Infos sur le livre
éditions : Lucien Souny
date de publication : 01-11-2018
pages : 224 pages
prix : 17,50€
Résumé éditeur
Sauvé par l'arrivée d'une roulotte sur le pont d'où il comptait se jeter, Joseph Dumarais, un poilu meurtri, indigné et diminué, reprend espoir grâce à un bohémien de passage. A partir de ce jour, Joseph se fera le protecteur de tous les gens du voyage qu'il rencontrera. La guerre et ses lois le confronteront bien vite à sa promesse... Des années plus tard, son fils Gérard, élu municipal, perpétue l'engagement de son père et évite la fermeture de l'école en scolarisant les deux enfants de la famille Ziderman qui vit en contrebas de la rivière. Il déclenchera du même coup les foudres de certains villageois, prêts à tout pour expulser les " voleurs de poules ". A l'école, les enfants n'écouteront que leur coeur et feront fi de leurs origines sociales. Oseront-ils s'affranchir des conventions et affronter le regard des autres ? Parviendront-ils à repousser les idées étroites et les attitudes hypocrites de ceux qui les entourent ? Une histoire émouvante et fraternelle, aux multiples rebondissements, au dénouement inattendu, qui raconte aussi la désertification des campagnes et l'insertion difficile des nomades au sein d'une société sédentaire qui se veut bien-pensante.
Pourquoi ce livre ?
Merci aux éditions Souny grâce auxquelles j'ai pu découvrir ce roman au résumé très tentant pour un auteur que je n'avais jamais eu l'occasion de lire.
De quoi est-il question ?
Au terme de la première guerre mondiale, Joseph, comme de nombreux hommes, rentre chez lui blessé, traumatisé mais avide de retrouver les siens. Pourtant, sa jambe de bois et les souvenirs si douloureux vont le pousser à vouloir commettre l'irréparable. Alors qu'il s'apprête à se jeter d'un pont, des bohémiens l'en empêchent et le reconduisent en roulotte jusque chez lui.
Dès lors, le jeune homme qu'il est n'aura de cesse de redorer l'image de ces gens du voyage craints et haïs par tous ces qui n'y voient que des voleurs. Il enseignera à son fils cette tolérence et le fera hériter de ses combats. D'autant que la seconde guerre approche, une période durant laquelle les gens du voyage seront traqués sans relâche.
Puis vient le temps de la modernité et la fermeture des classes uniques. Pour pallier la fermeture de l'école de son village, Gérard, le fils de Joseph va se battre pour permettre aux enfants d'Antoine, bohémien du village d'accéder à l'école. Mais cette volonté n'est pas au goût de tous et va bientôt attiser les haines et notamment celle d'un homme qui ne reculera devant rien.
Du côté de la forme...
Il est des sujets comme ça qui, dès la lecture d'un résumé, vous frappent au coeur et vous engagent à en découvrir plus. Si le sujet est mêlé à un genre de roman que vous affectionnez et à la découverte d'un auteur, alors il ne faut plus hésiter. Ce fut le cas pour moi avec ce roman.
Tout commence au terme de la première guerre mondiale ce qui pourrait donner l'illusion d'un roman classique du genre. Mais, en réalité, ce que va nous offrir l'auteur, c'est un cheminement à travers un siècle ce qui va offrir au lecteur un paysage complet, une évolution certaine et un voyage dans le temps rondement mené.
Il est d'ailleurs intéressant de voir dans ce roman comment la modernité arrivant peu à peu se confronte aux mentalités parfois très archaïques tout en touchant au coeur les préoccupations de chaque époque. Un mélange d'évolutions et de mentalités pour un roman complet mais surtout un roman au service d'un sujet central : les gens du voyage.
La question des bohémiens en littérature n'est pas neuve. Qu'il s'agisse des fabliaux du Moyen-âge, des poèmes de François Villon, du théâtre de Molière et jusqu'aux romans du 19ème siècle, ces hommes et femmes ont toujours su attiser les curiosités. Mais ici, pour l'auteur, il s'agit proprement de les mettre en valeur et de leur rendre hommage ce qui est d'une force considérable.
Il va alors s'agir dans ce roman d'un combat pour l'accueil des gens du voyage à travers plusieurs générations, un combat très fort et très touchant qui laisse à voir le meilleur et le pire de l'âme humaine avec, en toile de fond, des questions de société comme le racisme, les idées reçues et, par ailleurs, les difficultés des petits villages à survivre.
Côté style, c'est avec beaucoup de talent que l'auteur nous fait part de son parti-pris sur la question tout en nous offrant une histoire agréable à lire et des personnages hauts en couleurs. Il sait aussi faire évoluer ses décors avec l'évolution du temps et va même aller jusqu'à nous décrire avec brio une chronique judicière qui fait frémir.
En conclusion...
Un roman n'est pas seulement là pour offrir une belle histoire, il est aussi là pour sortir des sentiers battus et proposer des sujets parfois tabous, parfois peu traités. Et c'est le cas ici avec une fresque historique sur le 20ème siècle proposant un sujet rare : l'accueil et l'intégration des gens du voyage à l'encontre des haineux. Poignant de réalisme et, hélàs encore, d'actualité.
Un vrai coup de coeur que je vous engage vivement à découvrir.
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