vendredi 29 mai 2020

Victime 55 - James Delargy



Infos sur le livre

éditions : Harper Collins
date de publication : 08-01-2020
pages : 352
prix : 20€

Résumé éditeur

Deux suspects. Deux témoignages identiques. Un seul coupable. Une petite ville perdue en Australie. Un officier de police habitué à régler des petits problèmes de vie domestique et querelles de voisinage. Un jour de canicule débarque un homme, couvert de sang. Gabriel déclare avoir été séquestré dans une cabane par un serial killer. Le dénommé Heath a déjà tué 54 personnes. Gabriel est sa prochaine victime. Quand la chasse à l’homme commence, ce même jour de canicule, débarque un deuxième homme. Heath est couvert de sang. Heath déclare avoir été séquestré dans une cabane par un serial killer, un certain Gabriel. Gabriel a déjà tué 54 personnes. Heath est sa prochaine victime. Qui est le numéro 55  ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Harper Collins grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman assez intriguant et un auteur que je n'avais jamais eu la chance de lire.

De quoi est-il question ?

Dans les petites villes australiennes, bien rares sont les enquêtes dignes de ce nom pour Chandler et son équipe. Aussi, lorsqu'un homme arrive ensanglanté auprès de lui, lui disant qu'il est parvenu à échapper à un psychopathe ayant prévu de faire de lui sa 55ème victime, c'est là l'occasion pour lui d'entrer dans le cercle fermé des chasseurs de serial killers.

Mais bientôt, un autre homme surgit, martellant qu'il est lui-même victime d'un psychopathe ayant cherché à le tuer. Ce tueur, d'après Heath, ne serait nul autre que Gabriel, le premier homme reçu par Chandler peu de temps avant. Chacun prétend être la victime de l'autre, chacun raconte la même histoire, chacun pourrait bien être un redoutable criminel à arrêter à tout prix.

Pour Chandler, il va s'agir de démêler le vrai du faux pour éviter toute erreur mais surtout pour mettre derrière les verroux le bon coupable. C'est alors que Mitch, un ancien coéquipier survient pour diriger l'affaire, un homme aux idées bien ancrées. Les deux hommes devront la jouer fine pour trouver des réponses alors même que la vie privée de Chandler ressemble de plus en plus à un fiasco.

Du côté de la forme...

Difficile d'innover en matière de polars et de thrillers. Pourtant, à la lecture du résumé de ce roman, j'ai eu le sentiment de plonger dans une intrigue nouvelle et plutôt originale. L'occasion aussi de découvrir un nouvel auteur ce qui est toujours bon à prendre.

Voici donc un roman qui commencait très bien avec la thématique classique des tueurs en série mais avec une manière fort originale de l'amener. Deux victimes, deux coupables, deux individus aux rôles interchangeables. Alors bien sûr dès le début le lecteur cherche la faille pour démêler lui aussi le vrai du faux mais sans jamais vraiment y arriver.

Gabriel et Heath sont, il faut le dire, tous deux très convainquants et le suspens est complet. Malheureusement, le risque avec une intrigue de ce genre était de très vite tourner en rond et je dois reconnaître que, parfois, j'ai un peu eu ce sentiment. L'auteur m'a parfois donné l'impression de faire du "remplissage" et c'est dommage.

Pour autant, on se laisse assez aisément porter par cette intrigue qui devient de plus en plus addictive au fil des pages. De même, on apprend peu à peu à aimer Chandler qui fait partie de ces enquêteurs brillants à la vie personnelle délicate. Banal mais toujours efficace et apportant quelque chose en plus au roman.

En alternance, le lecteur se retrouve face à une enquête menée dans le passé par Chandler et Mitch et s'il se doute que ces chapitres ne doivent rien au hasard il ne parvient pas à mettre le doigt dessus. Un moyen de cerner un peu mieux les enquêteurs en apportant une ambiance à la fois sombre et intense à l'intrigue principale.

Côté style, j'ai aimé me retrouver dans la moiteur australienne et au coeur d'une enquête où l'auteur a à coeur de mettre le lecteur à contribution. Si l'intrigue peut sembler ralentir par moment l'ambiance est là et l'auteur sait jouer avec des rebondissements pour ramener le lecteur auprès de lui et, finalement, c'est sans s'en rendre compte que le lecteur va jusq'au dénouement percutant réservé.

En conclusion... 

Voici un roman qui me faisait très envie et que j'ai beaucoup apprécié malgré quleques lenteurs parfois dues à une intrigue quelque peu statique. Voici un roman qui change de l'ordinaire et qui sait happer le lecteur malgré tout jusqu'à un final digne des grands romans du genre. Voici un roman à l'ambiance australienne qui change de ce dont on peut avoir l'habitude.
Un très bon roman du genre à découvrir pour les amateurs de thrillers retentissants. 

jeudi 28 mai 2020

Germinal - Emile Zola


Germinal

 1885

Résumé succint

Etienne Lantier est un jeune homme libre et solitaire et court les routes. Par une soirée d'hiver, il arrive à Montsou, ville du nord de la France où il fait la rencontre des mineurs et notamment de la famille Maheu qui accepte de l'héberger quelques temps et même de l'aider à trouver du travail. Dès lors, Lantier découvre la misère et l'horreur alors que, dans les maisons bourgeoises, les patrons vivent grassement. Lantier organise alors la grève...
Un roman naturaliste

Marque de fabrique de Zola, le naturalisme est l'étude d'une couche de la société, ici les mineurs et les familles pauvres du nord de la France. Une étude finement réalisée même si, comme toujours avec Zola, le bonheur ne semble jamais être possible ou, pour le moins, durable. Ici, les mines, le charbon, matière très en vogue à la fin du 19ème siècle pour faire fonctionner le pays au détriment de la santé et du respect de ceux qui y travaillent.

Les mines, on s'y croirait. De la souffrance au travail à la misère omniprésente, Zola ne laisse rien au hasard et ça fonctionne. Le lecteur s'y croirait, le roman sonnant comme témoin de son époque, témoignage pour les lecteurs contemporains, historique pour les lecteurs d'aujourd'hui. D'ailleurs, l'auteur ne craint de parler ni des éboulements ni des morts par centaines, encore moins de l'alcoolisme et de la violence omniprésente.

Un roman social

Avec la distinction entre riches et pauvres mais également avec l'appel aux grèves, grèves qui engageront plus de misère qu'autre chose, l'auteur se présente comme témoin de son temps et des souffrances quotidiennes. Difficile d'ailleurs de ne pas penser à notre propre société d'aujourd'hui ce qui rend, malheureusement, à ce roman un caractère intemporel qui est loin d'être réjouissant. 

