dimanche 23 janvier 2022

Le fugitif d'Ansabère - Thibaut Bertrand

Le fugitif d'Ansabère par Bertrand

Infos sur le livre

éditions : Gypaète

date de publication : 15-11-2019

pages : 210

prix : 14,90€


Résumé éditeur

Dans un coin reculé des Pyrénées béarnaises, au début des années vingt, un berger est découvert mort en pleine montagne et son apprenti a disparu. L'équipe partie à sa recherche se retrouve entraînée dans une course-poursuite trépidante où les différents personnages devront s'adapter au milieu particulier de la hâte montagne.
Le fugitif d'Ansabère est un roman à suspense qui vous fera découvrir les joyaux du cirque de Lescun à un rythme enivrant.


Pourquoi ce livre ?

Toujours avide de découvrir de nouveaux auteurs et romans régionaux, je me suis laissée tenter par ce titre lors de mes dernières vacances au coeur des Pyrénées.


De quoi est-il question ?

Nous voici au début du siècle dernier, au coeur des Hautes Pyrénées, dans un monde où la vie des bergers était une vie de reclus pendant de longs mois mais aussi une vie faite de tous les dangers et de toutes les solitudes. André est de ceux-là même s'il accepte volontiers la présence de son voisin Jean-Baptiste ou de son apprenti Lucien.

Quand André est découvert mortellement blessé, Lucien ayant disparu, une enquête se met en place dans la petite vallée. Car tout porte à croire que l'apprenti serait coupable bien que quelques irréductibles souhaitent croire en son innocence. Tout porte à croire à une bagarre qui aurait mal tourné mais quel serait le mobile ?

Seule Clémence, jeune femme au grand coeur et amoureuse de Lucien veut que les recherches aillent dans un autre sens tendis que, dans le même temps, le coupable se cache dans les montagnes, traqué sans relâche, affamé et terrifié. Car comment assumer sa faute face à la colère des autorités ? Comment se protéger de la colère qui gronde et de la menace ambiante ?



Du côté de la forme...

Si le roman régional n'a que peu de secrets pour moi, je dois bien avouer que je connais moins les auteurs du sud-ouest ce qui constitue un manquement que je souhaiterais pouvoir combler peu à peu. Fans des Pyrénées, j'ai donc profité de l'occasion.

L'auteur nous entraîne ici en plein coeur de la montagne en une époque où la modernité n'existe pas et où tout tourne autour de la puissance du climat et de la montagne. De quoi s'imprégner de cette histoire autre que celle que je connais, la vie des bergers qui, non contents d'avoir la contrainte des bêtes, avait aussi celle d'un isolement complet les mois d'hiver.

Nous nous plongeons donc à la fois dans la vie de ces hommes tout en nous émerveillant de la beauté des décors choisis. Car comment ne pas être séduit par les hauteurs enneigées, par le silence omniprésent et par la grandeur de la montagne. Comment ne pas être effrayé par cette solitude et ce travail de tous les instants ?

Au milieu de tout ça, va se mettre en place une intrigue policière pour retrouver le meurtrier d'un vieux berger aimé de tous. Car son apprenti, non content d'avoir disparu, n'est également pas vu d'un très bon oeil en ville. Et si le lecteur comprendra aisément de quoi il retourne au final de cette, ce n'est guère là le principal. La fin est évidente, oui, mais ce n'est pas pour la surprise qu'on se laisse porter par l'enquête.

La montagne forme une sorte de huis-clos où le silence et la neige sont étouffants. L'action est menée de telle manière que l'auteur sait jouer sur les mots pour nous faire douter de tout ce qu'il se passe au fil de l'histoire pour nous inviter à la relire une fois la réponse donnée pour tout relire avec un autre regard. Le genre de style que j'apprécie tout particulièrement.

L'auteur aime ses montagnes et l'histoire de sa région. Autant dire que cela se ressent tout au long du roman et si le lecteur ne connaît pas les Pyrénées avant, il n'aura qu'envie de les découvrir après. S'il les connais, il aimera se projeter dans le passé pour imaginer la vie de terroir dans un univers bien différent de celui qui fait son quotidien. Les locaux apprécieront ce petit voyage dans le temps.


En conclusion...

Voici un roman dans lequel je me suis totalement laissée embarquée, un roman qui a su me toucher par son style poétique et qui a su me faire douter au fil d'une enquête certes prévisible mais tout de même digne de ce nom. Voici un polar régional différent de tout ce que l'on connaît et qui m'a fait connaître autrement une région que j'aime déjà beaucoup.
Je serai ravie de lire d'autres romans de l'auteur dès que j'en aurai l'occasion.

Peter Pan - Simon Rousseau

  

Infos sur le livre

éditions : ADA

date de publication : 10-06-2017

pages : 232

prix : 10€


Résumé éditeur

Une vague de drogués se jetant du haut d'immeubles, croyant pouvoir voler. La disparition d'une jeune femme, Wendy Gauthier, et de ses deux frères délinquants, évadés de leur pénitencier pour mineurs. Une île perdue dans la forêt boréale, habitée par une communauté déjantée et leur leader sans âge. Une baronne du crime nymphomane et amoureuse des bijoux en forme de clochettes. Un enquêteur médisant dépourvu de sa main droite, dévorée par un cannibale qui hante encore ses nuits. 
Oserez-vous plonger dans la réécriture la plus sombre et jamais imaginée du conte Peter Pan ?


Pourquoi ce livre ?

Passionnée de cette collection, j'étais curieuse de découvrir la version Peter Pan quand on sait à quel point le texte d'origine est déjà terrible.


De quoi est-il question ?

Hook est inspecteur de police à la retraite. Bien que n'exerçant plus, il aime à se rendre régulièrement sur des scènes de crime pour ne pas perdre la main. Quand ses pas le mènent jusqu'au corps d'un tout jeune homme s'étant suicidé en se jetant du haut d'un immeuble, l'effroi le prend face à l'horreur. D'autant que, dans la foulée, une de ses anciennes conquêtes le contacte, lui affirmant que ses enfants ont disparu.

Pensionnaires d'un foyer pour jeunes délinquants, Mickaël et Jean-Philippe ainsi que leur grande soeur Wendy ont disparu quelques jours plus tôt. Nina, leur mère adoptive, prête à tout pour les retrouver, engage Hook qui ne se doute pas que son enquête le mènera au plus profond de l'horreur. Car c'est un univers de drogue, de délabrement et de déchéance qu'il s'apprête à infiltrer.

Car dans les tréfonds du Québec, il est une femme nymphomane prête à tout pour faire valoir sa supériorité et un garçon refusant de grandir prêt à tout pour garder ses jeunes victimes à Neverland. Car l'enfer est parfois sur Terre et les douleurs du passé inguérissables peuvent mener aux pires atrocités, d'autant plus quand une jeune femme est bien décidée à ne pas se laisser faire...


Du côté de la forme...

Peter Pan est, sinon une histoire que j'apprécie, en tout cas une histoire qui m'intrigue et qui laisse la porte ouverte à de multiples possibilités. J'étais donc curieuse de découvrir la version "Conte interdit" promettant une belle dose de violence.

Surprenant que ce roman présente Hook, qui d'habitude est le méchant, comme le policier sinon gentil au moins honnête et fiable. Pour autant, son seul nom laisse présager de son caractère et de ses blessures, ce qui se confirmera au fil du roman. Et si on sait qu'il n'y aura nul fantastique dans l'intrigue, on sait que tout ira loin, très loin.

Bienvenue dans un univers glauque et terrible de drogue, de sexe et de violence où la confiance n'existe plus et où le sang règne en maître. Car dans ces tréfonds, tout devient possible et l'horreur est omniprésente. Comment ne pas prendre envie de vomir face à certaines scène de violence extrême et relations contre nature.

Il faut reconnaître ici la capacité de l'auteur à mettre en valeur le conte d'origine dans une parfaite réécriture : tous les personnages réapparaissent en gardant leurs caractéristiques mais tout trouve également une explication sinon sensée au moins claire. Car tout trouve sa source dans l'enfance et dans le passé, dans l'horreur vécu et répercutée des années plus tard.

Si l'enquête est assez vite résolue, prenant en question les idées d'enlèvement et de drogue, l'auteur sait multiplier les rebondissements pour que tout n'arrive pas trop vite. Alternant les scènes de violence et les scènes de recherche, il parvient à berner le lecteur qui, parfois, bien que sachant où il se trouve, finit par se faire avoir.

