mardi 14 avril 2015

Les chiennes savantes - Virginie Despentes



Infos sur le livre

éditions : J'ai lu
date de publication : 04-01-1999
pages : 249
prix : 5€

Résumé éditeur



"La cabine n° 1 avait quelque chose du confessionnal, version luciférienne. Granules épais rouge sombre le long des murs, comme repeints d'un vomi de viande saignante. C'était une pièce étroite et haute de plafond, séparée en son milieu par un gros grillage noir. Le client était assis en contrebas..." Louise travaille dans un peep-show et elle fait ça bien. Sans se forcer. Elle se renverse contre le mur, ferme les yeux et se met au boulot... Elle officie patiemment avec parfois cette envie d'être ailleurs, d'échapper à son histoire... Mais le jour où on découvre deux filles sur le carreau, gorges et visages bien nettoyés, écorchés... ça rigole plus pareil, d'un coup... et Louise d'en apprendre, des choses, sur ce que les garçons font aux filles...

Pourquoi ce livre ?

Je ne pensais pas me replonger dans l'écriture de l'auteure de si tôt mais, lorsque j'ai vu qu'elle serait aux Quais du polar, j'ai fait le choix de me plonger de nouveau dans un roman de Virginie Despentes. Je pense avoir bien fait.

De quoi est-il question ?

Louise est une jeune femme dont nous ne connaîtrons jamais vraiment l'histoire. Tout ce que l'on sait d'elle, c'est qu'elle travaille dans un peep-show et que, contre toute attente, ce "travail" lui convient parfaitement, on pourrait même dire qu'elle s'y plait et s'y épanouie en ayant le pouvoir, dans une certaine mesure, sur les hommes.

Le peep-show, dans ce roman, ce n'est pas seulement une entreprise du sexe. C'est aussi une grande maison où vit une grande famille et où les filles ne manquent pas de parler entre elles des habitudes de chacune, de chacun, et où elles ne manquent pas de se moquer de certains des hommes qui leur passent entre les mains (façon de parler).

Mais voilà qu'un soir sont découvertes deux filles, deux collègues de Louise, sauvagement assassinées et écorchées vives. De quoi vous faire faire des cauchemars à vie ! Pourtant, si la scène est effrayante, dure et choquante, elle n'est pas tellement étonnante pour Louise notamment qui ne va pas se trouver plus perturbée que ça par l'horreur de la chose. Après tout, quand on vit jour après jour dans un monde de violence...

Sauf que malgré la violence, la mort de deux Filles, c'est un choc dans un peep-show et malgré le quotidien du travail qui continue jour après jour, l'heure va bientôt être aux recherches et aux questions pour comprendre qui aurait bien pu vouloir tuer avec tant de sauvagerie les victimes. La violence ira donc crescendo jusqu'à ce que toute la vérité éclate dans un monde emprunt d'horreurs en tous genres...

Du côté de la forme...

Rappelez-vous. Ce qui m'avait profondément perturbée dans Les jolies choses, c'était la vulgarité des propos et des actions des personnages à laquelle je ne m'attendais absolument. J'avais fini par me focaliser là-dessus et j'avais sans doute perdu beaucoup de choses du roman. De plus, l'intrigue ne m'avait pas emballée plus que ça. 

Je n'ai pas lu le roman dont je vous parle aujourd'hui avant ma rencontre avec l'auteure mais après, et après une conférence qu'elle a donné durant les QDP. C'est donc avec un tout nouveau regard que je me suis plongée dans cette lecture et c'est peut-être cela qui a fait que, au final, j'ai passé un très bon moment avec ce roman. Oui oui...

Tout d'abord, cette fois, j'ai plutôt bien adhéré à l'histoire même si le côté "crime" aurait pu être, selon moi, davantage développé. Je me suis retrouvée plongée dans l'univers de Louise, dans toute la violence qu'elle vit au quotidien, et j'ai trouvé que cette violence était plutôt bien décrite par l'auteure qui a su une nouvelle fois me mettre mal à l'aise, y compris par son vocabulaire, ce que j'ai cette fois trouvé plutôt intéressant.

J'ai une nouvelle fois eu un peu de mal à m'attacher aux personnages de cette histoire mais j'ai plutôt bien adhéré au cadre de l'action qui nous présente un monde, au coeur de Paris, bien loin des lieux mythiques qui attirent des gens du monde entier. Ce roman nous présente le Paris sombre que l'on veut cacher et les violences quotidiennes de certains milieux ce qui m'a peut-être permis de mieux accepter la violence du langage utilisé par l'auteure.

Pour ce qui est de l'intrigue elle-même, je dirais que j'ai aimé découvrir l'auteure dans une ambiance plus "polar" que "roman noir" et j'ai trouvé que ce genre lui convenait plutôt bien même si le roman noir prend souvent le dessus et que l'énigme des meurtres par elle-même ne reste que secondaire. Et puis, il y a bien le final, explosif, qui boucle le roman dans une apothéose qui EST l'écriture de Virginie Despentes.

En conclusion...

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé Virginie Despentes dans un autre de ses romans avec un regard complètement différent sur la violence qu'elle provoque. L'auteure est maîtresse dans le genre du roman trash et lorsqu'elle nous met mal à l'aise, tout est calculé pour cela pour nous montrer ce qu'est "la vraie vie" au sein de milieux difficiles.
Bien sûr, l'écriture de Virginie Despentes n'est pas faite pour tout le monde. Mais je pense qu'il est intéressant de découvrir sa plume, différente de tout ce que l'on peut connaître.
Oui je relirai des livre de cette auteure qui est sans doute l'auteure dont j'ai le plus envie de parler pour plein de raisons.

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