mercredi 27 avril 2016

Tout lire, une tolérance entre lecteurs

COUP DE GUEULE


Ce matin, en me levant, je suis une nouvelle fois tombée sur un article relançant un débat qui a déjà fait couler beaucoup d'encre : pouvons-nous lire de la littérature jeunesse quand on est adulte ? La littérature "classique" est-elle meilleure que les autres ? Les lecteurs intéressés par la littérature jeunesse plutôt que par la "grande" littérature sont-il des "incultes" et des "immatures" ? Et vous savez quoi ? J'en ai ras le bol que certaines personnes souhaitent se donner des grands airs en expliquant à d'autres ce qu'ils doivent lire ! C'est pourquoi, aujourd'hui, je vais vous exposer mon avis personnel sur la question.

Mon histoire de lectrice

Depuis toute petite, je dévore livre après livre. Comme tout enfant qui se respecte je suis passée par les albums, les premières lectures, les romans jeunesse et plus tard les romans ados et adultes. Petit à petit, j'ai donc étoffé mon champ livresque sans pour autant renier ce que je lisais précédemment. A mon sens, ceci était une manière d'élargir le champ des possibles en matière de lectures et est, de fait, une vraie richesse. C'est ainsi que j'ai découvert des auteurs tels que Stephen King tout en continuant à lire les Chair de poule et en mettant le nez dans les Harry Potter et en me plongeant dans de terribles thrillers.

Avec le blog, mon champ livresque s'est encore élargi. Moi qui n'avait jamais vraiment lu de romances, de bit lit, de littérature érotique et de young adult, les avis des copains sur la blogo m'ont engagée à découvrir ce type de textes. Grâce aux services presse, d'ailleurs, j'ai eu la chance et l'honneur de pouvoir aller à la rencontre de romans que je n'aurais sans doute jamais lu auparavant et qui m'ont permis de faire d'incroyables découvertes tout en conservant mes premières amours de lectrice.

J'ai ouvert mon blog en juillet 2011 alors que je venais de passer un an à la fac, section lettres modernes. Un monde où lire Molière, Zola et Camus est incontournable. Si j'aimais déjà ces oeuvres avant, c'est avec ma licence que j'ai appris à vraiment apprécier ces textes et à les comprendre. Pour ceux qui l'ignoreraient, j'ai d'ailleurs fait le choix de réaliser mon mémoire de master sur un roman de Zola aux problématiques bien éloignées des romans young adults et autres romans jeunesse. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer autant les uns que les autres et de me délecter autant des uns que des autres.

Le débat

Mais voilà que depuis que les blogs ont pris de l'ampleur, depuis que les auteurs se sont multipliés, une distinction a semblé se faire entre amateurs de littérature classique et amateurs de littérature contemporaine, jeunesse, noire... Pourquoi ? L'important n'est-il pas de lire et de trouver du plaisir dans sa lecture ? Est-on obligé d'avoir lu tout Zola, Hugo, Molière et Voltaire pour prétendre aimer lire et en parler ? Je ne le crois pas.

Oui j'aime Zola, oui j'aime Hugo. Mais je n'ai pas de honte à dire que je n'aime que peu Molière ou Camus dont je reconnais pourtant le talent. Je n'ai pas honte non plus de dire j'aime Rowling et King, quoique ces auteurs commencent à entrer tout doucement dans les "classiques". Et oui, j'aime les romans de chez Hugo Romance, la collection R ou les éditions Lumen pour ne citer qu'elles.

Pourquoi si peu de tolérance ? Chacun n'est-il pas libre de lire ce qu'il souhaite ? Le fait de ne pas lire de classique ou de ne pas les aimer ôte-t-il toute légitimité au lecteur qui aime parler de Fantasy et de Polars ? Je ne le crois pas et je trouve surtout dommage que les amateurs de littérature classique se coupent ainsi de tout un monde et se privent de rencontres avec les auteurs sous prétexte que "ce n'est pas de la littérature" et que "c'est de la merde" ou que "c'est du jeunesse donc c'est pas pour nous".

La chose devient encore plus grave lorsque des personnes qui n'adhèrent pas à la littérature dite "classique" reprochent une immaturité à ceux qui aiment la littérature jeunesse tout en affirmant que les amoureux de Hugo sont des snobinards. Euh ? Les gars... On va peut-être se calmer là... Si les lecteurs de young adult sont immatures, si les amoureux de classiques sont snobs et si les amateurs de thrillers sont des dérangés... Il reste quoi exactement ?

Du côté de l'écriture...

Je ne suis pas auteure. Je n'en ai pas les capacités et, très franchement, je préfère parler des livres des autres que d'écrire mon propre roman. Mais à tous ceux qui reprochent le fait que des lecteurs adultes lisent du young adult, que pensez-vous exactement du rôle des auteurs ? Ne pensez-vous pas que les auteurs qui nous font rêver avec du young adult ont lu ce type de romans avant ? Pensez-vous vraiment que les auteurs de livres pour enfants sont eux-mêmes des enfants ? La bonne blague...

La littérature jeunesse, les albums et les romans pour ados ne sont pas seulement là pour s'évader, rêver et s'immerger dans un monde de rêves. Ils sont aussi là pour véhiculer des messages avec subtilité pour faire réfléchir les plus jeunes sur des notions importantes. Avez-vous déjà vu un album jeunesse qui n'apporte pas une réflexion à l'enfant ? Et Harry Potter est la série même qui a commencé à véhiculer ces messages pour les ados. D'ailleurs, nous nous rappellerons que certains auteurs jeunesse actuels sont des professeurs de lettres eux-mêmes emprunts de "grande" littérature...