L'auteur sait mêler les genres du polar et du gore pour nous offrir un roman efficace. On s'attache à Hook ainsi qu'aux enfants et on parvient même à prendre en pitié les monstres. De quoi nous rappeler qu'il convient de ne jamais juger sans véritablement savoir l'histoire d'une personne. Il sait mêler le genre du huis-clos et celui de l'emprise pour aller de plus en plus loin jusqu'à un final retentissant.


En conclusion...

Voici un roman que j'avais hâte de pouvoir lire et qui a su me satisfaire. En effet, quoi de plus logique que de voir Peter Pan que comme un éternel drogué à l'enfance brisée rongé par l'horreur et le besoin de violence ? C'est ce que l'auteur montre ici, sans fantastique mais avec la portée que peut avoir l'influence sur les plus fragiles. Et si les monstres pouvaient avoir du coeur face à la profonde maladie mentale ?

Un roman où il faut avoir le coeur bien accroché mais qui devrait plaire aux fans de la collection.

Puy-de-Dôme, carnet d'aquarelles - Sarah Leïla Roux

  

Infos sur le livre

éditions : Revoir

date de publication : 20-11-2021

pages : 48

prix : 16€


Résumé éditeur


Pourquoi ce livre ?

Quel plaisir de tenir entre ses mains un livre dont on est l'attachée de presse et dont on a vu l'avancée du travail au fil des planches...


Mon avis...

Le Puy-de-Dôme, magnifique département du centre de la France qui regroupe tant de superbes villages, tant de lieux historiques et tant de pépites de patrimoine. Et au coeur du département, Clermont-Ferrand préfecture à taille humaine qui au-delà de la seule regorge de tant de lieux cachés et précieux comme une plongée dans l'histoire.

Du sommet du puy-de-dôme au coeur de Clermont en passant par les petits villages d'Usson ou de Montpeyroux, par le biais d'aquarelles tableaux énigmatiques, Sarah Roux nous entraîne dans sa région en nous en offrant les plus belles vues à travers son regard. Car ces lieux que nous voyons tous les jours, elle souhaite nous les faire redécouvrir.

Par des couleurs et un trait superbe, l'illustratrice nous donne le sentiment de redécouvrir une région que nous ne voyons plus, invite le touriste à se rappeler de tous ces lieux qu'il aura vu et amène celui qui ne connait pas l'Auvergne à la visiter par des planches avant d'y venir en personne pour revoir "en vrai" des lieux emprunts d'une magie naturelle.

Bien que n'étant pas spécialiste de l'art graphique, je peux dire sans mal que coup de pinceau de Sarah est assez exceptionnel et offre des planches superbes agrémentées de texte à la fois descriptifs et poétiques pour nous en apprendre un peu plus sur des lieux méconnus. Mêlant la géographie, l'histoire et la légende, cet ouvrage se présente comme un bout d'Auvergne à avoir avec soi.


En conclusion...

Je suis ravie de compter dans ma bibliothèque ce superbe ouvrage plein de douceur nous offrant un bout d'Auvergne autrement. Chaque planche est une découverte ou une redécouverte d'un lieu plus ou moins vaste. A l'image d'un livre de voyage, cet ouvrage nous montre que l'exceptionnel peut se trouver à deux pas de chez soi.

Un très beau livre pour les collectionneurs.

Sous l'eau - Marie Pimont

  

Infos sur le livre

éditions : Auto édition

date de publication : 14 avril 2021

pages : 184

prix : 9,99€


Résumé éditeur

Enfermée dans cet étrange endroit, elle mène l'enquête. Se liant d'amitié avec deux garçons, les découvertes sont de plus en plus incroyables.

Acceptera-t-elle son destin dans cette prison dorée ?


Pourquoi ce livre ?

Craquage de la dernière foire du livre de Brive dans mon optique de toujours découvrir un nouvel auteur et, de préférence, un auteur à faire connaître d'une petite maison ou en auto édition.


De quoi est-il question ?

Gabrielle est une jeune adolescente dont les principales préoccupations devraient être ses études, ses amitiés et ses amours. Mais Gabrielle vit recluse avec d'autres jeunes de son âge dans un sous-marin sans aucun souvenir de son passé et sans aucune perspective d'avenir si ce n'est celle de travailler chaque jour pour un but inconnu sans possibilité de parler aux autres.

Si ceux qui l'entourent semblent se satisfaire de cette situation, Gabrielle sent qu'il lui manque quelque chose, son passé lui manque et elle souhaiterait comprendre. Elle va alors se tisser d'amitié avec Jimmy, un ado au fort caractère bien décidé à s'évader de cette prison. Le hasard la mènera aussi à rencontrer Ben, un garçon aussi attirant qu'énigmatique qui semble ne pas tout dire mais veut aussi s'évader.

Ensemble, les trois jeunes vont tout tenter pour comprendre ce qu'il se passe, pour retrouver les souvenirs de leurs passés et pour tenter de s'échapper d'une situation impossible. Car si un virus a décimé la Terre, pourquoi la vie ne pourrait-elle pas y revenir ? Si tout le monde est mort, comment les survivants pourraient-ils tout recommencer de zéro là où le virus aura peut-être disparu...


Du côté de la forme...

Les salons sont les lieux parfaits pour aller à la découverte d'auteurs ayant fait le choix du compte d'auteur, voire de l'auto édition. Après une chouette conversation avec l'auteure, j'ai décidé de me laisser tenter par son roman sans trop savoir à quoi m'attendre.

Il faut avouer que lire en ce moment un roman où un virus aurait anéanti la Terre... peut mieux faire. Mais n'étant pas de ceux qui se projettent outre mesure, c'est en toute ingénuité que je me suis plongée dans ce roman. Et il faut avouer que le virus, bien que central, n'est pas excessivement présent au profit d'une histoire de rencontres et de courage pour la quête de liberté.

Gabrielle est une jeune fille qui m'a beaucoup touchée, de même que Jimmy et Ben, même si je dois avouer avoir été parfois agacée par leurs attitudes, leurs sorties et leur caractère individualiste. Mais cela étant, nous sommes là face à des jeunes et les attitudes sont proprement celles d'adolescents, d'autant plus d'adolescents en situation de stress.

On se laisse assez vite prendre à cette histoire en tentant de comprendre de quoi il retourne mais sans vraiment trouver de réponse. La fin semble évidente quand on la connaît mais bien malin celui qui la devinera. L'auteure sait donc entraîner le jeune dans son histoire, l'imprégner de l'intrigue et lui offrir des rebondissements qui fonctionnent.

Malheureusement, j'ai trouvé que tout allait un peu trop vite. Les situations s'enchaînent sans que l'on ne comprenne vraiment comment et tout semble un peu trop facile pour les personnages qui, s'ils se querelles pour des broutilles, n'auront jamais à faire face à de très grosses difficultés de choix ou de jugement. Dommage car il y avait largement le potentiel. Parfait cependant pour les jeunes pas trop lecteurs.

Le style de l'auteure reste un style simple qui saura satisfaire les jeunes et les pré ado mais qui ne m'a peut-être pas suffit. Le mystère est bien mené mais le tout manque de descriptions et de développement. Se représenter un peu plus le sous-marin, la rencontre avec Jimmy et le choix de s'enfuir auraient été un vrai plus. Ici, tout semble trop facile. Dommage.


En conclusion...

Voici un roman qui reste une jolie découverte pour de l'auto édition et qui saura sans doute toucher les jeunes lecteurs avides de romans rapides où tout va à l'essentiel. Pour ma part, il m'a manqué quelque chose et j'aurais apprécié une histoire plus longue et plus développée. Je me suis toutefois laissée embarquer dans l'histoire que j'ai trouvé agréable avec un huis-clos appréciable.

Je n'hésiterai pas à lire d'autres romans de l'auteur à l'occasion.

Agence Lovecraft, Le mal par le mal - Jean-Luc Marcastel

  

Infos sur le livre

éditions : Gulfstream

date de publication : 09-09-2021

pages : 178

prix : 15€


Résumé éditeur

D'implacables adversaires ont pris en chasse Ryan, Marie et Sergueï. Ces trois adolescents ne se connaissent pas, mais ont un point commun : tous trois possèdent des pouvoirs littéralement effrayants. Des pouvoirs hérités de monstres qui dorment depuis des millénaires et qui sont en train de se réveiller. Heureusement, Ryan, Marie et Sergueï sont aidés dans leur fuite par une jeune fille travaillant pour un mystérieux groupe : l'Agence Lovecraft. Ils apprennent alors que la Terre est menacée et qu'ils représentent le dernier rempart contre des forces maléfiques. Ryan, Marie et Sergueï accepteront-ils de livrer le combat le moment venu.


