mercredi 18 novembre 2020

Tête de paille - Gérard Glatt

  

Infos sur le livre

éditions : Ramsay

date de publication : 13-10-2020

pages : 200

prix : 19€

 

Résumé éditeur

En mars 1984, un après-midi, le père du narrateur lui annonce la mort de son frère, Daniel, qu'il n'avait pas revu depuis le mois de mai 1968. À cette époque, seize ans plus tôt, il effectuait son service militaire. C'est à l'occasion d'une permission qu'il avait appris qu'à la suite d'une colère incontrôlable, en présence des gendarmes et des pompiers appelés à la rescousse, rien moins que la force de trois ambulanciers avait été nécessaire pour maîtriser le jeune homme et le conduire dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne. Daniel va y être interné pendant presque treize années, un tunnel sans fin, avant d'être admis, à Evry Petit-Bourg, dans une maison spécialisée pour handicapés mentaux adultes. Trois années plus tard, un cancer des poumons devait l'emporter. Il aurait eu 39 ans... Le narrateur, qui n'est autre que l'auteur de ce roman autobiographique raconte à sa manière, et sans pathétisme, l'histoire d'une vie brève, peuplée d'orages et de superbes éclaircies.

 

Pourquoi ce livre ?

Merci aux éditions Ramsay, à Neobook ainsi qu'à l'auteur grâce à qui j'ai pu découvrir ce récit bien différent des écrits habituels de l'auteur.

 

De quoi est-il question ?

Un jour de 1984, c'est avec émotion que l'auteur-narrateur apprend le décès de son frère Daniel dont il était sans nouvelle depuis trop longtemps. Dès lors, il faut s'occuper des obsèques et de toutes les formalités. Le narrateur se charge alors de se rendre dans l'établissement spécialisé où son frère résidait depuis toutes ces années.

Dès lors, c'est là l'occasion pour l'auteur-narrateur de faire remonter à sa mémoire son enfance, son vécu avec ce frère différent, une histoire de famille troublée. Car Daniel n'était pas un enfant comme les autres. Daniel était un peu plus simple, un peu différent, dans une époque qui avait bien du mal à le tolérer et à l'accepter. 

Pourtant, pour l'auteur-narrateur, le souvenier de Daniel est un souvenir plein de tendressse, un souvenir plein de force invitant à la découverte de ce garçon étrange mais plein de rêves et ayant juste envie de vivre, troublé lui-même par sa différence avec les autres. Car le souvenir de Daniel est un souvenir d'enfance, le souvenir d'une époque perdue, le souvenir d'erreurs et d'appel à la tolérance.

 

Du côté de la forme...

Appréciant beaucoup les romans de Gérard Glatt, je dois avouer avoir été très touchée par la confiance de l'auteur qui a tenu à ce que son nouvel ouvrage arrive entre mes mains. D'autant plus que je ne me serais peut-être pas, de prime abord, arrêtée sur ce récit.

Ce récit met en valeur la parole de l'auteur-narrateur, deux voix qui se mêlent et que l'on ne distingue pas. De quoi mettre en avant une part autobiographique avec un récit à la première personne et la mise en avant du souvenir. L'occasion d'entendre la voix de l'auteur et de se laisser troubler par la souvenir, un souvenir qui m'a beaucoup émue.

L'auteur-narrateur, se souvenant de son enfance et de sa relation avec son frère, ne se met jamais en avant pour autant. Car le but de ce récit est de mettre en avant, de donner la voix, de redonner une âme à un jeune garçon que son temps et sa condition a laissé à l'écart du monde. Et il parvient avec brio en ramenant à la vie un être que l'on apprend à connaître et qui nous touche au plus profond.

Ce récit est celui d'une enfance dans une époque bien plus proche de la nôtre que ce que l'on peut penser. Ce récit est celui d'une famille. Ce récit est un modèle pour apprendre au lecteur à voir plus loin que le visible mais également à voir autrement le monde qui l'entoure et les gens qu'il ne comprendrai pas, de prime abord, facilement.

Sans jugement mais avec force, ce texte nous montre un peu plus la réalité des établissements spécialisés mais également leur évolution. Ce texte nous montre que ce n'est pas le handicap qui peut tuer mais le sentiment de mise à l'écart et l'envie de ressembler aux autres. Une leçon de vie qui ne vous laisse pas indemne et qui vous donne envie de mieux appréhender le monde.

Côté style, ce n'est pas tout à fait la plume de l'auteur que j'ai retrouvé ici. Car plutôt qu'un roman, il offre ses souvenirs et un récit beaucoup plus intime sans pour autant être larmoyant. L'émotion est présente sans qu'il n'en rajoute. La force du texte est là sans que l'auteur ne pousse le lecteur à pleurer. Au contraire, c'est par la sobriété du texte que le lecteur est le plus ému.

 

En conclusion... 

Voici un récit qui change de tout ce que l'on peut lire, un récit qui n'est ni tout à fait un témoignage ni tout à fait un souvenir d'enfance mais simplement un récit de vie pour mettre en valeur un être aimé parti trop tôt. De quoi émouvoir le lecteur avec la force de la sobriété. Voici un récit qui sonne comme un appel à la tolérance et invite le monde à évoluer sur le regard porté aux personnes différentes.

Un récit à découvrir et qui vous change profondément. Un récit à découvrir et qui mérite d'être lu du plus grand nombre.

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