dimanche 29 août 2021

L'étrange Noël du petit homme bleu - Guy Niéto-Jones et Mélanie Fuentes

  

Infos sur le livre

éditions : Bilboquet

date de publication : 06-11-2020

pages : 32

prix : 14€


Résumé éditeur

Dans la nuit de Noël, un enfant erre. Il porte a bout de bras son unique cadeau : une boule de Noël. Assis seul dans un parc, il va faire une rencontre surprenante, entre rêve et réalité. Serait-il possible que ce soit le père Noël…


Pourquoi ce livre ?

L'an dernier, cherchant de belles lectures de Noël, je me suis laissée séduire par cet album à la couverture superbe et au titre plutôt intriguant.


De quoi est-il question ?

Nous sommes la nuit de Noël. Dans les rues de la ville endormie, seuls quelques lueurs de lumières laissent entrevoir une silhouette. Cette silhouette est celle d'un enfant, un enfant qui cette année ne recevra pas de train sous le sapin mais seulement une boule rouge, une boule de Noël de celles que l'on accroche dans ce fameux sapin.

Alors qu'il s'assoit, seul, sur un banc du parc, un vieil homme apparaît. Il n'est plus temps de penser à ce Noël pas comme les autres, à sa famille qui est en train de sombrer. Il est temps de rêver et de profiter d'une soirée où seule un peu de magie pour le sauver et lui permettre de croire que, lui aussi, aura droit à peu de rêve ce soir.


Du côté de la forme...

Si je suis toujours en quête de beaux albums pour la jeunesse, c'est tout particulièrement le cas au moment de Noël. Ce titre m'a donc tout particulièrement attirée et je n'ai pas eu à regrette mon achat de cette histoire qui se présentant dans un flou artistique total.

Il convient de commencer par là : la colorimétrie de l'album. En effet, en période de Noël, les couleurs fards sont le vert, le rouge, le doré, les paillettes. Ici, nous sommes dans un bleu sombre mêlé de noir et un peu de blanc. Des couleurs froides qui rappellent plus l'ambiance glaciale de l'hiver que la chaleur d'un réveillon. De quoi intriguer et interroger.

L'histoire se déroule la veille de Noël et se présente dans une ambiance fantasmagorique où la solitude du personnage est en décalage avec le caractère familial que l'on imagine d'habitude. Un décors à la fois très réaliste et qui entraîne le lecteur dans une étrange part d'onirisme qu'il ne parvient à définir. Le début de cet album apporte un doute sur la volonté des auteurs.

Avec ce type d'ambiance, j'ai tout de suite pensé à un côté Andersen, "Petite fille aux allumettes". Et le fait es que nous sommes bien là avec le même type de problématiques et le même style d'enfances ne pouvant profiter d'un Noël comme les autres. Et si l'histoire est bien sûr modernisée ici, l'idée globale reste la même et saura laisser les enfants imaginer que tous n'ont pas la même chance.

L'ensemble de cette histoire permet au lecteur de naviguer entre onirisme et réalité, entre rêve et monde factuel. Ainsi, le lecteur ne sait jamais tout à fait où il se trouve et le jeune lecteur saura s'initier à un conte de Noël un peu différent et qui a du sens. D'ailleurs, le texte lui-même est porteur d'une vraie poésie et d'un moment particulier.

Il est légitime de se demander si cet album est, en réalité, totalement un album pour la jeunesse car le texte est très fort tant dans son style que dans son sens. De même, le trait graphique, bien que pouvant toucher des enfants, est aussi très fort et susceptible d'attiser la curiosité des plus grands pour un tout qui est, au final, un vrai conte de Noël.


En conclusion...

Voici un très bel album, déprimant et onirique à la fois, qui change des histoires traditionnelles de Noël avec beaucoup de grâce et de finesse. Voici une histoire forte doublée d'une illustration magistrale qui offre un objet-livre comme on aime en posséder dans sa bibliothèque. Voici un conte touchant et plein d'ardeur qui laisse ses marques.

Un très bel album que je conseille à tous les enfants, à tous les parents et à tous les enseignants voulant travailler sur Noël et la société.

Un chat pour Noël - Florence McNicoll

  

Infos sur le livre

éditions : Haute Ville

date de publication : 21-10-2020

pages : 320

prix : 12,90€


Résumé éditeur

C'est bientôt Noël au refuge pour chats et chiens de Battersea et Laura désespère de trouver une famille pour la nouvelle venue, Felicia, une jolie chatte noire et blanche aussi sauvage qu'affectueuse. Son petit ami, Rob, ne comprend pas pourquoi elle passe autant de temps au travail, mais pour Laura, ce refuge est bien plus qu'un simple job, c'est sa vie  ! Alors que les fêtes approchent à grands pas, Laura fait la connaissance de neuf personnes, toutes en quête d'amour, et elle leur cherche le compagnon à quatre pattes de leur rêve. Lorsque le bel Aaron adopte Felicia, Laura se dit qu'il pourrait aussi faire son bonheur...



Pourquoi ce livre ?

L'an dernier, en quête de lectures sur Noël, je me suis laissée séduire par ce titre prometteur et cette couverture ne pouvait que me faire craquer.


De quoi est-il question ?

En couple avec Rob, salariée dans un refuge pour animaux, la vie de Laura semble aisée et sans accro. Elle le serait du moins si la jeune femme ne prenait pas tant à coeur le sort de ses petits protégés du refuge, les chats. Car à l'approche de Noël, la jeune femme est bien décidée à mener un combat : trouver un foyer pour ces petits êtres et surtout Felicia, petite minette craintive dont personne ne veut.

Dans les semaines précédant le réveillon, la jeune femme n'aura alors de cesse de trouver des familles pour ces chats et fera des rencontres, neuf en tout, de la vieille femme isolée à l'enfant cherchant un compagnon. Mais surtout, elle fera la rencontre d'Aaron, bel homme qui ne la laisse pas insensible et qui, bientôt, saura toucher son coeur en prenant en affection la fameuse Felicia.

Dès lors, le coeur de Laura commencera à s'emballer et s'interroger sur ce qui compte vraiment pour elle et dans sa vie. Elle se rendra peu à peu compte que si sa vie professionnelle la porte, sa vie privée et sa relation avec Rob lui conviennent de moins en moins. Ces derniers jours avant Noël seront alors peut-être pour Laura l'occasion de tout remettre en question...


Du côté de la forme...

En période de fêtes, quoi de mieux que de se plonger dans des romances de Noël en bonnes et dues formes pour s'évader et s'offrir un peu de rêve dans un monde de brutes. Ajoutez-y quelques chats et l'ensemble ne peut que fonctionner.

