dimanche 17 avril 2022

Les Fossoyeurs - Victor Castanet

  

Infos sur le livre

éditions : Fayard

date de publication : 26/01/2022

pages : 400

prix : 22,90€


Résumé éditeur

Trois ans d’investigations, 250 témoins, le courage d’une poignée de lanceurs d’alerte, des dizaines de documents explosifs, plusieurs personnalités impliquées… Voici une plongée inquiétante dans les secrets du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques. Truffé de révélations spectaculaires, ce récit haletant et émouvant met au jour de multiples dérives et révèle un vaste réseau d’influence, bien loin du dévouement des équipes d’aidants et de soignants, majoritairement attachées au soutien des plus fragiles. Personnes âgées maltraitées, salariés malmenés, acrobaties comptables, argent public dilapidé… Nous sommes tous concernés.


Pourquoi ce livre ?

Il est rare que j'acquière un roman faisant la une au moment même de sa sortie mais, sur ce coup-là, je n'ai pas hésité tant pour le geste symbolique de l'acheter que pour la nécessité d'en découvrir et d'en comprendre le contenu.


De quoi est-il question ?

Comment sont traités nos aînés dans les Ehpad ? Ces gens que nous aimons, nos parents, nos grands-parents qui, au terme de leur vie, ne méritent qu'attention et amour. Ces gens que nous plaçons parce que nous n'avons plus le choix mais pour qui nous souhaitons le meilleur jusqu'à ce que l'inéluctable se produise...

On souhaiterait que, dans ces structures adaptées, des hommes et des femmes s'en occupent comme s'ils étaient leurs propres enfants. Que tout soit mis en place pour leur offrir les meilleurs soins et les meilleurs attentions... Il n'en est rien ! Soignants trop peu nombreux, nourriture et matériel rationné, solitude et parfois maltraitance morale voire physique... Telle est la triste réalité.

Pourquoi ? Parce que les Ehpad sont régis par le monde du capitalisme, par l'appât du gain et par le besoin viscéral de "faire de l'argent". Le profit, le pouvoir des grands dirigeants et des actionnaires les plus importants... Tels sont ceux pour qui la machine tourne au détriment de ceux qui n'ont d'autre choix que de subir, soumis à l'esprit d'économies au détriment de l'humain.


Du côté de la forme...

Voici un ouvrage qui a fait grand bruit, à juste titre, et que je me devais de lire, que chacun devrait lire, afin de mettre un terme à toute l'horreur qui y est décrite. Un essai essentiel, même si j'en lis peu, résultat d'un travail colossale qui mérite d'être souligné.

Tout aura commencé par une petite enquête journalistique de routine pour l'auteur qui pas après pas, marche après marche, a mis les pieds dans un système effroyable régit par l'argent et par le profit. Un système qui se sert des plus vulnérables, les personnes âgées, pour engranger des sommes astronomiques qui donnent le vertige.

Le début de l'enquête donne la nausée au sens propre du terme, l'auteur mettant en lumière le manque de soins, de protections et la présentations des repas parfois sommaires. Comment accepter et supporter les odeurs d'urines et de plaies infectées masquées sous des odeurs agréables de parfum à destination des familles et des résidents ayant encore leurs capacités ?

Rien est épargné au lecteur qui comprend vite que les soignants n'ont pas le choix et doivent se plier au système si eux-même ne veulent pas en pâtir. Commence alors une investigation, palier après palier, pour dénoncer l'ensemble du système et comprendre à qui revient la faute de telles abominations et là, chapeau au journaliste qui a su remonter au plus haut.

Nous vivons dans un monde capitaliste. Nous le savons, nous devons l'accepter. Mais comment imaginer que ce monde peut en arriver si loin ? Car si l'appel de l'argent est ententable, il est poussé ici à l'extrême par une gestion faite de lignes comptables et de logiciels informatisés. L'humain est oublié et là, c'est une nausée morale qui nous englobe. Des chiffres, un système, parfois complexe mais révélateur.

Nous sommes là dans un essai, l'aboutissement d'une enquête. Malgré quelques passages un peu alambiqués, l'auteur sait se mettre à la portée de son lecteur, adaptant ce sujet qu'il maîtrise à la perfection pour que nous le comprenions. Et malgré son dégoût, sa colère et son dépit bien légitimes, il convient de noter son objectivité et sa rage à toujours éviter ce qui lui sera pourtant reproché : une enquête à charge.


En conclusion...

Quelques lignes ne peuvent suffire pour parler de cet ouvrage et je doute même qu'une chronique soit nécessaire. Cet ouvrage il faut le lire, le relire, en comprendre toute la portée et l'horreur. Cet ouvrage il faut le faire tourner pour que tout le monde prenne conscience et que l'enfer s'arrête. Le capitalisme, oui, mais pas à n'importe quel prix. Pas aux prix de gens qui ont un vécu, une histoire et méritent une fin digne.

Un ouvrage qui bouleverse et qui choque mais face auquel nous ne devons pas faire l'autruche.

Les promesses du sang - Julien Moreau

 

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 14/04/2022

pages : 216

prix : 18€


Résumé éditeur

Au nord de la Catalogne, une centaine de migrants en provenance d'Afrique débarquent, au premier jour de leur nouvelle vie Parmi eux, Daniel Sangaré et son petit garçon Moussa, Maliens de Koloko Le pied à peine posé sur le sol espagnol, leur périple aussi long qu'interminable, entamé des semaines plus tôt, se poursuit Direction la France Après un court séjour dans l'Hérault, ils se dirigent vers Clermont Ferrand, vers « la liberté » Entre centres d'accueil et nuits dans la rue, de sans papiers à clandestins, le parcours du combattant de Daniel et Moussa les replonge dans l'enfer, loin de la guerre qu'ils ont fuie mais dans une même démarche de survie ne leur laissant aucun répit En père courageux, prêt à tout pour protéger son fils et lui offrir une vie meilleure, Daniel n'abandonne jamais. Sur leur route semée d'embûches et de désillusions, une multitude d'obstacles, mais aussi tellement de mains tendues A chacune de leurs étapes, la solidarité trouvera toute sa place.


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman de Julien Moreau, auteur de polars en général qui va ici dans autre chose...


De quoi est-il question ?

Parce que la vie y était trop dure, Daniel et son fils Moussa ont quitté le Mali dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe. Première escale : l'Espagne où Daniel sera contraint de travailler dans une carrière où les migrants comme lui sont parqués et déshumanisés. Mais son seul souhait est de rejoindre la France pour offrir un avenir à son fils Moussa.

Aidés par quelques personnes de valeur, le père et le fils pourront bientôt rejoindre Montpellier puis Clermont-Ferrand grâce au soutien d'associations et d'êtres de valeurs prêts à tout pour les aider. Mais entre les assauts de l'administration, les profiteurs et tous ceux qui ne veulent surtout pas voir d'étrangers clandestins troubler leur vie tranquille, Daniel comprendra vite qu'il est seul.

Parce que l'homme refuse d'être séparé de son fils, parce qu'ils feront le choix de l'amour contre les lois, Daniel et Moussa sombreront peu à peu de plus en plus bas dans l'échelle sociale mais seront toujours aidés par ceux qui croient en l'humain plutôt qu'en l'administration. Les épreuves seront pourtant nombreuses et terribles pour ce duo que l'amour guidera toujours.


Du côté de la forme...

Ayant beaucoup apprécié le précédant roman de l'auteur, un polar, j'étais curieuse de me plonger dans ce nouveau roman prometteur. Car lire les romans des auteurs que j'apprécie tant dans leur univers qu'en tant que personnes, c'est mon crédo.

On connait Julien Moreau pour ses polars. Il nous offre aujourd'hui un roman complémentaire différent, sociétal et puissant qui ne laisse pas indemne, qui pose la question des migrants par un regard différent et qui nous bouleverse dans nos convictions. Comment ne pas songer, avec cette lecture, à "Entre deux mondes" de Olivier Norek.

Ce roman est celui d'un périple. Le périple d'un homme et de son fils aspirant à un avenir meilleur dans un autre pays que le leur. A l'image d'un roman d'aventure bourré d'épreuve, l'auteur nous montre combien les espoirs des migrants sont grands, combien les obstacles à franchir pour eux sont nombreux. De quoi mettre en lumière aussi le travail fabuleux des associations.

Avec force et empathie, l'auteur démontre que nul ne tombe dans la clandestinité par choix mais plutôt par successions d'épreuves et de déboires. Il nous montre combien chaque volonté de ne pas entrer dans le moule, même quand le moule est cruel, peut être dévastateur. De quoi nous faire réfléchir sur nos petites convictions parfois et de voir l'humain avant la globalité.

Mais ce roman est avant tout le roman de l'amour, l'amour d'un père pour son fils qui prendra tous les risques pour ne pas être séparé de lui. Car au-delà des larmes et de la colère, de l'émotion et de la souffrance, l'émotion de la tendresse est omniprésente et fait du bien. Un roman qui fait penser aussi parfois au film "La vie est belle" de Roberto Benigni dans la sauvegarde de l'innocence malgré tout.

Côté style, nous sommes là dans une écriture très journalistique qui va droit au but. Et pour cause, l'auteur est journaliste ! Peut-être m'a-t-il donc manqué à titre tout à fait subjectif un peu de description des ambiances, des bruits et des auteurs pour m'immerger totalement dans cette histoire. Pour autant, la tendresse pour les personnages principaux est bien présente et c'est tout ce qui compte.


En conclusion...

Voici un roman coup de poing tout on ne ressort pas indemne. Quelque part entre "Entre deux monde" de Olivier Norek et "La vie est belle" de Roberto Benigni, comment ne pas être frappé au coeur par cette histoire ? Comment ne pas être ému face à l'amour de ce père pour son fils et face à tout ce qu'ils devront endurer face à l'horreur de ce monde et de ceux qui le composent parfois. Heureusement, la bonté est là aussi.

Un magnifique roman à lire absolument dans une société malade.

mercredi 6 avril 2022

Le dernier message - Nicolas Beuglet

  

Infos sur le livre

éditions : XO

date de publication : 17 septembre 2020

pages : 390

prix : 19,90€


Résumé éditeur

Île d'Iona, à l'ouest de l'Ecosse. des plaines d'herbes brunes parsemées de roches noires. Et au bout du "Chemin des morts", la silhouette grise du monastère. Derrière ces murs suppliciés par le vent, un pensionnaire vient d'être retrouvé assassiné. Son corps mutilé de la plus étrange des façons. C'est l'inspectrice écossaise Grace Campbell qui est chargée de l'enquête. Après un an de mise à l'écart, elle joue sa carrière, elle le sait. Sous une pluie battante, Grace pousse la lourde porte du monastère. Elle affronte les regards fuyants des cinq moines présents. De la victime, ils ne connaissent que le nom, Anton. Tous savent, en revanche, qu'il possédait un cabinet de travail secret aménagé dans les murs. Un cabinet constellé de formules savantes... Que cherchait Anton ? Pourquoi l'avoir éliminé avec une telle sauvagerie ? Alors qu'elle tente encore de retrouver confiance en elle, Grace ignore que la résolution d'une des énigmes les plus vertigineuses de l'humanité repose tout entière sur ses épaules... 


Pourquoi ce livre ?

Suivant l'auteur depuis son premier roman, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans celui-ci, bien qu'avec du retard.


De quoi est-il question ?

Grace Campbell, jeune inspectrice mise au placard depuis un an, est dépêchée sur une sordide affaire de meurtre dans un monastère d'une île écossaise. Seuls cinq moines sont présents, l'un d'eux est forcément l'assassin. La victime, Anton, reclus depuis trois ans, était un homme sans histoires et a priori très apprécié même s'il cachait ses zones d'ombre.

Grace, troublée et blessée par un passé professionnel complexe, vit dans l'angoisse de commettre une erreur. Mais son instinct la pousse à poursuivre son enquête et de pousser plus des investigations qui la mèneront à découvrir un cabinet secret prouvant qu'Anton n'était peut-être pas tout à fait celui qu'il présentait être.

L'inspectrice plongera alors dans des questions bien plus profondes que ce que l'on pourrait croire et dans un univers qu'elle n'imaginait pas être possible. Un univers où le danger guette sans cesse et où la mort d'un homme n'est que bien peu de chose face aux secrets à protéger. Dès lors, Grace ne sera plus en sécurité et devra prendre tous les risques pour faire éclater la vérité.


Du côté de la forme...

Nicolas Beuglet fait partie de ces auteurs que je suis de roman en roman avec toujours la même passion et la même addiction parce qu'il sait partir d'un univers et nous entraîner dans un autre complètement différent.

Tout commence cette fois en écosse, dans un monastère isolé. Un pays qui fait rêver, le côté huis-clos qui va bien, les mystères omniprésents et la question de la religion sous-jacente qui fonctionne à tous les coups... Comment ne pas craquer et ne pas avoir envie d'aller frissonner dans cet univers auquel on croit immédiatement et qui donne très vite envie de se poser des questions ?

Grace Campbell est le genre de personnage principal auquel on s'attache, qui nous touche par sa différence et ses blessures profondes, que l'on a envie d'apprendre à connaître. Que l'on a aussi envie de voir réussir pour la voir évoluer et la voir comprendre qu'elle vaut quelque chose. Car l'empathie est au coeur même de la présentation de Grace.

Le roman débute donc dans un monastère mais, très vite, tout va paraître beaucoup plus complexe que ce qu'on pouvait imaginer et, sans trop en dire, l'auteur sait nous surprendre et nous entraîner très loin dans des réflexions qui n'ont plus rien à voir avec le postulat de départ. D'ailleurs, il sait aussi nous perdre et nous faire oublier le début pour nous entraîner dans d'autres sujets.

Il convient de ne pas trop en dire pour vous préserver le suspense mais l'auteur sait jouer avec nos nerfs, avec nos certitudes et avec ce que l'on croit savoir sur le monde pour nous faire réfléchir sur nos comportements, sur nos attitudes et sur notre vie. Autant dire que l'on ne ressort pas de ce roman tout à fait indemnes.

Côté style, on se retrouve une nouvelle fois dans une écriture totalement addictive par laquelle on a envie de faire traîner mais sans vraiment y arriver. L'auteur sait vulgariser des théories complexes et sait nous immerger dans des sujets qui pourraient faire peur. Tout ça pour une enquête qui n'est finalement qu'un prétexte à une thématique beaucoup plus vaste.


En conclusion...

Quelle joie d'avoir enfin pu lire ce roman qui attendait patiemment dans ma pal ! Quel bonheur que de retrouver cette ambiance forte que sait nous offrir l'auteur. Quelle force que cette enquête macabre dont les pires descriptions ne seront rien face à ce que nous réserve l'auteur dans les questionnements qu'il nous impose. Une vraie réussite !

Un coup de coeur comme je les aime. Hâte de lire le roman suivant de l'auteur.

mardi 29 mars 2022

Patagonia - Christophe Masson

Patagonia 

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 01 juillet 2017

pages : 240

prix : 17€


Résumé éditeur

Argentine, 1995. Louis, journaliste free-lance, débarque à Buenos Aires afin d’écrire un article sur l’attentat qui, un an plus tôt, a détruit la Mutuelle juive et fait 85 victimes. Ses investigations le mènent en Patagonie, où il trouve la mort dans un accident de bus...


Pourquoi ce livre ?

Nouvelle lecture d'un auteur spécialisé dans le roman de voyage nous entraînant toujours à l'autre bout du monde et dans des intrigues prenantes.


De quoi est-il question ?

En 1995, Louis est un jeune journaliste français passionné par son métier et n'hésitant pas à aller se confronter aux réalités du monde. Son but ? Eveiller les esprits sur les sujets qui fâchent mais aussi prendre à cour les conditions de vie des locaux et ne pas hésiter à prendre de plein fouet la misère omniprésente.

Mais un accident de bus le fait porter disparu, au grand damne de sa famille, et surtout de son frère, restés en France. Nul ne savait qu'il comptait enquêter sur cet attentat survenu l'année précédente, ayant causé de nombreux morts et restant à vif dans tous les esprits. C'est pourquoi, 20 ans plus tard, ce frère qui ne s'est jamais vraiment remis de l'épreuve, part en Argentine pour trouver des réponses.

Tout au long de l'Argentine, Victor va faire des rencontres étonnantes et suivre un périple tant physique que personnel, à travers un pays et à travers sa propre histoire pour raviver la mémoire de son frère et comprendre ce qui lui sera arrivé. Mais à travers la violence et les doutes, c'est une vérité plus terrible qu'il devra affronter...


Du côté de la forme...

L'Argentine n'est pas forcément le pays du monde qui me vend le plus de rêve mais l'intrigue m'inspirait et c'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans cette histoire. Finalement, c'est un pays riche et un monde à l'opposé du nôtre que j'ai découvert.

Ce roman commence à une époque à la fois proche et éloignée de la nôtre : les années 1990. Pas si vieux mais, à la fois, qui ne connaissait pas encore toute la modernité technologique et, surtout, la vie avec internet. Qui plus est dans un pays où beaucoup de personnes touchent à la pauvreté absolu, ce roman nous présente un autre monde qui compte et qu'il convient de rappeler.

Avec le bond de 20 ans en avant et la quête d'un frère, il s'agit pour le lecteur de suivre les codes d'une enquête et d'une intrigue familiale. Car si Victor va chercher à comprendre ce qui est arrivé à son frère, le tout se présente un peu comme un polar et une aventure aux multiples rebondissements. Efficace et plutôt addictif car la soif de réponses est omniprésente.

Victor est un personnage à la fois étonnant et que l'on apprécie sans mal. Il est le regard de l'occidental sur un monde qui lui est inconnu et c'est sans nous ménager que l'auteur nous invite à découvrir la misère, la crasse, la pauvreté et la violence. De quoi mettre à mal le lecteur parfois mais, le sortant de sa zone de confort, de manière essentielle.

Le jeu entre le réel et la fiction est bien mené. L'attentat présenté au début de l'ouvrage étant réel et toute l'histoire qui en découle pouvant tout à fait faire valoir quelque chose de vrai. Mais ce roman est aussi un roman sur l'humanité et sur les gens, un roman sur la place de la femme et sur la position des êtres les plus mal lotis de la planète.

C'est toujours un profond plaisir de retrouver l'écriture franche et directe d'un auteur qui sait nous emmener à l'autre bout du monde. Ici, il nous invite à la découverte d'un pays que nous connaissons tous mais qui semble si éloigné, dont nous ne savons pas grand-chose et qui pourtant regorge d'histoire, de secrets et de malversations.


