Infos sur le livre
éditions : Julliard
date de publication : 16-08-2018
pages : 149
prix : 16€
Résumé éditeur
" Vous, Mademoiselle, dites-nous ce que vous en pensez, vous qui avez raté votre devoir. " Aucune forteresse ne résiste à cela. Blême, frissonnante, l'expression fissurée par la déflagration, l'estomac enfoncé, l'espérance perdue, elle se faisait violence avec un héroïsme en tous points admirable pour ne pas fondre en larmes ou sombrer sous la table. Sans complaisance, un étudiant décrit le quotidien d'une année d'hypokhâgne, sacro-sainte filière d'excellence qui prépare au concours d'entrée à l'École normale supérieure. Face au bachotage harassant, au formatage des esprits et aux humiliations répétées de professeurs sadiques, la révolte gronde dans l'esprit du jeune homme... Féroce et virtuose, La Purge dénonce la machine à broyer les individus qu'est l'éducation élitiste à la française. Avec pour toutes armes la tendresse d'un Prévert et les fulgurances d'un Rimbaud, Arthur Nesnidal y taille en pièces l'académisme rance de ses professeurs et retourne contre l'oppresseur sa prose ciselée. Dans la plus pure tradition du roman d'apprentissage, un manifeste pour la liberté.
Suite à ma rencontre avec l'auteur lors du salon du livre de Royat, je me suis laissée tentée par cette lecture bien différente de mes lecture habituelles.
De quoi est-il question ?
Nous sommes en septembre. L'automne commence à pointer le bout de son nez et l'heure des rentrées scolaires et universitaires a sonné. Pour le narrateur, il est l'heure d'intégrer l'école préparatoire aux grands concours, école pour laquelle, on s'en doute, il a tant travaillé. Mais sitôt les grilles passées, c'est un univers bien différent de ce qu'il imaginait qu'il s'apprête à découvrir.
Car ce monde de l'élite, ce monde des hautes études, ce monde de la culture et du savoir est aussi un monde de requins, un monde où il convient de se fondre dans le moule, un monde où l'erreur est impardonnable, un monde où l'excellence des notes mais aussi sociale est de mise. Ce monde, c'est le monde fermé de ceux qui s'apprêtent à monter sur les toits du monde.
Alors parce qu'il ne veut rentrer dans le rang, le narrateur dénonce. Il dénonce les cours assurés par des professeurs ancrés dans le passé. Il dénonce des repas insipides et une ambiance digne des prisons et autres hôpitaux psychiatriques. Il dénonce le sort fait à ceux qui ne respectent pas les lois insidieuses et tous les faux-semblants auxquels il convient de croire.
Du côté de la forme...
Il est plutôt rare que je lise les romans de la rentrée littéraire et plus encore les romans qui sortent de la fiction pure et dure. Pourtant, là, je me suis laissée tentée et j'ai bien fait car un roman comme celui-ci, je n'en avais pas lu depuis bien longtemps.
Si l'auteur présente son texte comme un roman, ce dernier "sent le vécu" du début à la fin et semble s'axer entre le pamphlet, le témoignage et la fiction. Tout cela, oui, mais pas seulement. Car ce roman emprunte également beaucoup à la poésie grâce à une écriture travaillée où chaque mot compte et où rien n'est laissé au hasard de la plume.
Nous sommes là face à critique acerbe du monde des prépas au sein de laquelle on peut se reconnaître ou non mais qui, au fil des pages, nous montre une image bien différente de l'idéal que l'on peut avoir de ce genre d'études. Une image bien sombre pour quiconque souhaite conserver son individualité. Car c'est par cette individualité que l'auteur peut se permettre ce regard terrible.
Pourtant, tout n'est peut-être pas à prendre pour argent comptant dans les propos de l'auteur. Et si nous nous efforçons de lire entre les lignes, nous comprendrons peut-être que l'auteur lui-même, par son écriture, use d'un procéder pour nous faire entendre que l'hyperbole est maîtresse dans son texte. Ce procédé, c'est l'humour. Car au sein de cette lecture de prime abord sombre, on rit des propos tenus.
En effet, comment ne pas rire lorsqu'une chambre d'étudiant est comparée à un clapier, lorsqu'une infirmerie devient les urgences d'un asile ou lorsqu'un professeur de philosophie n'est rien de moins qu'un vampire. Avec un côté "pince-sans-rire", l'auteur nous fait rire et nous propulse dans un univers que nous serions bien en mal d'imaginer et qui pourtant reflète bien notre société actuelle, et pas seulement dans les prépas.
Concernant le style de l'auteur, que dire d'autre sinon qu'il s'agit là d'un style purement exceptionnel. Moi qui, d'ordinaire, dévore les romans, j'ai savouré celui-ci comme on déguste un grand cru. Je me suis laissée portée par la poésie des mots et l'humour sous-jacent. Je me suis aussi parfois reconnue dans des situations où l'université est bien proche des prépas.
En conclusion...
Jamais je ne me serais plongée dans ce roman sans un concours de circonstance m'ayant permis de croiser l'auteur deux fois en moins d'une semaine. Et j'aurais eu tort ! Car c'est là un texte comme je n'en avais pas lu depuis longtemps que j'ai eu le bonheur de découvrir. Un texte qui fait réfléchir, qui fait rire mais qui surtout nous porte par un style qui fait du bien dans notre littérature actuelle.
Mais tous mes mots ne sauraient être à la hauteur de ce roman et, pour savoir de quoi je parle, il vous faudra à tout prix découvrir ce texte par vous-même.
un bijou ... des textes à couper le souffle, un rythme, et beaucoup d'humain dans ce livre... A ne rater sous aucun prétexte
RépondreSupprimer