Infos sur le livre
éditions : Lucien Souny
date de publication : 23-08-2019
pages : 187
prix : 16,50€
Résumé éditeur
Pilar et Inma font connaissance dans un couvent en Catalogne. Filles-mères abandonnées et pauvres, elles vont accoucher dans des conditions épouvantables pendant le rigoureux hiver de 1955-1956. Aucun de leurs deux bébés ne survivra. Plus rien ne retient alors les deux jeunes filles en Espagne : ni famille, ni emploi, ni argent, ni amour. En revanche, un avenir plus radieux les appelle en France : un oncle et une tante de Pilar acceptent de les accueillir chez eux. Elles y trouveront du travail et l'une d'elles gagnera même le coeur de l'instituteur. Conscientes de leur chance, elles n'en n'oublient pas pour autant leurs nourrissons " repris par le Seigneur ", ni les petites tombes blanches jamais fleuries, perdues dans ce lointain cimetière d'Espagne. Le vieil oncle aime leur raconter l'histoire de leurs aïeux, émigrés en France, et elles apprennent ainsi de stupéfiants détails sur leurs parents. La visite inattendue de personnes surgissant justement de ce passé va transformer leur vie. Une histoire aussi passionnante qu'émouvante, largement inspirée du scandale des bébés volés en Espagne 300 000 enfants subtilisés à leur mère sous la dictature de Franco.
Pourquoi ce livre ?
Ayant beaucoup aimé ma précédante lecture de l'auteure, j'étais très curieuse de me plonger dans cette nouvelle histoire au sujet très prometteur.
De quoi est-il question ?
Nous sommes en 1956, dans le nord de l'Espagne. Pilar et Inma ont 17 ans. Enceintes, elles attendent dans un couvent la venue de leurs bébés. Strictes, les religieuses n'hésitent pas à juger et à réprimander ces adolescentes ayant "succomber au péché". Une épreuve supplémentaire pour ces jeunes filles déjà seules au monde.
Mais alors que l'une rêve d'élever son enfant avec l'homme qu'elle aime et que l'autre ne souhaite que vivre une vie heureuse seule avec son enfant, la vie en décidera autrement et les enfants seront morts-nés. Afin d'échapper à la souffrance et à la solitude, c'est ensemble que les deux jeunes filles décideeront de partir pour la France.
Accueillies par l'oncle et la tante de Pilar, les deux adolescentes retrouvent peu à peu goût à la vie, apprenent le français et parviennent à entrevoir un avenir. Jusqu'à ce qu'Inma découvre que le seul espoir pour son couple d'avoir un enfant est d'adopter. L'occasion de retourner dans ce couvent du passé, un passé qui ne tardera pas à leur sauter à la gorge.
Du côté de la forme...
Les romans de Danielle Boissé sont toujours des romans forts en émotions et la question des enfants volés à des filles-mères est un sujet qui me touche toujours très particulièrement. Ajoutez à ça deux jeunes filles au tournant de leurs vies et le cocktail est parfait.
L'Espagne au sein des années 1950, voilà qui est assez rare pour être noté. L'auteure nous invite donc à découvrir ce pays très religieux à une époque où il ne faisait pas bon être en déhors des clouss de la bonne pensée chrétienne. Une ambiance guère différente de ce qui a pu exister en France mais qui nous plonge dans l'époque fasciste de Franco ce qui n'est pas rien.
Si ce sujet n'est en effet qu'en filigrane, la dictature de Franco est présente à chaque page ce qui fait de ce roman un très bon roman historique. Il faudra attendre la fin du roman pour en comprendre vraiment tout le sens et pour prendre conscience de ce que cette dictature a pu engendrer pour des milliers d'espagnoles et au nom d'une fausse bonne morale.
Pilar et Inma sont deux jeunes filles qui m'ont particulièrement touchée. La vie les a fait grandir trop tôt mais elles gardent en elles l'insouciance de la jeunesse. Elles sont aussi le symbole de l'amour envers leurs enfants et une force d'espoir en l'avenir. Et c'est avec beaucoup de douceur que l'auteure nous invite dans la vie de ces jeunes filles avec beaucoup de bienveillance.
Ce roman met enfant en valeur l'immigration des espagnols dans les années 1950, en recherche de travail et d'une vie meilleure. Une belle leçon quant à notre monde d'aujourd'hui pour nous permettre de voir de l'autre côté de la barrière. De même, l'auteure nous offre la force de la maternité jusqu'à l'image de l'adoption, aussi belle que monstrueuse quand elle engage le pouvoir de l'argent.
Car c'est avec brio que l'auteure nous offre une superbe histoire tout en nous mettant face à un fait historique terrible : le vol d'enfant non au nom du bien du bébé ou de la mère mais au nom du pouvoir et du fric. Une vérité d'une rare violence mais dont l'auteure sait nous parler sans aller trop loin dans l'horreur. Car après l'horreur vient le temps d'un futur possible et d'un renouveau positif.
En conclusion...
Voici un roman qui m'a profondément touchée et qui a su m'entraîner dans une histoire à la fois si proche de nous et à la fois que l'on a du mal à entendre comme vraie. Voici un roman qui nous offre de sublimes personnages, de l'amitié, de l'amour et une volonté de nous faire croire en l'avenir même quand l'indicible s'abat sur nous.
Une nouvelle fois, ce roman est un coup de coeur qui fait du bien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire