vendredi 10 mai 2019

Peau de lapin - Serge Camaille



Infos sur le livre

éditions : Marivole
date de publication : 15-03-2018
pages : 144
prix : 16,90€

Résumé éditeur

 "Peau de lapin", c'est le surnom qu'on donnait chez nous, à Sancoins, au peillerot du village. Le peillerot, vous savez, cet homme qui passait dans les rues de chaque village soit avec une carriole attelée, soit avec un triporteur à moteur ou encore avec une 203 plateau selon les époques, pour ramasser les peaux d'animaux, les ballots de vieux chiffons ou encore la ferraille en criant : "Peau de lapin ! Peau !" Si au siècle dernier chaque village voyait déambuler le sien, Lucien, le nôtre à Sancoins, eut une vie tellement riche en péripéties de toutes sortes qu'elle méritait bien que je lui consacre... Un roman ! L'idée ne m'est pas venue comme ça, du jour au lendemain. Ce fut un jour de dédicace dans ma ville de coeur que je vis apparaître Marie-Jeanne, la fille de notre peillerot. Elle prit son courage à deux mains pour me demander si je me souvenais de son papa, et si je serais intéressé pour en relater l'histoire. Après l'avoir entendue toute une journée, l'idée me sembla formidable à tel point que j'en ai fait... Un roman biographique. Tout ce qui est relaté dans cette histoire a été vérifié et approuvé par Marie-Jeanne. 

Pourquoi ce livre ?

Depuis le temps que j'entendais l'auteur me parler de ce roman un peu particulier, j'avais très hâte de le lire. C'est maintenant chose faite !

De quoi est-il question ?

C'est alors que l'auteur se trouve en dédicace pour d'autres de ses romans sur l'un des salons de France ou de Navarre qu'il est abordé par une femme, Marie-Jeanne. Cette dernière est la fille de Lucien que, il y a bien longtemps, tout le monde surnommait "Peau de lapin". Son idée ? Rendre hommage à son père par un roman qui raconterait, enfin, les tourments de sa vie.

Car la vie de Lucien fut une vie riche mais aussi une vie semée d'embûches. L'enfant qu'il était n'aura pas eu la chance de suivre de longues études, très vite contraint à devoir contribuer à nourrir la famille. Quant à son mariage, il sera dans la pure tradition de son temps entre déboires et joie d'être père malgré les épreuves quotidiennes.

Mais la vie de Lucien sera surtout une vie sur les routes de sa région en parallèle d'une vie d'usine aussi épuisante que forte, une vie au jour le jour pour vendre ses fameuses peaux de lapin sous le regard impressionné des jeunes enfants qui croisaient sa route. Une vie dans la seconde moitié du 20ème siècle.

Du côté de la forme...

Serge Camaille fait partie de ces auteurs que je suis depuis quelques années maintenant et dont les romans ont su apporter une modernité dans un genre qui mérite d'être renouvelé : le roman de terroir. Mais ici, c'est un roman un peu différent qu'il nous offre.

Le roman biographique est un exercice difficile en ce qu'il doit à la fois entraîner le lecteur dans une histoire et à la fois rester fidèle au vécu de la personne racontée dans les pages. Un exercice auquel l'auteur s'emploie avec brio et qui sonne ici comme un hommage à un homme mais aussi à toute une génération oubliée par la modernité.

Je me suis très vite attachée à Lucien, un homme poignant qu'il serait aisé de juger mais dont le vécu nous pousse à porter un regard différent. Il n'est pas si simple d'imaginer que ce roman est une histoire vécue et, pourtant, tout nous est livré avec le réalisme qui se doit. Le lecteur se sent alors comme dans un entre-deux un peu onirique, un peu déroutant.

Au-delà de la biographie d'un homme, ce roman est celui du témoignage d'une époque à la fois si proche et si éloignée de la nôtre. Le témoignage des campagnes à une époque charnière mais aussi la force du souvenir. Car bien difficile est d'imaginer aujourd'hui cette autre façon de vivre, ces vies au sens large de ceux qui n'allèrent pas longtemps à l'école mais qui firent de leurs vies une vocation.

Bien que ce roman soit poignant dès le début et ne laisse pas un instant de répis au lecteur, sans doute aurais-je apprécié de rester plus longtemps avec Lucien et sa famille. Mais pas parce qu'il manque du récit ! Plutôt parce qu'en refermant ce roman j'ai le sentiment de laisser derrière moi des êtres qui étaient entrés subtilement en moi pour y laisser leur marque.

Si je connaissais le style de l'auteur en tant qu'écrivain, j'ai ici eu la chance de pouvoir lui découvrir un style un brin différent, celui du journaliste professionnel qui a fait sa carrière. En retraçant la vie de Lucien, l'auteur se met comme en recul pour faire la part belle à cet homme sans mettre en avant sa part d'auteur. Un bel hommage !

En conclusion... 

Voici un roman, appelons-le ainsi, qu'il me tardait de lire et avec lequel j'ai passé un très agréable moment même si j'aurais souhaité pouvoir rester plus longtemps dans la vie de Lucien. Avec ce roman j'ai beaucoup appris sur la vie des peillerots et vous engage vivemenet à cette lecture pour découvrir la vie de nos campagnes en ces années 1970. 

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