lundi 18 février 2019

La petite sirène - Sylvain Johnson



Infos sur le livre

éditions : ADA
date de publication : 11-02-2019
pages : 262
prix : 10€


Résumé éditeur

Un père alcoolique qui tente de noyer son enfant difforme. Un couple de monstres de foires en cavale, poursuivi par un policier corrompu, au service d’un juge pervers. Une magnifique sirène prisonnière des griffes d’un forain sadique et qui se lie d’amitié avec un garçon homard. Une mystérieuse attraction montréalaise, le palais des nains, qui cache des abominations, d’absurdes personnages de cauchemars aux intentions machiavéliques.

Pourquoi ce livre ?

Ayant plutôt bien apprécié ma précédente lecture de la collection, Pinocchio, j'étais très curieuse de découvrir celui-ci, consacré à l'un de mes contes favoris.

De quoi est-il question ?

Lorsque Angela vient au monde, sa mère meurt en couche et son corps est marqué du syndrôme de l'horreur que sera sa vie. Car Angela est atteinte de sirénomélie, le syndrôme de la sirène.A partir du bassin et jusqu'à l'extrimité de ses pieds, ses jambes se rejoignent en une queue de poisson. Son père, terrifier, tente alors de la noyer avant de se donner la mort.

Un homme sauve alors le nourrisson et le confie à un cirque, souhaitant pour l'enfant une vie meilleure. Mais il n'en sera rien car dès lors, jour après jour, Angela sera exhibée tel un monstre de foire, les jambes recouvertes d'écailles de poissons morts le matin même, objets des perversions sexuelles des hommes de passage.

Dans son malheur, l'adolescente est accompagné d'Henry, le garçon homard qui, pour sa part voit ses membres supérieurs s'achever en pinces... Le jour où un drame survient, ceux qui sont tombés amoureux n'ont d'autre choix que de fuir, aidés par Nancy, employée du cirque. Mais l'horreur peut être encore plus terrible ailleurs...

Du côté de la forme...

La petite sirène est un conte que j'apprécie beaucoup dans toutes ses versions mais surtout dans sa version d'origine, déjà pas mal gore. J'étais donc curieuse de voir ce que les Contes interdits en avait fait et je n'ai pas été déçue du voyage !

Dès les premières lignes de ce roman, nous comprenons qu'il ne s'agit pas ici d'une réécriture au sens où on l'entend d'ordinaire. Car la petite sirène est ici un bébé très lourdement handicapé auquel on va imposer sa vie durant une condition de sirène. De quoi surprendre mais de quoi surtout embarquer d'emblée le lecteur dans une ambiance à la fois horrible et prenante.

Ici, c'est tout l'univers du cirque à la mode du XIXème siècle et pourtant dans un monde très actuel que l'auteur nous embarque : l'exhibition des "anormaux". Une horreur déjà en tant que tel mais une horreur poussée dans ses vices avec une Angela qui va être victime de maltraitances et jusqu'au viol faisant de sa vie un cauchemar.

Mais ce début qui nous semble déjà si atroce, n'est bien qu'un début car l'auteur n'épargnera rien au lecteur. Dès lors de la fuite vers l'inconnu, alors que cette fugue aurait pu être le début de quelque chose de beau, c'est là que l'horreur va encore monter d'un cran sans jamais sembler vouloir atteindre un sommet, comme si la montée de l'horreur était sans fin.

Et pourtant, l'horreur va se frotter page après page à des sentiments plus beaux se faisant témoin de cette valeur ancestrale : les monstres ne sont pas ceux que l'on croit. Ainsi, c'est l'amour qui va être clé ici, un amour sincère entre un homme et une femme, un amour maternel entre une femme et ceux qu'elle veut protéger, un amour d'amitié du lecteur pour les personnages.

Côté style, ce roman rend compte du label de la collection : "pour un public averti". Car l'auteur n'épargne rien à son lecteur, ni les scènes de viol, ni les chirurgies sanguinolantes. Pour découvrir ce roman, il faut avoir le coeur bien accroché et les nerfs solides mais l'auteur use de ces scènes terribles avec brio par un travail d'écriture à remarquer.

En conclusion... 

Dès que ce roman a été annoncé, j'ai eu envie de savoir de quoi il allait retourner et si je voulais de l'horreur et du morbide pour un conte réécrit à cette sauce-là, je n'ai pas été déçue ! L'auteur nous plonge, sans mauvais jeu de mots, dans la vie d'Angela et de toutes les épreuves qu'elle aura à subir au nom de sa queue de poisson et nous confronte à la cruauté de l'âme humaine.
Ce roman n'est certes pas à mettre entre toutes les mains mais pour ma part il m'a sorti de ma zone de confort et j'ai hâte de pouvoir découvrir les autres titres de la collection. 

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