Alors, soyons clairs, ce roman est typiquement un titre commercial prévu pour la saison par excellence et pour satisfaire un public qui ne pourra qu'être séduit : un public de lectrices, passionnées de Noël et de chats. Un concept qui n'est pas forcément un mal mais dont il convient d'être conscient car tous les codes sont réunis pour un tout qui doit fonctionner et ça fonctionne.

Laura est une jeune femme touchante et attachante que l'on prend plaisir à suivre et qui ne peut que nous attendrir et de par son caractère et de par son amour des chats. Quiconque aime les animaux nous apparaît comme quelqu'un de bien, à raison cela dit. On se laisse donc porter par son histoire et on se prend à rêver de vivre sa vie, pourtant imparfaite.

Côté relations humaines et romance, on retrouve l'idée de la jeune femme qui n'est pas heureuse et pour laquelle le destin va s'en mêler pour la guider vers un autre chemin. Mais dans une bonne romance de Noël c'est ce qu'il faut et ça marche. Car c'est ce type d'intrigue qui fait rêver et nous plonge dans cette féérie d'une période fard.

Cette est à juste ambivalence entre un roman et une suite de nouvelles. Car si le tout est une seule histoire, chaque moment humain-chat peut presque fonctionner individuellement. Ce sont des histoires de rencontres et d'amours naissantes où l'auteure montre combien l'animal et l'homme peuvent se sauver l'un l'autre quand tout va mal.

Concernant l'écriture, nous sommes dans le genre de la romance, dans le cadre de Noël et dans la portée forte de la thématique animale. S'il n'y a rien à dire à l'encontre de ce style, si ce dernier est agréable à suivre, il ne porte rien d'exceptionnel non plus ce qui laisse ce roman dans la masse des romans du genre sans y apporter une touche supplémentaire à l'exception de la force féline.


En conclusion...

Voici un roman qui m'a attirée en fin d'année dernière et que je suis ravie d'avoir pu lire dans une période où j'avais besoin de ce type de lectures. En passionnée de chats, j'ai apprécié leur mise en avant et la capacité de l'auteur à mettre en avant leurs caractères. En amoureuse de romances j'ai aimé suivre Laura et son chemin vers une nouvelle vie.

Une romance en soi comme on les aime dont, au final, le seul point original, décalé et à retenir est la présence des chats.

Je veux une licorne - Martine Hermant et Myss CC

  

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 09-11-2017

pages : 32

prix : 12€


Résumé éditeur

" Chloé a un rêve secret : elle veut une licorne, une vraie ! Pour son anniversaire, sa tante Morgane lui apporte un livre très spécial, capable de réaliser son rêve et bien plus encore. "


Pourquoi ce livre ?

Depuis le temps que je souhaitais découvrir l'univers, un brin déjanté, de l'auteure, je suis ravie d'avoir pu découvrir cet album qui me faisait de l'oeil.


De quoi est-il question ?

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Chloé. Au programme, un beau gâteau et, bien sûr, des cadeaux ! Et Chloé a hâte de les déballer car elle sait exactement ce qu'elle a demandé : une licorne. Or, à l'ouverture des paquets, quelle déception de voir que la licorne est un jouet et non une vraie. Alors la fillette, en colère, font en larmes.

Heureusement, arrive bientôt sa tante Morgane. C'est elle qui lui a appris à croire en l'existence des licornes et de la magie. Afin de consoler la petite, Morgane va alors offrir à Chloé une histoire, une histoire où les licornes existent et où la magie des couleurs prend tout son sens si un enfant est prêt à mener sa quête jusqu'au bout.


Du côté de la forme...

Les licornes, je dois bien l'avouer, ce n'est pas que je n'aime pas mais la mode les a trop mises en avant pendant un bon moment. Du coup, je crois que j'en ai eu une overdose. Pour autant, j'avais très envie de découvrir cette petite histoire et j'ai bien fait.

Cet album saura attirer le regard des plus jeunes et les embarquer dans une histoire qui leur ressemble avec cette petite Chloé qui fête son anniversaire mais va se trouver déçue de ne pas voir coïncider son imaginaire et la réalité. Une opposition entre le monde réel et le rêve, entre l'enfance et l'âge adulte au grand damne de tous ceux qui veulent garder leur âme d'enfant.

Avec le décalage entre le rationnel des parents et la fantaisie de la tante, le jeune lecteur saura s'initier au rêve. D'autant que la tante porte ce caractère fantasque et hors du temps qui fait du bien et apporte même un brin de magie dans le réel. Car par une belle mise en abîme, l'enfant du livre et l'enfant-lecteur sont propulsés dans le monde imaginaire qu'ils souhaitent.

Mais si cet album est là avant tout pour apprendre aux enfants à rêver et à vivre leurs rêves, il le fait par le biais de la passion de la lecture, autre mise en abîme. Il invite ainsi les enfants à aimer les livres et à croire en tous ces mondes imaginaires que les histoires leur offrent. De quoi nourrir leurs âmes d'enfant à l'encontre du rationalisme et de la vie qui est bien trop triste.

En parallèle, cet album offre aussi un apprentissage des couleurs, de la magie des mélanges des couleurs mais aussi un peu de la poésie et de la nature. Des sujets qui fonctionnent toujours très bien et qui pourront tout autant convaincre des enseignants cherchant une profondeur d'un album au-delà du seul plaisir de la lecture. Un apprentissage en douceur qui fonctionnera pour les plus jeunes.

J'ai bien aimé la féérie ressortant des illustrations même si j'aurais aimé, peut-être, des décors plus poussés et des personnages aux traits plus fins. Nous sommes ici dans quelque chose d'assez jeunesse mais où les traits des personnages auraient mérité davantage de différences d'expressions. Pour autant, le décalage entre l'épuration du réel et les planches fournies du rêve m'a beaucoup plu.


En conclusion...

Voici un bel album pour les plus jeunes pour leur apprendre à croire en leurs rêves et à se nourrir de la passion de la lecture. Voici un album qui fait du bien au moral et nous immerge un temps dans un univers où tout devient possible. Voici une vraie leçon de vie, surtout, pour les adultes, les invitant à ne pas faire grandir leurs enfants trop vites.

Une jolie histoire à lire le soir où à utiliser pour les enseignants comme apprentissage.

