jeudi 5 février 2015

Comment ma femme m'a rendu fou - Dimitri Verhulst



Infos sur le livre

éditions : Denoël
traduction : Danielle Losman
date de publication : 22-01-2015
pages : 144
prix : 14,90€

Résumé éditeur


Par désespoir, pour asticoter son monde et surtout pour se venger de son épouse qu’il déteste, Désiré Cordier, petit bibliothécaire retraité de son état, décide de simuler la maladie d’Alzheimer. Bientôt il se prend au jeu et s’amuse des réactions désemparées de sa famille. Il découvre là une liberté qu’il n’a jamais connue et un moyen sûr de s’éloigner de son entourage, et surtout de sa femme qui l’a toujours régenté. Il décide alors de se plonger dans les joies de la démence, la sénilité et l’incontinence… et finit par être interné dans une institution… La maison de retraite lui réserve quelques surprises, comme les retrouvailles avec son amour de jeunesse et la rencontre avec des pensionnaires aussi déjantés que lui. À travers des portraits féroces et hilarants, Verhulst, qui a un don sans pareil pour rendre le comique tragique, et vice versa, nous livre sa vision douce-amère du mariage.

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Denoël pour l'envoi de ce roman dont le résumé m'intriguait beaucoup et que je suis ravie d'avoir pu découvrir.

De quoi est-il question ?

Désiré a passé sa vie d'une part au milieu des livres en tant que bibliothécaire et d'autre part auprès d'une épouse qu'il déteste. Depuis qu'il est retraité, Désiré doit se contenter des soirées avec son épouse et des journées avec le club de pétanque. Une vie qu'il ne supporte plus... 

Afin de retrouver une certaine forme de liberté et afin de faire payer à sa femme ce qu'elle lui fait endurer depuis des années, Désiré décide de simuler la maladie d'Alzheimer au grand damne de ses proches qui vont peu à peu le voir s'enfoncer dans la sénilité. Un état dans lequel Désiré s'amuse beaucoup...

Désiré va donc simuler une plongée de plus en plus profonde dans la maladie : se perdre, jeter le pain frais aux oiseaux, acheter pour des sommes astronomiques des livres dont il n'a que faire... Tout ça jusqu'au jour où le médecin confirme que le placement de Désiré est désormais obligatoire, pour la plus grande joie du principal intéressé qui va devoir, pour ne pas se trahir, continuer à jouer son rôle et finir par devoir mettre son orgueil de côté pour ne pas se trahir...

Du côté de la forme...

Voici un roman à la fois court et condensé qui nous fait plonger dans une ambiance étrange où le rire se mêle aux larmes et où le lecteur découvre ou redécouvre la maladie d'Alzheimer selon un point de vue tout à fait novateur.

Dans ce roman, nous rions avec Désiré face au désarrois de sa famille, nous pleurons avec sa famille lorsqu'ils ne savent plus comment réagir. Certaines scènes nous font d'ailleurs rire et pleurer à la fois car bien que cocasses certains passages sont très durs dans la déchéance due à cette maladie incurable. 
D'ailleurs, avec un tel roman, on ne peut s'empêcher de penser à ces personnes réellement atteintes de la maladie qui ont parfois des instants de lucidité et qui se rendent compte de ce qu'ils sont devenus.

Ce que j'ai cependant trouvé très dur avec ce roman, c'est le comportement de Désiré face à sa fille, une fille qui l'aime et qui se sent totalement perdue face à la situation, une fille pour laquelle Désiré n'aura pas d'empathie ni dans ses gestes, ni dans sa pensée. J'aurais aimé qu'il agisse comme avec les autres mais en le regrettant un peu quand même. Or, ça n'est pas le cas.

Et puis, ce roman n'est pas sans être profondément philosophique. En effet, Désiré n'a pas été heureux au cours de sa vie et va retrouver un peu de bonheur en jouant les séniles. Pourquoi ? Parce que le "bon" côté de cette maladie, c'est le lâcher prise d'avec la réalité et d'avec les règles de la société. Désiré va donc pouvoir faire ce qu'il veut et comme il veut sans qu'on ne puisse lui en tenir rigueur. C'est donc étrangement par une maladie qui enferme les "vrais" malades que Désiré va retrouver une forme de liberté. 

Du coup, on ne ressort pas de ce roman sans réfléchir sur ce que nous faisons au quotidien de notre vie et sans se poser la question de cette société qui nous enferme parfois ou de cette liberté que nous recherchons tous quelque part. La maladie c'est le retour à la petite enfance et la petite enfance ne connait pas de règles.

L'auteur a pris le parti d'un point de vue interne qui nous fait découvrir toute cette histoire selon le point de vue de Désiré dont on suit les actions mais également la pensée et le style de l'auteur rejoint cette individualité d'un personnage "normal" qui va se créer sa propre fin, une fin qu'il va nous raconter avec tout la simplicité du monde...

En conclusion...

Même si ce roman m'a parfois fait sourire, je dois dire que c'est plutôt le côté tragique et pathétique de cette histoire que je retiendrai avec un personnage principal qui m'a parfois agacée dans son envie de voir ses proches désappointés. je retiendrai cependant la part très philosophique de ce roman qui n'est pas sans nous faire réfléchir sur nous-mêmes et sur notre société.
J'espère en tout cas avoir l'occasion un jour de lire un autre roman de cet auteur.

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