jeudi 3 janvier 2019

On m'a volé ma vie - Jaycee Dugard



Infos sur le livre

éditions : L'Archipel
date de publication : 04-04-2018
pages : 288
prix : 7,80€

Résumé éditeur


« Jusqu’en 1991, j’étais une enfant comme les autres. Je faisais des choses normales. J’avais des amis et une mère aimante mais, un jour, on m’a volé ma vie... Je suis restée prisonnière pendant dix-huit ans. J’ai été un objet dont quelqu’un a usé et abusé. Pendant dix-huit ans, on m’a interdit de prononcer mon nom. Je suis devenue mère, et on m’a forcée à devenir la sœur de mes enfants. Pendant dix-huit ans, j’ai supporté l’insoutenable. Le 26 août 2009, j’ai retrouvé mon nom. Je m’appelle Jaycee Dugard. J’ai survécu. Ceci est mon histoire, écrite avec mes mots, à ma manière, de la façon dont je me la rappelle. »

Pourquoi ce livre ?


Merci aux éditions de l'Archipel grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce témoignage très fort et tellement terrible.

De quoi est-il question ?


Jaycee était une fillette heureuse, aimant ses parents et sa soeur elle allait à l'école, avait des amis et s'entrevoyait un avenir radieux. C'était sans compter sur Philipp Garrido qui, un jour, alors qu'elle n'a que onze ans, la kidnappe, l'enferme dans une cave sans lumière, lui impose de nouvelles règles de vie, la viole et lui fait des enfants.

Bientôt, Jaycee n'a même plus le droit d'user de son vrai nom et pourtant, de temps en temps, elle pourra sortir dans les boutiques, toujours accompagnée de Nancy, la femme de Philipp, une femme qui la jalouse. Mais personne ne la reconnaîtra tendis que l'adolescente ne peut survivre que par la seule présence des quelques animaux que son bourreaux lui offre parfois.

Jusqu'au jour où Jaycee tombe enceinte et devient mère, trop tôt. Sous l'emprise de ceux qui la garde sous leur coupe, Jaycee tentera par tous les moyens de survivre à son enfer avec toujours cette même ambiguïté entre la peur du monde extérieur et le besoin viscéral de liberté. Le cauchemar de Jaycee durera 18 jusqu'à ce que le hasard la sauve...

Du côté de la forme...


Cela faisait un petit moment que je ne vous avais pas parlé témoignage et je dois dire que cela commençait à me manquer. Les destins d'enfances brisés sont toujours des titres très forts je crois important de s'y confronter parfois.

Sans doute l'histoire de Jaycee Dugard avait dû faire la une des médias mais peut-être plutôt aux Etats-Unis. En tout cas, personnellement, je ne me souviens pas en avoir entendu parler plus que ça et pourtant ce genre d'histoire aurait dû faire la une des journaux. Une fillette de 11 ans kidnappée pendant 18 ans, l'horreur est telle qu'elle est difficilement concevable.

Il va donc être question ici de suivre Jaycee, au fil de sa pensée, des années après sa libération, revenant sur les souvenirs qu'elle a de ses années de terreur. Et ce que je retiendrai de ce témoignage, c'est surtout l'extrême pudeur de son auteure qui ne fait ni dans le larmoiement ni dans l'étalage des sévices subits. L'important est dans le fait, toujours le fait.

L'empathie du lecteur est donc fortement mise à contribution en ce qu'il est contraint de combler les blancs laissés par l'auteure. Et sans doute est-ce cela qui force plus encore la puissance de ce témoignage qui en un minimum de temps couvre 18 ans d'une vie. De quoi rappeler aussi les mécanismes de défense de notre cerveau qui se protège comme il le peut.

Mais ce qui m'a surtout frappée ici, c'est le recul dont l'auteure fait preuve entre son souvenir, son ressenti de l'époque et ce qu'elle en retire des années plus tard. Tout le monde n'aurait pas cette force d'esprit et d'autant plus par rapport à l'amour que l'auteure porte à ses filles, des filles conçues dans la plus grande horreur. La force de l'amour contre le mal.

Le style de l'auteure est finalement assez journalistique et rend compte d'horreurs et de maltraitances par un détachement qui peut surprendre mais qui, surtout, produit a contrario toute la réalité d'une époque qui ne sait pas confondre les coupables ni voir ce qui est sous ses yeux. Une belle critique intrinsèque de notre société...

En conclusion...


Voici un témoignage que j'avais très envie de découvrir et qui m'a semblé bien différent de tous ceux que je peux avoir l'habitude de lire. Voici un témoignage où le détachement fait la force du texte et où les blancs rendent compte des années d'horreur subies. De quoi remettre en cause nos plaintes quotidiennes sur nos vies tranquilles.

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