Les herbes de mai - Françoise Boixière

  

Infos sur le livre

éditions : Mot Passant

date de publication : 07-10-2020

pages : 306

prix : 19€


Résumé éditeur

Mai 1968 au Vieux-Bourg, un petit village breton des Côtes-du-Nord. Christine, une fillette de onze ans, aime gambader dans les champs au retour de l´école avec Sylviane, sa meilleure amie. La campagne et les livres lui font oublier les moqueries que lui vaut trop souvent sa grande timidité. Au cours d´une de leurs escapades, les deux enfants font la connaissance de Bertrand, un étudiant rescapé des manifestations du 1er mai à Rennes, venu se remettre d´une mauvaise entorse chez son oncle Louis Taoh. Très vite, le halo de mystère qui entoure le jeune homme attire Christine comme un aimant. La grève générale lui donne bientôt l´occasion de lui rendre visite en cachette et de découvrir son goût pour les arts et ses rêves d´une vie meilleure.Mais quel secret profondément enfoui cache ce garçon attachant partagé entre joie de vivre et mélancolie ? Sur fond de bouleversements intimes autant que sociaux, la gamine à l´aube de l´adolescence va faire l´expérience de sentiments inoubliables, qui marqueront à jamais sa vie.


Pourquoi ce livre ?

Lors du deuxième confinement, je me suis laissée séduire par quelques titres du Mot Passant dont celui-ci, avide de découvrir une nouvelle auteure.


De quoi est-il question ?

Nous voici en Bretagne, en 1968, année de bouleversements et de grands changements au sein de la société et des mentalités. Pour autant, la jeune Christine n'en est guère consciente. Agée de onze ans, elle préfère courir la campagne et profiter de jeux d'enfants de son âge avec son amie Sylviane que de s'occuper de ces problèmes d'adultes qui mettent tout le monde sur les nerfs.

Un jour, rendant visite à un voisin, elle fait la connaissance de Bertrand, jeune étudiant venu se reposer quelques temps chez son oncle après avoir vécu des manifestations qui ont mal tourné. Et il faut dire que, bien qu'il soit bien plus âgé qu'elle, le garçon ne laisse pas Christine insensible. Du haut de ses onze ans, elle n'aura de cesse de tenter de se rapprocher de lui.

Peu à peu, elle va découvrir un artiste, un garçon empli de rêves et d'espoir tant pour lui-même que pour un pays qu'il voit sombrer. Mais Christine comprendra bientôt que Bertrand porte aussi un lourd passé et un secret contre lequel elle souhaitera l'aider alors même que l'été 1968 s'annonce difficile à tous points de vue, sans école mais sans non plus tout les besoins du quotidien.


Du côté de la forme...

Ne connaissant pas cette auteure, c'est un peu au pifomètre que j'ai choisi la lecture que j'allais entreprendre de sa plume. Mon choix s'est porté sur le dernier roman publié, d'autant que je dois avouer avoir été charmée par la couverture.

1968 a beau ne pas être la période qui m'intéresse le plus, trop politique et presque trop moderne à mon goût, je m'y penche de temps en temps quand le roman dédié me semble prometteur. Ce fut le cas avec celui-ci et j'ai plutôt apprécié les choix faits par l'auteure pour présenter une période complexe mais avec toute la tendresse de l'enfance.

Car si Christine n'est plus tout à fait une enfant, elle en garde la majorité des codes, nourris d'un brin d'adolescence survenant par petites touches. C'est donc avec un regard éloigné qu'elle va suivre les événements de mai 1968, et le lecteur avec elle. Cela en est touchant car la violence de l'époque s'oppose à son innocence et à ses préoccupations toutes autres, comme celle de plaire à Bertrand.

J'ai été très touchée par l'amitié qui lie Christine et Sylviane. Car s'il s'agit d'une amitié parfois tendue, elle n'en reste pas moi réelle et belle. Elle est de ces amitiés qui nourrissent les enfants et qui, potentiellement, sauront durer dans le temps. Je dois d'ailleurs avouer que j'aurais aimé que le personnage de Sylvianne soit un peu plus développé car il lui manque, pour moi, un brin de profondeur.

La première romance, les premières peines de coeur dans l'esprit d'une pré-adolescente m'ont marquée et apportent beaucoup de tendresse à roman qui a son côté sombre, caché derrière des décors enchanteurs et une vie relativement aisée. La relation entre Christine et Bertrand est donc agréable à suivre mais va surtout savoir mettre en valeur la jeunesse en cette année-là.

L'écriture est fluide et agréable, pleine de douceur et offrant des personnages que l'on aimerait pouvoir croiser dans la vraie vie. La vie des villages est finement rendue et le secret a su me surprendre. Le 1968 des campagnes nous apparaît autrement et la Bretagne, région que j'adore, nous est offerte avec tout son charme et toute sa grandeur.


En conclusion...

Voici un roman que je me suis offert sur un coup de tête et que j'ai finalement beaucoup apprécié. Il a su m'embarquer dans un autre temps mais aussi, et surtout, au coeur de la jeunesse. J'ai aimé ce court voyage en Bretagne et ai repris goût aux lectures touchant mai 1968 tout en me laissant porter par les émotions d'une enfants, par les épreuves d'un jeune homme et par les secrets inavoués rythmant l'ensemble.

Un roman qui donne envie d'en découvrir d'autres de l'auteure.

Au coeur de la Haute-Rochette - Françoise Seuzaret-Barry

  

Infos sur le livre

éditions : Mot Passant

date de publication : 06-05-2021

pages : 288

prix : 19€


Résumé éditeur

Léa Chambon et Justin Dumont s'aiment d'un amour fou. Quand un jour la jeune fille disparaît.... sans nouvelles Justin se morfond et va finir par se marier avec Julia qui va lui donner un fils Rémi... Mais un matin Léa revient, chargée d'un lourd secret...


Pourquoi ce livre ?

Première lecture de cette auteure dont je suis très heureuse d'être l'attachée de presse. L'occasion de découvrir une nouvelle plume et une nouvelle personne.


De quoi est-il question ?

Nous voici dans un petit village du sud de l'Ardèche, dans les montagnes. La vie s'y déroule paisible alimentée par les travaux de la ferme et un quotidien qui, s'il n'est pas toujours aisé, a au moins le mérite d'être tracé d'avance pour chacun. Les amourettes de jeunesse ne passent pas inaperçues et les années 1930 apportent encore leur lot de quiétude.

C'est dans cet univers tracé de fil blanc que Justin, jeune homme sans histoire, tombe amoureux de Léa, une voisine qui ne manque pas de faire parler d'elle en commérages. Et si Justin souhaiterait bien la marier, il sait que la jeune fille est loin de faire l'unanimité tant auprès des villageois qu'auprès de sa famille. Il faut dire que, sur la belle jeune fille, de nombreux regards se posent.

La romance naissante est noyée le jour où, sans prévenir, la jeune Léa disparaît. Sans doute serait-elle partie pour la ville voisine mais personne ne sait pourquoi. Justin décide donc de poursuivre sa vie, oubliant ses rêves de jeunesse. Jusqu'à ce que, bien plus tard, les réponses à de lourds secrets refassent surfasse.


Du côté de la forme...

Je n'avais jamais lu de roman de cette auteure et je dois bien avouer que le sud de l'Ardèche n'est pas la région que je connais le mieux, y compris en littérature. J'étais donc curieuse de me plonger dans ce roman qui fut une vraie bonne découverte.

Autant le dire d'emblée, ce roman est pur et dur roman de terroir, au sens premier du terme tel qu'on l'entend le plus souvent : une vie de village au coeur du passé, une romance impossible régentée par des esprits étriqués, des secrets allant à l'encontre des traditions et des mentalités. Bref, un roman sans réelle surprise mais qui fonctionnent selon les codes attendus du lectorat dédié.

Justin m'a beaucoup touché par sa force de vivre, ses ambitions différentes de celles des jeunes de son époque et, surtout, ses véritables sentiments à l'égard de Léa. J'ai aimé le suivre dans son quotidien et m'interroger avec lui sur la disparition de Léa. Au passage, il est assez rare que le point de vue principal soit du point de vue masculin et cela mérite d'être noté.

Le village apparaît comme un personnage en lui-même avec ses rites et sa vie au jour le jour où les gens ne sont que peu au courant de ce qu'il se passe ailleurs. Le genre de vie qui fait rêver et effraie un peu en même temps. Et Léa fait partie du mystère ambiant, collant dans le décors mais dans une sorte de flou qui l'en échappe un peu.

Dans une deuxième temps, nous allons suivre le point de vue du fils de Justin, le petit Rémi, quatre ans, et je dois dire que j'ai beaucoup aimé voir le point de vue l'enfant qui ne comprend pas tout mais bien assez pour son âge. De quoi voir le monde d'un regard neuf et innocent dans une vie qui commence à perdre toute sa part onirique.

Mais ce que j'ai surtout aimé dans le style d'écriture de l'auteure, ce qui m'a frappée et a touché la littéraire que je suis, c'est le choix d'une narration à la deuxième personne du singulier comme si un être extérieur contait aux personnages leur propre histoire. Car ce choix est porteur est implique le lecteur d'une manière toute différente, l'impliquant peut-être davantage dans l'histoire malgré la première déstabilisation. 


En conclusion...

Voici un roman qui m'a séduite et saura séduire les amateurs du genres avides de romans de terroir au sens premier du terme. Voici un roman qui nous touche par les relations entre les personnages et par le côté historique mémoriel. Voici un roman qui va amener des secrets comme le lectorat du genre les aiment mais à travers un style qui a le mérite de l'originalité et qui change de ce dont on a l'habitude.

Un très bon roman du genre qui donne envie d'en découvrir d'autres de l'auteure.

Fautes d'amour - Béatrice Bourrier

  

Infos sur le livre

éditions : Lucien Souny

date de publication : 16-04-2021

pages : 232

prix : 18,90€


Résumé éditeur

Quand l’une trouve l’amour et connaît le bonheur de la maternité, l’autre conclut un mariage de raison. Ni heureuse ni comblée, mais riche, Julienne se fait un devoir de soutenir ses vieux parents et sa sœur cadette, poursuivis par la misère. Or la vie se charge de rebattre les cartes et entraîne les deux filles, qui avaient tant d’affection l’une pour l’autre, dans une confrontation impitoyable pour défendre leur famille… Mais laquelle, celle de sang ou celle de cœur ? Les affrontements sont encore plus violents lorsqu’ils opposent des gens qui s’aiment. Dans cette histoire aussi juste que touchante, Béatrice Bourrier continue à explorer et à disséquer les thèmes qui lui sont chers : les liens familiaux, les aspirations à la résilience et au pardon… La sagesse et la générosité peuvent-elles nous sauver des inévitables tragédies humaines ?


Pourquoi ce livre ?

Suivant cette auteure depuis quelques années maintenant, je suis ravie qu'elle ait pensé à moi pour que je puisse parler de son nouveau roman, ce que je peux enfin faire ici.


De quoi est-il question ?

Julienne et Emilie sont soeurs et, enfants, étaient très proches. Mais, en grandissant, leurs destins se sont séparés. La première a fait un mariage de raison, la seconde un mariage d'amour. La première vit ainsi dans l'opulence, la seconde dans la quasi-pauvreté. Et si les deux soeurs s'aiment, chacune ne parvient à comprendre le choix de l'autre.

Car chacune des deux soeurs doit subir son lot de plaisirs et d'épreuves. La cadette aime mais doit supporter un quotidien difficile. L'aînée soutient ses parents financièrement mais ne parvient pas à être pleinement heureuse. D'autant que cette dernière se voit incapable de pouvoir porter un enfant et va peu à peu sombrer dans un manque de maternité.

Le quotidien est difficile pour toutes deux mais, bientôt, la guerre va apporter son lot de souffrances supplémentaires et les doutes vont survenir, insidieusement, dans des esprits déjà confrontés à la peine et aux épreuves. Quand les jeux de pouvoir et d'incompréhension prendront le dessus, la famille risquera de voler en éclats au coeur d'une époque qui ne prend guère en compte la loi du coeur.


Du côté de la forme...

Béatrice Bourrier est de ces auteures que j'aime suivre car elle sait offrir de superbes histoires pleines de poésie et de force. C'est donc sans hésitation que je me suis plongée dans ce nouveau roman qui fut une nouvelle fois un grand moment de lecture.

La question de la fratrie en littérature est toujours une thématiques très forte car, bien souvent, l'amour que se portent les membres de la fratrie va s'opposer à des raisonnements différents, à des modes de vies différents ou à des incompréhensions dues aux douleurs traversées. Ici, c'est un peu un mélange de tout ça que nous offre l'auteure et ça marche très bien.

Il est aisé de s'attacher à Julienne et à Emilie, deux femmes aux destins bien différents pour lesquelles on éprouve tour à tour compassion, pitié et colère. Car le changement de point de vue dans la narration nous invite à les comprendre et à imaginer un peu mieux ce qui les pousse à agir. Et si le lecteur choisira tôt ou tard son camp, il comprend comment des horreurs peuvent avoir lieu.

C'est avec brio que l'auteure nous plonge dans deux parts bien distinctes de la société en opposant la vie du peuple à la vie de la bourgeoisie à une époque où tout coïncidait vers le prisme de l'argent et du pouvoir. Ainsi, elle sait opposer pauvreté et amour d'un côté, richesse et raison de l'autre. Elle pose alors la question du lieu où réside le vrai bonheur.

Et bien sûr, lorsque la guerre va survenir, ce sera l'occasion pour l'intrigue de basculer. Or, c'est avec originalité que l'auteure se sert de cette thématique trop souvent utilisée. Car si la guerre est présente au fil de quelques pages, si la peine sera au rendez-vous, c'est une toute autre intrigue qui va se mettre en place, une intrigue qui pose la question de l'argent, du pouvoir et de l'amour des mères...


En conclusion...

Voici un roman que j'étais très curieuse de pouvoir découvrir et que j'ai dévoré avec avidité. Voici un roman qui m'a plongée dans le genre de thématiques et d'émotions que j'affectionne tout particulièrement au sein d'époques qui m'intéressent beaucoup. Ce roman interroge aussi les relations familiales lorsqu'elles sont confrontées au pouvoir de l'argent et cela me touche toujours, d'autant que l'auteure le fait bien.

Un superbe roman à conseiller à tous ceux qui aiment les belles histoires de femmes et aiment ne pas ressortir indemnes d'une lecture.

Fièvre jaune - Christophe Masson

  

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 06-07-2021

pages : 232

prix : 17€


Résumé éditeur

Indochine, 1953. La colonie française brille de ses derniers feux. Fort de ses vingt ans, Pierre-Auguste débarque à Saïgon en quête d'aventures et d'horizons nouveaux.


Pourquoi ce livre ?

Suivant cet auteur depuis quelques années maintenant, je suis très heureuse et très fière d'avoir pu lire son nouvel opus en tant qu'attachée de presse.


De quoi est-il question ?

Nous sommes en ancienne Indochine, en 1953. Si le pays est toujours sous colonisation française, l'indépendance est proche. Avide d'aventures et de contrées lointaines, le jeune Pierre-Auguste prend le bateau en direction de ce pays qui l'attire. L'occasion pour lui d'échapper à un quotidien qui l'ennuie et de faire, peut-être, de nouvelles rencontres.

C'est ainsi que sa route croise celle d'un couple aussi fort en gueule que passionné, aussi talentueux qu'épuisants au quotidien. Un couple d'écrivains qui vont le prendre sous leur aile, en profitant pour lui conter une vie tumultueuse. En les suivant, le jeune homme aura l'occasion de quitter les sentiers battus et touristiques pour aller à la découverte de la vraie Indochine.

Il fera alors la rencontre de personnages riches en couleurs, emplis de rêves et d'espoirs, touchants et décalés nourris d'un lourd passé. Car l'Indochine n'est pas seulement un pays de modernité, il est aussi un lieu où chacun s'en sort comme il peut avec ce qui l'entoure et avec lui-même. Jusqu'à ce que la rencontre avec d'autres les sauve.


Du côté de la forme...

Ce roman est la réédition de l'un des premiers romans de l'auteur dans une édition revue et corrigée. Une belle occasion pour les retardataires, comme moi, de pouvoir enfin découvrir ce texte dans une version modernisée et retravaillée.

Voyage dans le temps et dans l'espace cette fois avec ce roman qui nous plonge dans un pays qui n'existe plus et au sein d'une époque révolue : l'Indochine de 1953. L'occasion, comme toujours avec l'auteur, de découvrir un autre pays et d'autres coutumes, mais aussi de s'intéresser à l'Histoire et notamment à l'histoire de la colonisation, encore relativement tabou parfois.

Si l'Indochine n'existe plus en tant que tel, il est intéressant de s'interroger sur le mélange des rites et coutumes dans les pays colonisés où les traditions locales se frottent aux idées du pays colonisateur. De quoi imposer un étonnant mélange tant dans la vision du pays lui-même que dans l'esprit des locaux, un mélange bien retranscrit ici.

Le narrateur est un jeune homme de vingt ans, nourris de rêves et d'illusions, voulant voir le monde et faire des rencontres. Et des rencontres il en fera avec des personnages décalés et hors du temps, comme on les aime sur le papier mais comme on hésiterait à leur parler "in real life". Car il s'agit typiquement de ces caractères forts et surprenants difficilement vivables.

Cette histoire est donc non seulement une histoire de voyage mais aussi une histoire de rencontres, de repentance et de retours sur le passé. Car chaque personnage va y aller de son souvenir, de son anecdote et de sa vision du monde. Un hymne à l'autre et à la différence, un hymne à la poésie et à l'humain également dans une société qui en est sortie.

Côté style, le récit de voyage se mêle à l'écriture romanesque, le pouvoir de la description s'unit à l'imagination de personnages décalés et plein de charme, des personnages auxquels on croit au sein de décors qui sont un véritable moment d'évasion. Quand à la vie trépidante des écrivains, voilà de quoi remettre en question, avec Lawrence, tout ce que l'on pourrait imaginer.


En conclusion...

N'ayant pu lire la première version de ce roman, j'étais curieuse de pouvoir le découvrir comme une nouveauté. Appréciant l'Histoire et la découverte d'autres cultures, mais sans trop bouger de chez moi, je me suis laissée porter par ce roman nous embarquant dans un autre univers loin de la modernité et des tourments d'aujourd'hui, à la rencontre d'êtres étonnants que l'on a du mal à quitter.

Un superbe roman à conseiller autour de soi pour quiconque s'intéresse à d'autres traditions.

samedi 28 août 2021

Les eaux troubles - Michel Lacombe

  

Infos sur le livre

éditions : Mot Passant

date de publication : 06-07-2021

pages : 328

prix : 12€


Résumé éditeur

Une fois de plus, notre journaliste archéologue, qui souhaite naïvement enfin rédiger un reportage paisible sur les fouilles du lit du Rhône en Arles, si riche en ce lieu de vestiges gallo-romains, va encore être mêlée malgré elle à une sombre magouille entachée de décès à répétition. Si elle s’investit pour sa revue à découvrir les merveilles antiques de la vieille cité, si elle s’attache à suivre les plongées remontant régulièrement de fort belles pièces propres à enrichir les collections du célèbre musée départemental de la ville, elle n’échappera pas au sort qui la poursuit et qui la frappera cette fois-ci de fort près… Trop, peut-être ! Quand arrivera-t-elle à se défaire des morts qui collent à ses pas ? Sur la piste d’une trouvaille archéologique aussi mystérieuse qu’inouïe, il lui faudra dénouer les fils d’une intrigue compliquée, dans laquelle elle laissera quelques plumes sentimentales. Bien sûr, à force de moral et de ténacité, elle finira par avoir le fin mot de l’histoire ! Comme d’habitude…


Pourquoi ce livre ?

