1831
Résumé succint
Paris, 1482. Autour de la belle bohémienne Esmeralda, dont la danse
résonne sur le parvis de Notre-Dame, gravitent trois prétendants prêts à
tout pour la conquérir : Phoebus, noble capitaine, Claude Frollo,
prêtre sans foi, et le célèbre Quasimodo, bossu au grand coeur...
Surplombant le roman, la cathédrale, vivifiante Babel, lieu de refuge et
d'épouvante aussi, voit se presser autour d'elle le peuple, acteur de
l'Histoire en marche.
Un roman historique
Ecrit en 1831, ce roman développe une intrigue se déroulant près de quatre siècle plus tôt dans un Paris bien différent du contemporain de l'auteur, et a fortiori, du nôtre. Ainsi, alors que le monde connaît les premières évolutions techniques notoires, les lecteurs développent une passion pour le temps passé et notamment pour l'époque médiévale. Une époque qui reste dans l'esprit de tous une époque charnière, une époque où les romans de chevalerie et les histoires de princes et de princesses ont la part belle. Semblerait-il que cela soit toujours le cas aujourd'hui...
Ainsi, l'auteur prend le temps d'entraîner son lecteur dans une autre époque aux moeurs et coutumes bien différentes, et surtout Paris. A l'heure où l'éducation est encore loin d'être à l'accès de tous, l'auteur invite donc les lecteurs à un savoir plus étendu sur la construction de Paris et notamment de Notre-Dame qui, dans l'imaginaire collectif, est déjà à l'époque un bâtiment qui recèle de secrets et de mystères. Ces secrets, Hugo en offre ici un tableau, désormais dans l'imaginaire de tous.
De fait, ce roman se présente à la fois comme un roman éducatif sur une époque et sur d'autres moeurs tout en offrant une fiction efficace et intemporelle.
L'amour dans tous ses états
L'amour, la romance, les sentiments humains... Quoi de plus intemporel en littérature ? Et ce roman en est une fois encore la preuve parfaite avec la personnification de l'amour en ce personnage d'Esmeralda qui est aimée à tous les niveaux, trop aimée sans doute même. Car tout tourne autour d'elle et des sentiments de la gente masculine à son égard.
Il y a tout d'abord l'amour courtois. Détourné cela dit par Phoebus qui, s'il a éprouvé une certaine tendresse pour la bohémienne à un instant du roman n'agit pas autrement que comme un garçon aisé de son temps : égoïste, sans morale et ne faisant croire à son amour pour Esmeralda que dans le but de se "divertir" avant d'entreprendre son véritable mariage. A mon sens, Phoebus est donc bien le plus bel enfoiré du roman d'autant que, après la fin, il poursuivra sa vie comme si de rien n'était.
L'amour fou est bien sûr représenté par l'archidiacre Frollo qui a bien souvent été représenté comme l'antagoniste principal. Si le prêtre est loin d'être irréprochable, il représente à mon sens la folie que peut engendrer l'amour. D'ailleurs, il est le seul homme du roman à se livrer si expressément à Esmeralda, au risque de perdre tout ce qu'il a. Il s'y prend comme un manche certes, mais à sa manière son amour est sincère.
Bien souvent, il a été dit que l'amour sincère justement était représenté par Quasimodo, celui qui va, à la fin du roman, aller se laisser mourir auprès de sa belle comme si, sans elle, il n'avait plus de raison de vivre. Mais si son amour est sincère sur bien des points il ne l'est pas au sens le plus stricte. Ce point de vue est personnel mais, à mon sens, l'amour de Quasimodo pour Esmeralda est plutôt celui d'un enfant pour sa mère. Cet amour se déployant lorsque la jeune fille lui donne à boire.
Finalement, le seul qui paraît aimer Esmeralda pour ce qu'elle est et dans un profond respect est sans doute Gringoire, le poète, celui qu'elle épousera pour le sauver de la mort. Cet amour sera fraternel et Gringoire sera le seul homme du roman dont Esmeralda n'aura jamais peur. Car même le roi de la cour des miracles semble susciter chez elle la crainte.
La famille déchirée
Les seules relations qui semblent alors être sincères entre les personnages sont les relations qui s'apparentent aux relations familiales.
Frollo adopte Quasimodo comme, plus jeune, il a pris en charge son jeune frère Jehan. A bien des égards il est donc un père et un père, sinon idéal, au moins en adéquation avec son temps et sincère dans l'amour qu'il porte aux siens.
Mais surtout, il convient de parler de la Recluse, ce personnages oublié dans les multiples adaptations, celle qui se révèlera être la mère d'Esmeralda. Une femme détruite par la perte de son enfant dont la folie transpire à chaque page mais qui nous émeut aux larmes dans son grand final lorsqu'elle retrouve sa fille. Une belle image de l'amour maternel qui tranche avec la brutalité de l'ensemble du roman.
Pourtant, l'amour des parents pour leurs enfants ne suffira jamais et c'est bien l'amour fraternel qui gagne. Gringoire comme déjà évoqué et, de manière plus délicate, l'amour qui unira jusqu'au bout Esmeralda et sa chèvre.
L'onirisme perpétué
Notre-Dame de Paris fait partie de ces romans porteurs d'un véritable imaginaire collectif pour lesquels on oublie parfois qu'ils ne sont que des romans. Car comment aller visiter Notre-Dame sans imaginer Quasimodo du haut d'une tour.
Si la cathédrale est célèbre dans le monde entier, c'est non seulement pour son architecture fabuleuse mais aussi pour cette fiction si habilement développée qu'on pourrait la croire vraie. Et d'ailleurs, il n'y a qu'à voir le nombre d'adaptations diverses et variées qui fleurissent encore aujourd'hui pour s'en rendre compte.
Le style Hugo
Le style Hugo, c'est un style qui sait mêler fiction et description. Durant des pages il nous contera la construction de la cathédrale ou le décors de Paris à l'époque avant de nous faire basuler dans l'histoire pour nous conter l'adoption de Quasimodo ou la découverte de la Recluse. Un travail d'orfèvre parfois arrassant mais magistral.
Chaque mot est pesé avec minutie et la poésie est présente à chaque page non sans imposer au lecteur une réflexion politique sur son temps, une réflexion aussi sur les esprits étriqués et sur le mal que peuvent faire aussi des pensées avec des oeillères.
Notre-Dame de Paris est, vous l'aurez compris, l'un de mes classiques favoris
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire