et, pire, par ceux en qui elle avait encore confiance, Rouge part dans la forêt. 

En quête de la maison de la Grand-Mère, Rouge sera confrontée à sa naïveté et à sa bonté naturelle et devra apprendre à se battre pour espérer survivre. Mais surtout, Rouge devra bientôt faire face à son histoire et à son passé pour découvrir l'histoire de sa mère, une histoire liée à la sienne et à celle de tout le village. Une histoire bien plus terrible que tout ce qu'elle avait pu imaginer.

Du côté de la forme...

Gulfstream fait partie des éditeurs dont les publications ne m'ont, jusqu'à présent, jamais déçue. Avec un roman aussi prometteur que cette avant-première, je n'avais donc pas beaucoup de doutes mais je n'aurais pu prévoir de passer un si bon moment.

Dès les premières pages, Rouge est une jeune fille qui apparaît au lecteur comme très attachante. Sa particularité, c'est ce que l'on nommerait aujourd'hui une "tâche de vin" qui lui dévore la moitié du visage. Une raison amplement suffisante pour une époque moyennâgeuse faite de croyances et de légendes pour la voir comme fille du démon. Un cadre planté avec brio qui déjà joue avec les codes.

Car ce roman nous plonge dans une ambiance étrange tournant autour de la religion et des légendes qui poussent tout un village à juger. Une belle manière pour l'autrice de dénoncer ces croyances tout en offrant plus loin dans le roman une vraie part fantastique donnant raison aux gens du village. Une manière de mêler deux avec intelligence et entraînant le lecteur dans un univers bien à part.

Par la part fantastique qui va peu à peu transparaître pour devenir omniprésente, il va être question pour Rouge de découvrir l'histoire de sa mère, de quoi mêler à l'intrigue la question du secret de famille. Un secret déroutant et terrifiant que je n'avais pas vu venir et qui n'est pas sans faire réfléchir à bien des horreurs. Quand à l'épilogue... l'autrice m'a vraiment eue !

Mais étrangement, si ce roman mêle fable et vie d'un village, fantasme et fantastique, croyances et vraie magie, l'ensemble n'est pas sans faire écho à notre monde actuel. Car comment, face à l'horreur que vit Rouge, ne pas penser aux question d'intégration et de harcèlement, de rejet pour une différence et d'amitié sans faille toujours remise en question en cas de coups durs...

Je n'avais encore jamais eu l'occasion de découvrir la plume de l'autrice et au-delà d'un style totalement addictif, c'est un style intelligent que j'ai pu découvrir. La description et l'empathie sont au coeur de tout. L'angoisse, la colère, la peur et la haine... tout est décuplé dans le coeur du lecteur qui, dans le même temps, en frappé par tant de véracité.

En conclusion... 

Voici un roman que j'avais plus que hâte de découvrir et qui a su me plonger dans un monde étrange reprenant à la fois les codes du fantastiques et à la fois les codes des croyances absurdes de village, un délicieux mélange qui fonctionne grâce à des personnages forts qui ne laissent pas indemnes. Un roman particulièrement addictif et intelligent qui sait surprendre jusqu'à la dernière ligne.
Je ne vais pas manquer dès à présent d'aller rechercher d'autres romans de l'autrice et vous invite dès que possible à vous plonger dans celui-ci qui est pour moi un énorme coup de coeur. 

mercredi 25 mars 2020

Lady Stamford - Valérie Satin


Infos sur le livre

éditions : Auto-édition
date de publication : 12-03-2020
pages : 320
prix : 18€

Résumé éditeur

L’histoire bouleversante et envoûtante d’une jeune fille à l’époque victorienne. Angleterre, 1878.  Jeune fille de bonne famille, Gail vient de sortir du pensionnat réputé où elle a appris, bien malgré elle, à devenir une véritable lady. Passionnée par la langue française, elle rêve désormais de devenir gouvernante mais son père en a décidé autrement. Lui, envisage pour sa fille un prestigieux mariage avec un lord de la région, une loi patriarcale à laquelle Gail est bien contrainte de se soumettre.     L’arrivée d’un jeune pasteur bouleverse les habitudes de chacun et bouscule les usages en vigueur. Cet homme séduisant et intelligent ne va pas laisser Gail insensible, ce qui va la pousser à mettre en péril la vie déjà tracée pour elle. Mais le pasteur est amoureux d’une autre, de quoi entraîner Gail vers un point de non-retour qui menacera sa réputation ainsi que celle de sa famille. Entre amour, haine et jalousie, cette fresque emporte le lecteur dans une époque de splendeur mais aussi de sévérité des mœurs.  

Pourquoi ce livre ?

C'est une chose que d'attendre le nouveau roman d'une auteure que l'on apprécie, c'en est une autre que d'attendre de voir "en vrai" un objet-livre auquel on a contribué comme ce fut le cas pour moi ici.

De quoi est-il question ?

Nous voici au coeur de l'Angleterre victorienne. Gail est une jeune femme de bonne famille ayant reçu une stricte éducation et destinée à faire un mariage prometteur avec un jeune homme de son rang et ce même si Gail préfèrerait devenir gouvernante en France ou institutrice, bref faire quelque chose de concret de sa vie.

La vie suit pourtant son cours et Gail se délecte du temps passé avec ses amies : Ann, elle aussi promise à un reluisant mariage, et Margaret, épicière de simple condition du village. Jusqu'à ce qu'un pasteur, le révérand Hanley, arrive en ville avec la ferme intention d'éduquer à la lecture et à l'écriture les paysans de la région. Un pasteur dont Gail tombe immédiatement sous le charme.

Dès lors, la jeune femme n'a d'autre but que d'approcher l'homme a tout prix, souhaitant elle-même s'impliquer dans les projets de l'homme, donnant ses livres et allant contre la volonté de ses parents et l'omniprésence de Margaret. Mais l'amour est parfois mauvais conseiller et la jalousie emplie bientôt le coeur de Gail jusqu'à commettre l'impardonnable...

Du côté de la forme...

Parce que je suis ce livre depuis plus d'un an et parce que j'ai eu l'honneur de pouvoir en réaliser la couverture, la lecture de ce roman avait pour moi une saveur particulière. Ce roman, je souhaitais plus que jamais qu'il me permette de passer un bon moment. Ce fut le cas.

Gail est une jeune femme qui m'a d'emblée beaucoup touchée dans sa dualité. D'un côté elle voudrait pouvoir vivre sa vie et ne pas être une femme du monde, de l'autre son éducation privilégiée la rattrape souvent. Elle se rendra d'ailleurs peu à peu compte combien elle fut protégée du monde, l'occasion pour l'auteure de nous offrir un cadre historique que l'on redécouvre avec Gail.

Le lecteur est donc plongé au coeur de l'époque victorienne, un cadre qui n'est pas sans être un cadre fard pour les histoires de femmes, un cadre qui fonctionne toujours et qui une fois encore se montre particulièrement efficace. Car c'est dans ce cadre que Gail va rencontrer un jeune pasteur charmant qui promet déjà une romance bien compromise.

Ce roman dresse un portrait des mariages arrangés et de la haute société anglaise mais fait aussi du bien par des histoires d'amitié. Ce roman est aussi un roman social évoquant des sujets parfois complexes pour l'époque, des sujets se mêlant au caractère de Gail dont la passion amoureuse va bouleverser l'existance, une thématique qui aurait presque pu encore davantage exploitée.

Sans trop en dire, la seconde partie du roman nous présente Gail en France, dans une nouvelle vie où elle réalise ses rêves de jeunesse. Mais à quel prix ? Je dois dire que j'aurais aimé être plongée plus longuement dans cette partie de la vie de la jeune femme. Car ici les thématiques changent et posent d'autres questions sociétales. De quoi dresser un portrait complet d'une fin de siècle.