C'est en tant qu'attachée de presse que j'ai eu la chance de pouvoir découvrir ce roman, 4ème volet d'une série que j'apprécie beaucoup.


De quoi est-il question ?

En panne d'inspiration pour son prochain sujet, Françoise Dutellier se renseigne sur les vestiges gallo-romains entourant Lyon quand elle fait la rencontre Jean, passionné d'archéologie, qui va l'inviter à le suivre jusqu'à Arles où sont en train de se dérouler des fouilles qui pourraient bien permettre de découvrir des vestiges étonnants.

Attirée tant par le sujet que par le jeune homme pour de toutes autres raisons, Françoise va se laisser convaincre de partir pour les Bouches-du-Rhône en quête d'une plongée dans le passé. Mais une fois encore, c'est une enquête qui n'a guère à voir avec l'histoire de la région qui va attendre la jeune femme, la poussant de nouveau dans une enquête qu'elle n'avait pas prévu.

Cette fois, c'est dans une triste histoire de trafics et de secrets d'historiens qu'elle va devoir se débattre alors même que le hasard va, cette fois, la propulser de très près et de manière toute personnelle dans l'enquête. Françoise devra alors non seulement jouer de stratégie pour démêler le vrai du faux mais aussi faire fi de ses propres angoisses si elle souhaite résoudre cette affaire.


Du côté de la forme...

Les enquête de Françoise Dutellier sont des histoires qui, depuis le premier tome, ont su m'embarquer. C'est donc sans hésitation que je me suis plongée dans ce nouveau volet m'embarquant cette fois à Arles, ville que je ne connais pas du tout.

Comme dans toute série, ce n'est pas le tout d'embarquer personnages et lecteurs dans différents coins de France, il s'agit aussi de se renouveler pour les y embarquer. C'est ce que fait l'auteur ici en propulsant Françoise à Arles suite à une rencontre fortuite. Certes il ne se passe que peu de temps entre la rencontre et le départ mais ça fonctionne et cela permet d'initier la route prise.

Cette fois, c'est dans le milieu gallo-romain que le lecteur est invité à s'initier. Un sujet aussi mystérieux que passionnant pour lequel nous sommes encore loin d'avoir tout découvert. Et si ce n'est pas la période de l'histoire que je préfère, je dois dire que j'ai pris plaisir à découvrir le métier d'archéologue qui, il faut bien le dire, m'a longtemps fait rêver.

Comme toujours, Françoise va se retrouver mêler à une enquête et, malgré son fort caractère et sa parole libérée, elle va ici beaucoup nous toucher et se présenter peut-être un peu plus avec ses défauts retenus et ses faiblesses. Mais surtout, l'auteur va nous embarquer dans les mystères et les déboires universitaires des recherches et des nouvelles trouvailles.

Arles est bien décrite car, bien que ne connaissant pas cette ville, je m'y suis crue et ai même eu envie à plusieurs reprises de m'y rendre pour la découvrir de mes propres yeux. C'est ainsi que l'auteur nous apporte des connaissance et nous permet de voir le sud de la France pour autre chose que pour la mer, la plage et les casinos. De quoi remettre en valeur cette région.

J'ai adoré retrouver Françoise que l'on aime autant que l'on a envie de lui donner des gifles. Et si j'aurais aimé que l'auteur aille encore plus loin dans le sujet des universitaires, des thèses, des fouilles et des découvertes, je dois dire que je m'y suis laissée prendre. Quant à l'enquête, elle fonctionne même si j'ai trouvé que certains pans étaient peut-être un peu trop rapides cette fois.


En conclusion...

Un vrai plaisir que de retrouver l'humour décalé de l'auteur à travers un personnage déjanté grâce à ce nouvel opus. Si le sujet m'a peut-être un peu moins plus pour des raisons de goûts personnels, cette nouvelle thématique fonctionne et le lecteur apprend à voir une autre facette de Françoise, de quoi la rendre plus humaine et moins agaçant, donnant ainsi envie de poursuivre l'aventure avec elle.

Un nouveau roman à découvrir et qui donne suite à une série que je vous ai déjà conseillé mais que je vous conseille encore.

Les sillons d'argent - Patrick Garinot

  

Infos sur le livre

éditions : Mot Passant

date de publication : 10-06-2021

pages : 400

prix : 20€


Résumé éditeur

Lucien Granget a 17 ans en 1933. Il est commis boulanger et c'est par hasard qu'il assiste au passage d'un train spécial dans la petite gare de Murat, localité où il réside. Aussitôt, une fervente vocation germe dans son esprit : il sera cheminot, tractionnaire, mécanicien de route. Il s'époussette du blanc de la farine pour se pelliculer du noir de charbon, abandonne la douceur de son four à pain pour l'inconfort d'une cabine de conduite mais bientôt aux commandes de sa machine, chevauchant sur des sillons d'argent les paysages fabuleux du Cantal, il se sentira fier, libre, respecté, envié même et surtout, le plus heureux des hommes après avoir épousé Madeleine. Après la guerre, impossible pour le couple de retrouver le vrai bonheur. Un mal mystérieux plane sur eux mais c est ensemble qu'ils affronteront les cruelles injustices de la vie. Des années plus tard, peu avant de conduire son dernier train et de faire retentir son ultime coup de sifflet, c'est une rencontre qui va chasser l'hiver du visage de Lucien mais qui sera aussi à l origine d un incroyable bouleversement familial auquel il ne s'attendait pas du tout.


Pourquoi ce livre ?

C'est en tant qu'attachée de presse que j'ai le plaisir de découvrir ce roman d'un auteur que je ne connaissais pas avant et dont j'étais curieuse de découvrir l'écriture.


De quoi est-il question ?

Tout prédestinait Lucien à devenir boulanger. Nous sommes en 1933 et, dans la petite commune de Massiac dans le Cantal, les destins semblent tracés d'avance. Jusqu'au jour où un train arrive, intriguant la population mais passionnant le jeune homme qui prend alors sa décision : lui aussi travaillera pour les chemins de fer. Lui aussi pourra voyager et embrasser ses machines qui le font rêver.

