samedi 15 janvier 2022

Tout ira mal - Samuel Palladino

  

Infos sur le livre

éditions : Rebelle

date de publication : 30 novembre 2020

pages : 248

prix : 16,90€


Résumé éditeur

Tim est harcelé. En quelques mois, sa vie est devenue un enfer. Durant tout ce temps, personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu, personne n'a rien fait. Un matin, à bout de nerf, son père décide d'agir. Dans sa tête, un mot tourne en boucle. Il se heurte contre les parois osseuses. Vengeance ! La classe se trouvait à côté de la porte menant à la chaufferie. Là où il y a les monstres et où l'on envoie les enfants méchants, avait un jour lâché madame Persen. Tim savait à présent que les créatures dont elle parlait ne se tapissaient pas dans les sous-sols des écoles, mais arpentaient le bitume des cours de récréation et les couloirs en toute impunité, déguisés en enseignants et en enfants... 


Pourquoi ce livre ?

C'est au salon de Cournon que j'ai craqué par ce roman, convaincue par le sujet et par l'éditeur présent et malgré ma crainte de me plonger dans un sujet pareil.


De quoi est-il question ?

Une querelle avec son meilleur ami, quelques paroles mal dosées et en quelques instants la vie de Tim devient un enfer. Jour après jour, il doit subir les harcèlements de ses camarades : les paroles blessantes, les humiliations. Puis vient le temps des coups et des agressions sexuelles. Alors, à bout, un beau matin, Tim décide d'y mettre un terme et d'en finir avec la vie.

Désemparé de n'avoir rien vu, le père de Tim va peu à peu sombrer dans une profonde dépression jusqu'à ce qu'il décide de crier vengeance pour son fils et de faire payer à tous ceux qui lui auront fait du mal et ne l'auront pas protégé : ses camarades de classe bien sûr mais aussi les enseignantes qui auraient dû voir et n'auront rien fait, en auront peut-être même rajouté.

Prenant en otage l'ensemble de la classe, le père de Tim va alors faire comprendre aux tortionnaires ce qu'est l'enfer sur Terre et ce qu'est l'humiliation. Car il n'aura de cesse de faire vivre à tous tout ce qu'ils auront voulu faire vivre à son fils. L'enseignante elle-même devra comprendre ce qu'est le pire mais, humain, le père voudra sauvegarder ceux qui n'auront rien fait. L'enfer peut débuter.


Du côté de la forme...

Bien difficile de parler de ce roman sans trop en dire mais en en disant assez pour vous faire comprendre à quel point ce titre est un livre coup de poing. Mais il convient de ne pas trop en dire pour préserver la surprise immonde la lecture.

En alternance de chapitres, le lecteur va à la fois suivre l'histoire de Tim, dans le passé, avant que celui-ci ne se donne la mort et à la fois le père dans le présent qui n'aura de cesse de crier vengeance et que l'on verra provoquer l'horreur. Et l'enfer du harcèlement dans le passé est puissant, le huis-clos dans le présent l'est d'autant plus.

Ce roman est un véritable sujet de société. Dans une époque où il n'a jamais été autant question de harcèlement scolaire, ce roman nous plonge au plus près de ce que vivent ces jeunes et dans cette incapacité à parler dans laquelle ils se trouvent : la peur, la honte et même l'angoisse ne pas être cru. De quoi, sinon faire parler les victimes, au moins alerter les adultes sur les signes.

L'auteur fait alors le pari de faire réagir le père de la manière la plus violente qui soit, ce dont chacun rêverait mais n'oserait jamais. Car le père va user de la loi du talion et faire payer par les mêmes armes usés par les bourreaux. Des images d'une rare violence qui va monter crescendo et nous ferait presque avoir pitié des coupables quand la tête se dit : "bien fait".

Le père étant juste dans sa vengeance, il ne fera pas payer ceux qui n'auront rien fait à son fils ce qui rend, à nos yeux, son geste acceptable. Pourtant, je dois dire avoir été très troublée par la rage décuplée envers l'enseignante qui, si elle le mérite, va perdre de se superbe. De quoi remettre en cause le corps enseignant et rappeler que l'adulte n'a pas toujours la science infuse face aux élèves.

Ce roman est incroyablement addictif et il sait nous faire monter les larmes aux yeux : des larmes de tristesse, des larmes d'émotion, des larmes de rage parfois. Et jamais le lecteur ne peut souffler par des moments plus joyeux, d'autant que le suicide de Tim ayant déjà eu lieu, il n'y a pas de retour en arrière possible. Le huis-clos est efficace, troublant. La fin est inéluctable et enserre le lecteur.


En conclusion...

Voici un roman que je n'aurais peut-être pas acheté en librairie mais qui, dans le contexte du salon, a su me tenter. Et je n'ai pas à regretter cette lecture même si, de bout en bout, il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter la violence, la haine et la cruauté. Ce roman ne peut laisser qu'une marque indélébile et n'est pas sans nous faire réfléchir sur notre société et sur ce que chacun d'entre nous pourrait faire pour enrayer cette horreur du harcèlement.

Dès que possible, je me plongerai dans les autres romans de l'auteur.

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