Infos sur le livre
éditions : Hugo Roman
date de publication : 17-08-2017
pages : 320
prix : 17,95€
Résumé éditeur
Le roman de l'emprise. Le roman de l'injustice des sentiments. Le roman de l'amour qui s'enfuit. " L'amour, le seul, l'unique, celui dont on n'oubliera jamais le nom, porte les stigmates de nos plus terribles douleurs. " Rose est une femme libre, indépendante, torturée, traumatisée, elle s'est construit une carapace de survie. Elle fuit l'amour par peur de l'attachement. Elle est perverse, passionnée, cyclique, addict au sexe et à l'alcool mondain. Mais ce soir-là, dans un bar, elle tombe amoureuse d'un être qui lui ressemble, peut être un peu trop. Tout en lui la repousse et pourtant... Lui, c'est Alex, un artiste paumé, un je-m'en-foutiste tout aussi névrosé qu'elle. Rose va vivre cette passion destructrice où Alex la guide, la commande, la déconstruit, la fabrique, la façonne... Rose n'écoute pas la bête qui rugit en elle et qui lui dit " fuis ". Son corps, son sexe deviennent chaque jour plus douloureux, mais elle tient, par amour pour cet homme qui la dévore chaque jour un peu plus... Puis vient la douleur du déchirement. Alors, elle va essayer de noyer ses maux dans la seule addiction qui lui permet d'échapper à la douleur : le sexe.
Pourquoi ce livre ?
Merci aux éditions Hugo Roman pour la découverte de ce roman hors normes pour lequel (fait exceptionnel) j'ai éprouvé le besoin immédiat de rédiger la présente chronique.
De quoi est-il question ?
Rose est un femme perdue. Victime d'un très lourd passé, elle s'est forgée seule loin de l'amour, loin de tout sentiment. Si elle parvient à garder la tête hors de l'eau, c'est grâce à une vie d'abus : abus d'alcool, abus de sexe surtout. Et ce n'est pas sa relation pourtant relativement stable avec S, la femme qui partage sa vie, qui l'apaise vraiment.
Et puis un soir, dans un bar, Rose croise le regard d'un homme qui l'attire bien malgré elle. Cet homme c'est Alex, un être aussi perdu et torturé qu'elle. Sans trop comprendre comment, Rose va tomber sous l'emprise de cet homme et de ses fantasmes sexuels odieux. Elle sait qu'elle fait mal, elle sait qu'elle se perd mais elle est comme hypnotisée et ne peut partir.
Durant des jours, des semaines, des mois, Alex va assouvir sur Rose une volonté sexuelle de bas étage toujours plus terrible et Rose, de son côté, va se détacher du peu de civilisation qu'elle connaît pour devenir la chose d'un homme jaloux et possessif. Au point que "la bête" en elle qui la fait vivre depuis si longtemps commencera à mourir... jusqu'à son réveil en furie...
Du côté de la forme...
En recevant ce roman, je ne pensais pas l'entamer immédiatement. Et puis, quand j'ai vu la polémique autour grandissant, j'ai voulu m'en faire mon propre avis au plus vite. Ce que je dirai ici déplaira à plus d'un alors si votre idée est déjà faite sur ce roman, passez votre chemin.
Soyons clairs, je n'ai pas "aimé" au sens propre du terme le contenu de ce roman dans le sens où il est bien sûr impossible d'aimer les pratiques de Rose au fil des pages. Mais, oui, j'ai aimé le roman qui m'a été donné à lire pour le talent de l'auteure à nous faire réagir et, surtout, à nous offrir un "texte" digne de ce nom.
En faisant cette distinction, j'ai bien sûr pensé à un auteur tel que Céline : on ne peut aimer les idées qu'il prône dans ses textes mais on peut aimer les textes pour eux-mêmes. Et encore, ici, c'est encore différent car, n'en déplaise à ceux qui critiquent sans avoir lu, l'auteure ne fait ni la promotion ni l'apologie de ces pratiques !
Dans toute la première partie du roman, Rose est consciente qu'elle est dans une situation délicate mais son lourd passé l'empêche de s'en sortir. Elle sait que les pratiques auxquelles elle se plie sont mal mais par amour et soumission à l'homme qu'elle croit aimer elle continue. Bien différent de certains autres romans du genre où l'héroïne trouve tout "normal" malgré l'horreur des actes.
La seconde partie du roman m'a un peu moins convaincue dans le sens où j'ai eu le sentiment d'avoir eu plus accès à une succession de tableaux de pratiques toutes plus horribles les unes que les autres qu'à la suite logique de la fiction. Pourtant, une fois encore, j'ai compris la logique de l'auteure : Rose suit sa propre morale et pour se détacher de la domination elle devient elle-même dominatrice.
Mais ce que j'ai surtout aimé dans ce roman, c'est le style de l'auteure. Mazette quel style ! Si la comparaison à Virginie Despentes proposée par l'éditeur ne m'a pas tout à fait convaincue, je la comprends. Quelle claque ! Car ce que l'auteure nous propose ici c'est un style hargneux, saccadé, fort, qui représente avec brio le trouble de Rose.
Et puis j'ai aimé la manière dont tout passe par le regard troublé de ce personnage au point que sa compagne du début n'aura jamais de prénom et qu'elle-même frôle la schizophrénie en se nommant de différentes manières. Enfin, Alex n'aura jamais vraiment la parole mais interviendra toujours par le discours rapporté de Rose. Une prouesse stylistique !
En conclusion...
Voici un roman où il est très difficile de s'attacher à l'héroïne et plus encore de se reconnaître dans les pratiques décrites. Alors oui, "aimer" ce roman au sens où on l'entend est compliqué. Mais pour l'immersion au sein d'une âme troublée et pour la réalité qu'est l'érotomanie, je dis bravo. Et puis, je le dis et je le répète, quel style ! J'en frissonne encore de vous en parler !
Enfin, je tiens à rappeler à ceux qui appellent à la censure de ce roman que, si nous avions écouté depuis des siècles ceux appelant à la censure nous n'aurions ni la poésie de François Villon, ni le Cid de Corneille, ni Madame Bovary, ni Les fleurs du mal et j'en passe ! Alors réfléchissons deux secondes avant d'appeler à la censure !
Nota Bene : Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains mais revient à chacun la responsabilité qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains : libraires, parents surtout, blogueurs aussi en ne créant pas des polémiques intrigant plus qu'autre chose les plus jeunes.
J'adore ta chronique , elle met bien les choses à leur place.
RépondreSupprimerJe pense le lire la semaine prochaine, j'ai hâte de découvrir Rose et la plume de l'auteur.
Bravo pour cet avis ma belle, ça fait plaisir de lire quelque chose d'honnête et sans préjugés !
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre de le lire (pas trop mon style de lecture), mais ta chronique est intelligente et intéressante !
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