Infos sur le livre
éditions : Piranha
date de publication : 03-03-2016
pages : 544
prix : 25€
Résumé éditeur
« Ma mère était très laide. Jamais mon grand-père ne lui aurait permis quoi que ce soit d'autre. » Ainsi commence le récit de la vie d'une femme raconté par sa fille. Véritable tyran domestique, ce grand-père n'a de cesse que d'inculquer à sa fille le sens du devoir et de la détourner de la superficialité. Et cette enfant laide se mue rapidement en un petit prodige même si, une fois devenue adulte, elle reste totalement immature. Aussi quand l'amour fait irruption dans sa vie, elle est tellement démunie qu'elle lâche complètement prise. Sur un ton à la fois tendre et brutal, Cinq kopecks est un hommage à une mère non conformiste qui en sait moins sur l'amour et sur la façon dont le monde fonctionne que sa fille. Un roman nerveux et tragicomique.
Pourquoi ce livre ?
Merci aux éditions Piranha pour l'envoi de ce roman dont le résumé m'avait beaucoup tentée et qui m'a permis de découvrir ce qui peut se faire en littérature allemande.
De quoi est-il question ?
La mère de la narratrice n'a jamais été une enfant comme les autres. Très laide dès les premiers jours, elle a très vite fait preuve d'une intelligence exceptionnelle pour son âge et une capacité de mémoire hors du commun. Sachant qu'il s'agissait du seul point fort de sa fille, le patriarche décida de l'exploiter pour rendre sa fille la plus savante possible.
Ainsi commence la vie d'une femme, en Allemagne. Dès son plus jeune âge elle connaît l'Histoire, la Géographie, les langues et le latin. Sous l'emprise d'un père tyrannique, la femme va tout apprendre du monde sauf le principal : l'amour. Elle ne s'apercevra que trop tard qu'elle est en effet incapable d'aimer et de se laisser aimer.
Lorsqu'elle aura sa fille, là encore elle se verra dans l'incapacité d'aimer et tous les hommes qui croiseront sa route devront essuyer l'échec d'une relation stérile. Car la mère de la narratrice, malgré son savoir, ne connait rien du monde tel qu'il est et est incapable de vivre comme le commun des mortels, comme les gens "normaux".
Du côté de la forme...
Lorsque j'ai lu le résumé de ce roman, j'ai tout de suite été tentée. Non pas tant par le résumé lui-même en vérité mais plutôt par la portée littéraire que semblait promettre ce roman. D'ailleurs, je l'avoue, c'est bien la première phrase qui m'a tiltée et qui m'a portée durant tout ce roman.
Après le fameux "Aujourd'hui maman est morte" de Camus, voici le "Ma mère était très laide" de Stricker. C'est à ça que j'ai pensé dès le début de ma lecture et après avoir fini le roman je le pense encore. C'est cette première phrase qui donne tout son sens au roman et c'est cette première phrase qui fera rentrer ce roman, je l'espère, dans les romans à ne pas oublier de sitôt.
La laideur de cette femme va en effet porter toute sa vie : son savoir imposer par son père, son incapacité à aimer et à entrer dans le monde, sa peine à comprendre sa fille. Du coup, il est vrai que cette femme m'a énormément touchée et que, plusieurs fois, j'ai eu envie de plonger dans le roman pour lui venir en aide et pour la sortir de sa situation familiale invivable. Pourtant, je ne me suis pas attachée à elle.
Il convient de dire que ce roman n'est pas le type de roman qui saura convaincre chaque lecteur. Il ne s'y passe finalement pas grand-chose et les personnages pourront vite agacer mais, pour ma part, je me suis laissée porter par la littérarité de l'ensemble. Les personnages hors norme de ce roman nous aident à comprendre une mentalité assez déroutante et le cadre nous invite à découvrir l'Allemagne sous un angle que l'on imagine bien mal.
Le plus troublant dans cette histoire est sans doute malgré tout le fait que l'histoire de cette femme laide, de cette femme à laquelle on a beaucoup de mal à s'attacher au cours de la lecture, cette histoire est racontée par sa fille et il est étrange de se dire qu'une fille peut évoquer sa mère avec de tels propos et de tels anecdotes. C'est pourtant cela aussi qui fait la force de ce roman.
En conclusion...
Vous l'aurez compris, ce roman m'a beaucoup étonnée tant sur le fond que sur la forme. L'histoire de cette femme laide racontée par sa fille perturbe, le récit tel que l'écrit l'auteure est juste magistral. On ressort changé de ce roman hors du commun qui nous fait découvrir une part de l'Allemagne et une famille très étrange. Les amateurs de belles plumes devraient adorer.
Je ne manquerai pas de lire un autre roman de cette auteure dès que cela me sera possible et me lance en disant que, pour moi, ce roman est un futur classique.
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