J'ai eu un plaisir immense à retrouver le style d'une auteure dont j'appécie beaucoup le travail dans un roman qui change de ce qu'elle a l'habitude de proposer. Ici, elle nous dresse un portrait de femme à la dualité vraie ce qui impose l'empathie ressentie par le lecteur. D'ailleurs, l'auteure sait aussi jouer avec les codes pour tromper le genre de la romance et offrir une intrigue bien différente.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais avec la plus vive impatience et que j'ai dévoré en une journée à peine, envoûtée par l'histoire de cette jeune femme d'un autre temps mais prise dans des tourments encore très actuels. Voici un roman qui a su me séduire et me toucher même si j'aurais aimé une seconde partie plus longue et davantage axée sur l'histoire française de l'époque.
Un roman que je ne peux que vous engager à découvrir pour tous les amoureux d'histoires de femmes. 

mardi 24 mars 2020

Les cicatrices - Claire Favan



Infos sur le livre

éditions : Harper Collins
date de publication : 04-03-2020
pages : 368
prix : 20€

Résumé éditeur

Centralia, État de Washington. La vie d’Owen Maker est une pénitence. Pour s’acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion. En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne  une maison divisée en deux. Il est l’ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. Car si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni  le chantage au suicide  de Sally ni  les scènes qu’elle lui inflige quotidiennement  et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d’elle. Mais alors qu’une éclaircie venait d’illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d’un tueur qui sévit en toute impunité  dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L’enfer qu’était son quotidien n’est rien  à côté de la tempête qu’il s’apprête à affronter.

Pourquoi ce livre ?

Grande amatrice des romans de l'autrice, c'est sans hésiter que je me suis procurer ce nouveau roman le jour même de sa sortie et que j'ai enfin pu le lire.

De quoi est-il question ?

Owen est un homme qui n'aspire qu'à retrouver une vie normale depuis son divorce d'avec Sally, une femme possessive, jalouse et à l'esprit dérangé. Mais cette dernière refuse d'accepter le divorce et fait de chaque jour de la vie d'Owen un enfer : chantage au suicide, scandales en pleine rue... Un petit jeu dans lequel se sont laissés prendre les proches voisins.

Avec Jenna, Owen aspire enfin à un souffle de liberté mais sans compter sur Sally. D'autant que le père de cette dernière n'est autre que l'employeur d'Owen. S'il se rebelle, il risque de perdre son emploi, en plus du reste. Car son beau-père est lui aussi convaincu que, tôt ou tard, Owen retournera avec sa fille.

Mais alors qu'Owen est sur le point de se détacher de cet enfer, un corps est découvert. Un meurtre qui rappelle les crimes de Twice, un tueur en série ayant sévit des années plus tôt. Et alors que l'affaire devient de plus en plus complexe pour les enquêteurs qui n'aspirent qu'à coincer enfin Twice, c'est l'ADN d'Owen qui est retrouvé sur le corps, de l'inculper sans chercher plus loin...

Du côté de la forme...

Claire Favan fait partie de ces autrices que je suis depuis quasiment ses débuts et qui n'a jamais déçu mes attentes avec ses romans. Autant dire que cette nouveauté je l'attendais de pied ferme et l'ai dévoré en une journée à peine avec cette même addiction que d'habitude.

Ce roman nous présente donc Owen, un homme attachant assez représentatif de cette part de la population dont on ne parle jamais : les hommes battus. Car si Owen n'est pas "battu" au sens propre, il est maltraité au quotidien par son ex-femme qui refuse de se détâcher et n'a d'autre ambition que celle de le voir revenir à elle. Un enfer bien difficile à imaginer.

Il faut dire que l'autrice parvient avec brio à nous offrir un personnage, Sally, complètement dingue que l'on aimerait bien giffler. D'autant que le mécanisme de la famille de cette femme enferme Owen dans un enfer guère imaginable. De quoi réfléchir sur notre société moderne et sur le rôle des voisins dans une situation déjà complexe...

C'est dans cette ambiance déjà forte, prenante et bien ancrée que le côté polar va s'immiscer avec une intrigue très "Esprits criminels" où un tueur en série revient à la charge. Des corps de femmes sont retrouvés dans un triste état avec la dose d'hémoglobine qui va bien. C'est l'ADN d'Owen qui va être retrouvé sur les corps, l'angoisse va alors monter tendis que le lecteur averti se doute de l'entourloupe.

En tant que grande fan de ce genre de romans, j'ai bien sûr tenté de déceler des failles et de comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire. Mais si je suis parvenue à envisager certaines des réponses, jamais je n'aurais pu aller aussi loin que là où l'autrice nous entraîne. Quand au grand final, on ne le voit pas venir et il rend compte du talent de l'autrice à nous offrir un roman frappant.

Addictif, perturbant, touchant. Voilà comment nous pourrions définir le style de l'autrice qui sait nous embarquer dans son histoire avec ses personnages sans que le lecteure ne puisse lâcher sa lecture. Et côté enquêteurs, elle sait aussi mettre en cause l'acharnement tout en faisant réfléchir, de manière globale, sur les questions de haine, d'éducation et de rancoeur. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais et que je n'ai pas su faire durer. Voici un roman qui m'a offert une nouvelle fois un très grand moment à la fois éprouvant et dérangeant. Voici un roman qui sait se servir d'une intrigue prenante pour poser de vraies questions de sociétés et qui sait, une nouvelle fois, passer au crible les tourments de l'âme humaine. 
Un énorme coup de coeur que je vous invite vivement à aller découvrir. 

lundi 23 mars 2020

Le dernier salut de l'amazone - Véronique Chavy

 

Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 12-03-2020
pages : 288
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Au soir de l'été 1921, Wally Costel, écrivain célèbre au passé mystérieux, raconte les circonstances et les suites du drame terrible dont a été victime son amie la baronne de Rahden en 1893. Lors d'une représentation donnée à Clermont-Ferrand, un homme meurt dans les coulisses du cirque brésilien sous les balles du baron Oscar de Rahden, époux et agent de Jenny de Rahden. La belle écuyère se produisait alors sur toutes les scènes d'Europe dans des numéros de dressage équestre de Haute École, et s'était rendue célèbre par la « cabrade », une figure impressionnante de technicité et de prouesse. Crime passionnel ? Vengeance ? Jalousie ? Que c'est-il réellement passé ce 24 août 1893 ? 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que j'apprécie beaucoup et dont j'attendais la nouveauté avec impatience.

De quoi est-il question ?

A l'été 1893, Clermont-Ferrand s'apprête à recevoir un cirque brésilien où évolue l'écuyère la plus connue de son époque : la baronne Jenny de Rahden. Une aubaine pour toute la ville et notamment pour les jeunes comme Georges et son cousin Frédéric que cette vie de saltimbanque fait rêver. C'est donc avec hargne que les deux garçons tentent de s'intégrer pour un temps à la vie du cirque.

Ils découvriront ainsi une vie bien différente de celle qu'ils ont toujours connu, une vie de rêves et d'épreuves où les querelles ne sont pas étrangères. Les premiers émois toucheront d'ailleurs les jeunes garçons auprès de la jeune Gladys et surtout auprès de la baronne, une femme qui semble aussi cacher bien des secrets.

Une trentaine d'années plus tard, Wally Costel conte lors d'une soirée la venue de ce cirque et l'onirisme qui s'en dégagea. L'occasion aussi pour lui de raconter le drame qui se produisit ce soir d'été dans les coulisses du cirque, un drame qui boulevera bien des vies, se mêlant aux destins individuels, et qui intriguera bien l'auditoire...

Du côté de la forme...

Véronique Chauvy fait partie des auteures qui savent conter les histoires de femme et dont chaque nouveau roman sait nous plonger dans un univers particulier dont on saura se délecter. Ici, avec l'imaginaire du cirque, comment résister ?

Si l'ancrage géographique apporte toujours une belle mise en valeur de la ville de Clermont-Ferrand, c'est donc cette fois dans l'univers du cirque, au sens début de siècle du terme, que l'auteure nous amène et par lequel le lecteur se laisse envoûter. C'est d'ailleurs avec brio qu'elle nous décrit les coulisses de cet univers, ce qui change des romans traditionnels du genre.

Cet univers, le lecteur va le découvrir par le biais de deux garçons, Georges et Frédéric. Deux garçons sans histoire qui vont se laisser porter par cet univers et, à l'instar du lecteur, avoir envie de s'en imprégner. Georges, surtout, est un enfant que j'ai eu plaisir à suivre et à voir grandir grâce à un imbroglio d'intrigues plutôt addictif.

Et puis, dès le premier chapitre du roman, le lecteur omniscient sait qu'un drame va se jouer même s'il en ignore la teneur. De fait, l'onirisme du récit prend une saveur étrange dans l'attente du drame, un drame qui prend des allures de polar apportant un rythme au roman et une intrigue qui tranche avec l'univers décrit. Car le lecteur, au fil des pages, va avoir envie de savoir : quoi, pourquoi ?