En conclusion...

Voici un roman aux frontières du polar qui se lit d'une traite, qui nous fait voyager et qui sait nous toucher tant dans sa part de réel que dans son intrigue familiale, par le biais d'un frère. Car si l'émotion des relations familiales ne sont pas développée à outrance, elle est présente et forte malgré tout ce qui apporte un plus au roman.

Un nouveau roman efficace d'un auteur qui maîtrise sa thématique et sait nous embarquer dans un autre monde et à travers une histoire qui fonctionne.

lundi 28 mars 2022

Idol - Thierry Berlanda

  

Infos sur le livre

éditions : M+

date de publication : 24-03-2022

pages : 310

prix : 19€


Résumé éditeur

A la sortie de son  concert au Zénith de Paris, Pete Locust embarque une prostituée cubaine. La vie flamboyante de la Rockstar va alors dérailler...  Sauvagement agressé dans l'appartement loué par son agent, Locust devra  compter sur Dodeman, lieutenant de police lancé sur la piste d'un improbable suspect. Dans ce thriller particulièrement sauvage, les chapitres défilent au rythme rapide d'une enquête déroutante, parmi les monstres qui peuplent les enfers  de Locust et jettent une lumière aveuglante sur l'aspect le plus troublant de la nature humaine.


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions M+ pour la découverte de ce nouveau roman d'un auteur que j'avais hâte de retrouver dans cette nouvelle aventure.


De quoi est-il question ?

Pete Locust est une star internationale du rock. Adulé par le public, par les médias et par ses pairs, sa venue en France sonne comme un événement retentissant et les fans se bousculent pour assister à ce qui pourrait être sa tournée d'adieux. Et le fait est que le concert est un succès, dans une ambiance rock sans précédant dans le milieu musical.

N'écoutant que lui, c'est sans scrupule que Locust décide après le concert de finir la soirée seul. Enfin, seul, pas tout à fait. Il récupère sur le trottoir une prostituée à qui il propose de passer la nuit avec lui, ce qu'elle acceptera. Mais, commanditée par un maquereau bien décidé à garder la jeune femme pour lui, elle n'aura d'autre choix que de se laisser battre et de ramener l'homme drogué dans la chambre de luxe.

Quelques heures plus tard, Locust et la jeune femme sont retrouvés morts sur le sol de la chambre d'hôtel. Et si l'affaire semble couler de source, Dodeman, flic borderline, reste convaincu qu'il y a autre chose. Surtout quand l'avocate du principal suspect disparaît. Son enquête le mènera au plus loin de secrets bien gardés et au plus proche des limites de son esprit.


Du côté de la forme...

Thierry Berlanda est de ces auteurs qui maîtrisent le genre du polar comme personne et qui savent renouveler leurs intrigues et leurs sujets avec toujours la même vigueur, la même passion et la même force. J'avais donc hâte de découvrir le petit nouveau.

Plongée cette fois dans l'univers de la musique rock, un monde que je ne connais que peu mais qui est porteur de mystères et d'intrigues. Car ici, l'auteur mêle avec brio le milieu du show-biz, celui de la politique (un peu), celui de la police française, celui de la drogue et de la violence ainsi que les prémices de la folie.

Locust est le genre de personnage dont on ne sait trop que penser, dans un univers que l'on ne comprend pas forcément. Un milieu à l'opposé de celui de la violence que l'auteur nous décrit sans nous préserver. Les coups, l'horreur, l'agression mentale... tout y est. Le lecteur se sent alors étouffé, pris aux tripes, aux sentiments mêlés de vouloir plonger dans le roman de vouloir fuir cet enfer.

L'assassinat de Locust et de la prostituée, prémices de l'enquête, semble nous mener au coeur d'un polar classique mais, très vite, l'auteur joue avec les codes du polar judiciaire en nous mettant face aux lois et aux missions de la justice. D'ailleurs, l'avocate semble au départ avoir la même importance que le flic jusqu'à sa disparition.

Dès lors, l'intrigue devient plus sombre encore avec un flic pris aux tripes et directement confronté dans sa vie à l'enquête en cours. D'autant que celui-ci semble peu à peu perdre pied au grand damne du lecteur qui ne sait plus s'il doit suivre la pensée du personnage principal ou avoir un esprit plus éloigné et, à l'image de tous, décider que Dodeman est fou.

C'est une nouvelle fois avec le plus grand plaisir que j'ai retrouvé l'écriture si fine et si puissante d'un auteur qui sait nous plonger dans ses intrigues, nous faire cogiter mais aussi nous inspirer sur l'état de notre monde et sur l'humanité en général. Cette fois il a su m'immerger dans un univers passionnant et dans une intrigue rockement addictive.


En conclusion...

Voici un roman que j'ai débuté sans appréhension mais qui a su m'accrocher sans que je ne puisse m'en détacher, plus encore que ce que j'espérais. Voici un roman qui a su m'imprégner dans le rock et dans une intrigue très efficace. Un roman qui nous fait ressentir les odeurs de crasse, de sang, de violence, de drogue et de mort. Un énorme coup de coeur qui fait du bien.

lundi 21 février 2022

Interview choc et sans filtre - Christophe Gironde (libraire, Nos Racines d'Auvergne)


 Je n’ai plus de temps à perdre 
avec ceux qui « jouent aux auteurs ».


Quel est l’historique de la librairie ?

Nous avons ouvert le 2 mai 2010. A l’époque, le but était de proposer une librairie régionaliste couplée à une librairie généalogique.

Vers 2015, nous avons progressivement évolué vers une volonté de promouvoir les « littératures en Auvergne ». Il s’agissait de valoriser autant les littératures sur l’Auvergne que les auteurs de la région écrivant sur des sujets plus généralistes.

Ainsi, la partie « généalogie » s’est peu à peu et progressivement estompée.

Pour autant, nous avons souhaité conserver une constante, celle des rencontres-dédicaces. En 12 ans, nous avons organisé plus de 700 rencontres/dédicaces.

La volonté première a toujours été de créer un lien entre le lecteur et l’auteur en valorisant tous les auteurs quelque soit leur mode d’édition (autoédition, compte d’auteur, compte d’éditeur) et leur qualité éditoriale. 

Tous les auteurs ont toujours été reçus et accueillis avec la même considération qu’ils soient connus ou non. Ainsi, la librairie était la photographie d’une époque pour une région riche en culture, en patrimoine et en histoire.

Le quotidien « La Montagne » nous suit depuis une dizaine d’années en proposant aux auteurs invités des interviews leur permettant de présenter leur ouvrage au lectorat.

En parallèle, nous avons organisé plus de 80 expositions mettant en valeur des artistes locaux mais cette activité a peu à peu pris fin, faute de temps et de place.

Comme tant d’autres entreprises, nous avons connu un ralentissement dû à la crise sanitaire ce qui nous a empêché de fêter les 10 ans de la librairie en 2020.


Justement, quel impact a eu la crise sanitaire sur l’activité de la librairie ?

La crise sanitaire a engendré une réflexion sur le travail de dix ans ainsi qu’une rétrospective sur notre histoire. Elle a également provoqué un souci de faire évoluer la librairie et son image aux yeux du public. Il s’agissait d’étudier comment évoluer tout en nous imposant une remise en question sur ce qui était à conserver, à changer et/ou à supprimer dans notre activité.

En avril 2021, la librairie a proposé dans son planning tout un mois consacré aux jeunes auteurs dans le cadre des dédicaces. Un point de rupture qui nous a conduit en septembre à faire le choix de mettre en avant les jeunes auteurs (moins de 30 ans) tant dans le planning des dédicaces que dans les rayonnages de la librairie.

En effet, un constat a été fait avec la crise selon lequel, avant, jusqu’à la fin des années 2010, le profil des auteurs en région correspondait essentiellement à des hommes de plus de 70 ans davantage ancrés dans un créneau de littérature de terroir. Depuis 5 ans environ, un phénomène nouveau a vu le jour avec une nouvelle génération d’auteurs, plus nombreux qu’avant et comprenant une majorité de femmes plus jeunes et prenant part aux littératures de l’imaginaire.

Parmi ces jeunes auteurs, nous pouvons notamment citer Simon Berger publié chez Gallimard, Arthur Nesnidal publié chez Julliard ou encore Cécile Coulon publiée chez L’iconoclaste. Ils sont en partie les nouveaux auteurs emblématiques de la littérature blanche édités dans des maisons d’édition importantes et nationales.

La librairie souhaite donc s’adapter à cette évolution notable et, en tant que libraire, je suis heureux de ce tournant. Le but n’est pas de dénigrer le terroir faisant intégralement partie du paysage éditorial français mais de promouvoir une génération de nouveaux auteurs. Cette génération amènera donc une continuité au sein de la littérature en région, cette génération montante apportant un vrai avenir pour la littérature en Auvergne.

Tout en ayant à coeur de poursuivre l’idée d’une valorisation d’un territoire, nous souhaitons dépoussiérer l’image de la province par rapport au regard parisien.

L’image de la librairie a su changer/évoluer tout en préservant le cadre convivial d’une librairie accueillante tout en apportant une image plus moderne en renouvelant le mobilier et en réorganisant l’agencement de la structure.


Quel avenir envisagez-vous pour la librairie ?

