jeudi 18 mars 2021

Les maîtres sonneurs - George Sand

  

Infos sur le livre

éditions : Folio

date de publication : 05-10-1979

pages : 528

prix : 9,70€

 

Résumé éditeur

 Né du drame de 48, Les Maîtres Sonneurs est celui des romans champêtres qui évoque avec le plus d'ampleur les trésors des sociétés rurales, leurs croyances occultes, leurs rites d'initiation, leurs traditions secrètes. Deux pays, deux cultures : le Berry et le Bourbonnais, le chêne et l'épi, la plaine et la forêt. Ici la sagesse des paysans de la Vallée Noire, là, chez les "bûcheux" et les muletiers de Combrailles, le don de l'imaginaire et le risque du rêve.Roman de l'une de ces corporations itinérantes, celle des joueurs de cornemuse, jadis constituées en associations quasi maçonniques, Les Maîtres Sonneurs disent aussi l'histoire d'un pauvre enfant du plat pays, Joset l'"ébervigé", l'Idiot dont la musique des sonneurs de la forêt fera un Élu, l'incarnation même du génie populaire. 

 

Pourquoi ce livre ?

Présente à Château d'Ars pour un festival de musique, je me suis laissée tenter par ce roman d'une autrice on ne peut plus locale bien que d'une autre époque...

 

De quoi est-il question ?

Joset est un ancien, celui qui a la mémoire de la région, des chants et musiques rythmant les campagnes, celui qui se souvient des contes de l'enfance, le dernier à pouvoir transmettre tout ce savoir aux enfants dans l'ambiance des veillées au coin du feu. Alors il raconte tendis que la jeune génération écoute religieusement cette voix d'un autre temps.

Car Joset est celui qui, né dans une famille pauvre, n'était pas destiné à un avenir reluisant. Il est celui qui a dû se battre pour avoir un savoir tout en s'adaptant à la vie de la ferme, celui qui a pourtant connu ses premières amours au détour d'un chemin et a connu ses premières romances au cours d'une valse ou d'une bourrée bien sentie...

Soir après soir, au coin du feu, Josèt raconte. Entre pauvreté matérielle et richesse humaine, le conflit entre Berry et Bourbonnais fait rage, les rencontres peuvent être riches ou violentes. Certaines amitiés peuvent se révéler trompeuses mais il faut avancer avec, toujours au coeur, cet amour de la musique et ce besoin de garder son identité malgré le pouvoir en place...

 

Du côté de la forme...

Je n'ai jamais trop lu George Sand pendant mes études mais, passionnée de musique traditionnelle, de lettres et de romans régionaux, ce texte semblait idéal pour assouvir mes trois passions. Et si ce texte n'est pas si simple à lire, il m'a offert le tout avec brio.

Je parle rarement de la forme même en premier mais il convient de le faire ici pour comprendre la portée de ce roman. Chaque chapitre est une veillée, un peu à la manière du "Décaméron", avec un récit soir après soir à ceci près qu'ici il toujours fait par le même personnage. Une manière riche et élégante pour l'autrice de rendre compte des veillées de son temps par le biais de l'écriture.

 Avec un tel titre, j'espérais vivement que l'autrice mette en scène les musiques et danses de sa région qui me font vibrer peut-être plus encore que la lecture. Et si au fil des pages j'en entendu mes chères vielles et le bruit de sabots sur la terre, je dois avouer que j'aurais aimé que ce soit plus développé encore. Ici, je suis un peu restée sur ma faim.

Car le propre de ce roman est de raconter la vie dans les campagnes en un autre temps. En cela ce roman est comme pionnier des romans de terroir et ça fonctionne. Car le lecteur aussi écoute avec attention le récit du Josèt, se replongeant avec lui dans son enfance et redécouvrant un univers bien différent du monde moderne, même du temps de l'auteur.

Ce roman sonne donc comme un témoignage et comme l'ancrage d'un temps révolu. Un temps où les relations humaines étaient peut-être plus riches et où la présence des anciens était vue comme une sagesse à ne pas perdre. Car avec ce roman et la volonté de l'autrice, comment ne pas penser aux collecteurs sans qui nous n'aurions pas aujourd'hui les musiques d'antant ?

Côté style, l'autrice joue avec merveille sur l'oralité mais une oralité travaillée. Car les expressions régionales et le genre du récit oral sont là, on sent tout le travail pour effacer tics de langages et autres familiarités. Mais dans une époque où tout est régit par la télé et internet, quel bonheur que d'imaginer ces veillées que, juste une fois, j'aurais aimé pouvoir vivre en plein.

 

En conclusion... 

Voici un roman plein de sens qui se fait ancrage de son temps et dans lequel les amoureux de terroir se reconnaîtront ainsi que les amoureux de musique populaire. Voici un roman qui donne envie de se lever et d'aller danser, de reprendre son instrument de musique et de jouer, d'aller chez ses grands-parents et de les écouter.

Un magnifique roman pas si facile à lire mais qui fait le plus grand bien à quiconque en saisira la force du contenu.

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