Mais toute cette histoire, c'est par une mise en abyme que le lecteur la découvrir comme s'il était lui-même auditeur de Wally Costel des années plus tard. Ce sont donc les codes du récit qui ressortent avec l'image des veillées au coin du feu. Une technique qui permet de ménager le suspens et de faire lien entre les deux époques

Retrouver le style de l'auteure fut pour moi un pur moment de douceur, malgré la violence de certains passages, tout à fait addictif où l'histoire d'un jeune garçon se mêle au destin d'une femme hors du commun. La description et la poésie sont mises en valeur et la mise en valeur de la femme plus encore grâce à une héroïne ayant existé qui a des allures de féminisme avant l'heure.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais et que j'ai dévoré en une après-midi à peine grâce à son ambiance envoûtante, ses personnages attachants et son intrigue forte. Voici un roman qui fait juste du bien entre deux lectures plus intenses et qui nous invite à plonger au coeur de Clermont-Ferrand en une autre époque. Un roman d'émancipation aussi où les relations humaines sont centrales.
Un roman à découvrir pour les amateurs du genre et pour les amoureux de belles histoires de femmes.

Mers mortes - Aurélie Wellenstein



Infos sur le livre

éditions : Scrineo
date de publication : 14-03-2019
pages : 368
prix : 17,90€

Résumé éditeur

Mers et océans ont disparu. L'eau s'est évaporée, tous les animaux marins sont morts. Des marées fantômes déferlent sur le monde et charrient des spectres avides de vengeance. Requins, dauphins, baleines..., arrachent l'âme des hommes et la dévorent. Seuls les exorcistes, protecteurs de l'humanité, peuvent les détruire. Oural est l'un d'eux. Il est vénéré par les habitants de son bastion qu'il protège depuis la catastrophe. Jusqu'au jour où Bengale, un capitaine pirate tourmenté, le capture à bord de son vaisseau fantôme. Commence alors un voyage forcé à travers les mers mortes... De marée en marée, Oural apprend malgré lui à connaître son geôlier et l'objectif de ce dangereux périple. Et si Bengale était finalement la clé de leur salut à tous ?

Pourquoi ce livre ?

Acheté en avant-première aux Oniriques l'année dernière, je suis ravie d'avoir enfin pu prendre le temps de me plonger dans ce roman si tentant d'une autrice dont j'apprécie beaucoup le travail.

De quoi est-il question ?

Les mers et les océans ont disparu de la surface de la terre, laissant place à un monde de roches et de caillasses, un monde de survit où seuls quelques irréductibles se sont retranchés dans l'espoir d'un avenir meilleur. Un monde où, de temps à autre, de hautes marées fantômes surgissent, faisant apparaître des spectres d'animaux marins avides d'âmes et de vengeance.

Dans ce monde en proie au chao, Oural est un exorciste, l'un des seuls à pouvoir combattre la marée pour protéger son clan. Dans son bastion, chacun le respecte et plus encore Sélène, une jeune fille avec laquelle il vit une relation privilégiée. Jusqu'au jour où une armée de pirate vient troubler leur relative quiétude avec à leur tête Bengale, bien décidé à repartir avec Oural.

Parce qu'il n'a guère le choix, Oural va partir à bord de ce navire fantôme dont le capitaine semble avoir la solution pour faire revenir les mers. Mais le danger guette d'autant que, sur le navire, chacun semble vouer un culte à Bengale et avoir pris Oural en grippe. D'autant que Bengale semble aussi cacher bien d'autres secrets qui pourraient tout changer.

Du côté de la forme...

Aurélie Wellenstein fait partie de ces autrices que je suis de roman en roman et qui, à chaque fois, sait me convaincre et me plonger dans les univers qu'elle imagine. Ici, la thématique était assez forte pour que je sois convaincue d'avance mais je ne m'attendais tout de même pas à une telle lecture !

L'univers dans lequel nous plonge l'autrice cette fois et un monde terne et mortifère où la vie semble avoir disparu, si ce n'est avec les quelques être retranchés. Car un monde sans eau est un monde morne fait de caillasse et de dunes, un univers que l'autrice parvient parfaitement bien à nous laisser imaginer et qui fait autant frémir que donner un sentiment d'intense chaleur étouffante.

Oural est un personnage que j'ai d'emblée beaucoup apprécié et les combats contre la marée sont parfaitement bien décrits par l'autrice qui sait user des hypotyposes avec soin. Et si les batailles sont récurentes, elles ne se déroulent jamais vraiment de la même manière ce qui évite le sentiment de lassitude chez le lecteur et l'impression de redite.

L'autrice joue aussi avec les codes des romans de piraterie avec Bengale qui n'est pas sans faire penser à Long John Silver. De quoi retrouver ces imaginaires qui ont fait rêver tant de jeunes lecteurs en d'autres temps. Un habile mélange avec la question du fanstastique et des fantômes pour une ambiance générale prenante.

L'aventure est au coeur de ce roman avec un voyage pour sauver ce qui peut l'être où les légendes sont fortement présentes tout en donnant à réfléchir sur la manière dont nous-même agissons sur le monde à l'heure actuelle. Une aventure qui se mêle aux questions d'amitié, de solidarité, d'obédiance et de sentiment d'être redevable. De quoi se reposer les bonnes questions.

Quel bonheur que d'avoir retrouvé avec ce roman le style sans nul autre pareil d'une autrice qui sait nous plonger au coeur des univers qu'elle crée avec une action qui se mêle à l'émotion à chaque page pour redécouvrir les valeurs humaines et réfléchir sur le monde. Un style qui sait jouer avec des codes pour les renouveler.

En conclusion... 

Voici un roman que j'avais très envie de lire depuis pas mal de temps sans jamais trouver le temps et que j'ai finalement dévoré en un rien, prise par l'ambiance, par l'aventure et par des personnages imparfaits qui font du bien. Voici un roman fantastique qui frappe le coeur et l'esprit jusqu'à un final en apothéose comme on pouvait l'espérer.
Une lecture coup de coeur que je vous invite tous à découvrir sans attendre. 

dimanche 22 mars 2020

Taches rousses - Morgane Montoriol



Infos sur le livre

éditions : Albin Michel
date de publication : 29-01-2020
pages : 368
prix : 21,90€

Résumé éditeur

Leah Westbrook a disparu un après-midi de septembre, dans une petite ville de l'Oklahoma. Elle avait quatorze ans. Son corps n'a jamais été retrouvé. Depuis, sa soeur, Beck, a quitté la ville pour s'installer à Los Angeles. Elle vit par procuration le rêve de Leah, en tentant une carrière de comédienne. Sans aucun entrain. Contrairement à sa soeur, dont la peau était parfaitement unie, le visage de Beck est couvert de taches de rousseur. Des taches qu'elle abhorre et qui lui rappellent l'extrême violence de son père. Bientôt, des corps atrocement mutilés sont retrouvés dans le quartier d'Hollywood où elle a vécu. L'oeuvre d'un tueur en série que la police peine à attraper. Peut-être cet homme aux yeux terribles, qui suit Beck partout...

Pourquoi ce livre ?

C'est en prévision des Quais du polar que j'ai voulu me plonger dans ce roman d'une nouvelle auteure grâce à ce résumé très tentant.

De quoi est-il question ?

Beck est une jeune femme que la vie n'a pas épargné. Depuis la disparition de sa soeur Leah alors qu'elles n'étaient que des enfants, c'est sans enthousiasme qu'elle mène son chemin entre des castings pour lesquels elle n'a aucun intérêt et une vie amoureuse qu'elle mène plus par intérêt social que par passion du coeur.

Car Beck n'est pas heureuse et, au-delà de sa chevelure et de ses tâches de rousseur qu'elle abhorre, elle ne peut cesser de penser à cette soeur disparue qui hante ses jours et ses nuits, à cette histoire familiale tragique qui la poursuit. Et ce nouveau casting, cette relation avec ce producteur, ne serait-il pas pour elle une manière de se punir ?

Mais bientôt, les rues de Los Angeles deviennent dangereuses par la présence d'un meurtrier en série visant des jeunes femmes et les mutilant. Et dans le même temps, Beck commence à sentir derrière elle une présence étrange la mettant mal à l'aise. A moins que cette présence ne soit, enfin, la réponse à toutes ses questions.

Du côté de la forme...

Découvrir un nouvel auteur est toujours pour moi un grand moment, surtout dans le cadre d'un salon du livre. Raté pour cette fois... Mais l'occasion a été là de découvrir ce roman que je n'aurais pas lu autrement et quelle découverte !

Dès les premières lignes de ce roman, le ton est donné : ce roman n'est pas un roman comme les autres ni un polar comme les autres. En réalité, il est un subtile mélange de littérature, de thriller et de roman noir avec une héroïne principale qui n'a rien d'une héroïne et avec une ambiance oppressante qui pousse à la clostrophobie malgré les avenues de Los Angeles.

Je l'avoue, une héroïne rousse au caractère de cochon, voilà qui avait de quoi me parler. Et si le physique d'un personnage n'est pas l'essentiel, ici la question a eu sa part dans mon intérêt pour ce roman. Mais cette héroïne est aussi le symbôle même de l'héroïne mal dans sa peau et dans sa vie qui provoque à la fois empathie et agacement.

Autant le dire, ce roman est donc un roman d'ambiance où le lecteur va être amené à suivre les tourments de la vie du show-biz par une actrice qui n'en a plus l'envie. De même, ce roman est un roman sur les faux-semblants et sur la violence au quotidien. Un roman au sein duquel le lecteur ne sait pas vraiment d'où vient le danger ce qui accentue une tension déjà palpable.

Et puis, va venir la part thriller pour donner un rythme et de l'action à cette ambiance déjà étouffante avec une violence très dure. Les meurtres se perpétuent de manière fantasmagorique avec une montée peu à peu de l'horreur. A cela, enfin, va s'ajouter une quête de famille avec un retour sur le passé et la recherche de réponses sur une enquête laissée en suspens. De quoi tenir le lecteur en haleine.

Si je devais résumer le style de l'auteure en un seul mot, je dirais "incisif". Car ce style rythmé et fort en gueule vous frappe. Chaque mot est travaillé pour que le lecteur s'unisse corps et âme à Beck dans cette une ambiance finement travaillée. Et si le côté thriller aurait pu être plus intense plus tôt, une fois le roman, le lecteur se rend compte qu'il ne pouvait en être autrement.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'intriguait beaucoup et que j'ai eu grand plaisir à dévorer, me délectant d'une lecture différente de ce qu'on l'on a d'habitude dans l'univers du thriller. Pour un premier roman l'auteure nous impose une écriture qui marque et une intrigue qui ne laisse pas indemne avec une volonté de laisser la part belle à l'imagination du lecteur.
Un roman qui gagne à se faire connaître du grand public et du lectorat de polars. 

Et s'ils écoutaient leurs rêvent - Suzanne de Arriba



Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny
date de publication : 08-01-2020
pages : 224
prix : 17,50€

Résumé éditeur

 La foi chevillée au corps, Marianne croit en la ruralité et elle se bat. Elle fait curer des sols marécageux afin d'y construire des logements. Mais elle aurait besoin du terrain qui jouxte le futur lotissement. Or, cette friche appartient à un certain Thomas qui nourrit une rancune tenace envers la première magistrate. Dans ce village, chacun mène son combat dans son coin, mais aucun n'a réussi sa vie sentimentale. Et personne ne semble penser à s'ouvrir aux autres. Annelise vivote avec des petits boulots. De son côté, Jim dresse des colleys et souhaite créer une école de poneys, mais il rêve avant tout de convertir son amie, une urbaine dans l'âme, à la campagne. Quant à Thomas, l'éleveur de moutons, il monte la garde, car des prédateurs rôdent en lisère des bois. Pas plus que les loups, ces individus ne peuvent vivre seuls dans des hameaux reculés. Une étoile et une énergie communes leur permettraient de traverser les turbulences et de réaliser leurs projets. Et si c'était l'inattendue petite Florette ? Un matin, on découvre plusieurs brebis mortes. A l'instar de Jim et d'Annelise, Marianne est persuadée que ces massacres ne sont pas à imputer à des loups. Il va falloir le prouver. Et en cherchant les coupables, s'ils venaient aussi à trouver l'amour ? 

Pourquoi ce livre ?

Cela faisait un moment que j'avais de nouveau envie de me plonger dans un roman de Suzanne de Arriba, auteure dont j'avais déjà lu un opus il y a quelques temps.

De quoi est-il question ?

Dans un petit village de l'histoire, la vie s'écoule paisiblement entre le monde paysan et la modernité qui tente de se faire sa place sous le regard bienveillant de Marianne, la mairesse. Car pour elle, les nouveaux logements doivent côtoyer sans hargne l'agriculture. C'est sans compter que Thomas, homme bourru, qui refuse de vendre ses parcelles marécageuses, au seul nom d'une vieille rancoeur.

Car entre ces deux-là, une histoire de jeunesse qui a brisé leurs vies et a rendu Thomas solitaire, solitaire jusqu'à ce qu'une jeune femme et sa fille Florette arrivent au village. Car la douceur d'Annelise et l'innocence de Florette ne vont pas tarder à avoir raison de la carapace de l'homme qui va peu à peu s'ouvrir.

Mais bientôt, le village est frappé par des attaques touchant les troupeaux de brebis. Pour nombre de villageois, le loup est sans nul doute responsable. Mais Marianne a des doutes et pour Jim, éleveur de colleys, la réponse pourrait bien être plus complexe que cela. C'est par l'union de tout ce petit monde que l'injustice pourra alors peut-être être évitée...

Du côté de la forme...

Si j'aime les romans régionaux, je dois bien avouer qu'il est plus rare que je me rende en Isère. Un nouveau roman de cette autrice locale reconnue était donc l'occasion même si ce roman est bien plus qu'une seule histoire "de terroir".

Dans ce roman, le lecteur va donc être inviter à pénétrer au coeur de la vie d'un petit village à notre époque moderne ce qui est plutôt plaisant. Car si parler des campagnes est toujours agréable, il est d'autant plus plaisant de suivre des personnages actuels préoccupés par des problématiques modernes comme ici la construction sur des terres vierges et les attaques de loups.

Pour ce faire, l'auteure va nous mener à la rencontre d'un florilège de personnages à la fois attachants et au fort caractère. Des personnages qui auraient pu tomber dans le manichéisme ou dans l'archétype mais il n'en est rien car chacun d'eux porte sa part de lumière et sa part d'ombre. De quoi développer l'empathie du lecteur à leur égard.

Si le roman est porteur d'une intrigue concernant les attaques de troupeaux, c'est surtout les relations humaines qui sont au centre de cette histoire avec notamment des romances brisées et des romances en devenir, des rancoeurs fortes et des incompréhensions ayant bouleversé des vies. Bref, ce roman dresse le portrait d'une vie de village avec beaucoup de soin et de poésie.

Je l'avoue, peut-être aurais-je aimé que la question de l'enquête autour des attaques soit davantage présente et amène une part plus polar à l'ensemble imposant plus d'action. Pour autant, le suspens est là et l'auteure sait poser de vrais questionnement sur le fonctionnement de nos campagnes aujourd'hui sans omettre l'innocence de l'enfance qui fait beaucoup de bien.

Côté écriture, l'auteure sait nous offrir un paysage plaisant et des personnages auxquels on croit au sein d'un village qui devient personnage lui-même. Car c'est le village qui lie les être et les histoires individuelles portent l'ensemble dans une bienveillance qui fait du bien. Quand à l'intrigue même, en filigrane, elle apporte un plus qui tient l'histoire.

En conclusion... 

Cela faisait un moment que je n'étais pas partie me balader en Isère et je suis absolument ravie d'avoir pu m'y rendre avec ce roman plein de tendresse et de personnages émouvants. Si j'aurais aimé que l'intrigue autour des loups soit davantage développée, je me suis laissée embarquée dans l'histoire de ce village et ai aimé voir les êtres s'unir et se quereller en lien avec leurs histoires personnelles.
Un joli roman à découvrir pour les amateurs du genre. 

samedi 21 mars 2020

WaterWitch - Alex Bell



Infos sur le livre

éditions : Le chat noir
date de publication : 20-02-2019
pages : 272
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Certaines malédictions deviennent de plus en plus puissantes avec le temps… Suite à un accident, Emma a perdu l'usage de ses jambes. Sept ans plus tard, l'adolescente revient en Cornouailles, sur les lieux du drame : l'auberge familiale du Waterwitch, gérée par sa grand-mère mourante. Ce bâtiment a été construit avec le bois d'une épave, celle d'un navire au passé trouble, maudit raconte la légende. Parmi les sombres secrets qui hantent l'auberge se cachent des fantômes du passé. Et l'un d'eux est particulièrement en colère. 

Pourquoi ce livre ?