Pourquoi ce livre ?

Un nouveau roman de Jean-Luc Marcastel a toutes les chances d'arriver très vite dans ma PAL et celui-ci n'a pas fait exception d'autant plus avec cette couverture magnifique et ce sujet attractif.


De quoi est-il question ?

Ryan et son frère Jonathan tentent de fuir leur famille d'adoption depuis la mort de leurs parents, Marie court à travers les rues de Paris pour échapper à de mystérieux poursuivants, Sergueï veut à tout prix s'échapper de l'hôpital où il passent pour fou depuis qu'un autre être s'immisce régulièrement dans son corps. Tous ne se sentent plus à leur place et veulent des réponses aux mystères qui les entourent.

Seuls au monde et tentant par tous les moyens d'échapper à leurs assaillants, ils ne comprendront pas être dotés de dons étranges qui les rend plus puissants que le commun des mortels. Ce sont ces dons qui sont convoités par des êtres sans scrupule jusqu'à ce que les jeunes rencontrent une étrange jeune fille qui leur fera connaître l'agence Lovecraft, une société qui pourra leur apporter toutes les réponses.

Mais le temps n'est ni aux explications ni au repos. Bien au contraire. Car un combat se prépare, un combat pour lesquels les jeunes ne sont pas prêts mais qui leur fera découvrir tous les mystères du monde et de l'univers, un combat qui leur fera découvrir leurs propres dons et qui ils sont vraiment bien que le choix d'en faire le bien ou le mal leur reviendra. L'heure du choix sera venue pour eux dès lors.


Du côté de la forme...

Bien que n'ayant jamais lu l'oeuvre de Lovecraft, j'étais très curieuse de découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis avec soin. Ayant envie d'une lecture rapide et efficace, je me suis donc laissée tenter et je n'ai pas à le regretter.

Séparément, nous allons découvrir trois jeunes que tout oppose mais qu'en même temps un secret lié au monde rapproche. L'auteur nous embarque aux Etats-Unis, en France et en Russie pour nous faire découvrir des jeunes aux histoires complexes qui ne se sentent pas à l'aise dans leurs propres vies mais qui sont des êtres d'exception. De quoi redonner espoir aux jeunes qui ne se sentent bien dans le monde.

Soyons clairs, ce roman est un roman de mise en place. De ces romans où il faut du temps pour apprendre à connaître les personnages mais aussi les tenants et aboutissants de l'intrigue qui se prépare. En début de roman, bien que l'action soit présente, le lecteur est donc davantage confronté à des histoires individuelles qu'à une intrigue dans son ensemble. Essentiel pour mieux s'attacher à chacun.

L'auteur sait nous offrir des personnages à la fois très différents, aux caractères forts mais aussi très proches dans leurs vécus. Il sait nous les faire aimer en un temps record mais sait aussi jouer avec les nerfs du lecteur en jouant sur le mystère et l'inconnu. Il faudra notamment du temps pour savoir, ou du moins comprendre un peu, ce que les jeunes fuient et le mystère est toujours plus efficace que de savoir.

Ne connaissant pas l'univers de Lovecraft, je ne saurais dire ce qu'il en est de la réécriture et de la référence mais je veux volontiers croire que l'auteur sait user des mêmes codes que le maître, notamment dans sa façon de présenter les monstres et le monde. Car on imprègne ici un univers fantastique à l'image de la littérature classique et on découvre combien la science est maîtresse dans l'imaginaire.

C'est en tout cas avec plaisir que l'on retrouve une nouvelle dans ce roman la plume à la fois précise et barrée d'un auteur qui sait nous embarquer dans ses univers. L'imaginaire, l'aventure et l'émotion trouvent chacune leur place autour d'adolescents qui nous touchent. Les prémices du fantastique sont là avec cette juste nuance entre rêve et réalité. Traditionnel, efficace et un peu hors de contrôle.


En conclusion...

Voici un roman qui me tentait beaucoup et qui forme un très bon début à une longue aventure. Même s'il ne s'agit ici qu'un début, ce premier tome laisse en effet présager une suite haute en couleurs et pleine de rebondissements. Les personnages sont attachants mais on souhaite en apprendre plus sur eux et sur leurs pouvoirs. La magie est omniprésente mais discrète, de quoi avoir envie d'en savoir plus sur l'univers où tout pourrait changer.

Un roman à conseiller à tous les amateurs du genre et à tous les non initiés pour leur faire découvrir ces univers. Vivement le tome 2.

Cet escape game est une vraie tuerie - Arthur Ténor

  

Infos sur le livre

éditions : Scrineo

date de publication : 21-10-2021

pages : 304

prix : 12,90€


Résumé éditeur

Dans une petite ville, 5 adolescents Aristide, Charlotte, Valentin, Esther et Cédric, ont envie de rompre avec la monotonie de leur existence de collégiens. Ils acceptent de tester la nouvelle version d'un escape game réputé dans le parc d'un château voisin. Le marché : le jeu est gratuit à condition qu'aucun des 5 n'abandonne en route. Le lieu est impressionnant, planté à côté d'un petit cimetière. Ils sont accueillis par une réplique plus vraie que nature du conte Dracula et commencent le parcours dans cette maison qui rassemble toutes les facettes de l'horreur... Ils devront résoudre les énigmes et déjouer les pièges tendus par des personnages échappés des pires cauchemars, des morts vivants à Frankeinstein... Mais une présence surnaturelle hante les lieux... Quelles seront leurs surprises jusqu'au twist final.


Pourquoi ce livre ?

Quelle joie d'avoir pu acquérir en avant-première au dernier salon de Royat ce nouveau roman d'un auteur que je suis les yeux fermés.


De quoi est-il question ?

Aristide est un adolescent qui rêve d'aventure. Avec son meilleur ami Valentin, ils recrutent d'autres jeunes de leur classe pour participer à un tout nouvel escape game dans un manoir proche de chez eux où il convient d'être cinq. C'est ainsi que Cédric, Charlotte et Esther les rejoignent car il faut bien respecté la parité et toutes les personnalités.

Malheureusement, très vite, les cinq jeunes comprennent qu'ils sont loin d'avoir les moyens de s'offrir cette aventure. Ils pourront y accéder gratuitement s'ils s'engagent à tester une toute nouvelle version que personne ne connaît encore. Entre un maître des lieux ressemblant à s'y méprendre au comte Dracula et un cimetière tout proche qui n'est pas pour être rassurant, les jeunes acceptent.

Mais très vite, ce qui ne devait être qu'un jeu et un moyen de passer un bon moment devient beaucoup plus immersif que tout ce qu'ils avaient pu imaginer. Car dans ce manoir, les jeunes retrouveront les univers de tous les films d'horreur qu'ils connaissent et devront les revivre pour se sortir eux-mêmes de l'enfer. Aux portes de la folie, le groupe devra affronter des forces maléfiques s'ils veulent espérer survivre...


Du côté de la forme...

Ayant beaucoup apprécié les premiers romans d'horreur de la collection, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans celui-ci traitant d'une mode faisant fureur et doté d'une couverture qui ne pouvait que m'attirer et d'un univers efficace à tous les coups.

Je n'ai jamais participé à un escape game mais le concept me plaît et j'étais donc curieuse de voir comment ce divertissement pouvait être tourné au format roman et, plus encore, au format du roman d'horreur. Fan de films d'horreur, je ne pouvais que davantage me laisser convaincre et c'est donc avec confiance que je me suis plongée dans cette lecture qui s'est révélée efficace et addictive à souhait.

Dans ce roman, l'auteur a à coeur d'offrir un panel de personnages très différents tant au niveau physique qu'au niveau du caractère. De quoi casser les préjugés et de proposer une identification à tous les types de lecteurs. De quoi aussi montrer que les idées préconçues ne sont pas toujours réelles sur le courage des uns et les faiblesses des autres.

La mise en abîme du roman d'horreur est aussi très efficace puisque le jeu lui-même prend en compte les films d'horreur les plus célèbres. De quoi donner envie, en outre, de voir ou de revoir ces films. Pour ma part, je n'en connaissais pas certains et les découvrirai avec plaisir. L'auteur joue donc avec ces personnages de fiction pour traumatiser ceux qu'il a inventés. Une belle idée et une belle réussite.