Et oui ! En tant que lecteur adulte, on peut avoir envie de lire ce type de livres mais aussi prendre du plaisir avec pour découvrir une belle histoire, des personnages attachants et un travail d'écriture indéniable. La littérature jeunesse peut apporter du plaisir de lecture et, comme dans tout genre, il y aura toujours au moins un livre qui saura toucher le plus réticent à ce type de littérature. Alors avant de critiquer, tentez l'expérience et peut-être que vous comprendrez...

Des Querelles aux Classiques

En guise de conclusion, je vais maintenant m'adresser aux férus de littérature "classique" qui refusent de lire les romans d'aujourd'hui, dont les romans jeunesse, parce que c'est "de la merde". Rappelez-vous les querelles autour de la littérature ne datent pas d'hier : la querelle du Cid ou la bataille d'Hernani pour ne citer qu'elles...

De tous temps, la littérature s'est vue évoluée et a vu ses rétracteurs faire son histoire. Qui sait... peut-être parlerons nous dans quelques siècles de la bataille d'Harry Potter qui a sonné le tournant vers la littérature young adult... Nul ne le sait mais ce qui est certain c'est que la littérature jeunesse a aujourd'hui toute son importance sur les rayonnages et qu'il n'y a jamais de limite d'âge pour être touché par un livre.

Je dirai aussi que je suis une amoureuse de la littérature classique et que les belles lettres me passionnent. Je pense qu'il faut avoir lu du classique mais, de cela, le cursus scolaire se charge très bien pour tous ceux qui n'apprécient pas plus que cela ces textes. Bien sûr, reste à savoir reconnaître un style quant on en voit et, niveau qualité, nous ne pouvons bien sûr pas mettre tous les auteurs dans le même panier mais l'important est de prendre du plaisir à la lecture.

Alors je vous en prie, soyons tolérants les uns envers les autres et acceptons les goûts des autres en matière de lecture. Cela ne serait que mieux pour tout le monde. Les réfractaires au young adult trouveraient forcément chaussures à leur pied, et les réfractaires à la littérature classique aussi. Promis, les deux mondes ne sont pas si éloignés que ça l'un de l'autre...

14 commentaires:

  1. Ton article est génial. Tu dis exactement ce que je pense mais avec beaucoup plus de diplomatie que je n'en serais capable!

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    1. Merci :) J'ai essayé d'être diplomate pour ne froisser personne. Si c'est le cas, j'en suis ravie.

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  2. Tu as tout dit. C'est un problème de société que de toujours vouloir coller des étiquettes en tout et pour tout, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Au contraire, je trouve que lire plusieurs sortes de livres c'est aussi faire preuve d'ouverture d'esprit, c'est une qualité!

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    1. Exactement. Pourquoi se cantonner à un seul genre en dénigrant les autres ? Merci beaucoup en tout cas.

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  3. L'important est de lire. Qui n'a lu et ne lira qu'un seul genre de littérature ? Nous passons tous dans notre vie, dans la journée d'un à l'autre tout en y revenant. C'est cela la curiosité du lecteur. Merci aux auteurs de nous fournir une telle diversité et de si grandes joies.

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    1. Oh combien je suis d'accord ! Si tous les auteurs se mettaient à écrire la même chose, ce serait d'un ennui affligeant... Oui, lire est le principal.

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  4. Tellement d'accord avec toi ma belle ! Je lis absolument de tout, que ce soit du YA, du NA, de l'érotique, du zombie, j'assume tous mes choix et je les revendique, parce qu'ils font partie de moi tout simplement :-D

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    1. Merci ma belle. Il est toujours agréable de lire de tout et il est important d'assumer ses lectures. :)

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  5. Merci Balivernes d'avoir partagé ce billet ! Il me parle bien également :-)
    Oui, c'est la diversité qui apporte la richesse.
    C'est valable dans la nature, comme dans la culture !
    Par contre, ce qui me fait mal c'est de constater que peu de lecteurs savent faire la différence entre un produit d'édition et un livre d'auteur. Il me semble que la différence est plus claire dans le cinéma avec d'un côté les films de studios et de l'autre les films d'auteurs.

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    1. Merci beaucoup, je suis ravie que cet article vous parle. Je suis assez d'accord avec vous pour ce qui est des livres "d'auteurs" mais je suis toujours choquée de voir que les amateurs de ce type de livres dénigrent les autres types d'ouvrages.

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  6. Je me fou complètement de l'avis des autres en ce qui concerne mes lectures ! Je lis principalement du Young Adult et déteste le classique (ça m'ennuie profondément) !!!

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    1. Et tu as bien raison de te moquer de l'avis des autres ! Par contre, pour les classiques, peut-être n'es-tu pas tombée sur les bons...

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    2. Et tu as bien raison de te moquer de l'avis des autres ! Par contre, pour les classiques, peut-être n'es-tu pas tombée sur les bons...

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  7. Débat séculaire (avec les exemples de Austen - le contre exemple parfait -, Stendhal, Flaubert...qu'on adule à présent) mais qui a toujours cours peut-être car la société n'en finit jamais de produire des personnes limitées. Ton article est très clair et montre bien que le jugement à l'emporte pièce empêche de voir l'autre côté de l'iceberg. Ce serait bien de remettre les 10 droits de Pennac à l'honneur, je pense le faire un jour car je me suis déjà bien énervée sur le sujet et il explique tout cela bien mieux que moi.
    En gros, "liberté, on lit ce que l'on souhaite, faites de même, vous pourriez avoir des surprises".

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