Après avoir pas mal parlé avec l'équipe de la ME lors des dernières Aventuriales, je me suis laissée tenter par ce roman à la couverture magnifique et au résumé plus que tentant.

De quoi est-il question ?

Alors qu'elle n'était qu'une enfant, Emma est victime d'une chute et devient paraplégique. Pour elle, désormais, la vie doit se faire en fauteuil roulant et loin de la Cornouaille où sa grand-mère vit toujours mais est devenue la paria de la famille. Quand elle apprend que cette grand-mère est mourante, Emma décide de s'y rendre, au grand damne de ses parents qui pressentent un danger.

Le Waterwitch, auberge créée dans l'épave d'un ancien navire prétendu maudit, lui semble alors encore plus terrifiant et étrange. D'autant que, la nuit, la vie semble s'y dérouler alors même que l'auberge a été abandonnée. Accompagnée de son chien d'assistance Bailey, Emma décide de partir en quête de réponses auprès de sa grand-mère mais celle-ci semble perdre peu à peu la raison.

Bientôt, elle fait la connaissance de Jem et Shell, un frère et une soeur au passé douloureux qui ont trouvé refuge dans l'ancienne auberge. Mais Shell est une fillette étrange persuadée qu'un fantôme hante les lieux et que des nuées d'oiseaux semblent prêts jours et nuits à les attaquer. Le petit groupe n'aura alors d'autre choix que de partir en quête de l'histoire du navire mais le danger les guette...

Du côté de la forme...

Les romans horrifiques, en général, je me les réserve pour la période d'automne. Pourtant, là, ayant ce roman dans ma liseuse, j'ai eu envie de m'y plonger. J'espérais un roman incroyable, c'est ce que j'ai eu et bien plus encore.

Je l'avoue, avec les premiers chapitres, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Si l'idée de l'héroïne paraplégique était plus que bonne et si un petit voyage en Cornouailles n'était pas pour me déplaire, je ne voyais pas trop où l'auteure voulait en venir avec une mise en place peut-être un peu longue. Et pourtant, dès le départ, l'ambiance est là avec cette auberge/épave déjà très angoissante.

J'ai été très touchée par la relation qui unit Emma à sa grand-mère malgré les années de séparation et ce même si l'on sent déjà un secret de la part de la vieille femme. D'ailleurs, l'amour est au centre de ce roman avec également la relation entre Jem et Shell qui rend hommage à toutes les fratries soudées du monde. De quoi trancher avec l'horreur ambiante.

Car, cela ne fait pas de doute, nous sommes bien ici dans un roman d'horreur comme on les aime avec de l'hémoglobine, de l'angoisse, des attaques imprévues, des fantômes et j'en passe... Tout cela dans une ambiance oppressante où le lecteur ignore s'il a affaire à du fantastique où à la folie des personnages. Une question qui restera en suspens jusq'au grand final dont je ne dirai rien.

Et puis, ce roman est aussi l'occasion rêvée de profiter d'un petit voyages en Cornouailles qui n'est pas sans faire rêver. Mais l'auteure sait aussi reprendre les codes de toutes les légendes de ces contrées entre sorcières et esprits malins pour nous plonger au coeur de ces régions et de l'histoire avec notamment la question des chasses au sorcières et des légendes maritimes.

Côté écriture, l'auteure sait ménager son suspens avant de faire monter progressivement les tensions et l'angoisse pour finalement nous faire basculer dans un roman d'horreur qu'il est impossible de lâcher avant d'en connaître le fin mot. Les effets sont là et le procédé d'hypotypose incroyablement efficace avec de belles références, comme Hitchcock, ajoutant une intelligence au tout.

En conclusion... 

Si au départ j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, je me suis finalement laissée embarquer jusqu'à ne plus pouvoir reposer le roman avant d'avoir terminé ce roman. Emme a su me toucher et m'embarquer avec elle mais les frissons, surtout, ont été au rendez-vous, plus que je ne l'attendais avec une plongée en Cornouailles et dans l'histoire d'une efficacité redoutable.
Un roman coup de coeur pour moi que j'invite tous les amateurs à découvrir.

La grande vague - Christophe Masson



Infos sur le livre

éditions : Revoir
date de publication : 14-12-2018
pages : 225
prix : 17€


Résumé éditeur

À la rentrée universitaire de 1984, Benoît rencontre Yuko, une étudiante japonaise, à la Sorbonne-Nouvelle. Ils se plaisent, s’aiment et mènent une vie insouciante entre études littéraires et balades dans Paris. À la fin de l’année, Yuko retourne à Kyoto et Benoît n’ose pas la suivre. Pendant un quart de siècle, ils vont correspondre de loin en loin, jusqu’au 11 mars 2011, quand un tremblement de terre d’une puissance prodigieuse provoque un tsunami qui balaie la côte Pacifique du Japon. À dater de ce jour, Benoît ne reçoit plus aucune nouvelle de Yuko. Deux ans plus tard, l’occasion lui est offerte de se rendre à Kyoto. Sur les traces de son amoureuse de jeunesse, Benoît ira de rencontres en surprises dans l’ancienne capitale impériale, entre temples millénaires et jardins zen, où se dissimulent secrets et fantômes du passé...

Pourquoi ce livre ?

Depuis le temps que les romans de cet auteur me tentaient, j'ai enfin pu prendre le temps de découvrir celui qui atendait dans ma pal depuis pas mal de temps.

De quoi est-il question ?

Nous sommes dans les années 1980, à Paris, au coeur du monde étudiant. C'est là que Benoît, jeune homme brillant, fait la rencontre de Yuko, une jeune femme japonnaise venu parfaire son français en vu de devenir traductrice dans son pays. Très vite, l'alchimie fonctionne entre les deux jeunes gens qui profitent de la vie parisienne et d'une histoire amoureuse hors du temps.

Mais la fin de l'année universitaire sonne le retour au pays pour Yuko au grand damne de Benoît qui voit son idylle prendre fin et la vie ordinaire reprendre son cours. Une douleur pour le jeune homme qui ne parvient pas à oublier cette romance sans pareille. Alors, lorsqu'au début des années 2000 il se voit offrir un voyage pour le Japon, Benoît n'hésite pas et s'embarque pour le voyage de sa vie.

Car ce voyage serait l'occasion pour Benoît de revoir Yuko, savoir ce qu'elle est devenue, si ses rêves de jeune femme se sont réalisés. Mais rien ne sera aussi simple et ce voyage sera surtout pour l'homme le moment de se plonger dans cette culture inconnue, au sein d'une ville bien différente de tout ce qu'il connaît et dans une quête du passé qui ne sera pas si simple.

Du côté de la forme...

Quand on ne peut voyager physiquement, il est important de le faire par la pensée, par la lecture. Et dans le cas présent, c'est bien par envie de m'évader que je me suis plonger dans cette lecture qui a amplement emplie son rôle, au sens propre comme au figuré.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en débuttant cette lecture mais ai eu très vite grand plaisir à suivre la romance entre Benoît et Yuko. Une romance originale pour une époque à la fois si proche et si éloignée de la nôtre. Une époque où le numérique n'existait pas et où la découverte d'autres cultures se faisait par l'autre. De quoi remettre bien des choses à leur place.

Par le biais de Benoît, le lecteur apprend en effet les codes de la pensée japonnaise avec une Yuko à laquelle on croit de bout en bout. Car c'est sans martèlement mais avec application que l'auteur nous invite à découvrir la réserve asiatique et l'importance de l'application des règles. Ce qui n'empêche pas le récit d'une douce romance de jeunesse aux bords de l'onirisme.

Si le départ de Yuko entraîne le lecteur dans la même tristesse que le personnage, c'est pour mieux anticiper le début d'une seconde histoire dans cette même intrigue. Une histoire qui va se dérouler à l'autre bout du monde, au Japon. Une histoire qui a des allures de quête et d'enquête avec un Benoît qui va dépasser tous les obstacles de la mégalopole et de la culture japonnaises pour retrouver Yuko.

Le roman va alors se présenter comme une intrigue à rebondissements mais en filigrane comme pour offrir au lecteur, en priorité, ce voyage au Japon qu'il ne peut faire lui-même. Entre une plongée dans une autre culture, dans les labyrinthes de la ville et dans l'histoire récente ou non du pays, l'auteur nous offre un portrait étonnant et époustouflant d'un pays dont ne savons finalement rien.