La grève, à l'image d'aujourd'hui, sonnera comme un espoir, un espoir vite déchu qui, par le regard de l'auteur montre que rien ne pourra jamais changer la face du monde. D'ailleurs, lorsque les mineurs se rebelleront, ils signeront leur propre fin alors que les mariages arrangés et l'incompréhension entre les mondes ira toujours plus loin, jusqu'à la mort.

Pourtant, au-delà de la misère, les relations entre les hommes restent forte avec de vrais engagement et une solidarité dans le malheur. Une solidarité qui pourtant ne passe pas les frontières sociales justement où chacun semble devoir bien rester à sa place.

La famille déchue

C'est parce que le malheur est trop grand que la famille n'a plus lieu d'être en tant que telle dans ce roman ce qui ajoute à la souffrance. On aurait pu espérer des relations fortes entre parents et enfants, entre époux ou entre frères et soeurs mais il n'en est rien. Car si les époux se donnent l'un à l'autre, c'est souvent parce que l'homme est enivré. Si l'on fait des enfants, c'est pour qu'ils puissent aller travailler et ce même s'il faudra nourrir l'enfant pour rien les premières années. 

D'ailleurs, pour Catherine, une des filles de Maheu, le prix à payer sera terrible puisqu'en se mariant elle sera considérée comme paria de la famille. Reniée par son père, haïe par sa mère, elle se retrouvera seule avec son époux qui se révèle être à son tour un homme violent et orgueilleux. Un peu navrant que de voir cette adolescente se retrouver seule.

De fait, la famille n'est présente que pour le travail ou, chez les nobles, par les arrangements familiaux ce qui ne laisse aucune place pour la tendresse. Une manière bien triste de voir les choses et de voir évoluer ces personnages.

Symbolique de l'inexorable

Etienne Lantier est celui qui engage à la grève, celui par qui le malheur sera finalement encore plus grand. Il est la personnification même de la grève, le symbôle de la rébellion : la grève arrivera avec lui et s'estompera au moment de son départ. A la lumière de cette grève, Etienne arrivera puis repartira laissant le fléau sur son passage mais comme un être sans passé ni avenir qui aura juste été là pour pour cet instant de vie.

Par ailleurs, Etienne aura bien du mal tout au long du roman à établir des relations saines avec les autres acteurs de l'intrigue si ce n'est avec les Maheu qui en paieront le prix fort. Etienne devient alors le symbôle du malheur et peut-être même de la mort.

La style Zola

Emile Zola est peut-être l'un des auteurs classiques les plus "faciles" à lire et à comprendre avec un regard acerbe sur la société. Malgré les longues descriptions vous plongeant au coeur même du lieu de l'action, les dialogues sonnent vrai et l'intrigue vous porte parce que les personnages, bien qu'un peu manichéens parfois, sont témoins de leur époque.

Le style de Zola est un style à plusieurs niveaux de lecture avec tantôt la possibilité d'analyser chaque phrase et tantôt l'envie de se délecter simplement d'une histoire bien construite et à l'intrigue prenante parce que bien souvent basculant dans une certaine forme de poésie.

Germinal est un roman que chacun devrait connaître et qu'il est agréable de relire de temps à autres.

La sirène d'Ouessant - Edouard Brasey

 

Infos sur le livre

éditions : Calmann-Levy
date de publication : 14-05-2014
pages : 384
prix : 19,90€

Résumé éditeur

Île d’Ouessant, années 30. Quand elle apprend que son mari matelot a péri dans un naufrage, la laissant démunie avec son jeune enfant, Marie-Jeanne Malgorn refuse d’y croire. Elle est persuadée qu’il a été enlevé par l’une de ces sirènes dont parlent les légendes, une Morgane. Elle se tourne vers Malgven, la vieille rebouteuse, qui la contraint à sacrifier un agneau dans le temple des anciennes druidesses. Si la Morgane le libère, Jean-Marie sera là d’ici la Toussaint, prophétise la sorcière. La vie est dure sur l’île battue par les vents. Malgré le poids de la solitude, Marie-Jeanne se refuse à Yves, l’aubergiste qui l’a vue naître et s’est passionnément épris d’elle, mais laisse un jeune naturaliste, originaire du Finistère, en mission d’observation ornithologique dans l’île, la distraire de son deuil. Fascinée par l’homme de science, Marie-Jeanne n’oublie pas que Jean-Marie pourrait à tout moment surgir. Mais à mesure que se rapproche l’échéance fixée pour son retour, elle commence à douter d’elle-même. Pour qui son coeur bat-il vraiment ? Un terrible drame va bientôt la forcer à choisir…

Pourquoi ce livre ?

C'est lors d'un salon du livre que je me suis laissée tenter par ce roman au sujet très attractif d'un auteur que je suis avec pas mal d'intérêt.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1930 sur l'île d'Ouessant en un temps où elle n'a pas encore été envahie par les touristes des terres. Marie-Jeanne, enceinte, est de ces femmes de marins qui tentent tant bien que mal de tenir la maison et de survivre dans l'attente du retour de l'époux. Comme les autres, elle vit dans la crainte du drame, jusqu'à ce que celui-ci survienne.

Le jour où la jeune femme apprend que son mari a disparu en mer, la laissant seule avec leur fils, tout s'écroule pour elle. Alors prête à tout pour aspirer au retour de celui qu'elle aime, elle ira jusqu'à rendre visite à la sorcière de Ouessant pour réaliser un rite afin de l'arracher aux mains des sorcières et ce malgré les dangers que tout cela représente.

Dans le même temps, sur l'île, Yves l'aubergiste a vu naître Marie-Jeanne et approuve pour elle une affection vive et sincère. Il a alors à coeur de se rapprocher de la jeune femme et de lui venir en aide malgré le recul de cette dernière. Mais sur l'île, Marie-Jeanne est mal vue et les rumeurs vont bon train au risque de mettre en danger ce qui restait à sauver...
 
Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman de l'auteur et je suis ravie d'avoir enfin pris le temps de sortir ce roman-ci de ma pal, dans une folle envie d'évasion dans une région que j'apprécie beaucoup.

Ouessant est, par excellence, une île qui aspire au rêve et à l'imaginaire, une île reculée du monde où il est bien difficile de s'imaginer vivre, une île hors du temps. Alors imaginer cette même île à une époque où les moyens de communication modernes n'existaient pas et où les légendes rythmaient la vie des habitants, voilà qui vous embarque dans un tourbillon onirique et terrifiant très efficace.