Tout au long du roman, la question est de savoir si nous sommes dans de l'imaginaire ou non, si tout se passe dans l'esprit des personnages ou si tout est réel, si les monstres existent vraiment ou s'ils ne sont que des effets spéciaux pour le jeu. Il faudra attendre la fin du roman pour en avoir le coeur net et l'auteur sait parfaitement jouer avec nos nerfs et avec ceux des héros tout au long du roman.

Niveau style, on ne présente plus l'écriture si efficace et si travaillée d'Arthur Ténor, un auteur fard dans le milieu de la littérature jeunesse. Il sait nous immerger dans son intrigue sans nous laisser respirer et sans nous donner l'occasion de reposer le roman. Il sait nous faire aimer ses personnages et nous faire réfléchir, même par une histoire déjantée, sur les problématiques de notre société. Bravo !


En conclusion...

Encore une très belle découverte avec ce roman décalé et plein d'imagination qui joue à la fois avec des thématiques actuelles et à la fois avec une intrigue originale qui fonctionne et ne nous lâche pas. Un jeu de réécritures des plus efficaces films d'horreur qui ouvrira de nouveaux horizons aux plus jeunes et saura alpaguer les connaisseurs. Une histoire d'aventure, d'amitié et peut-être d'amour comme on les aime.

Un magnifique roman pour se faire peur, pour réfléchir et pour passer un superbe moment.

samedi 15 janvier 2022

Cendrillon - Sylvain Johnson

  

Infos sur le livre

éditions : ADA

date de publication : 12 octobre 2020

pages : 184

prix : 10€


Résumé éditeur


Pourquoi ce livre ?

Passionnée de cette collection, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans ce nouveau volume traitant, en plus, d'un conte que j'aime beaucoup.


De quoi est-il question ?

La vie de la jeune Cendrine était parfaite jusqu'à la mort de sa mère. A la disparition de celle-ci, son père, propriétaire d'un crématorium, refait sa vie avec sa maîtresse qui ramènera elle-même à la maison ses deux filles. Dès lors, la vie de la jeune fille devient un enfer, devenant esclave dans sa propre maison et victime d'humiliations jour après jour.

Un soir, désespérée, la colère prend le dessus et Cendrine décide de tuer celles qui sont cause de son malheur. Celles qui est devenue Cendrillon à force de brûler des cadavres dans le crématorium de la société. Mais, avant qu'elle n'ait le temps de se débarrasser des corps, un police survient pour lui annoncer la mort de son père et l'arrête.

Dès lors, la jeune fille vivra l'enfer des prisons de femmes, sans remord et avec, au fond du coeur, une rage persistante contre celles qui l'ont détruite et avec l'envie sans faille de détruire son dernier bourreau : sa belle-mère. C'est ce qui la fera tenir en prison alors même qu'un nouvel enfer s'ouvrira à elle entre ses murs humides et sans âme.


Du côté de la forme...

Cendrillon est un conte que j'ai toujours beaucoup aimé et que j'ai toujours trouvé d'une rare violence, surtout dans son texte original. Je me demandais donc comment l'auteur parviendrait à faire pire et je n'ai pas été déçue du voyage.

Comment ne pas se laisser attendrir par la petite Cendrine, cette femme-enfant qui va vivre un profond enfer ? Comment ne pas être en colère face aux souffrances qui vont lui être imposées ? Car à l'image du texte d'origine, Cendrillon va ici devoir être au service de la nouvelle épouse de son père dans des conditions plus modernes, certes, mais peut-être pires.

Car en plus des corvées, Cendrine doit aussi aider dans l'entreprise de son père. Et quel entreprise puisqu'elle doit brûler des cadavres dans un crématorium ! Comment faire pire comme travail ? Mais comment aussi ne pas se forger le caractère ? Car, dans cette version, Cendrillon est loin d'être une enfant innocente adepte du pardon et souhaitant juste une autre vie, bien au contraire.

Ici, Cendrine va décider de se venger et de se débarrasser de ses tortionnaires. C'est ainsi qu'un soir de ras le ras-le-bol elle va non seulement tuer ses demi-soeurs mais aussi leur faire vivre d'atroces souffrances sans que le lecteur ne parvienne à avoir de la compassion pour elles. On souhaiterait même que Cendrine échappe à la prison mais l'horreur pour elle doit bien se poursuivre.

En alternance, nous allons donc suivre Cendrine dans le présent, en prison. L'auteur va donc nous faire découvrir les lieux d'incarcération dans toute leur noirceur et c'est avec brio qu'il nous en fait ressentir l'humidité, la puanteur et toute la violence. De quoi nous plonger dans un univers qu'on a bien du mal à imaginer et qui nous permet de comprendre un peu mieux le sort des détenus et leur soif de vengeance.

Côté style, ce roman est sans doute de ceux qui se rapproche le plus du conte dont il est inspiré et cela est plutôt plaisant mais le potentiel était sans doute aussi plus important. Le violence est donc d'autant plus développée mais, cette fois, avec une Cendrillon réinventée de toutes pièces, des souris beaucoup plus sombres et une ambiance qui nous envoûte sans que l'on ne parvienne à s'en détacher en fin de lecture.


En conclusion...

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire avec impatience et avec lequel j'ai passé un moment très fort, à défaut de dire agréable. Voici un roman qui met en lumière la maltraitance et le désir de vengeance ainsi que l'horreur de la prison. Voici un roman qui présente le sujet de l'incinération et en joue pour asseoir la puissance déjà accrue de l'ambiance.

Un roman pour lequel il faut avoir le coeur bien accroché mais qui fonctionne pour une série à suivre sans hésiter.

Tout ira mal - Samuel Palladino

  

Infos sur le livre

éditions : Rebelle

date de publication : 30 novembre 2020

pages : 248

prix : 16,90€


Résumé éditeur

Tim est harcelé. En quelques mois, sa vie est devenue un enfer. Durant tout ce temps, personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu, personne n'a rien fait. Un matin, à bout de nerf, son père décide d'agir. Dans sa tête, un mot tourne en boucle. Il se heurte contre les parois osseuses. Vengeance ! La classe se trouvait à côté de la porte menant à la chaufferie. Là où il y a les monstres et où l'on envoie les enfants méchants, avait un jour lâché madame Persen. Tim savait à présent que les créatures dont elle parlait ne se tapissaient pas dans les sous-sols des écoles, mais arpentaient le bitume des cours de récréation et les couloirs en toute impunité, déguisés en enseignants et en enfants... 


Pourquoi ce livre ?

C'est au salon de Cournon que j'ai craqué par ce roman, convaincue par le sujet et par l'éditeur présent et malgré ma crainte de me plonger dans un sujet pareil.


De quoi est-il question ?

Une querelle avec son meilleur ami, quelques paroles mal dosées et en quelques instants la vie de Tim devient un enfer. Jour après jour, il doit subir les harcèlements de ses camarades : les paroles blessantes, les humiliations. Puis vient le temps des coups et des agressions sexuelles. Alors, à bout, un beau matin, Tim décide d'y mettre un terme et d'en finir avec la vie.

Désemparé de n'avoir rien vu, le père de Tim va peu à peu sombrer dans une profonde dépression jusqu'à ce qu'il décide de crier vengeance pour son fils et de faire payer à tous ceux qui lui auront fait du mal et ne l'auront pas protégé : ses camarades de classe bien sûr mais aussi les enseignantes qui auraient dû voir et n'auront rien fait, en auront peut-être même rajouté.

Prenant en otage l'ensemble de la classe, le père de Tim va alors faire comprendre aux tortionnaires ce qu'est l'enfer sur Terre et ce qu'est l'humiliation. Car il n'aura de cesse de faire vivre à tous tout ce qu'ils auront voulu faire vivre à son fils. L'enseignante elle-même devra comprendre ce qu'est le pire mais, humain, le père voudra sauvegarder ceux qui n'auront rien fait. L'enfer peut débuter.


Du côté de la forme...

Bien difficile de parler de ce roman sans trop en dire mais en en disant assez pour vous faire comprendre à quel point ce titre est un livre coup de poing. Mais il convient de ne pas trop en dire pour préserver la surprise immonde la lecture.

En alternance de chapitres, le lecteur va à la fois suivre l'histoire de Tim, dans le passé, avant que celui-ci ne se donne la mort et à la fois le père dans le présent qui n'aura de cesse de crier vengeance et que l'on verra provoquer l'horreur. Et l'enfer du harcèlement dans le passé est puissant, le huis-clos dans le présent l'est d'autant plus.