Que dire de l'écriture sinon qu'il s'agit d'une écriture pleine de sens où l'on sent derrière chaque mot la volonté de l'auteur de nous raconter une belle romance mais aussi la volonté de nous plonger au coeur du Japon sans en faire ni trop ni pas assez. Le lecteur se laisse alors embarquer tout en ayant cette volonté de savoir pour Yuko, jusqu'à un final bouleversant et reliant les deux parts du roman.

En conclusion... 

Cela faisait un moment que je me disais que je devrais lire un roman de l'auteur sans jamais trouver le temps. Ce temps, je l'ai enfin eu et mon seul regret serait de ne pas m'y être plongée plus tôt car ce roman mêle fiction et récit de voyage, romance et apprentissage d'une culture, intrigue autour d'une femme et découverte d'un autre pays et de son histoire.
Un roman à découvrir pour une lecture bien différente de tout ce dont on peut avoir l'habitude. 

vendredi 20 mars 2020

L'orpheline des Soeurs de la Charité - Florence Roche



Infos sur le livre

éditions : France Loisirs (puis Presses de la Cité)
date de publication : 24-02-2020
pages : 270
prix : 15,50€

Résumé éditeur

Mai 1913. À quelques heures de quitter l'orphelinat où elle a grandi, Mathilde croise le regard d'Armand. C'est le coup de foudre. Mais les parents du jeune homme, industriels prospères, refusent catégoriquement de le voir épouser une simple lingère, d'autant que Mathilde serait la fille de Lise Leclerc, une criminelle accusée d'avoir tué trois hommes de sang-froid. Pour espérer enfin goûter au bonheur, la jeune femme va devoir faire la lumière sur son passé.

Pourquoi ce livre ?

Lorsque j'ai vu ce nouveau roman de l'une de mes auteures préférées sur les rayonnages de ma boutique France Loisirs, je n'ai pas hésité une seconde et n'ai guère attendu avant de m'y plonger.

De quoi est-il question ?

En 1913, Mathilde est une jeune femme belle et intelligente mais pauvre, sans famille et pour seule éducation celle du couvent au sein duquel elle a grandi. De son côté, Armand est un jeune homme issu d'une famille puissante et est tout destiné à reprendre l'affaire familiale et à épouser celle que ses parents lui ont choisi. Jusqu'à ce que, dans un parc, leurs regards se croisent.

Mais pour les parents d'Armand, hors de question que leur fils épouse une pauvresse, une pauvresse étant d'autant plus la fille de Lise Leclerc, une femme qui a, des années plus tôt, assassiné de sang froid quatre personne dont un prêtre et une religieuse. C'est donc comme lingère que Mathilde s'installe auprès d'une bonne patronne tout en débutant avec Armand une relation secrète.

Mathilde décide alors de se renseigner sur cette mère dont elle ne sait rien. C'est en partant en quête de l'histoire de sa mère que Mathilde va mettre le doigt sur un secret de famille qui pourrait expliquer plus que ce qu'il paraît... Une histoire qui remonte à 1887 où une jeune femme, Lise Leclerc, était elle-même tombée amoureuse d'un homme puissant.

Du côté de la forme...

 Florence Roche est de ces auteures que je suis depuis de nombreuses années maintenant et dont chaque nouveau roman promet un grand moment de lecture, un moment que je suis incapable ni de faire attendre, ni de faire durer. Et ce roman est fut cette fois plus encore la preuve.

Tout commence par un prologue avec l'histoire d'une fillette, Justine, maltraitée par sa famille d'accueil avant qu'elle ne soit sauvée par son institutrice et hébergée au couvent. Quel rapport entre cette Justine et les deux femmes principales du roman, Lise et Mathilde ? Le lecteur s'interroge et aura la réponse mais ce prologue est signe d'une très grande finesse fictionnelle de l'auteure.

En parallèle, le lecteur est invité à découvrir Mathilde et Lise, deux femmes à deux époques différentes et pourtant très proches, autant par le sang que par le caractère. Toutes deux veulent croire en l'amour, toutes deux vont être rattrapées par l'histoire et par les moeurs de leur temps. De quoi mettre en avant une loi patriarcale des puissants, une loi qui sonne encore comme trop actuelle.

Ce roman est donc un roman d'amour, un roman de secret de famille et un roman qui frôle avec les codes du polar. Un cocktail idéal que l'auteure sait mixer pour nous offrir un ensemble efficace bourré d'émotion où on pleure, on rit et on s'agace face à des personnages à qui on aimerait bien en coler une. Quant aux héroïnes féminines, leur force d'empathie est juste parfaite.

Il faut l'avouer, au fil des pages, le principe du secret de famille est poussé à l'extrème avec un imbroglio de relations entre les personnages étonnant. Pourtant, le lecteur n'est jamais perdu et se laisse troubler, tentant de comprendre mais sans jamais anticiper les rebondissements réservés par l'auteure. Des rebondissements jusqu'à une fin en apothéose qui vous frappe au coeur.

Le style de Florence Roche c'est, roman après roman, un savant mélange de douceur, de bienveillance, de précision et de maîtrise de l'intrigue. Ici sans doute plus encore que d'habitude avec une mise en avant de la femme et un regard sur le pouvoir des riches. Ce style sait aussi porter une intrigue dont on ne ressort pas indemne.

En conclusion... 

Ô combien j'ai été heureuse lorsque j'ai pu acquérir ce roman ! J'ai d'ailleurs voulu le lire d'emblée mais d'autres priorités se sont ajoutées. Je suis donc plus que ravie d'avoir enfin pu le dévorer. Et quand je dis "dévoré" ce n'est pas une image car avec ce roman porteur d'une histoire magnifique et troublante, impossible de s'arrêter avant de l'avoir terminé.
Une lecture coup de coeur pour moi que je ne peux que vous inviter vivement à découvrir. 

jeudi 19 mars 2020

Les baleines célestes - Élodie Serrano



Infos sur le livre

éditions : Plume Blanche
date de publication : 04-11-2018
pages : 254
prix : 15€

Résumé éditeur

 Alors que le navire spatial du Capitaine Alexandra Levisky frôle les frontières de l’univers, personne ne s’attend à ce que la maladresse d’un membre de l’équipage libère une des légendaires Baleines célestes.Seulement, la gigantesque fuyarde se dirige droit vers le cœur historique de la galaxie, au risque de détruire plusieurs mondes sur son passage… 

Pourquoi ce livre ?

C'est lors des Aventuriales de 2018 que je me suis laissée séduire par ce roman, ou plutôt par sa couverture, et par la manière de l'autrice à en parler.

De quoi est-il question ?

Dans un monde futuriste, l'exploration de l'univers ne s'est pas arrêté. Bien au contraire. De nombreux vaisseaux gravitent dans l'espace pour en apprendre plus sur les autres mondes qui pourraient le peupler. De quoi aussi en apprendre plus sur les légendes qui peuplent les autres mondes et vérifier si elles pourraient être vraies.

Mais voilà que suite à une maladresse, le vaisseau du capitaine Alexandra Levisky heurte un obstacle et libère l'une des fameuses baleines céleste qu'elle ne croyait être que l'une de ces fameuses légendes. De quoi intriguer les membres de l'équipage mais surtout de quoi provoquer une catastrophe sans précédant.

Dès lors, tout en se préparant à une guerre sans merci, Alexandra va devoir tout mettre en oeuvre pour protéger ses hommes et les autres mondes. Car les baleines sont furieuses et bien décidées à tout détruire sur leur passage. Nathan, membre de l'équipage, ne sera pas de trop pour aider la jeune femme à aller plus vite que les baleines pour sauver les mondes.

Du côté de la forme...

La science-fiction, ce n'est pas vraiment le genre que je lis le plus souvent. En général parce que je me perds dans ces lectures et aussi parce que cela ne m'intéresse que moyennement. Mais parfois, certains romans font exception et me donnent envie de plonger temporairement dans ces univers.

Nous sommes donc bien ici dans un roman de science-fiction avec des vaisseaux, des guerres dans l'univers et j'en passe. Pour autant, nous sommes là dans une version "soft" du genre ce qui m'a permis de ne pas me sentir évincée de l'intrigue. D'autant que la part de fantastique avec des créatures féériques, ici les baleines, m'a permis de me raccrocher à des codes connus.

Vous l'aurez remarqué, l'héroïne capitaine du vaisseau se nomme Alexandra, une femme. Pas de quoi se lancer dans un débât sans fin mais de quoi mettre en avant une part féministe de la part de l'autrice dans la mesure où le genre nous impose bien trop souvent des héros masculins. Ici, Alexandra est une femme courage qui porte avec elle un vrai message de force féminine.