Dans ce roman, nous retrouvons bien sûr tout l'univers des romans de terroir mais en Bretagne où les préoccupations sont liées aux craintes de l'océan. C'est avec brio que l'auteur nous transporte dans cet univers et nous laisse entrevoir la vie de ces femmes qu'il est bien difficile aujourd'hui d'imaginer. Une vie de peurs et de douleurs où les tempêtes sont autant réelles que symboliques dans les coeurs.

Dans le même temps, l'auteur nous invite à la découverte des légendes bretonnes et plus particulièrement des légendes liées aux sirènes. Bien difficile alors de savoir si l'auteur va opter pour un univers virant au fantastique ou si la légende restera légende dans les esprits. Finalement il saura jouer avec les codes pour rester dans le réel tout en initiant la réalité de ces légendes dans les esprits.

Et puis bien sûr, qui dit roman régional dit romance, histoire de femme, émancipation et j'en passe, thèmes que l'auteur reprend fort bien avec Marie-Jeanne qui sera autant épouse que mère, autant femme que veuve. De quoi plonger dans la vie d'épreuve de cette femme tout en étant témoin des certitudes bien ancrées des habitants qui vivent à travers la crainte des malédictions.

Le style d'Edouard Brasey est un style que j'aime beaucoup. Un style où la profondeur de l'histoire se mêle à une écriture pleine de sens, où la poésie d'un personnage se lie à l'histoire d'Ouessant. Et parce que l'auteur s'y connaît en légende, il sait aussi mêler celles de l'île à la fiction pour laisser le lecteur s'y croire sans jamais vouloir juger les personnages.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'attendait depuis longtemps et qui m'a tout simplement fait du bien dans une période où nous avions tous besoin d'évasion. Voici un roman qui nous promène dans l'espace et dans le temps mais aussi dans le coeur d'une femme attachante, figure des épreuves de son époque. Voici un roman plein de légendes qui effraie autant qu'il inspire.
Un roman qui devrait plaire aux amateurs du genre et qui n'a pas été loin du coup de coeur pour moi. 

mercredi 27 mai 2020

Le songe - Tarryn Fisher

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Infos sur le livre

éditions : Hugo Roman
date de publication : 19-10-2017
pages : 400
prix : 17€

Résumé éditeur

Un rêve peut-il être prémonitoire, ou influencer tellement sa vie qu'elle finit par ressembler à ce rêve ? Tout commence par un rêve que fait Helena, l'héroïne. Elle s'y voit mère de famille avec le copain de sa meilleure amie, dans une ville à l'autre bout du pays, dans un futur très différent que celui qu'elle envisage alors. Le rêve est très vif et troublant et elle va se réveiller en se demandant s'il est prémonitoire. Elle se persuade que tout cela n'est pas important, mais ne cesse d'y repenser. La vie reprend, à côté de son petit-ami Neil, mais chaque décision ou événement semble la rapprocher du rêve, et cela la trouble. Peu à peu, elle commence à voir sa meilleure amie différemment et le petit ami de celle-ci, Kit, l'intéresse de plus en plus. Ils vont se rapprocher. Helna agit de plus en plus conformément au rêve. Pour mieux connaître Kit, Helena commence à suivre ce qu'il fait. Il écrit un livre dont le pitch est que deux garçons aiment la même fille. Ce livre et les échanges qu'ils ont à ce propos vont les rapprocher. Elle s'immisce aussi beaucoup dans la vie sentimentale de Kit et de son amie. Peu à peu, elle s'éloigne de Neil, comme son amie s'éloigne de Kit et sa relation avec Kit flirte avec une vraie relation sentimentale. Son amie va avoir un bébé comme le prédisait le rêve, bébé dont s'occupe beaucoup Helena... Le rêve était-il prémonitoire ou Helena a-t-elle provoqué les circonstances propices à sa réalisation ? La réalité va-t-elle rejoindre l'imaginaire ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Hugo Roman grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman à la couverture magnifique et au sujet plutôt attractif.

De quoi est-il question ?

Helena est une jeune femme belle et intelligente à qui s'offre un bel avenir. Mais une nuit, elle se rêve des années plus tard, mariée au petit ami de sa meilleure amie. Pire, elle se voit également mère de famille, elle qui n'est pas forcément une grande fan d'enfants. Et si cette situation la dérange un peu, elle se sent heureuse.

Au matin, difficile de revenir à la réalité et d'accepter que Kit ne fait pas partie de sa vie. Persuadée que son rêve était prémonitoire, Héléna va s'attacher à forcer le destin et à provoquer cette relation idéalisée qu'elle ne peut oublier. Alors elle mène sa propre enquête pour savoir qui est cet et si, véritablement, quelque chose était possible entre eux.

Au grand désarrois de Neil, son propre petit ami, Héléna s'enfonce dans son rêve et ne verra pas d'un bon oeil qu'une famille commence à naître sous ses yeux. Elle n'aura alors de cesse de se rapprocher de Kit qui, lui-même, ne restera pas insensible au charme d'Héléna. A moins que le destin ne vienne s'en mêler pour lui offrir une chance...

Du côté de la forme...

La new romance est un genre que j'aime beaucoup même si j'ai un peu espacé mes lectures du genre depuis quelques temps. Une romance mêler à l'univers de l'onirisme était donc pour me plaire même si je ne m'attendais pas tout à fait à ce que j'ai eu.

Ce qui m'a tentée dans ce roman, c'est la question du rêve lié à la réalité. Malheureusement, j'aurais aimé que ce lien soit davantage présent, avec une alternance de chapitres par exemple où le rêve revienne régulièrement. Ici, il s'agit juste du premier chapitre. De fait, la réaction d'Héléna semble alors plus relever du fantasme ce qui est dommage.

Héléna qui, jusqu'alors ne s'était intéressée que de loin à Kit va en tomber amoureuse éperdument sans plus se poser de questions que ça et va tout faire pour voir se réaliser son rêve. Et parce qu'elle va agir plus par désir de voir réaliser son rêve que par amour véritable au début je dois dire qu'elle m'a plutôt agacée.

Finalement, le roman va alors plutôt évolué comme une romance classique avec une relation hasardeuse qui va aller de plus en plus loin avant que la situation ne vire au vinaigre. Rien de bien novateur mais toujours efficace avec une relation entre les deux personnages qui navigue entre honte et attirance.

Je me suis donc plutôt laissée porter mais malheureusement j'ai aussi trouvé que tout sonnait comme un peu trop artificiel. La romance est belle mais on n'y croit pas vraiment et Héléna est un personnage qui ne semble vivre qu'à travers son rêve. J'aurais souhaité lui trouver un peu plus de profondeur avec d'autres centres d'intérêt que son "projet".

