samedi 10 février 2018

J'ai survécu à ma mère - Victoria Spry

J'ai survécu à ma mère par [Spry, Victoria]

Infos sur le livre

éditions : City
date de publication : 31-08-2016
pages : 330
prix : 17,90€

Résumé éditeur


Aux yeux de tout le monde, la mère de la petite Victoria est dévouée et aimante. Elle affiche l’image lisse et tranquille d’une famille parfaite. Mais une fois la porte de la maison refermée, elle se transforme en un véritable bourreau, un monstre cruel. Dès l’âge de trois ans, Victoria subit la colère de cette mère terrible : la fillette est battue, humiliée et maltraitée. Son enfer est quotidien, son calvaire inimaginable. La femme qui devrait l’aimer et la protéger la roue de coups, lui fait avaler du détergent ou l’attache nue dans la cave en plein hiver… Ce véritable martyre va durer dix-huit ans. Dix-huit très longues années. Jusqu’au jour où Victoria aura le courage de dénoncer son bourreau. Avant de se reconstruire tant bien que mal et de commencer à vivre. Enfin.

Pourquoi ce livre ?


Merci à ma tante pour le prêt de ce livre dont je n'avais jamais entendu parler et qui fait désormais partie de ma liste, plutôt réduite, des livres aussitôt reçus aussitôt lus.

De quoi est-il question ?


Victoria n'est qu'un bébé lorsqu'elle est abandonnée par ses parents biologiques. Elle est recueillie tout d'abord en famille d'accueil puis adoptée par Eunice Spry, une femme bien sous tout rapport, croyante dévouée des témoins de Jéhova et toujours bien mise. En apparence du moins car derrière les volets fermés de sa maison, l'enfer est là.

Dès son plus jeune âge, Victoria est victime des abus et des maltraitances de celle qui aurait dû l'aimer. Pour cette femme, elle est le diable, la responsable de tous les maux, une enfant autiste incapable d'apprendre quoi que ce soit et à qui en tant que mère Eunice se doit d'apprendre la discipline.

Jusqu'à ce qu'elle trouve le courage de dénoncer ces maltraitances et de fuir, Victoria subira les pires horreurs : manger de la pâté pour chats ou ses propres déjections, recevoir des coups soigneusement placés pour que ça ne se voit pas, être privée de nourriture et sans cesse se voir rappeler qu'elle est responsable de tous les malheurs d'une mère qu'elle se fera longtemps le devoir de protéger...

Du côté de la forme...


Le genre du témoignage est un genre que j'apprécie beaucoup même si, ces derniers temps, j'en lis peut-être un peu moins. Ce livre-ci était donc pour moi l'occasion de me replonger dans ce genre mais, au sortir de ma lecture, vous en parler et m'en rappeler n'est cette fois pas si simple.

Très franchement, je pensais trouver avec ce témoignage un récit de vie comme j'en ai déjà lu pas mal : une histoire de maltraitance, certes, terrible, certes, mais pas si différente des autres. Pourtant, dès les premières pages, l'horreur est telle que j'en suis parfois venue à me dire que tout ça ne pouvait pas, ne devait pas être vrai.

Car le témoignage a à peine commencé que déjà les horreurs se succèdent. Imaginez le pire et vous serez encore loin du compte. Durant des pages et des pages, nous allons suivre Victoria forcée d'avaler son propre vomi, recevoir des coups d'une violence extrême, être privée de nourriture ou être encore plongée de force dans l'eau jusqu'à ce qu'elle soit au plus proche de la mort.

Mais tout ceci n'est encore que bien peu de choses à côté de l'emprise psychologique que sera celle d'Eunice sur sa fille puis sur deux autres enfants qu'elle adoptera. Une emprise qui durera de longues années, années pendant lesquelles Victoria fera tout pour être la fille parfaite rêvée par sa mère adoptive, durant lesquelles elle protégera sa mère en ne la dénonçant pas, ne pouvant faire autrement.

Dans ce témoignage, le lecteur est confronté à l'horreur absolue mais aussi à la question la pire de toute : comment tout cela a-t-il pu se produire ? Comment Eunice a-t-elle pu agir en toute impunité, manipulant le système, durant des années ? Car si l'auteure ne les attaque pas directement, la question n'en est pas posée du rôle des services sociaux dans son martyr.

Mais ce qui m'a le plus frappée dans ce témoignage, c'est la manière dont Victoria le présente. Certes elle n'est pas l'auteure en tant que telle de son récit, aidée par une plume fantôme remerciée en fin d'ouvrage, mais c'est elle malgré tout qui offre son histoire. La souffrance et la mémoire restent intactes, la peur aussi. Mais la rancoeur, elle, n'est plus au nom d'un avenir. Belle leçon de courage !

En conclusion...


Voici un témoignage comme on en lit peu mais que tout le monde devrait connaître. Pas pour passer un bon moment de lecture, pas pour s'apitoyer sur le sort de trois enfants, mais pour avoir juste conscience de ce qui peut parfois se produire derrière des murs en apparence parfaits. Pas par voyeurisme mais par nécessité de se sortir de son confort.
Le frère de Victoria, Christopher, a vu son livre être traduit en France à la fin de l'été dernier et il est certain que je m'apprête à le commander dès mon prochain passage en librairie.

1 commentaire:

  1. Hou, il a l'air terriblement dur ce livre, mais à la lecture de ton avis, j'ai extrêmement envie de le découvrir !

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