Ce roman est un véritable sujet de société. Dans une époque où il n'a jamais été autant question de harcèlement scolaire, ce roman nous plonge au plus près de ce que vivent ces jeunes et dans cette incapacité à parler dans laquelle ils se trouvent : la peur, la honte et même l'angoisse ne pas être cru. De quoi, sinon faire parler les victimes, au moins alerter les adultes sur les signes.

L'auteur fait alors le pari de faire réagir le père de la manière la plus violente qui soit, ce dont chacun rêverait mais n'oserait jamais. Car le père va user de la loi du talion et faire payer par les mêmes armes usés par les bourreaux. Des images d'une rare violence qui va monter crescendo et nous ferait presque avoir pitié des coupables quand la tête se dit : "bien fait".

Le père étant juste dans sa vengeance, il ne fera pas payer ceux qui n'auront rien fait à son fils ce qui rend, à nos yeux, son geste acceptable. Pourtant, je dois dire avoir été très troublée par la rage décuplée envers l'enseignante qui, si elle le mérite, va perdre de se superbe. De quoi remettre en cause le corps enseignant et rappeler que l'adulte n'a pas toujours la science infuse face aux élèves.

Ce roman est incroyablement addictif et il sait nous faire monter les larmes aux yeux : des larmes de tristesse, des larmes d'émotion, des larmes de rage parfois. Et jamais le lecteur ne peut souffler par des moments plus joyeux, d'autant que le suicide de Tim ayant déjà eu lieu, il n'y a pas de retour en arrière possible. Le huis-clos est efficace, troublant. La fin est inéluctable et enserre le lecteur.


En conclusion...

Voici un roman que je n'aurais peut-être pas acheté en librairie mais qui, dans le contexte du salon, a su me tenter. Et je n'ai pas à regretter cette lecture même si, de bout en bout, il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter la violence, la haine et la cruauté. Ce roman ne peut laisser qu'une marque indélébile et n'est pas sans nous faire réfléchir sur notre société et sur ce que chacun d'entre nous pourrait faire pour enrayer cette horreur du harcèlement.

Dès que possible, je me plongerai dans les autres romans de l'auteur.

La prophétie des marguerites - Alain Léonard

  

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 12 août 2021

pages : 283

prix: 19€


Résumé éditeur

Aînée de 6 enfants, Jeannette a grandi dans une ferme près de Clermont-Ferrand. En 1867, elle part travailler à Paris avec Marius qu'elle a rencontré à Riom dans l'hôtel-restaurant où elle travaille comme fille de salle. Ensemble, ils vont découvrir la vie d'ouvriers dans une filature de Vaugirard, les premières grèves et aussi l'Exposition Universelle. Suite au décès accidentel de Marius, Jeannette, sans argent, est arrêtée pour vol et condamnée à 6 mois de prison... 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que je suis depuis le premier roman les yeux fermés.


De quoi est-il question ?

A la fin du XIXème siècle, Jeannette est loin d'avoir une vie facile. Vivant avec ses parents et cinq frères et soeurs dans leur petite ferme, c'est à elle que revient la charge de la famille depuis que sa mère est malade et que son père devient violent sitôt qu'il a un peu trop bu, ce qui arrive souvent. Mais la jeune fille ne se plaint pas et accepte sa situation, savourant les petits moments de joie.

Aussi, lorsqu'elle rencontre Marius et que ce dernier lui propose de l'emmener dans la capitale, la jeune fille n'hésite pas et part pour sa nouvelle vie, certaine de trouver à Paris un emploi et une vie peut-être plus sereine. D'autant plus que Marius a tout l'air d'être un travailleur et de vouloir faire pour rendre la vie plus agréable à sa belle.

Malheureusement, très vite, dans les ateliers de filature, la colère gronde entre des salaire trop peu élevés, des patrons bien décidés à faire valoir leur supériorité. Marius se laisse alors embarquer dans un groupe de rebelles bien décidés à faire valoir leurs droits. Mais face à la misère, tenter de s'élever est une épreuve sans solution où il ne sera que possible de tomber plus bas.


Du côté de la forme...

Les romans d'Alain Léonard sont toujours des romans que je suis avec le plus vif intérêt et je dois dire que celui-ci je l'attendais tout particulièrement. Notez au passage cette superbe couverture qui ne peut qu'attirer l'oeil.

Jeannette est un personnage auquel on s'attache très vite et qui n'est pas sans nous toucher au coeur. Vivant dans la misère, elle doit éduquer ses frères et soeurs pour soulager sa mère malade. Comme si cela ne suffisait pas, il faut que le père soit alcoolique. Et si ce genre d'épreuves n'est pas rare pour l'époque, cela fait toujours son petit effet à la Zola et ça marche.

C'est donc avec joie et soulagement que nous allons la voir partir pour Paris en se doutant bien que tout ne sera pas si simple. Et en effet, pour Jeannette, l'enfer n'est jamais très loin entre misère, jalousie de ses collègues de travail et débauche progressive de Marius qui va se laisser embarquer dans son envie d'un monde plus juste, au risque de perdre tout ce qu'il a.

Au-delà de la vie des campagnes, c'est donc tout le Paris d'une époque que l'auteur met en avant ici : la vie dans les usines, la misère sociale, la soif d'égalité à la Germinal. Car derrière le caractère majestueux du travail d'Hausmann se cache l'enfer de la capitale et surtout la cruauté de ceux qui veulent à tout prix garder le pouvoir sur les faibles, quitte à les détruire.

Jeannette va donc tomber au plus bas et, de fil en aiguille, se retrouvera même dans une prison pour femmes de l'époque, un lieu de perversion et d'abominations. Car en contradiction avec ses rêves de liberté et d'émancipation, la jeune fille sera plus confrontée au pire. Pour autant, elle découvrira aussi la force de l'amitié et peut-être de l'amour...

Côté style, nous retrouvons toujours la capacité de l'auteur à raconter de belles histoires et à mettre en avant de beaux personnages. C'est à l'image d'un film que nous voyons s'élever devant nos yeux la modernité parisienne. Nous ressentirons le froid de la prison et la colère grondera en nous face aux injustices encore tellement d'actualité. Une réussite.


En conclusion...

Voici un roman avec lequel j'ai passé un très agréable moment, pile dans une époque que j'apprécie beaucoup. Voici un roman qui sait jouer avec nos émotions et tend à nous faire réfléchir sur l'intemporalité des différences sociales. Voici un roman historique qui traite d'un sujet malheureusement trop peu traité : les prisons de femmes. Un sujet qui ne devrait rester sous silence.

Un beau roman pour les amateurs du genre et pour les passionnés d'histoires de femmes.

La source aux trois fontaines - Antonin Malroux

  

Infos sur le livre

éditions : De Borée

date de publication : 02 septembre 2021

pages : 254

prix : 19,90€


Résumé éditeur

La jeune Anna est employée à la ferme des Fenière, un couple sans enfant, où elle donne entière satisfaction. Lorsque, à peine âgée de 16 ans, elle donne naissance à une petite Justine en refusant de dévoiler l'identité du géniteur, sa patronne Pélagie décide de la garder. C'est décidé, la petite Justine grandira au Hameau des Trois Fontaines. Quelques années plus tard, Justine, devenue l'heureuse égérie d'un grand magasin parisien, revient sur les terres auvergnates de son enfance pour honorer une promesse faite à sa mère. Y aura-t-il un bonheur au bout de ce retour au pays qui l'a vue naître ? 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement depuis plusieurs années.


De quoi est-il question ?

A la fin du XIXème siècle, la jeune Anna travaille pour un couple de paysans où, malgré l'ardeur de la tâche, elle est heureuse et fière d'avoir pu quitter la ferme de ses parents. Malheureusement, le bonheur est de courte durée, Anna tombant enceinte et refusant de dévoiler l'identité du père. Etre fille-mère à cette époque étant très mal vu, Anna n'a alors que peu d'espoir.

Par chance, Pélagie Fénière accepte de garder Anna auprès d'elle alors même qu'elle sera rejetée par son père. C'est donc à la ferme que la jeune fille mettra au monde sa petite Justine alors même qu'il n'y a plus d'hommes entre ces murs. A la fois aimée par sa mère et choyée par Pélagie, la petite Justine ne manquera de rien si ce n'est de réponses sur l'identité de son père.

Elle grandira ainsi dans l'amour d'une famille et dans les valeurs du travail bien fait. Studieuse et intelligente, elle ne manquera pas d'être vite repérée et de se voir offrir la chance de poursuivre sa vie dans la capitale. Dans le même temps, Anna n'aura de cesse de tenter de retrouver l'amour de ses parents et Pélagie de trouver en ces deux femmes la famille qu'elle n'aura jamais eu...


Du côté de la forme...

Les romans d'Antonin Malroux son toujours des romans emprunts de tendresse, de poésie et d'une belle humanité. C'est donc sans hésiter que je me suis plongée dans cette lecture en sachant que je passerais forcément un très beau moment.

Anna est, dès le départ, un personnage auquel on s'attache et que l'on souhaiterait pouvoir prendre dans nos bras. Au travail trop tôt, elle vivra le pire qu'une femme peut subir et tombera enceinte sous l'oeil mauvais de sa famille et des gens du village. Une situation toujours difficile à accepter mais remisée ici par l'amour inconditionnel de Pélagie, une femme comme il serait d'en croiser plus souvent.

Trois générations de femmes qui vont s'entraider et évoluer dans le monde sans l'apport de la gent masculine : de quoi offrir un roman purement féministe avec des personnages symboles de courage et une volonté sans faille à toujours se relever des épreuves. Une belle leçon de vie de laquelle nous devrions tous nous inspirer.

Ce roman se compose en deux partie majeures. Une première davantage consacrée à Anna et à l'épreuve qu'elle aura à vivre. La seconde à Justine et aux secrets qui l'entourent. Nous verront évoluer la première et grandir la seconde. Nous suivrons la relation mère-fille tout en nous laissant séduire par l'amour qui règne entre elles mais toujours dans l'ambiance historique que l'on peut apprécier.

Puis, avec Justine, nous retrouvons l'ambiance zolienne des grands magasins et nous découvrons le monde de la couture ainsi que celui des grands hôtels. De quoi nous offrir une plongée puissante dans le XIXème siècle envahi de saveurs, d'odeurs et de décors incroyables. Ce roman devient alors celui d'une émancipation à une époque où ce n'était pas si simple et on s'y attache.

Côté style, on retrouve la plume poétique de l'auteur et sa capacité à nous raconter des histoires de femmes étonnantes. Il sait mettre en valeur ces personnages parfois grandes oubliées de l'histoire et sait mettre la petite histoire dans la grande. Ici, les femmes ont le pouvoir ce qui fait du bien pour un roman du genre et sont les plus nombreuses, les personnages masculins n'étant qu'accessoires.


En conclusion...

Voici un roman que j'étais très curieuse de découvrir et avec lequel j'ai passé un très agréable moment dans un décors qui fait du bien et avec des personnages qui ne manquent pas de nous confronter à nos propres vies. Voici un roman qui sait nous plonger dans un siècle et dans la dualité entre ville et campagne pour une mise en valeur des femmes de toutes générations.

Un magnifique roman à découvrir pour les amateurs du genre.

vendredi 14 janvier 2022

Valtopolis, le silence des araignées - Julie Bouchonville

  

Infos sur le livre

éditions : Alter Real

date de publication : 30 juillet 2021

pages : 308

prix : 19€


Résumé éditeur

Anouk travaille comme gouvernante dans la ville de Valtopolis. Ses employeurs, aussi riches que désagréables, ne sont pas son seul problème : elle boit trop, pense trop à son ex, et prend trop à coeur la politique anti-immigration que la ville est sur le point d'adopter. Et si elle croyait que la coupe était pleine, elle se trompait. Elle surprend un rituel mystérieux, et d'un seul coup, les araignées du quartier se mettent à lui parler. Trop, c'est trop ! Il est temps d'aller voir la garde ! Madeleine Loroy appartient à la garde urbaine de la ville. Immigrée, trop honnête pour son propre bien, elle peine à se faire une place parmi ses pairs, et en plus, on lui confie une enquête dont personne ne veut : certains commerces - les propriétaires sont tous étrangers - sont victimes d'actes de vandalisme. Et le pire dans tout ça ? Elle va devoir collaborer avec Anouk, son ex, qui lui a brisé le coeur. Intrigue politique, magie, secondes chances et araignées qui parlent se mêlent dans ce roman plein de suspense et de rebondissements ! 

Pourquoi ce livre ?

Lire les livres des copines est toujours pour moi une évidence, c'est donc sans hésiter que j'ai acheté ce roman lors des dernières Aventuriales.


De quoi est-il question ?

Anouk est gouvernante. Malgré sa modeste situation, elle travaille pour une famille fortunée agissant souvent avec dédain à son égard mais aussi à l'égard des enfants. C'est d'ailleurs par amour pour ces derniers qu'elle tient le choc. Les enfants d'ailleurs le lui rendent bien bien que la situation politique actuelle pourrait les séparer d'elle sans qu'ils ne le comprennent.

Au-delà de sa situation professionnelle, la situation personnelle d'Anouk est loin d'être parfaite également entre un penchant trop prononcé pour l'alcool, une déception amoureuse et des engagements politiques qui pourraient lui porter préjudice. Dans le même temps, Madeleine, son ex, est mise face à une affaire qui pourrait mettre à mal la ville : des attaques de commerces mettant les esprits en chauffe.

Et voilà que, d'un coup, Anouk se retrouve à comprendre le langage des araignées qui, de leur côté, son bien décidées à la traiter comme une reine. L'occasion pour elle d'enquêter et de retisser un lien avec Madeleine, bien que cette dernière ne soit pas emballée. Aidées par une multitude de petites bêtes à huit pattes, les deux jeunes femmes vont devoir collaborer que pour la ville retrouve un semblant de quiétude.


Du côté de la forme...

Entre une couverture superbe, une auteure que je suis avec soin et un sujet original (parler avec les araignées quoi !), je ne pouvais que craquer pour ce roman prometteur que j'ai, autant le dire, complètement dévoré.

Comment ne pas tomber, dès les premières pages, sous le charme d'Anouk ? Cette jeune femme au caractère bien trempée mais également victime de sa personnalité et des angoisses qui la rongent... Car sa sensibilité et son coeur nous font accepter son sale caractère et son côté à la fois butté et hors de contrôle, une belle rencontre fictive.

Si le côté "causette avec les araignées" m'a convaincue lors de l'achat, il m'angoissait aussi un peu, moi qui ne suis pas fan de ces bébêtes. Pour autant, ça a fonctionné et je me suis surprise à m'attacher à ces petits animaux, à leur langage et à la force que leur donne l'autrice, leur redonnant un charme et des valeurs presque plus humaines que l'humanité que l'on voit au quotidien.

Ce roman est, pour son ensemble, un roman d'urban Fantasy avec des animaux parlant, un univers imaginaire mais ancré dans le réel. Pour autant, ce roman flirte aussi avec les genres du polar, du thriller mais également de la romance. Le tout se mêle parfaitement bien pour un ensemble qui fonctionne et auquel on se laisse prendre.

Mais cette histoire n'est pas non plus sans traiter avec finesse de sujets de société particulièrement forts tels que l'immigration, l'ethnophobie mais également le pouvoir des puissants de ce monde face aux plus faibles et aux moins fortunés. De quoi transposer l'intrigue sur notre propre monde et de réfléchir à nos propres comportements.

Le style de l'autrice est particulièrement agréable à suivre avec des personnages attachants et une intrigue prenante pour laquelle on émet des hypothèses sans vraiment trouver de solution. L'imaginaire sait se mêler à l'intrigue policière et inversement dans un genre qui l'un et l'autre à la fois. L'émotion ne manque d'ailleurs pas d'être régulièrement présente pour notre plus grand plaisir.


En conclusion...

Voici un roman dont j'attendais beaucoup et que je suis plus que ravie d'avoir pu découvrir. Si les araignées ce n'est pas mon truc, l'autrice a su me les faire aimer ici. L'intrigue policière nous envoûte et Anouk nous change des personnages traditionnels. La romance n'est pas au centre mais est apportée par petites touches de même que le fantastique qui prend toute sa place. On pourrait presque croire possible d'aller faire la causette à l'araignée sur le mur du salon après cette lecture.