Côté style nous sommes dans un new romance donc le genre de roman qui se lit bien et de manière assez fluide. L'évolution se fait en douceur et quelques rebondissements offrent un rythme à l'ensemble, un rythme qui offre un souffle au roman et permet au lecteur de rester dans l'histoire même si, pour moi, cela a un peu manqué de profondeur.

En conclusion... 

Voici un roman que j'étais plutôt curieuse de découvrir et dont j'attendais beaucoup mais dont je ressors finalement avec un avis plutôt mitigé. Si j'ai passé un bon moment avec la romance je n'ai pas su m'attacher aux personnages et si l'idée du rêve m'a séduite j'aurais aimé qu'elle soit davantage présente à divers moment du roman.
Un joli roman pour les amateurs mais qui ne restera pas dans mes plus belles lectures du genre. 

Les éphémères sont éternels - Azelma Sigaux



Infos sur le livre

éditions : H Tag
date de publication : 15-02-2019
pages : 248
prix : 16,50€

Résumé éditeur

Après des siècles de recherches et de fantasmes, la solution pour devenir immortel est enfi n trouvée. Il est alors décidé d'interrompre la croissance des humains à l'âge le plus productif : vingt-trois ans. Très vite, la Terre est surpeuplée et l'interdiction de donner naissance devient une nécessité. Toute femme trouvée enceinte est forcée d'avorter, tout enfant découvert vivant est abattu sans sommation. Un couple va braver la loi à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le petit June survive à la traque des puissants. Enfermé dans une cave pour sa protection, le garçon va s'échapper et se retrouver au coeur d'un groupe de rebelles : les Éphémères. Entre les capacités extrasensorielles de ces mortels et la déshumanisation lassante des immortels, June va se trouver face à un dilemme existentiel. La peur de la mort serait-elle le moteur d'une vie passionnante ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions H Tag grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman qui m'avait énormément tentée et que je suis ravie d'avoir enfin pu lire. 

De quoi est-il question ?

Imaginez un monde où la mort aurait disparu et où chaque être vivrait éternellement à l'âge le plus productif : vingt-trois ans. Mais un monde où pour préserver la surpopulation donner naissance serait interdit. Dès lors, une femme enceinte serait hors la loi et donner la vie serait la traitrise suprême à l'ordre en court. Quelques couples tentent alors de se battre et d'assurer la résistance.

C'est dans ce monde troublé que va naître le petit June, un enfant de la rébellion qui, pour espérer survivre doit rester caché dans la cave de ses parents, caché jusqu'à ce qu'il puisse atteindre l'âge de vingt-trois ans et apparaître au monde. Pourtant, l'enfant ne parvient à supporter cette vie et finit par s'enfuir avant de trouver un groupe d'enfants dotés de dons exceptionnels.

Dès lors, l'enfant décide de rester vivre avec ce petit groupe et apprend à faire avec ce monde voulu des décennies plus tôt. Car ces enfants vivant cachés sont dotés de capacités qui pourraient de nouveau faire changer le monde, leurs dons leur permettant d'agir sur ceux qui les entourent, guidés par le seul homme ayant refusé la vie imposée par le monde neuf.

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de dystopie et ce roman-ci me tentait depuis pas mal de temps. D'autant que les romans sur les mondes changeant par orgueil de l'homme sont toujours efficace et n'ont jamais été autant d'actualité.

L'immortalité au plus bel âge de la vie, qui n'en a pas rêvé ? Avec ce roman, l'auteure imagine un monde où l'homme serait parvenu, par la science, à ce prodige ce qui apporte au roman un mélange de fantastique et de futurisme assez efficace. Un monde nous est alors offert où l'imaginaire rejoint ce qui pourrait, potentiellement, être possible.

Je dois bien avouer que ce monde était bien pour me plaire et sans avec plaisir que j'y ai plongé évoluant du caractère utopique à la désilusion. En cela, l'auteure joue parfaitement avec le genre de la dystopie malgré une mise en place un peu longue de l'univers par rapport au développement qui suivra pour l'intrigue elle-même.

Dans cet univers, nous allons découvrir June, un enfant de la désobéissance et bien difficile pour le lecteur de choisir son camp : l'enfant qui souffre de son enfermement ou les parents qui veulent se battre pour pour la rébellion. C'est alors que le roman bascule dans le fantastique et nous entraîne dans un univers où la mort devient un absolu inaccessible.

June va intégrer un groupe d'enfants dotés de dons étonnants et je dois dire que j'aurais aimé que l'auteure s'étende un peu plus sur les différentes capacités des enfants. J'aurais aimé que l'apprentissage joue un peu moins d'ellipses même si, très vite, le lecteur comprend que cette part n'est pas la plus essentielle face à la volonté de l'auteure de nous faire réfléchir sur la vie et le mort.

Côté style, l'auteure parvient très bien à nous faire entrer dans l'univers qu'elle a imaginé mais je dois avouer que je n'ai que partiellement réussi à m'attacher aux personnages que j'aurais aimé plus développés et plus profonds. Malgré tout l'ensemble est bien étudié et nous invite à la philosophie avec un texte qui s'approcherait presque du conte.

En conclusion... 

J'étais très curieuse de lire ce roman et je suis ravie d'avoir pu enfin me plonger dans un univers comprenant à la fois les codes de la dystopie et à la fois une originalité qui fait du bien. Voici un roman qui frappe et remet en cause la question de la mort. Voici un roman qui se lit très bien et que les amateurs devraient apprécier. 

La basse court toujours - Gordon Zola



Infos sur le livre

éditions : Le léopard masqué
date de publication : 19-02-2020
pages : 130
prix : 15€

Résumé éditeur

Années 60, la culture est au bord de la révolution. Les Beatles débarquent à Hambourg où ils vont roder leur voix et leur technique dans des marathons musicaux interminables. Dans l'ombre d'une boutique hambourgeoise, accrochée à un mur décrépi, sans illusions, une basse en forme de violon attend que son destin prenne corps. Destin qui se matérialise un matin de printemps par l'apparition d'un jeune homme tout de cuir vêtu au visage encore adolescent qui cherche une basse. Son nom : Paul McCartney. Son ambition et celle de ses trois copains est simple : devenir les plus grands musiciens du monde.  « Little Babby », c'est le nom de notre héroïne, va nous raconter cette aventure hors du commun qui va faire des quatre de Liverpool, le symbole d'un monde nouveau. Enfin la première autobiographie d'un des instruments de musique les plus célèbres de la deuxième partie du XXe siècle. 

Pourquoi ce livre ?

Pour mon premier achat du déconfinement, je tenais à montrer mon soutien à une petite maison d'édition que j'aime beaucoup et ce choix était une évidence.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1960. Chez un luthier puis sur les étagères d'un marchand d'instruments de musiques naît une guitare unique : une basse électrique ayant la forme d'un violon. Pour elle, l'avenir paraît bien sombre car qui pourrait bien vouloir l'acquérir et, quand bien même, lui faire vivre une vie de rêve ?

Pourtant, un beau matin, un jeune homme un peu étrange et passionné entre dans la boutique et, dans son ambition de devenir le plus grand musicien du monde, choisi la compagne qui rêve aussi de devenir la plus grande guitare du monde. Ce musicien, c'est Paul McCartney qui, bientôt, deviendra le fameux guitariste des Beatles, symbôle d'une époque.

De sa position de guitare, la basse verra le jeune homme partir de rien pour arriver au plus haut mais bientôt la désillusion sera grande car une autre guitare entrera dans la vie du musicien devenu célèbre, une désillusion qui ira jusqu'à l'oubli et jusqu'à l'abandon avant que la guitare ne devienne l'objet de toutes les convoitises par les passionnés.

Du côté de la forme...

Gordon Zola fait partie de ces auteurs que je suis depuis de nombreuses années et dont j'ai toujours grand plaisir à découvrir les romans hors du commun. De fait, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans ce roman-ci qui promettait d'être un peu différent de d'habitude.

L'autobiographie de la guitare la plus célèbre du XXème siècle, il fallait y penser. Et cette idée était tellement barrée qu'il fallait bien le style tout aussi barré et pourtant réfléchi de l'auteur. La grande amatrice de musique que je suis ne pouvait donc pas passer à côté de ce texte même si, je dois bien l'avouer, les Beatles ne sont pas tout à fait de ma génération.

Comme toujours avec l'auteur, chaque mot est pesé avec ici, notamment, un travail poussé de la description de la guitare que l'on voit naître sous nos yeux. D'ailleurs, les termes techniques de musicologie sauront séduire les érudits sans que cela ne perturbe la lecture de ceux qui ne s'y connaissent pas forcément.

La personnification de la guitare est tout à fait magique et le lecteur aura réellement l'impression tout au long de la lecture d'avoir à faire à un être vivant en capacité d'éprouver des sentiments et d'avoir une réflexion sur le monde qui l'entoure. On dit parfois qu'un instrument de musique peut avoir une âme, l'auteur le prend au sens propre ici en lui offrant une vraie émotion.

Difficile de catégoriser ce livre qui se trouve quelque part entre le roman, le témoignage et le documentaire. Car si la parole par la guitare est fiction, le travail de recherche est flagrant pour être au plus proche de l'historique et tout cela par un point de vue interne qui laisse entrevoir un point de vue tout à fait neuf sur le groupe mythique.

Nous connaissons Gordon Zola pour son travail sur les jeux de mots dont on ne se lasse jamais et bien sûr ce roman en porte un certain nombre ce qui ne pouvait que m'enchanter mais ce roman va aussi au-delà avec une volonté d'apporter autre chose et un vrai travail sur le style proche de l'Oulipo où il s'agit ici de donner la voix à un objet inanimé. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman qui me faisait très envie et que je n'ai pas laisser traîner très longtemps avant de le dévorer. Voici un roman qui retrace l'histoire mythique par une voix originale et qui saura séduire les musiciens qui voient leur instrument comme un être vivant. Voici un roman qui joue sur le style par un travail d'écriture efficace. Encore un grand moment de lecture !

Adélice - L.S. Ange

 

Infos sur le livre

éditions : Elixyria
date de publication : 22-08-2018
pages : 230
prix : 12,90€

Résumé éditeur

Adélice, prisonnière de ces murs qui l’ont vue naître il y a plusieurs siècles, se demande chaque jour ce qui la condamne à mener cette existence sombre et oppressante. Invisible aux yeux de tous, personne ne soupçonne sa présence. L’arrivée de Timaël est une lumière dans ses ténèbres, mais Alastor, être démoniaque, vient briser ce bonheur éphémère. Dans cette obscurité profonde, ce démon sera-t-il son guide ou son pire cauchemar ? Que cache-t-il derrière cette cruauté et qu’espère-t-il d’Adélice ? Une éternité de solitude et de tourments… ou d’amour ?

Pourquoi ce livre ?

Dans mon envie de venir en aide aux "petites" maisons d'édition, j'ai eu envie de donner sa chance à Elixyria dont je n'avais suivi les parutions que de loin jusqu'à maintenant.

De quoi est-il question ?

Adélice a vécu il y a des siècles, elle est morte aussi il y a des siècles. Mais quelque chose s'est alors mal passé et plutôt que de rejoindre le royaume des morts, elle est restée prisonnière de la maison qui l'a vue vivre. Depuis lors, elle erre, regardant vivre ceux qui, année après année viennent entre ces murs. Une souffrance pour elle qui ne peut que voir sans être vue.

Mais un jour, Timaël emménage et le miracle se produit : victime d'un accident ce dernier rejoint le monde d'Adélice. Une belle et savoureuse histoire naît entre les deux êtres mais le destin finit par les séparer, un rude retour à sa condition pour Adélice qui avait cru, un temps seulement, pouvoir croire au bonheur.

C'est alors que le démon Alastor survient dans la petite vie relativement rangée de la jeune femme et lui offre de reprendre vie en échange de son âme. Un marché auquel Adélice finira par consentir d'autant qu'une attraction l'amène sans qu'elle ne comprenne pourquoi vers ce démon qui est loin de la laisser insensible.

Du côté de la forme...

La romance et la bitlit sont deux genres littéraires que j'apprécie mais dans lesquels je me plonge rarement, faute de temps. La volonté de lire enfin L.S. Ange que je suis depuis longtemps et l'envie de découvrir cette maison d'édition était l'occasion ou jamais.

Adélice est un personnage qui, dès les premières pages, a su me toucher et a su m'entraîner avec elle dans son univers. Elle m'a tout de suite beaucoup touchée dans sa solitude et sa souffrance et c'est sans mal que je l'ai suivie non seulement au coeur de ses sentiments mais également dans sa quête du passé qui la mine, tout ça sur fond de romance et d'érotisme. Un ensemble qui fonctionne.

Deux "hommes" vont marquer l'histoire avec d'un côté Timaël comme symbole de l'amour impossible et Alastor comme représentant de l'amour dangereux. Et au milieu nous avons donc Adélice qui va devoir faire des choix et se réconcilier avec elle-même pour pouvoir avancer alors même qu'elle-même est troublée, autant que le lecteur qui cherche à comprendre.

Mais au-delà de la romance, le lecteur va aussi être plonger dans la question des souvenirs et de la culpabilité dans une humanité assez forte qui apporte un vrai plus au roman. D'ailleurs, l'auteure joue aussi sur la répétition de la mémoire qui n'a pas été sans me faire penser au dénouement de Shutter Island avec une réalité trop dure à accepter.

