jeudi 3 décembre 2015

La petite Suzanne - Roger Judenne



Infos sur le livre

éditions : De Borée
date de publication : 04-09-2015
pages : 400
prix : 21,50€

Résumé éditeur


Pour suppléer son mari blessé à la guerre, Joseph, et élever Pierre, deux ans, et Jeanne, trois mois, Rosine devient nourrice de Suzanne, pupille de l'Assistance publique. Mais l'enfant meurt prématurément, au grand désarroi de la famille qui en vient à un acte insensé : substituer Jeanne à Suzanne. Les années passent et la peur que l'inspection découvre l'imposture s'estompe… jusqu'au texte de loi du 19 juin 1923 qui régit l'adoption des mineurs. Un riche couple parisien, sans enfants, porte son choix sur Jeanne-Suzanne au grand désespoir de Rosine et de Joseph qui vont devoir se lancer dans une course à l'adoption de leur propre fille… au risque de la perdre à jamais.

Pourquoi ce livre ?


Merci aux éditions De Borée pour l'envoi de ce roman qui me faisait énormément envie de par son résumé, de par son sujet, et qui me permettrait de découvrir l'écriture de l'un de ces auteurs régionaux que je ne connaissais pas encore.

De quoi est-il question ?


Nous voici au lendemain de la seconde guerre mondiale. Alors que son époux Joseph est encore dans un hôpital militaire, Rosine se voit contrainte de subvenir seule aux besoins de sa famille et d'élever ses deux enfants. Au bord du gouffre, ayant de plus en plus de mal à payer son loyer, Rosine décide donc de profiter du fait que sa petite dernière n'a que quelques mois pour devenir nourrice.

En capacité de nourrir un bébé, Rosine estime qu'elle sera bien capable d'en nourrir deux. C'est ainsi que Rosine se voit confier la petite Suzanne, pupille de la nation. Mais la petite est d'une santé fragile et Rosine a de plus en plus de mal à nourrir équitablement les deux bébés. Jeanne, la fille naturelle de Suzanne, est de plus en plus malade et Suzanne ne grossi pas, de quoi angoisser la jeune femme...

Et puis, une nuit, c'est le drame. La petite Suzanne s'endort pour ne plus jamais se réveiller. La faible santé de la petite a eu raison d'elle et elle meurt. Désemparée à l'idée de perdre sa pension et sous l'influence de sa mère, Rosine décide donc de substituer Jeanne à Suzanne en faisant croire que c'est propre fille qui a perdu la vie...

Du côté de la forme...


Vous le savez, les romans régionaux et plus particulièrement les romans traitant de la guerre d'une manière ou d'une autre sont des romans qui m'intéressent tout particulièrement. Le thème de l'enfance étant un thème qui m'est tout particulièrement cher, tout était fait pour que j'apprécie ce roman et je dois dire que ce fut le cas.

Dès le début de ce roman, j'ai beaucoup apprécié Rosine, une femme un peu perdue aux suites de la guerre mais qui se bat comme un beau diable pour conserver ce qui lui appartient et pour protéger ses enfants. D'ailleurs c'est bien pour cela qu'elle accueillera Suzanne et qu'elle se condamnera à une charge supplémentaire pour pouvoir payer ses dettes. Cette image de femme courage m'a beaucoup émue et n'est pas sans être symbole d'un grand nombre de femmes de l'époque.

Comme toujours dans ce type de romans, nous sommes ici témoins d'une époque, d'un mode de pensées, d'un mode de vie et, pourtant, avec des problématiques tellement actuelles : comment payer ses dettes, comment élever des enfants en l'absence du père. Mais surtout, ce roman pose la question morale de la perte d'un enfant et de son remplacement par un autre.

C'est plus tard dans le roman, avec l'arrivée de nouvelles lois concernant les pupilles de la nation, que cette question morale se pose d'autant plus. Même si, d'un côté, j'ai été très touchée par la souffrance de Rosine lorsque l'on menace de lui enlever sa fille, je n'ai pu m'empêcher de penser, d'une certaine manière, qu'elle aurait dû être consciente des risques bien plus tôt. Du coup, parfois, Rosine m'a un peu agacée même si j'ai eu tendance à m'en vouloir d'avoir de telles pensées.

Pour ce qui est de l'écriture de l'auteur, je dirai simplement qu'il s'agit d'une écriture qui m'a plongée dans un autre temps et d'une écriture qui m'a permis de ressentir mille émotions. Pour cela, je dirai donc bravo à l'auteur d'autant que ce roman n'est pas sans nous faire réfléchir sur pas mal de choses dont la guerre et les erreurs que l'on peut faire lorsque l'on est au bord du gouffre.

En conclusion...


Voici un roman avec lequel j'ai passé un moment assez exceptionnel, qui a su me toucher, me faire réfléchir et me mettre en colère parfois. Dans ce roman, nous découvrons toute une période qui suivit la première guerre et qui ne fut pas si heureuse que cela. Bref, pour les amateurs de cette période et pour les amateurs de belles histoires familiales, ce roman est un bijou.
Je ne manquerai pas de lire prochainement un autre roman de l'auteur et, après avoir écrit cet avis, me rends compte que ce roman-ci ne fut rien de moins qu'un coup de coeur.

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