Un roman don't je ne manquerai pas de lire la suite dès qu'elle sera disponible.

jeudi 13 janvier 2022

Nuit de Noël à Friday Harbor - Lisa Kleypas

  

Infos sur le livre

éditions : J'ai lu

date de publication : 03 novembre 2021

pages : 224

prix : 4,99€


Résumé éditeur

Ségolène Bonura

11 rue Jeanne d’Arc

63000 Clermont-Ferrand



Le 11 janvier 2022





Madame, Monsieur,


Forte d’un master dans les métiers de l’édition et d’une première expérience en tant que chargée de communication dans un grand groupe éditorial, je me permets de vous écrire afin de répondre à votre offre d’emploi mais en vous proposant une collaboration où je serais prestataire et non salariée. En effet, ayant monté mon auto entreprise destinée aux relations presse pour les éditeurs, je souhaiterais pouvoir la faire prospérer.


Passionnée de lecture et notamment de romances historiques et contemporaines, j’aurais grand plaisir à contribuer à promouvoir vos titres et à faire connaître des auteurs de langue étrangère en France car un premier roman peut être le best-seller de demain et c’est dans cette optique que je travaille.


Chroniqueuse littéraire à mes heures perdues, je gère les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram et Youtube (je me suis récemment essayée aux books trailers et je dois avouer avoir beaucoup aimé). Je dois encore me former aux nouveaux réseaux mais je m’y intéresse de prêt. Si je fais plutôt partie des visiteurs « fantômes » sur les comptes des autres influenceurs, cela ne m’empêche pas de me renseigner très régulièrement sur ce qui ce fait et sur ce qui plaît.


À ce titre, j’aurais grand plaisir à « pister » les nouvelles tendances et les nouveaux influenceurs pertinents afin de faire connaître vos ouvrages. J’estime que ceux qui ont le plus grand nombre d’abonnés ne sont pas toujours les plus pertinents et préfère quelqu’un qui va donner un avis poussé et réflexif sur le texte à quelqu’un qui va faire une seule présentation mais sans contenu derrière. Une bonne communication doit donc savoir allier les deux car je suis consciente que de bonnes ventes passent par une belle visibilité


Parmi vos auteurs que je suis avec le plus vite intérêt, il y a notamment Caro M. Leen qui a contribué à me faire aimer les romances de Noël que je ne lisais pas forcément avant.


J’ai conscience que vous recherchez plutôt pour ce poste un(e) salarié(e) mais je serais ravie de pouvoir contribuer à mettre en valeur votre catalogue soit par le biais des réseaux sociaux soit, de manière ponctuelle, sur quelques titres de votre choix. Résident en province, je pense qu’il peut être intéressant pour vous de bénéficier d’une communication dans la PQR en prenant en compte les lieux de vie des auteurs non parisiens.


Dans l’attente de votre retour, je vous prie de recevoir mes meilleurs sentiments.


Ségolène Bonura




"Cher père Noël, cette année, je veux juste une chose : une maman." Lorsqu'il découvre le message de sa nièce Holly, Mark Nolan est profondément désemparé. Célibataire dans l'âme, il a dû composer avec cette petite fille fragile qui a perdu la parole à la mort de sa mère et dont il est désormais le tuteur. Mark donnerait tout pour la consoler et lui offrir la douceur d'un foyer. Dans l'espoir de la réconforter, il décide de l'emmener dans un merveilleux magasin de jouets à Friday Harbor. En ouvrant la porte, Mark et Holly découvrent un univers plein de féerie, sur lequel règne une jeune femme rousse à la beauté angélique : Maggie. 


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions J'ai lu pour la découverte de ce roman très ancré "romance de Noël" comme j'en cherche toujours en fin d'année.


De quoi est-il question ?

Quand sa soeur se tue dans un accident de voiture, Mark ne se doute pas qu'elle lui laissera en héritage la tutelle de sa fillette de 6 ans, Holly. Le père n'ayant aucune existence dans la vie de la petite, c'est en effet avec ses deux oncles, Mark et son frère Sam possédant une grande maison, que l'enfant devra maintenant grandir.

Mais depuis la mort de sa mère, la petite bien que sage et obéissante est étrangement mutique. Mark a beau tout faire pour elle, si ce n'est peut-être accepté la poussée vers l'imaginaire, il ignore comment aider sa nièce. Jusqu'au jour où, entrant dans un magasin de jouets, ils font la connaissance de Maggie. Jeune veuve, la femme ne veut plus faire entrer d'homme dans sa vie mais elle s'attachera à Holly.

Parvenant à lui faire retrouver la parole, elle ne restera pas insensible au charme de Mark qui, de son côté, se trouve très attiré par la jeune femme. Les hasards leur permettront de se retrouver à plusieurs reprises mais comment accepter ses sentiments quand on s'est promis de rester fidèle au seul être cher, qu'il soit un mari trop tôt disparu ou une fillette devenue le centre du monde ?


Du côté de la forme...

Si je suis de plus en plus friande de romances, il est assez rare que je lise des romances au sens premier terme, sans érotisme ni thématique particulièrement (même si ici Noël est plus moins au centre de l'histoire bien que peu présent).

En débutant cette lecture, on attend la romance des contes de fées. Ces histoires irréelles et improbables auxquelles on veut croire mais que l'on sait impossibles qui font juste du bien au moral et nous mettent des paillettes dans les yeux. Mais la première émotion vient par le personnage de Holly et comment ne pas être touchée par cette enfant, orpheline trop tôt, que l'on voudrait juste prendre dans nos bras.

Si l'émotion aurait été plus forte si le mutisme avait duré plus longtemps et si tout avait davantage tourné autour d'elle, on se laisse vite prendre à la relation naissante entre Mark et Maggie pour lesquels on éprouve très vite une vite empathie, qu'elle soit due au deuil ou au rôle tout récent et si complexe de père. On voit les fragilités des personnages et la dualité qui naît dans leurs esprit, efficace.

Si ce roman est sous le signe des romances de Noël avec une couverture révélatrice et une lettre de la fillette s'adressant au Père-Noël, il n'est au final que très peu question de cette fête dans ce roman, Noël n'étant qu'une finalité. L'important est la famille, les rencontres et le quotidien s'approchant peu à peu des fêtes mais pas de "magie de Noël" ici.

Bien que la famille reste un sujet principal du roman, nous sommes là face à la question des familles recomposées avec ce sujet universel : l'amour peut surgir de n'importe et est le seul qui compte en opposition avec l'image de la famille traditionnelle telle qu'on l'entend. Ici, le papa et la maman sont remplacés par deux oncles et, on l'imagine, la belle-mère parfaite.

Côté style, l'auteure reprend ici tous les codes de la romance et s'il n'y a pas de réelle surprise dans cette lecture, tout fonctionne à merveille avec tendresse. Le roman se lit très vite et s'il ne laisse pas un souvenir impérissable il permet malgré tout de passer un très agréable moment sans prise de tête et faisant appel à tous les bons sentiments.


En conclusion...

Voici un roman qui ne changera pas la face du monde mais qui permet de passer un joli moment hors du temps comme on les aime avec ce type de lectures. Voici un roman qui nous permet de renouer avec l'âme humaine et l'être humain. Voici un roman qui rappelle combien l'amour pour un enfant pour soulever tous les obstacles.

Une jolie histoire qui me donne envie de découvrir d'autres histoires de l'auteure.

Les marcheurs, tome 1 - Denis Labbé

  

Infos sur le livre

éditions : Rebelle

date de publication : 22 mai 2017

pages : 232

prix : 14€


Résumé éditeur

Que faire lorsque le monde s'écroule autour de vous et que vous devez échapper à la mort ? Lors d'un voyage scolaire au camp de travail du Struthof, une expérience nazie refait surface et déclenche une épidémie. Pris au coeur de cette catastrophe, Louis Fleckinger, professeur d'histoire, essaie de sauver un groupe d'élèves afin de les ramener auprès de leurs parents. Mais la route va être longue. 


Pourquoi ce livre ?

Lors d'un salon où étaient exposés l'ensemble des titres de la maison d'édition, je me suis laissée séduire par cette histoire de zombies, dans un besoin de roman mêlant histoire et thématique un peu décalée, les zombies étant parfaits pour ça.


De quoi est-il question ?

Louis est professeur dans un lycée. S'il a conscience des difficultés de son métier, il a toujours à coeur d'enseigner avec coeur et passion en parlant à ses élèves avec des propos et des comparaisons qu'ils peuvent comprendre. C'est dans cette optique qu'il va emmener sa classe au camp de Struthof, lieu méconnu de la seconde guerre qui pourtant vit naître de terribles expériences.

