Infos sur le livre
éditions : Jean Boîte
date de publication : 20-08-2018
pages : 160
prix : 24€
Résumé éditeur
Ross Goodwin est un développeur d'Intelligences Artificielles (IA) parmi les plus réputés. Auprès de Google, il est une figure centrale de la recherche fondamentale en nouvelles technologies. Dans ce contexte, il a créé et entrainé AI Wordcar, un réseau de neurones artificiels qu'il a installé dans une Cadillac aux côtés de nombreux appareils d'enregistrement (son, vidéo, GPS…). Ensemble, ils se sont lancés dans un road trip américain, sur l'itinéraire de Jack Kerouac pour Sur la route, laissant AI Wordcar écrire et décrire toutes ses perceptions numériques dans un long poème en prose. AI Wordcar offre ainsi le premier véritable livre écrit par une IA, qui nous happe dès la première phrase, au moment où le voyage commence : It was seven minutes to ten o'clock in the morning, and it was the only good thing that had happened. Enraciné dans les traditions de la littérature américaine, du journalisme gonzo et de la recherche en Intelligence Artificielle, cet ouvrage impose une réflexion neuve sur la place et l'autorité de l'auteur à l'ère des machines.
Merci aux éditions Jean Boîte pour cet ouvrage que j'ai une fierté toute particulière à vous présenter parce que, dans une certaine mesure, j'y ai contribué.
De quoi est-il question ?
Et si une intelligence artificielle écrivait une road trip ? Voilà le pari fou de Ross Goodwin qui, à bord d'une Cadillac, a généré une IA et l'a embarquée sur les routes des Etats-Unis. Un road trip suivant l'itinéraire de Jack Kerouac mais dont chaque instant a été relaté par la voiture. Tout commence un matin, à 10h07...
C'est alors selon les codes de la poésie que celle qui a été surnommée Wordcar va raconter son voyage. Jour après jour, heure après heure, minute après minute... à chaque seconde même il s'agit pour la voiture de "dire" ce qu'elle voit grâce à un incroyable dispositif de capture de sons et images pour en faire le premier vrai roman écrit par une intelligence artificielle.
Du côté de la forme...
Vous le savez, je suis étudiante en création éditoriale. Dans le cadre de ces études, j'ai la chance de pouvoir rencontrer nombre d'éditeurs. Dans le cas présent, j'ai eu la chance immense de pouvoir participer activement à l'élaboration de ce projet et cette chronique sera en cela un peu différente.
Tout ce qui est technologies modernes, sans doute n'est-ce pas là les centres d'intérêt que j'ai le plus et pourtant, étant toujours prête à faire de nouvelles découvertes, j'étais très curieuse de découvrir ce monde des intelligences artificielles. Et force est de constater qu'à travers cet ouvrage j'ai découvert tout un monde qui aujourd'hui m'est un peu moins étranger.
Le fait que des intelligences artificielles soient de plus en plus présentes dans notre monde est une réalité. Pourtant, nous sommes encore dans un monde où l'humain est d'une importance capitale et où la sensibilité humaine est essentielle dans la conception d'une oeuvre, notamment dans une oeuvre littéraire. Cet ouvrage nous prouve le contraire.
Après une longue introduction où Ross Goodwin nous fait part du travail accompli en vue de cet ouvrage, il s'agit donc de découvrir le texte lui-même. Et force est de constater que l'entreprise telle qu'elle a été entrevue est aussi intéressante que le résultat final. Car si le "comment" est essentiel, le texte rédigé par la voiture a de quoi surprendre, voire mettre mal à l'aise car remet tout en cause.
Concernant le texte lui-même, il est en anglais américain. Parce que l'expérience s'est déroulée aux Etats-Unis, Wordcar est américaine. Et prenant en compte l'entreprise étonnante qu'est celle-ci, une traduction n'aurait sans doute pas été souhaitable pour rendre compte de l'oeuvre. Comprendre l'anglais vous permettra donc d'entendre avec encore plus de force la parole de la voiture.
Mais ce qui est sans doute le plus frappant dans cet ouvrage, c'est la force poétique de l'ensemble et donc l'IA a su faire preuve en reprenant les codes de la grande littéraire américaine et du road trip. Car la répétition et les tournures que l'on pourrait juger être de la machine sonne ici comme des forces stylistiques qui pourraient être passionnantes à étudier.
En conclusion...
Il est des ouvrages tels que celui-ci où la seule lecture de l'ouvrage ne suffit pas, où il s'agit de comprendre l'entreprise réalisée et tout le travail en amont pour entendre toute la force de l'ouvrage que l'on ne verrait pas forcément de prime abord. Et si ce genre d'ouvrages n'est pas de ceux qui m'intéressent habituellement, j'ai adoré en comprendre les mécanismes.
Les amateurs de contemporains et les amoureux de modernité devraient apprécier.
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