Infos sur le livre
éditions : Robert Laffont, la bête noire
date de publication : 13-10-2016
pages : 320
prix : 20€
Résumé éditeur
Il est aveugle. Elle est ses yeux. Elle pense le guider vers la lumière. Il va l'entraîner dans ses ténèbres. Gabriel a tout perdu en une nuit. Son fils de dix-sept ans, sauvagement assassiné. Ses yeux. Sa vie... Les années ont passé et l'aveugle n'a pas renoncé à recouvrer la vue. Encore moins à faire la lumière sur la mort de son enfant. Quand un nouvel élément le met enfin sur la piste du meurtrier, c'est une évidence : il fera justice lui-même. Mais pour entreprendre ce long et éprouvant voyage, Gabriel a besoin de trouver un guide. Il recrute alors Maya, une jeune femme solitaire et mélancolique, sans lui avouer ses véritables intentions...La cécité de conversion est une pathologie aussi méconnue qu'effrayante : suite à un profond traumatisme psychologique, vous êtes aveugle. C'est ce qui est arrivé au personnage principal de ce roman.
Pourquoi ce livre ?
Merci aux éditions Robert Laffont grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman dont la couverture et l'intrigue m'avaient beaucoup tentée, dont l'auteure m'avait parlé avec passion à Saint-Etienne.
De quoi est-il question ?
Nous voici en 2003. Victor, un jeune homme auquel son père prête un talent sans nom, entre dans la prestigieuse école Mètis afin d'y accomplir le destin tout tracé pour lui. Mais très vite le jeune homme va être témoin des violences faites aux nouveaux et, surtout, des violences faites aux métisses justement, aux femmes ou encore aux pratiquants de certaines religions.
Treize ans plus tard, en 2016, Gabriel ne s'est toujours pas remis de la mort de son fils, sauvagement assassiné dans un cimetière. Depuis treize ans, Gabriel rumine sa colère d'autant que la perte soudaine de son fils adoré, le choc, lui a fait perdre la vue. Gabriel est désormais aveugle alors que, médicalement parlant, il n'a rien. Sa cécité est psychologique.
Un jour, Gabriel rencontre Maya, une jeune femme venant de perdre son emploi. Il lui propose une somme d'argent que la jeune femme ne peut se permettre de refuser. Cet argent, elle le gagnera à servir de guide à Gabriel durant quelques semaines tout au plus. Une aubaine lorsque l'on vient de perdre son travail ! Mais Maya ignore tout des véritables plans de Gabriel...
Du côté de la forme...
J'avais découvert Ingrid Desjours grâce à sa série Kaleb et je dois dire que j'avais hâte de pouvoir lire à nouveau l'un de ses romans. Lorsqu'elle m'a parlé de celui-ci à Saint-Etienne, j'ai été charmée et me suis plongée dans cette lecture dès que je l'ai pu.
Comme dans nombre de romans du genre, nous suivons ici deux histoires, deux temps, en parallèle. L'année 2003 au sein d'une grande école supérieure et l'année 2016 avec un périple à travers les routes de France au nom de la vengeance. Et si le lecteur devine très vite la relation entre les deux époques, il est très loin de se douter jusqu'au où l'auteure s'apprête à l'embarquer.
Un jeune homme assassiné, un père prêt à tout pour se venger, un passé qui saute à la gorge ou encore des vérités erronées... Rien de bien neuf me direz-vous. Et pourtant, l'auteure parvient avec un talent indéniable à innover au milieu de tout ça et notamment avec une maladie quasi inconnue : la cécité de conversion. Autrement, une personne devenant aveugle suite à un choc psychologique terrible.
Les émotions proposées par l'auteure tout au long de ce roman sont exceptionnelles. Tour à tour, le lecteur a envie de hurler sa colère et de pleurer l'horreur, de sourire face aux sentiments sincères et de cogner face à l'injustice. Mais surtout, les émotions sont justes et, si cela n'a pas été le cas de tous les lecteurs, j'ai parfaitement compris Maya confrontée malgré elle à un passé qu'elle voulait oublier, confrontée au temps.
Les personnages de ce roman m'ont énormément touchée et j'ai apprécié la volonté que l'auteure met à nous proposer des êtres vrais en ce sens qu'ils ne sont ni manichéens ni stéréotypés. L'émotion, la peur, la colère et l'amour les guident. D'ailleurs, au fil du roman, le lecteur ne sait plus trop quoi penser des uns et des autres ce qui est plutôt fort.
Et puis, ce roman est une véritable critique de notre monde contemporain, de la loi du talion mais aussi, et surtout, une dénonciation du monde politique duquel nous sommes tristement témoins depuis quelques temps. Sans trop en dire, je dirai que l'auteure nous fait ici réfléchir sur les sources et conséquences de la haine. Sur le pourquoi de certains agissements.
Enfin, comment parler de ce roman sans vous parler du style de l'auteure ? En quelques lignes, l'auteure nous embarque avec elle dans son univers, dans son intrigue, avec ses personnages. Elle nous fait douter, nous fait ressentir toutes sortes d'émotions mais surtout, malgré le côté attendu de certains rebondissements, sait nous surprendre et nous garder avec elle jusqu'à la dernière ligne.
En conclusion...
Comment vous parlez de ce roman, de sa richesse et de sa force sans vous spoiler ? Je voudrais pouvoir vous parler pendant des pages et des pages de ce livre fort en émotions mais chaque page est une surprise, chaque rebondissement mérite d'être découvert par soi-même. Chaque émotion mérite d'être vécue au moment de la lecture et pas avant. Tous les mots de la terre ne suffiraient à vous laisser envisager ce que j'ai ressenti durant cette lecture et ne saurait trop vous conseiller de vous y plonger sans attendre.
Je lirai avec certitude le prochain roman de Ingrid Desjours et ai plus que hâte de revoir la dame aux Quais du polar.
Ah, celui-là, j'ai terriblement hâte de pouvoir le lire !
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