mercredi 18 mars 2020

Max - Sarah Cohen-Scali

 

Infos sur le livre

éditions : Gallimard
date de publication : 31-05-2012
pages : 480
prix : 15,90€

Résumé éditeur

«19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !»Max est le prototype parfait du programme «Lebensborn» initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.

Pourquoi ce livre ?

Depuis le temps que j'entendais parler de ce roman, je suis ravie d'avoir enfin pu prendre le temps de le découvrir en de m'en faire mon propre avis.

De quoi est-il question ?

Max est un bébé, un bébé pas tout à fait comme les autres. Né le 20 avril 1936, date de l'anniversaire d'Hitler, il est l'enfant parfait de l'Allemagne nazie : né sans amour d'une allemande au profil idéal, il détient toutes les qualités requises pour devenir un parfait citoyen de l'Allemagne en devenir, un enfant du programme Lebensborn destiné à peuplé le pays d'être idéaux.

Et Max, dans son esprit de bébé, a déjà bien conscience de celui qu'il est, de la chance qu'il porte en lui et des devoirs qui seront les siens. Des devoirs de perfection au quotidien alors même qu'une concurrence féroce commence à naître entre ces différents enfants. Pas de sentiments, pas de pleurs, ne jamais montrer quoi que ce soit, même quand le lien avec la mère est rompu.

Grandissant, Max est confié à une éducation bien spécifique à laquelle il s'applique avec force pour toujours rester le favori. Déjà, les valeurs de l'Allemagne nazie sont ancrées en lui. Alors, lorsqu'un enfant juif réfugié devient son ami, les dés semblent être relancés. Peut-être le début d'une prise de conscience pour Max, à moins que la guerre ne viennent encore tout bouleverser.

Du côté de la forme...

Remontant à pas mal d'années maintenant, ce roman fait désormais officiellement partie de ce que le monde du livre avec "le fond". Je l'avais dans ma pal mais n'avait jamais eu l'occasion de le sortir et j'ai enfin pris ce temps-là pour comprendre que cet engoûement était plus que valable.

Même si j'en avais entendu parler, j'ai trouvé intelligente et novatrice l'idée de faire conter l'histoire par un nourrisson. D'ailleurs, sans quelques détails liés à la réalité d'un bébé, le lecteur pourrait croire qu'il suit l'histoire d'un adulte coincé dans un corps qui n'est pas le sien. De quoi s'interroger sur ce que ressentent les bébés au quotidien, au-delà même de cette histoire même.

Mais ce roman est surtout porteur d'un sujet qui n'est encore que peu connu et en tout cas peu souvent traité : le Lebensborn. Une horreur de plus à mettre sur le compte de l'Allemagne nazie dont ce roman dévoile, dans le cadre de la fiction, les secrets et les monstruosités tels que la sélection à la naissance, le refus de la maladie ou encore l'endoctrinement de ces enfants.

Et pourtant, malgré les valeurs auxquelles il croit, Max est un enfant qui nous touche, nous émeut et auquel on s'attache alors même que, bien souvent, on souhaiterait pouvoir plonger dans le roman pour lui ouvrir les yeux sur la réalité de ces convictions. Et je pense que c'est parce qu'on voit Max peu à peu évoluer qu'il va rester un personnage qu'on aura du mal à quitter.

Avec ce roman, nous suivons l'évolution de la guerre selon un point de vue jamais traité et qui semble apporter un angle tout à fait neuf à une époque déjà trop traitée. D'ailleurs, le lecteur aura fort à faire entre ses connaissances personnelles de la réalité qu'il connait et le point de vue interne dans le roman. De quoi amener les jeunes à réfléchir.

Je ne connaissais donc pas le style d'écriture de l'auteure et je dois dire que j'ai découvert là un style fort et puissant, envoûtant et efficace mais également bourré de références. Le tout permettant un ensemble qui fonctionne à tout âge et qui mérite de faire de ce roman un objet d'étude. Car nous rendre attachant un être comme Max, il fallait le faire !

En conclusion... 

Cela faisait longtemps que je me disais que ce roman je devais le lire. Je suis ravie d'avoir enfin pu m'en faire ma propre opinion et je rejoins la majorité pour dire que cet ouvrage est une pépite à ne pas laisser filer et que chacun doit prendre le temps de lire. Ce roman est aussi un roman qui reste en mémoire et dont ne ressort pas indemne.
Je lirai bien sûr prochainement les autres romans de l'auteure. 

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