Pourtant, l'intrigue va encore aller au-delà en reprenant le thème de la jalousie féminime, adaptée ici à des démons ce qui apporte un caractère encore plus vicieux et tragique aux vengeances que l'on peut déjà voir d'ordinaire. Tout devra alors se mêler pour apporter des réponses car c'est dans la résolution du passé que pourra peut-être se jouer l'avenir. Bravo !

Avec ce roman, j'ai découvert un style qui m'a beaucoup plus et qui a parfaitement su me faire rentrer tant l'intrigue que dans l'intimité des personnages alors même que nous sommes dans un roman assez court. L'intrigue est bien menée et les surprises fonctionnent jusqu'à une fin en apothéose qui emballe le coeur du lecteur jusqu'à une fin qui peut laisser tout envisager...

En conclusion... 

Voici un roman qui m'a permis de renouer avec un genre dans lequel je ne m'étais pas plonger depuis longtemps et de manière très efficace. Voici un roman qui a su me toucher par des personnages forts et un lien entre passé et présent que j'affectionne toujours. Voici un roman où la tendresse est de mise tout en jouant sur les secrets ce qui est toujours efficace. 

La rumeur - Lesley Kara

 

Infos sur le livre

éditions : Les Escales
date de publication : 23-01-2020
pages : 384
prix : 21,90€

Résumé éditeur

​Nourrissez la rumeur... Puis regardez-la vous engloutir. Un simple sujet de conversation... Pour s'intégrer et devenir l'une des leurs. Joanna ne pensait pas à mal en répétant la rumeur entendue devant les grilles de l'école : Sally McGowan, accusée dans les années 1960 d'avoir poignardé un petit garçon alors qu'elle n'avait que dix ans, serait revenue habiter dans la ville de Flinstead sous une autre identité. Mais ces quelques mots enflamment la tranquille station balnéaire et ravivent le traumatisme laissé par ce meurtre épouvantable. Pour enrayer cette machine infernale, Joanna ne voit qu'une solution : enquêter pour découvrir la vérité. Mais le danger est déjà si proche... 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Les Escales  pour la découverte de ce roman qui m'a permi de découvrir une nouvelle auteure au sein d'un roman percutant.

De quoi est-il question ?

La rumeur... Cette petite chose qui peut partir d'un rien et finir par détruire des vies... mais qui dans le même temps alimente les conversations. Récemment arrivée dans une petite ville, Joanna va justement être celle qui va en lancer une. Elle ne pense pas à mal, elle veut juste s'intégrer. Et puis elle ne pense pas que tout pourrait aller si loin...

Alors lorsqu'elle apprend l'existance d'une certaine Sally McGowan, une femme vivant sous une fausse identité parce qu'elle aurait commis un crime étant enfant, alors que cette femme pourrait vivre en ville, Joanna va vouloir mener sa propre enquête et découvrir laquelle des femmes de la ville pourrait être Sally. Dès lors, elle perd le contrôle car nul ne veut d'une criminelle en ville.

Dès lors, la petite ville sans histoire devient un champ de bataille. Joanna va alors se lancer dans une véritable enquête pour comprendre ce qui a pu se produire il y a si longtemps, savoir qui est finalement Sally. Mais Joanna ignore que d'autres ne veulent en aucun cas déterrer le passé et pourrait bien mettre son fils en danger...

Du côté de la forme...

 Le thriller est un genre que j'aime beaucoup même s'il est vrai que j'ai mes périodes. L'arrivée de ce roman tombait donc à point nommé ce qui m'a permis, par la même occasion de découvrir une nouvelle auteure maîtresse du genre.

A la lecture du résumé de ce roman, j'avais été immédiatement très tentée et était très curieuse de voir de quoi il pouvait retourner. Mais en aucun cas je n'avais prévu d'être plongée dans un roman aussi prenant que j'ai été bien incapable de lâcher avant de l'avoir terminé. Car derrière l'ambiance "petite ville" et "intrigue banale", l'auteure sait nous entraîner beaucoup plus loin.

Souvent, les thrillers nous amène dans des enquêtes que le commun des mortels ne connaîtra jamais mais la rumeur... tout le monde au moins une fois dans sa vie y a pris part ou en a fait les frais. Ainsi , l'auteure nous amène une thématique dans laquelle chacun peut se reconnaître ce qui a quelque chose de très perturbant.

Ici, le lecteur est plongé dans l'ambiance des petites villes et dans les discours de comptoir. Il va aussi assister, impuissant, à la perte de contrôle de Joanna sur ce qu'elle a déclanché et aura bien du mal à savoir si cela le touche ou si cela l'agace. De même, il va réfléchir sur la manière dont, partie de rien, une rumeur peut détruire des vies. De quoi s'interroger sur ces rumeurs qui rythment son quotidien.

Mais n'oublions pas que nous sommes dans un thriller et bien sûr il va y avoir l'enquête menée par Joanna qui va conduire le lecteur dans l'ambiance addictive qu'il attend. Et le fait est que c'est efficace avec de belles surprises au fil du roman jusqu'au final retentissant. Et si le lecteur averti aura su anticiper certains éléments de réponses, il n'aura pas su tout envisager.

Côté style, l'auteure sait jouer avec la psychologie de ses personnages mais aussi avec les nerfs de ses lecteurs qui ne savent plus que penser de ceux qui évoluent sous ses yeux. La psychologie humaine est poussée à l'extrême et la justice américaine, bien différente de la justice française est bien mise en avant avec la question des enfants criminels. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman dans lequel je me suis plongée sans plus pouvoir m'en détâcher. Voici un roman qui a su traiter d'un thème à la fois commun et très lourd. Voici un roman qui, au-delà de l'enquête prenante sait faire réfléchir le lecteur. Et le final en apothéose fait rentrer ce roman dans les grands roman du genre grâce à des personnages percutants.
Un roman à découvrir sans attendre et qui a bien failli être un coup de coeur. 

Une bonne intention - Solène Bakowski

 

Infos sur le livre

éditions : Milady
date de publication : 14-03-2018
pages : 384
prix : 8€

Résumé éditeur

Mati a neuf ans. Elle a perdu sa maman. Son père s’enlise dans le deuil et sa grand-mère s’efforce, à sa manière, de recoller les morceaux. Un soir, la petite ne rentre pas de l’école. On imagine le pire, évidemment. Et le pire se produit. Comment croire que tout, pourtant, partait d’une bonne intention  ?

Pourquoi ce livre ?

C'est lors d'une édition des Quais du polar que j'ai décidé de me laisser tenter par un roman de cette auteure dont j'avais beaucoup entendu parler. Le confinement m'a permis de le découvrir.

De quoi est-il question ?

A peine âgée de 9 ans, la petite Mathilde, dit Mati porte déjà sur ses épaules le poids de la perte de sa mère et celui de la dépression de son père. Son seul réconfort, elle le trouve auprès d'Eliane, sa grand-mère, une femme un peu étouffante mais pleine d'amour et qui sait toujours trouver les mots pour la rassurer. Une grand-mère qui est toujours là, le soir, lorsqu'elle rentre de l'école.

Mais un soir, Mati ne rentre pas. Pour Eliane, l'inquiétude monte car elle ne sait que trop que son fils, en proie à la souffrance, pourrait avoir perdu pied et fait du mal à la fillette. Dès lors, il s'agit de retrouver Mati. La police est appelée. Mais Eliane ne veut pas, ne peut pas tout dire. Son fils, elle doit le protéger. Et puis, le boulot de la police est bien de retrouver Mati envers et contre tout ?

Pourtant, la disparition de Mati n'est que le début de la descente aux enfers pour cette grand-mère qui va regarder, impuissante, sa famille se détruire devant elle. Tout partait pourtant d'une bonne intention, d'une intention d'amour pour protéger ceux qui comptent. Mais, désormais, tout s'écroule vers une inexorable fin...

Du côté de la forme...

Cela faisait un moment que je ne m'étais pas plongée dans un thriller bien addictif et bien décapant pour les nerfs. Ayant besoin d'une lecture du genre, je me suis donc plongée dans celui-ci et je dois dire que je n'ai pas été déçue.

Les thrillers mettant en scène des enfants sont toujours troublants. Même les pires criminels le disent, pas touche à un enfant. Alors lorsqu'un roman débute avec une fillette victime de la vie et bientôt victime d'un enlèvement, on ne peut qu'être touché, qu'être ému pour sa famille et qu'avoir hâte qu'elle soit retrouvée.

Pourtant, si ce roman reprend des thématiques bien connues telles que le deuil, le kidnapping ou le secret de famille, l'auteure parvient ici à nous offrir une ambiance terrible qui vous envoûte et vous embarque. Le lecteur pense trouver les réponses mais est toujours déçu et s'il sent bien que quelque chose cloche, rien ne saura lui faire envisager la fin réservée par l'auteure.

Eliane est le personnage principal du roman, celui par lequel le lecteur voit une bonne partie de l'histoire et très vite cette femme agace autant qu'elle dérange. On sent chez elle quelque chose de pas net mais comment le définir ? Bien difficile pour le lecteur de mettre des mots sur ce qu'il ressent et si tout tourne plutôt autour de l'histoire de famille que de l'enquête, le cocktail est diablement efficace.

Pour autant, ce roman est aussi un roman social sur les relations humaines et sur les faiblesses des uns et des autres. Nul n'est parfait et chacun voudrait faire pour le mieux. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions et c'est bien ce chemin au coeur de l'enfer que l'auteure nous offre ici non sans nous offrir des personnages qui pensent avec leurs tripes, début du malheur.

Je n'avais pas encore pris le temps de lire de roman de l'auteure et je dois que je suis très agréablement surprise. L'auteure a en effet su inover dans un genre qui semble avoir tout vu et sait nous plonger dans une intrigue où, si l'on comprend certaines choses, rien ne pourrait nous laisser envisager l'horreur qui nous est réservée. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman qui m'attendait depuis longtemps et que j'ai dévoré en une journée à peine. Voici un roman qui reprend les codes d'un genre qu'on sait apprécier mais tout en innovant par un fin travail de psychologie. Voici un roman qui a su me troubler et que je n'oublierai pas de sitôt d'autant qu'Eliane est une femme telle que j'en ai presque connu une.
Un  coup de coeur que je conseille à tous les amateurs du genre. 

Phobie - Fanny Vandermersch

 

Infos sur le livre

éditions : Le Muscadier
date de publication : 21-09-2019
pages : 88
prix : 10,50€

Résumé éditeur

Sophia est une élève brillante. Mais, arrivée au collège, tout change. Ses notes baissent, ses amies l'abandonnent, l'angoisse la ronge. Jusqu'à ce jour où elle ne se sentira plus capable de passer la grille de l'établissement. Avec l'aide de ses parents et de ce qu'il reste de ses amies, elle finira par poser des mots sur ses maux : elle souffre de phobie scolaire. Un roman qui démystifie, invite au partage et à l'échange, sur un sujet qui touche de nombreux ados aujourd'hui.

Pourquoi ce livre ?

C'est lors d'une rencontre avec l'auteure que je me suis laissée tentée par cette lecture porteuse d'un sujet que je connais bien mal et qui me dépasse.

De quoi est-il question ?

A l'école primaire, Sophia est une élève brillante. N'ayant besoin ni de passer des heures à apprendre ni même à faire preuve d'une concentration extrême en classe, la fillette voit pourtant arriver le collège avec un regard inquiet. Et en effet, l'entrée en 6ème ne sera pas si facile avec une premire "mauvaise" note en mathématiques jusqu'au sentiment de honte à ne pas réussir en EPS.

La 5ème sera alors pour l'adolescente le début d'une longue dégringolade. Comprenant de moins en moins ce qui se dit en classe, persuadée d'être la risée de tous, Sophie sombre jusqu'à ne plus se sentir capable de retourner au collège. Ses notes chutent, être interrogée est un calvaire. Et ce n'est rien à côté du sentiment de honte qui la mine, elle qui était encore il y a peu la meilleure élève.

Mais bientôt, le mot sera mis sur le malêtre de l'adolescente : phobie scolaire. Dès lors, il s'agira pour elle mais aussi pour ses proches d'accepter cette réalité afin de la ramener peu à peu vers le désir d'apprendre tout en prenant du recul sur elle-même. Un chemin long et difficile d'autant que l'adolescence est aussi cet âge où les amitiés se font et se défont, où entrer dans le moule est essentiel.

Du côté de la forme...

Je dois bien l'avouer, la phobie scolaire est un domaine qui me dépasse. J'étais donc plutôt enthousiaste à l'idée d'en apprendre un peu plus grâce à ce court roman qui, en effet, m'a permis de voir ce sujet d'un oeil neuf.

Au début du roman, il est vrai que je ne savais trop que penser de Sophia. Bien sûr elle me touchait mais, dans le même temps, j'avais bien du mal à comprendre son sentiment de honte et sa peur du regard des autres. A mon sens, cela ressemblait plus à de l'orgueil qu'à autre chose. Pourtant, au fil des pages, j'ai fini par la comprendre et à mieux comprendre ses peurs.

