vendredi 5 avril 2019

Ma mère était un monstre - Alloma Gilbert



Infos sur le livre

éditions : City
date de publication : 24-10-2018
pages : 288
prix : 18€

Résumé éditeur

La petite Alloma n’a jamais eu de chance dans la vie. Ses parents sont toxicomanes et la négligent au point que les services sociaux doivent la placer dans une famille d’accueil. Mais ce qui était la promesse d’une nouvelle vie est le début d’un cauchemar pour la fillette de 7 ans. Sous l’apparence d’une femme aimante, sa nouvelle maman est un bourreau. Humiliée, battue, Alloma vit un calvaire. La femme qui devrait prendre soin d’elle la punit en permanence, la roue de coups, l’empoisonne ou l’affame pendant des mois.Pourtant, Alloma trouvera la force de résister au monstre et de s’enfuir. Mais, abandonnée dans le monde, elle devient une proie facile pour des hommes barbares et violents. Seule la naissance de sa petite fille sauvera Alloma en lui montrant ce qu'est réellement l'amour... L’histoire vraie d’une enfant martyrisée qui a survécu à l’enfer. 

Pourquoi ce livre ?

Avant même sa sortie en France, ce témoignage avait attiré mon attention. Aussi, lorsque je l'ai trouvé en occasion, je n'ai pas hésité longtemps et il n'est pas resté longtemps dans ma pal.

De quoi est-il question ?

Alloma n'est qu'une fillette lorsque Eunyce Spry entre dans sa vie, finalement, habilement, telle une anguille. Et parce que ses parents n'ont pas les moyens de s'occuper d'elle, c'est à cette femme qu'ils la confieront, certains de faire le mieux pour leur fille, eux, dépendants de drogues et de situations sociales complexes.

Car tout portait à croire qu'Eunyce était le mère d'accueil rêvée. Jusqu'à ce qu'elle montre son vrai visage : celui d'une femme froide, cruelle, convaincue qu'elle vient de reccueillir sous son toit une enfant du diable qu'elle doit absolument punir et faire entrer dans le rang. Dès lors, les sanctions, les coups, les maltraitances se multiplieront à un point que nul ne pourrait imaginer.

Durant des années, Alloma devra subir des terreurs quotidiennes, se plier à des obligations multiples et dispropotionnées, encaisser coups, humiliations et violences sans nom. Jusqu'à ce que, devenue adolescente, Alloma devienne de plus en plus rebelle et décide de ne plus plier, décide de conquérir sa propre vie au mépris des dangers qui la guettent.

Du côté de la forme...

Ce témoignage est le troisième volet de ce que nous pourrions nommer le "triptyque des enfants Spry". Trois enfants maltraités et ayant vécu le pire sous le toit de leur mère d'accueil bien déterminée  à faire plier ceux qu'elle pensait être les "enfants du diable".

Après les points de vue de Victoria et celui de Christopher, c'est le point de vue de la troisième "soeur", Alloma, que nous découvrons ici. La même histoire sordide et terrible mais vue du regard de celle qui se rebella en premier, de celle qui fit toujours preuve du plus de courage face à l'horreur parce qu'elle avait, dans une autre vie, connu autre chose.

Une fois encore, le lecteur retrouve ces mêmes actes cruels, ces mêmes tortures inimmaginables et ces mêmes châtiments face auxquels il se demande comment il est possible d'y avoir survécu. Mais cette fois, c'est à travers un regard de battante que le lecteur découvre cette histoire ce qui n'est pas sans donner une souffle nouveau à cette même horreur.

Et ce regard de battante porte l'ouvrage. Car Alloma est une fillette puis une adolescente qui, bien qu'en état de soumission absolue, se rend compte que quelque chose "cloche". Et pous elle, au contraire du dos rond, c'est la force de caractère qui a payé. Une force de caractère lui ayant permis de toujours se raccrocher à un souffle d'espoir et de rebellion.

Alloma n'appellera jamais son bourreau "Maman" au fil du récit ce qui fait aussi son originalité : elle avait connu autre chose. Une belle manière de voir que face à la même horreur les expériences personnelles peuvent sauver ou détruire plus encore. Et c'est ce détâchement total de son bourreau qui est frappant chez Alloma comme si dans l'écriture même elle se détâchait de la fillette terrifiée.

Dans le style du récit, nous retrouver ce caractère de rébellion qui change la donne et qui, d'une certaine manière, a pu changer le cours de l'histoire. Et c'est peut-être dans ce troisième témoignage que le lecteur se rend le plus compte de la division entre les enfants, du rapprochement parfois, mais aussi de la personnalité de la "mère" sur laquelle est porté un regard plus détaillé.

En conclusion... 

Ce témoignage, j'avais très envie de le découvrir non pas pour me replonger dans l'horreur vécue par ces enfants mais parce que le procédé du récit m'intéressait. Et en effet, ce troisième point de vue ferme une boucle et présente l'histoire selon celle qui, déjà, était apparue comme un peu détâchée des deux autres. Terrible mais essentiel !
Parce qu'il ne faut jamais fermer les yeux sur les appels à l'aide des enfants et parce que le système peut parfois ne pas voir le pire, il convient d'en parler ! 

1 commentaire:

  1. Bonjour Pampoune,
    Je tombe sur cet article de votre blog en tapant le titre du livre d'Alloma. J'ai lu celui de Christopher, je suis en train de lire celui de Victoria et je compte bien lire celui d'Alloma quand il sortira en format poche pour le joindre aux autres dans ma bibliothèque.
    Votre article est très bien, vous avez tout compris.
    Souvenez-vous que Christopher disait dans son livre que la mère s'inspirait des récits des 2 frères victimes de leur mère folle à lier : Dave et Richard Pelzer. Elle copiait sur ses tortures avec les produits ménagers.
    Il se trouve que j'avais déjà lu il y a un moment les récits de Dave et Richard. Ils sont aussi détaillés et instructifs que ceux des enfants Spry. Je suis même allée voir leur maison et leur rue sur Google map en Floride au bord de la mer. Je vous recommande leurs récits. Hélas, celui de Dave est en 3 parties et la 3ème n'a pas été traduite.

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