Durant la journée, des choses étranges commencent pourtant à se passer sans que personne ne puisse vraiment expliquer quoi. Seul indice, une expérience qui se serait échappée d'une pièce fermée depuis l'époque suite à une fausse manipulation. Suite à cela, nombreux seraient ceux qui adopteraient un comportement étrange, voire effrayant.

Se voulant d'abord rassurant, le professeur ne va tarder à comprendre qu'il est désormais seul à la manoeuvre pour tenter de protéger ses élèves. Va s'ensuivre une véritable course-poursuite sur le lieu de mémoire pour tenter de sauver ce qui peut l'être tout en cherchant à comprendre ce qui aura pu se passer. Car, aucun doute, le danger est venu du passé pour être lâché dans le présent.


Du côté de la forme...

J'avoue qu'un roman parlant d'un virus lâché par erreur dans la nature a un goût un peu trop actuel qui pourrait perturber une lecture plusieurs années après la parution. Mais en me focalisant plus sur la partie histoire et fantastique, j'ai su me laisser séduire.

En me lançant dans cette lecture, je savais que j'aurais affaire à un mélange d'historique, de fantastique et d'aventure. Pour l'histoire, une période qui m'intéresse beaucoup : la seconde guerre mondiale. Pour le fantastique, des créatures qui savent toujours éveiller la tension : les zombies. Les deux sont mêlés par le passé qui vient perturber le présent et ça marche.

Car si le début du roman est une vraie plongée historique évoquant un site malheureusement trop peu connu, et si l'auteur sait parfaitement nous en faire découvrir l'horreur, il bascule peu à peu dans le fantastique au sens premier du terme : une inquiétante étrangeté qui se met peu à peu en place pour attiser l'angoisse et faire basculer le lecteur dans un univers effrayant qu'il ne maîtrise plus.

Commence alors une aventure dans un univers assez sombre et que l'on imagine nocturne avec pas mal de code du cinéma pour une visualisation parfaite des différents évènements. Le petit groupe de personnages est une preuve d'éclectisme avec chacun pouvant apporter quelque chose aux autres. Pour autant, il est intéressant de voir, dans un roman pour les jeunes adultes, le point de vue du professeur.

Louis m'a donc beaucoup touchée dans son envie de protéger plus ses élèves que sa propre vie et j'ai été prise dans l'action du roman avec ce caractère addictif qui ne laisse pas une seconde de répit. Par ailleurs, le caractère en huis-clos du roman apporte une angoisse supplémentaire. Car au-delà de la présence même des zombies, comment leur échapper ?

Côté style, l'auteur maîtrise à la perfection la personnalité de ses personnages, le caractère historique et la plongée progressive dans l'horreur. Il embarque son lecteur comme ses personnages dans une course effrénée et je me suis surprise à haleter comme si moi aussi j'avais couru pour fuir. De manière classique certains disparaissent peu à peu mais ça marche et la fin arrive beaucoup trop tôt avec l'envie d'enchaîner avec la suite.


En conclusion...

J'avais pas mal d'attentes sur ce premier tome qui m'avait beaucoup tentée et je n'ai pas eu à être déçue de ma lecture. Sans trop savoir où j'allais, j'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur la part historique d'un coin de France que je ne connais que peu et, côté imaginaire, je me suis laissée porter et effrayer par les zombies mais pour mon plus grand plaisir tout en m'attachant à des personnages sensibles et forts.

C'est sans hésiter que je me plongerai dans la suite dès que je le pourrai.

Il faut sauver Albert (le homard prévu pour Noël) - Lise Syven

 

Infos sur le livre

éditions : J'ai lu

date de publication : 20 octobre 2021

pages : 320

prix : 7,50€


Résumé éditeur

Béatrice et Erwan filent le parfait amour à Paris, loin de Lorient, la ville d'origine du jeune homme, et de sa famille loufoque. Mais à l'approche de Noël, il doit retourner dans le bar-restaurant de ses parents. Car pour le réveillon, les Guellec se plient en quatre et n'attendent qu'une chose : la venue de leur fils chéri.Par amour, Béatrice accepte d'accompagner son petit ami en Bretagne. Autant dire que les retrouvailles et les présentations s'annoncent hautes en couleur... Sans compter que le festin surprise n'est autre qu'un énorme homard. Béatrice, horrifiée, découvre la bête que quelqu'un a soigneusement planquée dans le garage.En bonne vegan qui se respecte, c'est décidé, elle fera tout pour sauver Albert - le crustacé en sursis - et lui rendre sa liberté !


Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions J'ai lu grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce nouveau roman d'une auteure que j'avais très envie de relire pour une romance de Noël comme je les aime en fin d'année.


De quoi est-il question ?

Béatrice et Erwan ont tout pour être heureux et vivent une très belle histoire d'amour. A l'approche des fêtes de fin d'année, alors que la famille de Béatrice est loin et que Erwan est en froid avec sa famille, le couple voudrait passer un réveillon tranquille mais, poussé et culpabilisé par sa mère, Erwan propose à sa dulcinée de l'accompagner à Lorient pour fête Noël avec son frère et ses parents.

Direction donc la Bretagne au sein d'une famille au fort caractère entre un frère cachant son histoire d'amour à ses parents, un père au caractère bougon et emporté et une mère-poule bien décidée à faire revenir son aîné près de la maison même si, pour cela, elle doit tenter de lui remettre dans les pattes son ex. La fête de famille s'annonce mouvementée.

Mais, comme si tout cela ne suffisait pas, les convictions intimes de Béa ne vont pas aller pour arranger les choses. Car la jeune femme est une vegan convaincue pour qui la protection animale est un combat, un combat qui n'ira pas avec la surprise préparée par le père à la mère : un gros homard à faire cuir le soir du réveillon. Béa n'aura alors de cesse de sauver la pauvre bête... et peut-être même les huitres qui iront avec.


Du côté de la forme...

Les histoires de Noël, voilà toujours de quoi se faire du bien en période de fêtes. Une romance mêlée d'humour et questions d'actualité avec, en prime, la plume d'une auteure que j'avais envie de relire depuis longtemps, je ne pouvais pas la laisser passer.

Tout commence comme une romance classique : un jeune couple plein de vie qui file le parfait amour et qui va se retrouver dans la famille de l'un des deux pour les fêtes. Bien sûr, très vite, le lecteur comprend que rien ne pourra bien se passer avec des personnages aux convictions, aux motivations et aux caractères un peu trop forts pour que ça colle.

Je dois avouer que le fait que Béatrice soit vegan aurait pu me déranger en ce sens qu'il s'agit d'une conviction que je trouve, chez certains, parfois trop extrême. Un personne comme ça promettait donc de m'agacer et ce fut le cas. Pourtant, le grand coeur de la jeune femme nous engage peu à peu à la comprendre, à penser comme elle et à avoir envie qu'elle réussisse.

Nous allons donc la suivre dans son envie de sauver ce fameux homard qu'elle va, de surcroit, baptiser. Elle va prendre le risque de briser son couple et de se mettre toute une famille à dos pour ses propres convictions et je dois avouer avoir du mal avec ces personnages qui n'en font qu'à leur tête sans savoir se plier aux volontés des autres. Pourtant, au fil des pages, on rit et on s'émeut.

Mais ce roman pose aussi beaucoup de questions de société : les vegan, l'homosexualité, les rapports familiaux mais aussi la vie de couple en général. Avec un petit goût de Noël mais également avec de multiples rebondissements, l'auteure sait innover par rapport aux codes du genre en mettant presque de côté la romance pour en faire bénéficier l'intrigue et l'humour.

Côté écriture, une petite plongée en Bretagne ne pouvait que me faire du bien, moi qui adore cette région et rêverais d'y retourner. L'ode marine nous embaume et, lors des trajets en voiture, on profite avec les personnages du son des binious ce qui ne pouvait que m'enchanter. D'ailleurs, l'auteure nous décrit aussi les paysages avec une poésie qui nous fait sentir sa passion pour la région.


En conclusion...

Ce roman fut ma première lecture de Noël de l'année et je suis plus que ravie d'avoir pu commencer par celle-ci, une juste transition avant de passer aux romances pures. Avec un mélange de Bretagne, d'amour, d'histoires familiales et de questions de société, l'auteure nous offre avec humour une histoire qui nous attache et nous embarque sans mal.

Un très bon roman qui me donne envie de lire prochainement d'autres romans de l'auteure.