mercredi 28 août 2019

A nous regarder, ils s'habituerons - Elsa Flageul



Infos sur le livre

éditions : Julliard
date de publication : 03-01-2019
pages : 192
prix : 18,50€

Résumé éditeur

" Ils sonnent à l'interphone, s'annoncent, entrent, ouvrent leur casier fermé à clef, y déposent leurs sacs, leurs manteaux, se lavent soigneusement les mains au savon, pendant plusieurs secondes, chacun leur tour, sans parler, sèchent leurs mains avec du papier puis les passent sous une pompe géante de solution hydro-alcoolique, se les frictionnent longtemps, sèchent leurs mains avec du papier, enfilent chacun une blouse jaune transparente, Vincent attache celle d'Alice dans le dos, Alice attache celle de Vincent. Ils ouvrent la porte qui sépare César du reste du monde. Chaque matin, après avoir accompli tout cela, Alice met la main sur la poignée de la porte, chaque matin elle prend une grande inspiration, ferme les yeux et dit tout bas : j'espère que la nuit s'est bien passée. Chaque matin. En réalité chaque matin elle se demande : mon bébé est-il mort ? "

Pourquoi ce livre ?

Depuis sa sortie, ce roman me faisait énormément envie. Avoir pu rencontrer l'auteure au dernier salon de Limoges m'a permis de l'acquérir et les vacances de le découvrir.

De quoi est-il question ?

Alice aurait pu tout avoir pour être heureuse : un compagnon avec lequel elle vit l'amour parfait et un bébé à venir qui ne fera que renforcer leur bonheur. Mais au bout de sept mois, c'est le drame et Alice accouche d'un petit garçon grandement prématuré. Dès lors, le quotidien du jeune couple devient un enfer entre chambres d'hôpitaux et rendez-vous médicaux.

Alors, peu à peu, Alice perd pied. Refusant les aides de ses amis et prenant mal les bonnes paroles comme les paroles maladroites, la jeune femme se renferme sur elle-même. Le bonheur des autres devient de l'arrogance, le quotidien devient uniquement tourné autour du jeune César dans l'angoisse qu'il ne survive pas à la nuit suivante.

Et chaque jour devient plus difficile que le précédent, les nuits se font de plus en plus courtes, les jours s'enchaînent sans avoir de sens. Et la peur, la douleur, ne feront qu'entraîner Alice dans une dépression de plus en plus profonde, une dépression par laquelle elle ne comprend plus qu'une autre vie existe, quelque part, dehors.

Du côté de la forme...

Entre lectures "terroir" et lectures "jeunesse", j'ai eu envie pendant ces vacances de quelque chose de plus fort, de quelque chose de plus "littéraire", de quelque chosse de plus poignant et de plus marquant.
 
Tout me laissait croire que ce roman allait être une lecture toute particulière et particulièrement forte autour d'un sujet terrible et douloureux, quotidien de nombreux parents mais que nous avons tendance à glisser sous le tapis tant qu'on ne le vit pas. Et bien c'est tout à fait avec ce sentiment que je ressors de ce roman qui m'a laissé une marque indélébile.

Il est des romans très descriptifs et très détaillés. Il est aussi des romans plus puissants où chaque mot est choisi avec soin, où l'émotion prend le pas sur l'intrigue. Des romans où le lecteur peut avoir le sentiment d'être dans l'inaction mais où son coeur et son esprit sont plus solicités que jamais pour imaginer, enfin, ce que peut être la vie de ces parents vivant une épreuve hors du temps.

Le roman se présente avec une alternance de points de vue : un point de vue omniscient tout d'abord pour conter l'histoire de cette famille meurtrie, le journal d'Alice par ailleurs où le lecteur est plongé dans les tourments de cette jeune femme. Une belle manière de suivre le processus par lequel la dépression s'impose peu à peu et une manière de décrire avec précision la vie des prématurés.

Et pourtant, bien qu'ayant eu une profonde tendresse pour Alice, je n'ai pas pu m'empêcher parfois d'avoir envie de la secouer, de lui dire qu'elle "cherchait" un peu son isolement en ne souhaitant se confier à personne, qu'elle était injuste avec son entourage comme si, de par son malheur, le bonheur n'avait plus lieu d'être. Tout cela en ayant le sentiment d'être à mon tour injuste avec elle.

Au niveau style, cela faisait longtemps que je n'avais pas été percutée de la sorte par une écriture aux mots si juste et sachant à ce point provoquer l'émotion. Cela faisait longtemps que je n'avais pas savouré un roman comme je l'ai fait pour celui-ci et cela m'a fait beaucoup de bien avec une force présente jusqu'aux dernières lignes.

En conclusion... 

Voici un roman que j'attendais de pouvoir lire depuis pas mal de temps et que je suis ravie d'avoir enfin pu vous parler, un roman que j'aime vous les conseiller parce qu'on en ressort pas inemne, un roman qui heurte et qui rappelle que l'usage des mots est toujours un plus dans une histoire pour apporter quelque chose de plus dans le monde de la littérature.
Un roman à découvrir sans attendre mais pour lequel il faut avoir le coeur bien accroché.

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