Nous souhaitons continuer à modifier l’agencement de la librairie dans l’objectif de rendre le lieu encore plus convivial et dans un esprit cocooning.

Concernant les auteurs, nous avons fait le constat que la marque de fabrique de la librairie est intimement liée aux dédicaces hebdomadaires attendues et reconnues. Pour preuve, sur environ 40 dates possibles par an, plus de 200 demandes sont faites soit par les auteurs eux-mêmes soit par leurs éditeurs. Nous sommes donc aujourd’hui dans l’obligation de faire des choix, une situation nouvelle mais allant en s’accroissant. Celle-ci se couple avec l’idée de professionnaliser le traitement des demandes et de modifier les critères de sélection des auteurs. En ce sens qu’il y a de plus en plus d’auteurs, nous avons aujourd’hui la possibilité de faire une sélection plus drastique parmi les auteurs que nous souhaitons accueillir afin de proposer aux lecteurs un choix de plus en plus qualitatif.

La notoriété de la librairie s’est accrue ces dernières années notamment grâce aux prix littéraires rattachés qui ont su évoluer et s’adapter à cette nouvelle génération d’auteurs mais également grâce aux conférences que je mène sur Clermont-Ferrand et qui attirent un public de plus en plus important.

La couverture médiatique de la librairie s’est elle aussi décuplée par le biais du quotidien La Montagne et de la presse régionale.


Une phrase pour résumer cette évolution ?

En tant que professionnel, je n’ai plus de temps à perdre avec ceux qui « jouent aux auteurs » et préfère désormais consacrer mon temps et mon énergie aux écrivains méritants tant d’un point de vue littéraire que d’un point de vue humain.

dimanche 23 janvier 2022

Le fugitif d'Ansabère - Thibaut Bertrand

Le fugitif d'Ansabère par Bertrand

Infos sur le livre

éditions : Gypaète

date de publication : 15-11-2019

pages : 210

prix : 14,90€


Résumé éditeur

Dans un coin reculé des Pyrénées béarnaises, au début des années vingt, un berger est découvert mort en pleine montagne et son apprenti a disparu. L'équipe partie à sa recherche se retrouve entraînée dans une course-poursuite trépidante où les différents personnages devront s'adapter au milieu particulier de la hâte montagne.
Le fugitif d'Ansabère est un roman à suspense qui vous fera découvrir les joyaux du cirque de Lescun à un rythme enivrant.


Pourquoi ce livre ?

Toujours avide de découvrir de nouveaux auteurs et romans régionaux, je me suis laissée tenter par ce titre lors de mes dernières vacances au coeur des Pyrénées.


De quoi est-il question ?

Nous voici au début du siècle dernier, au coeur des Hautes Pyrénées, dans un monde où la vie des bergers était une vie de reclus pendant de longs mois mais aussi une vie faite de tous les dangers et de toutes les solitudes. André est de ceux-là même s'il accepte volontiers la présence de son voisin Jean-Baptiste ou de son apprenti Lucien.

Quand André est découvert mortellement blessé, Lucien ayant disparu, une enquête se met en place dans la petite vallée. Car tout porte à croire que l'apprenti serait coupable bien que quelques irréductibles souhaitent croire en son innocence. Tout porte à croire à une bagarre qui aurait mal tourné mais quel serait le mobile ?

Seule Clémence, jeune femme au grand coeur et amoureuse de Lucien veut que les recherches aillent dans un autre sens tendis que, dans le même temps, le coupable se cache dans les montagnes, traqué sans relâche, affamé et terrifié. Car comment assumer sa faute face à la colère des autorités ? Comment se protéger de la colère qui gronde et de la menace ambiante ?



Du côté de la forme...

Si le roman régional n'a que peu de secrets pour moi, je dois bien avouer que je connais moins les auteurs du sud-ouest ce qui constitue un manquement que je souhaiterais pouvoir combler peu à peu. Fans des Pyrénées, j'ai donc profité de l'occasion.

L'auteur nous entraîne ici en plein coeur de la montagne en une époque où la modernité n'existe pas et où tout tourne autour de la puissance du climat et de la montagne. De quoi s'imprégner de cette histoire autre que celle que je connais, la vie des bergers qui, non contents d'avoir la contrainte des bêtes, avait aussi celle d'un isolement complet les mois d'hiver.

Nous nous plongeons donc à la fois dans la vie de ces hommes tout en nous émerveillant de la beauté des décors choisis. Car comment ne pas être séduit par les hauteurs enneigées, par le silence omniprésent et par la grandeur de la montagne. Comment ne pas être effrayé par cette solitude et ce travail de tous les instants ?

Au milieu de tout ça, va se mettre en place une intrigue policière pour retrouver le meurtrier d'un vieux berger aimé de tous. Car son apprenti, non content d'avoir disparu, n'est également pas vu d'un très bon oeil en ville. Et si le lecteur comprendra aisément de quoi il retourne au final de cette, ce n'est guère là le principal. La fin est évidente, oui, mais ce n'est pas pour la surprise qu'on se laisse porter par l'enquête.

La montagne forme une sorte de huis-clos où le silence et la neige sont étouffants. L'action est menée de telle manière que l'auteur sait jouer sur les mots pour nous faire douter de tout ce qu'il se passe au fil de l'histoire pour nous inviter à la relire une fois la réponse donnée pour tout relire avec un autre regard. Le genre de style que j'apprécie tout particulièrement.

L'auteur aime ses montagnes et l'histoire de sa région. Autant dire que cela se ressent tout au long du roman et si le lecteur ne connaît pas les Pyrénées avant, il n'aura qu'envie de les découvrir après. S'il les connais, il aimera se projeter dans le passé pour imaginer la vie de terroir dans un univers bien différent de celui qui fait son quotidien. Les locaux apprécieront ce petit voyage dans le temps.


En conclusion...

Voici un roman dans lequel je me suis totalement laissée embarquée, un roman qui a su me toucher par son style poétique et qui a su me faire douter au fil d'une enquête certes prévisible mais tout de même digne de ce nom. Voici un polar régional différent de tout ce que l'on connaît et qui m'a fait connaître autrement une région que j'aime déjà beaucoup.
Je serai ravie de lire d'autres romans de l'auteur dès que j'en aurai l'occasion.

Peter Pan - Simon Rousseau

  

Infos sur le livre

éditions : ADA

date de publication : 10-06-2017

pages : 232

prix : 10€


Résumé éditeur

Une vague de drogués se jetant du haut d'immeubles, croyant pouvoir voler. La disparition d'une jeune femme, Wendy Gauthier, et de ses deux frères délinquants, évadés de leur pénitencier pour mineurs. Une île perdue dans la forêt boréale, habitée par une communauté déjantée et leur leader sans âge. Une baronne du crime nymphomane et amoureuse des bijoux en forme de clochettes. Un enquêteur médisant dépourvu de sa main droite, dévorée par un cannibale qui hante encore ses nuits. 
Oserez-vous plonger dans la réécriture la plus sombre et jamais imaginée du conte Peter Pan ?


Pourquoi ce livre ?

Passionnée de cette collection, j'étais curieuse de découvrir la version Peter Pan quand on sait à quel point le texte d'origine est déjà terrible.


De quoi est-il question ?

Hook est inspecteur de police à la retraite. Bien que n'exerçant plus, il aime à se rendre régulièrement sur des scènes de crime pour ne pas perdre la main. Quand ses pas le mènent jusqu'au corps d'un tout jeune homme s'étant suicidé en se jetant du haut d'un immeuble, l'effroi le prend face à l'horreur. D'autant que, dans la foulée, une de ses anciennes conquêtes le contacte, lui affirmant que ses enfants ont disparu.

Pensionnaires d'un foyer pour jeunes délinquants, Mickaël et Jean-Philippe ainsi que leur grande soeur Wendy ont disparu quelques jours plus tôt. Nina, leur mère adoptive, prête à tout pour les retrouver, engage Hook qui ne se doute pas que son enquête le mènera au plus profond de l'horreur. Car c'est un univers de drogue, de délabrement et de déchéance qu'il s'apprête à infiltrer.

Car dans les tréfonds du Québec, il est une femme nymphomane prête à tout pour faire valoir sa supériorité et un garçon refusant de grandir prêt à tout pour garder ses jeunes victimes à Neverland. Car l'enfer est parfois sur Terre et les douleurs du passé inguérissables peuvent mener aux pires atrocités, d'autant plus quand une jeune femme est bien décidée à ne pas se laisser faire...


Du côté de la forme...

Peter Pan est, sinon une histoire que j'apprécie, en tout cas une histoire qui m'intrigue et qui laisse la porte ouverte à de multiples possibilités. J'étais donc curieuse de découvrir la version "Conte interdit" promettant une belle dose de violence.

Surprenant que ce roman présente Hook, qui d'habitude est le méchant, comme le policier sinon gentil au moins honnête et fiable. Pour autant, son seul nom laisse présager de son caractère et de ses blessures, ce qui se confirmera au fil du roman. Et si on sait qu'il n'y aura nul fantastique dans l'intrigue, on sait que tout ira loin, très loin.

Bienvenue dans un univers glauque et terrible de drogue, de sexe et de violence où la confiance n'existe plus et où le sang règne en maître. Car dans ces tréfonds, tout devient possible et l'horreur est omniprésente. Comment ne pas prendre envie de vomir face à certaines scène de violence extrême et relations contre nature.

Il faut reconnaître ici la capacité de l'auteur à mettre en valeur le conte d'origine dans une parfaite réécriture : tous les personnages réapparaissent en gardant leurs caractéristiques mais tout trouve également une explication sinon sensée au moins claire. Car tout trouve sa source dans l'enfance et dans le passé, dans l'horreur vécu et répercutée des années plus tard.

Si l'enquête est assez vite résolue, prenant en question les idées d'enlèvement et de drogue, l'auteur sait multiplier les rebondissements pour que tout n'arrive pas trop vite. Alternant les scènes de violence et les scènes de recherche, il parvient à berner le lecteur qui, parfois, bien que sachant où il se trouve, finit par se faire avoir.

L'auteur sait mêler les genres du polar et du gore pour nous offrir un roman efficace. On s'attache à Hook ainsi qu'aux enfants et on parvient même à prendre en pitié les monstres. De quoi nous rappeler qu'il convient de ne jamais juger sans véritablement savoir l'histoire d'une personne. Il sait mêler le genre du huis-clos et celui de l'emprise pour aller de plus en plus loin jusqu'à un final retentissant.


En conclusion...

Voici un roman que j'avais hâte de pouvoir lire et qui a su me satisfaire. En effet, quoi de plus logique que de voir Peter Pan que comme un éternel drogué à l'enfance brisée rongé par l'horreur et le besoin de violence ? C'est ce que l'auteur montre ici, sans fantastique mais avec la portée que peut avoir l'influence sur les plus fragiles. Et si les monstres pouvaient avoir du coeur face à la profonde maladie mentale ?

Un roman où il faut avoir le coeur bien accroché mais qui devrait plaire aux fans de la collection.

Puy-de-Dôme, carnet d'aquarelles - Sarah Leïla Roux

  

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 20-11-2021

pages : 48

prix : 16€


Résumé éditeur


Pourquoi ce livre ?

Quel plaisir de tenir entre ses mains un livre dont on est l'attachée de presse et dont on a vu l'avancée du travail au fil des planches...


Mon avis...

Le Puy-de-Dôme, magnifique département du centre de la France qui regroupe tant de superbes villages, tant de lieux historiques et tant de pépites de patrimoine. Et au coeur du département, Clermont-Ferrand préfecture à taille humaine qui au-delà de la seule regorge de tant de lieux cachés et précieux comme une plongée dans l'histoire.

Du sommet du puy-de-dôme au coeur de Clermont en passant par les petits villages d'Usson ou de Montpeyroux, par le biais d'aquarelles tableaux énigmatiques, Sarah Roux nous entraîne dans sa région en nous en offrant les plus belles vues à travers son regard. Car ces lieux que nous voyons tous les jours, elle souhaite nous les faire redécouvrir.

Par des couleurs et un trait superbe, l'illustratrice nous donne le sentiment de redécouvrir une région que nous ne voyons plus, invite le touriste à se rappeler de tous ces lieux qu'il aura vu et amène celui qui ne connait pas l'Auvergne à la visiter par des planches avant d'y venir en personne pour revoir "en vrai" des lieux emprunts d'une magie naturelle.

Bien que n'étant pas spécialiste de l'art graphique, je peux dire sans mal que coup de pinceau de Sarah est assez exceptionnel et offre des planches superbes agrémentées de texte à la fois descriptifs et poétiques pour nous en apprendre un peu plus sur des lieux méconnus. Mêlant la géographie, l'histoire et la légende, cet ouvrage se présente comme un bout d'Auvergne à avoir avec soi.


En conclusion...

Je suis ravie de compter dans ma bibliothèque ce superbe ouvrage plein de douceur nous offrant un bout d'Auvergne autrement. Chaque planche est une découverte ou une redécouverte d'un lieu plus ou moins vaste. A l'image d'un livre de voyage, cet ouvrage nous montre que l'exceptionnel peut se trouver à deux pas de chez soi.

Un très beau livre pour les collectionneurs.

Sous l'eau - Marie Pimont

  

Infos sur le livre

éditions : Auto édition

date de publication : 14 avril 2021

pages : 184

prix : 9,99€


Résumé éditeur

Enfermée dans cet étrange endroit, elle mène l'enquête. Se liant d'amitié avec deux garçons, les découvertes sont de plus en plus incroyables.

Acceptera-t-elle son destin dans cette prison dorée ?


Pourquoi ce livre ?

Craquage de la dernière foire du livre de Brive dans mon optique de toujours découvrir un nouvel auteur et, de préférence, un auteur à faire connaître d'une petite maison ou en auto édition.


De quoi est-il question ?

Gabrielle est une jeune adolescente dont les principales préoccupations devraient être ses études, ses amitiés et ses amours. Mais Gabrielle vit recluse avec d'autres jeunes de son âge dans un sous-marin sans aucun souvenir de son passé et sans aucune perspective d'avenir si ce n'est celle de travailler chaque jour pour un but inconnu sans possibilité de parler aux autres.

Si ceux qui l'entourent semblent se satisfaire de cette situation, Gabrielle sent qu'il lui manque quelque chose, son passé lui manque et elle souhaiterait comprendre. Elle va alors se tisser d'amitié avec Jimmy, un ado au fort caractère bien décidé à s'évader de cette prison. Le hasard la mènera aussi à rencontrer Ben, un garçon aussi attirant qu'énigmatique qui semble ne pas tout dire mais veut aussi s'évader.

Ensemble, les trois jeunes vont tout tenter pour comprendre ce qu'il se passe, pour retrouver les souvenirs de leurs passés et pour tenter de s'échapper d'une situation impossible. Car si un virus a décimé la Terre, pourquoi la vie ne pourrait-elle pas y revenir ? Si tout le monde est mort, comment les survivants pourraient-ils tout recommencer de zéro là où le virus aura peut-être disparu...


Du côté de la forme...

Les salons sont les lieux parfaits pour aller à la découverte d'auteurs ayant fait le choix du compte d'auteur, voire de l'auto édition. Après une chouette conversation avec l'auteure, j'ai décidé de me laisser tenter par son roman sans trop savoir à quoi m'attendre.

Il faut avouer que lire en ce moment un roman où un virus aurait anéanti la Terre... peut mieux faire. Mais n'étant pas de ceux qui se projettent outre mesure, c'est en toute ingénuité que je me suis plongée dans ce roman. Et il faut avouer que le virus, bien que central, n'est pas excessivement présent au profit d'une histoire de rencontres et de courage pour la quête de liberté.

Gabrielle est une jeune fille qui m'a beaucoup touchée, de même que Jimmy et Ben, même si je dois avouer avoir été parfois agacée par leurs attitudes, leurs sorties et leur caractère individualiste. Mais cela étant, nous sommes là face à des jeunes et les attitudes sont proprement celles d'adolescents, d'autant plus d'adolescents en situation de stress.

On se laisse assez vite prendre à cette histoire en tentant de comprendre de quoi il retourne mais sans vraiment trouver de réponse. La fin semble évidente quand on la connaît mais bien malin celui qui la devinera. L'auteure sait donc entraîner le jeune dans son histoire, l'imprégner de l'intrigue et lui offrir des rebondissements qui fonctionnent.

Malheureusement, j'ai trouvé que tout allait un peu trop vite. Les situations s'enchaînent sans que l'on ne comprenne vraiment comment et tout semble un peu trop facile pour les personnages qui, s'ils se querelles pour des broutilles, n'auront jamais à faire face à de très grosses difficultés de choix ou de jugement. Dommage car il y avait largement le potentiel. Parfait cependant pour les jeunes pas trop lecteurs.

Le style de l'auteure reste un style simple qui saura satisfaire les jeunes et les pré ado mais qui ne m'a peut-être pas suffit. Le mystère est bien mené mais le tout manque de descriptions et de développement. Se représenter un peu plus le sous-marin, la rencontre avec Jimmy et le choix de s'enfuir auraient été un vrai plus. Ici, tout semble trop facile. Dommage.


En conclusion...

Voici un roman qui reste une jolie découverte pour de l'auto édition et qui saura sans doute toucher les jeunes lecteurs avides de romans rapides où tout va à l'essentiel. Pour ma part, il m'a manqué quelque chose et j'aurais apprécié une histoire plus longue et plus développée. Je me suis toutefois laissée embarquer dans l'histoire que j'ai trouvé agréable avec un huis-clos appréciable.

Je n'hésiterai pas à lire d'autres romans de l'auteur à l'occasion.

Agence Lovecraft, Le mal par le mal - Jean-Luc Marcastel

  

Infos sur le livre

éditions : Gulfstream

date de publication : 09-09-2021

pages : 178

prix : 15€


Résumé éditeur

D'implacables adversaires ont pris en chasse Ryan, Marie et Sergueï. Ces trois adolescents ne se connaissent pas, mais ont un point commun : tous trois possèdent des pouvoirs littéralement effrayants. Des pouvoirs hérités de monstres qui dorment depuis des millénaires et qui sont en train de se réveiller. Heureusement, Ryan, Marie et Sergueï sont aidés dans leur fuite par une jeune fille travaillant pour un mystérieux groupe : l'Agence Lovecraft. Ils apprennent alors que la Terre est menacée et qu'ils représentent le dernier rempart contre des forces maléfiques. Ryan, Marie et Sergueï accepteront-ils de livrer le combat le moment venu.