De multiples raisons peuvent mener à la phobie scolaire et l'auteure montre parfaitement ici montrer que ce qui, au départ, peut ressembler à un caprice, est finalement une souffrance profonde liée à une pression que l'enfant peut se mettre lui-même. Une pression liée, plus ou moins, aux attentes de la famille qui bien souvent ne comprend pas non plus ce qui se produit sous ses yeux.

C'est avec brio que l'auteure nous montre la progression de la souffrance liée, très clairement, au malêtre plus global que produit l'adolescence, le sentiment de vouloir faire partie d'un groupe, le besoin d'amitié, la honte d'être vu avec celui ou celle qui déjà est mal vu. Au-delà de la phobie scolaire, ce roman est aussi un témoignage de l'ado qui grandit plus vite qu'il ne le voudrait.

Ce roman sonne comme un témoignage pour les adolescents dans le même cas, un témoignage pour leur dire qu'ils peuvent parler et ne sont pas les seuls à vivre cette souffrance. Dans le même temps, il sonne comme un signal d'alarme pour les parents et les enseignants qui se doivent d'agir et de ne pas prendre cette souffrance à la légère.

Côté style, je dirais que j'ai regretté le caractère trop court de ce roman qui, tout en ellipses, donne le sentiment de quelque chose de trop rapide qui ne rend pas compte aussi bien qu'il le pourrait de l'évolution progressive du sentiment de Sophia. Dans le même temps, ce côté incisif pourra mener des jeunes pas forcément lecteurs vers ce roman.

En conclusion... 

Voici un court roman sur un sujet qui n'a jamais autant été d'actualité et qui doit être connu du plus grand nombre. Voici un roman frappant et instructif qui permettra à l'ado de réfléchir sur lui-même et à l'adulte de replonger dans cette période trouble de l'adolescence. Voici un roman touchant qui compte et devrait être présent dans tous les CDI de France. 

Pas de pardon à Locronan - Bernard Larhant

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Infos sur le livre

éditions : Marc Bargain
date de publication : 13-05-2011
pages : 285
prix : 9€

Résumé éditeur

Quel délit avait pu commettre Anne pour se voir rejetée de Locronan à vingt ans et victime d'un sabotage criminel lors de son retour au pays, près de trente années plus tard ? Ami de la victime qui s'apprêtait à lui révéler les faits, Paul Capitaine se joint, avec Sarah, aux investigations des gendarmes locaux. Sous les giboulées de mars, Locronan révèle sa face obscure ; les vieilles légendes ressurgissent, les habitants jouent le mutisme, le climat devient pesant. L'enquête piétine et s'enlise. De Locronan à Saint-Renan, Paul se perd entre réalité et mythes, religion chrétienne et croyances celtes, rumeurs malsaines et non-dits irritants, vieilles rancoeurs familiales et basses manoeuvres cupides. Enfin, pour couronner le tout, Sarah est amoureuse...

Pourquoi ce livre ?

Acheté il y a de nombreuses années lorsque j'ai eu la chance d'aller en Bretagne, j'ai enfin pris le temps de sortir ce roman de ma pal à l'heure du confinement.

De quoi est-il question ?

A Locronan, petite bourgade de la pure tradition bretonne, les secrets ont la peau dure et les histoires de village ne doivent pas être dévoilées à quiconque. C'est à cette réalité que Paul, enquêteur de police, va bientôt être confronté lorsqu'il cherchera à comprendre qui a bien pu vouloir à Anne, une amie décédée dans un accident de voiture.

Car après des années de vie parisienne, Anne avait voulu revenir dans le village qui l'avait vue naître, un retour vu d'un très mauvais oeil par les habitants nourris de légendes anciennes qui ne voient en la jeune femme rien d'autre que le démon, la sorcière.Et nul ne semble prêt à dévoiler la raison qui poussa, des années plus tôt, la jeune femme fuir sa région.

Mais pour Paul, il ne fait nul doute que ce que l'on veut faire passer pour un accident n'est rien d'autre qu'un meurtre en lien avec ce fameux passé. Aider de sa fille Sarah, il partira en quête de réponses sans imaginer que sa tâche sera bien plus complexe que prévue, se confrontant à de forts caractères et à des légendes qui dépassent l'homme terre à terre qu'il est.

Du côté de la forme...

Nous avons tous eu, ces derniers temps, un fort besoin d'évasion. Une balade en bretagne n'était donc pas pour me déplaire et d'autant plus à Locronan, petit village que j'avais tout particulièrement aimé et qui avait su me faire rêver.

Le polar de nos jours a pris une ampleur étonnante, allant toujours plus loin dans l'horreur et la psychologie. Il existe encore malgré tout quelques auteurs qui ont su conserver la tradition du genre avec une enquête prenante mais où le travail de réflexion de l'enquêteur reste essentiel. C'est le cas ici avec, en prime, la petite note de régionalisme qui me fait toujours du bien.

Locronan... Si vous y allez vous verrez les vieilles pierres et le caractère hors du temps et enchanteur du village. Mais comme dans tout petit village traditionnel, les résidents à l'année se sont des caractères forts et des secrets enfouis que nul ne peut déterrer. Et c'est avec brio que l'auteur met en avant ces caractères et ces mentalités aussi agaçantes que typiques.

Et si, au fil du roman, le lecteur se promène avec les personnages au coeur du village, il en apprendra aussi beaucoup sur la légende de Locronan. A cet égard, le roman devient didactique pour le lecteur novice. Pour ma part, j'ai été ravie d'en apprendre un peu plus sur l'histoire de ce village comme coincé entre tradition et modernité.

L'enquête elle-même est efficace. Impossible de lâcher le roman avant d'en savoir le fin mot. Bien sûr, nous ne sommes pas dans une enquête aux multiples rebondissements ou à l'ambiance exacerbée et pourtant ce retour aux sources fait du bien alors même que le lecteur est invité à s'interroger lui-même sans trop savoir qui soupsonner.

Côté style, nous sommes là dans un retour aux sources du polar et cela fait du bien d'autant que l'auteur sait mêler régionalisme et enquête tout en apportant une petite note de savoir. Les personnages sont construits et représentatifs de personnalités fortes. Tout est lié pour une intrigue efficace et dont la fin a malgré tout su me suprendre.

En conclusion... 

Voici un roman qui m'attendait depuis longtemps et que je suis absolument ravie d'avoir enfin pu découvrir. Avec ce roman, je suis retournée en Bretagne et ai fait un petit voyage dans la tradition pure du polar. Régionalisme et intrigue se mêlent parfaitement et ont su m'offrir un vrai bon moment addictif et troublant.
Un roman coup de coeur que je vous conseille vivement.