C'est sans mal qu'il parviendra donc à devenir apprenti au sein de la compagnie, buvant les paroles de ses formateurs et devenant peu à peu un mécanicien digne de ce nom au sein d'un monde dans lequel il se sent bien et "chez lui". Puis, peu à peu, il apprendra à devenir cheminot et saura, lui aussi, mener les grosses machines jusqu'à leur destination.

Son bonheur sera complet le jour où il épousera Madeleine, une jeune fille du village grâce à laquelle il deviendra père non sans se voir dans l'obligation d'abandonner son métier-passion. Mais la guerre changera tout pour eux. Les souffrances, les doutes et des secrets les mettront à mal jusqu'à ce que, un jour, sa vie bascule de nouveau.


Du côté de la forme...

Pour pouvoir correctement mettre en avant un ouvrage, il convient de l'avoir lu. C'est ma politique. Je me suis donc plongée dans cette lecture sans trop savoir à quoi m'attendre et ce fut une très bonne surprise que ce moment.

Lucien est un jeune homme auquel on s'attache très vite. Nous sommes dans les années 1930, des années où l'innocence existe encore, surtout dans les petits villages. J'ai donc beaucoup aimé découvrir le Massiac historique et un bout de Cantal, département dont je suis également tombée amoureuse en arrivant en Auvergne.

Ce roman conte comment peut naître une passion, en l'occurence celle des chemins de fer et des train, dans le regard d'un garçon ne voulant pas rester dans son seul village. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé suivre cette passion grandissante et cette volonté de réaliser ses rêves au sein d'une époque où tout était à la fois plus simple et plus complexe.

Nous allons suivre la vie de Lucien sur une longue période, de sa jeunesse jusqu'à un âge plus mur. Peu à peu, l'univers du rail va donc peu à peu laisser la place à une histoire régionale plus traditionnelle avec une vie de famille, un malêtre et des secrets à découvrir. Et si ces sujets fonctionnent toujours, il est vrai que j'aurais préféré une focalisation sur le train du début à la fin, et ce même si tout finit par se recouper.

En filigrane, l'auteur nous offre la vie et les traditions au sein du Cantal avant et après la seconde guerre. Je dois d'ailleurs dire avoir apprécié le fait que, si la guerre est citée, elle n'est pas pour autant au centre de tout et décrite dans le menu détail. Cela offre au lecteur la possibilité de rester focalisé sur la vie de Lucien tout en apprenant pas mal de choses sur la vie des cheminots à cette époque.

Côté style, j'ai aimé voyager au coeur du Cantal et en apprendre plus sur le milieu des cheminots. Le chemin de fer étant un domaine que je ne maîtrise pas du tout, je dois dire que j'ai beaucoup appris au fil de ma lecture. D'ailleurs, j'ai notamment su apprécier un univers qui aujourd'hui, comme tant d'autres, me rend chèvre. De quoi remettre les choses dans leur contexte.


En conclusion...

Voici un roman pour lequel je n'avais pas d'attente particulière mais lequel j'ai passé un agréable moment sans romance exacerbée mais avec la passion d'un métier et d'un univers bien décrit. La thématique du secret et de la famille sera bien sûr là, plus tard, mais saura plaire aux amateurs du genre avides de ce genres d'intrigues.

Un joli roman qui me donne envie de lire les autres de l'auteur.

Ce que Camus ne m'a pas appris - Thierry Poyet

 

Infos sur le livre

éditions : Ramsay

date de publication : 09-03-2021

pages : 170

prix : 19€


Résumé éditeur

Anne-Laure est née à Bordeaux. Chambertin vit à Saint-Étienne. Elle est juge d’instruction, il a tué un homme. Sans ses amis ni sa famille, elle s’ennuie. Il s’isole, inaccessible, indifférent et bientôt misanthrope.De leurs routes qui se croisent, naît une impossible rencontre. Le méprise-t-elle ? La jeune femme issue de la belle bourgeoisie peut-elle comprendre un homme qui passe tous ses samedis avec les Gilets Jaunes ? Et lui, le petit prof raté, qu’entend-il à la vie des autres, celles de sa femme, de sa maîtresse ou de la jolie juge, quand il ne cesse plus de lire Camus sans trouver les bonnes réponses ? Deux parcours et deux trajectoires jusqu’au bureau-carrefour d’un Palais de Justice où se construisent et se détruisent les destins. Un roman social, dans l’air du temps, où les personnages à la Houellebecq évoluent en quête d’un sens à leur existence. Entre sentiment de l’absurde et espoir d’un bonheur enfin accessible, Anne-Laure et Chambertin sont les étrangers du nouveau siècle.


Pourquoi ce livre ?

Après un premier roman que j'avais adoré, j'avais hâte de me plonger dans le nouvel opus d'un auteur qui, je pense, fera beaucoup parler de lui.


De quoi est-il question ?

Chambertin est un homme comme les autres. Prof à Saint-Etienne, il mène son existence entre ses cours et sa famille jusqu'au jour où, ayant trompé son épouse, il sombrera dans une parfaite déchéance de solitude, de rage et de rancoeur à l'égard de cette société qui l'a trahi. Le mouvement des gilets jaunes deviendra alors pour lui son combat, sa force de frappe, son moyen de s'élever contre tout ce qu'il vomit.

Anne-Laure a toujours été une enfant puis une jeune femme privilégiée. Née dans une famille aisée, elle a toujours obtenu tout ce qu'elle voulait et c'est sans hésiter qu'elle a fait son droit. Non pour s'élever contre la misère du monde mais pour s'élever elle-même. Son arrivée à Saint-Etienne face aux petits trafiquants et aux dossiers sans lendemains sera une dure désillusion.

Rien ne prédestinait ces deux êtres à se rencontrer mais un mouvement social, de terribles circonstances et une perte de contrôle les mèneront l'un à l'autre. Ils ne font pas partie du même monde, chacun rejetant la situation et les pensées de l'autre. Pourtant, dans un société régie les doutes, les peurs et les fausses certitudes, leur rencontre leur sera salvatrice...


Du côté de la forme...

Les romans sociaux, en général, je ne m'y penche pas trop. La misère et les violences sont assez là au quotidien sans les retrouver en littérature. Pour autant, j'avais envie de découvrir ce nouveau roman pour son auteur et j'ai bien fait.

Ce roman se compose en trois temps mais surtout en deux temps majeurs où le lecteur va tour à tour faire la connaissance de Chambertin puis celle d'Anne-Laure. Il est étonnant de voir combien le lecteur qui se suppose équilibré, "normal", sans excès, va se sentir proche à la fois de l'un et de l'autre, comprenant les deux faces d'une société en perdition.