Pourquoi ce livre ?

Un nouveau roman de Jean-Luc Marcastel a toutes les chances d'arriver très vite dans ma PAL et celui-ci n'a pas fait exception d'autant plus avec cette couverture magnifique et ce sujet attractif.


De quoi est-il question ?

Ryan et son frère Jonathan tentent de fuir leur famille d'adoption depuis la mort de leurs parents, Marie court à travers les rues de Paris pour échapper à de mystérieux poursuivants, Sergueï veut à tout prix s'échapper de l'hôpital où il passent pour fou depuis qu'un autre être s'immisce régulièrement dans son corps. Tous ne se sentent plus à leur place et veulent des réponses aux mystères qui les entourent.

Seuls au monde et tentant par tous les moyens d'échapper à leurs assaillants, ils ne comprendront pas être dotés de dons étranges qui les rend plus puissants que le commun des mortels. Ce sont ces dons qui sont convoités par des êtres sans scrupule jusqu'à ce que les jeunes rencontrent une étrange jeune fille qui leur fera connaître l'agence Lovecraft, une société qui pourra leur apporter toutes les réponses.

Mais le temps n'est ni aux explications ni au repos. Bien au contraire. Car un combat se prépare, un combat pour lesquels les jeunes ne sont pas prêts mais qui leur fera découvrir tous les mystères du monde et de l'univers, un combat qui leur fera découvrir leurs propres dons et qui ils sont vraiment bien que le choix d'en faire le bien ou le mal leur reviendra. L'heure du choix sera venue pour eux dès lors.


Du côté de la forme...

Bien que n'ayant jamais lu l'oeuvre de Lovecraft, j'étais très curieuse de découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis avec soin. Ayant envie d'une lecture rapide et efficace, je me suis donc laissée tenter et je n'ai pas à le regretter.

Séparément, nous allons découvrir trois jeunes que tout oppose mais qu'en même temps un secret lié au monde rapproche. L'auteur nous embarque aux Etats-Unis, en France et en Russie pour nous faire découvrir des jeunes aux histoires complexes qui ne se sentent pas à l'aise dans leurs propres vies mais qui sont des êtres d'exception. De quoi redonner espoir aux jeunes qui ne se sentent bien dans le monde.

Soyons clairs, ce roman est un roman de mise en place. De ces romans où il faut du temps pour apprendre à connaître les personnages mais aussi les tenants et aboutissants de l'intrigue qui se prépare. En début de roman, bien que l'action soit présente, le lecteur est donc davantage confronté à des histoires individuelles qu'à une intrigue dans son ensemble. Essentiel pour mieux s'attacher à chacun.

L'auteur sait nous offrir des personnages à la fois très différents, aux caractères forts mais aussi très proches dans leurs vécus. Il sait nous les faire aimer en un temps record mais sait aussi jouer avec les nerfs du lecteur en jouant sur le mystère et l'inconnu. Il faudra notamment du temps pour savoir, ou du moins comprendre un peu, ce que les jeunes fuient et le mystère est toujours plus efficace que de savoir.

Ne connaissant pas l'univers de Lovecraft, je ne saurais dire ce qu'il en est de la réécriture et de la référence mais je veux volontiers croire que l'auteur sait user des mêmes codes que le maître, notamment dans sa façon de présenter les monstres et le monde. Car on imprègne ici un univers fantastique à l'image de la littérature classique et on découvre combien la science est maîtresse dans l'imaginaire.

C'est en tout cas avec plaisir que l'on retrouve une nouvelle dans ce roman la plume à la fois précise et barrée d'un auteur qui sait nous embarquer dans ses univers. L'imaginaire, l'aventure et l'émotion trouvent chacune leur place autour d'adolescents qui nous touchent. Les prémices du fantastique sont là avec cette juste nuance entre rêve et réalité. Traditionnel, efficace et un peu hors de contrôle.


En conclusion...

Voici un roman qui me tentait beaucoup et qui forme un très bon début à une longue aventure. Même s'il ne s'agit ici qu'un début, ce premier tome laisse en effet présager une suite haute en couleurs et pleine de rebondissements. Les personnages sont attachants mais on souhaite en apprendre plus sur eux et sur leurs pouvoirs. La magie est omniprésente mais discrète, de quoi avoir envie d'en savoir plus sur l'univers où tout pourrait changer.

Un roman à conseiller à tous les amateurs du genre et à tous les non initiés pour leur faire découvrir ces univers. Vivement le tome 2.

Cet escape game est une vraie tuerie - Arthur Ténor

  

Infos sur le livre

éditions : Scrineo

date de publication : 21-10-2021

pages : 304

prix : 12,90€


Résumé éditeur

Dans une petite ville, 5 adolescents Aristide, Charlotte, Valentin, Esther et Cédric, ont envie de rompre avec la monotonie de leur existence de collégiens. Ils acceptent de tester la nouvelle version d'un escape game réputé dans le parc d'un château voisin. Le marché : le jeu est gratuit à condition qu'aucun des 5 n'abandonne en route. Le lieu est impressionnant, planté à côté d'un petit cimetière. Ils sont accueillis par une réplique plus vraie que nature du conte Dracula et commencent le parcours dans cette maison qui rassemble toutes les facettes de l'horreur... Ils devront résoudre les énigmes et déjouer les pièges tendus par des personnages échappés des pires cauchemars, des morts vivants à Frankeinstein... Mais une présence surnaturelle hante les lieux... Quelles seront leurs surprises jusqu'au twist final.


Pourquoi ce livre ?

Quelle joie d'avoir pu acquérir en avant-première au dernier salon de Royat ce nouveau roman d'un auteur que je suis les yeux fermés.


De quoi est-il question ?

Aristide est un adolescent qui rêve d'aventure. Avec son meilleur ami Valentin, ils recrutent d'autres jeunes de leur classe pour participer à un tout nouvel escape game dans un manoir proche de chez eux où il convient d'être cinq. C'est ainsi que Cédric, Charlotte et Esther les rejoignent car il faut bien respecté la parité et toutes les personnalités.

Malheureusement, très vite, les cinq jeunes comprennent qu'ils sont loin d'avoir les moyens de s'offrir cette aventure. Ils pourront y accéder gratuitement s'ils s'engagent à tester une toute nouvelle version que personne ne connaît encore. Entre un maître des lieux ressemblant à s'y méprendre au comte Dracula et un cimetière tout proche qui n'est pas pour être rassurant, les jeunes acceptent.

Mais très vite, ce qui ne devait être qu'un jeu et un moyen de passer un bon moment devient beaucoup plus immersif que tout ce qu'ils avaient pu imaginer. Car dans ce manoir, les jeunes retrouveront les univers de tous les films d'horreur qu'ils connaissent et devront les revivre pour se sortir eux-mêmes de l'enfer. Aux portes de la folie, le groupe devra affronter des forces maléfiques s'ils veulent espérer survivre...


Du côté de la forme...

Ayant beaucoup apprécié les premiers romans d'horreur de la collection, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans celui-ci traitant d'une mode faisant fureur et doté d'une couverture qui ne pouvait que m'attirer et d'un univers efficace à tous les coups.

Je n'ai jamais participé à un escape game mais le concept me plaît et j'étais donc curieuse de voir comment ce divertissement pouvait être tourné au format roman et, plus encore, au format du roman d'horreur. Fan de films d'horreur, je ne pouvais que davantage me laisser convaincre et c'est donc avec confiance que je me suis plongée dans cette lecture qui s'est révélée efficace et addictive à souhait.

Dans ce roman, l'auteur a à coeur d'offrir un panel de personnages très différents tant au niveau physique qu'au niveau du caractère. De quoi casser les préjugés et de proposer une identification à tous les types de lecteurs. De quoi aussi montrer que les idées préconçues ne sont pas toujours réelles sur le courage des uns et les faiblesses des autres.

La mise en abîme du roman d'horreur est aussi très efficace puisque le jeu lui-même prend en compte les films d'horreur les plus célèbres. De quoi donner envie, en outre, de voir ou de revoir ces films. Pour ma part, je n'en connaissais pas certains et les découvrirai avec plaisir. L'auteur joue donc avec ces personnages de fiction pour traumatiser ceux qu'il a inventés. Une belle idée et une belle réussite.

Tout au long du roman, la question est de savoir si nous sommes dans de l'imaginaire ou non, si tout se passe dans l'esprit des personnages ou si tout est réel, si les monstres existent vraiment ou s'ils ne sont que des effets spéciaux pour le jeu. Il faudra attendre la fin du roman pour en avoir le coeur net et l'auteur sait parfaitement jouer avec nos nerfs et avec ceux des héros tout au long du roman.

Niveau style, on ne présente plus l'écriture si efficace et si travaillée d'Arthur Ténor, un auteur fard dans le milieu de la littérature jeunesse. Il sait nous immerger dans son intrigue sans nous laisser respirer et sans nous donner l'occasion de reposer le roman. Il sait nous faire aimer ses personnages et nous faire réfléchir, même par une histoire déjantée, sur les problématiques de notre société. Bravo !


En conclusion...

Encore une très belle découverte avec ce roman décalé et plein d'imagination qui joue à la fois avec des thématiques actuelles et à la fois avec une intrigue originale qui fonctionne et ne nous lâche pas. Un jeu de réécritures des plus efficaces films d'horreur qui ouvrira de nouveaux horizons aux plus jeunes et saura alpaguer les connaisseurs. Une histoire d'aventure, d'amitié et peut-être d'amour comme on les aime.

