Plume fantôtme - Isabel Wolff

Infos sur le livre

éditions : J.C. Lattès
date de publication : 06-05-2015
pages : 380
prix : 20€

Résumé éditeur

Jenni est ghostwriter (nègre), qui prête sa « plume fantôme » aux autobiographies de ses clients. Ce travail lui convient parfaitement - toujours hantée par une tragédie de son enfance, elle préfère se réfugier dans les souvenirs d'autrui plutôt que de ressasser les siens. Klara, petite fille pendant la Seconde Guerre mondiale, a passé plusieurs années dans un camp d'internement à Java, sous l'occupation japonaise. Elle n'a jamais parlé de ce qu'elle y a vécu, mais à l'approche de son quatre-vingtième anniversaire, elle comprend qu'il est temps de partager l'extraordinaire récit de sa survie. Tout en amenant Klara à raconter son enfance et à dévoiler un épisode méconnu de l'histoire mondiale, Jenni est contrainte de revenir sur son propre passé. Jenni et Klara pourront-elles s'aider l'une l'autre à apaiser leurs fantômes ?

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Lattès pour l'envoi de ce roman qui me faisait énormément envie de par son thème et de par son auteure et que je suis juste ravie d'avoir pu découvrir.

De quoi est-il question ?

Jenni est un "écrivain fantôme". Autrement dit, elle est nègre et écrit pour les autres. Lorsqu'une personne souhaite écrire son histoire sans trouver les mots pour le faire, Jenni est là pour mettre de l'ordre dans tout ça et faire parler son client. Pour Jenni, écrire l'histoire des autres n'est pourtant pas sans être une échappatoire à sa propre histoire.

Un jour, voilà qu'un nouveau projet lui est proposé : écrire l'histoire de Klara qui était enfant durant la 2nde guerre et qui souhaite, enfin, raconter son passé et les horreurs qu'elle a pu vivre. Si au départ Jenni n'est pas emballée par l'idée ni par le lieu où elle doit se rendre, elle finit malgré tout par accepter et part à la rencontre de cette vieille femme qui a tant de choses à raconter au risque de se retrouver bien malgré elle face à son passé.

Klara va alors raconter à Jenni ce qu'elle a vécu pendant la guerre, comment en tant qu'Hollandaise elle aura été arrêtée avec sa famille pour être conduite dans un camp près de Java, un ghetto non loin du concept de camp de concentration non pas tenu par les nazis mais tenu par les japonais qui ont les hollandais en horreur.

Un passé douloureux mais un passé que Klara redoute de révéler car ce passé est non seulement fait de souffrances mais aussi de regrets qui minent la vieille femme depuis l'enfance. Des secrets pour sa famille qui pourraient bien rejoindre les doutes et les souffrances de Jenni avec, à la clé, des révélations qui pourraient bien changer la vie de ces deux femmes...

Du côté de la forme...

Il y a quelques années, j'avais lu un autre roman de l'auteure mais plutôt dans le genre de la chick-lit et je dois dire que je n'avais pas vraiment accroché. Découvrir ce roman était donc pour moi l'occasion de redécouvrir cette auteure dans une genre différent mais aussi l'occasion de me replonger dans un récit de guerre tels qu'ils me passionnent sans parler des secrets de famille qui ont toujours sur moi leur petit effet.

Si les romans féminins ne sont pas trop mon trucs, j'aime les histoires de femmes, les vraies histoires bouleversantes de femmes aux lourds secrets et un peu perdues dans leur vie. Je me faisais donc une joie de découvrir ce roman et je n'ai pas eu à être déçue même si je regrette un peu d'avoir deviné pas mal de choses dès les premières pages. Les effets de surprise n'ont donc pas eu sur moi l'effet escompté et je le regrette mais, en même temps, ce n'est pas ça qui a gâché ma lecture.

Ce que j'ai également apprécié dans cette lecture, c'est le fait que le secret de famille ne soit pas un secret à découvrir par les personnages principaux mais plutôt un secret gardés par les personnages principaux, des secrets qu'elles vont se révéler l'une à l'autre. Il est d'ailleurs fort de voir à quel point un secret de l'enfance peut influencer nos choix et notre vie. Dans le cas présent, j'ai surtout ressenti ça à travers le personnage de JennI.

J'ai éprouvé beaucoup d'affection pour les personnages féminins de ce roman même si je dois avouer que Jenni m'a parfois un peu agacée de par son comportement : elle voudrait que celui qu'elle aime la comprenne mais elle se refuse à lui expliquer ses souffrances. Du coup, elle s'enferme dans un cercle vicieux tout en en voulant à la terre entière de ne pas respecter ses choix. Très paradoxal et plutôt énervant même si en même temps j'ai éprouvé beaucoup de peine pour elle.

Et puis, il y a tout ce qui se rapporte à la guerre avec un récit de femme, une femme qui n'était qu'une enfant à l'époque. Un récit qui raconte une fois encore l'horreur des camps mais, cette fois, selon un épisode que l'on ne connait que peu : l'arrestation des hollandais qui se retrouvèrent enfermés et démolis non pas par les nazis mais par les japonnais, près de Java. Je l'avoue, je ne connaissais pas cet épisode de l'Histoire mais il est certain que je me renseignerai davantage sur ce sujet à l'occasion.

Enfin, il y a dans ce roman, dans une méthode un peu différente de celle de Val MvDermid un gros travail sur la question des "nègres", de ces "écrivains fantômes" qui écrivent pour les autres. Pourquoi écrivent-ils pour les autres au lieu d'écrire pour eux ? Comment travailler ? A quelle point l'histoire de quelqu'un d'autre peut devenir sienne ?

En conclusion...

Là où l'écriture de l'auteure ne m'avait pas convaincue dans le genre de la chick-lit, je dois dire que cette fois, je suis ravie de ma découverte. Je dois même avouer que j'ai du mal à penser qu'il s'agisse de la même auteure...

Avec tous les thèmes que j'aime retrouver dans un roman, je savais que ce roman ne pourrait que me plaire mais je dois dire que je ne m'attendais pas à apprécier autant cette lecture qui aurait presque pu être un coup de coeur.

Un livre que je ne peux que vous conseiller très vivement !