samedi 20 juin 2020

Une fille comme les autres - Jack Ketchum



Infos sur le livre

éditions : Bragelonne
date de publication : 25-01-2007
pages : 360
prix : 20€

Résumé éditeur

Un simple fait-divers dans l'Amérique des années cinquante. Dans une banlieue paisible où la vie est tranquille et ordinaire, une adolescente, Meg, et sa jeune soeur handicapée ont été placées chez une tante éloignée après le décès de leurs parents. La tante a une certaine idée de l'éducation. Ses brimades, d'abord anodines, font vite place à des accès de rage, des caprices cruels, et bientôt un atroce supplice dans lequel elle entraîne ses trois fils, puis les autres garçons du voisinage. L'un d'eux, pourtant, refuse de participer mais ne peut se résoudre à s'opposer à l'autorité de cette femme. Il sait qu'il doit prendre une décision d'adulte : faire un choix entre l'amour et la luxure, entre la compassion et le mal.   « Une fille comme les autres est un livre animé d'une vie propre. Il ne se borne pas à promettre la terreur : il tient ses promesses. On ne peut pas s'arrêter de le lire. » Stephen King   « Voilà l'essentiel, l'horreur encastrée dans la littérature authentique, une plongée embarrassante dans la noirceur absolue, la face cachée de la tradition littéraire américaine. » Edward Bryant

Pourquoi ce livre ?

Acheté dans une brocante il y a des années, je n'avais jamais pris le temps de me plonger dans ce roman que j'ai finalement dévoré et que je ne suis pas prête d'oublier.

De quoi est-il question ?

Nous voici dans les années 1950. David est un jeune adolescent sans histoire passant ses jours avec ses voisins au bord de la rivière pour échapper aux disputes de ses parents proches du divorce. Par un jour particulièrement beau, il fait la rencontre de Meg, une belle adolescente qui ne le laisse pas insensible. Meg a perdu ses parents et vit désormais avec sa soeur chez Ruth, leur tante.

Et si Meg fait preuve de beaucoup de joie de vivre, quelque chose semble la perturber et lui faire peur dans sa nouvelle vie. David assistera bientôt à des brimades de la part de Ruth envers la jeune fille à qui elle semble reprocher sa jeunesse et sa beauté. Car une adolescente à la beauté certaine ne peut que s'en servir pour séduire autour d'elle.

Mais très vite, Meg va se retrouver prisonnière de cette maison où elle ne tardera pas à vivre l'enfer tendis que, guidés Ruth, David et ses amis vont bientôt devenir témoins de l'horreur absolu. Puis, David assistera impuissant à la métamorphose de ses amis en bourreaux. Une évolution qui se fera peu à peu, sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte, pour atteindre les pires monstruosités.

Du côté de la forme...

Les récits tirés de faits réels m'intéressent tout particulièrement et ce roman-ci promettait une nouvelle fois une plongée dans la pensée humaine d'une férocité exemplaire. Et si ce n'est pas ce qui m'attire le plus en général, une préface de Stephen King n'était pas pour me déplaire.

La folie et l'horreur commise par l'être humain sont sans limite mais parviennent toutefois toujours à nous surprendre. De même, nous ne savons rien de notre voisinage et ce livre est la preuve une fois de plus que le pire peut être commis à côté de chez nous sans que l'on ne s'en préoccupe si nous ne sommes pas mis devant le fait accompli.

Si j'ai souvent lu des textes du genre, il est bien rare de se retrouver dans la peau du bourreau ou tout du moins du témoin tel que cela est fait ici avec David. D'autant que la parole est libérée trente ans après les faits tel un traumatisme révélé. De quoi apporter un souffle d'horreur pire encore que lorsque la victime raconte son souvenir.

Durant tout le roman, nous assisterons donc à la torture de Meg tout d'abord par sa tante puis par tous les enfants du voisinage. David, refusant de participer mais incapable de ne pas assister à ces scènes ne se sent pas coupable ce qui n'est pas sans nous retourner. Comment, parce qu'il n'agit pas, cet adolescent peut-il penser qu'il n'est responsable de rien ?

Ce livre se présente alors tant comme le rapport d'un fait divers monstrueux que comme une critique acerbe de notre société qui refuse de voir. Mais surtout, ce qui frappe avec ce roman, c'est l'horreur commise à un degré innimaginable par des adolescents, des mineurs, des enfants finalement, et surtout parfaitement conscients de leurs actes.

Côté style, je crois que je n'ai jamais été autant déstabilisée par un texte du genre. Le style parvient à rendre la parole du témoin et à imposer des dialogues qui nous plongent au plus près de l'horreur sans qu'il n'y ait, comme souvent, la frontière de l'espace-temps qui d'ordinaire protège le lecteur. Ici, la souffrance Meg nous est imposée en direct mais sans qu'elle-même n'ait jamais droit à la parole.

En conclusion... 

Voici un roman très dérangeant où l'horreur est omniprésente et monte crescendo, où la victime est objet et perdra de plus en plus le droit à la parole au nom de la souffrance qui lui est imposée. La question qui brûle les lèvres est "pourquoi" sans que le lecteur ne trouve jamais vraiment de réponse. Mais en refermant le roman, il apprend à se remettre en question sur le monde qui l'entoure. 
Un roman où il faut avoir le coeur bien accroché mais qui fourni un message fort. 

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