Un magnifique roman pour se faire peur, pour réfléchir et pour passer un superbe moment.

samedi 15 janvier 2022

Cendrillon - Sylvain Johnson

  

Infos sur le livre

éditions : ADA

date de publication : 12 octobre 2020

pages : 184

prix : 10€


Résumé éditeur


Pourquoi ce livre ?

Passionnée de cette collection, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans ce nouveau volume traitant, en plus, d'un conte que j'aime beaucoup.


De quoi est-il question ?

La vie de la jeune Cendrine était parfaite jusqu'à la mort de sa mère. A la disparition de celle-ci, son père, propriétaire d'un crématorium, refait sa vie avec sa maîtresse qui ramènera elle-même à la maison ses deux filles. Dès lors, la vie de la jeune fille devient un enfer, devenant esclave dans sa propre maison et victime d'humiliations jour après jour.

Un soir, désespérée, la colère prend le dessus et Cendrine décide de tuer celles qui sont cause de son malheur. Celles qui est devenue Cendrillon à force de brûler des cadavres dans le crématorium de la société. Mais, avant qu'elle n'ait le temps de se débarrasser des corps, un police survient pour lui annoncer la mort de son père et l'arrête.

Dès lors, la jeune fille vivra l'enfer des prisons de femmes, sans remord et avec, au fond du coeur, une rage persistante contre celles qui l'ont détruite et avec l'envie sans faille de détruire son dernier bourreau : sa belle-mère. C'est ce qui la fera tenir en prison alors même qu'un nouvel enfer s'ouvrira à elle entre ses murs humides et sans âme.


Du côté de la forme...

Cendrillon est un conte que j'ai toujours beaucoup aimé et que j'ai toujours trouvé d'une rare violence, surtout dans son texte original. Je me demandais donc comment l'auteur parviendrait à faire pire et je n'ai pas été déçue du voyage.

Comment ne pas se laisser attendrir par la petite Cendrine, cette femme-enfant qui va vivre un profond enfer ? Comment ne pas être en colère face aux souffrances qui vont lui être imposées ? Car à l'image du texte d'origine, Cendrillon va ici devoir être au service de la nouvelle épouse de son père dans des conditions plus modernes, certes, mais peut-être pires.

Car en plus des corvées, Cendrine doit aussi aider dans l'entreprise de son père. Et quel entreprise puisqu'elle doit brûler des cadavres dans un crématorium ! Comment faire pire comme travail ? Mais comment aussi ne pas se forger le caractère ? Car, dans cette version, Cendrillon est loin d'être une enfant innocente adepte du pardon et souhaitant juste une autre vie, bien au contraire.

Ici, Cendrine va décider de se venger et de se débarrasser de ses tortionnaires. C'est ainsi qu'un soir de ras le ras-le-bol elle va non seulement tuer ses demi-soeurs mais aussi leur faire vivre d'atroces souffrances sans que le lecteur ne parvienne à avoir de la compassion pour elles. On souhaiterait même que Cendrine échappe à la prison mais l'horreur pour elle doit bien se poursuivre.

En alternance, nous allons donc suivre Cendrine dans le présent, en prison. L'auteur va donc nous faire découvrir les lieux d'incarcération dans toute leur noirceur et c'est avec brio qu'il nous en fait ressentir l'humidité, la puanteur et toute la violence. De quoi nous plonger dans un univers qu'on a bien du mal à imaginer et qui nous permet de comprendre un peu mieux le sort des détenus et leur soif de vengeance.

Côté style, ce roman est sans doute de ceux qui se rapproche le plus du conte dont il est inspiré et cela est plutôt plaisant mais le potentiel était sans doute aussi plus important. Le violence est donc d'autant plus développée mais, cette fois, avec une Cendrillon réinventée de toutes pièces, des souris beaucoup plus sombres et une ambiance qui nous envoûte sans que l'on ne parvienne à s'en détacher en fin de lecture.


En conclusion...

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire avec impatience et avec lequel j'ai passé un moment très fort, à défaut de dire agréable. Voici un roman qui met en lumière la maltraitance et le désir de vengeance ainsi que l'horreur de la prison. Voici un roman qui présente le sujet de l'incinération et en joue pour asseoir la puissance déjà accrue de l'ambiance.

Un roman pour lequel il faut avoir le coeur bien accroché mais qui fonctionne pour une série à suivre sans hésiter.

Tout ira mal - Samuel Palladino

  

Infos sur le livre

éditions : Rebelle

date de publication : 30 novembre 2020

pages : 248

prix : 16,90€


Résumé éditeur

Tim est harcelé. En quelques mois, sa vie est devenue un enfer. Durant tout ce temps, personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu, personne n'a rien fait. Un matin, à bout de nerf, son père décide d'agir. Dans sa tête, un mot tourne en boucle. Il se heurte contre les parois osseuses. Vengeance ! La classe se trouvait à côté de la porte menant à la chaufferie. Là où il y a les monstres et où l'on envoie les enfants méchants, avait un jour lâché madame Persen. Tim savait à présent que les créatures dont elle parlait ne se tapissaient pas dans les sous-sols des écoles, mais arpentaient le bitume des cours de récréation et les couloirs en toute impunité, déguisés en enseignants et en enfants... 


Pourquoi ce livre ?

C'est au salon de Cournon que j'ai craqué par ce roman, convaincue par le sujet et par l'éditeur présent et malgré ma crainte de me plonger dans un sujet pareil.


De quoi est-il question ?

Une querelle avec son meilleur ami, quelques paroles mal dosées et en quelques instants la vie de Tim devient un enfer. Jour après jour, il doit subir les harcèlements de ses camarades : les paroles blessantes, les humiliations. Puis vient le temps des coups et des agressions sexuelles. Alors, à bout, un beau matin, Tim décide d'y mettre un terme et d'en finir avec la vie.

Désemparé de n'avoir rien vu, le père de Tim va peu à peu sombrer dans une profonde dépression jusqu'à ce qu'il décide de crier vengeance pour son fils et de faire payer à tous ceux qui lui auront fait du mal et ne l'auront pas protégé : ses camarades de classe bien sûr mais aussi les enseignantes qui auraient dû voir et n'auront rien fait, en auront peut-être même rajouté.

Prenant en otage l'ensemble de la classe, le père de Tim va alors faire comprendre aux tortionnaires ce qu'est l'enfer sur Terre et ce qu'est l'humiliation. Car il n'aura de cesse de faire vivre à tous tout ce qu'ils auront voulu faire vivre à son fils. L'enseignante elle-même devra comprendre ce qu'est le pire mais, humain, le père voudra sauvegarder ceux qui n'auront rien fait. L'enfer peut débuter.


Du côté de la forme...

Bien difficile de parler de ce roman sans trop en dire mais en en disant assez pour vous faire comprendre à quel point ce titre est un livre coup de poing. Mais il convient de ne pas trop en dire pour préserver la surprise immonde la lecture.

En alternance de chapitres, le lecteur va à la fois suivre l'histoire de Tim, dans le passé, avant que celui-ci ne se donne la mort et à la fois le père dans le présent qui n'aura de cesse de crier vengeance et que l'on verra provoquer l'horreur. Et l'enfer du harcèlement dans le passé est puissant, le huis-clos dans le présent l'est d'autant plus.

Ce roman est un véritable sujet de société. Dans une époque où il n'a jamais été autant question de harcèlement scolaire, ce roman nous plonge au plus près de ce que vivent ces jeunes et dans cette incapacité à parler dans laquelle ils se trouvent : la peur, la honte et même l'angoisse ne pas être cru. De quoi, sinon faire parler les victimes, au moins alerter les adultes sur les signes.

L'auteur fait alors le pari de faire réagir le père de la manière la plus violente qui soit, ce dont chacun rêverait mais n'oserait jamais. Car le père va user de la loi du talion et faire payer par les mêmes armes usés par les bourreaux. Des images d'une rare violence qui va monter crescendo et nous ferait presque avoir pitié des coupables quand la tête se dit : "bien fait".

Le père étant juste dans sa vengeance, il ne fera pas payer ceux qui n'auront rien fait à son fils ce qui rend, à nos yeux, son geste acceptable. Pourtant, je dois dire avoir été très troublée par la rage décuplée envers l'enseignante qui, si elle le mérite, va perdre de se superbe. De quoi remettre en cause le corps enseignant et rappeler que l'adulte n'a pas toujours la science infuse face aux élèves.

Ce roman est incroyablement addictif et il sait nous faire monter les larmes aux yeux : des larmes de tristesse, des larmes d'émotion, des larmes de rage parfois. Et jamais le lecteur ne peut souffler par des moments plus joyeux, d'autant que le suicide de Tim ayant déjà eu lieu, il n'y a pas de retour en arrière possible. Le huis-clos est efficace, troublant. La fin est inéluctable et enserre le lecteur.


En conclusion...

Voici un roman que je n'aurais peut-être pas acheté en librairie mais qui, dans le contexte du salon, a su me tenter. Et je n'ai pas à regretter cette lecture même si, de bout en bout, il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter la violence, la haine et la cruauté. Ce roman ne peut laisser qu'une marque indélébile et n'est pas sans nous faire réfléchir sur notre société et sur ce que chacun d'entre nous pourrait faire pour enrayer cette horreur du harcèlement.