Ce roman va être un roman de batailles et de découverte d'autres mondes avec un imaginaire puissant, quoique peut-être pas assez développé à mon sens. Pour autant, nous ne sommes pas face à des guerres continuelles. Au contraire, la part d'onirisme est très présente et fait beaucoup de bien, une part décuplée par la couverture qui nous entraîne dans une monde féérique envoûtant.

Mais, en filigrane, transparaît une autre problématique : celle de l'écologie. Car les baleines ne sont pas en colère sans raison. Elles sont en colère car les mondes les a menacées alors elles menacent les mondes. De quoi mettre ce roman en relation avec notre monde actual et un questionnement intéressant sur ce que ressent la nature face aux agissements de l'homme.

Côté style nous sommes ici dans un premier roman et pour un premier roman je dis bravo. L'auteure sait nous embarquer dans tous les sens du terme et sait nous toucher. Pour autant, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur les personnages autres qu'Alexandra. En effet, ici, l'ensemble donne le sentiment d'un potentiel qui aurait pu être exploité plus en profondeur.

En conclusion... 

Ce roman m'intriguait et je suis ravie d'avoir pu le découvrir même si, de base, ce n'est pas mon genre de prédilection. Ce roman m'a troublée mais j'ai apprécié de naviguer dans l'espace au milieu des baleines et avec une héroïne au caractère bien trempé. J'ai aimé me laisser porter même si, pour moi, la fin est arrivée trop rapidement. J'aurais aimé rester plus longtemps dans cet univers.
Je ne manquerai pas de découvrir, le plus vite possible, un autre roman de l'auteure qui est prometteuse dans le genre. 

Ce rêve bleu - Liz Braswell

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Infos sur le livre

éditions : Hachette
date de publication : 15-05-2019
pages : 384
prix : 16,90€

Résumé éditeur

Aladdin est un vaurien. Comme les autres habitants d'Agrabah, un pays pauvre, le jeune homme tente tant bien que mal de survivre. La princesse Jasmine, quant à elle, est sur le point de subir un mariage arrangé. Elle ne désire qu'une chose: échapper à son destin, découvrir ce qui se cache derrière les murs du palais. Mais tout bascule lorsque le conseiller du sultan, Jafar, prend subitement le pouvoir. À l'aide d'une lampe étrange dotée de pouvoirs extraordinaires, l'effrayant personnages tente de briser les lois de la magie, de l'amour, et de la mort. Désormais, Aladdin et la princesse déchue doivent unir le peuple d'Agrabah et mettre au point une rébellion pour faire tomber un dictateur avide de pouvoir, qui menace de déchirer le royaume... Ceci n'est pas l'histoire d'Aladdin telle que vous la connaissez. C'est une histoire de pouvoir. De révolution. D'amour. Une histoire où un seul détail peut tout changer.

Pourquoi ce livre ?

Très intéressée par cette collection des réécritures de contes version Disney, c'est sans hésité que je me suis plongée dans ce tome, Aladdin était l'un de mes dessins-animés préférés.

De quoi est-il question ?

Au coeur d'Agrabah, ville où richesse et misère évolent en parallèle, Aladdin est un jeune garçon né du mauvais côté de la barrière. Chaque jour est un nouveau défi pour survivre, pour se nourrir et pour échapper à la garde royale. Mais chaque jour est aussi un jour de liberté au contraire de la vie au palais, coupée du monde.

Lorsqu'Aladdin rencontre la princesse Jasmine, il en tombe fou amoureux mais se fait bientôt arrêté sous les ordres de Jafar qui voit en Aladdin le moyen de récupérer un lampe magique abrittant un génie qui pourrait lui permettre de devenir lui-même sultan à la place du sultan. L'entraînant auprès d'une grotte enchantée, la Caverne aux merveilles, il y parviendra.

Dès lors, la vie d'Agrabah qui était déjà pénible devient un enfer. Car Jafar, assoiffé de pouvoir, ne rêve que d'asservir son peuple et de faire d'Agrabah une dictature où la misère serait maîtresse. Aladdin et Jasmine ne pourront alors compter que sur eux-même pour sauver Agrabbah et le génie avec, peut-être, l'amour au bout du chemin.

Du côté de la forme...

J'aime les réécritures de contes et ce principe de changer un détail pour voir ce qu'il pourrait se passer m'enchante tout particulièrement. Et si, dans le premier volet, j'avais été moyennement convaincue, je suis maintenant complètement fan.

Dans ce nouveau roman, la question est simple : voir ce qu'il serait arrivé si Jafar avait gardé la lampe du génie dès le départ. Aladdin et Jasmine ne se connaîtrait pas vraiment et, de fait, pas de génie pour leur venir en aide. De quoi tout remettre à plat et un moyen pour l'auteure d'offrir un roman complètement différent de l'histoire de base.

Dès lors, le roman perd de la féérie de l'histoire et devient un roman plutôt social où l'auteure a à coeur de mettre en avant la misère, la pauvreté et la dictature. Sous les allures légères de l'histoire d'Aladdin, elle pose de vraies questions d'actualité et le lecteur saura mettre en parallèle le conte avec des questions d'histoire. Un beau moyen de présenter les choses autrement.

Pour autant, il s'agit aussi ici de reprendre les codes de l'histoire originelle pour garder le concept de la collection intact. De fait, l'auteure sait reprendre ici les caractère des différents personnages pour le lecteur ait le sentiment de voir  se dérouler devant ses yeux une histoire différente mais proche sur plusieurs points de celle qu'il connaît.

Ce volet est peut-être celui que j'ai trouvé le plus éloigné du dessin-animé car la magie qui est centrale n'apparaît cette fois qu'en filigrane et Aladdin ne semble alors être qu'un prétexte pour porter une réflexion plus profonde et plus philosophique sur le monde et sur l'actualité. D'ailleurs, ce roman porte aussi le retour aux vraies valeurs : l'entraide, le courage.

Côté écriture, j'ai eu le sentiment avec ce roman de découvrir, vraiment, le style de Liz Braswell qui semble se laisser porter un peu plus  par ses propres thématiques sans se laisser noyer dans la réécriture du film. Ici, elle reprend les thèmes du conte tout en travaillant à un roman original et ça fonctionne.

En conclusion... 

Ce roman m'intriguait et je suis ravie de pouvoir enfin vous en parler. Ici, l'histoire d'Aladdin est revisitée pour une version où la magie n'apparaît que tardivement et où l'image de la société est au centre de tout pour parler des dictatures et de la pauvreté aux jeunes lecteurs. Voici un roman qui change et qui gagne à être connu, non pas uniquement par les fans de Disney.
J'espère avoir très vite l'occasion de lire un autre roman de cette collection. 

L'affaire Clara Miller - Olivier Bal



Infos sur le livre

éditions : XO
date de publication : 12-03-2020
pages : 493
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Son cadavre est remonté, comme celui d'autres femmes, à la surface de l'eau. Six au total... Là-bas, dans les forêts du New Hampshire, le lieu maudit porte un nom : le lac aux suicidées. Clara Miller était journaliste. Comme Paul Green, le reporter du Globe qui débarque sur l'affaire. Il avait connu Clara étudiante, et ne croit pas un instant à la thèse du suicide. Un homme l'intrigue : Mike Stilth, l'immense rock star retranchée à quelques kilomètres de là, à Lost Lakes, dans un manoir transformé en forteresse. L'artiste y vit entouré d'une poignée de fidèles, dont Joan Harlow, redoutable attachée de presse qui veille sur son intimité et se bat comme une lionne dès que l'empire Stilth est attaqué. Mais Paul, lui, a tout son temps. Dans sa vieille Ford déglinguée, il tourne inlassablement autour du domaine. Avec cette question : et si, du manoir, la route menait directement au lac ? Dans un roman choral vertigineux, Olivier Bal déroule le tapis rouge sang de la célébrité. Jusqu'à l'incroyable vérité.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions XO grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur qui promet de faire un grand chemin dans le monde du polar.

De quoi est-il question ?

Lorsque le cadavre de la jeune Clara Miller remonte à la surface du "lac aux suicidées" en 1995, Paul Green, reporter de son état, décide de mener sa propre enquête. Car le suicide de Clara, il n'y croit pas. Pire, pour lui, la mort de la jeune femme aurait un lien avec Mike Stilth, artiste reconnu mais homme étrange.

