Afin de sauver les éditions du Caïman et de faire revenir sur le devant de la scène ce roman que j'avais particulièrement aimé, merci à Gilles Caillot d'avoir accepté de répondre à quelques questions autour de son livre La couleur des âmes mortes.
- Peux-tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas ?
- Déjà Bonjour à tous ceux qui vont lire cette interview. 50 ans, père de famille nombreuse, ingénieur de formation et Directeur de projets informatiques je vis encore en région Lyonnaise. La passion de l’écriture m’est venue il y a 11 ans lors de la lecture de la trilogie de Maxime Chattam. J’y ai tellement retrouvé mon univers : noir, glauque, violent et percutant. Lorsque j’ai tourné la dernière page de cette œuvre majeure (pour moi, en tout cas), je me suis dit que je ne pouvais pas en rester là, que je devais rechercher à nouveau cette sensation, cette adrénaline qui avait coulé à flot lors de cette lecture enthousiasmante. J’avais déjà écrit quelques nouvelles d’horreur, élaboré plusieurs scénarios pour de la BD, je me suis donc lancé dans l’écriture avec une envie forte de retrouver ce shoot ! Depuis, j’ai écrit plusieurs romans : La quadrilogie (ou tétralogie) Zanetti, composée de L’ange du mal, Réminiscence, Immondanités et des ailes arrachées des anges. C’est un cycle très violent et très sanglant. Bas-fonds, one shot terrifiant Lignes de sang, thriller sur fond de virtualité qui a remporté le prix Intramuros 2013, L’apparence de la chair, thriller psychologique qui a remporté le prix Français des Balais d’or ; La couleur des âmes mortes, drame psychologique sur la thématique de la vengeance.
- Comment t'es venue l'idée de ce roman ?
- Père de 6 enfants, j’ai toujours eu peur des drames, des enlèvements, des viols sur mineurs. Les prédateurs courent les rues. Il n’y a pas un mois qui se passe sans qu’il n’y ait une affaire de ce type. J’ai donc imaginé le pire. Et si cela m’arrivait, que ferais-je ? Si la vie du tueur d’un de mes enfants était entre mes mains, jusqu’où irais-je pour assouvir ma vengeance. C’est donc ces sensations, ces ressentiments très charnels, viscéraux, que j’ai voulu éclairer dans ce livre. Un concentré d’émotions au cœur de cette tragédie.
- Dans ce roman, tu t'interroges sur la thématique de la vengeance et sur ce que chacun est prêt à faire pour se venger...
- Effectivement. Comme je l’ai dit plus haut, c’est le fond du roman. La vengeance. La nécessité de trouver un but dans sa vie brisée. La vengeance pour effacer la douleur, la vengeance pour absoudre le mal. Mais… le permet-elle vraiment ? Ne s’enfonce-t-on pas encore plus bas, dans des tréfonds plus noirs et douloureux ?
- Tu traites également de sujet tabous tels que la maltraitance infantile, la pédophilie...Comment as-tu fait pour travailler sur ces sujets difficiles ?
- Je n’ai pas peur de me lancer dans des sujets délicats. D’ailleurs, pour moi, il n’y a pas de tabou. Un livre, en complément d’être un compagnon d’évasion est aussi là pour permettre de se poser les bonnes questions, des questions sur la noirceur de l’Homme. La société pullule de drames, de choses horribles qui font réfléchir. C’est donc sans arrière-pensée que je me suis lancé avec un seul objectif : aller creuser au plus profond, sentir la douleur, le mal, y goûter presque, tout en tentant de rester à la surface. Mais l’exercice n’est pas simple… on a vite fait de boire la tasse dans cet océan de tourmente.
- Tes personnages vont souvent là où on ne les attend pas avec un renversement entre victime et bourreau...
- C’est ce qui est passionnant. Chacun porte en lui une part d’ombres, une noirceur bien cachée. On serait dupe de penser qu’une personne est toute lisse ou est le grand gentil d’un dessin animé. L’aspect psychologie est très important pour moi et souvent, lorsqu’on creuse ses personnages, on les découvre en profondeur : les facteurs d’empathie mais aussi les autres… bien moins sympathiques. D’autre part, le côté twist d’un thriller est très important, faire naviguer le lecteur entre deux eaux, lui retourner le cerveau et lui mettre une grande claque dans la figure. C’est plutôt jouissif. D’ailleurs, en tant que lecteur, j’adore quand un auteur arrive à me scotcher à la fin d’un roman.
- Comment as-tu travaillé la multiplicité des points de vue ?
- Je voulais un roman fort en émotions car le thème le nécessitait. J’ai d’abord travaillé sur la mère et le père. Je voulais faire ressentir au lecteur leur douleur, leurs émotions, le faire réfléchir sur la situation abominable que le couple vivait. J’ai donc opté au départ pour un roman choral à 2 voix. Puis, lors de l’écriture, je me suis dit que le point de vue du pédophile serait intéressant à explorer et que finalement le ressenti du père était très proche de celui de la mère. J’ai donc changé les choses pour ne garder que la mère et le pédophile en caméra interne.
- Connaissais-tu la fin de ton roman dès le début de l'écriture ou l'idée est-elle venue au fur et à mesure ?
- Comme tout roman psychologique, il est capital de connaitre la fin pour poser les rouages aux bons endroits et faire en sorte d’attirer le lecteur au centre de la toile qu’on a tissé. J’avais donc la fin en tête dès le début du roman.
- Un nouveau roman est-il prévu ?
- Oui. Il est en cours d’écriture. J’ai dépassé les deux tiers du roman mais la finalisation prend beaucoup de temps du fait d’un « temps d’écriture » trop faible. Activité professionnelle trop intense ! J’espère,en tout cas, le terminer cette fin d’année car je sais que mes lecteurs attendent mon prochain opus avec impatience. « Je te hais » sera un thriller psychologique, qui trouve ses racines dans le passé et se déroule sur un fond d’enquête de dévoreur d’enfants.
- Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
- Je voudrais remercier tous mes lecteurs. Ils me soutiennent, me suivent depuis des années et me donnent une incroyable énergie pour continuer. Ecrire demande beaucoup de sacrifices, implique beaucoup de souffrance et de frustration. Sans leurs encouragements, j’aurais arrêté depuis belle lurette. Merci à vous tous. Vraiment.
Retrouvez ma chronique du roman ici :
Eh bien, voilà une interview fascinante, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire !
RépondreSupprimer