Chambertin est dans l'excès social, Anne-Laure dans l'excès des certitudes. L'un et l'autre sont sûrs de détenir la vérité vraie et semblent incapable de voir les limites de leur propre raisonnement. Des pensées accentuées par un monde qui fait tout pour ça et sur fond de gilets jaunes pour mieux comprendre ce mouvement que, bien souvent, nous n'avons vu que par les médias.

A l'image des romans sociaux du XIXème siècle, le lecteur sait d'avance que tout va déraper, qu'une situation un peu bancale va peu à peu s'écrouler, entraînant avec elle des personnages qui ne pourront rien faire pour l'empêcher. Et c'est avec force et brio que l'auteur remet au goût du jour les questionnements de cette littérature classique, adapté à nos problématiques actuelles mais guère plus enviables.

Le lecteur sait d'avance que les choses vont mal tourner, le tout est de savoir comment. Et quelle ville mieux que Saint-Etienne, ville ancrée dans les questions sociales depuis bien longtemps, pour poser ce roman ? La stéphanoise de naissance que je suis s'est donc laissée porter par le cadre, les décors. Car j'ai aimé retrouver la ville page après page, repérer les lieux que je connais et m'y figurer le roman.

Pourtant, sur une note moins sinistre, ce roman est aussi celui d'une rencontre. Une rencontre imprévue et improbable qui va savoir faire évoluer non seulement les personnages mais aussi le lecteur dans ses certitudes. Quelle claque au final que de replonger dans cette ambiance gilets jaunes avec un drame qui aurait bien pu avoir lieu.


En conclusion...

Voici un roman qui me tentait pour son auteur plus que pour son sujet, Camus n'étant pas en prime ma tasse de thé. La société est violente, on le sait, mais avec son roman l'auteur le met plus en valeur encore, nous invitant à entendre la voix de deux parts opposées de cette société sans que le lecteur ne puisse au final faire un choix.

Un roman à découvrir pour réfléchir sur un monde en perdition de l'avant-covid pour un auteur à suivre sans hésiter.

Le Refuge - Christian Degiorgi

  

Infos sur le livre

 éditions : Revoir

date de publication : 15-05-2021

pages : 334

prix : 17€

 

Résumé éditeur

Mort accidentelle de l'écrivain Gabriel Stern au cours d'une randonnée près de Lagnat, son village auvergnat d'adoption : ainsi titraient les quotidiens nationaux le 16 août 1990. Alors, quand Robert Gregori, instituteur à la retraite, se penche sur le cercueil de celui qu'il considérait comme son frère jumeau, il est dévasté.

 

Pourquoi ce livre ?

Grande fierté que la mienne puisque j'ai eu la chance d'être une des premières lectrices de ce roman dont j'ai assuré la correction.

 

De quoi est-il question ?

Robert et Gabriel se connaissent depuis toujours. Elevés ensemble, comme des frères, dans les cités de Chamalières, proche de Clermont-Ferrand, ils ne sont jamais éloignés et même venue l'heure de la retraite c'est ensemble qu'ils ont choisi de finir leurs jours dans une maison qu'ils surnomment leur "refuge". Alors quand Gabriel meurt dans un tragique accident, Robert est dévasté.

Ecrasé par la perte de son ami, Robert va donc décidé de se lancer dans l'écriture, à l'instar de son cher disparu qui était auteur, afin de lui rendre hommage et de rendre hommage à leur histoire. Il contera ainsi les années de guerre où Gabriel sera enfant caché, les premières amours, les désillusions sur la société mais surtout leur longue et belle amitié.

Des années 1930 aux années 1990, Robert et Gabriel verront le monde qui les entoure évoluer. L'un deviendra instituteur, l'autre sera un célèbre écrivain. Mais jamais rien ni personne ne pourra les séparer, ni les femmes, ni la vie, ni les distances géographiques. Seule la mort y parviendra mais Robert n'aura de cesse de comprendre ce terrible drame.

 

Du côté de la forme...

Etre la première lectrice, ou presque, d'un roman est toujours quelque chose de fort et de particulièrement flatteur. D'autant plus quand le roman en question tombe complètement dans les genres que vous appréciez, en l'occurence un roman historique et régional.

Tout commence par un accident. Un accident comme il y en arrive des centaines chaque année mais qui, cette fois, se terminera mal. Car de cet accident, Gabriel, homme d'une cinquantaine d'années, ne reviendra pas vivant. De quoi mettre en évidence le fait que la vie est courte et que tout peut survenir à n'importe quel instant.

Cette mort va mettre en avant la peine et l'incompréhension d'un homme, Robert, le meilleur ami du défunt. L'occasion pour lui, et pour le lecteur, de se replonger dans son passé, dans leur passé, dans leur histoire, une histoire qui a traversé la grande Histoire. C'est ainsi que le lecteur est plongé au coeur de la seconde guerre, en 1968 et dans la modernité des années 1990.

Comment ne pas être touché par l'amitié qui va lier ces deux hommes tout au long de leur vie ? Et cette amitié va servir de fil conducteur à travers un roman qui va nous inviter à en apprendre un peu plus sur Clermont-Ferrand et sa région. Mais, dans le même temps, le temps au présent va nous inviter à nous interroger, avec Robert, sur la mort de Gabriel.

En tant que passionnée de romans de terroir, je dois dire que celui-ci fonctionne très bien et apporte un peu de modernité au genre tout en conservant les codes que l'on apprécie. Il met en lumière la force de l'amitié, ce qui change des éternelles romances, mais va aussi peu à peu basculer dans une sorte d'enquête pour comprendre ce qui est arrivé à Gabriel.

Côté écriture, nous sommes dans un style romanesque comme ce à quoi on peut s'attendre avec une belle plongée en Auvergne et une histoire qui nous touche. L'auteur joue avec les codes et ses personnages pour nous montrer l'évolution d'un monde mais sait aussi faire vivre ses personnages avec leurs charmes et leurs secrets, leurs douleurs. Une belle performance pour un premier roman.

 

En conclusion...

Voici un roman qui m'aurait sans doute tentée de toutes façons mais que j'ai lu de manière toute professionnelle. Je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre et ai eu une agréable surprise au fil des pages en découvrant des personnages forts, en apprenant à connaître mieux ma région d'adoption et en me laissant porter par une intrigue forte.

Un premier roman à prendre en note et à conseiller aux amateurs du genre.