Dès que possible, je me plongerai dans les autres romans de l'auteur.

La prophétie des marguerites - Alain Léonard

  

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 12 août 2021

pages : 283

prix: 19€


Résumé éditeur

Aînée de 6 enfants, Jeannette a grandi dans une ferme près de Clermont-Ferrand. En 1867, elle part travailler à Paris avec Marius qu'elle a rencontré à Riom dans l'hôtel-restaurant où elle travaille comme fille de salle. Ensemble, ils vont découvrir la vie d'ouvriers dans une filature de Vaugirard, les premières grèves et aussi l'Exposition Universelle. Suite au décès accidentel de Marius, Jeannette, sans argent, est arrêtée pour vol et condamnée à 6 mois de prison... 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis depuis le premier roman les yeux fermés.


De quoi est-il question ?

A la fin du XIXème siècle, Jeannette est loin d'avoir une vie facile. Vivant avec ses parents et cinq frères et soeurs dans leur petite ferme, c'est à elle que revient la charge de la famille depuis que sa mère est malade et que son père devient violent sitôt qu'il a un peu trop bu, ce qui arrive souvent. Mais la jeune fille ne se plaint pas et accepte sa situation, savourant les petits moments de joie.

Aussi, lorsqu'elle rencontre Marius et que ce dernier lui propose de l'emmener dans la capitale, la jeune fille n'hésite pas et part pour sa nouvelle vie, certaine de trouver à Paris un emploi et une vie peut-être plus sereine. D'autant plus que Marius a tout l'air d'être un travailleur et de vouloir faire pour rendre la vie plus agréable à sa belle.

Malheureusement, très vite, dans les ateliers de filature, la colère gronde entre des salaire trop peu élevés, des patrons bien décidés à faire valoir leur supériorité. Marius se laisse alors embarquer dans un groupe de rebelles bien décidés à faire valoir leurs droits. Mais face à la misère, tenter de s'élever est une épreuve sans solution où il ne sera que possible de tomber plus bas.


Du côté de la forme...

Les romans d'Alain Léonard sont toujours des romans que je suis avec le plus vif intérêt et je dois dire que celui-ci je l'attendais tout particulièrement. Notez au passage cette superbe couverture qui ne peut qu'attirer l'oeil.

Jeannette est un personnage auquel on s'attache très vite et qui n'est pas sans nous toucher au coeur. Vivant dans la misère, elle doit éduquer ses frères et soeurs pour soulager sa mère malade. Comme si cela ne suffisait pas, il faut que le père soit alcoolique. Et si ce genre d'épreuves n'est pas rare pour l'époque, cela fait toujours son petit effet à la Zola et ça marche.

C'est donc avec joie et soulagement que nous allons la voir partir pour Paris en se doutant bien que tout ne sera pas si simple. Et en effet, pour Jeannette, l'enfer n'est jamais très loin entre misère, jalousie de ses collègues de travail et débauche progressive de Marius qui va se laisser embarquer dans son envie d'un monde plus juste, au risque de perdre tout ce qu'il a.

Au-delà de la vie des campagnes, c'est donc tout le Paris d'une époque que l'auteur met en avant ici : la vie dans les usines, la misère sociale, la soif d'égalité à la Germinal. Car derrière le caractère majestueux du travail d'Hausmann se cache l'enfer de la capitale et surtout la cruauté de ceux qui veulent à tout prix garder le pouvoir sur les faibles, quitte à les détruire.

Jeannette va donc tomber au plus bas et, de fil en aiguille, se retrouvera même dans une prison pour femmes de l'époque, un lieu de perversion et d'abominations. Car en contradiction avec ses rêves de liberté et d'émancipation, la jeune fille sera plus confrontée au pire. Pour autant, elle découvrira aussi la force de l'amitié et peut-être de l'amour...

Côté style, nous retrouvons toujours la capacité de l'auteur à raconter de belles histoires et à mettre en avant de beaux personnages. C'est à l'image d'un film que nous voyons s'élever devant nos yeux la modernité parisienne. Nous ressentirons le froid de la prison et la colère grondera en nous face aux injustices encore tellement d'actualité. Une réussite.


En conclusion...

Voici un roman avec lequel j'ai passé un très agréable moment, pile dans une époque que j'apprécie beaucoup. Voici un roman qui sait jouer avec nos émotions et tend à nous faire réfléchir sur l'intemporalité des différences sociales. Voici un roman historique qui traite d'un sujet malheureusement trop peu traité : les prisons de femmes. Un sujet qui ne devrait rester sous silence.

Un beau roman pour les amateurs du genre et pour les passionnés d'histoires de femmes.

La source aux trois fontaines - Antonin Malroux

  

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 02 septembre 2021

pages : 254

prix : 19,90€


Résumé éditeur

La jeune Anna est employée à la ferme des Fenière, un couple sans enfant, où elle donne entière satisfaction. Lorsque, à peine âgée de 16 ans, elle donne naissance à une petite Justine en refusant de dévoiler l'identité du géniteur, sa patronne Pélagie décide de la garder. C'est décidé, la petite Justine grandira au Hameau des Trois Fontaines. Quelques années plus tard, Justine, devenue l'heureuse égérie d'un grand magasin parisien, revient sur les terres auvergnates de son enfance pour honorer une promesse faite à sa mère. Y aura-t-il un bonheur au bout de ce retour au pays qui l'a vue naître ? 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement depuis plusieurs années.


De quoi est-il question ?

A la fin du XIXème siècle, la jeune Anna travaille pour un couple de paysans où, malgré l'ardeur de la tâche, elle est heureuse et fière d'avoir pu quitter la ferme de ses parents. Malheureusement, le bonheur est de courte durée, Anna tombant enceinte et refusant de dévoiler l'identité du père. Etre fille-mère à cette époque étant très mal vu, Anna n'a alors que peu d'espoir.

Par chance, Pélagie Fénière accepte de garder Anna auprès d'elle alors même qu'elle sera rejetée par son père. C'est donc à la ferme que la jeune fille mettra au monde sa petite Justine alors même qu'il n'y a plus d'hommes entre ces murs. A la fois aimée par sa mère et choyée par Pélagie, la petite Justine ne manquera de rien si ce n'est de réponses sur l'identité de son père.

Elle grandira ainsi dans l'amour d'une famille et dans les valeurs du travail bien fait. Studieuse et intelligente, elle ne manquera pas d'être vite repérée et de se voir offrir la chance de poursuivre sa vie dans la capitale. Dans le même temps, Anna n'aura de cesse de tenter de retrouver l'amour de ses parents et Pélagie de trouver en ces deux femmes la famille qu'elle n'aura jamais eu...


Du côté de la forme...

Les romans d'Antonin Malroux son toujours des romans emprunts de tendresse, de poésie et d'une belle humanité. C'est donc sans hésiter que je me suis plongée dans cette lecture en sachant que je passerais forcément un très beau moment.

Anna est, dès le départ, un personnage auquel on s'attache et que l'on souhaiterait pouvoir prendre dans nos bras. Au travail trop tôt, elle vivra le pire qu'une femme peut subir et tombera enceinte sous l'oeil mauvais de sa famille et des gens du village. Une situation toujours difficile à accepter mais remisée ici par l'amour inconditionnel de Pélagie, une femme comme il serait d'en croiser plus souvent.

Trois générations de femmes qui vont s'entraider et évoluer dans le monde sans l'apport de la gent masculine : de quoi offrir un roman purement féministe avec des personnages symboles de courage et une volonté sans faille à toujours se relever des épreuves. Une belle leçon de vie de laquelle nous devrions tous nous inspirer.

Ce roman se compose en deux partie majeures. Une première davantage consacrée à Anna et à l'épreuve qu'elle aura à vivre. La seconde à Justine et aux secrets qui l'entourent. Nous verront évoluer la première et grandir la seconde. Nous suivrons la relation mère-fille tout en nous laissant séduire par l'amour qui règne entre elles mais toujours dans l'ambiance historique que l'on peut apprécier.

Puis, avec Justine, nous retrouvons l'ambiance zolienne des grands magasins et nous découvrons le monde de la couture ainsi que celui des grands hôtels. De quoi nous offrir une plongée puissante dans le XIXème siècle envahi de saveurs, d'odeurs et de décors incroyables. Ce roman devient alors celui d'une émancipation à une époque où ce n'était pas si simple et on s'y attache.

Côté style, on retrouve la plume poétique de l'auteur et sa capacité à nous raconter des histoires de femmes étonnantes. Il sait mettre en valeur ces personnages parfois grandes oubliées de l'histoire et sait mettre la petite histoire dans la grande. Ici, les femmes ont le pouvoir ce qui fait du bien pour un roman du genre et sont les plus nombreuses, les personnages masculins n'étant qu'accessoires.


En conclusion...

Voici un roman que j'étais très curieuse de découvrir et avec lequel j'ai passé un très agréable moment dans un décors qui fait du bien et avec des personnages qui ne manquent pas de nous confronter à nos propres vies. Voici un roman qui sait nous plonger dans un siècle et dans la dualité entre ville et campagne pour une mise en valeur des femmes de toutes générations.

Un magnifique roman à découvrir pour les amateurs du genre.