jeudi 28 mai 2020

Germinal - Emile Zola


Germinal

 1885

Résumé succint

Etienne Lantier est un jeune homme libre et solitaire et court les routes. Par une soirée d'hiver, il arrive à Montsou, ville du nord de la France où il fait la rencontre des mineurs et notamment de la famille Maheu qui accepte de l'héberger quelques temps et même de l'aider à trouver du travail. Dès lors, Lantier découvre la misère et l'horreur alors que, dans les maisons bourgeoises, les patrons vivent grassement. Lantier organise alors la grève...
Un roman naturaliste

Marque de fabrique de Zola, le naturalisme est l'étude d'une couche de la société, ici les mineurs et les familles pauvres du nord de la France. Une étude finement réalisée même si, comme toujours avec Zola, le bonheur ne semble jamais être possible ou, pour le moins, durable. Ici, les mines, le charbon, matière très en vogue à la fin du 19ème siècle pour faire fonctionner le pays au détriment de la santé et du respect de ceux qui y travaillent.

Les mines, on s'y croirait. De la souffrance au travail à la misère omniprésente, Zola ne laisse rien au hasard et ça fonctionne. Le lecteur s'y croirait, le roman sonnant comme témoin de son époque, témoignage pour les lecteurs contemporains, historique pour les lecteurs d'aujourd'hui. D'ailleurs, l'auteur ne craint de parler ni des éboulements ni des morts par centaines, encore moins de l'alcoolisme et de la violence omniprésente.

Un roman social

Avec la distinction entre riches et pauvres mais également avec l'appel aux grèves, grèves qui engageront plus de misère qu'autre chose, l'auteur se présente comme témoin de son temps et des souffrances quotidiennes. Difficile d'ailleurs de ne pas penser à notre propre société d'aujourd'hui ce qui rend, malheureusement, à ce roman un caractère intemporel qui est loin d'être réjouissant. 

La grève, à l'image d'aujourd'hui, sonnera comme un espoir, un espoir vite déchu qui, par le regard de l'auteur montre que rien ne pourra jamais changer la face du monde. D'ailleurs, lorsque les mineurs se rebelleront, ils signeront leur propre fin alors que les mariages arrangés et l'incompréhension entre les mondes ira toujours plus loin, jusqu'à la mort.

Pourtant, au-delà de la misère, les relations entre les hommes restent forte avec de vrais engagement et une solidarité dans le malheur. Une solidarité qui pourtant ne passe pas les frontières sociales justement où chacun semble devoir bien rester à sa place.

La famille déchue

C'est parce que le malheur est trop grand que la famille n'a plus lieu d'être en tant que telle dans ce roman ce qui ajoute à la souffrance. On aurait pu espérer des relations fortes entre parents et enfants, entre époux ou entre frères et soeurs mais il n'en est rien. Car si les époux se donnent l'un à l'autre, c'est souvent parce que l'homme est enivré. Si l'on fait des enfants, c'est pour qu'ils puissent aller travailler et ce même s'il faudra nourrir l'enfant pour rien les premières années. 

D'ailleurs, pour Catherine, une des filles de Maheu, le prix à payer sera terrible puisqu'en se mariant elle sera considérée comme paria de la famille. Reniée par son père, haïe par sa mère, elle se retrouvera seule avec son époux qui se révèle être à son tour un homme violent et orgueilleux. Un peu navrant que de voir cette adolescente se retrouver seule.

De fait, la famille n'est présente que pour le travail ou, chez les nobles, par les arrangements familiaux ce qui ne laisse aucune place pour la tendresse. Une manière bien triste de voir les choses et de voir évoluer ces personnages.

Symbolique de l'inexorable

Etienne Lantier est celui qui engage à la grève, celui par qui le malheur sera finalement encore plus grand. Il est la personnification même de la grève, le symbôle de la rébellion : la grève arrivera avec lui et s'estompera au moment de son départ. A la lumière de cette grève, Etienne arrivera puis repartira laissant le fléau sur son passage mais comme un être sans passé ni avenir qui aura juste été là pour pour cet instant de vie.

Par ailleurs, Etienne aura bien du mal tout au long du roman à établir des relations saines avec les autres acteurs de l'intrigue si ce n'est avec les Maheu qui en paieront le prix fort. Etienne devient alors le symbôle du malheur et peut-être même de la mort.

La style Zola

Emile Zola est peut-être l'un des auteurs classiques les plus "faciles" à lire et à comprendre avec un regard acerbe sur la société. Malgré les longues descriptions vous plongeant au coeur même du lieu de l'action, les dialogues sonnent vrai et l'intrigue vous porte parce que les personnages, bien qu'un peu manichéens parfois, sont témoins de leur époque.

Le style de Zola est un style à plusieurs niveaux de lecture avec tantôt la possibilité d'analyser chaque phrase et tantôt l'envie de se délecter simplement d'une histoire bien construite et à l'intrigue prenante parce que bien souvent basculant dans une certaine forme de poésie.

Germinal est un roman que chacun devrait connaître et qu'il est agréable de relire de temps à autres.

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