Dès lors, il s'agit pour lui de s'approcher du rocker pour en apprendre plus, ce qui n'est pas évident lorsqu'on est un paparazzi méprisé par tout l'univers du show-biz parce qu'on espionne des enfants et sur le point d'être viré par son journal parce qu'on ne rapporte pas assez de scoop. Et quand une attachée de presse, Joan, défend bec et ongles ses employeurs, c'est la justice qui s'en mêle...

En 2006, Eva, la plus jeune fille de Mike Stilth, tente de survivre comme elle le peut dans un monde trop grand pour elle. Entre drogue, alcool et caractère impossible, elle essaye de se dresser comme star du cinéma. Perdue depuis la disparition de son frère et la mort de leur père. Mais bientôt, des événements étranges se produisent jusqu'à tout remettre en question pour la jeune femme.

Du côté de la forme...

Découvert avec son premier dyptique des "Limbes", j'avais hâte de découvrir l'auteur dans un autre type d'intrigues. Il faut le dire haut et fort : ce roman est le signal d'une entrée fracassante pour Olivier Bal dans le monde des auteurs incontournables de polars

Dans ce roman, le lecteur est donc invité dans un monde dont il a conscience sans vraiment le connaître : le monde des stars américaines et des paparazzi. Deux univers qui passionnent autant qu'ils agacent , qui intriguent autant qu'ils dégoûtent. Des univers dans lesquels l'auteur nous plonge avec force sans nous ménager.

C'est dans cette ambiance que le lecteur va découvrir Mike, un artiste au caractère de chien, Joan, une attachée de presse dévouée, et Paul, un journaliste sans retenue qui va tout tenter pour découvrir la vérité sur la mort de Clara. Et au milieu de tout cela, il y aura aussi les enfants. De quoi imposer une polyphonie étonante qui fonctionne avec un travail majeur sur les points de vue.

Mais si l'ambiance et la tension sont là de bout en bout, ce roman n'en reste pas moins un thriller profond et addictif dans lequel le lecteur va être happé pour découvrir le fin mot de ce fameux "lac aux suicidées". Autant vous le dire, je n'aurais jamais imaginé que l'auteur aille aussi loin dans l'effroi et dans les profondeurs de l'esprit par ses personnages.

Au fil des pages, le lecteur doute, croit avoir compris, avant d'être replongé dans l'incertitude. Car la polyphonie impose l'empathie. Chacun des personnages nous touche dans ses joies et ses peines mais surtout dans les épreuves qu'il est contraint de vivre. D'ailleurs, jusqu'au grand final, on ne parvient pas vraiment à haïr l'un ou l'autre alors même que toutes les réponses sont là.

Ce roman fonctionne parce qu'il est porté par une écriture exceptionnelle. Une écriture efficace et rythmée mais qui sait aussi jouer sur la finesse de personnages que l'on voit vivre devant nous ou plutôt que l'on a le sentiment d'être. Le jeu avec le lecteur fonctionne aussi car on n'envisage pas une seconde la fin. Tout ça grâce à un travail sur les mots simplement juste.

En conclusion... 

Depuis l'annonce de sa sortie, j'attendais avec impatience de pouvoir me plonger dans ce roman. Et si je ne savais pas trop à quoi m'attendre, autant dire que je ne m'attendais pas à ça : un roman qui relève autant du polar que du social grâce à un travail sur les personnages qui prend le lecteur comme dans un tourbillon dont la chute est brutale. Ce roman est un travail d'orphèvre, bravo !
Voici un roman qui prouve, si besoin était, que Olivier Bal est désormais un auteur de polars avec lequel il va falloir compter. 

mercredi 18 mars 2020

Blanche-Neige - L.P. Sicard



Infos sur le livre

éditions : ADA
date de publication : 10-01-2018
pages : 200
prix : 10€

Résumé éditeur

 Une femme coupable d'un crime dont elle n'a plus souvenir. Une évasion vers une forêt où la noirceur ne vient jamais seule. La découverte d'un manoir abandonné aux secrets bien cachés. Des bougies qui s'éteignent, des ombres qui se lèvent, des objets qui se déplacent d'eux-mêmes. Et des coups qui résonnent contre la porte, avant d'être défoncée… Cette sombre réécriture du conte classique "Blanche Neige et les sept nains" est un plongeon dans les eaux noires et visqueuses de la démence, du complot et du meurtre ; un pas angoissant dans les ténèbres d'un passé oublié d'où les horreurs surgissent sans bruit ni crier gare. Il est déjà trop tard pour reculer - que fuirez-vous d'abord : le présent, ou le passé ? 

Pourquoi ce livre ?

Très avide de découvrir l'ensemble des romans de cette collection étonnante, Blanche-Neige m'a permis d'en découvrir un nouveau tout en découvrant le style d'un nouvel auteur pour moi.

De quoi est-il question ?

Emilie est une magnifique jeune femme au passé trouble. Depuis quelques temps, elle est prise en charge dans un institut de soins psychiatriques au sein duquel certains soignants semblent bien avides de profiter de la faiblesse de leurs patients pour assouvir leurs propres pulsions. Emilie est de ces victimes avec l'incapacité de pouvoir faire quoi que ce soit pour l'empêcher.

Alors, une nuit, la jeune femme décide de fuir son calvaire et de s'échapper de l'hôpital. Elle passe une nuit dans une forêt à la fois fantômatique et étrange où des êtres semblent lui vouloir du mal, jusqu'au lendemain où elle arrive dans une cabane sans doute abandonnée mais où tout donne l'illusion que des gens ont vécu.

Pour tromper son angoisse et son ennui, Emilie décide de remettre un peu d'ordre dans cette habitation. Mais peu à peu, des flashs étranges lui reviennent. Comme si cette nouvelle vie ne lui était pas totalement étrangère. Comme si son passé était sur le point de la rattraper, un passé dont elle n'a aucun souvenir mais qui semble vouloir remonter à la surface.

Du côté de la forme...

Blanche-Neige est sans doute l'un des contes les plus connus de l'imaginaire populaire. S'en servir pour un de ces contes interdits était donc risqué et à la fois idéal pour nourrir l'imagination d'un auteur. Mais si je m'attendais à tout, quelle découverte !

Dans ce roman, Blanche est donc Emilie, une jeune femme déjà bien perturbée sur laquelle le lecteur, de prime abord, se pose de nombreuses questions. Car Emilie semble à la fois avoir commis des horreurs et à la fois être victime d'horreurs pires encore. De quoi troubler le lecteur qui est immédiatement plongé dans une atmosphère étrange qu'il ne parviendra plus à lâcher.

Dès les premières pages, les codes de la collection sont bien présents avec des viols et des violences en tous genres, de quoi dénoncer l'influence des forts sur les faibles notamment dans le domaine médical. De quoi poser des réalités sur notre société que l'auteur dénonce derrière les airs de la fiction, naviguant entre rêve et réalité.

Cette frontière entre imaginaire et monde réel, l'auteur joue avec et le jeu est parfait. Car au fil des pages, le lecteur se demande de quel côté de cette frontière il est non sans apprécier les références très concrètes au conte tel qu'on le connais et plus particulièrement à la version Disney. De quoi présenter une part plus sombre de l'histoire de Blanche-Neige.

Pour beaucoup, ce roman sonne aussi comme un thriller puisqu'il s'agira pour Emilie de mettre le doigt sur son passé, de redécouvrir les secrets de sa mémoire et de comprendre ce qui l'aura mener à l'enfer de l'hôpital psychiatrique. Une intrigue qui saura ménager son suspens jusqu'au final et quel final ! Car la fin de ce roman est la fois inattendue et particulièrement troublante.

Mais ce qui m'a le plus troublé avec ce roman c'est le style tout particulier de l'auteur qui sait jouer avec les codes du conte tout en ayant usage d'un phrasé très poétique qui fait du bien et qui nous berce, qui joue aussi de cet effet de cauchemard fort bien mis en avant. Ce style nous prend comme dans une spirale qui nous porte et change de tout ce que l'on peut avoir l'habitude de lire.

En conclusion... 

Ce volet était de ceux qui me faisaient le plus envie dans la série des "contes interdits" et s'il est complètement différent de tous les autres j'ai eu grand plaisir à le découvrir. Emilie m'a touchée, le style m'a touchée et j'ai aimé retrouver les grandes lignes du conte originel, notamment dans la frontière entre rêve et cauchemard.
Un roman que je vous conseille vivement de découvrir si vous aimez les lectures "dérengeantes".