mercredi 27 mai 2020

La basse court toujours - Gordon Zola



Infos sur le livre

éditions : Le léopard masqué
date de publication : 19-02-2020
pages : 130
prix : 15€

Résumé éditeur

Années 60, la culture est au bord de la révolution. Les Beatles débarquent à Hambourg où ils vont roder leur voix et leur technique dans des marathons musicaux interminables. Dans l'ombre d'une boutique hambourgeoise, accrochée à un mur décrépi, sans illusions, une basse en forme de violon attend que son destin prenne corps. Destin qui se matérialise un matin de printemps par l'apparition d'un jeune homme tout de cuir vêtu au visage encore adolescent qui cherche une basse. Son nom : Paul McCartney. Son ambition et celle de ses trois copains est simple : devenir les plus grands musiciens du monde.  « Little Babby », c'est le nom de notre héroïne, va nous raconter cette aventure hors du commun qui va faire des quatre de Liverpool, le symbole d'un monde nouveau. Enfin la première autobiographie d'un des instruments de musique les plus célèbres de la deuxième partie du XXe siècle. 

Pourquoi ce livre ?

Pour mon premier achat du déconfinement, je tenais à montrer mon soutien à une petite maison d'édition que j'aime beaucoup et ce choix était une évidence.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1960. Chez un luthier puis sur les étagères d'un marchand d'instruments de musiques naît une guitare unique : une basse électrique ayant la forme d'un violon. Pour elle, l'avenir paraît bien sombre car qui pourrait bien vouloir l'acquérir et, quand bien même, lui faire vivre une vie de rêve ?

Pourtant, un beau matin, un jeune homme un peu étrange et passionné entre dans la boutique et, dans son ambition de devenir le plus grand musicien du monde, choisi la compagne qui rêve aussi de devenir la plus grande guitare du monde. Ce musicien, c'est Paul McCartney qui, bientôt, deviendra le fameux guitariste des Beatles, symbôle d'une époque.

De sa position de guitare, la basse verra le jeune homme partir de rien pour arriver au plus haut mais bientôt la désillusion sera grande car une autre guitare entrera dans la vie du musicien devenu célèbre, une désillusion qui ira jusqu'à l'oubli et jusqu'à l'abandon avant que la guitare ne devienne l'objet de toutes les convoitises par les passionnés.

Du côté de la forme...

Gordon Zola fait partie de ces auteurs que je suis depuis de nombreuses années et dont j'ai toujours grand plaisir à découvrir les romans hors du commun. De fait, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans ce roman-ci qui promettait d'être un peu différent de d'habitude.

L'autobiographie de la guitare la plus célèbre du XXème siècle, il fallait y penser. Et cette idée était tellement barrée qu'il fallait bien le style tout aussi barré et pourtant réfléchi de l'auteur. La grande amatrice de musique que je suis ne pouvait donc pas passer à côté de ce texte même si, je dois bien l'avouer, les Beatles ne sont pas tout à fait de ma génération.

Comme toujours avec l'auteur, chaque mot est pesé avec ici, notamment, un travail poussé de la description de la guitare que l'on voit naître sous nos yeux. D'ailleurs, les termes techniques de musicologie sauront séduire les érudits sans que cela ne perturbe la lecture de ceux qui ne s'y connaissent pas forcément.

La personnification de la guitare est tout à fait magique et le lecteur aura réellement l'impression tout au long de la lecture d'avoir à faire à un être vivant en capacité d'éprouver des sentiments et d'avoir une réflexion sur le monde qui l'entoure. On dit parfois qu'un instrument de musique peut avoir une âme, l'auteur le prend au sens propre ici en lui offrant une vraie émotion.

Difficile de catégoriser ce livre qui se trouve quelque part entre le roman, le témoignage et le documentaire. Car si la parole par la guitare est fiction, le travail de recherche est flagrant pour être au plus proche de l'historique et tout cela par un point de vue interne qui laisse entrevoir un point de vue tout à fait neuf sur le groupe mythique.

Nous connaissons Gordon Zola pour son travail sur les jeux de mots dont on ne se lasse jamais et bien sûr ce roman en porte un certain nombre ce qui ne pouvait que m'enchanter mais ce roman va aussi au-delà avec une volonté d'apporter autre chose et un vrai travail sur le style proche de l'Oulipo où il s'agit ici de donner la voix à un objet inanimé. Bravo !

En conclusion... 

Voici un roman qui me faisait très envie et que je n'ai pas laisser traîner très longtemps avant de le dévorer. Voici un roman qui retrace l'histoire mythique par une voix originale et qui saura séduire les musiciens qui voient leur instrument comme un être vivant. Voici un roman qui joue sur le style par un travail d'écriture efficace. Encore un grand moment de lecture !

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