Infos sur le livre
éditions : De Borée
date de publication : 18-01-2018
pages : 285
prix : 18,90€
Résumé éditeur
Abandonnée sur le parvis d'une église par une nuit glaciale, Noëlle a été recueillie par les soeurs et va grandir à l'orphelinat. Comme tous les enfants sans famille, la petite fille doit participer aux tâches de nettoyage et d'entretien de l'établissement, jusqu'au jour où on estimera qu'elle est en âge de travailler. Exploitée comme tant d'autres dans une filature puis à la mine, l'existence qui l'attend n'a rien de réjouissant. Pourtant, Noëlle ne baisse jamais les bras. Des écuries d'un château aux barricades de la Commune, du froid des nuits sans toit à la chaleur d'un atelier d'artiste, elle est poussée par l'espoir de retrouver un jour celle qui l'a mise au monde.
Pourquoi ce livre ?
Merci aux éditions De Borée grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman d'un auteur que je n'avais jamais lu et dont la couverture m'avait particulièrement plu.
De quoi est-il question ?
Nous voici à l'aube du XX° siècle. Noëlle, une vieille dame, s'est prise d'affection pour Suzanne, sa jeune voisine qui vient régulièrement lui rendre visite. A son décès, la jeune fille découvre dans les affaires de Noëlle le récit d'une vie, le récit de sa vie. Un récit s'écoulant tout au long du XIX° siècle durant lequel Noëlle rencontra Marie Talabot, figure notable de l'époque.
L'histoire de Noëlle commence en réalité des années plus tôt, en 1822, aux portes d'un orphelinat où l'a laissée sa mère. Sa chevelure de feu déstabilise les religieuses mais comme elle a été trouvée le jour de Noël elle devra à cette coïncidence son nom. Car dans les Cévennes comme ailleurs, une chevelure rousse n'est pas sans rappeler le diable comme l'ont su trop tôt les parents de la fillette.
Les années passent et la vie est rude pour l'enfant qui connaîtra les brimades de l'orphelinat, les travaux laborieux des mines et la vie de misère. Mais Noëlle est une enfant courageuse, toujours meurtrie par l'ignorance de ses origines. Alors, en grandissant, elle n'aura de cesse de retrouver ses parents aux risques, une nouvelle fois, de vivre le pire.
Du côté de la forme...
Dites-moi De Borée et je suis là. Dites-moi un auteur que je n'ai jamais lu et je suis là. Présentez-moi une couverture où j'ai presque l'impression de me voir en photo et je suis encore plus là. Ajoutez-y un résumé plein de mystère et d'espoir et c'est gagné.
Nous découvrons ici Noëlle à l'heure de sa mort et je dois dire que j'ai beaucoup aimé l'idée de découvrir son histoire à l'heure où, déjà, elle n'est plus. J'ai trouvé dans cette idée quelque chose de très poétique qui m'a touchée. Trop nombreux sont ceux qui partent sans avoir dévoilé leur histoire. Mais ici, Noëlle a laissé des écrits comme pour se raconter et poser des mots sur son histoire quand on ne pourrait plus la juger.
Au début de ma lecture, je me suis posé la question : quel intérêt de proposer une héroïne rousse ? Ce n'était pas pour me déplaire bien sûr mais je me demandais quelle nécessité il pouvait y avoir à donner cette caractéristique au personnage. Et bien, très vite, et cela se confirmera page après page, cette précision était nécessaire et porte même toute l'intrigue. Chapeau !
Car ce roman apporte une réflexion notable sur les chevelures de feu identifiées trop longtemps comme chevelure du diable. Un beau prétexte pour parler des croyances et des craintes d'une époque où les traditions et les imaginaires régentaient les esprits des campagnes. Un beau prétexte également pour montrer que les esprits ont évolué, mais pas tous.
Mais ce roman est avant tout et surtout un très beau récit d'émancipation d'une enfant puis d'une femme courageuse et qui devra vivre l'émotion, l'amour mais aussi l'horreur des mines. Un portrait d'un siècle finalement avec ce qu'il comporte de pire et de meilleur. Un roman à travers tous les milieux aussi du coeur parisien aux gens du voyage en passant par les hautes et basses couches de la société.
Autant dire que j'ai aimé tout ce que l'auteur m'offrait ici même si je dois avouer avoir été un peu déstabilisée par tous les milieux que l'héroïne va traverser. Je me suis parfois demandée si ce n'était pas trop mais, finalement, l'auteur nous offre un tableau complet qui saura nous faire rire et pleurer, un tableau qu'il maîtrise avec beaucoup de talent.
Au fil de ce roman, j'ai pensé à Zola et à Germinal, j'ai pensé à Malot et à Sans famille. Car grâce à son écriture très forte et très sensible, l'auteur nous plonge au coeur de ce siècle et de ses déboires. Grâce à sa plume, il nous fait aimer un personnage sensible et hors du commun qui fait du bien. Il nous plonge dans une intrigue touchante, l'histoire d'une vie.
En conclusion...
Voici un roman que j'attendais avec impatience et que j'ai dévoré dès que j'ai pu l'avoir entre les mains pour sa thématique et pour la poésie qu'il promettait. J'ai eu ce que j'attendais avec une vraie réflexion sur la différence et un très beau portait d'un siècle. J'ai aimé Noëlle, ce personnage plein de courage dont la vie ne ressemblera à aucune autre.
Ce roman était le premier que je lisais de l'auteur et serait ravie d'en lire un autre à l'occasion
Oh, j'adore l'ambiance très rétro de la couverture !
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