Infos sur le livre
éditions : Oskar
date de publication : 25-10-2018
pages : 111
prix : 10,95€
Résumé éditeur
En ce samedi 10 juin 1944, le paisible village limousin d'Oradour-sur-Glane entre tristement dans l'Histoire. Près de deux cents soldats allemands encerclent le bourg et rassemblent la population sur le Champ de Foire. Commence alors le plus grand massacre de civils que la France ait connu durant la Seconde Guerre mondiale : les hommes sont abattus puis brûlés. Les femmes et les enfants sont réunis dans l'église et subissent le même sort. A travers l'histoire de Robert, survivant du massacre, et Albert, témoin de cette tragique journée, on comprend comment ce village martyr est devenu le symbole national des atrocités nazies.
C'est dans le cadre d'un exposé pour la fac que j'ai pris connaissance de cette nouvelle publication de la maison d'édition que j'ai immédiatement eu envie de découvrir.
De quoi est-il question ?
Le 10 juin 1944 aurait dû être à Oradour-sur-Glane, en plein coeur du Limousin, une journée parmi tant d'autres. Une journée en tant de guerre, certes, mais une journée où les enfants seraient allés à l'école, où les hommes seraient allés travailler et où les femmes auraient accompli leurs besognes du quotidien. Un match de foot était même organisé contre un village voisin.
Mais rien ne fut normal ce jour-là dans ce petit village, rien n'y serait plus jamais "normal". Car cette après-midi du 10 juin, les soldats allemands encerclent puis envahissent le village. Les hommes et les femmes sont séparés. Les enfants suivent leurs mères. Les uns sont fusillés, les autres sont enfermés dans l'église à laquelle le feu sera mis.
Du massacre, une poignée de survivants parmi lesquels Robert, adolescent au moment des faits qui n'aura de cesse de conter et conter encore les heures d'horreur. Un adolescent qui aimait jouer au foot, aller à l'école et partager des moments avec ses copains mais dont la vie ne serait plus jamais la même, un moment de bascule qui est retracé ici.
Du côté de la forme...
Oradour-sur-Glane, j'y suis allée. Une fois. Alors que je n'étais moi-même qu'une enfant. Et la vision de ce village m'a frappé au coeur sans que je n'oublie jamais ces images. Lire un ouvrage pour la jeunesse sur le sujet était donc pour moi très important et même essentiel.
Bien qu'étant inscrit dans une collection de romans historiques pour la jeunesse, il est important de constater que cet ouvrage s'éloigne du concept de fiction pour plutôt se tourner vers un aspect document et ce même si avec Robert le lecteur peut avoir le sentiment de suivre un personnage. Car la volonté de l'auteure ici est de retracer l'histoire d'Oradour, de la faire connaître aux jeunes.
A travers une écriture relativement romancée, l'auteure a donc à coeur de faire connaître à la nouvelle génération l'histoire tragique de ce village et tente de laisser entendre les peurs des habitants, le traumatisme des survivants. Elle tente surtout de laisser entendre les cris et de faire sentir les odeurs de brûlé. Une impression plus forte encore quand on connaît les lieux.
Parce que la réalité historique s'y prête, il va être question ici de découvrir la même journée, les mêmes heures, selon deux points de vue différents. Celui d'un garçon, Robert, et celui des femmes dont une seule sera survivante. Cette omniscience frappe en ce que le lecteur sait ce que les personnages ignorent : la réalité de l'ignorance de ce que l'autre a vécu.
A bien des égards, les jeunes lecteurs sont alors invités à s'identifier. Eux aussi vivent chaque jour l'école, les amis et les activités. Ces enfants d'une autre époque étaient comme eux. Une belle manière de dire sans dire qu'il faut profiter de chaque instant car l'on ignore toujours de quoi demain sera fait et si toute une vie ne peut pas basculer à tout moment même si ces temps nous paraissent loin.
L'auteure connaît son sujet et son écriture s'en ressent avec un aspect très documenté et suffisamment travaillé pour le retransmettre avec beaucoup de finesse et d'émotion à des lecteurs qui n'ont pas forcément conscience de la réalité d'une journée d'enfer. D'ailleurs, l'auteur sait aussi mêler des émotions au document ce qui apporte une touche très forte à l'ensemble.
En conclusion...
Ayant été très frappée par ma visite d'Oradour il y a des années, c'est sans hésiter que je me suis plongée dans cette lecture. J'ai ainsi revécu de plein fouet ce que j'avais appris à l'époque et les larmes me sont venues grâce au talent de l'auteur de proposer un texte qui, certes, ressemble fort à un document mais où les ressentis personnels sont omniprésents et bien souvent oubliés quand on parle de faits historiques.
Un petit livre à découvrir de toute urgence pour les férus d'histoire ou tout simplement pour un peu mieux connaître son pays.
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